VINGT-SIXIÈME
CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO POUR L’ASIE ET LE PACIFIQUE
Katmandou (Népal), 13-17 mai
2001
PRÉPARATIFS EN VUE
DU SOMMET MONDIAL DE L’ALIMENTATION: CINQ
Table des matières
Paragraphes
I. INTRODUCTION 1 - 5
II. PROGRÈS RÉALISÉS
DU NOMBRE
III. DIFFÉRENCES DE RÉSULTATS:
QUELQUES
EXEMPLES 13 - 40
IV. MESURES VISANT À RENFORCER
LES PLANS
D’ACTION AFIN DE REMPLIR LES ENGAGEMENTS
ET D’ATTEINDRE LES OBJECTIFS DU SMA 41 - 71
1. En novembre 1996, 185 délégations
gouvernementales de haut niveau avaient participé au Sommet mondial de
l’alimentation (SMA) pour proclamer leur «engagement commun
et national de parvenir à la sécurité alimentaire pour tous». Elles se
sont engagées «… à éradiquer la faim dans tous les pays»
et ont adopté la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire et le Plan
d’action du Sommet mondial de l’alimentation afin «… dans
l’immédiat, de réduire de moitié le nombre des personnes sous-alimentées d’ici
à 2015 au plus tard».
2. Pour atteindre cet objectif, il faudrait que le
nombre des personnes sous-alimentées baisse de 20 millions chaque année. De
récentes évaluations de la situation montrent que si le nombre des personnes
sous-alimentées a baissé depuis le SMA, la réduction n’est que de quelque
6 millions par an, moins d’un tiers du nombre requis pour atteindre
l’objectif fixé. Le taux de réduction dans la région Asie et Pacifique a
également été lent et il est inférieur aux 13 millions requis.
3. Les résultats varient considérablement d’un pays et d’une
sous-région à l’autre. Ils sont meilleurs en Asie de l’Est et du Sud-Est qu’en
Asie du Sud. Le fossé entre les pays performants et sous-performants est
également large: il peut s’expliquer par des différences de capacité ainsi que par
les approches, politiques et programmes adoptés.
4. Dans ce contexte, la FAO prévoit de tenir en
juin 2002 le Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après (SMA: cinq ans après), au cours duquel
les dirigeants mondiaux auront l’occasion d’examiner les progrès réalisés dans
la mise en œuvre des recommandations du Plan d’action du Sommet mondial de
l’alimentation. Ils pourront mettre en lumière les obstacles rencontrés et
explorer les moyens de mobiliser les ressources nécessaires à la mise en
application des engagements.
5. Dans le cadre des
préparatifs du SMA: cinq ans après, le présent document a pour
objet d’évaluer la baisse de la sous-alimentation dans la région Asie et Pacifique,
d’identifier les causes probables des différences de résultats et de suggérer
des mesures de renforcement des plans d’action pour permettre à la région de
remplir les engagements et d’atteindre les objectifs du Sommet mondial de
l’alimentation.
6. Près de trois décennies de
croissance rapide accompagnées de la Révolution verte ont permis de réduire
considérablement le problème de la faim dans la région Asie et Pacifique. Entre
1969/71 et 1996/98, les pourcentages des personnes sous-alimentées dans les
pays en développement de l’Asie de l’Est et du Sud-Est et de l’Asie du Sud sont
tombés de 43 et 38 à 13 et 23 pour cent respectivement. Les résultats de
ces sous-régions ont aussi contribué sensiblement à la réduction du pourcentage
des personnes sous-alimentées dans le monde en développement (de 37 à 17 pour
cent) au cours de la même période.
7. Les dernières analyses de
la FAO indiquent que le nombre des personnes sous-alimentées dans les pays en
développement de la région est tombé de 565 millions en 1990/92 à 497 millions
en 1997/99. L’apport alimentaire énergétique par habitant est passé de
2 530 à 2 710 kcal/jour et la part de la région dans le pourcentage des
personnes sous-alimentées des pays en développement est tombée de 69 à 64 pour
cent.
8. En dépit des progrès
réalisés dans la région au plan de la réduction de l’incidence de la faim au
cours des années 1990, 16 pour cent de la population, soit une personne sur
six, reste sous-alimentée, ce qui représente près des deux tiers des personnes
sous-alimentées des pays en développement. La baisse de 12 pour cent en chiffres
absolus se traduit par une baisse de 4 pour cent de la proportion des personnes
sous-alimentées au cours de la même période. Les progrès réalisés jusqu’à
présent montrent que la région Asie et Pacifique aura besoin de beaucoup plus
de temps que prévu lors du Sommet mondial de l’alimentation pour réduire de
moitié le nombre des personnes sous-alimentées.
9. Les réussites varient
considérablement d’un pays à l’autre. Entre 1990/92 et 1997/99, le nombre
des personnes sous-alimentées a baissé en Asie de l’Est et du Sud-Est de 36 et
12 pour cent respectivement. En Asie du Sud, le pourcentage des personnes
sous-alimentées est tombé de 26 à 24 pour cent, mais en chiffres absolus, leur
nombre a augmenté de 5 pour cent.
10. Toutes les sous-régions ont fait des progrès en
termes d’apport alimentaire énergétique par habitant mais le fossé s’est creusé
entre elles ces dernières années. Les chiffres pour l’Asie du Sud-Est et
du Sud par rapport à ceux de l’Asie de l’Est sont tombés de 91 à 88 et de 86 à
79 pour cent, respectivement. Les progrès en Asie du Sud sont lents et la
sous-région est devenue un des points chauds mondiaux de l’insécurité
alimentaire.
11. Au niveau des pays, entre 1990/92 et 1997/99, la
Chine, la Thaïlande et le Viet Nam ont réduit le nombre de leurs citoyens
sous-alimentés de plus de un pour cent par an et, à ce titre, ils sont
considérés par la FAO comme appartenant au groupe des douze pays les «plus
performants». Inversement, deux des pays
de la région sont aussi parmi les dix pays «les moins performants».
