Débat général sur les tendances et les enjeux en ce qui concerne l’agriculture, les forêts, la pêche et la sécurité alimentaire en Amérique latine et dans les Caraïbes et sur les activités de la FAO dans la région
À l’attention des gouvernements
La Conférence:
1. A insisté sur le fait que le contexte international avait une incidence déterminante sur le processus de développement social et économique des pays de la région et, par conséquent, sur sa sécurité alimentaire. Il faut un système international fondé sur les principes de justice et d'équité favorisant une meilleure coopération bilatérale et multilatérale, à la fois plus efficace et plus opportune et ouverte à la coopération Sud-Sud. Il importe en outre que l'on respecte les engagements internationaux en matière d'aide officielle au développement et que l'on accroisse les investissements et les flux de capitaux étrangers. Il convient par ailleurs d'encourager l'accès aux nouvelles technologies et à un commerce plus équitable des biens et des services, en particulier des produits agricoles.
2. A rappelé qu'il était fondamental d'instaurer un système de commerce international équitable et de respecter les engagements de la Conférence ministérielle de Doha. La réforme du système commercial doit supposer, de la part des pays développés, des engagements spécifiques visant à garantir une nette amélioration de l'accès aux marchés des produits agricoles; des réductions de toutes les formes de subvention à l'exportation, l'objectif étant de les supprimer de manière progressive; et d'importantes réductions du soutien interne, qui entraînent une distorsion des échanges commerciaux.
3. A pris note de la reprise des négociations multilatérales et a exhorté les pays à avancer rapidement pour mettre en oeuvre les engagements et l'esprit de la Conférence de Doha, afin que ce cycle multilatéral devienne le « cycle du développement ».
À l’attention de la FAO
La Conférence:
4. A apporté son soutien aux initiatives spécifiques élaborées à l'appui des priorités fixées par la Conférence régionale, à sa vingt-cinquième session, ainsi qu'à l'application des orientations définies à la vingt-sixième et à la vingt-septième sessions. Cela concerne plus particulièrement la mise en place de partenariats, des mesures d'encouragement en faveur des fonds fiduciaires, l'exécution de projets régionaux et l'élaboration de méthodologies d'évaluation des politiques et des programmes.
5. A souligné que la région avait des besoins spécifiques et connaissait des situations de pauvreté et d'insécurité alimentaire qui devaient être examinées et analysées en fonction de critères qui leur sont propres, ce qui nécessitait le soutien et la coopération technique de la FAO dans le cadre de l'élaboration d'un plan stratégique régional. Dans ce contexte, la Conférence a demandé la création d'un mécanisme institutionnel dont les fonctions seraient les suivantes: a) assurer le suivi de l'évolution de la coopération technique de la FAO dans la région; b) présenter des propositions visant à perfectionner et à moderniser les mécanismes de coopération technique de la FAO; et c) traiter des stratégies et des moyens de mise en oeuvre et d'évaluation des programmes de coopération de la FAO dans la région.
6. A reconnu qu'il était utile de réaliser des études destinées à déterminer l'incidence négative sur la sécurité alimentaire de la situation géographique des pays en développement sans littoral, de manière à mettre sur pied des projets et des programmes visant à pallier cette situation.
7. A recommandé de regrouper les nouveaux thèmes pour la coopération technique de la FAO dans la région:
8. A recommandé de chercher des solutions pour renforcer la coopération technique dans la région, par le biais de mécanismes de participation, en utilisant au mieux les capacités existant dans les différents pays. De même, il convient de renforcer la complémentarité des actions menées par les différentes institutions internationales de coopération.
9. A recommandé d'appliquer un traitement différencié aux pays moins avancés et aux États insulaires et notamment aux importateurs nets de denrées alimentaires devrait être reconnue. Dans ce contexte, le « Programme d'action de la Barbade pour le développement durable des petits États insulaires » constitue un fondement solide pour le développement des capacités agricoles, forestières et halieutiques de ces pays. La FAO doit assumer un rôle important dans l'application de ce programme.
10. A recommandé de développer ses activités de renforcement des capacités de négociation à l'échelle internationale des pays de la région, en tenant compte du fait que les thèmes gagnent en diversité et en complexité et du processus permanent de négociations au sein des différentes instances multilatérales (OMC, Codex, OIE et CIMP).
11. A recommandé d’analyser le développement d'une industrie de transformation des matières premières, axée sur l’exportation, pour lesquelles la région est compétitive, afin d’aider les producteurs et les paysans des pays en développement à échapper à la pauvreté. Dans ce contexte, il convient que la FAO mène des études destinées à évaluer l'impact de la progressivité des droits et des pics tarifaires des pays développés, de manière à mettre en place une industrie d'exportation à plus grande valeur ajoutée dans les pays en développement.
Suite donnée au Sommet mondial de l'alimentation et au Sommet mondial de l'alimentation: cinq ans après. Perspectives régionales
À l’attention des gouvernements
La Conférence:
12. A mis en exergue les relations entre pauvreté, inégalité et lutte contre l'insécurité alimentaire. Il est nécessaire d'accroître l'efficacité et de renforcer la compétitivité, et, dans un même temps, il est indispensable d'inverser la tendance actuelle à une progression de l'inégalité socioéconomique dans la région.
13. A admis que l'agriculture de la région était fortement hétérogène, puisque s'y côtoient un secteur moderne, compétitif et présent sur les marchés et un secteur composé de producteurs artisanaux qui ne réunissent pas les conditions leur permettant d'être concurrentiels, dont le développement suppose des politiques spécifiques qui répondent à une stratégie de développement progressif fondé sur des activités agricoles et non agricoles.
14. A pris acte du fait que le développement rural et la sécurité alimentaire s'inscrivaient dans le cadre de processus à long terme dont la durée dépasse celle du mandat des gouvernements, ce qui nécessitait la mise en place de politiques nationales garantissant la continuité à long terme.
15. A reconnu que toute politique efficace de sécurité alimentaire supposait une action conjointe de la part de l'État, du secteur privé et de la société civile, ainsi qu'une coopération internationale, dans un cadre cohérent, harmonieux et laissant une place importante à la participation.
16. A fait siennes les préoccupations exprimées par le Comité de l'agriculture au sujet des recommandations du « Rapport de la consultation OMS/FAO d'experts sur le régime alimentaire, la nutrition et la prévention des maladies chroniques », lesquelles sont susceptibles d'avoir une incidence négative sur le secteur agricole de la région.
