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POINTS SAILLANTS DU RAPPORT DE MISSION
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Considérant la précarité de la sécurité alimentaire et les difficultés d'approvisionnement alimentaire que connaît le pays, une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue en Angola du 15 avril au 1er mai 1998, pour procéder à une estimation de la production des cultures vivrières en 1997/98 et établir des projections quant aux besoins d'importations céréalières pour la même période, besoins d'aide alimentaire compris. Cette année, la mission a pu se rendre dans 13 des 18 provinces au moment de la récolte. L'équipe a parcouru de longs segments de route, bénéficiant ainsi d'un large champ d'action pour ses observations, les entretiens avec les agriculteurs et l'inspection des récoltes. Quant aux cinq provinces restantes, elles ont fait l'objet de rapports sur la situation actuelle de la part de représentants des Ministères de l'agriculture et du développement rural (MINADER) et de l'aide sociale et de la réintégration (MINARS), ainsi que d'agents d'institutions des Nations Unies et d'ONG coopérant avec le bureau local du PAM. En outre, le programme de visites de la mission a dû être réduit, des informations reçues des Nations Unies et d'autres sources faisant état d’une détérioration de la sécurité dans plusieurs provinces du nord-est, du nord, du sud et du sud-ouest.
Des entretiens ont eu lieu à Luanda avec des représentants des ministères compétents, notamment de l'aide sociale et de la réintégration (MINARS) et du développement rural (MINADER), ainsi que du commerce et de l'industrie, avec des agents d'institutions des Nations Unies, et avec des représentants des donateurs et des ONG. Aux niveaux provincial et municipal, les problèmes concernant la campagne agricole en cours et les problèmes connexes de production et de sécurité alimentaire ont été traités conjointement avec les représentants des autorités provinciales, les agents des organismes spécialisés, les représentants des ONG, les négociants et les agriculteurs.
Cette année, des observateurs de la Communauté du développement de l'Afrique australe (SADC) et de certaines ONG se sont joints à la mission. Par ailleurs, des consultations fructueuses ont été tenues avec l'Union européenne (UE) ainsi qu'avec des représentants du Système d'alerte rapide de l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID FEWS). Enfin, un expert de la CTPD (Coopération technique entre pays en développement) en provenance du Mozambique a également participé à la mission.
Les statistiques agricoles communiquées à la mission se sont avérées aussi peu fiables cette année que durant les missions précédentes. En conséquence, les chiffres relatifs à la superficie ensemencée ont été, une fois de plus, calculés par extrapolation à partir du nombre de familles agricoles fourni par les estimations de l'Organisation internationale la migration (OIM) concernant la population rurale de chaque province. Ces chiffres ont ensuite été confrontés aux données de planification du MINADER, pour en vérifier la crédibilité. Les rendements ont été évalués sur la base des observations provenant de tous les informateurs clés ainsi que des observations effectuées par la mission.
S'agissant des précipitations pour la campagne 1997/98, les pluies ont démarré normalement - exception faite des zones ouest et sud - avec une courte période sèche en milieu de campagne et des pluies très abondantes pendant le premier trimestre de 1998. De manière générale, ces pluies ont été considérées comme les meilleures depuis de nombreuses années, tant du point de vue de la quantité que de la répartition. Cependant, du fait des variations que l'on enregistre habituellement en Angola, les zones sud et sud-ouest ont connu un net déficit de pluviométrie, avec un démarrage tardif, des périodes sèches intermittentes en milieu de campagne et une conclusion précoce de la saison des pluies.
Comme l'an dernier, les ONG et les institutions des Nations Unies sont intervenues dans la plupart des provinces pour distribuer des semences et des outils, ce qui a permis d'augmenter les surfaces ensemencées dans les zones où les personnes déplacées ont bénéficié d'allocations de terres, ainsi que dans les villages où se sont réinstallés les rapatriés.
Cependant, la production reste limitée par plusieurs facteurs: la prédominance du travail manuel, la pénurie aiguë d'engrais et l'absence d´équipements et de produits chimiques phytosanitaires. Par chance, les cultures ont été cette année relativement épargnées par les ravageurs et par les maladies; cependant, les pertes à l'entreposage seront élevées et l'absence de mesures de protection place les agriculteurs du pays dans une position extrêmement vulnérable.
Les projections de la mission pour la campagne 1997/98 donnent une production céréalière de 594 000 tonnes, soit près de 38 pour cent de plus que la récolte de l'an dernier qui avait été affectée par la faible pluviométrie, dont 85 pour cent en maïs et le solde en sorgho et mil.
Pour ce qui est des autres cultures, notamment le manioc, la patate douce et les plantes vivaces, elles devraient également bénéficier d'une extension des surfaces cultivées comme d'une amélioration des rendements attribuable aux pluies abondantes. Compte tenu de la situation de l'an dernier, les stocks paysans ne devraient pas être importantes, puisqu'il a fallu y puiser durant l'année et la sécurité alimentaire au niveau des exploitations devrait s'appuyer, pour cette période, sur le manioc non extrait.
Sur la base d'une population estimée à 13,2 millions d'habitants au milieu de la campagne commerciale 1998/99 et d'une consommation par habitant projetée à 70 kilos, plus les pertes, et autres utilisations estimées à 23,6 pour cent, la consommation intérieure a été établie à 1 064 000 tonnes. Il reste donc un déficit de 470 000 tonnes à couvrir par des importations.
Les importations publiques et commerciales de céréales sont estimées à 350 000 tonnes, d'où un déficit de 120 000 tonnes qui devra être couvert par l'aide alimentaire. Une aide alimentaire est nécessaire pour les quelque 750 000 personnes qui constituent les groupes vulnérables, notamment pour les personnes déplacées à l'intérieur du pays, les rapatriés et les soldats démobilisés. On estime qu'il faudra 90 000 tonnes d'aide alimentaire d'urgence pour couvrir leurs besoins.
Une aide alimentaire sera par ailleurs nécessaire à l'appui du processus de remise en état. La vulnérabilité alimentaire reste élevée, même chez les populations sédentaires, et ce en raison de l'absence de sources de revenus, d'un pouvoir d'achat faible, des carences au niveau des infrastructures et de l'absence de moyens de transport et de matériel pour la circulation des biens et des produits de base. En outre, l'accès à certaines zones contrôlées par l'UNITA fait encore l'objet de restrictions, ce qui rend les excédents inaccessibles et perpétue la dépendance des populations des autres régions à l'égard de sources extérieures.
Comme nous l'indiquons dans des rapports précédents, il
conviendra de confronter ultérieurement cette année les estimations
de la mission aux données chiffrées concernant la récolte
obtenue. Un tel procédé, même entrepris comme exercice
pilote, ne manquerait pas de renforcer considérablement le processus
d'évaluation, qui ne bénéficie actuellement d'aucun
mécanisme de vérification triangulaire des hypothèses
de départ. A ce propos, la mission a souligné à nouveau
cette année la nécessité du renforcement, par les
autorités gouvernementales, des systèmes nationaux de suivi
des cultures et de statistiques sur l'agriculture.
