Point à l'ordre du jour 5.2 | GF 02/11 |
Deuxième Forum mondial fao/oms des responsables de la sécurité sanitaire des aliments
Bangkok (Thaïlande), 12-14 octobre 2004
(Préparé par les Etats-Unis d'Amérique)
L'un des principaux défis auquel nous aurons à faire face au cours du XXIe siècle sera de minimiser les risques pour la sécurité alimentaire des consommateurs, dans la mesure où la complexité scientifique des produits alimentaires s'accroît et où le commerce, la réglementation, les nouvelles menaces sanitaires et les modes de consommation continuent de changer, en particulier au vu de la disponibilité alimentaire dans le monde. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indique que la surveillance des maladies d'origine alimentaire devient une priorité toujours croissante des programmes de santé publique de nombreux pays. Une telle surveillance permet d'estimer le fardeau que constituent les maladies d'origine alimentaire, d'évaluer son impact relatif sur la santé et l'économie, d'évaluer la prévention des maladies et les programmes de contrôle, et de permettre une détection rapide et une réaction tout aussi rapide, des épidémies. Elle constitue également une source essentielle d'information pour la conduite des évaluations de risque et, plus généralement, pour la gestion des risques et la communication. La surveillance des maladies d'origine alimentaire doit être intégrée dans les données de surveillance alimentaire et, pour ce qui concerne les animaux e boucherie, tout le long de la chaîne alimentaire. Intégrer de telles données permettrait d'obtenir des informations de surveillance fiables et permettrait de définir de manière adéquate les priorités et les interventions en matière de santé publique. Une collaboration intersectorielle, inter-institutionnelle et internationale revêt à cet égard une importance capitale. La surveillance nationale est d'une intensité variable selon les pays et les régions du globe. De plus, les méthodes utilisées ne sont pas nécessairement uniformes, rendant délicate l'interprétation des données. Des organisations telles que l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE), et la FAO travaillent à améliorer la surveillance internationale.
En ce qui concerne les Etats-Unis, le Center for Disease Control and Prevention du Department of Health and Human Services (HHS/CDC), en collaboration étroite avec les départements de la santé des Etats et territoires, est chargé de la conduite de la surveillance des maladies humaines. Le service d'inspection et de sécurité alimentaire (FSIS - Food Safety and Inspection Service) du département de l'agriculture (USDA), ainsi que la Food and Drug Administration (HHS/FDA), contrôlent étroitement cette surveillance des maladies par le biais d'un ensemble d'activités de liaison humaines et technologiques qui sont décrites dans ce qui suit. Le FSIS et la HHS/FDA réagissent aux poussées de maladies d'origine alimentaire sur la base des informations épidémiologiques provenant du HHS/CDC ou d'autres autorités sanitaires des Etats et locales faisant le lien entre les maladies et les produits alimentaires. Toutefois, le FSIS et la HHS/FDA tireraient avantage d'une meilleure coordination, tant au plan national qu'international, en reliant ce que nous voyons en termes de surveillance à ce que nous observons avec les produits alimentaires.
Le HHS/CDC procède à une surveillance nationale de routine pour les cas particuliers de maladies d'origine alimentaire sur la base de rapports réguliers provenant des départements de la santé publique de chaque Etat. Ces systèmes de rapport de maladies qui peuvent être notifiés au plan national collectent des informations standard limitées, aident à suivre les tendances de ces infections et à alerter les autorités sanitaires locales, de l'Etat et fédérales de risques d'épidémies potentielles. La sérotypie de cas cliniques isolés de salmonelle dans les laboratoires de santé publique des Etats est une composante essentielle de cette surveillance. De plus, le HHS/CDC gère également un système de reporting pour les épidémies d'origine alimentaire qui font l'objet d'analyses et de rapports par les départements de santé locaux et d'Etat. Il s'agit d'un système de reporting basé sur le web appelé Electronic Foodborne Outbreak Reporting System (EFORS). L'EFORS collecte des informations standardisées sur plus de 1200 rapports d'épidémies chaque année.