17. A exhorté les gouvernements des pays de la région à apporter un appui politique au processus de négociation de l'ensemble de directives volontaires à l'appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate. De même, la Conférence a reconnu le rôle fondamental de la coopération internationale pour la concrétisation de ce droit.
À l’attention de la FAO
La Conférence:
18. A recommandé à la FAO de soutenir la définition et la généralisation des nouvelles orientations stratégiques. La Conférence a reconnu que les tendances actuelles en matière de sécurité alimentaire témoignaient à la fois de l'insuffisance des politiques mises en œuvre jusqu'à présent et de la nécessité de définir de nouvelles lignes d'action.
19. A recommandé que la FAO poursuive l’analyse des tendances et des nouveaux enjeux, en invitant les pays à participer de manière plus dynamique à l’élaboration des études y afférentes.
Initiative pour la révision et la mise à jour des politiques et stratégies nationales en matière d’agriculture, de développement rural et de sécurité alimentaire
À l’attention des gouvernements
La Conférence:
20. A constaté que les politiques de développement en vigueur supposaient une responsabilité conjointe des gouvernements et des intervenants privés, et que, de ce fait, les processus de concertation étaient décisifs pour leur exécution.
21. A insisté sur l’importance d’aborder le développement sous un angle géographique, lors de la définition des stratégies de développement rural et de sécurité alimentaire. Dans cette optique, il convient de tenir compte des activités agricoles et non agricoles, mais également des spécificités des différents intervenants, en accordant une attention particulière au rôle de la femme, aussi bien au niveau de la production qu’en ce qui concerne une meilleure répartition des ressources et l’amélioration du niveau de vie et de la sécurité alimentaire des populations rurales.
22. A constaté que les politiques de développement rural et de sécurité alimentaire devaient satisfaire parallèlement les besoins en matière de compétitivité et de production et les priorités afférentes à la lutte contre la pauvreté. De par leur nature plurisectorielle, les politiques supposent la participation de différents ministères et instances décentralisées gouvernementales et privées, dans un cadre particulièrement complexe nécessitant la mise en place d’un processus de concertation.
À l’attention de la FAO
La Conférence:
23. A recommandé que la FAO renforce, en augmentant leur portée, les mécanismes de formation à grande échelle, au bénéfice de tous les intervenants concernés par les priorités relatives au développement rural et à la sécurité alimentaire, en prenant comme exemple le projet FAO-FODEPAL. Elle a demandé à l’Organisation de mobiliser des fonds supplémentaires à cet effet.
24. A recommandé que la FAO effectue des études sur la migration des populations rurales, principalement vers les pays développés, afin de définir des programmes d’investissement fondés sur l’envoi de fonds des travailleurs immigrés, grâce à la mise en œuvre de projets axés sur les familles rurales, en vue de créer de nouvelles sources d’emploi permettant de freiner l’exode rural.
La sécurité alimentaire en tant que stratégie de développement rural
À l’attention des gouvernements
La Conférence:
25. A reconnu que la sécurité alimentaire était un concept de grande envergure, aussi bien quant à sa portée qu’à ses répercussions. De par sa portée, elle est liée à des aspects tels que la disponibilité, l’accès, la qualité et l’utilisation, ainsi qu’aux facteurs ayant une incidence sur chacun de ces éléments. De par ses répercussions, elle joue un rôle dans les domaines de l’éradication de la pauvreté, de l’augmentation des capacités de production au bénéfice du développement, de la non-exclusion sociale, de l’égalité des chances et de l’avènement d’une société juste.
26. A souligné que l’objectif de la stratégie relative à la sécurité alimentaire ne devait pas être uniquement de pallier les effets de la faim ou de définir des solutions ponctuelles en cas de dénutrition. L’objectif premier doit être de s’attaquer aux causes de la sous-alimentation, ce qui implique de s’attaquer aux causes de l’exclusion sociale, de la marginalisation et de la pauvreté, dans le cadre d’une approche largement participative, axée sur les personnes.
27. A souligné que la croissance économique était indispensable à l’éradication de la pauvreté et de la faim, mais qu’elle n’en était pas une condition suffisante. Elle a souligné l’importance de la nature de cette croissance, en particulier de ses conséquences en matière de répartition et d’équité. Elle a également signalé que la volonté politique et la participation effective de l'ensemble de la société étaient indispensables si l’on souhaitait axer le développement sur l’équité, grâce à des réformes structurelles visant la non-exclusion sociale.
28. A reconnu que l’insécurité alimentaire plongeait ses racines dans le contexte historique et dans les conditions sociales qui prévalaient dans le passé. À cela s’ajoutent les répercussions des pratiques protectionnistes sur les échanges internationaux et les subventions agricoles appliquées par les pays développés. La Conférence a appelé à la concrétisation des trois piliers de Doha. Elle a également constaté qu’il convenait de renforcer la coopération internationale dans le domaine du développement, en soulignant la nécessité de mieux exploiter les possibilités d’intégration sous-régionale et de coopération Sud-Sud.
29. A souligné qu’il convenait de garantir une plus grande participation de la population souffrant de la pauvreté, afin de renforcer ses capacités de négociation et de lui permettre de participer aux décisions concernant son développement.
30. A reconnu que la sécurité alimentaire faisait partie intégrante des stratégies de développement rural et que le développement rural était une stratégie indispensable à la sécurité alimentaire. Par conséquent, elle a souligné qu’il convenait de considérer le développement rural en tant que stratégie de base territoriale et de reconsidérer l’agriculture au-delà de la production primaire, en intégrant une approche verticale des filières de production-transformation-commercialisation-consommation.
À l’attention de la FAO
La Conférence:
31. A reconnu que l’analyse de la sécurité alimentaire devait aller au-delà du simple diagnostic et que la stratégie mise en œuvre ne devait pas seulement intégrer des orientations à moyen et long termes. Elle a également recommandé à la FAO d’entreprendre des actions immédiates à court terme, de définir des mécanismes permettant d’y donner suite, en vue d’en évaluer l’impact et la reproductibilité, et de définir de nouvelles actions à plus grande portée, qui ne se limitent pas à encourager la production, mais qui incorporent aussi des dimensions plurisectorielles et prévoient la participation des différents niveaux de gouvernements, mais également du secteur privé et de la société civile.