12. La Chine s’est singularisée en faisant de loin la
plus forte contribution (76 millions de personnes ou 66 pour cent) à la
réduction de la sous-alimentation au cours de la période allant de 1990/92 à
1997/99. En fait, ce résultat spectaculaire dans la lutte contre la faim
explique la bonne performance d’ensemble de l’Asie de l’Est. Le nombre des
sous-alimentés a aussi baissé au Pakistan et à Sri Lanka au cours de la
même période, mais il a augmenté en Afghanistan, au Bangladesh, en Inde, en RDP
de Corée et en Mongolie. Au Bangladesh et en Inde, bien que le pourcentage des
personnes sous-alimentées ait baissé, leur nombre absolu a augmenté, du fait de
la croissance démographique rapide. Des catastrophes tant naturelles que
provoquées par l’homme ont causé d’importantes pénuries alimentaires en
Afghanistan, en RDP de Corée et en Mongolie.
13. Plusieurs facteurs
expliquent les différences de résultats. À l’intérieur des pays, elles
s’expliquent par la rapidité et la distribution de la croissance économique et
agricole, la réduction de la pauvreté, la croissance démographique, l’expansion
de l’accès à la nourriture, l’amélioration des conditions d’hygiène et de
santé, des politiques publiques favorables et la paix et l’ordre dans la
société. Beaucoup de ces facteurs ont également été influencés par les
catastrophes naturelles et la conjoncture économique et politique externe. Les
principaux facteurs responsables des différences de résultats sont analysés
ci-après.
14. En Chine, en Thaïlande et au Viet Nam, la
croissance économique soutenue, la stabilité macroéconomique et des programmes
de lutte contre la pauvreté ont contribué à réduire la faim. En Chine, en milieu rural, le nombre des
personnes vivant en dessous du seuil officiel de pauvreté est tombé de 42
millions (4,8 pour cent de la population rurale) en 1998 à 26 millions (3,1
pour cent) en 2000.
15. L’expérience de la Chine montre qu’une forte
croissance économique en milieu rural est la clé de la réduction de la pauvreté
absolue. Les progrès dans l’agriculture fondés sur des avancées technologiques,
des changements institutionnels, l’amélioration des incitations et le
développement rural ont contribué à renforcer la sécurité alimentaire en dépit
des contraintes liées aux ressources naturelles. Grâce à la diversification de
la production et à l’expansion des entreprises dans les villages et les
agglomérations rurales, les revenus des fermiers ont augmenté et le niveau de
vie rurale s’est amélioré. Les entreprises au niveau des villages et des
agglomérations rurales représentaient plus des trois quarts de la valeur brute
de la production rurale en 1996 et elles dominaient dans de nombreux secteurs,
dont les textiles, les machines et le matériel agricole, les autres machines
simples, les matériaux de construction, le traitement des produits alimentaires
et divers biens de consommation. Leur développement dans les zones rurales n’a
pas seulement créé des emplois mais a relevé les revenus des fermiers,
encouragé le développement des marchés et stimulé des changements structurels
dans l’économie rurale.
16. Ces activités productives, des réserves adéquates
de céréales, de bons programmes de lutte contre les catastrophes naturelles et
d’importants programmes de «Vivres contre travail» ont énormément contribué à
stabiliser la production vivrière et à faciliter l’accès des pauvres aux
approvisionnements alimentaires. La pauvreté urbaine a également été réduite
grâce à des créations d’emplois dans les petites et moyennes entreprises et à
la mise en place de réformes instituant des dispositifs de sécurité sociale.
L’expérience chinoise montre l’importance de la croissance économique, de la
stabilité sociale et politique et de la sécurité alimentaire dans un grand pays
dont l’économie évolue rapidement.
17. Entre 1995 et 2000, le
produit intérieur brut (PIB) du Viet Nam a augmenté au rythme
moyen de 7 pour cent par an et celui du secteur agricole de 4 pour cent. Cette
croissance liée aux progrès dans la lutte contre la pauvreté a fait tomber le
pourcentage des personnes sous-alimentées de 25 pour cent en 1990/92 à 15 pour
cent en 2000. Les réformes axées sur le marché après le lancement du programme doi moi (rénovation) en décembre 1986
ont permis de stimuler le développement économique, de contrôler l’inflation,
de promouvoir les exportations et d’attirer l’investissement étranger. Les
apports de capitaux étrangers et de technologie et la plus grande interaction
économique avec l’extérieur ont facilité le développement d’une nouvelle classe
d’entrepreneurs vietnamiens. Entre 1991 et 1999, près de 10 millions de
nouveaux emplois ont été créés, dont 90 pour cent dans le secteur non étatique.
18. Les réformes du secteur
agricole ont facilité la croissance économique. Parmi celles qui ont aidé aux
transformations économiques et renforcé la sécurité alimentaire, citons: l’octroi
de droits à long terme d’utilisation des terres, la décentralisation des
pouvoirs locaux, la libéralisation du commerce intérieur, la réforme des
coopératives, les investissements dans l’irrigation et l’infrastructure rurale
et la fourniture de crédits agricoles. Depuis le lancement des réformes doi moi, la production alimentaire
augmente de 2,5 à 3 fois plus vite que la population et elle est passée de 281
kg par habitant et par an en 1987 à 398 kg en 1997. Le pays, qui importait en
moyenne un million de tonnes de riz par an, est devenu le deuxième exportateur
mondial de ce produit. Cela veut dire que même en année de grandes catastrophes
naturelles comme 1999, la sécurité alimentaire est dans une grande mesure
préservée.
19. Parallèlement à
l’amélioration sensible de la sécurité alimentaire, on a vu une baisse de
l’incidence de la pauvreté. Elle est tombée de 70 pour cent au milieu des
années 1980 à 37 pour cent en 1998. Le pourcentage des personnes vivant avec
moins d’un dollar par jour a chuté de 50,8 pour cent en 1990 à 9,1 pour cent en
2000. Aujourd’hui, la pauvreté n’existe plus que parmi les minorités ethniques
vivant dans les collines et dans les groupes les plus vulnérables de la
population. Environ 40 pour cent des enfants de moins de cinq ans restent
sous-alimentés. L’expérience du Viet Nam montre la nécessité de renforcer
encore les programmes qui ciblent les groupes vulnérables.
