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La mission FAO/PAM d’évaluation s’est rendue dans le pays du 15 au 31 janvier 1998 et a procédé à son évaluation, sur la base de visites de terrain dans les principales zones à pluviosité bimodale et unimodale et d’échanges de vues avec des fonctionnaires des ministères et des départements clés du Gouvernement, et des représentants d’organisations des Nations Unies, d’organismes bilatéraux, du secteur privé et d’ONG s’occupant d’alimentation.
En examinant la situation générale des disponibilités alimentaires en Tanzanie pour 1997/98, la mission a fait remarquer qu’elle avait été limitée dans sa tâche car elle n’avait pu aller évaluer sur place les résultats des récoltes de la campagne "masika" et de la saison des longues pluies 1997, qui constituent la principale source d’approvisionnements vivriers intérieurs. La mission a constaté, encore plus que les années normales, que la situation alimentaire du pays est très dépendante des transports et de l’accessibilité. Dans les zones qui n’ont pas été gravement touchées par les perturbations dans les transports et où les marchés fonctionnent relativement bien, par exemple celles de Dar es Salaam, Morogoro et Arusha, la situation des disponibilités alimentaires semble assez stable, les prix sont conformes à la tendance et n’ont pas subi de hausses anormales à cause des pénuries. En effet, sur les marchés accessibles, le prix moyen du maïs en gros pratiqué au niveau national durant la période septembre-décembre l’an dernier est resté nettement inférieur aux cours internationaux (c.a.f.), ce qui pourrait avoir dissuadé le secteur privé d’importer davantage de céréales malgré l’exemption du paiement d’un droit sur le maïs. En revanche, dans les zones où la récolte a été médiocre l’année dernière et qui, de plus, sont isolées en raison de problèmes de transport, on craint beaucoup les pénuries. Dans ces zones, les prix ont brusquement monté car la circulation des denrées alimentaires, et d’autres marchandises essentielles, est devenue très problématique. Sont également menacés des groupes vulnérables de population qui ont perdu leurs récoltes et leurs biens et dont le pouvoir d’achat est faible qu’ils ne peuvent se procurer des vivres.
Tenant compte de ce double aspect, la mission a conclu que la priorité immédiate de tout appel à l’aide internationale devrait être axée sur les difficultés de transport et l’acheminement des produits alimentaires dès que possible vers les zones où ils font défaut, et non sur l’envoi de nouveaux volumes d’aide alimentaire d’urgence.
Malgré les très importants dégâts causés par les inondations à l’agriculture, à l’infrastructure et à l’économie depuis l’année dernière, les précipitations accrues ont eu dans l’ensemble certains effets bénéfiques sur les récoltes de la campagne "vuli". Bien qu’il y ait eu de fortes pertes de récolte dans les bas-fonds argileux et dans les vallées, on estime que la hausse de production enregistrée dans les zones plus élevées et sur les sols principalement limoneux, qui ont bénéficié de précipitations plus abondantes, compensera en partie ces pertes. En outre, après plusieurs années de sécheresse dans la plupart des régions, les agriculteurs ont augmenté les cultures vivrières de sécurité comme le manioc et la patate douce, qui devraient donner de bons rendements cette année.
La mission a toutefois observé que le manque de liquidités pour l’achat de semences améliorées et d’engrais, dont le coût a augmenté en flèche depuis la suppression des subventions, a sensiblement réduit l’utilisation d’intrants et donc le potentiel de production, notamment pour des aliments de base comme le maïs dans certaines régions. En outre, après avoir été exploités sans interruption pendant des années, les sols s’épuisent, et devraient recevoir de l’azote en particulier dans les plus brefs délais. Il faudrait aussi envisager une aide internationale à cet égard, afin de renforcer la sécurité alimentaire dans les zones vulnérables.
En se fondant sur des estimations des superficies et des rendements, et en utilisant des facteurs conventionnels pour convertir les cultures non céréalières en équivalent céréales, on estime la récolte de la campagne "vuli" de 1998 à quelque 1,58 million de tonnes en équivalent céréales. En prenant en compte les stocks vivriers disponibles début février, on estime à environ 1,93 million de tonnes les disponibilités nationales en équivalent céréales. Par contre, les besoins d’utilisation, y compris les provisions pour les semences, l’alimentation animale et les pertes, et les stocks stratégiques de clôture, sont estimés à 2,18 millions de tonnes; les besoins d’importations sont donc d’environ 250 000 tonnes de céréales pour les quatre derniers mois (février-mai) de la campagne commerciale 1997/98. Sur ce total, les importations commerciales et d’aide alimentaire dans la filière se montent à 59 000 tonnes (principalement blé et riz) et 32 000 tonnes respectivement. Si le rapport entre les prix intérieurs et les cours mondiaux du maïs devenait plus favorable, le secteur privé pourrait acheter le solde. Cela pourrait se produire maintenant, car les cours mondiaux du maïs blanc devraient chuter puisqu’on redoute moins d’enregistrer une récolte très réduite en Afrique australe.
Etant donné les effets du phénomène El Niño
cette année, les résultats de la campagne "masika" et des
longues pluies de 1998 et les perspectives immédiates concernant
la sécurité alimentaire dépendront des précipitations
au cours de la période critique des deux prochains mois. Si la campagne
se poursuit plus ou moins normalement, avec une période de temps
sec début février pour préparer les sols et les semis,
les deux récoltes devraient être bonnes du fait que le taux
d’humidité dans le sol a augmenté. La situation générale
des disponibilités alimentaires restant précaire, le Gouvernement
pourrait envisager une autre évaluation des disponibilités
alimentaires à ce moment-là.
L’économie est largement tributaire de l’agriculture, principal facteur déterminant la croissance. En 1995, environ 57 pour cent du PIB provenait du secteur agricole, alors que d’autres secteurs productifs comme les industries extractives et manufacturières représentaient moins de 10 pour cent et l’ensemble transports et commerce 22 pour cent. Les principales cultures de rapport et d’exportation sont le café et le coton, suivis du thé, du sisal, du tabac, des noix de cajou et des clous de girofle. Malgré l’importance du secteur agricole, les dépenses publiques qui lui ont été consacrés au cours des deux dernières décennies ont diminué, alors que la contribution du secteur au PIB a augmenté.
Le secteur agricole est aussi celui qui assure les plus fortes recettes d’exportation. Les pluies abondantes et les inondations depuis la fin de 1997 auront de graves effets sur la production de café et de coton, ce qui pourrait entraîner une baisse sensible du volume des exportations. Le secteur des exportations est fortement tributaire de ces cultures, qui ont contribué pour environ 63 pour cent aux exportations de produits de base traditionnels en 1995/96. En outre, l’Association des pays producteurs de café (ACPC) prévoit une augmentation générale de l’offre des pays d’Amérique centrale, ce qui aura pour effet de déprimer les prix et les recettes d’exportation de la Tanzanie. Par ailleurs, les recettes provenant des exportations de tabac pourraient aussi être affectées par la baisse de production et de qualité due à une grave pénurie d’engrais, tandis que l’interdiction actuelle d’exporter du maïs pourrait réduire les recettes provenant de marchés bien établis dans les pays voisins. Toutefois, dans une certaine mesure, la diminution des recettes d’exportation pourrait être compensée par une augmentation des exportations de noix de cajou, grâce à la production accrue dans les zones méridionales où les pluies ont été généralement favorables à cette culture. Il y a aussi tout lieu de croire que les revenus des ménages provenant des noix de cajou augmenteront sous l’effet de l’accroissement de la production et des ventes cette année, ce qui devrait améliorer les perspectives de sécurité alimentaire.
