ALICOM 99/18 |
Conférence sur le commerce international des denrées alimentaires au-delà de l'an 2000: décisions fondées sur des données scientifiques, harmonisation, équivalence et reconnaissance mutuelle
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Perspectives d'avenir:
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Professeur M. Wahlqvist, Directeur, International Health and Development Unit and Asia Pacific Health and Nutrition Centre, Université Monash |
I. Nutrition et écoscience expérimentales
II. Rôle de la communauté internationale
III. Variété des aliments et santé humaine
IV. Biodiversité et santé humaine
V. Variété des aliments et biodiversité
VI. Éco-nutrition: études de cas de certains produits et ingrédients
VII. Pratiques de production alimentaire
VIII. Rôle du commerce dans la promotion d'une alimentation saine
IX. Préserver la salubrité des aliments tout au long de la filière
X. Principes de diététique basés sur les aliments
1. Dans l'élaboration des politiques, la planification des projets et les sciences de la santé, on cherche de plus en plus à fonder les décisions et les recommandations sur des bases plus robustes en rassemblant autant de données d'expérience que possible sur les systèmes complexes en jeu. Une fois ces décisions appliquées, il reste nécessaire d'en assurer le suivi et l'évaluation et de réviser les stratégies. Les types de données pouvant être utilisées dans le domaine général de la nutrition et de l'écologie sont obtenus par les méthodes scientifiques classiques: analyse, observation, expérimentation et déduction, avec formulation et mise à l'épreuve d'hypothèses. Toutefois, étant donné la complexité des questions, on utilise de préférence des modèles prédictifs simulant les divers types d'intervention, avec des contribuants bien définis, accompagnés par des mesures des résultats1.
2. Les conclusions sur la mesure dans laquelle la production alimentaire peut être agressive pour l'environnement dépendront des limitations de ces données et des prédictions et tiendront compte de considérations éthiques, socioculturelles, économiques et politiques28,45.
3. En mobilisant les institutions internationales telles que l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation mondiale du commerce (OMC), on pourra produire des preuves, formuler des recommandations et établir des normes pour la production alimentaire de façon à encourager la sécurité alimentaire (dont l'innocuité des aliments est un élément) à court et à long terme, et donc la durabilité. Il incombe aux gouvernements et aux collectivités locales de veiller à ce qu'il soit tenu compte de ces normes dans les politiques et les cadres réglementaires.
4. À mesure que l'assiette des recettes publiques diminue, les entreprises et les organisations non gouvernementales (ONG) ont un rôle de plus en plus important à jouer dans l'établissement d'un environnement propice à la durabilité. Les communautés locales et les villages anciens et nouveaux favorisent le développement d'approches réalistes de la durabilité.
5. Des alliances entre les divers groupes d'intérêt de la communauté mondiale sont nécessaires pour représenter les divers impératifs environnementaux. D'un autre côté, l'identification individuelle à une niche écologique est un facteur de durabilité - et le fait de savoir d'où vient la nourriture est un facteur d'identification avec la niche. Edward Wilson a inventé le terme de "biophilie" pour désigner le profond besoin biologique de s'intégrer dans la vie et la nature. Il a identifié plusieurs aspects de la nature qui sont en relation avec le développement humain24 (tableau 1).
Tableau 1 |
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Valeur |
Définition |
Fonction |
Utilité |
Exploitation pratique et matérielle de la nature |
Subsistance physique/sécurité |
Nature |
Expérience directe et exploration de la nature |
Curiosité, découverte, loisirs |
Écologie, science |
Étude systématique des structures, des fonctions et des relations dans la nature |
Connaissance, compréhension et faculté d'observation |
Esthétique |
Paysage et beautés naturelles |
Inspiration, harmonie, sécurité |
Symbolique |
Utilisation symbolique de la nature dans la langue et la pensée |
Communication, développement intellectuel |
Pouvoir |
Maîtrise, régulation physique, domination de la nature |
Aptitudes mécaniques, prouesses physiques, aptitude à dominer |
Humanisme |
Attachement émotionnel et amour pour certains aspects de la nature |
Liens, partage, coopération, convivialité |
Morale |
Révérence spirituelle et souci éthique pour la nature |
Ordre, signification, parenté, altruisme |
Contre-valeurs |
Crainte, aversion, aliénation |
Sécurité, protection, innocuité, crainte de la nature |
6. Les directives diététiques qui font l'objet du plus large consensus international préconisent l'allaitement au sein et une alimentation variée. Au début de l'existence extra-utérine, nous n'avons besoin que d'un seul aliment, fourni par la mère qui, en principe, devrait elle-même manger une nourriture variée; par la suite, nous essayons une grande diversité d'aliments, et s'ils sont disponibles, nous avons une alimentation variée.