Avec une superficie de 1 247 millions de km2, l'Angola, dont la population a été estimée à 12,6 millions d'habitants en 1997, est par sa superficie le cinquième pays d'Afrique sub-saharienne. Il dispose d'un vaste potentiel agricole constitué par des sols fertiles dans la région septentrionale et dans les hautes terres du centre du pays, où les précipitations dépassent ordinairement les 1 000 mm. C'est en revanche le bétail qui prédomine dans la région méridionale, où les pluies sont moins abondantes et qui est moins densément peuplée. En outre, le pays est pourvu de grandes ressources marines et fluviales, notamment en ce qui concerne les pêcheries, ainsi que d'abondantes richesses forestières.
Le patrimoine naturel du pays comprend beaucoup d’autres ressources, notamment d'importantes réserves de pétrole et de gaz, des minéraux précieux et en particulier du diamant, ainsi qu'un potentiel hydroélectrique important grâce à de nombreux cours d'eau. Le secteur pétrolier, qui produit plus de 700 000 barils par jour depuis les derniers mois de 1997, ne le cède qu'à celui du Nigéria en Afrique sub-saharienne. En outre, compte tenu de l'intérêt très marqué des principales compagnies pétrolières, qui prospectent actuellement de nouveaux gisements, ce chiffre pourrait augmenter de façon substantielle. Les recettes provenant du pétrole contribuent toujours à hauteur de plus de 40 pour cent au PIB du pays, et représentent 75 à 90 pour cent des recettes totales d'exportation - et 75 à 85 pour cent des recettes publiques. Toutefois, on appréciera mieux, à l'avenir, l'importance relative du secteur pétrolier au sein de l'économie en tenant compte du secteur du diamant, qui constitue une source importante et croissante de revenu. Depuis 1997, le gouvernement central étend graduellement son contrôle sur les régions riches en gisements diamantifères du nord-est, précédemment contrôlés par l'UNITA et qui étaient en grande partie exploitées par un secteur parallèle n'apparaissant pas dans les comptes nationaux.
Il faut toutefois rappeler que, d'une manière générale, la société angolaise n'a que peu bénéficié de l'exploitation du pétrole et des diamants. En effet, les recettes du pays ont été en grande partie consacrées au financement des activités liées à la défense et à la sécurité ainsi qu'au remboursement de l'énorme dette extérieure, qui dépassait 12 milliards de dollars E.-U. en 1996, soit trois fois la valeur des exportations annuelles de biens et services. On estime que les dépenses annuelles engagées au titre de la défense et de la sécurité sont passées de 960 millions de dollars E.-U. en 1992 à 1,6 milliard en 1995, en raison des besoins créés par les combats acharnés qui se sont déroulés entre 1992 et 1994. Le déficit budgétaire galopant, financé par la création monétaire et l'accumulation d'arriérés sur la dette extérieure, a entraîné une très forte inflation, estimée à 1 650 pour cent en 1996 et à 1 500 pour cent en 1997. Les salaires et les traitements ne progressent pas au rythme de l'inflation, et l'on estime que le revenu global versé sous forme de salaires est tombé de 16 pour cent du PIB en 1992 à 9 pour cent en 1996. De ce fait, une tranche importante de la population est vouée à une pauvreté extrême, tandis que le chômage augmente et que la main-d'oeuvre se tourne dans des proportions massives vers le secteur informel. Par ailleurs, la situation précaire au plan de la sécurité, qui ne manque pas d'affecter l'intégration des marchés, pèse également sur les prix des produits agricoles dans les régions rurales, réduisant de ce fait les revenus des agriculteurs et leur capacité à satisfaire leurs besoins essentiels tels que la scolarité des enfants, l'achat de vêtements, de savon et de denrées alimentaires.
Le taux de change réajusté du Kwanza, la devise angolaise, a été "accroché" au dollar E.-U. A la mi-1997, la devise a été dévaluée de 30 pour cent afin de tenter de limiter l'importance croissante du marché parallèle. Cependant, dès novembre 1997, le Kwanza était échangé sur le marché parallèle à environ 80 pour cent de son taux officiel, et à la fin du premier trimestre de 1998, la devise angolaise était cotée, sur le marché parallèle, entre 470 000 Kzr et 490 000 Kzr pour un dollar, alors que le taux de change officiel était de 280 000 Kzr.
Si l'on veut surmonter les graves pénuries de ressources qui marquent les autres secteurs économiques, et notamment celui de l'agriculture dont la grande majorité de la population tire ses moyens de subsistance, il faudra que soient mobilisées en faveur du développement les importantes recettes que le pays dégage du pétrole et des mines. Des milliers d'agriculteurs sont encore déplacés, les mines terrestres placées dans les endroits stratégiques ont rendu inaccessibles les terres cultivables, et les structures de production et de commercialisation sont détruites. Alors que, au moment de son indépendance en 1975, l'Angola se suffisait à elle-même pour la plupart des principales cultures vivrières et exportait des quantités importantes de maïs, riz, bananes, café, sisal, sucre et huile de palme, le pays est aujourd'hui dépendant des importations de produits alimentaires, dont une part importante doit être couverte par l'aide internationale.
En dépit de la lenteur du processus de paix amorcé fin 1994 avec l'Accord de paix de Lusaka, l'Angola et ses partenaires au développement espèrent que le pays pourra à présent concentrer son attention sur le redressement et sur le développement socio-économique. On observera, à ce propos, qu'un nombre croissant de missions économiques et commerciales visitent l'Angola, en provenance de nombreux pays parmi lesquels le Brésil, la France, le Portugal, l'Espagne, l'Afrique du Sud, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Les institutions des Nations Unies par le truchement de plusieurs appels interinstitutions annuels pour l'Angola, les donateurs bilatéraux et les ONG continuent de fournir une aide d'urgence sous diverses formes, dont la distribution de produits alimentaires et d'intrants agricoles. La FAO a lancé des interventions d'urgence, tout en fournissant des intrants agricoles essentiels (semences et outils) et en contribuant à renforcer le MINADER pour la coordination des activités d'urgence dans le secteur de l'agriculture; elle poursuit en outre un projet pilote dans la province de Huambo en vue de faciliter, à travers le redressement agricole, le passage d'une situation d'urgence à une phase de développement. Un projet d'assistance à la sécurité alimentaire, appuyé par la FAO et financé par l'UE, aide le MINADER à renforcer sa capacité institutionnelle de suivi de la sécurité alimentaire à l'échelle nationale comme à l'échelon provincial. Quant au PAM, outre les opérations en cours déterminées par la situation d'urgence, il met en oeuvre des programmes tournés vers la sécurité alimentaire, sous forme notamment de remise en état de l'infrastructure de base (routes, ponts, écoles, santé) agricole, sociale et de soutien à la réinstallation des populations.