Dans l’ensemble, malgré une légère amélioration de la balance commerciale à la fin de l’année dernière, le déficit extérieur du pays risque de s’aggraver au cours des prochains mois en raison de la baisse des recettes d’exportation et des pressions plus fortes sur les importations de produits alimentaires et autres. Etant donné les difficultés de la balance commerciale, les impératifs de la discipline financière dans l’économie et du service de la dette extérieure, le Gouvernement a très peu de marge pour financer les importations alimentaires sans un soutien budgétaire substantiel. Compte tenu de cette situation et de la tendance à la libéralisation des échanges, toute importation supplémentaire de produits alimentaires devra passer par le secteur privé qui, à son tour, devra bénéficier d’incitations financières appropriées.
Le bon fonctionnement de l’économie, des marchés et du secteur agricole en particulier est fortement limité par un réseau de transport intérieur complètement inadéquat. L’accès aux zones rurales reste particulièrement difficile, car 10 pour cent seulement des routes d’accès à ces zones seraient dans un état acceptable. Il va sans dire que le bouleversement des transports cette année aggravera encore les problèmes de communication et de transport des produits alimentaires.
Cette année, les marchés ont vu leur fonctionnement se
détériorer dans de nombreuses zones, les prix reflétant
des problèmes d’approvisionnement qui sont davantage dus aux difficultés
d’accès qu’à la rareté des produits en général.
En d’autres termes, dans certaines zones, des produits pourraient être
disponibles mais il n’est pas possible de les transporter jusque dans les
zones qui en ont besoin. Cela a eu un effet très net sur les prix
qui ont baissé dans les zones excédentaires et augmenté
dans les zones déficitaires. Selon certains rapports, la distance
entre les deux serait parfois inférieure à 10 kilomètres.
En janvier, qui est normalement un mois sec dans les zones de pluies "vuli", les précipitations ont continué, abondantes; Arusha, par exemple, a reçu 214 pour cent des précipitations mensuelles normales durant les vingt premiers jours. Les pluies qui ont continué pendant le mois de janvier ont entravé les travaux de préparation des sols pour les cultures de la campagne "masika", qui sont normalement semées après la période sèche de janvier/février. Il pleuvait encore au moment de la visite de la mission dans la deuxième moitié de janvier, Same et Moshi dans la région du Kilimandjaro enregistrant 510 et 897 pour cent respectivement des précipitations moyennes à long terme durant les vingt premiers jours du mois.
Dans les régions à pluviosité unimodale, les pluies ont commencé fin octobre/début novembre et ont continué jusqu’à fin janvier, Mbeya recevant 286 pour cent des précipitations normales jusqu’à la fin de décembre. Presque toutes les régions ont enregistré une pluviosité supérieure à la moyenne entre octobre et décembre, à l’exception de Songea, qui a reçu 92 pour cent des précipitations normales.
Ces pluies abondantes ont eu pour principale conséquence de fortes inondations dans les basses terres, notamment dans les zones aux sols argileux lourds de Shinyanga, les secteurs de Mara, d’Arusha, du Kilimandjaro, d’Iringa et le long de la côte au nord de Lindi. La culture du coton, qui pousse normalement sur ces sols dans les zones de Shinyanga, Mara et Mwanza, a subi de graves dégâts.
Les pluies "vuli" ont été déficitaires en 1996/97 et les pluies "masika" ont été mal réparties dans certaines régions, de sorte que les agriculteurs des régions à pluviosité bimodale du pays et dans les régions de Dodoma, Singida, Tabora et Mwanza ont accru leurs cultures xérophiles dont la patate douce, le manioc, le mil et le sorgho. Toutefois, dans de nombreuses zones, les agriculteurs n’étaient pas préparés à l’arrivée précoce des pluies "vuli". La forte intensité des précipitations a également provoqué la croissance rapide des graminées et des adventices, qui continuent d’entraver les labours, et l’engorgement des sols dans certaines contrées. Ces facteurs ont conduit à une réduction des superficies cultivées dans certaines zones. Dans les régions à pluviosité unimodale, toutefois, les agriculteurs ont profité des précipitations pour augmenter les superficies consacrées à la patate douce, au manioc, au maïs et au sorgho et on prévoit de bonnes récoltes.
Les zones plus élevées aux sols sableux ou limoneux bien
drainés ont reçu des pluies suffisantes en toutes saisons
et les récoltes de maïs, sorgho, manioc, patates douces, mil
et bananes devraient être bonnes. Néanmoins, la récolte
de haricots a souffert des pluies incessantes et l’on prévoit une
baisse des rendements.
3.3.1 Superficies ensemencées
Les estimations des superficies ensemencées ont été tirées des sources suivantes:
3.3.2 Rendements agricoles
Le Ministère de l’agriculture et des coopératives n’effectue pas de coupe-échantillons au moment des récoltes afin d’estimer les rendements agricoles. Les estimations de ces rendements ont été fondées sur des visites dans les exploitations, et des informations et données recueillies auprès des agriculteurs et du personnel des services agricoles au niveau des régions et des districts. En outre, les chiffres relatifs aux rendements moyens à long terme fournis par le Ministère de l’agriculture aux niveaux national et sous-national ont aussi été pris en compte.
3.3.3 Production végétale
La récolte de la campagne "vuli" de 1997/98 est estimée
en poids sec, qui correspond à peu près à l’équivalent
en céréales. Malgré des pertes dans les zones de basses
terres, les cultures de plateau devraient donner de bons rendements et,
en conséquence, la production globale de la campagne "vuli" de 1998
sera sensiblement supérieure à celle affectée par
la sécheresse de 1997. La production de manioc et de patates douces
devrait enregistrer un net accroissement, grâce à une augmentation
sensible des superficies car de nombreux agriculteurs ont diversifié
leurs cultures pour renforcer la sécurité alimentaire au
niveau des ménages, après une série de récoltes
"vuli" réduites par la sécheresse ces dernières années.
Toutefois, la production de haricots devrait diminuer en raison des fortes
pluies, qui ont réduit la mise à grain et créé
des conditions favorables à la diffusion des maladies fongiques.
Le tableau 1 récapitule les chiffres concernant la production totale
de la campagne "vuli" de 1998 en équivalent céréales,
et le tableau 2 présente les chiffres par région.