7. Il existe maintenant des méthodes simples permettant d'exprimer de façon mathématique la variété de l'alimentation (nombres d'aliments biologiquement distincts consommés pendant une période déterminée)18,19,22,23,35,47. L'observation de divers groupes ethniques permet de constater que la variété de l'alimentation est en corrélation directe avec l'espérance de vie et en corrélation inverse avec la morbidité21,48. Les individus socialement actifs ont en général une alimentation variée20.
8. Les modes de vie associant l'activité sociale, l'activité physique et une alimentation variée sont ceux qui ont le plus de chances d'assurer un état de santé optimal, une grande longévité et une vieillesse robuste49. Ces modes de vie sont aussi ceux qui ont le moins de chances d'induire aux diverses toxicomanies. Mais ils supposent la biodiversité, sans laquelle une alimentation variée serait impossible, et un environnement où il soit agréable d'exercer des activités tant sociales que physiques.
9. La diversité biologique est un facteur de bonne santé pour plusieurs raisons28,50 , à savoir :
i) L'espèce humaine étant omnivore, une alimentation variée est essentielle à la santé.
ii) Les sources de produits alimentaires doivent être diversifiées pour étaler les risques en cas de catastrophes climatiques ou d'infestations qui pourraient en détruire une ou plusieurs.
iii) La diversité botanique et zoologique peut constituer une riche source de substances médicinales, essentielles pour extraire des molécules thérapeutiques encore inconnues.
iv) Les écosystèmes intacts contenant des végétaux et animaux indigènes semblent amortir la propagation des végétaux et animaux envahissants ainsi que des agents pathogènes et des toxines, pour le plus grand bien de la santé des populations voisines.
v) Le plaisir « spirituel » d'explorer la diversité des végétaux, des animaux et des écosystèmes d'une zone semble avoir un effet bénéfique sur la santé mentale, et renforcer le sentiment « d'appartenir » au paysage.
10. Les saisons et la diversité qu'elles entraînent semblent aussi être un facteur de vigueur. Même là où l'on distingue seulement une saison sèche et une saison des pluies, comme sous les tropiques, il y a en réalité de grands changements tout au long de l'année solaire et de l'année lunaire15,24.
11. La diversité biologique est une condition sine qua non d'une alimentation variée.
12. Est-il possible de trouver le matériel génétique nécessaire à la santé humaine dans un éventail moins large d'organismes qui soit équivalent à une biomasse plus diversifiée? C'est une question controversée.
13. Un des facteurs qui détermine les besoins de diversité biologique - du point de vue nutritionnel - est évidemment la variété nécessaire à une alimentation équilibrée. Les observations dont on dispose indiquent qu'au cours de la semaine, l'organisme a besoin d'au moins 20 et peut-être de 30 types d'aliments différents, principalement d'origine végétale35,47.
14. Certains mécanismes de résistance à des infections telles que le paludisme offrent un exemple particulièrement intéressant d'interaction entre la biodiversité et la variété des aliments. Le paludisme est transmis par un parasite passé dans l'espèce humaine dès son émergence, il y a quelque 200 000 ans, selon les études d'homologie génétique des mitochondries effectuées par Sangkot Marzuki à l'institut Eijkman de Djakarta. Plusieurs mutations ont modifié le métabolisme des hématies dans les populations exposées au paludisme, notamment l'anémie falciforme et diverses hémoglobinopathies. Le déficit de glucose 6-phosphate déhydrogénase, qui limite l'assimilation des fèves (et qui pour cette raison est appelé favisme) confère une certaine protection contre le paludisme. En ce cas, une restriction alimentaire améliore l'espérance de vie .