20. La Thaïlande a réussi à réduire la malnutrition
de manière spectaculaire grâce à un programme de développement rural à base
communautaire intégré à une politique nationale d’amélioration de la nutrition
et donc de réduction de la pauvreté. Lancé en 1982 dans 286 districts
identifiés comme les plus pauvres du pays, il a ensuite été mis en œuvre dans
tout le pays en 1984. Il comprenait la mise en œuvre de mesures
multisectorielles intégrées destinées à améliorer l’état nutritionnel dans tout
le pays. Création d’emplois, élaboration de projets villageois, couverture
complète de services communautaires de base et expansion de la production
alimentaire faisaient partie intégrante du programme qui mettait l’accent sur
l’amélioration du régime alimentaire.
21. L’investissement dans le capital humain a été un
des principaux facteurs qui ont permis à la Thaïlande d’éradiquer la
malnutrition modérée ou grave en une seule décennie (1982-1991). Un partenariat
s’est développé entre le gouvernement et les collectivités, nourri par des
stratégies de mobilisation sociale à grande échelle. Dans chaque collectivité,
des bénévoles aidaient à faciliter l’accès aux services de base et à mettre en
œuvre des services de nutrition axés sur la collectivité. Un ensemble
d’indicateurs avait été élaboré pour aider les individus à identifier leurs
problèmes de nutrition et à œuvrer à les éliminer.
22. Les performances
sous-régionales en matière de réduction de l’incidence de la pauvreté sont très
semblables à celles obtenues dans le domaine de la réduction du nombre des
personnes sous-alimentées, indice d’un lien étroit entre les deux phénomènes.
La proportion des pauvres a brutalement chuté dans la région Asie et Pacifique,
de 27,6 pour cent en 1990 à 15,3 pour cent en 1998. En Asie du Sud, bien que
leur proportion soit tombée de 44 à 40 pour cent, le nombre absolu des pauvres
a augmenté de 495 à 522 millions. Le rythme de réduction de la pauvreté s’est
considérablement ralenti dans certains pays en dépit de la forte croissance du
PIB par habitant, ce qui semble indiquer que la croissance n’était peut-être
pas suffisamment favorable à la lutte contre la pauvreté.
23. La crise financière
asiatique a interrompu la croissance économique et par suite la réduction de la
pauvreté en Asie de l’Est et du Sud-Est. L’Indonésie, la Malaisie, les
Philippines, la République de Corée et la Thaïlande ont été touchées de plein
fouet par la crise dès le milieu de 1997. Tous ces pays ont connu une
croissance négative en 1998 mais la reprise y a été plus rapide que prévu en
1999 et 2000. Un ralentissement économique brutal a suivi en 2001.
24. La croissance négative de 1998 est allée jusqu’à
13 pour cent dans certains pays. Les
conséquences de la crise financière ont été amplifiées par les effets
préjudiciables d’El Niño/la Niña sur le secteur agricole qui ont déprimé la
production alimentaire. La perte d’opportunités d’emploi liée à la hausse
importante des prix des produits alimentaires a érodé l’épargne et les actifs
des groupes à faible revenu. Nombre de personnes sont tombées en dessous du
seuil de pauvreté. En outre, du fait des liens entre le commerce et
l’investissement, toute la sous-région a souffert de la crise, même si elle
s’est moins fait sentir au Viet Nam, au Laos et au Myanmar. La Chine a
préservé ses taux de croissance élevés et le PIB des pays de l’Asie du Sud n’a
été que marginalement affecté.
25. Une évaluation de la Banque
mondiale a montré que la crise a bloqué la réduction du taux de pauvreté dans
toute la région. Par exemple, en Thaïlande, le taux de pauvreté qui avait
régulièrement baissé, pour passer de 32,6 en 1988 à 11,4 pour cent en 1996,
était remonté à 14,2 pour cent en 2000. Certains des pays le plus touchés
devront peut être attendre 2002 ou plus tard avant de retrouver les taux de
1996.
26. Dans les pays d’Asie du Sud,
la croissance démographique est un problème majeur. Entre 1990/92 et 1997/99,
la population de la sous-région a augmenté de 14,3 pour cent, contre
12,8 pour cent en Asie du Sud-Est et 7,3 pour cent en Asie de l’Est. Bien
que la proportion des personnes sous-alimentées ait baissé de 2 pour cent
au Bangladesh et en Inde, leur nombre absolu a augmenté respectivement de 5 et
11 millions du fait de la forte croissance démographique. Le contrôle de
la croissance démographique est un préalable à l’éradication de la
sous-alimentation.
27. Au Népal, le nombre et la
proportion des personnes sous-alimentées ont augmenté du fait de la réduction
de l’apport alimentaire par personne. Outre que l’accès aux produits
alimentaires est inégal, la croissance de la production alimentaire du pays est
moins rapide que celle de la population.
28. Une étude de la FAO a montré
que les succès au plan de la diminution de la malnutrition dépendaient des taux
de croissance démographique et agricole. Elle comparait les taux de croissance
de la population, des disponibilités alimentaires et de la production dans deux
groupes de pays – ceux dans lesquels le nombre des personnes sous-alimentées avait
considérablement diminué entre 1990/92 et 1997/99 et ceux dans lesquels il
avait augmenté. Dans les pays de la région Asie et Pacifique, comme on s’y
attendait, dans le premier groupe de huit pays, la croissance démographique
était sensiblement plus lente et la disponibilité des produits alimentaires par
habitant sensiblement plus élevée que dans le groupe des neuf pays où le nombre
des personnes sous-alimentées avait augmenté. De plus, les taux de croissance
de la production agricole et de la production alimentaire par habitant étaient
beaucoup plus élevés dans le premier groupe que dans le second.