Le HHS/CDC conduit également une surveillance active des maladies d'origine alimentaire par le biais d'un réseau de surveillance active en collaboration appelé FoodNet. Le Foodborne Diseases Active Surveillance Network (FoodNet) est la principale composante pour les maladies d'origine alimentaire du programme EIP (Emerging Infections Program) du HHS/CDC. FoodNet est un projet réalisé en collaboration entre le HHS/CDC, 10 sites EIP (dans les Etats de Californie, Colorado, Connecticut, Géorgie, New York, Maryland, Minnesota, Oregon, Tennessee et Nouveau Mexique), l'USDA et la HHS/FDA. Ce projet consiste en une surveillance active des maladies d'origine alimentaire et en des études épidémiologiques destinées à aider les responsables de la santé publique à mieux comprendre l'épidémiologie des maladies d'origine alimentaire aux Etats-Unis. Les maladies d'origine alimentaire comprennent les infections provoquées par des bactéries telles que Salmonella, Shigella, Campylobacter, Escherichia coli O157:H7, Listeria monocytogenes, Yersinia enterocolitica, et Vibrio, et des parasites tels que Cryptosporidium et Cyclospora. En 1995, la surveillance FoodNet a débuté dans cinq Etats : la Californie, le Connecticut, la Géorgie, le Minnesota et l'Oregon. Chaque année, la zone de surveillance, appelée également secteur, augmente, avec l'inclusion de comtés ou de sites supplémentaires (dans les Etats de New York et du Maryland en 1998, du Tennessee en 2000, du Colorado en 2001 et du Nouveau Mexique en 2004). La population totale du secteur bactérien pour l'année 2003 était de 37,6 millions de personnes, soit 13,8 % de la population des Etats-Unis. FoodNet constitue un réseau permettant de répondre à de nouvelles maladies d'origine alimentaire émergentes d'importance nationale, de contrôler le fardeau de ces maladies, et d'identifier les sources de certaines maladies spécifiques. FoodNet fournit des informations précises et détaillées sur les infections pour lesquelles la surveillance est variable ou inexistante d'un Etat à l'autre. Le FSIS et le Center for Food Safety and Applied Nutrition (CFSAN) du HHS/FDA participent également aux activités de surveillance de FoodNet. Pour de plus amples informations, consultez le site www.cdc.gov/foodnet.
PulseNet, le réseau national de sous-typage moléculaire pour la surveillance des maladies d'origine alimentaire, a été mis sur pied en 1996 par le HHS/CDC et plusieurs laboratoires des départements de santé des Etats. Son but est de faciliter le sous-typage des agents pathogènes bactériens d'origine alimentaire à des fins épidémiologiques. PulseNet est parvenu à une couverture nationale complète en 2001. Les laboratoires de santé publique des 50 Etats déterminent de manière routinière les empreintes moléculaires de Escherichia coli O157:H7, les Listeria monocytogènes, et des sérotypes communs de sous-types réguliers de salmonelle; des protocoles standards ont également été mis au point pour le sous-typage d'un nombre croissant d'autres agents pathogènes d'origine alimentaire. Les laboratoires de réglementation alimentaire de la HHS/FDA et du FSIS y participent également, et le HHS/CDC gère la banque de données nationale des modèles. Une comparaison électronique rapide des modèles de souches dans les banques de données des Etats et nationales permet une détection rapide des agrégats d'infection, guidant les investigations et accentuant le contrôle. PulseNet identifie les épidémies potentielles qui auraient sinon été négligées, en particulier celles présentant une large dispersion. Identifier et analyser de telles épidémies permet d'identifier des problèmes systémiques dans la sécurité alimentaire, de manière à pouvoir les corriger. Ainsi, par exemple, avec l'utilisation régulière de PulseNet, la fréquence de cas détectés de listériose aux Etats-Unis est passé de un tous les cinq ans à deux par an, attirant l'attention sur les points critiques de contrôle au sein du système de sécurité alimentaire. Pour de plus amples informations, consultez le site www.cdc.gov/pulsenet.
De plus, en collaboration avec l'OMS, le HHS/CDC a permis de mettre en place la Collaboration Internationale sur les Maladies d'Origine Alimentaire, réseau “Charge des Etudes de Maladie” en mars 2004, comme moyen d'établir la communication et la collaboration entre les nations développant des études sur le fardeau de la maladie, en particulier en ce qui concerne les infections gastro-intestinales sévères et les maladies d'origine alimentaire.
Les enquêtes sur les poussées de maladies d'origine alimentaire sont une partie critique du système de sécurité alimentaire. Les risques alimentaires nouveaux et récurrents peuvent être rapidement identifiés par des enquêtes sur les poussées de telles maladies. Une analyse approfondie de poussée, y compris le traçage des produits alimentaires de la ferme à la table, et la reconstitution des moyens de contamination, est essentielle pour faire avancer le programme de sécurité alimentaire lorsque de nouveaux risques apparaissent. La plupart des poussées de maladies sont analysées et contrôlées par les départements de la santé locaux et d'Etat. Le HHS/CDC consulte régulièrement les départements de la santé des Etats, dans la mesure où ces derniers enquêtent sur les poussées de maladie, lancent des analyses d'urgence sur le terrain destinées à les aider lors des poussées à grande échelle, complexes ou inhabituelles, collaborent avec la HHS/FDA et le FSIS sur la traçabilité des produits alimentaires incriminés jusqu'à leur origine, et coordonnent les efforts visant à améliorer la détection des épidémies et les méthodes d'investigation.