15. Certains exemples de problèmes environnementaux qui compromettent l'équilibre nutritionnel pourront être utiles pour fonder des recommandations concernant la nutrition et la durabilité.
i) L'eau
L'approvisionnement en eau est un des principaux facteurs limitant la production alimentaire et les établissements humains, qui nécessitent suffisamment d'eau salubre. Autrefois, la création de réseaux et la séparation entre l'eau et les déjections humaines et animales ont joué un rôle énorme dans la santé humaine. Aujourd'hui, des réseaux hydrographiques entiers tels que celui du Murray-Darling, le plus grand réseau hydrographique d'Australie, sont pollués par la salinisation, le lessivage des engrais chimiques et des résidus de pesticides et la prolifération des algues toxiques, de sorte que l'eau n'est plus salubre ni pour le bétail ni pour les hommes46. En outre, des prélèvements excessifs pour l'irrigation compromettent même le débit hydrique. En Chine, 60 millions de personnes n'ont pas assez d'eau pour satisfaire leurs besoins quotidiens14, et, en 1996, 50 000 personnes ont été atteintes de maladies liées à la pollution de l'eau14. Il semble que les réserves d'eau dont dispose la Chine pour son expansion agricole et industrielle sont moins importantes qu'on ne le croyait autrefois: la Chine aura donc du mal à nourrir sa population, ce qui aura d'énormes conséquences pour la sécurité alimentaire mondiale. Ainsi, la disponibilité et la salubrité de l'eau sont un des critères de l'intégrité de l'environnement et de la durabilité des approvisionnements alimentaires.
ii) Poisson
Il semble désormais prouvé que la consommation régulière de poisson, principalement mais non exclusivement en tant que source d'acides gras omega-3 à chaîne longue, protège contre plusieurs troubles et maladies7,9,10,11,27,40,41,52, notamment des maladies cardiovasculaires, certains cancers et certains troubles thymiques. Or, les stocks de poisson s'amenuisent sous l'effet de la surexploitation et de la pollution des eaux (www.fao.org). L'aquaculture pourrait offrir une solution partielle à ce problème; toutefois, les méthodes utilisées en aquaculture pour alimenter le poisson peuvent endommager gravement les écosystèmes et réduire les stocks de poissons sauvages. La valeur nutritionnelle et la salubrité des poissons produits dépendent de leur alimentation; la teneur en acides gras oméga-3 peut être extrêmement faible (le poisson peut allonger la chaîne des acides gras oméga-3 provenant des étapes antérieures de la chaîne alimentaire et les désaturer, mais ne peut pas les produire ex novo). Peut-être sera-t-il possible de mettre au point des écosystèmes aquacoles plus durables, par exemple en utilisant des produits d'alimentation génétiquement modifiés contenant des acides gras oméga-3.
iii) Viande
La production des denrées alimentaires provenant des étapes les plus avancées de la chaîne alimentaire telles que la viande et les produits laitiers nécessite une plus grande quantité de biomasse que celle des aliments végétaux. Mais quand leur teneur en matières grasses n'est pas trop forte, ces denrées ont une haute densité nutritionnelle (quantité de nutriments par unité d'énergie), ce qui est un critère de qualité nutritionnelle. La consommation de ces aliments, même en petite quantité, peut donc contribuer puissamment à la salubrité du régime. On peut en déduire que la consommation par la majeure partie des habitants de la planète de petites quantités de viandes serait plus durable sur le plan environnemental que la situation actuelle, dans laquelle quelques pays riches consomment de grandes quantités de viande. Il sera difficile d'esquiver indéfiniment ces problèmes d'équité nutritionnelle dans le contexte de la durabilité des approvisionnements alimentaires.
iv) Soja
Les nutriments fournis par le poisson et la viande - acides gras oméga-3 et protéines de haute qualité - peuvent aussi être fournis par certains aliments végétaux comme le soja (et, dans le cas des acides gras oméga-3, par la graine de lin, le pourpier et certains végétaux marins). Le soja a aussi d'autres propriétés phytochimiques bénéfiques pour la santé en raison de sa teneur exceptionnellement élevée en isflavones telles que daidzien et genistein. C'est probablement de là que vient son apparent effet cardio-protecteur et anti-carcinogénique observé dans les populations chinoises, indonésiennes et japonaises51.
