FO:MM/05/3 |
RÉUNION MINISTÉRIELLE SUR LES FORÊTSrelative à la |
Rome, 14 mars 2005 |
MAINTENIR L’ENGAGEMENT
INTERNATIONAL |
1. L’ aménagement durable des forêts, concept issu de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement en 1992 (CNUED), met l’accent sur les rôles des forêts et de leur gestion dans la pérennisation de l’environnement, favorable au bien-être social et générateur de croissance économique. Ce concept s’inscrit en clair dans les ambitions exprimées dans le Plan de mise en oeuvre du Sommet mondial pour le développement durable (SMDD) en 2002, et dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Ces objectifs, énoncés dans la Déclaration du Millénaire de l’Assemblée générale des Nations Unies (2000), feront l’objet d’un examen en septembre 2005. L’appui à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement est devenu un thème central pour certaines institutions des Nations Unies dont la FAO, ainsi que pour de nombreuses institutions de développement internationales et bilatérales. 2. De manière plus spécifique, l’aménagement durable des forêts contribue à faire reculer la pauvreté, à assurer la sécurité alimentaire, la fourniture d’énergie et de fibres, la productivité des terres, les ressources hydriques, la conservation de la diversité biologique, le développement de la filière bois et la qualité de l’air. Les forêts apportent souvent une contribution bénéfique aux autres secteurs, notamment l’agriculture, l’énergie et l’industrie; elles recèlent une valeur culturelle et offrent des sites de loisirs appréciables. En outre, le bois constitue une source d’énergie renouvelable, de matériaux de construction et d’emballage, les matériaux concurrents du bois n’étant pas aussi écologiques. 3. Les progrès vers l’aménagement durable des forêts sont aussi largement fonction de l’évolution des autres secteurs. Lorsque la croissance économique est faible, les possibilités qu’ont les populations de gagner leur vie sont souvent réduites à la production agricole non intensive, qui réclame la reconversion de terres forestières, ce qui aboutit souvent à des modes d’exploitation des terres non durables. De plus, les investissements dans le secteur forestier sont fonction du progrès économique et ne se réalisent que lorsqu’ont été satisfaites les priorités que constituent la santé et l’alimentation. 4. En conséquence, il faut accepter le fait que, pendant un certain temps, les forêts vont continuer d’être soumises à de fortes pressions là où le progrès économique est lent. La déforestation se poursuivra dans les zones où la demande de terres agricoles est forte et la dégradation des forêts dans celles où les exigences de l’élevage et de la filière bois-énergie demeurent élevées. On a donc tout lieu de s’inquiéter de la perte des espaces boisés et de redouter les risques qu’elle comporte: changement climatique, réduction de la productivité des sols et déperdition irréversible de diversité biologique. 5. Parallèlement, le couvert forestier et les espaces arborés gagnent du terrain dans de nombreuses régions, principalement sous l’effet de campagnes de plantation, mais aussi du fait de leur expansion naturelle sur les terres agricoles abandonnées, ce qui accroît l’offre de biens et de services qui émanent de la forêt. Ces tendances sont la résultante d’investissements dans l’aménagement des forêts, de l’instauration de systèmes agroforestiers, de l’intensification de la production agricole et de l’exode rural. 6. Si l’on considère d’une part le rôle que peut jouer l’aménagement durable des forêts dans la réalisation des objectifs de développement convenus au plan international, et d’autre part le rythme alarmant de la déforestation et de la dégradation des forêts, il devient essentiel d’améliorer la communication, la coordination des politiques publiques et la coopération intersectorielle entre le secteur des forêts et les autres secteurs, particulièrement au niveau national. En outre, depuis la CNUED, l’exécution des mesures visant les forêts doit s’intensifier, notamment par le biais des programmes forestiers nationaux, en y associant largement les catégories concernées de la société civile. 7. L’instauration d'un aménagement durable des forêts passe de manière toujours plus incontournable par l’accroissement de la productivité et une plus grande utilité de la coopération internationale, l’obtention de ressources nouvelles et additionnelles et l’accès aux technologies modernes nécessaires dans de nombreux pays en développement et pays aux économies en transition. Bien que ces questions aient été abordées dans les enceintes internationales traitant de politiques forestières, les progrès accomplis n’ont pas répondu à toutes les attentes. 8. Depuis la CNUED et le Sommet mondial pour le développement durable, les gouvernements sont convenus d’objectifs mesurables dans de nombreux secteurs comme moyens d’apprécier les progrès réalisés en matière de développement durable. On considère que les objectifs ainsi fixés aident à accélérer la mise en oeuvre des actions convenues et à communiquer les réalisations aux responsables, aux donateurs et à la société dans son ensemble. Un de ces tout premiers objectifs a été instauré par le Sommet mondial de l’alimentation en 1996, où il a été convenu de réduire de moitié le nombre des personnes souffrant de sous-alimentation chronique dans le monde avant 2015. 9. L'un des Objectifs du Millénaire pour le développement est d’inverser la tendance à la déperdition des ressources environnementales; c’est ainsi que le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies a fait de “l’inversion de cette tendance” une cible relevant de l’Objectif du Millénaire qui consiste à assurer la durabilité environnementale1. Le Sommet mondial pour le développement durable a fait sien l’objectif de la Convention sur la diversité biologique consistant à réduire le taux de déperdition de biodiversité avant l’échéance 2010. En outre, le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a souligné la nécessité de maintenir le couvert forestier en vue de répondre aux besoins actuels et futurs, en déclarant que l’aménagement durable des forêts était indispensable pour maintenir le couvert forestier2. 