Les agences fédérales américaines, les responsables au niveau des Etats et des comtés, les gouvernements étrangers, les législateurs, les professionnels de la santé, les milieux industriels ou les médias peuvent publier une alerte ou une notification. Ces alertes/notifications ont trait à des problèmes liés à des produits susceptibles de constituer un risque pour le grand public. Les informations sont partagées dans le cadre des contraintes légales, et les informations reçues d'autres organisations sont utilisées pour améliorer l'analyse et répondre aux problèmes. Les agences américaines se fondent sur la capacité des différentes communautés concernées — régulateurs, partenaires de santé publiques, industrie et consommateurs — à générer des solutions efficaces à des défis complexes pour la sécurité alimentaire. La HHS/FDA et l'USDA coordonnent rapidement les réponses pour contenir un problème et retirer les produits du commerce aux fins de protéger la santé publique.
Le centre d'opérations d'urgence (EOC) de la HHS/FDA suit les épidémies d'origine alimentaire aux Etats-Unis. Si un produit réglementé par la HHS/FDA est identifié dans le cadre d'une maladie d'origine alimentaire, l'EOC coordonne les réponses au niveau des agences, y compris le prélèvement et l'analyse d'échantillons, l'interprétation des données liées à la maladie, et assure la traçabilité des produits incriminés. La HHS/FDA oriente également ses efforts d'éducation avec les autorités réglementaires au niveau de l'Etat et au niveau local en vue d'encourager les enquêtes sur les maladies d'origine alimentaire. Un personnel bien formé renforce la surveillance et la FDA s'appuie fortement sur les autorités des Etats et locales pour obtenir des informations de surveillance de qualité. La HHS/FDA a également signé un accord tripartite sur les notifications de produits avec le Canada et le Mexique. De plus, la HHS/FDA contrôle plusieurs sources électroniques et médias, telles que ProMed, qui peuvent donner les premiers signes d'apparition de problèmes. L'EOC transmet les alertes adéquates par le biais de divers mécanismes en vue de répondre efficacement à de telles situations, selon les besoins.
Le FSIS se base sur un cadre de responsables de liaison de santé publique et d'épidémiologie situés dans des bureaux régionaux (Atlanta et Omaha), qui maintiennent une communication active et ouverte avec les responsables sanitaires de l'Etat et locaux, et sont le premier point de contact du FSIS pour les rapports de maladie pouvant être associées avec la viande, la volaille ou les produits aux œufs. Un numéro gratuit est disponible 24 h/24 pour appeler les partenaires de santé publique, qui redirigent ensuite l'appelant vers le responsable concerné. En outre, le FSIS dispose d'un responsable de liaison affecté au HHS/CDC, ce qui permet au FSIS de recevoir très rapidement les alertes sur les maladies d'origine alimentaire susceptibles d'impliquer des produits réglementés.
Les responsables de la HHS/FDA et du FSIS reçoivent les alertes provenant du système d'alerte électronique Epi-X du HHS/CDC. Epi-X est un système de communication basé sur le web exploité par le HHS/CDC. La dissémination des informations par le biais du réseau Epi-X vise à assurer des communications rapides sur les récentes poussées de maladies et autres événements sanitaires destinées aux responsables sanitaires locaux, d'Etat et fédéraux. Epi-X transmet les rapports sur les cas de maladie en-dehors comme à l'intérieur des Etats-Unis. Cette dissémination d'informations sanitaires au niveau international assure une surveillance encore plus grande aux Etats-Unis, ainsi que le suivi des collaborations avec les autorités étrangères chargées de traiter ces événements sanitaires.