Un régime associant des aliments végétaux nutritifs à de petites quantités de poisson (une à deux rations par semaine suffisent) et de viande est à la fois équilibré sur le plan nutritionnel et durable sur le plan environnemental. Mais comment produire assez d'aliments végétaux tels que le soja pour satisfaire les besoins croissants? Les OGM (organismes génétiquement modifiés) pourraient être utiles à cet effet, parce qu'ils permettent d'obtenir des rendements plus élevés (par exemple le soja génétiquement modifié peut résister aux ravageurs ou aux pesticides) mais ces solutions ne sont sans danger pour l'environnement que si les monocultures ne s'étendent pas au point de réduire la diversité biologique d'ensemble. Pour cela il faudra une bonne "gouvernance environnementale", ce qui suppose une action concertée de nombreux intervenants, tant particuliers qu'organisations, à l'échelle locale, nationale et internationale.
v) Fruits
L'utilité des fruits pour la santé humaine est de plus en plus documentée. Les fruits fournissent non seulement des macro-nutriments - eau et hydrates de carbone (glycogéniques et non glycogéniques) - et des micro-nutriments (vitamines et oligo-éléments) mais aussi des produits phytochimiques protecteurs, notamment des flavonoïdes polyphénoliques, des anthocyanines et une vaste gamme de caroténoïdes. Les fruits et les légumes ont en général un effet de protection contre les maladies cardiovasculaires26,36,37 et les cancers22,23,55. Ils sont aussi parmi les principales sources de diversité dans l'alimentation humaine. Étrangement, les hommes ont plus de mal que les femmes à manger une quantité suffisante de fruits; s'ils le faisaient, la consommation et la production mondiales augmenteraient dans des proportions notables32. Le fruit est un aliment pratique: il est naturellement "emballé" puisque sa peau le protège pendant plusieurs jours ou même plusieurs semaines et en outre, il peut être conservé de bien des façons différentes. La fruticulture est bénéfique pour l'environnement car les arbres fruitiers fournissent un couvert qui améliore l'atmosphère, contribuent à la biodiversité et peuvent souvent être plantés à proximité des lieux de consommation, ce qui réduit les besoins de transport et d'emballage.
L'inconvénient de la production de fruits est qu'elle utilise des pesticides; toutefois, la FAO préconise aujourd'hui des stratégies de lutte raisonnée contre les ravageurs (www.fao.org) qui aident à réduire la pollution par les résidus. Comme pour tous les produits horticoles, l'innocuité des fruits destinés à la consommation humaine doit être assurée tout au long de la chaîne de production, du verger à la bouche. Cet impératif a été récemment rappelé de façon douloureuse lorsque des foyers de salmonellose et d'infection par rotavirus provoqués par des jus de fruits sont apparus en Australie.
vi) Riz
Le riz est une des plus anciennes plantes cultivées par l'homme et un des plus anciens aliments de base; il a probablement été cultivé pour la première fois à Henudu, aux environs de 5 500 avant Jésus-Christ53. Les variétés de riz à haut rendement ont été le principal moteur de la "révolution verte" des années 7028,45. Leur effet net sur l'environnement est controversé et même leur effet sur la consommation par habitant n'est pas certain, vu l'explosion démographique.
La qualité nutritionnelle du riz et notamment sa teneur en protéine ont aussi été améliorées à une époque où la nutrition protéique était un des grands thèmes de la recherche nutritionnelle.