32. A recommandé à la FAO d’effectuer une étude des potentiels et des possibilités d’expansion du commerce des produits agricoles issus de l’agriculture familiale et intrarégionale, en tant qu’instrument de développement socioéconomique.
Le développement socioéconomique: fondement de l’action de la FAO en Amérique latine et dans les Caraïbes
À l’attention des gouvernements
La Conférence:
33. A signalé que l’analyse du développement socioéconomique devait tenir compte du caractère interdépendant des aspects économiques, sociaux et culturels du développement, qui ont pour objectif l’amélioration des conditions de vie des populations rurales. Les activités axées sur le développement doivent être l’expression non seulement de la croissance économique, mais également des différentes façons de répartir les fruits de ce développement et de la façon d'éliminer les déséquilibres sociaux et de lutter contre la pauvreté.
34. A souligné l’importance du suivi et de l’évaluation des programmes et des projets de développement rural pour l’orientation des nouvelles activités de coopération. Elle a indiqué que le suivi et l’évaluation ne devaient pas être limités aux aspects administratifs relatifs à la concrétisation des actions définies et à l’exécution des budgets alloués, mais devaient permettre une véritable analyse de l’impact de ces activités. Elle a recommandé que ces évaluations soient effectuées à différentes phases des projets, afin d'ajuster les programmes en cours d’exécution ou de tirer les leçons des expériences lors de la conception de nouvelles phases ou de nouveaux projets.
35. A reconnu qu’il était possible d’améliorer les programmes de coopération technique mis en œuvre par les organismes internationaux dans le domaine du développement rural. Il a toutefois souligné que l’aide internationale apportée grâce à une coopération multilatérale était plus transparente et moins dépendante des priorités des donateurs, en ce qu’elle permet de mieux tenir compte des requêtes des pays bénéficiaires.
À l’attention de la FAO
La Conférence:
36. A reconnu l’importance du Programme spécial pour la sécurité alimentaire. Elle a recommandé à la FAO d’établir, en collaboration avec les pays de la région, des critères et des mécanismes d’évaluation de l’impact de ce programme.
37. A exprimé son inquiétude à propos de la diminution des ressources allouées à la coopération technique dans les pays de la région. Elle a en outre signalé le déséquilibre croissant enregistré à l’échelle régionale dans ce domaine. Elle a déclaré qu’il était nécessaire de rationaliser l’utilisation de ces ressources et qu'il convenait de créer des mécanismes de suivi et d’évaluation de la coopération mise en œuvre par la FAO dans la région, afin de mieux la cibler.
38. A répété qu’il convenait de continuer à engager des experts nationaux, selon les besoins, car ces derniers saisissaient bien la réalité de leur pays, et cela permettait de réduire les coûts des projets de coopération technique.
39. A recommandé de revoir le mode opératoire des missions de coopération technique de la FAO dans les différents pays, en vue d’éviter les doubles emplois et de garantir une bonne coordination entre les différentes missions. De plus, la Conférence est convenue qu’il était nécessaire de revoir également les relations entre les différentes instances de la FAO (Siège, bureaux régionaux et bureaux nationaux) lors de la préparation des projets de coopération technique, en s’assurant que leurs activités complètent les capacités nationales de manière rationnelle. À cet effet, le Représentant régional de la FAO a fait état de la mission d’évaluation du processus de décentralisation mis en œuvre par l’Organisation dans la région.
40. A recommandé de créer un groupe de travail institutionnel permanent, ouvert à tous les pays de la région. Ce groupe serait chargé de suivre l’évolution de la coopération technique mise en œuvre par la FAO dans la région, en vue de présenter des propositions visant à perfectionner et à moderniser les mécanismes de coopération technique de la FAO. Il serait également chargé d'étudier les stratégies et les modalités d’application et d’évaluation des programmes de coopération entrepris par la FAO dans la région, selon un cadre stratégique tenant compte des réalités nationales des pays de la région et conformément à un cadre de référence établi à intervalles réguliers par la Conférence régionale.
41. A recommandé de soumettre les conclusions de ce groupe de travail aux prochaines conférences régionales, lors desquelles une séance spéciale devrait être exclusivement consacrée à la coopération technique.
Cadre stratégique de la FAO visant à combler le fossé numérique en milieu rural
À l’attention des gouvernements
La Conférence:
42. A recommandé d’apporter son soutien au nouveau programme stratégique de la FAO intitulé « Programme visant à combler le fossé numérique en milieu rural en vue de lutter contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté ».
À l’attention de la FAO
La Conférence:
43. A recommandé de présenter un bilan des programmes mis en œuvre jusqu’à présent, ainsi que des activités à l’appui de la coordination et de l’unification des efforts déployés par les institutions nationales en vue de combler le fossé numérique en milieu rural.
44. A reconnu l’importance, lors de l’élaboration de ce nouveau programme, des conclusions du Sommet mondial sur la société de l’information et des initiatives mises en œuvre dans la région par des organisations internationales, notamment la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement, le Programme des Nations Unies pour le développement et le Fonds international de développement agricole.
45. A accueilli favorablement la proposition de mettre en œuvre des plans de coopération Sud-Sud dans le cadre de l’exécution du nouveau programme stratégique de la FAO.
46. A recommandé de soutenir la Consultation sur la gestion de l’information agricole et de convoquer une réunion dans le cadre de celle-ci en 2005.
47. La vingt-huitième session de la Conférence régionale de la FAO pour l'Amérique latine et les Caraïbes s’est tenue à Ciudad de Guatemala (Guatemala) du 26 au 30 avril 2004. Le Comité technique s’est réuni les 26 et 27 avril. Y ont assisté des délégations de 24 États Membres de la région, des observateurs de pays d'autres régions et des représentants de différents organismes des Nations Unies, organisations intergouvernementales et organisations internationales et nationales. La liste des participants est reproduite à l’Annexe C.
48. Le Président de la République du Guatemala a inauguré la Conférence au cours d'une cérémonie à laquelle étaient présents le Directeur général de la FAO, les ministres des affaires étrangères et de l'agriculture du Guatemala et le Représentant régional de la FAO pour l'Amérique latine et les Caraïbes.
49. Le Directeur général de la FAO a ouvert la cérémonie en remerciant le Président de la République et, par son intermédiaire, la population du Guatemala, pour l'accueil réservé à la Conférence régionale. Il a également souhaité la bienvenue aux délégués des pays de la région et a exprimé le souhait que les travaux qui commençaient permettent d'encourager la contribution de l'Amérique latine et des Caraïbes à la sécurité alimentaire de la région et du monde.