10. Compte tenu de la contribution importante du secteur forestier à ces grands objectifs de développement, l’assignation d’une cible définie et mesurable pour les forêts à l’échelle du globe peut avoir son utilité. Cet objectif pourrait servir à rappeler la contribution qu’apportent les forêts au développement durable. Il pourrait aider à orienter le futur dialogue intergouvernemental sur les forêts en le dotant des moyens d’indiquer dans quels domaines et en quels lieux un renforcement des capacités est nécessaire; un apport de ressources nouvelles ou additionnelles serait bénéfique; où est requis un accès aux marchés et où des technologies nouvelles peuvent avoir un rôle essentiel. La définition d’une telle cible pourrait être envisagée dans le cadre de l’examen des Objectifs du Millénaire pour le développement mené sous l’égide de l’Assemblée générale des Nations Unies. 11. Le Forum des Nations Unies sur les forêts se penchera sur le futur arrangement international sur les forêts lors de sa cinquième session, en mai 2005. Ce Forum sera l'occasion de renouveler l’engagement international portant sur l’aménagement durable des forêts et de conférer une dimension politique accrue au dialogue intergouvernemental sur les forêts et à la mise en oeuvre des mesures adoptées. En outre, le rôle du Partenariat de collaboration sur les forêts3 (PCF), qui compte 14 membres, pourrait se trouver renforcé dans l’arrangement international. 12. La FAO a joué un rôle déterminant dans l’arrangement international sur les forêts, notamment par le biais de son appui aux programmes forestiers nationaux, de son apport de données sur les forêts à l’échelon mondial et à travers l’action de ses Commissions régionales des forêts. Ces interventions ont contribué à l’application des Principes de Rio sur les forêts, à celle des propositions d’actions du Groupe intergouvernemental sur les forêts et du Forum intergouvernemental sur les forêts (GIF/FIF), ainsi qu’au suivi, à l’évaluation et à la communication des progrès accomplis sur la voie de l’aménagement durable des forêts. L’implication active de la FAO et le rôle de direction exercé par le PCF ont eu pour effets tout aussi importants une collaboration accrue et l’obtention de nombreux produits et initiatives qui contribuent à l’instauration de l’aménagement durable des forêts. 13. En abordant le point de l’ordre du jour relatif à la coopération internationale dans le domaine de l’aménagement durable des forêts, les ministres sont invités à examiner les questions suivantes: i) L’aménagement durable des forêts est un véhicule fondamental de réalisation du développement durable et des Objectifs du Millénaire pour le développement; ii) les progrès accomplis à ce jour en matière d’aménagement durable des forêts, qui comprennent l’élaboration et la mise en oeuvre de programmes forestiers nationaux, de critères et indicateurs, et de l’écocertification; iii) La poursuite de la déforestation et de la dégradation forestière à des rythmes inacceptables, qui hypothèquent l’acceptation des produits ligneux comme ressource renouvelable par le consommateur, présentent un défi à la conservation de la diversité biologique et à l’atténuation des changements climatiques, et, plus largement, à la réalisation du développement durable; iv) la nécessité de ressources financières nouvelles et supplémentaires et de technologies modernes pour, dans de nombreux pays en développement et pays aux économies en transition, maintenir le couvert forestier en vue de répondre aux besoins présents et futurs et instaurer l’aménagement durable des forêts; v) l’utilité de cible(s) spécifiques touchant aux forêts, à convenir au plan international, qui contribueront aux efforts de réalisation de la gestion durable des forêts et aux objectifs de développement fixés par les pays et seront propres à accélérer la mise en oeuvre des actions visées dans les accords internationaux sur les forêts; vi) l’importance d’améliorer la coordination des politiques économiques, sociales et environnementales et celle d’une utilisation intégrée des terres, dans le but de renforcer la contribution de l’aménagement durable des forêts au développement durable et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement; vii) l’importance de renforcer l’arrangement international sur les forêts et la nécessité de faire du Forum des Nations Unies sur les forêts un forum politique de haut niveau qui dispense des orientations utiles à l’exécution des mesures adoptées. 14. Dans cette perspective, les ministres peuvent aussi inviter la FAO à: i) aider les pays à renforcer leurs capacités à assurer l’aménagement durable de leurs forêts et, à cette fin, les aider dans le renforcement de leur législation, leurs politiques publiques, institutions et programmes; ii) poursuivre la promotion et l’application de démarches transsectorielles dans son programme de travail; iii) accentuer son rôle dynamique dans l’arrangement international sur les forêts, en particulier en continuant de jouer un rôle de chef de file au sein du Partenariat de collaboration sur les forêts; iv) jouer un rôle de chef de file dans les fonctions de suivi, évaluation et communication relatives aux forêts en fournissant de manière aisément accessible des données de qualité supérieure de l’aménagement durable des forêts à l’échelle mondiale; v) épauler les efforts intergouvernementaux consistant à définir, en matière forestière, des cibles convenues au plan international. 1 Objectifs du Millénaire pour le développement: Rapport intérimaire élaboré par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies et le Département de l’information des Nations Unies – DPI/2363-A (Rev. 27 octobre 2004) 2 Résolution 3/3 du Forum des Nations Unies sur les forêts, relative au maintien du couvert forestier pour répondre aux besoins présents et futurs (E/2003/42, E/CN.18/2003/13) 3 Les membres du Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF) sont les suivants: Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR); FAO (Présidence); Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT); Union internationale des instituts de recherche forestière (IUFRO); Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique; Secrétariat du Fonds pour l’environnement mondial (FEM); Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification; Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts; Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC); Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD); Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE); Centre international pour la recherche en agroforesterie (CIRAF); Banque mondiale; Union mondiale pour la nature (UICN). |