Le succès des activités en cours et des initiatives prévues dépendra en grande partie de la restauration d'une paix et d'une sécurité durables dans tout le pays, des investissements dans des activités productives, notamment le déminage, et de la création, par voie d'infléchissement des politiques, d'un cadre propice au développement économique et agricole.
Cette année, la mission a visité 13 des 18 provinces qui composent le pays, au moment de la récolte des principales cultures céréalières. Ces visites ont porté sur des tronçons de route analogues à ceux parcourus l'an dernier, offrant ainsi l'occasion de: i) vérifier, sur le terrain, les données transmises par télédétection; ii) faire appel, comme informateurs clés, à des agriculteurs éloignés des principales agglomérations; iii) effectuer des vérifications ponctuelles du rendement des principales céréales dans différentes zones agro-écologiques; iv) observer directement les progrès et les difficultés des petits négociants dans leurs efforts pour établir des liaisons entre l'arrière-pays et les grandes villes.
Les rapports établis à partir d'observations sur le terrain par les ONG et les institutions internationales ont été, cette année, communiqués par le biais de tables rondes organisées aux niveaux provincial et municipal, parallèlement aux rapports écrits. Ces informations sont venues appuyer celles transmises par le personnel provincial/municipal du MINADER ainsi que les résultats obtenus par l'Unité nationale d'alerte rapide (UNAR). Il faut toutefois préciser que la base de données demeure extrêmement fragile: en effet, les rapports des ONG sont limités aux localités bien définies où elles opèrent. Quant au MINADER, dans au moins 30 pour cent des provinces, il ne dispose pas de personnel préposé à la collecte des données. Dans les autres provinces, ces données portent uniquement sur les secteurs contrôlés par le gouvernement, et leur ampleur ainsi que leur précision sont affectées par l'absence de transports, de balances, de rubans à mesurer, de matériel d'enregistrement, de même que par les retards dans le paiement des salaires et par des années d'inertie.
En conséquence, les estimations de la mission en matière
de production, qui découlent d'une multiplication de la surface
par le rendement, ont été calculées à partir
d'extrapolations des prévisions régionales de l'OIM concernant
les familles agricoles qui cultivent des lots dont les dimensions et les
modes d'exploitation sont conformes aux traditions provinciales. Quant
aux estimations de rendement, elles s'appuyaient sur des inspections de
terrain et sur les projections du MINADER et des ONG pour 1998.
Au cours de la période allant d'août 1997 à avril
1998, qui couvre la campagne principale dans la plupart des régions,
le faisceau d'indications recueillies au moyen de relevés locaux,
d'observations des agriculteurs, de rapports des institutions et de données
transmises par télédétection, a permis de déterminer
que le volume des précipitations a été supérieur
à la moyenne, avec en outre une meilleure répartition que
l'an dernier. Les premières pluies ont été nourries
dans la plupart des zones septentrionales et centrales, permettant un bon
démarrage des cultures; dans ces régions, les périodes
de sécheresse de décembre et janvier ont été
courtes, et n’ont pas eu d'incidence sur la production céréalière.
Les seuls commentaires négatifs recueillis de façon régulière
concernent le haricot, qui a souffert des périodes de sécheresse
au moment du démarrage ou des pluies excessivement abondantes par
la suite. Dans la région sud, en revanche, il a fallu réensemencer
en raison de pluies tardives suivies de périodes intermittentes
de sécheresse, d'où un retard dans le démarrage des
cultures, un raccourcissement de la campagne et une réduction des
rendements dans les secteurs où les pluies ont cessé de façon
prématurée. Dans le sud-ouest en particulier, on fait état
de rendements inférieurs à ceux de l'an dernier ainsi que
d'une réduction des surfaces récoltées en céréales,
par suite de la sécheresse prolongée.
Les débouchés se sont légèrement améliorés par rapport à l'an dernier, comme en témoigne l'intensification du commerce le long des routes praticables; cependant, l'arrière-pays de la plupart des provinces reste inexploité et inaccessible, indiquant sans doute que, là où l'on pourrait produire davantage de céréales, la récolte est vouée à se détériorer au point de devenir impropre à la commercialisation. Une telle situation n'incite guère à redoubler d'efforts, même dans les secteurs où l'on peut produire en toute sécurité.
La plus grosse partie de la production s'appuie sur les stocks paysans de semences des variétés locales privilégiées: Katete (nord), SAM-3 et "white-round" (centre) et Kapalandanda (centre/sud). Les semences fournies par les donateurs ainsi que d'autres institutions et distribuées par le MINADER et les ONG, continuent de jouer un rôle important pour les agriculteurs déplacés et ceux qui sont nouvellement installés; la fourniture d'outils manuels devient alors un préalable absolu à la colonisation, en raison notamment du fait que les houes produites localement se sont révélées moins efficaces que les outils d'importation pour le défrichement des forêts et de la brousse.
En conséquence de ces observations, la mission estime qu'il y
a une augmentation d'environ 10 pour cent des superficies cultivées
en céréales et en haricots. Elle note que la superficie cultivée
en manioc a augmenté de 9 pour cent, en raison de la popularité
croissante de cette culture comme réserve de sécurité
alimentaire dans des régions jusqu'ici classées comme céréalières.
Il est probable qu'un phénomène analogue se soit produit
pour la patate douce, mais les conditions régnantes ont empêché
une quantification des surfaces ensemencées.
Les rendements de sorgho et de mil communiqués à la mission semblent refléter des lacunes dans les données de terrain et dans la connaissance du potentiel des cultures. Les observations menées par la mission concernant la densité de semis, la grenaison et le remplissage du grain ainsi que la pesée des épis (pour le mil seulement) semblent indiquer des rendements plusieurs fois supérieurs à ceux déclarés, qui étaient de l'ordre de 0,2 tonne par hectare et en décalage complet avec les prévisions de production de maïs pour les mêmes sites (sorgho exclusivement).
La fertilité du sol varie beaucoup d'une région à l'autre du pays. D'un côté, des régions laissées à l'abandon pendant des décennies offrent aujourd'hui de bonnes perspectives de récolte, conformément aux avantages traditionnels bien établis de la culture itinérante. En revanche, les terres surexploitées aux environs des villes et des villages sont aujourd'hui complètement épuisées.
D'après les rapports reçus, les engrais étaient disponibles dans les régions de Huambo, Bie, Bengo, Kwanza Norte et Luanda. Cependant, leur utilisation a été restreinte par de nombreux facteurs, parmi lesquels: i) les prix élevés; ii) l'accès limité au crédit; iii) la synchronisation des livraisons; iv) les mécanismes de distribution. Il semble, par conséquent, que l'on ait distribué moins de 2 000 tonnes seulement, et que l'utilisation ait été encore inférieure. Sur la base de taux d'application de 500 kg/ha (Huambo et Bie), on présume que moins de 4 000 hectares ont été traités.