29. La région Asie et Pacifique est
très sujette aux catastrophes naturelles et leur incidence s’est accrue ces
dernières années. Pendant les années 90, entre 150 et 263 catastrophes ont été
enregistrées chaque année. Les sécheresses, tempêtes, inondations, glissements
de terrain, tsunamis, tremblements de
terre, incendies de forêt, éruptions volcaniques et autres catastrophes
naturelles se sont succédés, causant plus de dégâts au cours de la dernière
décennie qu’au cours d’aucune autre dans l’histoire de la région.
30. Le Bangladesh, le Cambodge,
la Chine, l’Inde, la République démocratique populaire lao, le Népal, la
Thaïlande et le Viet Nam ont été les plus touchés par ces calamités. Au
Cambodge, les pires inondations des 40 dernières années ont causé plusieurs
centaines de morts et la destruction à grande échelle des cultures, des
infrastructures, des propriétés et des lignes de communication. En Inde, elles
ont dévasté les États d’Himachal Pradesh, de Bihar, du Bengale occidental et
d’Assam et dans l’État de Gujurat, un tremblement de terre a
causé des dizaines de milliers de morts.
31. À la fin de 2001,
d’importantes zones de l’Iran, de l’Inde, du Pakistan et de l’Afghanistan
entraient dans leur deuxième ou troisième année consécutive de sécheresse.
L’Afghanistan était aux prises à des conflits civils interminables et a
souffert d’une grave crise alimentaire après trois années de sécheresse qui ont
détruit les récoltes et le cheptel partout dans le pays. La situation a été
encore aggravée par les événements qui ont suivi les attaques terroristes du
11 septembre contre les États-Unis. Au Pakistan, la sécheresse continue
dans certaines parties du pays a détruit le cheptel et gravement compromis la
production de fruits et de céréales en culture non irriguée. La
32. L’insécurité alimentaire causée par les
catastrophes naturelles s’est trouvée aggravée par les calamités provoquées par
l’homme pendant la période qui a suivi le Sommet mondial de l’alimentation. Les
conflits civils se sont poursuivis dans diverses parties de l’Asie alors que
des incidents frontaliers et d’autres troubles éclataient dans d’autres avec
leurs séquelles de détournement des rares fonds de développement à des fins
militaires et de reconstruction d’après guerre, le tout amenant d’immenses
pertes économiques et la réduction des réserves et de l’accessibilité des
produits alimentaires. Les répercussions à long terme de la guerre et des
conflits civils sur la sécurité alimentaire sont évidentes dans certaines
parties de la région où d’importantes parcelles de terres agricoles restent
inaccessibles aux exploitants parce qu’elles sont truffées de mines.
33. L’intégration plus poussée de la région dans
l’économie mondiale est un des facteurs importants influant indirectement sur
sa sécurité alimentaire. Au cours de la dernière décennie, le commerce des
marchandises, les apports bruts de capital privé et l’investissement étranger
direct brut, exprimés en pourcentage du PIB, ont sensiblement augmenté. La part
de la région dans les échanges mondiaux de produits agricoles est aussi en
hausse. Cependant, au cours des deux dernières décennies, la part des produits
alimentaires et agricoles dans le commerce des marchandises de la région a
baissé du fait de la plus grande diversification des exportations. La part des
exportations agricoles tombant plus rapidement que celle des importations,
entre 1990/92 et 1997/99, les importations nettes de produits agricoles et de
l’élevage sont passées de 25,7 à 35 milliards de
dollars E.-U. Vu sa part croissante dans les échanges mondiaux de produits
agricoles et sa dépendance accrue vis-à-vis des importations, la stabilité et
l’équité des cours mondiaux des produits agricoles et l’accès aux marchés
d’exportation revêtent désormais une importance accrue pour la région.
34. En principe, le libre-échange et les flux
d’investissement et de capital doivent bénéficier aux pays en développement
jouissant d’avantages comparatifs pour les produits à forte intensité de
main-d’œuvre, y compris de nombreux produits agricoles de base. De nombreuses
études menées dans des pays asiatiques appuient la conclusion qu’une stratégie
d’ouverture débouche sur des taux plus élevés de croissance économique et de
réduction de la pauvreté. D’un autre côté, l’expérience de la crise financière
asiatique montre à l’évidence que la mondialisation accroît les risques de
volatilité aux dépens des pauvres.
35. De plus, la mondialisation peut marginaliser
certains pays parce que leur dotation en ressources, leur situation
géographique, leur taille ou leur manque de compétences ou d’infrastructure les
empêchent d’être compétitifs sur les marchés mondiaux et les rendent peu
attrayants pour les investisseurs. Cela se voit à l’évidence dans le fait que
les flux nets de capitaux privés vont vers les pays économiquement plus riches:
entre 1990 et 1998, les flux vers l’Asie de l’Est sont passés de 18 720 à
67 249 millions de dollars E.-U., alors que ceux vers l’Asie du Sud ne
progressaient que de 2 174 à 7 580 millions de dollars E.-U.
36. Il n’existe aucun consensus sur les avantages que
les pays en développement, et plus spécifiquement les petits exploitants
pauvres en ressources, ont tiré de la mondialisation. Une étude de la Banque mondiale
a montré qu’au cours de la période allant de 1985 à 1994, la part de
l’agriculture dans les exportations des pays en développement vers les pays de
l’OCDE était tombée de 19 à 14 pour cent. Contrairement aux objectifs de
libéralisation des échanges agricoles du Cycle d’Uruguay, les pays riches
continuent à subventionner leur agriculture. Par exemple, le soutien total
accordé par les pays de l’OCDE à leurs agriculteurs se montait à 356 milliards
de dollars E.-U. pour la seule année 1999, soit
11 000 dollars pour chaque agriculteur de l’OCDE alors que l’ouvrier
agricole d’un pays en développement recevait uniquement 4,30 dollars E.-U. d’aide publique au développement (
37. La survie à l’ère de la
mondialisation ne requiert pas seulement que les termes de l’échange soient
justes, elle exige aussi le renforcement de la compétitivité en termes de prix
et de qualité. Les investissements dans l’agriculture sous forme de capital
social jouent un rôle important dans ce domaine. Une analyse de la FAO a montré
qu’entre 1990/92 et 1997/99, les pays dans lesquels le nombre des personnes
sous-alimentées avait sensiblement baissé avaient aussi vu leur capital social
net par exploitant agricole augmenter; inversement, ceux où le nombre des
personnes sous-alimentées avaient augmenté avaient enregistré une baisse de leur
capital social net.