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Superficie (en milliers d’ha) | Rendement (kg/ha) | Production (tonnes) |
Maïs | 375 | 1 448 | 545.7 |
Sorgho | 155.2 | 1 151 | 178.6 |
Riz | 23 | 1 983 | 45.6 |
Mil | 5 | 1 020 | 5.1 |
Blé | 15.9 | 1 648 | 26.2 |
Total céréales | 564.1 | 1 390 | 801.2 |
Manioc | 159.4 | 2 508 | 399.8 |
Patates douces | 51.4 | 2 268 | 116.6 |
Total plantes racines | 210.8 | 2 450 | 516.4 |
Légumineuses | 111.9 | 684 | 76.5 |
Bananes | 69 | 2 674 | 186.9 |
3.3.4 Production animale
La plupart des routes ayant été endommagées, le
bétail n’a pu être transporté normalement jusqu’aux
marchés, principalement dans la région de Dar es Salaam,
d’où une baisse sensible des prix dans les grandes régions
productrices de bétail comme celles de Shinyanga et de Mara. En
janvier 1998, un boeuf était estimé à 20 000-30 000
ShT, alors que le prix normal est d’environ 80 - 100 000 ShT. Dans des
régions comme Mara où le transport est difficile, les termes
de l’échange pour le bétail se sont nettement détériorés,
et on échange maintenant un petit boeuf contre un sac de maïs
alors que, dans des conditions normales, il s’agirait de quatre ou cinq
sacs.
Les perspectives générales pour la récolte de la
campagne "masika" dépendent en grande partie du régime des
pluies de la fin janvier à avril. Si la saison était normale,
les récoltes de la campagne "masika" devraient donner de bons rendements,
étant donné le taux d’humidité élevé
dans les sols, les pluies "vuli" ayant été bien supérieures
à la moyenne. Cependant, si les pluies abondantes continuent sans
interruption, les superficies cultivées diminueront dans les régions
de récoltes "masika", l’inondation permanente des sols fertiles
des basses terres réduisant les perspectives de rendements et de
production.
Les rendements des cultures d’altitude dans les régions de Dodoma, Singida et Tabora et dans certaines parties du Shinyanga seront bons si les pluies continuent jusqu’à la fin de février. A ce moment-là, le maïs devrait avoir passé l’étape critique de la floraison mâle. Le sorgho et le mil sur les sols bien drainés devraient aussi donner de bons rendements, alors qu’à basse altitude, sur les terres temporairement engorgées, les rendements seront réduits. Sur les terres naturellement bien drainées d’altitude, la production de manioc, de patates douces et de bananes sera très bonne. En outre, les semis et les rendements du riz seront très supérieurs car l’eau est disponible en abondance, ce qui compensera largement les pertes de riz dues aux inondations dans les basses terres.
Dans les principales régions productrices de maïs, Mbeya,
Iringa, Ruvuma et Rukwa, les rendements devraient fléchir d’environ
10 pour cent, à condition que les pluies restent normales. Cette
réduction est due principalement à un lessivage supérieur
à la moyenne de l’azote présent en quantités déjà
limitées dans la couche arable. Après des années de
production ininterrompue de maïs, durant lesquelles on a appliqué
peu ou pas d’engrais du tout, les sols dans ces zones au potentiel élevé
commencent à s’épuiser et, si l’on n’applique ni mesures
correctives ni engrais, les rendements continueront à baisser.
Maïs | Sorgho | Riz | Mil | Blé | |||||||||||
Région | Superf.
(mil. ha) |
Rend.
(kg/ha) |
Production
(tonnes) |
Superf.
(mil. ha) |
Rend.
(kg/ha) |
Production
tonnes) |
Superf.
mil. ha) |
Rend.
(kg/ha) |
Production
(tonnes) |
Superf.
(mil. ha) |
Rend.
(kg/ha) |
Production
(tonnes) |
Superf.
(mil. ha) |
Rend.
(kg/ha) |
Production
(tonnes) |
Mara | 13.0 | 1 700 | 22.1 | 20.0 | 1 300 | 26.0 | 1.0 | 1 600 | 1.6 | 0.5 | 1 100 | 0.6 | 0.0 | 0 | 0.0 |
Arusha | 50.0 | 1 600 | 80.0 | 10.0 | 1 200 | 12.0 | 2.6 | 2 300 | 5.98 | 3.4 | 1 000 | 3.4 | 14.0 | 1 700 | 23.8 |
Kilimanjaro | 30.0 | 1 500 | 45.0 | 1.5 | 1 300 | 2.0 | 3.2 | 2 500 | 8 | - | - | - | 1.2 | 1 400 | 1.7 |
Tanga | 20.0 | 1 500 | 30.0 | - | - | - | 2.1 | 1 900 | 3.99 | - | - | - | 0.7 | 1 000 | 0.7 |
Morogoro | 40.0 | 1 400 | 56.0 | 8.0 | 1 200 | 9.6 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 |
Mbeya | 20.0 | 1 600 | 32.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 1.0 | 1 800 | 1.8 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 |
Coast/DSM | 11.0 | 1 100 | 12.1 | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - |
Kagera | 51.0 | 1 500 | 76.5 | 2.7 | 1 300 | 3.5 | 0.1 | 2 000 | 0.2 | - | - | - | - | - | - |
Kigoma | 40.0 | 1 800 | 72.0 | 3.0 | 1 500 | 4.5 | 3.0 | 2 000 | 6 | 0.1 | 1 000 | 0.1 | - | - | - |
Mwanza | 100.0 | 1 200 | 120.0 | 110.0 | 1 100 | 121.0 | 10.0 | 1 800 | 18 | 1.0 | 1 000 | 1.0 | |||
Total | 375 | 545.7 | 155.2 | 178.6 | 23.0 | 45.6 | 5.0 | 5.1 | 15.9 | 26.2 |
Manioc | Patates Douces | Légumineuses | Bananes | |||||||||
Région | Superf.
(mil. ha) |
Rend.
(kg/ha) |
Production
(tonnes) |
Superf.
mil. ha) |
Rend.
(kg/ha) |
Production
(tonnes) |
Superf.
(mil. ha) |
Rend.
(kg/ha) |
Production
(tonnes) |
Superf.
(mil. ha) |
Rend.
