CCP: CI 03/7 ![]() |
COMIT� DES PRODUITS |
GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LES AGRUMES |
Treizi�me session |
La Havane (Cuba), 20-23 mai 2003 |
�VOLUTION DE LA PRODUCTION ET DES �CHANGES DE PETITS AGRUMES |
1. Les petits agrumes (tangerines) sont aujourd’hui l’un des secteurs les plus dynamiques de la production et des �changes mondiaux d’agrumes. Entre 1991 et 2002, la production et les exportations ont augment� respectivement de 2,96 et 3,91 pour cent par an. Sur un march� des fruits frais tr�s concurrentiel, les tangerines ont su gagner la pr�f�rence des consommateurs.
2. L’essor de ce secteur est d’autant plus remarquable que seul un faible pourcentage des diverses vari�t�s de petits agrumes est transform�. Pour �tre pr�sent�s sur les march�s des fruits frais – march�s relativement exigeants – tous ces fruits requi�rent un v�ritable savoir-faire agronomique ainsi que de rigoureux traitements apr�s r�colte. Les exportations sont �galement soumises � des normes phytosanitaires rigoureuses. Ce succ�s invite � s’interroger sur l’�volution future de ce secteur, au niveau de la production, des exportations et des importations.
3. Depuis 1970, le secteur des tangerines progresse beaucoup plus rapidement que les trois autres secteurs du march� des agrumes, en particulier pour ce qui est du volume des �changes. Au cours des trois derni�res d�cennies, le volume des �changes a augment� de 500 000 tonnes pour les oranges, de 750 000 tonnes pour les citrons, mais il est pass� de 500 000 tonnes � 2,5 millions de tonnes pour les tangerines.
4. Quelque 38 pays ont une production annuelle de tangerines d’au moins 1000 tonnes. Si l’on consid�re la p�riode 1991-2002, la production est pass�e de 11 487 000 tonnes � 16 484 000 tonnes en 2000, puis on note un certain recul de la production en 2001 et 2002. En 2002, les pays producteurs qui dominaient le march� en 1991 ont continu� � occuper les premi�res places. Les plus importants sont la Chine, l’Espagne, le Japon, la R�publique de Cor�e, l’Italie, l’�gypte, les �tats-Unis, l’Argentine, la Turquie, le Maroc et l’Alg�rie. Ce sont toutefois Chypre, la Lybie, l’�quateur et le P�rou qui ont enregistr� la croissance la plus rapide pendant la p�riode 1991-2002.
5. Le secteur des exportations de tangerines reste domin� par un petit nombre de producteurs, dont le plus important est sans conteste l’Espagne, suivie par le Maroc, la Chine et la Turquie. Le volume des exportations de leurs concurrents ne d�passe habituellement pas 100 000 tonnes par an – le Pakistan a toutefois export� 106 800 tonnes en 2001.
6. Environ 55 pays importent des tangerines de fa�on r�guli�re. Dans la CE, les pays non producteurs importent depuis longtemps des volumes importants. Depuis quelques ann�es, les march�s d’importation les plus dynamiques sont la F�d�ration de Russie, la Pologne, les �tats-Unis, l’Indon�sie et la Malaisie.
7. Les projections de la FAO concernant la production de tangerines jusqu’en
2010 indiquent un nouvel accroissement d’environ 2 millions de tonnes;
le taux de croissance – 1,07 pour cent – repr�sente cependant moins
d’un quart de celui qui a �t� enregistr� entre 1987-1989 et 1997-1999.
La grande quantit� d’arbres r�cemment plant�s en R�publique de Cor�e et
en �gypte (arbres qui n’ont pas encore port� de fruits) permet d’envisager
une croissance rapide de la production dans ces deux pays. Le Japon et la Turquie
devraient �galement conna�tre une hausse de la production, compte tenu de l’�ge
de leurs plantations. Isra�l dispose d’un potentiel de croissance limit�:
31 pour cent des arbres ont moins de cinq ans et occupent environ 91 pour cent
des superficies consacr�es aux tangerines. La production devrait �galement enregistrer
une hausse en Espagne, pays qui a consid�rablement d�velopp� ses plantations
au cours des derni�res ann�es.
8. L’accroissement du nombre de vari�t�s de petits agrumes stimule la production et plus encore la consommation. Depuis une vingtaine d’ann�es, on observe � la fois un recul des satsumas et une progression des cl�mentines et des hybrides, dont les producteurs ont r�ussi � prolonger la p�riode de production et � am�liorer la qualit�. Cette �volution est particuli�rement sensible dans les pays m�diterran�ens, particuli�rement l’Espagne.
9. Depuis 1970, on observe une croissance extr�mement soutenue des exportations mondiales de tangerines. Elles sont pass�es de 502 000 tonnes en 1970 � 1, 2 millions de tonnes en 1990, pour atteindre 2,2 millions de tonnes en 2001 (soit un taux de croissance de 3,91 pour cent entre 1991 et 2001). Les exportations d’oranges fra�ches sont quant � elles pass�es de 3,8 millions de tonnes en 1970 � 4,6 millions de tonnes en 2001. Le contraste est encore plus frappant au cours de la p�riode 1991-2001, o� le taux de croissance des exportations d’oranges fra�ches n’a �t� que de 0,83 pour cent. Lorsqu’ils ont le choix, les consommateurs pr�f�rent les tangerines – en particulier les vari�t�s de cl�mentines sans p�pins – aux oranges. Selon les projections de la FAO, la croissance des exportations de tangerines devrait se poursuivre de mani�re continue jusqu’en 2010, au taux d’environ 1,5 pour cent, tandis que le taux de croissance des exportations d’orange n’est que du tiers de ce niveau.