En cas d'urgence, la HHS/FDA conserve des numéros d'appel téléphoniques après les heures habituelles pour les 50 Etats, et partage les informations lors d'appels en conférence prévus à intervalles réguliers avec les Etats et des appels ad-hoc. De plus, la HHS/FDA est équipée du système de communication S.A.F.E.S (State Advisory FAX/Email System) qui lui permet de diffuser des informations par fax et e-mail dans les 50 Etats, lorsque cela est nécessaire. Ce système est régulièrement utilisé pour publier les informations. Les agences d'Etat pouvant participer aux appels ou recevoir des informations comprennent les départements de la santé, de l'agriculture, les conseils des pharmacies, les organismes de protection de l'environnement, les centres antipoison, les agences chargées de la pêche et de la vie sauvage et les vétérinaires d'Etat.
Le bureau des programmes internationaux de la HHS/FDA et le bureau des affaires internationales du FSIS envoient les informations de sécurité alimentaire à leurs homologues étrangers chargés de la réglementation alimentaire. Ainsi, par exemple, pour un produit alimentaire rappelé par suite d'une probabilité raisonnable que l'utilisation ou l'exposition à ce produit entraîne des conséquences sanitaires sérieuses ou des décès (appelé “Classe I”), et qui est exporté, la notification est envoyée aux autorités étrangères.
Le bureau des affaires sanitaires mondiales du HHS coordonne le travail des Etats-Unis sur les règlements sanitaires internationaux (IHR), qui englobent tout un ensemble de maladies identifiables au plan international, y compris les maladies d'origine alimentaire. Cela implique un effort entre plusieurs agences qui inclut non seulement les agences du HHS, mais aussi le département d'Etat, le représentant commercial des Etats-Unis (U.S.T.R.) et les agences de l'USDA. La HHS/FDA a, pendant plusieurs années, participé activement à cette mission en examinant les documents et en les commentant. Plus récemment, le FSIS et le Animal and Plant Health Inspection Service de l'USDA ont également participé au développement des IHR.
Le réseau Electronic Laboratory Exchange Network (eLEXNET) est un système d'échange de données intégré en continu basé sur le web des informations de test de produits alimentaires, qui permet aux diverses agences impliquées dans les activités de sécurité alimentaire de comparer, de communiquer et de coordonner les découvertes des analyses en laboratoire. eLEXNET est financé par la HHS/FDA et supporté par l'USDA et le département de la défense (DOD). Il permet aux responsables sanitaires d'évaluer les risques et d'analyser les tendances, et fournit les infrastructures nécessaires pour un système d'alerte précoce qui identifie les produits alimentaires potentiellement dangereux. Actuellement, 108 laboratoires représentant 49 Etats font partie du système eLEXNET, 62 laboratoires présentant activement les données. Nous continuons d'accroître le nombre de laboratoires participants.
Le système National Antimicrobial Resistance Monitoring System (NARMS) est un exemple de programme de surveillance bien coordonné entre la HHS/FDA, le HHS/CDC et l'USDA. Le NARMS contrôle la résistance antibiotique de certains agents pathogènes d'origine alimentaire isolés à partir de prises cliniques (à la fois humaines et animales), et la résistance antibiotique des isolats de produits alimentaires. Ce système a été initié en 1996 en réponse à des préoccupations de santé publique associées à l'homologation de produits de la fluoroquinolone devant être utilisés dans la volaille. Le NARMS surveille les changements de réceptivité à 17 médicaments antimicrobiens de pathogènes zoonotiques entériques provenant de spécimens cliniques humains et animaliers, d'animaux de ferme en bonne santé, de carcasses d'animaux à viande en abattoir et d'isolats provenant d'échantillons de produits alimentaires vendus au détail. Ce système comprend une branche vétérinaire, une branche humaine et une branche de surveillance de produits au détail.
La HHS/FDA exploite deux systèmes de surveillance après la mise sur le marché, le FDA Consumer Complaint System et le CFSAN Adverse Event Surveillance System (CAERS). Le premier traite les réclamations des consommateurs et de l'industrie relatives à des produits réglementés par la HHS/FDA déjà distribués, et est à même de déterminer si une maladie, une lésion ou une altération supposée est liée à ce produit.
Le FSIS dispose d'un système de surveillance des réclamations des consommateurs (Consumer Complaint Monitoring System - CCMS) gérés par des infirmières qui reçoivent et traitent chaque demande relative aux produits réglementés par le FSIS, coordonnant l'analyse de celles des demandes qui laissent supposer une maladie ou une lésion. Les recherches du CCMS ont conduit à identifier des poussées de maladies, des rappels volontaires de produits altérés et des modifications apportées aux spécifications des produits destinés aux cantines scolaires. Ce système est en cours de renforcement, qui permettra une identification plus précoce encore des réclamations pouvant signaler des événements inhabituels ou intentionnels.
