Le
présent rapport a pour objet de présenter
et d’examiner les résultats d’une
étude de la libéralisation du commerce
sur le marché mondial du sucre. Cette étude
envisage les scénarios suivants : a) effets de
la libéralisation du commerce résultant
de l’Accord du Cycle d’Uruguay, b) effets
de la libéralisation complète du commerce
mondial, c) effets de la libéralisation partielle
du commerce, d) effets de la libéralisation complète
du commerce des pays industrialisés, e) effets
de la libéralisation partielle du commerce des
pays industrialisés, f) effets de la libéralisation
complète du commerce des principaux pays en développement
(Brésil, Chine, Indonésie et République
de Corée), g) effets de la libéralisation
partielle du commerce des principaux pays en développement.
L’analyse est axée sur l’évolution
des cours mondiaux, de la production, de la consommation,
de la variation des stocks et du commerce net dans 42
pays et/ou régions : Etats-Unis d’Amérique,
Canada, Union européenne (UE), autres pays d’Europe
occidentale, Pologne, autres pays d’Europe orientale,
ex-URSS, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande,
Fidji, reste de l’Océanie, Chine, Inde,
Indonésie, Philippines, Thaïlande, Malaisie,
Pakistan, Viet Nam, Corée, Bangladesh, autres
pays d’Asie, Cuba, Guatemala, Mexique, Argentine,
Brésil, Chili, autres pays d’Amérique
latine, Afrique du sud, Kenya, Zimbabwe, Algérie,
Malawi, Tanzanie, Egypte, Maurice, reste de l’Afrique,
Turquie, Arabie saoudite et autres pays du Proche-Orient.
On a procédé en outre à l’analyse
de l’incidence de la libéralisation du
commerce sur l’ensemble des Etats d’Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique (ACP), signataires
de la Convention de Lomé, et des petits Etats
insulaires, et notamment sur les effets d’une
éventuelle révision du Protocole sucre
conclu entre les Etats ACP et la CE.
Un
modèle d’équilibre multirégional
non spatial du marché mondial du sucre a été
établi afin d’effectuer des projections
des cours, de la production, de la consommation, de
la variation des stocks et du commerce net du sucre
dans le cadre de différents scénarios.
On a obtenu l’élasticité de l’offre,
de la demande et de la variation des stocks par estimation
directe ou à partir d’études antérieures.
Les informations sur le produit intérieur brut
(PIB) réel par habitant, la population et les
changements tarifaires ont été recueillies
dans des publications spécialisées. Les
paramètres de l’évolution de l’offre
ont été calculés à partir
d’estimations des coefficients de tendance provenant
de modèles économétriques de la
production et d’informations recueillies auprès
d’observateurs spécialistes du secteur
sucrier. Les données fournies par la FAO et des
estimations provenant de l’analyse économétrique
de la consommation ont permis d’obtenir l’élasticité-revenu
par pays. Les informations issues des projections ont
ensuite été utilisées pour simuler
les cours, la production, la consommation, la variation
des stocks et le commerce net par pays/région
aux horizons 2000 et 2005 dans le cadre des différents
scénarios.
Les
principaux résultats de cette étude peuvent
se résumer comme suit :
1.
le cours mondial du sucre (dans l’hypothèse
de la pleine application de l’accord du Cycle
d’Uruguay) devrait passer, selon les projections,
du niveau de référence de 0,119 Dollars
E.-U., en 1993-95, à 0,123 dollars E.-U. la livre.
Par rapport au scénario ne prévoyant aucun
changement tarifaire jusqu’à 2000, l’accord
du Cycle d’Uruguay entraînerait une hausse
de 7 pour cent du cours mondial du sucre. Il aurait
pour effet de faire baisser la production aux Etats-Unis,
dans l’UE, en Australie, en Chine, en Indonésie,
aux Philippines, au Mexique, au Brésil et en
Afrique du Sud. La consommation augmenterait principalement
aux Etats-Unis et au Japon, en raison de la baisse des
prix intérieurs qui en résulterait. Les
importations s’accroîtraient aux Etats-Unis,
en Chine, en Indonésie et dans l’ex-URSS.
Les exportations diminueraient dans l’UE, en Australie,
au Mexique et au Brésil, mais, les droits de
douane restant inchangés jusqu’à
2000, elles augmenteraient en Inde et à Cuba.
2.
Dans l’hypothèse où l’accord
du Cycle d’Uruguay continuerait d’être
appliqué jusqu’à 2005, le cours
de référence tomberait selon les projections
à 0,120 dollar E.-U. la livre. La production
et la consommation augmenteraient dans la plupart des
pays. Ce serait l’ex-URSS qui connaîtrait
la plus forte augmentation de ses importations en raison
de la diminution de sa production. L’Australie,
Cuba et le Brésil enregistreraient un accroissement
important de leurs exportations.
3.
Les projections laissent entrevoir, à la faveur
de la libéralisation mondiale du commerce, une
hausse de 43,2 pour cent du cours mondial qui passerait
du cours de référence de 0,120 dollar
E.-U. à 0,172 dollar E.-U. la livre. Les avantages
retirés de la libéralisation du commerce
seraient considérables. Ils seraient particulièrement
importants dans les pays de l’Amérique
latine et des Caraïbes, où la production
et les exportations s’accroîtraient sous
l’effet de la hausse du cours mondial, à
condition que les transferts aux Etats ACP et aux petits
Etats insulaires ne soient pas supprimés. Les
Etats-Unis, le Japon et l’Inde enregistreraient
la plus forte augmentation de leurs importations.