50. Le Directeur général a indiqué que l'humanité avait atteint des objectifs qui semblaient hors d'atteinte au début du siècle dernier, à l'exemple de la conquête spatiale. Toutefois, l'objectif, fondamental, d'éradiquer la faim, alors même qu'il semblait plus facile à réaliser puisque l’humanité a les capacités d'y parvenir, n'a pas été atteint. Or, plus de 842 millions de personnes souffrant de la faim attendent toujours une réponse. Le Directeur général a donc de nouveau exhorté les pays à déployer les efforts nécessaires pour atteindre les objectifs qu'ils ont eux-mêmes fixés lors du Sommet mondial de l'alimentation.
51. Le Président de la République du Guatemala a indiqué que son gouvernement avait accordé une très grande priorité à l'amélioration du niveau de nutrition des enfants, précisant que les indicateurs, tels qu'ils se présentent aujourd'hui, témoignent d'une réalité douloureuse qu'il convient de surmonter. Il a dit espérer que la Conférence permette de dégager des idées qui contribueraient à élaborer des mesures efficaces en ce sens.
52. Selon lui, la coopération de la FAO est d'autant plus pertinente qu'elle s'inscrit dans le cadre de la priorité qui est accordée au renforcement de la sécurité alimentaire dans le pays, et plus particulièrement à la lutte contre la sous-alimentation des enfants. Il a indiqué que des mesures d'aide seraient prises, mais que l'on chercherait également à s'attaquer aux causes de l'insécurité alimentaire. Il faudrait entre autres envisager l'augmentation de la productivité agricole et le développement de la compétitivité du système économique national.
53. Enfin, il a exprimé le voeu que les travaux qui débutaient soient fructueux et a déclaré ouverte la Conférence.
54. La Conférence a élu à l'unanimité les membres du Bureau dont les noms figurent à l'Annexe C.
55. La Conférence a adopté l'ordre du jour et le calendrier figurant à l'Annexe B.
56. Le Directeur général s'est dit inquiet de la lenteur, du manque de constance et de l'hétérogénéité des progrès accomplis par les différents pays en matière de sécurité alimentaire. Durant la première moitié des années 90, le nombre de personnes sous-alimentées a baissé de 37 millions. En revanche, durant la seconde moitié de la décennie, il a augmenté de 18 millions. En 1999-2001, il y avait 842 millions de personnes sous-alimentées dans le monde. À ce rythme, l'objectif du Sommet mondial de l'alimentation de diminuer de moitié, avant 2015, le nombre de personnes qui ont faim ne sera atteint qu'en 2150.
57. Il a indiqué que l'Amérique latine et les Caraïbes avaient obtenu des résultats relativement plus encourageants. La proportion de personnes sous-alimentées dans la région est passée de 13 pour cent en 1990-1992 à 10 pour cent en 1999-2001. Si les efforts consacrés à la lutte contre la faim se poursuivent, ce chiffre pourrait chuter jusqu'à 6 pour cent en 2015. Le Directeur général a précisé que certains pays avaient fait de la lutte contre la faim une priorité nationale clairement définie, citant le programme « Fome Zero » mis en place par le Gouvernement du Brésil et le « Front contre la faim » que le Gouvernement du Guatemala vient de créer. Cependant, il a également signalé que cinq pays de la région ont été frappés par des crises alimentaires en 2002, le plus souvent à la suite de catastrophes climatiques ou de la crise sur le marché du café.
58. Selon lui, il est également important que la région réalise des progrès plus marqués en matière de lutte contre la pauvreté. Certains pays ne sont pas parvenus à surmonter la stagnation économique et les inégalités au niveau de la répartition des revenus. La région connaît le taux d'inégalité le plus important au monde, une situation qui, du reste, s'est aggravée.
59. Il a signalé que cette Conférence fournissait l'occasion idéale de réfléchir aux progrès accomplis et aux efforts supplémentaires qu'il faudra déployer pour infléchir les tendances négatives ou accélérer la lutte contre l'insécurité alimentaire dans la région.
60. Le Sous-Directeur général et Représentant régional de la FAO pour l'Amérique latine et les Caraïbes a présenté à la Conférence des informations sur les suites données aux recommandations de la vingt-septième Conférence régionale, qui avait eu lieu à La Havane (Cuba). En plus de cette présentation, les délégués ont eu la possibilité de consulter des documents concernant le développement agricole et rural des pays de la région, ainsi que le rôle de la FAO.2
61. La Conférence a apporté son soutien aux initiatives spécifiques élaborées à l'appui des priorités fixées par la Conférence régionale, à sa vingt-cinquième session, ainsi qu'à l'application des orientations définies à la vingt-sixième et à la vingt-septième sessions. Cela concerne plus particulièrement la mise en place de partenariats, des mesures d'encouragement en faveur des fonds fiduciaires, l'exécution de projets régionaux et l'élaboration de méthodologies d'évaluation des politiques et des programmes.
62. Les participants à la Conférence ont souligné que la région était, certes, constituée en majeure partie de pays dont le revenu par habitant se situait à un niveau moyen, mais qu'il s'y trouvait de grandes poches de pauvreté dans lesquelles la situation était dramatique. Il convient dès lors de bien prendre conscience du fait que les indices macroéconomiques ont la fâcheuse tendance de donner une image faussée de la réalité. Il importe en outre d'éviter d'adopter des critères d'évaluation politique extérieurs, s’éloignant de la réalité, des méthodes de travail et de la volonté de chaque pays, comme la notion de « bonne gouvernance »3.
63. Les participants à la Conférence ont souligné que la faim constituait la conséquence la plus grave d'un processus de développement inégal, en vertu duquel l'exclusion sociale conduit à la pauvreté absolue. Les droits de la personne ne seront pas pleinement respectés tant que la faim et ses causes ne seront pas éradiquées. La sécurité alimentaire constitue un élément indispensable pour mettre en place des sociétés justes, tolérantes et ouvertes.