(kg/ha) |
Production
(tonnes) |
Mara | 15.6 | 2 400 | 37.4 | 9.6 | 2 300 | 22.1 | 3.3 | 700 | 2.3 | 0.8 | 3 000 | 2.4 |
Arusha | 1.1 | 2 800 | 3.1 | 2.3 | 3 000 | 6.9> | 30.0 | 600 | 18.0 | 3.4 | 2 700 | 9.2 |
Kilimanjaro | 6.0 | 3 100 | 18.6 | 2.5 | 3 000 | 7.5 | 12.8 | 400 | 5.1 | 21.0 | 2 700 | 56.7 |
Tanga | 26.2 | 2 500> | 65.5 | 4.9 | 3 000 | 14.7 | 0.8 | 600 | 0.5 | 16.0 | 2 500 | 40.0 |
Morogoro | 20.0 | 2 400 | 48.0 | 1.0 | 2 000 | 2.0 | 10.0 | 500 | 5.0 | 3.0 | 2 500 | 7.5 |
Mbeya | 1.5 | 2 400 | 3.6 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 5.0 | 2 500 | 12.5 |
Coast/DSM | 28.0 | 2 600 | 72.8 | 1.6 | 1 500 | 2.4 | 0.0 | 0 | 0.0 | 1.6 | 2 500 | 4.0 |
Kagera | 11.0 | 2 800 | 30.8 | 8.0 | 2 000 | 16.0 | 25.0 | 900 | 22.5 | 14.0 | 3 000 | 42.0 |
Kigoma | 10.0 | 2 400 | 24.0 | 1.5 | 2 000 | 3.0 | 21.0 | 900 | 18.9 | 3.2 | 3 000 | 9.6 |
Mwanza | 40.0 | 2 400 | 96.0 | 20.0 | 2 100 | 42.0 | 9.0 | 500 | 4.5 | 1.0 | 3 000 | 3.0 |
Total | 159.4 | 399.8 | 51.4 | 116.6 | 111.9 | 76.5 | 69.0 | 186.9 |
Source: Ministère de l’agriculture aux niveaux
des régions et des districts et estimations de la mission.
Mwanza compte sept districts, dont cinq ont été gravement touchés par les fortes précipitations. Les plus durement frappés ont été les districts de Kwimba, Magu et Misungwe, qui ont une pluviosité unimodale, alors que les autres districts ont une pluviosité bimodale. Les inondations ont complètement détruit les cultures de coton et de maïs dans les basses terres de la région. Le riz a été moins touché et une grande partie pourra être repiquée avec de bons résultats. En décembre, les superficies portant des cultures vivrières étaient estimées à 319 000 hectares, alors que l’objectif était de 601 000 hectares. Aucun chiffre relatif aux superficies, ventilées par culture ou sur une base saisonnière, n’était disponible et les chiffres relatifs au maïs, au sorgho et aux autres cultures vivrières sont des estimations de la mission. Les perspectives générales pour la production rizicole de cette année sont favorables étant donné l’extension des superficies plantées et un meilleur taux d’humidité. Toutefois, les précipitations des prochaines semaines seront décisives. Dans les zones de colline, les plantes racines devraient aussi donner de bons rendements cette année grâce à l’accroissement des semis et aux conditions favorables.
Malgré les épidémies de maladies transmises par les tiques, le bétail serait dans l’ensemble en bon état, et les prix dans la ville de Mwanza seraient pour cette époque de l’année à peu près normaux. Dans les zones plus reculées, toutefois, les prix du bétail ont chuté en raison des difficultés de transport et des ventes indispensables pour l’achat de céréales.
Comme dans d’autres régions, les récoltes ayant été médiocres l’année précédente, les agriculteurs se sont efforcés d’augmenter leurs cultures vivrières en 1998. Ces cultures ont eu la priorité sur les cultures de rente, les semis de coton étant estimés à seulement 81 000 hectares, alors que l’objectif fixé était de 188 000 ha. Les surfaces plantées en manioc et en patate douce ont considérablement augmenté et cela aura un effet très positif sur la sécurité alimentaire dans les mois à venir. De grandes quantités de patates douces devraient être disponibles à partir d’avril.
Mara
La récolte de la campagne "vuli" dans la région de Mara représente en année normale entre 30 et 40 pour cent de la production végétale totale. Après une suite de mauvaises récoltes "vuli" dues à la sécheresse, les agriculteurs ont semé du maïs et d’autres cultures vivrières dans la vallée de la Mara où les pluies abondantes cette année ont détruit les cultures. Toutefois, la production végétale est concentrée surtout sur les collines, où la production a en général profité des pluies en 1997/98. Les cultures de la campagne "vuli" sur les plateaux de Tarime, une des grandes zones de production agricole, étaient en très bon état et la production de maïs et de sorgho devrait augmenter sensiblement par rapport à celle de l’an dernier. On a également observé que l’état de santé des animaux était satisfaisant en général, mais qu’il serait bon de prendre des mesures de prévention contre des maladies comme la douve du foie.
Kilimandjaro
Le Kilimandjaro a trois zones agro-écologiques: les hautes terres au-dessus 1 200 mètres, où l’on cultive principalement des bananes, avec quelques cultures intercalaires: café, haricots et maïs; b) les basses terres orientales, qui bénéficient des vents portant la pluie et c) les basses terres occidentales, qui ont normalement un climat sec, d’où une récolte de maïs souvent médiocre en cas de sécheresse.
Les districts de Rombo, Same et Mwanga sont tributaires des pluies "vuli", déficitaires ces cinq dernières années. Les précipitations dans le district de Same, entre octobre et le 20 janvier, ont atteint 470 mm, contre 163 mm en moyenne pour cette période de l’année. Un schéma similaire a été observé dans d’autres districts. Les districts de Moshi Rural et Hai dépendent principalement des pluies "masika" et les agriculteurs de ces districts ont été pris au dépourvu par les précipitations très abondantes de novembre /décembre et n’avaient pas planté de cultures vivrières. Les bananes sont l’aliment de base, fournissant 70 pour cent de la consommation alimentaire totale. La récolte de la campagne "vuli" couvre environ 30 pour cent des besoins dans la région du Kilimandjaro. Les cultures de haricots devraient afficher des rendements très réduits de 400 kg/ha, soit environ la moitié de l’année précédente.
Arusha
La population de la région d’Arusha est d’environ 1,8 million de personnes, en majorité des pasteurs, l’élevage étant la principale activité économique. La campagne 1997/98 a été particulièrement favorable à l’élevage, avec 786 mm de pluies, soit 328 pour cent de la normale dans cette région entre octobre et décembre 1997.
Les précipitations ont également favorisé la culture des bananes, un des principaux aliments de base dans le district de Monduli.
Après plusieurs années sans pluies "vuli", de nombreux agriculteurs n’étaient pas préparés aux pluies favorables de cette année et n’ont donc pas tiré parti des bonnes conditions de croissance. Toutefois, ceux qui avaient semé du maïs pourraient rentrer une bonne récolte. Comme dans la région du Kilimandjaro, les haricots ont souffert des pluies abondantes et continuelles et les rendements devraient être inférieurs à la moyenne.
Tanga
Les principales récoltes dans le Tanga sont le manioc, le maïs et les légumineuses, les agrumes étant la principale culture de rente. Les pluies de la campagne "vuli" de 1997 dans le district de Lushoto (Tanga) ont atteint 1 767 mm entre octobre et décembre, contre 84 mm durant la même période l’année précédente. On retrouve la même situation dans toute la région, où les cultures des basses terres sont saturées d’eau et les plantes rabougries. Selon les estimations, les inondations ont détruit 960 ha de riz, dans le district de Korogwe. Environ 1 500 ha de manioc à faible altitude dans le district de Muheza ont été endommagés, mais les pluies ont créé de bonnes conditions pour replanter ces cultures à une altitude plus favorable. La croissance des adventices a également été favorisée, aggravant encore les perspectives pour les rendements agricoles. En altitude, les rendements devraient être bons, en particulier ceux du manioc et des bananes.