L'amélioration de la productivité de la riziculture et de la qualité du riz a peut-être été suscitée par les théories nutritionnelles de l'époque, qui privilégiaient les aliments de base (et les monocultures) et certains nutriments particuliers. Aujourd'hui nous avons élargi nos horizons et les nutritionnistes préconisent une plus vaste gamme de céréales et une diversité encore plus grande de produits alimentaires, dans la mesure où cela est acceptable sur le plan culturel et réalisable sur le plan pratique.
En outre, nous observons aujourd'hui que l'augmentation de l'utilisation de pesticides s'est accompagnée d'une baisse des rendements de riz (www.fao.org).
Il faudrait s'attacher à développer les types de rizicultures les moins agressifs pour l'environnement, dans le cadre d'une concertation internationale, ce qui aurait des effets bénéfiques pour le commerce. Par exemple, il faudrait privilégier la riziculture pluviale et limiter la riziculture dans les zones où l'approvisionnement en eau est marginal.
vii) Herbes aromatiques et épices
Les herbes aromatiques et les épices tiennent depuis toujours une grande place dans le commerce international. Elles représentent 10 pour cent de la valeur des importations australiennes de produits alimentaires. On appréciait l'utilité pour la santé des herbes aromatiques; quant aux épices, elles étaient recherchées principalement à cause du goût qu'elles confèrent aux aliments, qui rend leur consommation plus agréable. Mais la nouvelle vague de sciences phytochimiques et la compréhension des effets de ces produits sur la santé font qu'on leur attribue aujourd'hui une plus grande importance pour l'alimentation humaine (voir références sur la chimie des herbes aromatiques et des épices)8,12,13. Beaucoup de produits phytochimiques sont des composés polyvalents comportant plusieurs propriétés biologiques: anti-oxydants, anti-inflammatoires, anti-microbiens, immuno-modulateurs, anti-mutagéniques, anti-angiogéniques, anti-néoplastiques, _strogènes, anti-_strogènes, hypolipidémiques, carminatifs, laxatifs, analgésiques ou psychotropes38,39,51.
Historiquement, le commerce des épices a stimulé l'économie marchande, parfois au détriment de l'environnement et en favorisant une colonisation néfaste. Mais comme la quantité d'herbes et d'épices qui peut entrer dans le commerce international et être utile pour la santé humaine n'est pas très grande, il est possible de la produire sans nuire à la biodiversité, par exemple en culture intercalaire, en agriculture de subsistance ou encore en serre. Un autre avantage de ces types de cultures et qu'elles peuvent contribuer à restaurer des environnements pollués. En effet, elles réagissent aux agresseurs environnementaux en produisant beaucoup des composants qui les caractérisent38,39.
L'innocuité microbiologique des herbes et des épices est mieux garantie quand ces produits sont traités par irradiation. C'est dans ce secteur que cette technologie a été pour la première fois appliquée à des produits constituant une composante importante du commerce mondial des produits alimentaires.
La production, le commerce et la consommation des herbes et des épices devraient se développer sous l'effet de la diversification des régimes alimentaires et de la nouvelle conception d'une alimentation saine. Ce développement peut avoir un effet bénéfique pour l'environnement.
16. Étant donné les relations entre des disponibilités en eau et les disponibilités alimentaires et compte tenu de ce que l'on sait maintenant de la diversité de produits alimentaires nécessaires à une bonne santé, il est évident qu'il faut autant que possible intégrer les productions. Les méthodes permettant de le faire sont appelées permaculture30,31 ou éco-agriculture6.
17. En Australie, la viticulture a bénéficié de cette méthode à la suite des expériences-pilotes réalisées dans les vignes de Botobolar en Nouvelle-Galles du Sud, avec les méthodes de régulation écologique comportant des cultures intercalaires assorties de leurs populations d'insectes et d'oiseaux qui s'en nourrissent44.
18. Les pertes après récolte sont un facteur important d'agressions contre l'environnement puisqu'elles obligent à accroître l'effort de production alimentaire plus qu'il ne serait nécessaire autrement. Elles sont dues à de mauvaises méthodes de manutention et de gestion, au stockage dans des entrepôts non protégés contre les ravageurs et les rongeurs et mal climatisés, ce qui est une cause de pourriture et de moisissure, à des techniques de préservation mal adaptées et au manque de moyens de transport entre le champ et le lieu du traitement. En Asie du Sud-Est, jusqu'à 30 pour cent des captures de poisson sont ainsi perdues et une partie de ce qui reste n'est pas salubre1.