4.
Dans l’hypothèse d’une libéralisation
partielle du commerce mondial (réduction générale
de 20 pour cent des droits de douane), le cours mondial
augmenterait de 6,4 pour cent par rapport au niveau
qui serait atteint en l’absence de nouvelles mesures
de libéralisation d’ici à 2005.
Les changements intervenant dans la production, la consommation
et le commerce net seraient très semblables à
ceux que l’on observerait dans le cas de la libéralisation
complète. Dans un cas comme dans l’autre,
il n’y aurait pas de changements dans la variation
des stocks par rapport au scénario de référence.
5.
Dans les hypothèses de la libéralisation
complète et de la libéralisation partielle
du commerce des pays développés (Etats-Unis,
Canada, UE, autres pays d’Europe occidentale,
Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Afrique du
Sud et Israël), le cours mondial augmenterait de
9,8 pour cent et de 0 pour cent respectivement, par
rapport au cours de référence de 0,120
dollars E.-U.. A quelques exceptions mineures près,
la production diminuerait, la consommation augmenterait
et le commerce mondial régresserait dans les
pays développés ; en revanche, la production
augmenterait, la consommation diminuerait et le commerce
net progresserait dans de nombreux autres pays. Comme
dans les autres hypothèses, les Etats-Unis et
le Japon enregistreraient une importante augmentation
de leurs importations, tandis que l’UE, le Mexique
et le Brésil connaîtraient une forte progression
de leurs exportations.
6.
La libéralisation complète et la libéralisation
partielle du commerce de certains pays en développement
(Brésil, Chine, Inde, Indonésie et République
de Corée) entraîneraient une hausse de
16,7 pour cent et de 1,1 pour cent du cours mondial
du sucre, respectivement, par rapport au cours de référence
de 0,120 dollar E.-U. la livre. Sauf en République
de Corée, la production diminuerait, la consommation
augmenterait et le commerce net régresserait
dans tous ces pays en développement. Ce seraient
les Etats-Unis, l’ex-URSS, le Mexique et les autres
pays d’Amérique latine qui profiteraient
le plus de cette évolution grâce à
l’accroissement de leur production et de leur
commerce net.
7.
Pour les Etats ACP, l’accord du Cycle d’Uruguay
aurait pour effet d’augmenter la production, de
faire baisser la consommation et d’accroître
les exportations. Les producteurs bénéficient
de prix préférentiels de la part de l’UE
et des Etats-Unis sur une grande partie du sucre qu’ils
exportent vers ces pays ; toutefois, l’accord
entraînera une légère hausse des
recettes totales d’exportation (de l’ordre
de 1 pour cent). L’accord du Cycle d’Uruguay
devrait avoir des effets similaires sur l’ensemble
des petits Etats insulaires, dont les recettes d’exportation
progresseraient de 3,3 pour cent.
8.
Les transferts restant inchangés, les producteurs
des Etats ACP auraient à gagner d’une libéralisation
complète ou partielle du commerce mondial ainsi
que d’une libéralisation complète
ou partielle du commerce de certains pays en développement.
Ils seraient perdants en cas de poursuite de la réforme
des marchés des pays développés
et de réduction des transferts de l’UE
et des Etats-Unis dans le cadre d’une libéralisation
partielle du commerce. Dans ce dernier cas, une réduction
de 20 pour cent des transferts aux Etats ACP se traduirait
par une baisse de 6 pour cent environ de leurs recettes
d’exportation. Les exportations augmenteraient
dans tous les cas sauf dans celui d’une libéralisation
du commerce limitée aux seuls pays développés.
9.
A l’instar de ceux des Etats ACP, les producteurs
des petits Etats insulaires auraient à gagner
aussi bien d’une libéralisation complète
ou partielle du commerce mondial que d’une libéralisation
complète ou partielle du commerce des principaux
pays en développement (à supposer que
les subventions à l’exportation restent
inchangées). En revanche, les petits Etats insulaires
seraient perdants en cas de libéralisation du
commerce des pays développés. Dans l’hypothèse
d’une libéralisation partielle du commerce
mondial accompagnée d’une réduction
de 20 pour cent des transferts de l’UE et des
Etats-Unis, les recettes d’exportation de ces
Etats ne baisseraient que de 0,4 pour cent environ.
Contrairement à l’ensemble des Etats ACP,
l’ensemble des petits Etats insulaires pourraient
effectivement, en cas de libéralisation complète
du commerce et de suppression totale des transferts,
augmenter leurs recettes d’exportation par rapport
à la situation actuelle (application intégrale
de l’accord du Cycle d’Uruguay jusqu’à
2005).
10.
Si l'on compose les recettes d'exportation des pays
ACP et des petits Etats insulaires, dans un scénario
de libéralisation complète des échanges,
on constate que la valeur combinée des transferts
de la CE et des Etats-Unis en faveur de ces pays représente
entre 19 et 20 pour cent de leurs recettes totales d'exportation.