La préparation des sols pour les cultures "masika" a été entravée par des précipitations ininterrompues en janvier.
Région côtière/Dar es Salaam
Dans cette région, on cultive principalement dans les potagers qui, toutefois, produisent des quantités importantes de maïs et de manioc pour la consommation familiale. Noix de cajou et noix de coco fournissent également un petit revenu aux chefs de ménage.
Kigoma
Faute de temps, la mission n’a pu se rendre dans la région de Kigoma. Les estimations de la production végétale pour la campagne "vuli" sont tirées d’estimations des années précédentes. D’après les rapports provenant de cette région, les récoltes de la campagne "vuli" de 1997/98 seront très bonnes.
Kagera
La mission ne s’est pas rendue dans la Kagera faute de temps, mais elle
a utilisé des estimations mises à jour du Ministère
de l’agriculture et des coopératives.
Les précipitations pour la campagne 1997/98 ont commencé fin octobre, avec 534 mm tombés jusqu’à la fin de décembre, contre des précipitations totales de 282 mm pendant toute la campagne 1996/97. Les fortes pluies ont rendu difficile le désherbage et ont provoqué également la saturation et la destruction des cultures dans les basses terres. L’arrivée précoce et inattendue des pluies a aussi surpris les agriculteurs dont un quart seulement avait achevé de préparer le sol. La moitié des agriculteurs ont continué à semer durant les pluies et on estime que 20 pour cent sèment actuellement ou ne l’ont pas encore fait. Après la grave sécheresse de 1997, le Ministère de l’agriculture a organisé une campagne de vulgarisation pour encourager les agriculteurs à cultiver des plantes xérophiles comme le sorgho, le mil, le manioc et les patates douces, qui ont dans l’ensemble donné de bons résultats. Les premières perspectives concernant les récoltes des longues pluies de 1998 sont favorables, mais tant dépend du régime des pluies au cours des prochaines semaines.
Singida
Les pluies ont commencé à la mi-novembre et ont continué jusqu’à la mi-janvier, atteignant un total de 1 200 mm, contre une moyenne de 650 mm. En conséquence, des inondations ont été observées par endroits, mais elles ne représentaient qu’une petite part de la superficie totale. De vastes surfaces cultivées loin des basses terres et des cours d’eau n’ont pas souffert des inondations dans l’ensemble. La préparation des terres en altitude se poursuit de manière satisfaisante, malgré les problèmes que posent parfois les infestations de plantes adventices. Les cultures de maïs, de mil et de sorgho étaient en général en bon état. Toutefois, dans les régions très plates comme le Shelgui, 75 pour cent des cultures auraient été détruites, les eaux ayant engorgé ou submergé les terres. Les pâturages sont en bon état mais dans certaines zones, le piétin et d’autres maladies pourraient se manifester à cause de l’humidité.
Tabora
On y cultive surtout le maïs, et dans une moindre mesure le riz, le manioc et les patates douces. La principale culture commerciale est le tabac. Les engrais fournis par les sociétés productrices de tabac profitent également au maïs. Dans le Tabora, la majorité des cultures ont été semées en altitude, loin des fonds de vallée, qui ont été en grande partie inondés, de sorte que les dommages aux cultures ont été limités. Selon les estimations, les semis de cultures vivrières représentaient à la fin de novembre 60 pour cent de l’objectif fixé. Comme les semis se poursuivaient encore fin janvier, on prévoit que l’objectif global sera atteint. De l’eau étant disponible en abondance, le riz, dont le repiquage se poursuit, devrait donner des résultats très supérieurs à ceux des années précédentes. Les agriculteurs plantent aussi des patates douces et du manioc sur de vastes superficies, ce qui renforcera la sécurité alimentaire dans cette région au sol en grande partie sablonneux. En général, les pluies abondantes cette année ont lessivé une grande partie des engrais azotés appliqués au tabac et au maïs, alors que la perturbation des transports a fortement réduit la quantité d’engrais disponible, qui laisse jusqu’à 80 pour cent de la demande insatisfaite. Malgré ces difficultés, la mission a pu constater le bon état des cultures de maïs qui devraient rendre plus de 2 tonnes par hectare. L’effectif du cheptel dans la région est relativement modeste et profitera de l’état excellent des pâturages.
Shinyanga
Le temps a été très humide dans le Shinyanga pendant toute la campagne, les précipitations ayant de loin dépassé la normale dans la plupart des secteurs. En conséquence, sur les basses terres, les cultures ont été complètement détruites. L’arrivée inattendue et l’intensité des pluies ont beaucoup affecté la préparation des sols, ce qui pourrait réduire la superficie totale cultivée cette année. Toutefois, les précipitations ont favorisé la production de riz, la superficie plantée étant deux à trois fois plus vaste que l’année dernière. En revanche, la superficie plantée en coton a été fortement réduite, en raison de l’engorgement des vertisols à basse altitude. La réduction de la production de coton aura inévitablement un effet négatif sur le revenu des ménages en fin d’année. Les pluies abondantes et l’engorgement ont également réduit les rendements potentiels du maïs en altitude et détruit les cultures sur les basses terres. On continue de semer du sorgho et du mil en altitude où le taux d’humidité est satisfaisant. Suite à la récolte réduite par la sécheresse en 1997, les agriculteurs ont planté des patates douces sur de grandes superficies et cette culture, qui se développe sur de hauts billons, était en très bon état durant la visite de la mission. La sécurité alimentaire sera bien renforcée grâce à cette plante racine. Le manioc est moins important que la patate douce dans la région de Shinyanga. Grâce au bon état des pâturages, les troupeaux on augmenté, mais les maladies semblent être plus fréquentes à cause de l’humidité. Le réseau des transports et les circuits de commercialisation vers les principaux marchés de Dar es Salaam étant perturbés, les prix du bétail ont enregistré une baisse sans précédent. Les prix des céréales dans la région ont brusquement augmenté en octobre lorsque les liaisons par route et par voie ferrée avec les zones excédentaires d’Arusha et d’Iringa ont été interrompues. Néanmoins, les prix devraient baisser lorsque la première récolte de maïs sera disponible début février. En outre, de grandes quantités de patates douces seront disponibles, ce qui améliorera nettement la sécurité alimentaire par rapport à l’an dernier où les superficies plantées en patates étaient beaucoup moins étendues.
Rukwa
La région de Rukwa est composée de quatre districts, Mpanda, Nkansi, Sumbawanga rural et Sumbawanga urbain. La moyenne des pluies entre octobre et avril oscille entre 800 et 1 200 mm par an. Cette année toutefois, les pluies continuelles ont entravé la préparation des sols et provoqué des inondations dans la vallée du Rukwa, région grosse productrice de riz. L’engorgement des sols et le lessivage des engrais azotés ont également entravé le développement des cultures, ce qui pourrait faire fléchir les rendements. On estime que les semis de maïs ont été réduits de 10 pour cent. Les rizières étant inondées, la production rizicole devrait diminuer. Même si, dans certaines zones, les cultures de haricots ont été endommagées par les pluies persistantes, la production globale ne devrait pas varier par rapport à celle de l’an dernier. Comme mesure de sécurité, les agriculteurs ont été encouragés à planter du manioc, des patates douces, du niébé et des poix cajan dès que les inondations cesseront.