19. Beaucoup de zones qui produisaient autrefois des aliments sont maintenant abandonnées à cause de la désertification, de la salinisation ou de la pollution par l'accumulation de métaux lourds provenant des engrais (cadmium par exemple) ou des pesticides. Il aurait été préférable de prévenir cette dégradation notamment en préservant les paramètres environnementaux et les arbres. Mais on commence à disposer de méthodes de restauration écologique. Il est essentiel que les nutritionnistes et les professions médicales aient une vision à long terme du rôle qui leur incombe dans la santé publique et s'efforcent de promouvoir ces méthodes. La production des aliments nutritifs nécessaires dans l'immédiat sans considération du coût environnemental n'est pas une option viable. Heureusement, une alimentation variée, la diversité biologique et la santé humaine, loin d'être incompatibles, sont complémentaires.
20. De nombreuses politiques de nutrition privilégient la production locale pour des raisons de sécurité alimentaire et de santé34. La justification de cette politique est qu'elle assure la continuité des approvisionnements même en période de crise du commerce des produits alimentaires, qu'elle évite la disparition des connaissances et des compétences en matière d'alimentation et de production vivrière et qu'elle préserve la culture alimentaire, les croyances et les coutumes locales ainsi que les équilibres traditionnels, même si les habitudes alimentaires tendent à se moderniser. On peut espérer que la modification des habitudes alimentaires suivra les voies préconisées par la science et par des considérations de santé et d'environnement.
21. L'attachement aux denrées alimentaire et aux cuisines locales n'exclut pas le commerce des produits alimentaires qui peut en tout état de cause être complémentaire des approvisionnements locaux. Bien que les humains aient migré très loin de leur lieu d'origine - à proximité de la vallée du Rift en Afrique - pour occuper diverses niches écologiques qu'ils exploitent avec succès, la sécurité alimentaire de beaucoup de communautés et de nations est aujourd'hui tributaire du commerce, dans une mesure plus ou moins grande, surtout dans les zones où la population a augmenté dans des proportions telles que la capacité locale de production vivrière et les ressources hydriques ne sont plus suffisantes; cette situation est souvent due au fait qu'il était possible d'importer des produits alimentaires.
22. Le commerce des produits alimentaires est particulièrement nécessaire à la survie dans les états insulaires, les économies de désert, les régions isolées dans la montagne ou dans les glaces. Ces zones étaient autrefois peuplées par de petites communautés de marins ou de nomades, qui avaient développé au plus haut point l'art de la chasse et de la cueillette, auxquelles sont venues s'ajouter une agriculture ou un élevage de subsistance. Jusqu'à tout récemment, c'est ainsi que les populations autochtones se nourrissaient. Les possibilités offertes par le commerce ont, d'une certaine façon, transformé leurs modes de subsistance et il faudrait examiner la situation de ces populations, de leur alimentation et de leurs écosystèmes, dans un esprit de concertation et de respect.
23. Dans les communautés insulaires du Pacifique, généralement petites et isolées à l'extrémité de longs itinéraires commerciaux, les aliments locaux sont en général limités et les aliments importés coûteux. Les régimes traditionnels, riches en poisson et fruits de mer, complétés par de la noix de coco, des légumes verts et des plantes-racines, avec quelques volatiles et leurs _ufs, répondaient remarquablement bien à leurs besoins jusqu'au début de ce siècle. Cela nous donne certaines indications sur la diversité minimum et sur les produits nécessaires pour assurer cette diversité. Il n'a pas été facile de s'adapter et d'apprendre à manger sainement dans le contexte de l'évolution rapide des approvisionnements alimentaires, du développement des importations d'aliments et de leur effet sur la production vivrière locale. Il en est résulté une augmentation spectaculaire de la prévalence de l'obésité, du diabète non insulino-dépendant et des maladies cardiovasculaires42,43,58,59. Une partie de ces problèmes tient à la réduction des dépenses d'énergie depuis que les aliments peuvent être obtenus sans effort physique.