10. Comme l’indique le graphique ci-dessous, une part de plus en plus importante de la production mondiale est destin�e aux �changes. En 1970, 8 pour cent environ de la production ont �t� absorb�s par les �changes internationaux; en 2001, ce chiffre �tait pass� � 14 pour cent � l’�chelle mondiale. Le taux de croissance effectif des exportations a �t� sup�rieur d’environ un pour cent � celui de la croissance de la production durant la p�riode 1970-2001.
11. Les droits d’importation sur les vari�t�s de tangerines fluctuent consid�rablement. Quelques gros importateurs appliquent des droits relativement peu �lev�s. Les �tats-Unis per�oivent une taxe sp�cifique de 2,1 cents E.-U. par kilo, la F�d�ration de Russie impose un droit de 5 pour cent tandis que le Canada n’applique aucun droit de douane. Dans la cat�gorie interm�diaire figurent la Pologne (droit de 20 pour cent, assorti d’un taux pr�f�rentiel de 14 pour cent) et le Japon (taux NPF de 20 pour cent). Le syst�me de la CE, tr�s complexe, comprend un taux de base de 16 pour cent et une s�rie de taux sp�cifiques, d�finis en fonction du poids, compris entre 0,6 et10,6 € le kilo. Les taux peuvent �galement varier en fonction du prix � l’importation, de la saison et de la vari�t� de tangerines. La complexit� de ce syst�me peut en elle-m�me constituer un obstacle aux �changes. Par ailleurs, la CE est le plus gros exportateur mondial de vari�t�s de tangerines. La R�publique de Cor�e applique un droit de douane NPF de 147,2 pour cent, assorti toutefois d’un droit pr�f�rentiel de 50 pour cent.
12. L’offre et la demande ne sont pas les seuls �l�ments d�terminants dans l’analyse du march� de petits agrumes. Tout r�cemment, des probl�mes phytosanitaires ont �t� enregistr�s – dont un des exemples les plus significatifs est celui des exportations espagnoles de petits agrumes � destination des �tats-Unis –. Entre 1987 et 2001, les exportations de l’Espagne vers les �tats-Unis sont pass�es de 7376 � 75 693 tonnes. Cette croissance a �t� due essentiellement au succ�s des cl�mentines sans p�pins sur les march�s des �tats-Unis. Les exportations du Maroc vers les �tats-Unis sont pass�es de 186 tonnes en 1995 � 2356 tonnes en 1999.
13. Une des principales conditions pour que les produits espagnols puissent acc�der au march� des �tats-Unis a �t� de les soumettre � de basses temp�ratures pendant une p�riode de 12 � 16 jours, de mani�re � pr�venir le d�veloppement des larves de mouches m�diterran�ennes des fruits. Ayant constat� la pr�sence de ce type de larves dans plusieurs livraisons de tangerines espagnoles, notamment en Californie, les autorit�s am�ricaines ont d�cid� le 5 d�cembre 2001 de suspendre ces importations. Cette d�cision, survenue en pleine campagne d’exportation, a suscit� de vifs d�bats entre les autorit�s physanitaires et commerciales des deux pays. Au d�but de la campagne d’exportation de 2002, les mesures adopt�es et mises en oeuvre pr�voyaient deux jours suppl�mentaires de traitement des fruits par le froid, des inspections phytosanitaires men�es par l’USDA en Espagne et aux �tats-Unis (et impliquant la d�coupe d’un certain pourcentage de fruits), et des inspections sur le terrain en Espagne pour s’assurer de la bonne marche de la lutte contre les mouches et des programmes de d�sinfestation. Bien que le nouveau programme de contr�le sanitaire semble satisfaire les autorit�s des deux pays, cet exemple montre bien la fragilit� des �changes de ce type d’agrumes d�s que les questions phytosanitaires sont en jeu. Le Maroc applique depuis longtemps un traitement par le froid de longue dur�e et n’a pas �t� touch� par la suspension des importations d’agrumes.
14. En se fondant sur les �l�ments pr�c�dents ainsi que sur la production et sur l’�volution des �changes pr�vues jusqu’en 2010, on peut estimer que les vari�t�s de petits agrumes comme les tangerines vont conna�tre une forte croissance. Le rythme de croissance sera moins rapide que dans le pass�, mais la base qui a servi � �tablir les projections est d�j� assez �lev�e. S’ils ont le choix, les consommateurs continuent de pr�f�rer les petits agrumes.
15. Les questions phytosanitaires et les restrictions impos�es aux �changes sont les deux difficult�s majeures. De nombreux importateurs continuent � appliquer des droits de douane et des restrictions saisonni�res qui limitent la comp�titivit� des petits agrumes import�s par rapport � la production locale. Une baisse des obstacles tarifaires et non tarifaires dans ce secteur pourrait �tre d�cid�e pendant les n�gociations de Doha.
16. Les probl�mes phytosanitaires qui perturbent les �changes des diff�rentes vari�t�s d’agrumes sont difficilement �vitables et l’ont peut s’attendre � ce que les larves de mouches des fruits, tout comme le chancre des agrumes ou tout autre ravageur ou maladie cr�ent encore des difficult�s Les directives sanitaires et phytosanitaires adopt�es par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au terme du cycle d’Uruguay pourraient jouer un r�le de plus en plus important dans la r�solution des conflits occasionn�s par les probl�mes phytosanitaires.