Iringa
La région d’Iringa est constituée de cinq districts, Iringa, Njombe, Ludewa, Makete et Mufindi. La superficie totale consacrée à l’agriculture et à l’élevage est estimée à quelque 472 000 ha.
Dans certains districts, les pluies ont commencé en octobre, beaucoup plus tôt que les années précédentes, et dans la région d’Iringa, la pluviosité au 31 décembre s’établissait à 367 mm au total, soit plus du double de la moyenne. Certains agriculteurs n’avaient pas fini de préparer le sol, les pluies persistantes constituant un obstacle supplémentaire à l’achèvement des semis. Toutefois, dans les zones à pluviosité marginale, les pluies ont considérablement amélioré les perspectives de production.
Les attaques de ravageurs et les foyers de maladie sont généralement restés peu importants. Une invasion de chenilles défoliantes dans les districts de Mufindi et d’Iringa a entraîné la perte d’environ 400 ha, mais elle a été maîtrisée par le Département de la protection des plantes du Ministère de l’agriculture et des coopératives.
Le bétail serait en bon état grâce à la situation satisfaisante des pâturages dans toute la région. Aucun foyer anormal de maladie n’a été signalé.
Mbeya
Mbeya est l’une des principales régions productrices de maïs du pays. Elle s’étend entre 800 et 2 400 mètres d’altitude et comprend trois grandes zones écologiques de basse, moyenne et haute altitude.
La majorité des districts de la région de Mbeya ont une pluviosité unimodale, entre novembre et avril. Entre octobre et décembre 1997, il est tombé 716 mm de pluie, soit près de trois fois le niveau normal qui est de 250 mm. En janvier, les pluies ont été normales, avec 120 mm au cours de vingt premiers jours. Les pluies abondantes de novembre et décembre ont inondé de vastes superficies dans les plaines de Kyela, Kamsamba, Usangu et dans le Msangano, qui produisent du riz, du coton, du sorgho, du maïs et du mil en grandes quantités. Une partie du maïs a été détruite par les inondations, tandis que l’engorgement prolongé et le lessivage des nutriments auront un effet négatif sur les rendements. Le riz est semé normalement à la volée avant que les rizières ne soient recouvertes par les eaux de crue. Cette année, les inondations ont eu lieu trop vite pour pouvoir terminer les semis, et les cultures n’ont pu s’établir normalement. Une partie des cultures de riz dans le Kyela et dans les bassins des fleuves Songwe et Rufiji a été détruite par les inondations. Les haricots sont aussi une culture importante, la superficie plantée étant estimée à 50 000 ha, mais les pluies abondantes pourraient réduire les rendements. Les zones d’altitude moyenne et élevée ont été moins touchées par les inondations. Cette année, les prix du maïs à la production ont été faibles à cause de problèmes de commercialisation. Les revenus des agriculteurs et leur capacité à acheter des intrants pour la prochaine campagne pourraient s’en trouver limités.
Lindi
Manioc, sorgho, maïs et riz sont les principales cultures vivrières dans le Lindi. Après les fortes pluies inattendues, le manioc cultivé en altitude se développe de manière très satisfaisante par rapport aux années précédentes, les superficies cultivées ayant augmenté après la sécheresse des années passées qui avait gravement endommagé les cultures. Le maïs et le manioc sec abondaient sur les marchés.
Mtwara
Le manioc est la principale culture dans le Mtwara et comme les précipitations ont été favorables, les rendements devraient être bons cette année. Il y a ici et là quelques zones de rizière qui devraient aussi avoir bénéficié des pluies tout comme les importantes cultures de rente que sont la noix de cajou et la noix de coco.
Morogoro
La région de Morogoro est située dans la zone de transition
entre les régions à pluviosité bimodale et à
pluviosité unimodale. Ces dernières années, les pluies
"vuli" ont été erratiques et les agriculteurs n’avaient pas
prévu les précipitations abondantes d’octobre-décembre
1997. Dans le Morogoro, 435 mm de pluie sont tombés d’octobre à
décembre, soit 206 pour cent de la normale. A Kilosa, la pluviosité
a atteint 1 549 mm en 1997, dont 958 mm sur les trois derniers mois de
l’année, contre un total de 743 mm en 1996.
Bien que les prix des produits alimentaires soient un indicateur important de pénurie généralisée, en Tanzanie, étant donné les déficiences, le faible pouvoir d’achat et le manque d’intégration des marchés des denrées alimentaires, aggravés cette année par des difficultés supplémentaires de transport, les prix seuls ne suffisent pas à refléter les pénuries alimentaires générales. Pour évaluer à quel point le problème alimentaire est lié à l’approvisionnement ou à l’accès, on a donc tenté de faire la distinction entre les régions du pays où les marchés ont été considérés cette année comme accessibles et fonctionnant normalement, afin d’établir si les prix ont beaucoup augmenté à la suite de pénuries généralisées, et celles où des perturbations importantes des transports ont limité les approvisionnements.
6.1.1 Marchés accessibles
Dar es Salaam, Arusha, Moshi, Tanga, Morogoro, Iringa et Mbeya sont des exemples de marchés accessibles ou qui ont bien fonctionné.
Sur ces marchés, les prix du maïs auraient augmenté nettement et régulièrement à la fin de 1997 si de graves pénuries s’étaient manifestées. On aurait pu s’attendre à ce que les prix à partir de septembre soient analogues ou supérieurs à ceux en vigueur durant la période de soudure entre avril et juillet après la récolte "vuli" extrêmement médiocre en 1997. La hausse des prix du maïs (les marchés du blé et du riz et les importations correspondantes sont relativement modestes) aurait donc stimulé les importations.
Cela, ne s’est pas produit et les prix du maïs sur les marchés accessibles n’ont pas nettement augmenté et, sous réserve des variations saisonnières mentionnées plus haut, sont restés plus ou moins conformes aux tendances. Dans l’ensemble, les prix ont augmenté sur quelques marchés, fléchi sur d’autres ou sont restés stables, prouve que l’approvisionnement de ces marchés a été dans l’ensemble adapté au pouvoir d’achat de la population (Tableau 3 et Figure 1).
En outre, les prix moyens du maïs local sur ces marchés,
dans la dernière partie de 1997, ont également été
inférieurs au coût c.a.f., ce qui signifie qu’en dépit
de l’exemption officielle du paiement des taxes d’importation, le secteur
privé n’était guère encouragé à importer.
Du mois d’août au mois de décembre, le prix moyen du maïs
en gros, au niveau national, au taux de change en vigueur, allait de 146
à 163 dollars E. U. la tonne contre des coûts à quai
(c.a.f. + coûts de transport et de manutention à quai) oscillant
entre 235 et 260 dollars E.-U. la tonne de maïs importé.