Aucune invasion de ravageurs migrateurs n'a été enregistrée. Quant aux ravageurs non migrateurs, on a signalé la présence de foreuses des tiges (maïs), de chenilles (maïs, sorgho et légumes), de pucerons et d'acariens, mais les dégâts causés sont demeurés acceptables. En revanche, les incursions d'oiseaux dans les provinces méridionales et les problèmes posés par les rats pour les réserves entreposées ou de plein champ auraient été plus graves. En fait, en l'absence de mesures de lutte, tous les ravageurs risquent de créer des perturbations sérieuses. Aujourd'hui, seuls les maraîchers des périphéries urbaines ont accès aux équipements et aux produits chimiques de protection des végétaux, si bien que la majorité des exploitants demeurent extrêmement vulnérables.
Etant donné que les institutions souhaitent passer de la phase d'urgence à celle de la réhabilitation, la fourniture gratuite d'intrants est progressivement remplacée par un éventail de formes de crédit. Cependant, la situation est loin d'être claire. Selon les catégories où ils sont classés, les paysans reçoivent, à partir de diverses sources: i) des semences gratuites; ii) des semences prêtées iii) des semences fournies moyennant prêt à intérêts; iv) des semences provenant des fonds de roulement/banques de semences.
Dans certaines provinces, on a fait état de taux d'intérêts
bancaires prohibitifs pratiqués pour l'achat d'engrais. On a introduit,
à Huambo, de nouvelles pratiques faisant appel à des intermédiaires
commerciaux; cependant, dans la province voisine de Bie, le MINADER continue
de fournir et de distribuer des engrais. Il semble que les agriculteurs
n'aient pas connaissance des conditions du crédit, ni même
de leur obligation de rembourser. A l'heure actuelle, les quantités
en cause sont minimes au point d'être négligeables; cependant,
si la fourniture d'intrants devait soudainement augmenter, on se trouverait
face à un vide administratif pour ce qui est de leur distribution,
sans parler de la mise en place d'un service de crédit efficace.
La mission n'a pas, en revanche, visité Lunda Norte, Lunda Sul, Cabinda, Zaïre et Namibe; mais elle a pu s'appuyer, pour ces régions, sur des bilans présentés par le personnel du MINADER. Dans l'ensemble, les précipitations plus favorables et la confiance croissante des paysans se traduisent par une amélioration de la situation. Toutefois, les grands propriétaires absentéistes ne partagent pas cette confiance, si bien que les systèmes de production, à l'exception notable de la traction animale dans le sud, demeurent basés sur le travail à la main et l'on doit pratiquement se passer d'intrants, sauf distribution localisée de semences.
La mission prévoit en 1998 une production céréalière
de 594 000 tonnes, dont environ 85 pour cent de maïs, et le restant
en sorgho et en mil. Les estimations par province figurent au tableau 1.
Maïs | Mil | Sorgho | Toutes céréales | ||||||||
Région/Province | Superf. (ha) | Rend. (kg/ha) | Prod. (tonnes) | Superf. (ha) | Rend. (kg/ha) | Prod. (tonnes) | Superf. (ha) | Rend. (kg/ha) | Prod. (tonnes) | Superf. (ha) | Prod. (tonnes) |
Région Nord | 98 338 | 736 | 72 370 | 98 338 | 72 370 | ||||||
Bengo | 14 000 | 700 | 9 800 | 14 000 | 9 800 | ||||||
Cabinda | 2 500 | 500 | 1 250 | 2 500 | 1 250 | ||||||
Kwanza Norte | 16 738 | 800 | 13 390 | 16 738 | 13 390 | ||||||
Luanda | 500 | 500 | 250 | 500 | 250 | ||||||
Lunda Norte | 11 000 | 600 | 6 600 | 11 000 | 6 600 | ||||||
Lunda Sul | 9 000 | 600 | 5 400 | 9 000 | 5 400 | ||||||
Malange | 26 400 | 800 | 21 120 | 26 400 | 21 120 | ||||||
Uige | 13 000 | 800 | 10 400 | 13 000 | 10 400 | ||||||
Zaïre | 5 200 | 800 | 4 160 | 5 200 | 4 160 | ||||||
Région centrale | 507 000 | 753 | 381 600 | 42 000 | 640 | 26 900 | 2 000 | 600 | 1 200 | 551 000 | 409 700 |
Benguela | 99 000 | 700 | 69 300 | 25 000 | 600 | 15 000 | 124 000 | 84 300 | |||
Bie | 126 000 | 750 | 94 500 | 3 000 | 700 | 2 100 | 2 000 | 600 | 1 200 | 131 000 | 97 800 |
Huambo | 200 000 | 750 | 150 000 | 13 000 | 700 | 9 100 | 213 000 | 159 100 | |||
Kwanza Sul | 52 000 | 900 | 46 800 | 1 000 | 700 | 700 | 53 000 | 47 500 | |||
Moxico | 30 000 | 700 | 21 000 | 30 000 | 21 000 | ||||||
Région Sud | 77 000 | 649 | 50 692 | 55 000 | 482 | 26 500 | 79 000 | 435 | 34 350 | 211 000 | 111 542 |
Huila | 60 000 | 700 | 42 000 | 32 000 | 500 | 16 000 | 21 000 | 550 | 11 550 | 113 000 | 69 550 |
Kuando Kubango | 6 000 | 500 | 3 000 | 12 000 | 600 | 7 200 | 18 000 | 600 | 10 800 | 36 000 | 21 000 |
Cunene | 11 000 | 200 | 2 200 | 10 000 | 300 | 3 000 | 39 000 | 300 | 11 700 | 60 000 | 16 900 |
Namibe | 1 164* | 3000 | 3 492 | 1 000 | 300 | 300 | 1 000 | 300 | 300 | 2 000 | 4 092 |
TOTAL | 682 338 | 738 | 504 662 | 97 000 | 551 | 53 400 | 81 000 | 439 | 35 550 | 860 338 | 593 612 |
* Superficie irriguée
Ces prévisions donnent une production supérieure de 38 pour cent à celle de l'an dernier, qui s'était ressentie des faibles précipitations. La production de légumineuses, en association avec les céréales et d'autres cultures, s'est également développée, en dépit des pertes signalées dans certaines régions par suite des pluies excessives; toutefois, ces pertes ont été largement compensées par l'extension des surfaces ensemencées et par l'amélioration des rendements dans les autres régions.
La production de manioc a également progressé grâce à l'augmentation des superficies et aux meilleures précipitations dans toutes les principales régions de culture. Le Tableau 2 indique la production de céréales, de haricots et de manioc par province. Même avec une teneur en matière sèche de 30 pour cent, il est probable que la disponibilité annuelle de manioc représente environ dix fois la production céréalière dans la région nord, 75 pour cent de la production céréalière dans la région centre et un dixième de cette même production dans la région sud. Le solde de la production de glucides est représenté par les patates douces, la canne à sucre, les bananes et les pommes de terre. Il semble que toutes les cultures aient bénéficié d’une pluviométrie favorable cette année.