38. L’investissement public dans
la recherche est à la baisse. On compte de plus en plus sur le secteur privé
pour les nouvelles technologies, mais l’investissement du secteur privé dans
les nouvelles technologies ne représente qu’une petite fraction de
l’investissement total dans la recherche-développement. De plus, il ne répond
pas aux besoins des petits exploitants ni à ceux qui souffrent d’insécurité
alimentaire chronique.
39. Même si le rôle du secteur public dans l’activité
économique a diminué après une décennie de réformes structurelles, ses dépenses
n’en restent pas moins indispensables à la promotion du secteur agricole. En
fait, le niveau de l’investissement dans les exploitations dépend dans une
grande mesure de l’existence de biens collectifs: infrastructure rurale,
recherche et vulgarisation, informations sur le marché et autres services de
soutien. Alors que les revenus et la sécurité alimentaire des pays pauvres sont
très tributaires de l’agriculture, une étude de la FAO a montré que les
dépenses publiques consacrées à l’agriculture, mesurées en pourcentage du PIB
agricole ou de la main-d’œuvre agricole, sont les plus faibles dans les pays où
l’on enregistre la plus forte incidence de personnes sous-alimentées.
40. L’aide publique au
développement et les engagements des bailleurs de fonds pour le développement
agricole stagnent ou sont en baisse. Au niveau mondial, les engagements des
bailleurs de fonds ont fondu de 14 066 millions de dollars en 1990/92 à
13 674 millions de dollars en 1997/99 (en dollars constants de 1995). La
part de l’agriculture dans le montant total de l’aide aux pays en développement
a tourné autour de 17 pour cent pendant cette même période, alors qu’elle était
supérieure à 33 pour cent en 1982. Si l’aide par travailleur a baissé dans tous
les pays, elle a été plus prononcée dans les pays où le nombre des personnes
sous-alimentées a augmenté entre 1990/92 et 1997/99. Dans la région, la part
des prêts au secteur agricole octroyés par la Banque asiatique de développement
(BAsD), la source la plus importante d’aide multilatérale au secteur, a chuté
de 31 à 9 pour cent entre 1990 et 1999.
41. Les pays de la région Asie et Pacifique doivent accélérer la
mise en œuvre des mesures destinées à réduire leur population sous-alimentée
pour atteindre l’objectif de diminuer leur nombre de moitié d’ici 2015.
L’éradication de la faim est une nécessité impérieuse non seulement pour des
raisons éthiques ou morales mais aussi pour arriver à une croissance durable.
La faim a des coûts économiques qui pèsent lourdement sur les individus, les
familles et la société. Dans certains pays, les pertes de productivité des
adultes causées par les carences nutritionnelles représentent chaque année
quelque 3 pour cent du PIB.
42. L’expérience des pays de la
région peut constituer un point de départ à l’élaboration et/ou au renforcement
de politiques, stratégies et plans d’action destinés à lutter contre la plaie
de la faim et de la malnutrition. Plusieurs pays ont les ressources nécessaires
pour préparer et mettre en œuvre des programmes stratégiques pour réduire le
nombre des personnes sous-alimentées. Les autres sont en mesure de réorienter
judicieusement certaines de leurs dépenses et/ou de solliciter l’aide
internationale. Ce qui importe avant tout, c’est de les voir renouveler leur
engagement et de réitérer leur volonté politique de réussir. Les paragraphes
qui suivent présentent quelques leçons tirées des expériences régionales qui
pourraient aider à formuler des plans d’actions nationaux pour atteindre les
objectifs visés.
43. Dans la lutte incessante contre la
sous-alimentation, les grandes priorités sont la poursuite
d’une croissance économique rapide et la lutte contre la pauvreté. Les
réussites de certains pays montrent que ces deux facteurs sont les bases de
l’amélioration de la sécurité alimentaire des ménages. Dans la période qui a
suivi le Sommet mondial de l’alimentation (de 1999 à la fin de la première moitié
de 2000), la majorité des pays de la région ont connu une forte croissance
économique. Mais à partir de la seconde moitié de 2000, le ralentissement de
l’économie mondiale a érodé les performances et les perspectives de croissance
de la région et la situation s’est encore dégradée après le 11 septembre.
44. L’activité économique et les
performances à l’exportation de nombre de pays se sont trouvées sensiblement
ralenties, ce qui a déprimé leurs perspectives de croissance. Le Fonds
monétaire international et la BAsD ont revu à la baisse leurs prévisions de
croissance pour les pays en développement de la région Asie et Pacifique pour
2001. Cependant, la région devrait rebondir et connaître une croissance plus
rapide en 2002 et plus encore en 2003 avec l’amélioration de la conjoncture
extérieure à partir de la deuxième moitié de l’année en cours.
45. Un taux de croissance plus faible se traduit par
des pertes d’emploi dans les sous-secteurs orientés vers l’exportation tant
dans l’agriculture qu’ailleurs. Cela a des répercussions socio-économiques à
long terme: disparition de l’épargne, vente en catastrophe des actifs à des
prix bradés, retrait des enfants de l’école. Des mesures correctives permettant
de résorber ces effets et de relancer la croissance doivent être prises
d’urgence de manière à protéger les pauvres des effets délétères de la
contraction économique. La disponibilité et la production de denrées
alimentaires doivent être accrues par une combinaison judicieuse d’ajustements
des politiques et de mesures pratiques répondant aux besoins locaux. Les
programmes ciblés sur les groupes vulnérables peuvent être d’importance
capitale pour soulager les épreuves causées par les bouleversements à court
terme des moyens d’existence.