Enfin, le FSIS contrôle l'occurrence des pathogènes d'origine alimentaire par tout un ensemble de programmes d'échantillonnage et de test développés sous la forme d'un plan HACCP/Suppression des pathogènes d'un établissement de production alimentaire. En tant que tel, il constitue également un système de surveillance, qui permet au FSIS de réagir à la présence de pathogènes considérés comme adultérants avec la réponse réglementaire de santé publique appropriée, ainsi que de fournir une estimation grossière de la prévalence de pathogènes spécifiques sur des produits particuliers.
Des alertes en temps utile via les procédures de notification actuellement utilisées sont nécessaires. Toutefois, l'échange efficace d'informations est difficile lorsque les pays ne mettent pas en œuvre les mêmes méthodes et procédures ou n'utilisent pas les mêmes normes. De nombreux pays non industrialisés ne disposent pas des ressources leur permettant de mener une surveillance significative, et même les pays qui entreprennent une telle surveillance utilisent parfois des méthodes et des normes différentes. Ces pays ont besoin de personnel qualifié au niveau du gouvernement, ainsi que de laboratoires correctement dotés en moyens et en personnel et de professionnels de santé qualifiés, en vue d'identifier et de signaler les maladies.
La mise en place de méthodologies de laboratoires cohérentes, de cours de formation de laborantins, d'une formation et de procédures de disponibilité d'urgence, le développement de banques de données, la poursuite de l'aide aux pays en développement, et un renforcement des réseaux de communication sont des stratégies clés pour le progrès de la surveillance des maladies d'origine alimentaire au plan international. L'identification et l'échange d'informations de contact spécifiques pour des produits spécifiques avec d'autres pays, et la mise en œuvre d'accords visant à une formation croisée avec les responsables étrangers concernés amélioreraient grandement l'échange d'informations au niveau international. Certains pays pourraient même assurer la formation, fournir le matériel et le support technique aux organisations internationales et aux pays eux-mêmes.
La surveillance des maladies d'origine alimentaire devrait se voir accorder la priorité dans le développement d'une infrastructure de sécurité alimentaire. La formation des capacités des laboratoires de santé publique pour mener cette surveillance en laboratoire et conduire des études épidémiologiques sont des objectifs primordiaux de la santé publique mondiale. Les besoins des pays en développement doivent être spécifiquement pris en compte. Il est nécessaire d'être proactif dans la mise en place d'un ou de plusieurs sites sentinelles pour les maladies d'origine alimentaire dans les pays en développement. Il est également indispensable de développer et de coordonner une approche globale visant à renforcer la surveillance aux niveaux national, régional et international.
La surveillance actuelle dépend des rapports des médecins et des laboratoires cliniques sur les maladies et les infections spécifiques diagnostiquées. Ainsi, un progrès consisterait à accroître la capacité des laboratoires à identifier les agents pathogènes et à développer des mécanismes facilitant le reporting sur des maladies spécifiques. Le soutien actuel de la collaboration inter-agences, la surveillance internationale et les recherches scientifiques sont essentiels pour préparer la communauté internationale à traiter les maladies d'origine alimentaire sur le marché mondial.
La surveillance de ces maladies dans chaque pays est importante pour suivre et contrôler les menaces alimentaires à la santé publique au niveau national. Les systèmes nationaux/régionaux existants tels que celui du HHS/CDC, l'EnterNet européen, et le système d'alerte rapide européen pour l'alimentation (voir ci-après) sont quelques-uns des exemples de systèmes susceptibles d'être appliqués au niveau international. Les informations collectées, y compris le reporting actif et passif provenant de sous-juridictions (p. ex., responsables de santé publiques au niveau de l'Etat et au niveau local) constituent la base de tels systèmes et, lorsqu'ils sont communiqués à d'autres pays, de préférence par le biais d'un portail international, sont essentiels pour le contrôle et la surveillance au plan mondial. Au sein des différents pays, le bras de surveillance du gouvernement doit coordonner son action avec le bras réglementaire pour la mise en œuvre de normes de sécurité alimentaire. Ces réseaux de sécurité alimentaire internes aident à la surveillance, à la communication et à la coordination mondiale. La structure actuelle de la surveillance internationale/régionale des maladies d'origine alimentaire inclut à la fois des relations formelles et informelles entre et au sein des pays. Les programmes formels incluent le Global Salm-Surv (un réseau mondial de laboratoires et de personnes impliqués dans la formation des capacités de surveillance, d'isolement, d'identification et de test de résistance microbienne aux salmonelles) et les rapports hebdomadaires de la protection des consommateurs et de la santé de la Commission européenne provenant du système Rapid Alert System for Food and Feed (RASFF). L'un des objectifs du RASFF consiste à fournir aux diverses autorités de contrôle un outil efficace d'échange d'informations sur les mesures de sécurité alimentaire. Toutefois, la communication sur la surveillance des maladies d'origine alimentaire est limitée. La plupart des informations échangées dépendent des relations qu'entretiennent les personnels des différentes agences avec leurs collègues d'autres pays. La nouvelle initiative INFOSAN de l'OMS (voir ci-dessous) devrait permettre de renforcer ce partage d'informations de manière significative.
