Ecoles-Terrains des paysans Tamil Nadu en Inde
Madame Vijay Ghowri, tenant un long bâton en bambou, au bout duquel était accroché un fil, se tenait dans un champ de maïs boueux portant un pantalon retroussé jusqu'aux genoux. Elle balançait lentement le filet de l'arrière à l'avant quelques pouces au-dessus des plants de riz. Les autres femmes étaient dispersées dans les champs voisins, certaines tenaient également des filets, les autres étaient courbées avec des sacs en plastique en main, elles enlevaient quelque chose des tiges des plantes. Les autres en petits groupes examinaient avec une loupe quelque chose qu'elles tenaient dans des mains en cornet. Qu'est-ce qu'elles pouvaient bien faire?
Madame Ghowri est membre de "Farmer's Fields School", Ecole-terrain des paysans pour la lutte intégrée contre les déprédateurs. Les Ecoles-Terrains se tiennent chaque semaine pendant la saison de l'évolution des plants de riz et sont basées sur une approche d'apprentissage expérientiel qui a émergé en Indonésie et aux Philippines. Cet apprentissage expérientiel est fondé sur les principes de l'andragogie et suivent un cycle mettant l'accent sur l'expérience, l'observation systématique (et la mesure le cas échéant), la réflexion critique et l'interprétation de l'expérience suivis de la planification et de la mise en application. L'action commence par un nouveau cycle d'apprentissage basé sur l'expérience et la réflexion critique. Il importe, ici, d'expliquer comment le programme lui-même est parvenu à apprendre grâce à l'expérience et à l'efficacité de la dissémination des principes de la lutte intégrée contre les déprédateurs. Au début, les scientistes ont pensé qu'il serait possible d'établir des sols biologiques en vue de déclencher une gestion appropriée des déprédateurs; la tâche serait alors d'informer simplement les paysans sur ces seuils et sur l'action recommandable. Mais les scientifiques et les agents de vulgarisation ont été contraints de vite comprendre que la relation insectes/déprédateurs étant dynamique, et les occurrences spécifiques de chaque type de relation étant dépendantes du contexte (le climat, l'âge des plantes, le niveau d'eau dans les rizières, etc.), il serait impossible d'avoir un message uniforme qui serait utile à tous les paysans et efficace sur des champs plus larges.