64. La Conférence a insisté sur le fait que le contexte international avait une incidence déterminante sur le processus de développement social et économique des pays de la région et, par conséquent, sur sa sécurité alimentaire. Il faut un système international fondé sur les principes de justice et d'équité favorisant une meilleure coopération bilatérale et multilatérale, à la fois plus efficace et plus opportune et ouverte à la coopération Sud-Sud. Il importe en outre que l'on respecte les engagements internationaux en matière d'aide officielle au développement et que l'on accroisse les investissements et les flux de capitaux étrangers. Il convient par ailleurs d'encourager l'accès aux nouvelles technologies et à un commerce plus équitable des biens et des services, en particulier des produits agricoles.
65. La Conférence a rappelé qu'il était fondamental d'instaurer un système de commerce international équitable et de respecter les engagements de la Conférence ministérielle de Doha. La réforme du système commercial doit supposer, de la part des pays développés, des engagements spécifiques visant à garantir une nette amélioration de l'accès aux marchés des produits agricoles; des réductions de toutes les formes de subvention à l'exportation, l'objectif étant de les supprimer de manière progressive; et d'importantes réductions du soutien interne, qui entraînent une distorsion des échanges commerciaux.
66. La Conférence a pris note de la reprise des négociations multilatérales et a exhorté les pays à avancer rapidement pour mettre en oeuvre les engagements et l'esprit de la Conférence de Doha, afin que ce cycle multilatéral devienne le « cycle du développement ».
67. Les participants à la Conférence ont souligné que la région avait des besoins spécifiques et connaissait des situations de pauvreté et d'insécurité alimentaire qui devaient être examinées et analysées en fonction de critères qui leur sont propres, ce qui nécessitait le soutien et la coopération technique de la FAO dans le cadre de l'élaboration d'un plan stratégique régional. Dans ce contexte, la Conférence a demandé la création d'un mécanisme institutionnel dont les fonctions seraient les suivantes: a) assurer le suivi de l'évolution de la coopération technique de la FAO dans la région; b) présenter des propositions visant à perfectionner et à moderniser les mécanismes de coopération technique de la FAO; et c) traiter des stratégies et des moyens de mise en oeuvre et d'évaluation des programmes de coopération de la FAO dans la région.
68. Les participants à la Conférence ont reconnu qu'il était utile de réaliser des études destinées à déterminer l'incidence négative sur la sécurité alimentaire de la situation géographique des pays en développement sans littoral, de manière à mettre sur pied des projets et des programmes visant à pallier cette situation.
La Conférence a recommandé:
69. De regrouper les nouveaux thèmes pour la coopération technique de la FAO dans la région:
70. La FAO devrait accorder une attention toute particulière à la situation des pêches, aux ressources forestières et au développement durable des montagnes. La Conférence a exprimé son soutien à l'application du Code de conduite pour une pêche responsable et s'est déclarée satisfaite des activités menées par la FAO à l'appui du Partenariat international pour le développement durable des régions de montagne, et a demandé que des fonds soient affectés à ces programmes.
71. La FAO devrait chercher des solutions pour renforcer la coopération technique dans la région, par le biais de mécanismes de participation, en utilisant au mieux les capacités existant dans les différents pays. De même, il convient de renforcer la complémentarité des actions menées par les différentes institutions internationales de coopération.
72. La nécessité d'appliquer un traitement différencié aux pays moins avancés et aux États insulaires et notamment aux importateurs nets de denrées alimentaires devrait être reconnue. Dans ce contexte, le « Programme d'action de la Barbade pour le développement durable des petits États insulaires » constitue un fondement solide pour le développement des capacités agricoles, forestières et halieutiques de ces pays. La FAO doit assumer un rôle important dans l'application de ce programme.
73. La FAO devrait développer ses activités de renforcement des capacités de négociation à l'échelle internationale des pays de la région, en tenant compte du fait que les thèmes gagnent en diversité et en complexité et du processus permanent de négociations au sein des différentes instances multilatérales (OMC, Codex, OIE et CIMP).
74. La FAO devrait analyser le développement d'une industrie de transformation des matières premières, axée sur l’exportation, pour lesquelles la région est compétitive, afin d’aider les producteurs et les paysans des pays en développement à échapper à la pauvreté. Dans ce contexte, il convient que la FAO mène des études destinées à évaluer l'impact de la progressivité des droits et des pics tarifaires des pays développés, de manière à mettre en place une industrie d'exportation à plus grande valeur ajoutée dans les pays en développement.
75. Le Sous-Directeur général et Représentant régional de la FAO pour l'Amérique latine et les Caraïbes a présenté à la Conférence les progrès accomplis à l'échelle régionale et sous-régionale en matière de sécurité alimentaire. Il a mis en exergue les relations entre pauvreté, inégalité et lutte contre l'insécurité alimentaire. Il est nécessaire d'accroître l'efficacité et de renforcer la compétitivité, et, dans un même temps, il est indispensable d'inverser la tendance actuelle à une progression de l'inégalité socioéconomique dans la région.
76. La Conférence a reconnu que les tendances actuelles en matière de sécurité alimentaire témoignaient à la fois de l'insuffisance des politiques mises en œuvre jusqu'à présent et de la nécessité de définir de nouvelles lignes d'action. Elle a recommandé à la FAO de soutenir la définition et la généralisation des nouvelles orientations stratégiques.
77. La Conférence a admis que l'agriculture de la région était fortement hétérogène, puisque s'y côtoient un secteur moderne, compétitif et présent sur les marchés et un secteur composé de producteurs artisanaux qui ne réunissent pas les conditions leur permettant d'être concurrentiels, dont le développement suppose des politiques spécifiques qui répondent à une stratégie de développement progressif fondé sur des activités agricoles et non agricoles.
78. La Conférence a pris acte du fait que le développement rural et la sécurité alimentaire s'inscrivaient dans le cadre de processus à long terme dont la durée dépasse celle du mandat des gouvernements, ce qui nécessitait la mise en place de politiques nationales garantissant la continuité à long terme.
79. La Conférence a reconnu que toute politique efficace de sécurité alimentaire supposait une action conjointe de la part de l'État, du secteur privé et de la société civile, ainsi qu'une coopération internationale, dans un cadre cohérent, harmonieux et laissant une place importante à la participation.
80. La Conférence a fait siennes les préoccupations exprimées par le Comité de l'agriculture au sujet des recommandations du « Rapport de la consultation OMS/FAO d'experts sur le régime alimentaire, la nutrition et la prévention des maladies chroniques », lesquelles sont susceptibles d'avoir une incidence négative sur le secteur agricole de la région.