Les diagrammes 2 et 3 fournissent les tendances de la production de céréales et de manioc pour la période 1990-1998.
Toutes céréales | Haricots | Manioc | Superf. cultivée totale | ||||||
Superf. (ha) | Prod. (tonnes) | Superf. (ha) | Rend. (kg/ha) | Prod. (tonnes) | Superf. (ha) | Rend. (kg/ha) | Prod. (tonnes) 1/ | (ha) | |
Région Nord | 98 338 | 72 370 | 50 767 | 393 | 19 954 | 393 113 | 5674 | 2 230 569 | 542 218 |
Bengo | 14 000 | 9 800 | 2 000 | 400 | 800 | 22 750 | 6500 | 147 875 | 38 750 |
Cabinda | 2 500 | 1 250 | 2 300 | 300 | 690 | 5 000 | 6000 | 30 000 | 9 800 |
Kwanza Norte | 16 738 | 13 390 | 5 500 | 300 | 1 650 | 33 340 | 6500 | 216 710 | 55 578 |
Luanda | 500 | 250 | 1 000 | 600 | 600 | 2 000 | 4000 | 8 000 | 3 500 |
Lunda Norte | 11 000 | 6 600 | 7 300 | 300 | 2 190 | 37 000 | 4000 | 148 000 | 55 300 |
Lunda Sul | 9 000 | 5 400 | 2 800 | 300 | 840 | 39 000 | 4000 | 156 000 | 50 800 |
Malange | 26 400 | 21 120 | 9 867 | 500 | 4 934 | 84 623 | 8000 | 676 984 | 120 890 |
Uige | 13 000 | 10 400 | 15 000 | 450 | 6 750 | 135 000 | 5000 | 675 000 | 163 000 |
Zaire | 5 200 | 4 160 | 5 000 | 300 | 1 500 | 34 400 | 5000 | 172 000 | 44 600 |
Région centrale | 551 000 | 409 700 | 146 754 | 420 | 61 642 | 169 000 | 5633 | 952 000 | 866 754 |
Benguela | 124 000 | 84 300 | 15 000 | 300 | 4 500 | 10 000 | 4000 | 40 000 | 149 000 |
Bie | 131 000 | 97 800 | 63 154 | 400 | 25 262 | 42 000 | 5000 | 210 000 | 236 154 |
Huambo | 213 000 | 159 100 | 50 000 | 500 | 25 000 | 44 000 | 6000 | 264 000 | 307 000 |
Kwanza Sul | 53 000 | 47 500 | 13 000 | 400 | 5 200 | 25 000 | 6000 | 150 000 | 91 000 |
Moxico | 30 000 | 21 000 | 5 600 | 300 | 1 680 | 48 000 | 6000 | 288 000 | 83 600 |
Région Sud | 212 164 | 111 542 | 15 500 | 265 | 4 100 | 14 000 | 2000 | 28 000 | 241 664 |
Huila | 113 000 | 69 550 | 9 000 | 300 | 2 700 | 10 000 | 2000 | 20 000 | 132 000 |
Kuando Kubango | 36 000 | 21 000 | 1 000 | 300 | 300 | 4 000 | 2000 | 8 000 | 41 000 |
Cunene | 60 000 | 16 900 | 5 000 | 200 | 1 000 | 65 000 | |||
Namibe | 3 164 | 4 092 | 500 | 200 | 100 | 3 664 | |||
TOTAL 1997/98 | 861 502 | 593 612 | 213 021 | 402 | 85 696 | 576 113 | 5573 | 3 210 569 | 1 650 636 |
TOTAL 1996/97 | 781 654 | 431 385 | 176 492 | 376 | 66 338 | 526 249 | 4 421 | 2 326 294 | 1 484 395 |
Evolution 1997/98 par rap. à 1996/97 (%) | +10 | +38 | +21 | +7 | +29 | +9 | +26 | +38 | +11 |
Le Tableau 3 fournit les séries chronologiques concernant les
estimations de production céréalière des dernières
années.
Province | 1993/94 | 1994/95 | 1995/96 | 1996/97 | 1997/98 |
Benguela | 60 | 20 | 82 | 65 | 84 |
Bie | 19 | 32 | 58 | 84 | 98 |
Huambo | 17 | 45 | 108 | 112 | 159 |
Huila | 69 | 59 | 71 | 49 | 70 |
Kwanza Sul | 33 | 30 | 44 | 21 | 48 |
Malange | 11 | 9 | 25 | 11 | 21 |
Moxico | n/d | n/d | 16 | 21 | 21 |
Autres provinces | 45* | 77* | 96 | 68 | 93 |
Production totale | 254 | 272 | 500 | 431 | 594 |
Superf. totale (milliers d’ha) | 841 | 852 | 783 | 782 | 862 |
Dans la région du sud, où l'on élève actuellement le gros du cheptel ruminant selon les méthodes traditionnelles de transhumance, une situation préoccupante a été observée dans les provinces de Cunene et Namibe, et l'on a fait état de mauvaises conditions de pâturage dans le sud de Kuando Kubango. Afin de maintenir un cheptel dans des conditions appropriées de sécurité dans les régions à densité excessive, il faudrait que les pasteurs négocient l'accès aux grandes étendues de savane verte et de fermes d'élevage situées au nord, que l'on peut aujourd'hui qualifier de dépeuplées.
L'effondrement du secteur de l'élevage intensif est pratiquement complet. Pour ce qui est de la volaille, on est tombé à environ 500 000 pondeuses; quant aux porcins, on ne dénombre pas plus de 5 000 têtes dans les élevages industriels. Il existe toujours un petit élevage de volailles et de porcins, mais l'effondrement des structures de soutien les rendent vulnérables aux maladies.
La peste aviaire, la fièvre porcine, la péripneumonie contagieuse des bovins, les clostridioses et l'anthrax continuent de sévir, mais, à ce jour, il n'existe pas de services, d'équipements ou de matériel permettant d'en prévenir ou d'en limiter les effets, et on comprend l'absence apparente d'intérêt envers la reconstitution d'entreprises d'élevage. Les campagnes de reconstitution du cheptel lancées par les ONG au niveau du village demeurent extrêmement modestes et vulnérables, surtout lorsque sont introduites des espèces inappropriées.
A l'échelle nationale, la situation du bétail est plutôt
sombre et il y a lieu de prévoir, pour le pays, une aide urgente
dans les domaines technique et matériel afin d'éviter que
se poursuive la détérioration de cette base de ressources,
ce qui ne manquerait pas d'hypothéquer gravement les perspectives
de redressement du secteur de l'élevage.
Les neuf provinces se caractérisent par une production de racines, de tubercules et de cultures commerciales de plantes vivaces. La zone cultivée en manioc est dix fois plus étendue que celle soumise aux cultures céréalières, et les précipitations vont de 800 mm dans les zones côtières de l'ouest à 1 600 mm dans les régions orientales.