Marchés/mois | Jan | Fév | Mars | Avr | Mai | Juin | Juil | Août | Sept | Oct | Nov | Déc |
Arusha | 11 834 | 10 667 | 11 167 | 12 533 | 12 267 | 13 267 | 12 708 | 11 267 | 11 982 | 10 821 | 8 857 | 9 262 |
Dar es Salaam | 11 337 | 13 473 | 14 478 | 14 303 | 14 533 | 13 856 | 14 000 | 14 422 | 13 800 | 13 914 | 14 714 | 15 808 |
Iringa | 7 938 | 9 875 | 11 917 | 11 200 | 11 633 | 10 983 | 9 533 | 8 480 | 10 125 | 8 955 | 10 000 | 10 592 |
Mbeya | 6 300 | 7 133 | 8 756 | 10 000 | 8 800 | 8 089 | 7 487 | 8 633 | 8 600 | 8 691 | 9 000 | 9 462 |
Morogoro | 11 540 | 13 000 | 14 867 | 15 930 | 17 877 | 12 983 | 10 400 | 10 795 | 9 658 | 10 375 | 10 983 | 11 467 |
Moshi | 11 944 | 12 000 | 12 931 | 14 538 | 14 258 | 15 833 | 13 333 | 6 666 | 8 333 | 8 333 | 10 000 | 8 055 |
Sumbawanga | 5 500 | 5 667 | 8 327 | 8 333 | 8 317 | 6 150 | 6 890 | 6 917 | 7 355 | 7 600 | 8 175 | 9 000 |
Songea | 7 800 | 8 133 | 8 945 | 9 667 | 9 600 | 7 278 | 7 000 | 7 000 | 8 500 | 9 107 | 9 000 | 10 975 |
Tanga | 13 250 | 13 983 | 14 347 | 16 397 | 16 520 | 15 795 | 12 750 | 8 333 | 8 175 | 8 500 | 8 557 | 7 814 |
Moyenne 1997 | 9 716 | 10 437 | 11 748 | 12 545 | 12 645 | 11 581 | 10 456 | 9 168 | 9 614 | 9 588 | 9 921 | 10 271 |
6.1.2 Marchés d’accès difficile
Parmi les marchés qui sont devenus de plus en plus inaccessibles
dans la dernière partie de 1997 en raison de difficultés
de transport, on peut citer Tabora, Dodoma, Singida, Shinyanga, Musoma
et Mwanza et, dans ces zones, de graves pénuries alimentaires sont
apparues, en particulier en milieu rural. Bien qu’il y ait peu de données
disponibles sur les prix pratiqués depuis les inondations, on a
observé que la différence des prix moyens entre ces marchés
et ceux qui sont accessibles était bien plus grande cette année
que la moyenne des dernières années. Durant la période
octobre-décembre, les prix du maïs sur ces marchés ont
été plus élevés de 77 pour cent, 83 pour cent
et 104 pour cent respectivement, contre 14 à 16 pour cent en moyenne
durant la même période de l’année entre 1993 et 1995
(Voir tableau 4 et figure 2).
Marchés | Jan | Févr | Mars | Avr | Mai | Juin | Juil | Août | Sept | Oct | Nov | Déc |
Bukoba | 14 500 | 13 500 | 14 750 | 14 000 | 14 083 | 16 250 | 17 300 | 21 500 | 19 100 | 20 643 | 21 250 | 24 000 |
Musoma | 13 160 | 14 000 | 15 672 | 16 900 | 16 900 | 17 136 | 17 637 | 19 933 | 17 292 | 17 571 | 18 333 | 20 923 |
Mwanza | 11 233 | 12 167 | 14 625 | 13 217 | 14 950 | 14 389 | 17 067 | 19 233 | 17 214 | 16 800 | 18 613 | 19 444 |
Shinyanga | 10 900 | 11 917 | 13 436 | 13 000 | 12 800 | 14 145 | 15 550 | 17 146 | 15 182 | 14 692 | 15 215 | 20 423 |
Tabora | 8 817 | 8 750 | 12 150 | 13 790 | 11 430 | 11 980 | 13 563 | 16 880 | 16 878 | 15 043 | 17 383 | 20 100 |
Moyenne | 11 722 | 12 067 | 14 127 | 14 181 | 14 033 | 14 780 | 16 223 | 18 938 | 17 133 | 16 950 | 18 159 | 20 978 |
Compte tenu de cette réserve concernant l’établissement et l’évaluation des chiffres relatifs à la production vivrière de l’an dernier, le bilan national de l’offre et de la demande de denrées alimentaires présenté dans ce rapport n’est formulé que pour le reste de la campagne commerciale actuelle 1997/98, c’est-à-dire de février à mai 1998. En outre, les bilans alimentaires étant normalement formulés pour des campagnes commerciales complètes, juin-mai dans le cas de la Tanzanie, le bilan présenté ne peut être que partiel .
Le bilan est fondé sur les hypothèses et estimations suivantes:
Le bilan alimentaire national pour février-mai 1998 figure au
tableau 5.
Total équivalent céréales | |
Disponibilités intérieures | 1 931 |
Stocks au 1er février | 350 |
Production "vuli" 1998 | 1 581 |
Utilisation | 2 181 |
Alimentation humaine 1/ | 1 934 |
Autres: semences, alimentation animale, pertes | 222 |
Stocks au 31 mai | 25 |
Besoins d’importations (en équivalent céréales) | 250 |
Importations commerciales prévues 2/ | 218 |
Aide alimentaire (dans la filière) | 32 |
Toutefois, comme la situation évolue, les allocations de secours alimentaire d’urgence ont été révisées pour arrêter la distribution dans les régions où les prévisions de la production sont bonnes et augmenter les allocations dans des zones où la sécurité alimentaire des ménages s’est encore détériorée. En conséquence, l’aide alimentaire d’urgence a été renforcée dans les régions de Rufiji, Magu, Kwimba pour augmenter le nombre de bénéficiaires. D’autre part, les allocations ont été réduites dans les régions de Lindi, Mtwara, Musoma et Bunda où la situation des disponibilités alimentaires pourrait s’améliorer avec la récolte de la campagne "vuli". Dans l’ensemble les allocations d’aide alimentaire ont été révisées en baisse à 46 952 tonnes dont 11 591 tonnes ont déjà été livrées.
Pour la campagne commerciale en cours (1997/98), aucune aide alimentaire
d’urgence supplémentaire n’est envisagée.
6.3.1 Aide alimentaire au titre de projets
Une aide alimentaire au titre de projets est envisagée en 1998 dans le cadre de deux projets d’action rapide. Un projet vivres-contre-travail comportant au total 4 508 tonnes devrait démarrer en avril quand l’aide alimentaire d’urgence sera progressivement supprimée. Le projet vivres-contre-travail qui établira ses propres cibles devrait profiter aux zones subissant des pénuries alimentaires à cause de la sécheresse et des récentes inondations.
Le projet fournira les denrées alimentaires nécessaires dans les zones à déficit vivrier chronique, tout en contribuant à remettre en état des l’infrastructures rurales et à encourager de nouvelles activités agricoles.