46. Les nations doivent renforcer leurs propres
capacités de suivre et d’évaluer l’évolution de la conjoncture et d’ajuster
leurs politiques, leurs institutions et leurs technologies pour réduire les
risques d’instabilité macroéconomique. Elles doivent notamment instaurer des
politiques et des règles monétaires souples pour encourager les bonnes
pratiques financières dans les secteurs de la banque et des finances.
47. Deux des sept engagements du Sommet mondial de
l’alimentation soulignaient la nécessité d’éradiquer la pauvreté. La lenteur
des progrès dans ce domaine est une des principales causes de l’incapacité de
nombreux pays d’atteindre les objectifs annuels de réduction de la
sous-alimentation fixés par le SMA. La réduction de la pauvreté fondée sur la
croissance doit être au cœur de toutes les stratégies de développement dans les
régions où l’insécurité alimentaire est la principale manifestation de la
pauvreté. Il faut élaborer des politiques qui reconnaissent que la faim est à
la fois cause et conséquence de la pauvreté et que tant que son élimination ne
sera pas prioritaire, il ne sera guère possible de faire des progrès dans l’éradication
de la pauvreté. Il est aussi nécessaire d’élargir le Programme d’action contre
la pauvreté pour y inclure les questions de la vulnérabilité, des dotations en
ressources naturelles et économiques, des emplois et de la nutrition.
48. Les pays, avec l’aide des organismes
internationaux et du secteur privé, doivent renouveler leurs engagements de
mettre en œuvre les mesures qu’ils avaient avalisées, il y a plus de cinq ans,
lors du Sommet mondial de l’alimentation. Ils doivent donc exprimer clairement
leurs préoccupations en matière de sécurité alimentaire et les incorporer dans
leurs Documents de stratégie par la réduction de la pauvreté (DSRP) qui
constituent la base de l’aide concessionnelle des institutions financières
internationales. L’expérience a montré que s’il est quelquefois nécessaire de
procéder à des ajustements macroéconomiques sectoriellement neutres, des
mesures d’accompagnement pour la redistribution des avoirs économiques et
naturels et des revenus sont souvent requises pour protéger les ruraux pauvres.
Tout changement de la politique macroéconomique doit être évalué dans l’optique
de son impact sur les groupes vulnérables.
49. Soixante-quatre pour cent de
la population de l’Asie de l’Est et du Sud-Est et 72 pour cent de celle de
l’Asie du Sud vivent en zones rurales où la pauvreté est endémique. Dans ces
sous-régions, les ouvriers agricoles représentent 62 et 59 pour cent de la
main-d’œuvre et produisent 18 et 26 pour cent du PIB, respectivement. Si
leur part dans les exportations agricoles est en baisse, elle n’en reste pas moins
considérable. Dans les pays où l’on trouve une importante population
sous-alimentée, l’agriculture est, directement ou non, la principale source
d’emplois, de production économique et de recettes d’exportation.
50. Dans les pays en
développement, l’augmentation de la productivité agricole a un effet marqué sur
la réduction de la pauvreté de par son impact aux niveaux des exploitations,
des zones rurales et du pays. Les pauvres dépendent de l’agriculture pour
produire la nourriture qu’ils consomment ou pour générer des revenus grâce à
des emplois dans des activités rurales non agricoles. Les revenus de l’agriculture
servent à acheter des marchandises produites localement et cette demande est
indispensable pour la survie du secteur rural non fermier. En outre, la baisse
du coût des produits alimentaires qui accompagne le relèvement de la
productivité améliore la sécurité alimentaire et nutritionnelle des pauvres.
51. La croissance
agricole doit donc être un élément central de toutes les stratégies de
réduction de la pauvreté. Or, plusieurs DSRP intérimaires ne lui accordent pas
l’importance qu’elle mérite. Les DSRP sont une des clés de l’accès à la
Facilité de croissance et de lutte contre la pauvreté du FMI et aux crédits de
l’Association internationale de développement (
52. La FAO a aidé nombre de pays
à mener des analyses sectorielles et à formuler des stratégies et des
politiques-cadres dans le contexte de la sécurité alimentaire et de la lutte
contre la pauvreté. Chaque fois que cela a été possible, les résultats des
études ont été directement utilisés pour formuler des plans à moyen terme et
des DSRP intérimaires. Les États Membres qui le souhaitent peuvent donc
demander l’assistance de la FAO dans ce domaine.
53. Les méthodes de lutte contre la pauvreté doivent
être adaptées au contexte précis du pays. L’expérience montre que des
investissements relativement modestes combinés à de simples changements de
technologie peuvent amener des progrès sensibles dans la productivité de la
terre et de la main-d’œuvre lorsqu’il existe des marchés appropriés pour
écouler la production supplémentaire. Les activités pilotes réalisées dans 11
pays, dans le cadre de la phase I du Programme spécial de la FAO pour la
sécurité alimentaire, l’ont prouvé.
54. Les stratégies de développement agricole ne
doivent surtout pas oublier le rôle des femmes dans
l’agriculture. Elles représentent plus de 40 pour cent de la main-d’œuvre
agricole de la région et elles produisent souvent les marchandises n’entrant
pas dans le circuit commercial, mais importantes pour la sécurité alimentaire
des ménages. Le faible niveau d’instruction de ces femmes, principalement en
Asie du Sud, est un obstacle à leur devenir, surtout dans le contexte de
systèmes d’agriculture de plus en plus fondés sur le savoir. Leurs salaires
sont moins élevés et, d’une manière générale, les ménages ayant une femme à
leur tête sont plus pauvres que ceux dirigés par un homme. Pour assurer une
croissance agricole rapide et généralisée, il faut montrer aux femmes des zones
rurales comment tirer parti des opportunités émergentes et améliorer leur accès
aux services de soutien. Lors de la préparation de programmes de formation de
ce genre, il faut néanmoins garder à l’esprit que les travaux agricoles sont
historiquement divisés en fonction des sexes et donc que les renseignements,
conseils et besoins technologiques des femmes seront différents de ceux des
hommes. Les technologies portant sur l’irrigation, les variétés à fort
rendement, les engrais et les machines agricoles contribuent à accroître la
productivité des hommes: elles doivent être complétées par celles portant sur
les opérations d’après récolte où les femmes jouent un rôle dominant.