Des efforts apparaissent, qui visent à renforcer la surveillance des maladies d'origine alimentaire au plan international. Le HHS/CDC travaille avec d'autres pays pour les aider à développer leur propre version de FoodNet, comme OZFoodNet (programme australien). De plus, une réunion (co-présidée par le HHS/CDC et l'OMS) qui s'est tenue lors de la dernière conférence internationale sur les maladies infectieuses émergentes s'est attachée aux efforts mondiaux visant à développer un meilleur reporting sur les maladies d'origine alimentaire. Il existe un programme de surveillance des maladies plus général de l'OMS appelé Communicable Disease Surveillance and Response, un logiciel de recherche de données développé au Canada. Un certain nombre de liens internationaux y sont donnés à l'adresse www.foodsafety.gov ou http://omni.ac.uk/browse/mesh/C0012652L0012652.html. Un autre outil électronique international pour les informations sur les maladies d'origine alimentaire est le ProMed, qui transmet des rapports sur les questions de santé internationale plusieurs fois par jour. Vous trouverez ci-dessous quelques détails sur certains des efforts de collaboration internationale spécifiques.
Les efforts de collaboration entrepris par le HHS/CDC et visant à promouvoir la dissémination des informations sur les maladies infectieuses d'origine alimentaire comprennent :
Global Salm-Surv fait partie des efforts de l'OMS visant à renforcer les capacités de ses Etats membres en matière de surveillance et de contrôle des principales maladies d'origine alimentaire et à contribuer aux efforts mondiaux de confinement de la résistance antimicrobienne aux pathogènes d'origine alimentaire. Depuis 2000, les institutions et les personnels de santé humaine, les vétérinaires et les personnels des disciplines liées à l'alimentation participent aux activités du Salm-Surv, lors de formations régionales pour les microbiologistes et les épidémiologistes, l'assurance de qualité externe et les tests de référence, un groupe de discussion en ligne, et une banque de données sur le web contenant un répertoire annuel des laboratoires. Au cours des cinq prochaines années, les plans Global Salm-Surv visant à améliorer sa couverture régionale par de nouveaux cours de formation en Asie centrale, en Afrique orientale et australe, au Brésil et en Europe, à encourager la participation au système d'assurance qualité externe et aux projets d'intérêt régional et national, s'étendra à d'autres pathogènes d'origine alimentaire (campylobacter), produira des manuels de formation en microbiologie et en épidémiologie et mettra en place des centres régionaux. Pour de plus amples information, consultez http://www.who.int/salmsurv/en/.
PulseNet est le réseau caractéristique sur l'ADN du HHS/CDC permettant de détecter les agrégats de maladies bactériennes d'origine alimentaire et d'aider à enquêter sur les épidémies en Amérique du Nord. Au cours des quatre dernières années, PulseNet USA a développé une relation de travail étroite et un excellent partenariat avec Santé Canada pour la mise en place de PulseNet Canada. PulseNet Canada partage ses données avec PulseNet USA en temps réel. Cela a facilité des interventions rapides lors d'épidémies d'origine alimentaire en termes de procédures d'investigation et de stratégies de prévention pour la santé publique, empêchant ainsi des maladies supplémentaires et permettant de sauver des vies. Le HHS/CDC est actuellement engagé à répliquer le concept PulseNet au plan international.
Un consortium de scientifiques européens dirigé par le Statens Serum Institut de Copenhague, au Danemark, travaille à la mise en place de PulseNet Europe. Une étude de faisabilité de PulseNet Europe a été réalisée sur trois pathogènes d'origine alimentaire (toxine Shiga produisant des E. coli, salmonelle et Listeria monocytogènes). Les résultats de cette étude ont été présentés et discutés lors d'un atelier qui s'est tenu à Paris, en France, le 16 juin 2003. PulseNet Europe a réussi à obtenir un financement de l'Union européenne pour 2005.