24. Singapour est une Cité-État insulaire ou l'urbanisation a produit des effets analogues. La politique de Singapour a consisté à importer pratiquement tous les aliments nécessaires et à consacrer les ressources telles que la terre à la réalisation de prouesses technologiques et économiques. Les gouvernements et les organismes internationaux se sont attaqués au problème de l'inactivité physique et de l'obésité par des actions dans les écoles, les forces armées et le grand public. Malgré tout, la prévalence du diabète non insulino-dépendant et des maladies cardiovasculaires sont supérieures à ce qu'elles étaient aux premiers temps de l'industrialisation. Ce phénomène fait apparaître la nécessité d'accompagner les nouvelles initiatives commerciales par de vastes politiques de santé.
25. Certaines zones géographiques sont caractérisées par des carences nutritionnelles endémiques telles que la carence en iode ou en sélénium, à cause du déficit de ces éléments dans les sols17; certaines zones manquent d'eau salubre de sorte que l'approvisionnement en acides gras oméga-3 est difficile40,41; ou bien encore, certaines plantes poussent difficilement et les nutriments qu'elles fournissent ne sont pas disponibles. Manifestement, les importations aident à résoudre ces problèmes sans avoir recours à l'enrichissement ou à la supplémentation des aliments, qui sont généralement des solutions moins satisfaisantes car elles reposent sur une conception simpliste des carences, qui sont réduites à la carence de tel et tel nutriment ou composant.
26. Il faut aussi envisager le cas particulier des vastes états continentaux capables de produire tout un éventail de produits alimentaires dans différentes zones climatiques et d'exporter de grandes quantités de vivres. Ces États ont une importante responsabilité dans l'approvisionnement alimentaire durable à l'échelle internationale.
27. Les migrations de populations qui conservent leurs habitudes alimentaires dans le pays d'immigration stimulent souvent le commerce des produits alimentaires. Ce phénomène est particulièrement visible dans des pays multiculturels à économie avancée tels que les pays d'Amérique du Nord et d'Australasie. Beaucoup d'indices portent à croire que l'introduction de nouveaux produits alimentaires dans ces pays a contribué au progrès de la santé. Un recours plus large au commerce des produits alimentaires aurait peut-être permis de sauver certains écosystèmes précaires tels que les rizières australiennes.
28. Du point de vue environnemental, le commerce des produits alimentaires devrait être limité par les considérations suivantes:
i) importer des aliments revient à exporter les problèmes écologiques que crée leur production
ii) le transport des produits alimentaires consomme des ressources non renouvelables
iii) les importations alimentaires ont des effets sur l'éco-agriculture locale. Dans certaines parties du monde, de nouveaux écosystèmes durables se sont développés dans le prolongement des pratiques agricoles anciennes, par exemple en Europe, en Afrique, en Amérique centrale et du Sud, en Extrême-Orient et en Asie du Sud-Est. Ordinairement, la faune aviaire et entomologique est modifiée par les cultures.
29. À chaque étape de la filière des produits alimentaires, la salubrité des aliments peut être compromise. Les problèmes peuvent être d'ordre microbiologique, physique (saleté) chimique (contaminants, toxines d'origine naturelle) ou nutritionnel (modification des composants des aliments ou de la probabilité d'utilisation d'un aliment dans une cuisine, qu'elle soit traditionnelle, nouvelle ou composite).
30. Les nouveaux environnements de la production alimentaire, le développement du commerce des produits alimentaires, les nouvelles technologies alimentaires et en particulier les biotechnologies et l'évolution des habitudes alimentaires nécessitent des techniques d'analyse du risque, de gestion et de communication plus perfectionnées qu'autrefois.
31. En horticulture traditionnelle, on pouvait utiliser les déjections animales ou humaines comme fumier et traiter les fruits pour parer aux risques microbiologiques. Mais cela n'est pas possible quand les fruits sont envoyés à une fabrique de jus. On peut citer de nombreux exemples de situations dans lesquelles certaines coutumes écologiques, alimentaires et nutritionnelles permettent de résoudre partiellement les problèmes, mais qui nécessiteront de plus en plus de protocoles et de procédures pour assurer l'innocuité des aliments.