81. La Conférence a exhorté les gouvernements des pays de la région à apporter un appui politique au processus de négociation de l'ensemble de directives volontaires à l'appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate. De même, la Conférence a reconnu le rôle fondamental de la coopération internationale pour la concrétisation de ce droit.
82. La Conférence a suggéré que la FAO révise les chiffres sur la dénutrition qui ont été présentés4, en particulier s'agissant des méthodes et des sources d'information utilisées lors de la définition des indicateurs mentionnés dans les documents.
83. La Conférence a recommandé que la FAO poursuive l’analyse des tendances et des nouveaux enjeux, en invitant les pays à participer de manière plus dynamique à l’élaboration des études y afférentes.
84. La Conférence a été informée de la mise à jour des politiques axées sur le développement rural et sur la sécurité alimentaire. Outre un contenu enrichi, la mise à jour concerne principalement les caractéristiques et les modalités d’application des politiques, en tenant compte du fait qu’il s’agit de politiques plurisectorielles, de nature géographique et impliquant une gestion participative.
85. La Conférence a constaté que les politiques de développement en vigueur supposaient une responsabilité conjointe des gouvernements et des intervenants privés, et que, de ce fait, les processus de concertation étaient décisifs pour leur exécution.
86. La Conférence a insisté sur l’importance d’aborder le développement sous un angle géographique, lors de la définition des stratégies de développement rural et de sécurité alimentaire. Dans cette optique, il convient de tenir compte des activités agricoles et non agricoles, mais également des spécificités des différents intervenants, en accordant une attention particulière au rôle de la femme, aussi bien au niveau de la production qu’en ce qui concerne une meilleure répartition des ressources et l’amélioration du niveau de vie et de la sécurité alimentaire des populations rurales.
87. La Conférence a constaté que les politiques de développement rural et de sécurité alimentaire devaient satisfaire parallèlement les besoins en matière de compétitivité et de production et les priorités afférentes à la lutte contre la pauvreté. De par leur nature plurisectorielle, les politiques supposent la participation de différents ministères et instances décentralisées gouvernementales et privées, dans un cadre particulièrement complexe nécessitant la mise en place d’un processus de concertation.
88. La Conférence a recommandé que la FAO renforce, en augmentant leur portée, les mécanismes de formation à grande échelle, au bénéfice de tous les intervenants concernés par les priorités relatives au développement rural et à la sécurité alimentaire, en prenant comme exemple le projet FAO-FODEPAL. Elle a demandé à l’Organisation de mobiliser des fonds supplémentaires à cet effet.
89. La Conférence a recommandé que la FAO effectue des études sur la migration des populations rurales, principalement vers les pays développés, afin de définir des programmes d’investissement fondés sur l’envoi de fonds des travailleurs immigrés, grâce à la mise en œuvre de projets axés sur les familles rurales, en vue de créer de nouvelles sources d’emploi permettant de freiner l’exode rural.
90. La Conférence a été saisie des conclusions des réunions des commissions régionales suivantes: COPACO, COPESCAL, COFLAC et CODEGALAC. Dans chacun des rapports, la Commission concernée fait état des tendances manifestées et des recommandations formulées.
91. La Conférence s’est félicitée de l’élaboration et de la présentation des différents rapports.
92. La Conférence s’est félicitée de l’appui apporté par la FAO aux activités de la CODEGALAC, qui travaillait dans des conditions précaires et manquait de moyens. Elle a également souligné l’importance de cette commission, qui traite d’aspects particulièrement importants de santé animale et de lutte contre les maladies transfrontières. Elle a également recommandé à la FAO de mettre au point des projets régionaux de coopération technique, à l’appui de la création d’un secrétariat technique chargé des activités de la CODEGALAC.
93. La Conférence a insisté sur le fait que la FAO était l’organe spécialisé chargé d’établir des mesures de gestion des espèces marines, ce qui devrait se refléter dans les documents portant sur les relations entre l’Organisation et la CITES, concernant les mesures de préservation et d’exploitation des espèces marines d’importance commerciale.
94. La Conférence a recommandé que la FAO prépare des projets régionaux de coopération technique à l’appui des activités de formation portant sur la gestion durable des ressources forestières. Elle a également demandé que des financements soient mobilisés, afin de faire en sorte que tous les pays puissent participer aux réunions de la COFLAC.
95. Le Sous-Directeur général/Représentant régional de la FAO a ouvert la session du Comité technique en souhaitant la bienvenue aux délégués et aux observateurs et en remerciant le gouvernement et le peuple du Guatemala pour l’organisation de cette Conférence.
96. Le Comité a élu à l’unanimité les membres du Bureau du Comité technique, dont les noms figurent à l’Annexe C.
97. Le Comité a approuvé l’ordre du jour et le calendrier portant les cotes LARC/04/1-Rev.1 et LARC/04/INF/2-Rev.2 (voir l’ordre du jour à l’Annexe B).
Le Comité a recommandé:
98. De reconnaître que la sécurité alimentaire était un concept de grande envergure, qui implique l’avènement d’une société juste, non discriminatoire et non exclusive. La sécurité alimentaire ne peut être concrétisée sans un développement social et économique équilibré et intégral.
99. De souligner qu’il était nécessaire d’analyser le concept de développement socioéconomique sous tous les angles. Les analyses sectorielles et spécifiques permettent d’appréhender le concept dans son ensemble et de mieux en comprendre les éléments les plus délicats, mais sont susceptibles de fausser la perception du processus de développement qui, de par sa nature, doit englober, de manière globale et équilibrée, un ensemble de facteurs et d’actions relevant du domaine socioéconomique.
100. De reconnaître que la sécurité alimentaire était un concept de grande envergure, aussi bien quant à sa portée qu’à ses répercussions. De par sa portée, elle est liée à des aspects tels que la disponibilité, l’accès, la qualité et l’utilisation, ainsi qu’aux facteurs ayant une incidence sur chacun de ces éléments. De par ses répercussions, elle joue un rôle dans les domaines de l’éradication de la pauvreté, de l’augmentation des capacités de production au bénéfice du développement, de la non-exclusion sociale, de l’égalité des chances et de l’avènement d’une société juste.