Du fait de la diversité du sol et des différentes altitudes, avec aussi bien des bassins argileux, côtiers et fluviaux que des hauts plateaux au sol ferralitique entrecoupés de plaines alluviales, la région présente une grande variété de zones agro-écologiques qui offrent toute une gamme de productions possibles. La principale culture de base est le manioc, qui fournit une sécurité alimentaire à long terme étant donné qu'il est récolté au jour le jour, en fonction des besoins. Au manioc s'ajoutent les bananes et les patates douces, en fonction des préférences et de la disponibilité. Dans les régions nord, le maïs est principalement consommé directement en épi, alors que sa consommation en grains progresse à mesure que l'on descend vers le sud. Le katete, variété originaire de Bengo, est préféré à la plupart des variétés locales en raison de son cycle plus court, convient parfaitement aux cultures tardives ou à celles de la campagne "secondaire" de janvier, février et mars.
Bengo: Avec une population estimée l'an dernier à 29 000 familles agricoles et augmentée de quelque 14 000 personnes qui sont rentrées chez elles début 1997, on estime que la superficie cultivée a augmenté parallèlement à l'augmentation de la production de maïs et de haricots. Les précipitations tardives et de volume médiocre enregistrées dans la région côtière ne semblent pas avoir affecté le maïs ensemencé précédemment, et, grâce aux bonnes pluies dont ont bénéficié les zones escarpées et l'arrière-pays, on ne prévoit pas de grosses difficultés. La taille des exploitations familiales est déterminée par le travail manuel dans des conditions de forte pluviométrie; elle devrait donc être d'environ 1 ha par exploitation, avec des surfaces supplémentaires consacrées à la culture du café, de la banane et d'autres arbres fruitiers pour les ménages établis. Le processus de paix a ouvert plusieurs zones au développement, et l'on observe en particulier une reprise des plantations de café et d'huile de palme à l'aide de subventions de l'UE; par ailleurs, la mission a visité une unité commerciale pilote destinée à produire du maïs et des melons sur grande échelle. Cependant, les barrages routiers et l'attitude des véhicules militaires sur les routes tendent, comme nous l'avons dit, à décourager les commerçants.
Selon les indications reçues, les rendements du maïs ont été supérieurs à ceux de l'an dernier et l'on n'a pas observé d'infestations de ravageurs non plus que de maladies sur une échelle notable. Les semences distribuées aux rapatriés sont arrivées avec retard; néanmoins, étant donné que la campagne est plus longue dans l'arrière-pays, ce retard n'a pas été perçu comme une entrave sérieuse. Les petits exploitants et les paysans pratiquant l’agriculture de subsistance ne disposent ni d'engrais ni d'intrants chimiques, alors que les exploitants commerciaux s'approvisionnent via Luanda.
Cabinda: La mission ne s'est pas rendue à Cabinda, et aucune information fiable n'a été obtenue concernant cette province, autrefois productive. Selon les données de télédétection, la végétation aurait été meilleure que l'an dernier, et on prévoit des rendements plus élevés, mais ce sont les données de l’an dernier qui ont été prises en considération dans la présente analyse.
Kwanza Norte: Avec une population estimée de 48 000 familles agricoles, pratiquant le travail manuel de la terre de façon plus active que l'an dernier en raison de l'amélioration de la sécurité et des précipitations, on s'attend à une augmentation des superficies ensemencées en manioc, haricots et maïs. Bien que les pluies aient été tardives dans les municipalités visitées par la mission, elles sont considérées comme largement meilleures que l'an dernier, avec une augmentation concomitante des rendements, à l'exception des haricots qui auraient été affectés par les pluies violentes du mois de décembre. Les ravageurs des cultures, dont l'incidence a été jugée minime, comprenaient les pyrales du caféier (Spodoptera spp) et les cochenilles sous forme d'infestations localisées. Les exploitants commerciaux ont bénéficié de quantités limitées d'engrais. Cependant, les difficultés d'accès au crédit ont été signalées comme entrave à l'expansion.
En raison de l'accroissement de l'offre, le prix du maïs est tombé de 500 000 Kzr à 150 000 Kzr le kg, voire moins, sur les principaux marchés.
Luanda: Selon les rapports reçus du MINADER-Luanda, 500 hectares de maïs seulement auraient été mis en culture, et l'on n'a pas pu identifier plus de 300 hectares de manioc. Les observations menées sur le terrain semblent indiquer que des superficies plus étendues de maïs ont été ensemencées le long de la ceinture verte, mais le succès de la récolte dépendra des précipitations et des brumes ultérieures.
Lunda Norte: Cette province n'a pas été visitée par la mission, mais les indices de végétation dérivés des données de télédétection font état d'une production moyenne ou supérieure à la moyenne, avec des rendements à l'hectare supérieurs à ceux, médiocres, de l'an dernier. La province consomme principalement du manioc, avec une modeste consommation de maïs en épi.
Lunda Sul: La mission ne s'est pas rendue dans la province de Lunda Sul cette année. Selon les informations en provenance des municipalités qui communiquent avec le gouvernement, l'entrave principale est constituée par la pénurie d'intrants et de services de soutien, conjuguée à l'insécurité qui empêche un retour rapide des familles rurales dans les régions traditionnelles d'exploitation. Aucun problème lié aux précipitations n'ayant été évoqué, on peut s'attendre cette année à une production moyenne ou supérieure à la moyenne.
Malange: Avec une population agricole active de 122 000 familles d'agriculteurs, la superficie totale cultivée a été estimée à environ 120 000 hectares pour la province, dont 75 pour cent de manioc. Les pluies ont commencé tôt dans la saison et sont tombées de façon régulière et très abondantes au cours des mois suivants, réduisant les rendements des haricots et entravant l'accès immédiat aux basses terres utilisées pour les cultures tardives. On signale un fléchissement généralisé des prix, les haricots atteignant même 50 000 Kzr le kg; les marchés se trouvent à l'évidence approvisionnés de façon plus abondante, notamment en manioc, à partir des secteurs tenus par l'UNITA.
Aucun cas notable de ravageurs ou de maladies n'a été observé, et l'on s'attend par conséquent à ce que tous les rendements soient supérieurs à ceux de l'an dernier. Aucun engrais n'a été distribué ni rendu accessible aux agriculteurs depuis 1992. Cependant, plusieurs ONG ont distribué des semences et ont, dans certains cas, partiellement réussi à créer des fonds de roulement et des banques de semences.
Uige: On a estimé à quelque 120 000 familles la population agricole active de la région. Cette dernière, bien que se dédiant traditionnellement aux cultures commerciales de plantes vivaces, est une province principalement consacrée au manioc, avec une dimension moyenne de 3 ha pour les exploitations agricoles. L'essentiel des superficies cultivées est occupé par le manioc, le café et les arbres fruitiers, avec des cultures associées de maïs et de haricots. Cette année, les précipitations ont été conformes au schéma prévu mais en quantités plus abondantes, et les rendements signalés sont supérieurs à ceux de l'an dernier. On n'a pas enregistré de perturbations notables dues aux ravageurs ou aux maladies. Du fait des retards dans la livraison, il n'y a pas eu de distribution d'engrais durant la saison du maïs, et les retards ont également affecté la distribution des semences de maïs et de haricots.