32. À la suite d'une résolution adoptée à Chypre en 199556, la FAO et l'OMS ont formulé et promulgué des directives diététiques basées sur les produits alimentaires.
33. Ces directives tiennent compte du dernier état des sciences de l'alimentation, de la nutrition et de la santé et proposent une approche dans lesquelles les communautés peuvent intégrer ces connaissances dans les habitudes alimentaires et les cuisines locales. Elles reconnaissent que dans le cas d'une espèce omnivore, l'alimentation peut contribuer à la santé de bien des façons différentes. Toutefois, un principe universel est qu'une alimentation variée est bénéfique et qu'un régime consistant essentiellement en un seul aliment de base est moins satisfaisant aussi bien du point de vue de la santé que du point de vue de la sécurité alimentaire.
34. Les directives sont donc favorables à une approche durable de l'alimentation et de la santé humaine.
35. L'état sanitaire de l'humanité évolue profondément notamment du fait de l'émergence de maladies liées aux modes de vie (les maladies non transmissibles chroniques) et cette évolution se poursuivra57.
36. Ce qui est étonnant, c'est que les maladies dites non transmissibles peuvent comporter des éléments transmissibles, par exemple H. pylori dans les troubles gastro-oesophagiens29 et Chlamydia dans les athéroscléroses vasculaires. Les relations entre la nutrition d'une part, les immunités et l'infection de l'autre, sont omniprésentes. Par ailleurs, la sous-alimentation, même intra-utero et dans l'enfance, peut être un facteur étiologique des maladies chroniques non transmissibles2,3,4,5,33. Ainsi, les disponibilités alimentaires tout au long de la vie et leur rôle dans la santé familiale sont un facteur important.
37. L'évolution démographique et en particulier le vieillissement des population a fait évoluer la théorie de l'éconutrition. Les personnes âgées constituent une source de connaissances sur la santé et la nutrition et, étant donné leur fragilité, elles ont en même temps des besoins nutritionnels spéciaux25,54. Mais le potentiel biologique des personnes âgées est plus grand qu'on ne le pensait autrefois25, à mesure que l'espérance de vie augmente et que la morbidité se concentre vers la fin de la vie. Or, les personnes âgées font elles aussi partie des filières alimentaires. Selon les projections démographiques, la population de la planète se stabilisera vers l'an 2020 et la proportion des personnes âgées de plus de 60 ans sera de l'ordre de 20 pour cent. Étant donné cette forte proportion de personnes âgées, toute stratégie durable en matière d'alimentation et de santé devra les prendre en compte.
38. Les efforts faits pour améliorer la santé humaine ne sauraient négliger l'apport que peut fournir l'alimentation. Les innovations de la technologie alimentaire, assorties d'une conception progressiste de la nutrition, permettront de mettre au point de nouveaux aliments à cet effet.
39. Toutefois, de nouveaux problèmes apparaîtront - troubles de l'humeur et troubles cognitifs, nouvelles infections - et de nouvelles questions se poseront au sujet du rôle de l'alimentation et de l'environnement. C'est dans ce contexte que l'éconutrition devra devenir plus préventive.
· Il faudrait aborder de façon scientifique et expérimentale la question de la production alimentaire respectueuse de l'environnement et de ses conséquences pour la santé.
· Il faudrait une approche concertée entre les organisations internationales, les entreprises, les ONG et les communautés pour assurer la durabilité de l'approvisionnement alimentaire de la planète.
· Il faudrait faire un effort pour assurer une bonne gouvernance dans la gestion de la production alimentaire, du commerce des produits alimentaires, du traitement et de la conception des aliments et des aspects de la nutrition qui concernent la santé publique.
· Il faudrait tenir dûment compte de l'évolution de la démographie et de la situation sanitaire dans la politique de l'environnement.
1. ASEAN Food Conference, Kuala Lumpur, 26-29 July 1994.
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