55. Les stratégies de réduction
de la pauvreté doivent utiliser le vaste potentiel des partenariats
collectivités-État dans des approches multisectorielles capables de
donner aux individus, ménages et collectivités les moyens de développer leur
autonomie et leur auto-assistance. Pour être efficace, toute collaboration
entre les secteurs privé et public et les organisations non gouvernementales
(ONG) doit se fonder sur une bonne définition du rôle de chaque partie et sur
ses avantages comparatifs. Le Réseau du
56. Les ONG et les organisations de
la société civile (OSC) jouent un rôle de plus en plus important dans la
mobilisation et la sensibilisation des collectivités en matière d’agriculture
et de développement rural, d’utilisation durable et de conservation des
ressources, et de responsabilisation des femmes et des groupes désavantagés. Elles
sont maintenant des partenaires de valeur pour les gouvernements et les
organismes bailleurs de fonds tant au plan du dialogue politique qu’à celui de
la mise en œuvre de programmes. Consciente de ceci, la FAO a lancé plusieurs
initiatives pour renforcer la collaboration ONG-OSC et ainsi assurer le suivi
approprié des engagements du Sommet et du Plan d’action. Elle a publié sa
Politique et stratégie de collaboration avec les ONG et les OSC et organisé en
2000, à l’occasion de sa vingt-cinquième Conférence régionale, une consultation
avec les organisations actives dans la région. Les conclusions de la
Consultation ont été communiquées à la Conférence, en plénière, et elles ont
servi de base de travail pour le Comité sur la sécurité alimentaire mondiale, les
organisations concernées ayant réaffirmé leur engagement d’œuvrer avec la FAO
pour s’attaquer aux problèmes liés à la sécurité alimentaire de la région.
57. Dans le contexte des préparatifs du Sommet
mondial de l’alimentation: cinq ans après et afin de faciliter le Forum
parallèle de la FAO, trois ONG/OSC actives dans les domaines d’intervention de
la FAO ont été nommées membres du Comité international de planification
ONG/OSC. Elles ont été chargées de faciliter/organiser des consultations
nationales, sous-nationales et régionales pour consolider les évaluations et
positions régionales en matière de sécurité alimentaire, moyennant le dialogue
entre ONG/OSC, ou avec les autres parties prenantes, notamment les pouvoirs publics
concernés. Une consultation régionale des ONG/OSC s’est tenue en Thaïlande en
août 2001 pour examiner les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Plan
d’action du SMA. Des consultations nationales et sous-nationales des ONG/OSC
l’avaient précédé.
58. Une Consultation régionale
des ONG/OSC est prévue les 11 et 12 mai 2002, parallèlement à la
vingt-sixième Conférence régionale: elle examinera les rapports sur les
questions mondiales dans une perspective régionale. Les organisations
envisagent de présenter à la Conférence une synthèse des conclusions de la
Consultation et ils prévoient également un dialogue avec les représentants des
États Membres y participant. La FAO est persuadée que de telles présentations
des points de vue des ONG/OSC et le dialogue avec elles peuvent
fournir d’importantes informations en retour aux États Membres et encourager
une plus grande coopération dans la lutte contre l’insécurité alimentaire.
59. Il importe de renverser la
tendance à la diminution des flux de ressources vers le
secteur de l’agriculture et de l’alimentation. Bien qu’une grande partie des
investissements agricoles soient mobilisés par les exploitants eux-mêmes, le
secteur public a un double rôle à jouer: il doit créer un environnement
favorable à l’investissement et assurer la disponibilité adéquate des biens
publics. Les gouvernements doivent garantir la poursuite de leur soutien
essentiel à l’agriculture et compenser les pénuries de ressources en mobilisant
des financements internationaux pour des programmes prioritaires.
60. Les conclusions de la Conférence internationale
sur le financement du développement tenue à Monterrey (Mexique) du 18 au 22
mars 2002 auront des répercussions importantes sur la mobilisation des
ressources pour l’agriculture, la sécurité alimentaire et le développement
rural. Elle est le premier Sommet convoqué par les Nations Unies sur les
questions financières et autres liées au développement mondial et elle mettra
l’accent sur la manière dont sont générées et attribuées les ressources pour le
développement. Six grands thèmes ont été identifiés: ils couvrent la
mobilisation des ressources financières internes, l’investissement étranger
direct et les autres flux privés, le commerce international, l’aide publique au
développement, l’allégement de la dette et les systèmes monétaires, financiers
et commerciaux internationaux. Les discussions qui ont eu lieu en
octobre 2001 sur le projet de Déclaration ont fait apparaître
d’importantes divergences de vues entre les représentants des pays développés
et des pays en développement. Un document remanié a été élaboré et au moment de
la rédaction du présent rapport, la quatrième session du comité préparatoire
était en cours (14-25 janvier 2002).
61. Un système commercial
multilatéral fondé sur des règles est indispensable à la promotion de
l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la pauvreté.
Les contributions à la sécurité alimentaire que l’on attendait de la libéralisation du commerce, dans le
cadre de l’Accord sur l’agriculture du Cycle d’Uruguay, ne se sont pas
matérialisées. Au plan qualitatif, l’Accord a libéralisé les échanges agricoles
dans la plupart des pays de la région mais il n’a guère amené de changement
dans les exportations agricoles des pays en développement, sa mise en œuvre
n’ayant pas sensiblement amélioré leur accès aux marchés. Les marchés agricoles
des pays de l’OCDE sont toujours protégés et les importations de nombreux
produits agricoles primaires et transformés se heurtent toujours à des
obstacles: droits de douane élevés et progressifs, normes sanitaires et phytosanitaires strictes,
protection de la sécurité sanitaire des produits alimentaires et soutien
interne massif à l’agriculture.