101. De souligner que l’objectif de la stratégie relative à la sécurité alimentaire ne devait pas être uniquement de pallier les effets de la faim ou de définir des solutions ponctuelles en cas de dénutrition. L’objectif premier doit être de s’attaquer aux causes de la sous-alimentation, ce qui implique de s’attaquer aux causes de l’exclusion sociale, de la marginalisation et de la pauvreté, dans le cadre d’une approche largement participative, axée sur les personnes.
102. De souligner que la croissance économique était indispensable à l’éradication de la pauvreté et de la faim, mais qu’elle n’en était pas une condition suffisante. Il a souligné l’importance de la nature de cette croissance, en particulier de ses conséquences en matière de répartition et d’équité. Il a également signalé que la volonté politique et la participation effective de l'ensemble de la société étaient indispensables si l’on souhaitait axer le développement sur l’équité, grâce à des réformes structurelles visant la non-exclusion sociale.
103. De tenir compte du fait que l’insécurité alimentaire plongeait ses racines dans le contexte historique et dans les conditions sociales qui prévalaient dans le passé. À cela s’ajoutent les répercussions des pratiques protectionnistes sur les échanges internationaux et les subventions agricoles appliquées par les pays développés. Le Comité a appelé à la concrétisation des trois piliers de Doha. Le Comité a également constaté qu’il convenait de renforcer la coopération internationale dans le domaine du développement, en soulignant la nécessité de mieux exploiter les possibilités d’intégration sous-régionale et de coopération Sud-Sud.
104. De tenir compte du fait que l’analyse de la sécurité alimentaire devait aller au-delà du simple diagnostic et que la stratégie mise en œuvre ne devait pas seulement intégrer des orientations à moyen et long termes. Il a également recommandé à la FAO d’entreprendre des actions immédiates à court terme, de définir des mécanismes permettant d’y donner suite, en vue d’en évaluer l’impact et la reproductibilité, et de définir de nouvelles actions à plus grande portée, qui ne se limitent pas à encourager la production, mais qui incorporent aussi des dimensions plurisectorielles et prévoient la participation des différents niveaux de gouvernements, mais également du secteur privé et de la société civile.
105. De souligner qu’il convenait de garantir une plus grande participation de la population souffrant de la pauvreté, afin de renforcer ses capacités de négociation et de lui permettre de participer aux décisions concernant son développement.
106. De tenir compte du fait que la sécurité alimentaire faisait partie intégrante des stratégies de développement rural et que le développement rural était une stratégie indispensable à la sécurité alimentaire. Par conséquent, il a souligné qu’il convenait de considérer le développement rural en tant que stratégie de base territoriale et de reconsidérer l’agriculture au-delà de la production primaire, en intégrant une approche verticale des filières de production-transformation-commercialisation-consommation.
107. À la FAO d’effectuer une étude des potentiels et des possibilités d’expansion du commerce des produits agricoles issus de l’agriculture familiale et intrarégionale, en tant qu’instrument de développement socioéconomique.
Le Comité a recommandé:
108. De signaler que l’analyse du développement socioéconomique devait tenir compte du caractère interdépendant des aspects économiques, sociaux et culturels du développement, qui ont pour objectif l’amélioration des conditions de vie des populations rurales. Les activités axées sur le développement doivent être l’expression non seulement de la croissance économique, mais également des différentes façons de répartir les fruits de ce développement et de la façon d'éliminer les déséquilibres sociaux et de lutter contre la pauvreté.
109. De tenir compte du fait que, lors de l’analyse du développement socioéconomique, il convenait également de mettre l’accent sur les relations entre les aspects urbains et ruraux.
110. De souligner l’importance du suivi et de l’évaluation des programmes et des projets de développement rural pour l’orientation des nouvelles activités de coopération. Il a constaté que le suivi et l’évaluation ne devaient pas être limités aux aspects administratifs relatifs à la concrétisation des actions définies et à l’exécution des budgets alloués, mais devaient permettre une véritable analyse de l’impact de ces activités. Il a recommandé que ces évaluations soient effectuées à différentes phases des projets, afin d'ajuster les programmes en cours d’exécution ou de tirer les leçons des expériences lors de la conception de nouvelles phases ou de nouveaux projets.
111. De reconnaître l’importance du Programme spécial pour la sécurité alimentaire. Il a recommandé à la FAO d’établir, en collaboration avec les pays de la région, des critères et des mécanismes d’évaluation de l’impact de ce programme.
112. De reconnaître qu’il était possible d’améliorer les programmes de coopération technique mis en œuvre par les organismes internationaux dans le domaine du développement rural. Il a toutefois souligné que l’aide internationale apportée grâce à une coopération multilatérale était plus transparente et moins dépendante des priorités des donateurs, en ce qu’elle permet de mieux tenir compte des requêtes des pays bénéficiaires.
113. De tenir compte de son inquiétude vis-à-vis de la diminution des ressources allouées à la coopération technique dans les pays de la région. Il a en outre signalé le déséquilibre croissant enregistré à l’échelle régionale dans ce domaine. Il a déclaré qu’il était nécessaire de rationaliser l’utilisation de ces ressources et qu'il convenait de créer des mécanismes de suivi et d’évaluation de la coopération mise en œuvre par la FAO dans la région, afin de mieux la cibler.
114. De répéter qu’il convenait de continuer à engager des experts nationaux, selon les besoins, car ces derniers saisissaient bien la réalité de leur pays, et cela permettait de réduire les coûts des projets de coopération technique.
115. De revoir le mode opératoire des missions de coopération technique de la FAO dans les différents pays, en vue d’éviter les doubles emplois et de garantir une bonne coordination entre les différentes missions. De plus, le Comité est convenu qu’il était nécessaire de revoir également les relations entre les différentes instances de la FAO (Siège, bureaux régionaux et bureaux nationaux) lors de la préparation des projets de coopération technique, en s’assurant que leurs activités complètent les capacités nationales de manière rationnelle. À cet effet, le Représentant régional de la FAO a fait état de la mission d’évaluation du processus de décentralisation mis en œuvre par l’Organisation dans la région.
116. De créer un groupe de travail institutionnel permanent, ouvert à tous les pays de la région. Ce groupe serait chargé de suivre l’évolution de la coopération technique mise en œuvre par la FAO dans la région, en vue de présenter des propositions visant à perfectionner et à moderniser les mécanismes de coopération technique de la FAO. Il serait également chargé d'étudier les stratégies et les modalités d’application et d’évaluation des programmes de coopération entrepris par la FAO dans la région, selon un cadre stratégique tenant compte des réalités nationales des pays de la région et conformément à un cadre de référence établi à intervalles réguliers par la Conférence régionale.