En dépit de l'augmentation de la production, on a signalé une augmentation des prix sur les marchés, en raison de l'intensification des échanges et des mouvements de produits en direction des autres provinces.
Zaire: La mission ne s'est pas rendue dans la province de Zaire.
Selon les rapports émanant du MINADER sur les zones côtières,
les principales cultures seraient en progression grâce à l'amélioration
de la pluviométrie. La principale culture est le manioc, et le maïs
est cultivé en association avec les haricots, sur une petite échelle.
S'agissant de la plupart des autres facteurs, la situation demeure essentiellement la même que l'an dernier. Les pénuries d'intrants et de crédits resteraient le principal facteur dissuadant les paysans d'étendre les surfaces cultivées, tandis que l'insécurité constituerait l'entrave majeure aux investissements dans la plupart des régions de l'arrière-pays, où de vastes étendues de terres arables demeurent inexploitées. Les surfaces cultivées en manioc semblent en expansion et la production (teneur en matière sèche) est estimée cette année à 75 pour cent de la production de maïs. Cette expansion s'explique sans doute par la valeur de cette culture comme garantie de sécurité alimentaire, notamment dans les régions où les excédents de maïs s'écoulent difficilement.
Benguela: Avec une population agricole estimée à 200 000 familles, la superficie cultivée a été calculée en incorporant les exploitants périurbains, de même que ceux établis dans le villages agricoles, ce qui donne une surface, peut-être sous-estimée, de 149 000 hectares de céréales, de haricots et de manioc.
Grâce aux excellentes précipitations, les meilleures depuis 20 ans, la production de céréales devrait dépasser largement celle de l'an dernier, les haricots auraient en revanche souffert des pluies violentes. Selon les informateurs locaux, la période de sécheresse enregistrée fin novembre et début décembre ne semble pas avoir affecté le rendement. Les ONG ont distribué des semences de maïs, de sorgho et de haricots aux rapatriés, aux personnes déplacées et agriculteurs sédentarisés ne pouvant pas s'en procurer. Aucune perturbation grave due aux ravageurs ou aux maladies n'a été signalée. Malgré l'absence d'informations concernant les autres intrants, on considère que les produits chimiques de protection des végétaux et des engrais étaient accessibles à Lobito, bien qu'utilisés exclusivement par les horticulteurs commerciaux. En outre, le banditisme endémique aurait suscité une réticence de la part des opérateurs économiques. Enfin, la réinstallation aurait été retardée par l'insécurité chronique dans des régions présentant par ailleurs un potentiel agricole.
Bie: Avec une population agricole estimée à 134 000 familles, la province de Bie constitue une zone de transition entre le nord, plus humide, où pousse le manioc, et le sud, plus aride, où l'on cultive les céréales. Cette année, les précipitations ont été bonnes, et peut-être même ² les meilleures depuis neuf ans² , en dépit d'une quinzaine de jours de sécheresse nettement perceptible en novembre/décembre, mais qui n'aurait pas influencé les rendements. On a observé de bonnes récoltes dans les communautés sédentarisées avec notamment d'excellents résultats pour la patate douce. Grâce au processus de stabilisation, on a enregistré une augmentation des surfaces exploitées par les villageois réinstallés; cependant, l'expansion se limite alors aux surfaces cultivées manuellement, car rares sont les agriculteurs qui utilisent la traction animale et encore plus rares ceux qui ont accès aux tracteurs.
Les distributions d'engrais (12:24:12 et sulfate d'ammonium) ont fait un bond, passant de 150 tonnes l'an dernier à 600 tonnes, distribuées par le MINADER. En dépit de l'augmentation de la production, les prix du maïs sur les marchés ont montré de la fermeté; les commerçants/exploitants de Kuito expliquent ce phénomène par le fait qu'ils conservent le maïs pour leur propre consommation et commercialisent les patates douces. Le seul ravageur signalé est la foreuse des tiges du maïs, mais avec une incidence conforme au seuil habituel de tolérance. Dans un village bien établi visité par la mission, les stocks étaient déclarés exempts de ravageurs, grâce à l'utilisation de feuilles de tabac.
Huambo: La population agricole active de cette province a été estimée à 205 000 familles, pour une surface totale de mise en culture pouvant dépasser les 400 000 hectares, étant donné que des études récentes (FAO/MINADER) établissent la dimension moyenne des exploitations entre 2 ha et 2,5 ha. Cependant, les observations menées par la mission durant ses longs parcours routiers indiquent que seule une faible proportion des terres arables "accessibles" est en fait mise en culture. Il semble que les précipitations aient été, cette année, les meilleures depuis 25 ans, et les rendements céréaliers seraient nettement supérieurs à ceux de l'an dernier dans toutes les régions, à l'exception des municipalités de Bailundo et de Mungo, contrôlées par l'UNITA, où les rendements seraient très faibles. Tous les exploitants interrogés ont confirmé cette situation satisfaisante, y compris l'absence quasi totale de ravageurs et de maladies durant l'année.
Le MINADER a distribué 1 200 tonnes d'engrais par le biais des circuits commerciaux. Les fertilisants avaient été demandés pour la récolte de l'an dernier; mais, parvenus sur place avec un gros retard, ils n'ont pu être utilisés en temps opportun pour la campagne de cette année.
Le bureau du MINADER, très actif, s'efforce d'améliorer les méthodes de collecte des données au niveau provincial. Parallèlement, on a repris les essais de variétés céréalières et les parcelles de multiplication des semences pour les variétés qui obtiennent la préférence dans la région (SAM 3 et "white round"), sous l'égide du MINADER, à l'Institut de recherche agronomique de Changa. Par suite de la bonne récolte, le cours du maïs serait tombé à 50 000 Kzr le kilo et continuerait à baisser.
Kwanza Sul: Avec une population agricole active estimée à 135 000 familles établies dans des zones agro-écologiques très diverses, Kwanza Sul produit un large éventail de denrées.
Les bonnes pluies de cette année ont permis de cultiver le maïs sur de grandes superficies des sols argileux riches en terreau des régions côtières. Alors que, l'an dernier, des tentatives analogues avaient complètement échoué, cette année, la mission a trouvé un maïs bien développé, capable de donner un rendement de 3 à 4 tonnes à l'hectare, là même où, l'an dernier, on avait enregistré un échec. A noter qu'il s'agit-là du seul exemple, dans le pays, d'unités céréalières mécanisées et organisées sous forme d'entreprises. Parallèlement, grâce aux meilleures précipitations, les champs cultivés par les paysans, plus en retrait de la côte, ont été plus productifs que l'an dernier.
