RAPPORT SPÉCIAL
MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES
AU LESOTHO
12 juin 2007
Faits saillants
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La campagne agricole 2006/07 a été marquée par l'une des sécheresses les plus graves des 30 dernières années. En janvier-mars,
qui sont les mois décisifs, la pluviosité a été nettement inférieure à la normale et les températures ont été supérieures
à la moyenne à long terme.
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Selon les estimations, les rendements moyens par hectare du maïs et du sorgho pour la campagne agricole 2006/07 ont accusé
un recul spectaculaire de respectivement 42 pour cent et 25 pour cent par rapport à l'année précédente. En outre, la superficie
consacrée à ces céréales en 2006/07, par rapport à la dernière campagne agricole, a diminué de 15 et 20 pour cent respectivement
si on la compare à la moyenne sur cinq ans.
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La production céréalière nationale de 2007 est estimée à 72 000 tonnes environ, ce qui représente une chute de 42 pour cent
par rapport à 2006 et de 40 pour cent par rapport à la moyenne des cinq années précédentes. La production de maïs (50 825
tonnes) a régressé de 51 pour cent, celle de sorgho (11 182 tonnes) de 42 pour cent et celle de blé d'été (5 411 tonnes) de
4 pour cent par rapport à l'an dernier. Les premières prévisions concernant le volume du blé d'hiver se montent en outre à
5 000 tonnes.
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Les besoins d'importations céréalières pour la campagne commerciale 2007/08 (avril/mars) sont estimés à environ 256 000 tonnes,
dont 219 000 tonnes devraient être importées par voie commerciale. L'aide alimentaire dans les réserves et dans la filière
s'élevant à 7 000 tonnes au 1er avril 2007, il reste un déficit non couvert d'environ 30 000 tonnes qui devra être comblé
par une assistance supplémentaire du gouvernement et/ou de la communauté internationale.
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De nombreux ménages ont épuisé tous leurs mécanismes de survie et l'escalade des prix des céréales, due aux pénuries intérieures
et au renchérissement du maïs blanc en Afrique du Sud (principal fournisseur de la région) limitera encore l'accès aux marchés
des populations sans terre et urbaines et accentuera l'insécurité alimentaire.
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L'aggravation de la pandémie de VIH/sida sape la base de ressources économiques. Dans les zones rurales/agricoles, la pénurie
de main-d'oeuvre est évidente, ce qui explique pourquoi certains champs sont laissés en friche.
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La situation actuelle est particulièrement grave pour les couches les plus démunies de la population. Les mauvaises récoltes
réduisent non seulement les disponibilités vivrières mais aussi les possibilités d'emploi occasionnel et par là les possibilités
d'obtenir un revenu pour acheter de la nourriture sur les marchés.
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Selon les estimations de la Mission, environ 401 200 personnes vulnérables risquent d'être exposées à l'insécurité alimentaire
pendant la campagne agricole 2007/08 et auront besoin d'environ 30 000 tonnes de céréales et 6 700 tonnes d'autres denrées,
ou d'un équivalent en espèces, pour répondre à leurs besoins minimums de consommation alimentaire.
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Il est aussi nécessaire de fournir dans les meilleurs délais des intrants agricoles, notamment des semences, des engrais et
des facilités de crédit, afin de remettre en état la capacité de production pour la campagne agricole 2007/08.
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1. VUE D'ENSEMBLE
En raison de l'accentuation des conditions de sécheresse qui ont régné pendant la campagne agricole, le Gouvernement du Lesotho
a demandé à la FAO et au PAM de mener à bien une évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires afin d'estimer
la production céréalière de 2007, d'évaluer les disponibilités vivrières globales et de prévoir les besoins d'importations
pour la prochaine campagne commerciale 2007/08 (avril à mars), notamment l'aide alimentaire nécessaire. La mission s'est rendue
dans le pays du 22 avril au 5 mai 2007.