Le HHS/CDC, en partenariat avec l'association américaine des laboratoires de santé publique (APHL), a organisé une réunion à Honolulu, Hawaii, les 12 et 13 décembre 2002, dans le but d'explorer la possibilité de mettre en place un réseau compatible PulseNet dans la région Asie-Pacifique. Quatorze participants provenant de laboratoires de santé publique de douze pays/régions participaient à cette rencontre. Lors de réunions d'échange d'idées et d'opinions, les avantages et les défis posés par la constitution de PulseNet Asia Pacific furent discutés, un plan d'action pour la mise en place du réseau développé et un comité de pilotage de ce réseau désigné. Après la rencontre d'Honolulu, plusieurs pays/régions ont travaillé dans leur cadre pour poursuivre les acquis des capacités du PFGE. Le HHS/CDC a permis la mise en place de communications électroniques entre les participants pour stimuler l'interaction et l'échange d'informations. Le centre de laboratoire de santé publique de Hong Kong coordonne les activités de PulseNet Asia Pacific en collaboration étroite avec l'institut national des maladies infectieuses du Japon. Les pays/régions participant aux rencontres de PulseNet Asia Pacific comprennent l'Australie, le Bangladesh, la Chine, Hong Kong, l'Inde, le Japon, la Corée, la Malaisie, la Nouvelle Zélande, les Philippines, Taiwan, la Thaïlande et le Vietnam. Le premier atelier de formation PulseNet des participants à PulseNet Asia Pacific s'est tenu à Hong Kong, du 15 au 17 mars 2004. Plusieurs pays (le Japon, Hong Kong, Taiwan, la Corée et la Nouvelle Zélande) ont déjà mis en place des réseaux PulseNet et commencent à effectuer un sous-typage en temps réel des bactéries pathogènes d'origine alimentaire. Les problèmes liés au financement de la mise en place et de la conservation d'une banque de données PulseNet centrale pour le réseau Asie-Pacifique et pour la coordination des activités de ce réseau restent à examiner.
En partenariat avec le PAHO et l'Instituto Panamericano de Protección de Alimentos y Zoonosis (INPPAZ), l'APHL et l'Instituto Nacional de Enfermedades Infecciosas ANLIS “Dr. Carlos G. Malbrán (Institute Malbrán), le HHS/CDC a organisé une rencontre à Buenos Aires en décembre 2003, pour analyser l'intérêt de la région à mettre en place un réseau PulseNet. Les participants ont exprimé à cette occasion un soutien inconditionnel à la mise en place de PulseNet America Latina. Avec un soutien administrative de haute qualité de la part de PAHO/INPPAZ et l'assistance technique de l'Instituto Malbrán, le premier atelier de formation PulseNet s'est tenu à Buenos Aires en juillet 2004. Les microbiologistes en santé publique de six pays (Brésil, Chili, Colombie, Mexique, Uruguay et Venezuela) furent formés au cours de ce premier atelier. L'INPPAZ abritera la banque de données régionale PulseNet dans ses locaux en Argentine, fournira une assistance administrative et assurera le coordination pour l'ensemble du réseau.
Le réseau RASFF de l'Union européenne a été mis en place pour fournir aux autorités de contrôle un outil efficace d'échange d'informations sur les mesures prises pour garantir la sécurité alimentaire. La base légale du RASFF est la Directive (EC) N° 178/2002. L'Article 50 de cette directive crée le RASFF comme un réseau impliquant les Etats membres (UE + ALEA/AEE), la Commission et l'agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA). Dès lors qu'un membre de ce réseau dispose d'informations relatives à l'existence d'un risque sérieux direct ou indirect pour la santé humaine, il communique immédiatement ces informations à la Commission aux termes du RASFF. La Commission transmet immédiatement ces informations aux membres du réseau. Sans porter atteinte à d'autres législations communautaires, les Etats membres avertissent la Commission par le biais du système d'alerte rapide de :
Pour aider les membres du réseau, les informations sont classées en deux catégories différentes, la notification d'alerte et la notification informelle.
Notification d'alerte — Une notification d'alerte est émise lorsque les produits alimentaires présentant un risque se trouvent sur le marché et qu'une action immédiate est nécessaire. Ces alertes sont déclenchées par l'Etat membre qui détecte le problème et qui a initié les mesures adéquates, telles que le retrait ou le refus. La notification vise à donner à tous les autres membres du réseau les informations leur permettant de vérifier si les produits concernés se trouvent sur leur marché, de manière à ce qu'ils puissent prendre les mesures nécessaires. Les consommateurs peuvent être assurés que les produits soumis à une notification d'alerte ont été retirés ou sont en train d'être retirés du marché. Les Etats membres possèdent leurs propres mécanismes pour mener à bien de telles actions, y compris, si nécessaire, la fourniture d'informations détaillées par voie de presse.