62. De plus, les pays en développement n’ont pas profité du
traitement spécial et différentié qui leur était accordé vu les difficultés de
mise en œuvre de ses dispositions. La «Décision sur les mesures concernant les
effets négatifs possibles du programme de réforme sur les pays les moins
avancés et les pays en développement importateurs nets de produits agricoles»
n’a pas eu d’effets, faute de mécanisme efficace de mise en application. Elle
peut avoir favorisé certains flux d’aide alimentaire, l’octroi de conditions
plus favorables de crédit pour les exportations agricoles et l’assistance
technique et financière destinée à améliorer la productivité agricole dans le
cadre de programmes d’assistance bilatérale, mais elle n’a mis en place aucun
mécanisme de financement à court terme permettant aux pays les plus pauvres de
protéger leurs consommateurs des hausses brutales des prix des produits
alimentaires importés.
63. Cette situation a amené la FAO, dans sa Déclaration à la
quatrième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (
64. La Conférence ministérielle
de Doha a permis d’arriver à un certain nombre de mesures positives, favorisant
un système juste et équitable d’échanges de produits agricoles. Premièrement, les pays membres
de l’
65. Pour être efficace, la
Déclaration ministérielle de Doha doit se traduire en actions concrètes. Les
pays en développement de la région doivent veiller à ce que les principes
convenus soient mis en application. Les négociations commerciales doivent
porter sur la mise en œuvre des accords et des engagements de Marrakech et de
Doha sur l’amélioration de l’accès aux marchés et l’élimination des subventions
et autres mécanismes qui faussent les échanges. Les pays en développement
doivent demander un traitement spécial et différencié approprié, ciblé et
concret. De plus, le nouveau cycle de négociations portera aussi sur les
aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC)
qui peuvent affecter les droits des exploitants sur les matériels génétiques,
et sur les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) qui concernent les
questions de santé et de sécurité sanitaire des aliments.
66. Les pays de la région
doivent continuer à renforcer leurs capacités à traiter des questions liées à
l’
67. Le Traité international sur les ressources phytogénétiques
pour l’alimentation et l’agriculture, adopté en novembre 2001, permettra de
promouvoir un accès équitable aux cultures importantes pour la sécurité
alimentaire et de transférer les profits tirés de leur commercialisation aux
agriculteurs. Il prend en compte leurs besoins particuliers ainsi que ceux des
obtenteurs et vise à garantir la disponibilité et le partage équitable des
diverses ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture. Le
Traité, dont l’élaboration a été lancée par la FAO en 1994, est le résultat de
négociations intergouvernementales visant à réviser l’Engagement international sur
les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture. Il
reconnaît que les droits des agriculteurs complètent ceux des obtenteurs.
68. Cet accord international a force de loi et il
entrera en vigueur lorsqu’il aura été ratifié par au moins 40 nations. Il
constitue un cadre garantissant l’accès aux ressources phytogénétiques, aux
connaissances et technologies connexes et au financement international. Il
donne aussi au secteur agricole un outil multilatéral de promotion de la
coopération et des synergies avec les autres secteurs, surtout ceux du commerce
et de l’environnement. Il rappelle l’importance des technologies
traditionnelles et modernes au service de l’humanité, notamment pour la lutte
contre la faim et pour la promotion du développement durable dans les pays en
développement. Les gouvernements devraient donner la plus haute priorité à sa
ratification ainsi qu’à l’adoption des mesures d’application appropriées afin
de protéger équitablement les droits des obtenteurs et des agriculteurs.
69. Les changements climatiques ont
des répercussions graves sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. La
productivité des cultures alimentaires les plus importantes de la région
pourrait baisser sensiblement du fait des changements climatiques. Le
réchauffement de la température lié aux émissions de gaz carbonique et autres
gaz à effet de serre, peut compromettre la floraison et la germination de
cultures indispensables, telles que le riz, le maïs et le blé. De nombreuses
cultures tropicales ont déjà atteint ou sont près d’atteindre leurs limites
thermiques et elles auraient du mal à supporter toute nouvelle hausse de
température. De nouvelles études montrent que toute augmentation de température
d’un degré centigrade en zone tropicale s’accompagne d’une baisse de rendement
de 10 pour cent. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du
climat (GIEC) estime que la température moyenne des zones tropicales pourrait
augmenter de trois degrés centigrades d’ici 2100. Les résultats pourraient être
catastrophiques lorsqu’on leur ajoute les autres phénomènes potentiellement
dévastateurs du changement climatique, tels que l’augmentation des ravageurs et
la baisse de la pluviosité.
70. Dans ce contexte, en
novembre 2001, la Conférence de Marrakech des Parties à la Convention des
Nations unies sur le changement climatique a mis au point les détails
opérationnels du Protocole de Kyoto à des fins de ratification par les
gouvernements, en vue d’accélérer son entrée en vigueur. Les directives donnent
des précisions sur la mesure des émissions et leur réduction, etc. et
contiennent des règles visant à garantir leur observation. Le Protocole de
Kyoto de 1997 entrera en vigueur et aura force de loi dès qu’il aura été
ratifié par au moins 55 des Parties à la Convention, y compris des pays
industrialisés qui représentent au moins 55 pour cent du total des émissions de
dioxyde de carbone de ce groupe en 1990. À ce jour, 40 pays l’ont ratifié
dont un pays industrialisé (la Roumanie). Nombre de gouvernements sont en
faveur de son entrée en vigueur en 2002.
71. Les pays doivent s’attaquer
aux problèmes de l’insécurité alimentaire temporaire et chronique de la région.
Dans le premier cas, il faut disposer de systèmes fiables d’alerte rapide et
les pays sont encouragés à renforcer ces systèmes de manière à mieux se
préparer aux catastrophes. Les systèmes d’information et de cartographie sur
l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV) sont utiles pour
s’attaquer à l’insécurité alimentaire chronique. Des informations exactes
permettent de donner une base solide aux programmes d’action dans les zones et
les collectivités prioritaires. Les États Membres sont invités à soutenir au
maximum les SICIAV et à les adapter à leurs propres besoins. S’ils le
souhaitent, ils peuvent aussi demander à la FAO de les aider à établir ou à
renforcer leurs SICIAV nationaux.