Le deuxième projet d’action rapide, en cours de formulation par le bureau dans le pays, devrait fournir une aide alimentaire aux écoles primaires dans les zones à déficit vivrier affectées par la sécheresse et les inondations. Il vise à fournir une aide alimentaire de soutien nutritionnel aux élèves des classes primaires âgés de 7 à 13 ans et aussi à encourager les inscriptions et la fréquentation scolaire, notamment pour les filles, comme appui au Programme universel d’éducation de base du Gouvernement tanzanien. Le projet d’alimentation dans les écoles primaires, qui fournira des aliments pré-cuits comme déjeuner aux élèves fréquentant l’école, devrait comporter au total 2 500 tonnes de denrées alimentaires pour 1998.
Les deux projets sont considérés comme un moyen de passer
progressivement de l’aide d’urgence et du relèvement aux programmes
de développement. Ils couvriront une partie des besoins d’aide alimentaire
actuels dans les zones vulnérables et amélioreront de manière
durable la sécurité alimentaire en Tanzanie.
6.3.2 Programme d’aide alimentaire
Un certain nombre de pays donateurs fournissent chaque année
à la Tanzanie une aide alimentaire qui est vendue, et dont les recettes
sont utilisées comme soutien budgétaire, en particulier pour
le développement agricole. Normalement, le Gouvernement japonais
livre 15 000 tonnes de riz par an à cet effet.
6.3.3 Transport et logistique
Les précipitations abondantes depuis novembre 1997 ont provoqué des destructions considérables des réseaux routier et ferroviaire, principalement dans le centre et le nord du pays. En conséquence, les expéditions de denrées alimentaires, tant aux conditions commerciales qu’au titre de l’aide alimentaire, sont bloquées depuis la mi-décembre 1997. Le réseau perturbé des transports peut être divisé comme suit:
ii) Réseau de routes secondaires et primaires affectant le trafic entre les régions excédentaires et les régions déficitaires ("trafic inter-régional");
iii) Principaux corridors à partir de Dar es Salaam, vers le nord (Arusha), l’ouest et le nord-ouest (Kigoma, Isaka/Mwanza) et le sud-ouest (Iringa/Mbeya).
Les dommages causés au réseau des transports peuvent être classés comme suit:
- Dommages au réseau routier
Le Ministère des travaux publics a achevé son relevé global des routes coupées dans les 20 régions de Tanzanie en s’appuyant sur les informations fournies par les autorités régionales. Le problème des transports par route est difficile à cerner car la situation change chaque jour, de même que les priorités. Le Ministère a conclu que le coût total des réparations urgentes et indispensables se monte à 7 milliards de ShT, soit 11,3 millions de dollars E.-U. Les premiers travaux assureront une "viabilité immédiate", mais les besoins de "viabilité permanente" vont faire l’objet d’une étude plus détaillée et nécessitent un financement plus important. On ne dispose d’aucun chiffre indicatif concernant les travaux de réfection à caractère durable.
Pour la circulation intra-régionale, les principales interruptions de route sont entre:
ii) Iringa et Dodoma
iii) Dodoma, Singida, Shinyanga et Mwanza
iv) Mwanza et Mara
Il est plutôt difficile de déterminer quand aura lieu la reprise du trafic intra-régional et inter-régional, et quand les principaux corridors assureront une circulation normale. Toutefois, les priorités doivent être rattachées à l’importance du trafic, par exemple:
ii) échanges commerciaux nationaux et de transit dont l’interruption a de graves conséquences pour l’économie de la Tanzanie et celle des pays voisins.
i) autres échanges afin de réduire au minimum la perturbation des activités économiques dans les régions touchées.
- Dommages au réseau ferroviaire (TRC)
La TRC (Compagnie des chemins de fer tanzaniens) a également achevé l’évaluation des dégâts en divers points du réseau ferroviaire où la voie a été emportée. Les dommages sont bien plus étendus que ceux du réseau routier bien que limités à deux tronçons de la ligne centrale entre Dar es Salaam et Tabora et deux autres tronçons sur la ligne conduisant au Tanga. Avec l’interruption de la voie ferrée, 60 pour cent du matériel roulant de la TRC est "piégé" du côté Dar es Salaam.
Sur la ligne centrale, 31 km de voie ferrée entre Kilosa et Kidete nécessitent des travaux de réfection importants (des ponts sont coupés et des digues ont été emportées) et le niveau des eaux est encore très élevé. Au delà de Dodoma, 16 km de voie ferrée sont endommagés, mais la TRC a pu les réparer provisoirement, permettant ainsi une "viabilité immédiate" à petite vitesse.
Le coût total des réparations est estimé à 11,1 milliards de ShT (18 millions de dollars E.-U.) dont 4,6 milliards de ShT (7,5 millions de dollars E.-U.) pour mener à bien les réparations temporaires et les 6,5 milliards de ShT restants (10,5 millions de dollars E.-U.) pour les réparations de "caractère durable". Il ne faudra pas moins de 4 à 6 mois pour effectuer les réparations temporaires qui assureront une "viabilité immédiate".
- Réseaux inter- et intra-régionaux: options et coûts
Comme indiqué plus haut, les routes et les pistes des districts et les chemins ruraux qui desservent les villages et sont utilisées pour les échanges commerciaux locaux et pour écouler les excédents sont devenus impraticables dans plusieurs régions. En général, la seule solution est de recourir à d’autres moyens de transport, par exemple, utiliser le tracteur ou des animaux de trait ou même faire le trajet à pied dans les cas les plus difficiles.
Pour les routes inter-régionales qui sont coupées, la solution consiste habituellement à emprunter des trajets beaucoup plus longs. Ainsi, pour se rendre de Dar es Salaam/Dodoma à Shinyanga/Mwanza, on pourra passer par Arusha et le Kenya, et pour se rendre d’Iringa à Dodoma, on pourra passer par Morogoro.
Outre les coûts élevés qu’entraînent ces trajets plus longs, les transporteurs ont récemment révisé les tarifs des transports par route pour prendre en compte le mauvais état des routes, les ralentissements et les déviations, et ont majoré les prix de plus de 20 pour cent dans certains cas.
Dans l’ensemble donc, les principales observations concernant les voies de transport intérieur en Tanzanie après les inondations sont les suivantes:
ii) Concernant le réseau de routes intra-régionales, d’autres itinéraires peuvent être difficiles mais ne sont pas impossibles. Par exemple, on peut se rendre de Sumbawanga, Rukwa à Tabora en prenant la ligne ferroviaire de Mpanda, et tout le trafic de Dodoma à Shinyanga/Mwanza peut passer par la ligne principale de la TRC. Cela nécessite toutefois une bonne coordination en raison de la capacité déjà réduite des chemins de fer.
iii) Pour ce qui est du réseau inter-régional de routes et pistes et rurales, la seule option pour un accès rapide est la voie aérienne dans les cas de détresse absolue.
iv) Il est urgent et indispensable de coordonner les efforts du Gouvernement
et les initiatives des donateurs afin d’établir des priorités
adéquates pour les travaux de réfection requis et pour disposer
de fonds dans les délais les plus brefs.
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