Notification informative — Une notification informative concerne un produit alimentaire pour lequel un risque a été identifié, mais pour lequel les autres membres du réseau n'ont pas à prendre de mesures immédiates, parce que le produit n'est pas (encore) présent sur leur marché. Ces notifications concernent essentiellement des envois de produits alimentaires qui ont été testés et rejetés aux frontières extérieures de l'Union européenne. Les consommateurs peuvent être assurés que les produits soumis à une notification informative ne sont pas parvenus sur leur marché ou que toutes les mesures nécessaires ont déjà été prises. La Commission publie un bulletin hebdomadaire des alertes et des notifications informatives. Puisqu'il est nécessaire de maintenir l'équilibre entre esprit d'ouverture et protection des informations commerciales, les noms de marque et l'identité des sociétés ne sont pas publiés. Cela ne se fait pas au détriment de la protection des consommateurs, car une notification RASFF implique que des mesures ont été ou sont sur le point d'être prises.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'un programme de surveillance des maladies d'origine alimentaire, le programme Système de contrôle environnemental global/Surveillance et évaluation de contamination alimentaire, communément appelé GEMS/Food, est un exemple d'effort de surveillance coordonné réussi au plan international. Le GEMS a débuté comme un projet conjoint entre la FAO, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), et l'OMS en 1976. L'OMS est l'agence de mise en œuvre pour les institutions contributrices (situées dans plus de 70 pays dans le monde). L'objectif du GEMS est de compiler des données sur la contamination des produits alimentaires et l'exposition humaine à partir de différents pays en vue d'une synthèse, d'une évaluation et d'une présentation globale. En 1996, le GEMS a commencé à développer une nouvelle structure de données et de nouveaux protocoles de présentation des données électroniques. Ces protocoles concernent l'encodage et le formatage des données d'une manière qui soit compatible avec la banque de données gérée par le siège de l'OMS. Les protocoles relatifs aux agrégats et aux données spécifiques sur les niveaux de contamination dans certains produits alimentaires de base comprennent la description des champs de données nécessaires à la garantie de présentation de données électronique complètes et de qualité. Les données peuvent être présentées à GEMS/Food en utilisant des programmes d'exploitation compatibles pour les laboratoires analytiques (OPAL I et II), dont des copies peuvent être demandées au responsable du GEMS/Food. Les données GEMS sont accessibles sur le site web de l'OMS. La mise en œuvre uniforme et la large accessibilité du système GEMS en font un modèle pour les programmes de surveillance alimentaire au niveau international.
L'OMS est en train de mettre en place un réseau officiel appelé International Food Safety Authorities Network (INFOSAN) pour la divulgation rapide d'informations spécifiques concernant la sécurité alimentaire. INFOSAN a deux composantes majeures : 1) INFOSAN Emergency pour les situations d'urgence en matière de sécurité alimentaire, lorsqu'un risque imminent de maladie grave ou de mort est présent, et 2) un réseau d'informations pour la dissémination d'informations importantes sur les questions de sécurité alimentaire au plan mondial. L'OMS regroupe actuellement les points de contact dans les pays et prépare un manuel devant être utilisé par les points de contact d'urgence INFOSAN.
Bien qu'il n'existe aucun système intégral de surveillance au niveau international, les exemples qui servent à illustrer la valeur de tels systèmes ont été présentés ici. La structure, la fonction et les interactions entre les agences gouvernementales de chaque pays constituent la base d'un cadre de surveillance global, réglementaire et protecteur permettant de restreindre la transmission des maladies d'origine alimentaire. En dernier recours, l'OMS, en tant que principale organisation mondiale responsable de la santé publique, pourrait être le point central d'un tel cadre de surveillance. L'OMS et la FAO, par le biais de leurs capacités collectives en matière de sécurité alimentaire, y compris le département de la sécurité alimentaire de l'OMS et le programme de normes alimentaires de la FAO, pourraient, en mettant à disposition des ressources financières et en personnel adéquates, fournir la capacité organisationnelle et scientifique de supporter un système mondial de surveillance des maladies d'origine alimentaire.
Le Forum souhaite envisager les points suivants concernant la coopération internationale en matière de contamination alimentaire et de surveillance des maladies d'origine alimentaire.