117. De soumettre les conclusions de ce groupe de travail aux prochaines conférences régionales, lors desquelles une séance spéciale devrait être exclusivement consacrée à la coopération technique.
Le Comité a recommandé:
118. De prendre note avec satisfaction de la décision de déclarer 2004 Année internationale du riz, sous l’égide de la FAO. Il a constaté le caractère opportun et l’importance de cette décision et a souligné le rôle de cette Année internationale du riz dans différents domaines: levée des obstacles entravant la productivité, diminution des écarts de rendement, nécessité de préserver les ressources génétiques et de les utiliser à bon escient et définition de politiques de protection des petits producteurs et productrices de riz.
119. D’appuyer les différentes initiatives mises en œuvre dans le cadre de l’Année internationale du riz. Il a en outre invité la FAO à favoriser les échanges entre pays et à diffuser les expériences fructueuses de certains pays de la région en matière de gestion intégrée de la riziculture au bénéfice des petites et moyennes exploitations, et en particulier à envisager un soutien économique, disponible dans certains pays producteurs de la région, en vue de compenser les répercussions des politiques d’ajustement et de favoriser la diffusion de nouvelles variétés, la gestion des ressources hydriques et la lutte contre les ravageurs et les maladies. Cet appui permettrait d’établir une corrélation entre ces initiatives et les résultats obtenus à l’échelle régionale par les centres du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale concernant le riz.
120. De favoriser, à la FAO, la diffusion d’informations sur les différents aspects de la sécurité sanitaire du riz, notamment le riz génétiquement modifié, sur la base des normes approuvées dans le cadre du Codex, et de faire en sorte que les consommateurs, les agriculteurs et les décideurs y aient accès.
Le Comité a recommandé:
121. D’apporter son soutien au nouveau programme stratégique de la FAO intitulé « Programme visant à combler le fossé numérique en milieu rural en vue de lutter contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté ».
122. À la FAO de présenter un bilan des programmes mis en œuvre jusqu’à présent, ainsi que des activités à l’appui de la coordination et de l’unification des efforts déployés par les institutions nationales en vue de combler le fossé numérique en milieu rural.
123. De tenir compte, lors de l’élaboration de ce nouveau programme, des conclusions du Sommet mondial sur la société de l’information et des initiatives mises en œuvre dans la région par des organisations internationales, notamment la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement, le Programme des Nations Unies pour le développement et le Fonds international de développement agricole.
124. D’accueillir favorablement la proposition de mettre en œuvre des plans de coopération Sud-Sud dans le cadre de l’exécution du nouveau programme stratégique de la FAO.
125. De soutenir la COAIM et de convoquer une réunion dans le cadre de celle-ci en 2005.
126. Le Comité a approuvé, dans son ensemble, le Rapport soumis par le Comité de rédaction. Après y avoir apporté des amendements et des ajouts, le Comité a approuvé le rapport à l’unanimité.
127. Le Comité a réitéré ses remerciements au gouvernement et au peuple de la République du Guatemala pour leur hospitalité.
128. Le Président du Comité technique a remercié les délégués et levé la séance.
129. La Conférence a pris note avec satisfaction de la proposition de la délégation du Venezuela d’accueillir la vingt-neuvième Conférence régionale de la FAO, qui se tiendra en 2006. Cette proposition a reçu le soutien unanime des délégations présentes. Elle a également demandé au Directeur général de tenir compte de la recommandation de la Conférence au moment de prendre la décision quant au lieu et à la date de la Conférence, en consultation avec le gouvernement du Venezuela.
130. La délégation du Venezuela a présenté les éléments constitutifs des programmes d'appui à la production et à la distribution de denrées alimentaires, réalisés par le gouvernement actuel.
131. Le Secrétaire de la Conférence a précisé que la déclaration finale de la troisième Consultation régionale des organisations non gouvernementales et des organisations de la société civile pour l'Amérique latine et les Caraïbes était le résultat du processus de consultation que la FAO avait lancé afin que la société civile puisse s'exprimer sur des thèmes comme la sécurité alimentaire et pour qu'elle puisse présenter ses propres recommandations et conclusions à cet égard, de façon pleinement autonome.
132. La Conférence a adopté le rapport à l’unanimité. Elle a en outre adopté le rapport du Comité technique qui fait partie intégrante de ce document.
133. La Conférence a remercié le gouvernement et le peuple du Guatemala qui ont réservé une hospitalité et un accueil chaleureux à la Conférence et ont assuré un climat de travail rendant très agréable le séjour de tous les participants.
134. Le Sous-Directeur général de la FAO et Représentant régional pour l'Amérique latine et les Caraïbes s'est déclaré satisfait des recommandations formulées par la Conférence, qu'il a jugées du plus haut intérêt, notamment les orientations en matière de lutte contre la faim, au moyen d’une approche intégrée et participative qui conjugue les efforts des gouvernements, du secteur privé, de l'industrie agroalimentaire, de la société civile et de la coopération internationale en mettant l’accent sur les alliances stratégiques, les filières de production et le développement régional. Il a évoqué la mise en place, de la part des pays de la région, de mécanismes d’appui et d’évaluation pour les programmes de coopération internationale, notamment les travaux de la FAO. Il a enfin remercié le gouvernement et la population du Guatemala d'avoir accueilli la Conférence régionale.
135. Le Président en exercice de la République du Guatemala a félicité les délégations pour les résultats de la Conférence et s'est déclaré convaincu que leurs efforts représentaient un grand pas en avant dans la stratégie visant à lutter contre la faim dans la région. Il a remercié les délégations au nom du gouvernement et de la population du Guatemala.
136. Le Président a remercié les délégations pour leur participation active et la haute teneur des débats et a déclaré close la vingt-huitième Conférence régionale de la FAO pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
1 Le texte intégral de la déclaration (document LARC/04/INF4) figure à l'annexe A.
2 « Notes sur la position de la FAO en Amérique latine et dans les Caraïbes. 1994-2004 » (LARC/04/INF/5) et « Tendances et enjeux en ce qui concerne l'agriculture, les forêts et la pêche dans la région ».
3 « Good governance ».
4 Suite donnée au Sommet mondial de l’alimentation : cinq ans après. Perspectives régionales (Document LARC/04/4)