Le Ministère de l'agriculture et de la sécurité alimentaire, l'Autorité de gestion des catastrophes, le Ministère de l'industrie,
du commerce et de la commercialisation, le Bureau des statistiques et le Comité d'évaluation de la vulnérabilité du Lesotho
ont apporté leur pleine coopération à la mission. Des entretiens ont aussi eu lieu avec des institutions des Nations Unies
pertinentes ainsi qu'avec des représentants des donateurs, des ONG et des importateurs de céréales. En étroite collaboration
avec le gouvernement et les bureaux dans le pays de la FAO et du PAM, la Mission a effectué une évaluation approfondie sur
le terrain, couvrant les dix districts que compte le Lesotho. Des observateurs d'organismes donateurs (Union européenne, ambassade
américaine), de la SADC et d'ONG se sont joints à la Mission.
La Mission a rencontré des fonctionnaires agricoles de district et du personnel de divisions gouvernementales oeuvrant dans
les domaines suivants: cultures, bétail, vulgarisation, gestion des catastrophes, nutrition et santé. Des entretiens et des
groupes de discussion ont eu lieu avec des chefs de village, des agriculteurs, des ménages et des négociants. Pour l'évaluation
sur le terrain, les bureaux agricoles de district ont fourni des données sur la superficie ensemencée et les rendements pour
toutes les cultures vivrières importantes, lesquelles ont été recoupées avec les renseignements recueillis auprès des agriculteurs,
des négociants, des ONG, du personnel de projet des donateurs et les données de télédétection émanant du SMIAR/FAO. La mission
a inspecté les cultures, effectué des enquêtes par coupe échantillon et consigné les résultats des récoltes sur des transects
lors de ses déplacements pour vérifier les renseignements reçus. L'état du bétail et des parcours a été observé et des enquêtes
sur les marchés effectuées en certains endroits afin d'affiner les estimations concernant la production.
La Mission a constaté que l'association de températures élevées et d'une pluviosité insuffisante a entraîné l'une des pires
sécheresses jamais vue dans le pays. Les mois de janvier, février et mars 2007, en particulier, ont été très secs, ce qui
a endommagé gravement les cultures. La sécheresse était particulièrement marquée dans les plaines, où sont situées les principales
zones productrices.
Les rendements céréaliers 2006/07 devraient au total être encore inférieurs aux niveaux déjà bas enregistrés en 2005/06. Selon
les estimations, les rendements moyens de maïs, de sorgho et de blé pour la campagne agricole 2006/07 s'élèveraient respectivement
à 0,43, 0,42, et 0,52 tonnes par hectare. Par rapport à la campagne agricole de 2005/06, la productivité des rendements a
accusé un repli spectaculaire de 42 pour cent et 25 pour cent respectivement dans le cas du maïs et du sorgho, tandis qu'elle
a baissé de tout juste 4 pour cent pour le blé.
La tendance générale indique aussi un recul de la superficie consacrée aux céréales ces dernières années, des terres agricoles
potentielles restant en friche en raison principalement des incertitudes concernant les conditions agro-climatiques, de la
pénurie de main-d'oeuvre agricole et du manque de liquidités (capital) pour les intrants et les investissements. Dans les
plaines, en particulier, de vastes zones sont restées en friche en dépit de la distribution de semences et d'engrais subventionnés.
La diminution de la superficie ensemencée en 2006/07 a été considérable: elle est estimée à quelque 15 pour cent par rapport
à la campagne agricole précédente et à quelque 20 pour cent par rapport à la moyenne sur cinq ans.
Les prévisions établissent la production céréalière nationale de 2007 à environ 72 000 tonnes, ce qui représente une chute
considérable de 42 pour cent par rapport à la récolte de 2006 et de 40 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières
années. La production céréalière totale comprend 50 825 tonnes de maïs, 11 182 tonnes de sorgho, 5 411 tonnes de blé d'été
et 5 000 tonnes de blé d'hiver qui devraient, selon les prévisions, être rentrées plus tard dans l'année.
Le bilan alimentaire du pays pour la campagne commerciale 2007/08 (avril/mars) montre un déficit non couvert de 30 000 tonnes
de céréales, dont 25 000 tonnes de maïs et 5 000 tonnes de sorgho respectivement, qui devrait être comblé par le gouvernement
et/ou l'aide de donateurs. Le maïs peut sans problème remplacer le sorgho dans le régime alimentaire de la population.
En dépit des prix très élevés pratiqués actuellement pour le maïs, les agriculteurs ne devraient pas réagir en accroissant
la production lors de la campagne agricole secondaire qui s'annonce, principalement par manque de ressources. En outre, les
coûts de production et de commercialisation, notamment ceux du transport qui augmentent, empêchent de nombreux agriculteurs
de tirer parti du marché formel, les quantités produites pour ce marché étant si faibles que les minotiers ne gèrent pas de
centres de collecte.
La situation actuelle est particulièrement grave pour les ménages les plus démunis qui sont fortement tributaires des paiements
en nature et des revenus tirés des activités agricoles. Ces ménages achètent la plupart de la nourriture dont ils ont besoin
sur le marché libre, car leur propre production assure un complément uniquement dans les mois qui suivent la récolte. S'agissant
de la présente campagne commerciale, les mauvaises récoltes non seulement auront des conséquences sur les moyens de subsistance
de ces groupes vulnérables en réduisant leur production propre et donc leur accès à la nourriture, mais aussi entraînera une
réduction des possibilités d'emploi occasionnel dans l'agriculture.
Par ailleurs, tandis que la pauvreté au Lesotho est très étroitement associée à l'absence de possibilités d'emploi, l'aggravation
de la pandémie de VIH/sida sape la base de ressources économiques. Dans les zones rurales/agricoles, la pénurie de main-d'oeuvre
est évidente et certains champs sont laissés en friche, ce qui se traduit directement par une accentuation de la pauvreté
et de la vulnérabilité.
La préoccupation la plus grave, du point de vue de la sécurité alimentaire, est la perte de pouvoir d'achat due à l'escalade
spectaculaire des prix du maïs. Les prix des céréales de l'Afrique du Sud ont augmenté de près de 400 pour cent en deux ans
seulement. L'analyse des prix au niveau des ménages révèle une tendance à la hausse très marquée ces deux dernières années,
tandis que le prix du maïs sud-africain - importation structurelle du Lesotho - a accusé une augmentation encore plus importante
suite aux deux récoltes réduites consécutives rentrées dans ce pays. En outre, on s'attend à ce que cette tendance à la hausse
des prix se poursuive à mesure que les réserves des ménages s'épuisent et que les grands importateurs ajustent leur prix pour
tenir compte de l'accroissement du coût des importations. Étant donné que les ménages vulnérables sont ceux qui dépendent
le plus fortement des marchés pour accéder à la nourriture, l'évolution des prix aura un effet très néfaste sur leur subsistance.
Avec le Comité d'évaluation de la vulnérabilité du Lesotho, la Mission estime qu'au total 401 200 personnes connaîtront un
déficit vivrier pendant la campagne commerciale 2007/08. Environ 30 000 tonnes de céréales (essentiellement maïs) et 6 700
tonnes supplémentaires de vivres autres que des céréales (ou leur équivalent en espèces) seront nécessaires pour assurer les
besoins caloriques minimums, fixés à 2 100 kcal par jour.
Le présent rapport a été établi par Albert T. Lieberg, Wondimagegne Shiferaw, Andrzej Golebiowski et Sylvie Montembault, sous
la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation
pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'informations, le cas échéant.
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Henri Josserand Chef, SMIAR, FAO
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél: [email protected]
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Amir Abdulla Directeur régional, ODJ, PAM
Fax: 0027-11-5171642
Mél: [email protected]
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Veuillez noter qu'il est possible d'obtenir le présent
Rapport spécial sur le site Internet de la FAO à l'adresse suivante:
http://www.fao.org/giews/
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