Les plantations de caféiers et de bananiers étaient bien désherbées et les observateurs font état d'une intensification des échanges pour toutes les denrées. A Gabela, les prix du marché étaient en augmentation grâce au fait que les négociants traitaient directement avec les agriculteurs avant d'emporter les marchandises vers Luanda.
En dépit de la présence annoncée d'engrais chez les fournisseurs privés, il semble que les agriculteurs ne s'en soient pas procurés, en raison des prix élevés et de l'absence de crédits.
On a signalé des incursions de foreuses des tiges et de "chenilles noires" (Spodoptera spp.), mais sans incidence marquée et, comme dans les autres provinces, il semble que les produits chimiques ou les équipements de protection des végétaux aient été absents. A ce propos, les variétés locales de maïs dont le katete, le Dente Kaval et le SAM 3 ont été préférées aux semences importées ou distribuées, précisément en raison de leur résistance.
Moxico: Avec une population agricole active estimée à 40 000 familles, Moxico, qui demeure une province principalement axée sur le manioc, produit également des quantités raisonnables de maïs. Les pluies ont commencé tardivement cette saison, mais elles ont ensuite été abondantes et régulières, si l'on excepte une vague de sécheresse entre fin novembre et début décembre. Une vaste portion de la province reste inaccessible à la mission et, en dépit de la bonne qualité des informations fournies par les agents agricoles de l'UNITA à partir de leur longue randonnée à pied dans la municipalité du Alto-Zambeze, on ne dispose d'aucune information pour au moins 65 pour cent de la province.
La mission a pris note de bons rendements pour le maïs et le manioc
dans tous les villages visités, ainsi que d'une extension des zones
cultivées, dans les limites permises par le travail manuel dans
les environs de Luena et dans d'autres secteurs, à mesure que les
agriculteurs reprennent confiance. Outre les ravageurs des denrées
stockées pour le maïs, on s'inquiète des infestations
de cochenilles. La présence d'autres ravageurs tels que les criquets
et les foreuses des tiges ne dépassait pas le seuil de tolérance.
Enfin, hormis les semences fournies par les ONG, aucune présence
d'intrants agricoles n'a été observée.
Huila: Avec une population agricole active estimée à 100 000 familles, la province de Huila est généralement la plus productive des zones méridionales. Les précipitations ont été normales, voire abondantes dans la plupart des secteurs; les pluies ont démarré à temps, au mois de septembre, et se sont poursuivies durant toute la campagne. D'après les observations des ONG, une fraction importante de la population a reçu des semences, car la récolte a été mauvaise l'an dernier.
Aucune incidence notable de maladies ou de ravageurs n'a été signalée et la production de mil et de sorgho a été qualifiée de "satisfaisante". Quant aux récoltes de maïs observées par la mission, elles promettaient un volume beaucoup plus important que celui obtenu l'an dernier.
Malgré la présence de vastes étendues de terres arables non exploitées dans la province, les paysans de deux municipalités se sont plaints du manque d'accès aux terres, sans doute détenues par des propriétaires absents.
Kuando Kubango: Avec une population agricole active estimée à 87 000 familles, cette grande province est la moins densément peuplée du pays. Les activités agricoles sont concentrées dans le nord et le nord-ouest, où la pluviométrie est moins régulière. Il a malheureusement été impossible d'obtenir des informations en provenance de Kushi, la municipalité la plus productive, bien que le MINADER y ait des agents. Les visites de la mission dans le nord/nord-est de la province ainsi que les entretiens avec les représentants du MINADER et des ONG à Menongue ont confirmé que, cette année, les pluies n'ont pas été aussi bonnes que l'an dernier. La saison a démarré tardivement et, dans certaines localités, la sécheresse intermittente a rendu nécessaire la répétition des semis pour le mil. Cependant, en dépit de ces difficultés, les cultures de mil semblent prometteuses et une inspection plus rapprochée a donné un rendement de 0,6 à 0,9 tonnes à l'hectare dans les champs sélectionnés. Le seul ravageur observé était le criquet, mais sans incidence grave et il n'y a pas eu de distribution d'engrais ni de produits chimiques de protection des végétaux, qui semblaient manquer par ailleurs.
Bien que l'on se soit attendu à ce que la traction animale soit utilisée dans cette province disposant traditionnellement d'un cheptel important, tous les agriculteurs interrogés travaillaient la terre à la main. On a observé une extension des zones mises en culture, avec des surfaces gagnées chaque année sur la brousse. A ce propos, si l'on veut permettre aux villages de retrouver leur autonomie, il est impératif d'accorder la priorité à la fourniture d'outils permettant de dégager des forêts établies depuis 20 ans.
Cunene: Située dans l'extrémité sèche de l'Angola, cette province est l'une des plus arides du pays, et s'appuie davantage sur l'élevage que sur l'agriculture. L'arrivée tardive des pluies, suivie de périodes de sécheresse prolongée durant la campagne agricole 1996/97, a entravé la bonne prise des cultures de même que la grenaison et le remplissage des grains pour le sorgho et le mil, et l'on s'attend à une production médiocre. Les ressources en fourrage suscitent également des préoccupations pour les régions contrôlées par le gouvernement, en raison de la forte densité d'occupation dans la région. Il y aurait lieu d'envisager de réduire ce taux de charge en vue de la prochaine saison sèche, en rétablissant par exemple la transhumance ou en créant des droits de pâturage temporaire dans d'autres secteurs de la région, où l'on trouve de l'herbe en abondance.
Namibe: La mission a rencontré à Cunene des représentants
de la province de Namibe, mais sans se rendre dans cette dernière.
Il semble que la production ait pâti des mêmes facteurs que
dans la province de Cunene.
La lenteur du processus de paix ainsi que la récente détérioration de la sécurité, comme en témoignent les actes de banditisme fréquemment rapportés, auxquels s'ajoutent les mauvaises conditions du réseau routier et des autres infrastructures rurales, constituent autant d'obstacles majeurs aux activités de commercialisation et à l'accès des ménages aux aliments et autres produits de base. Dans les régions du nord et du centre, en dépit des excédents prévus cette année, on ne trouve que de petits volumes à acheter pour être expédiés vers les zones déficitaires. Cette situation ne manquera pas de peser sur les prix et de décourager la production l'an prochain. Fin avril, on avait déjà noté dans certains districts ruraux des prix du maïs ne dépassant pas 50 000 Kzr/kg, contre 150 000 à 250 000 Kzr/kg, voire plus, dans les marchés des villes voisines.
La disponibilité accrue de manioc dans les régions septentrionale
et centrale devrait améliorer la sécurité alimentaire
de nombreuses familles agricoles de ces régions, notamment pendant
la période de soudure. Bien que consommé sous forme de produit
frais, le manioc se vend en morceaux séchés ou en poudre.
Toutefois, les restrictions aux mouvements des personnes et des marchandises
liées à l'insécurité risquent d'entraver les
activités de commercialisation, de même que l'effet de substitution
prévu cette année en raison de la production élevée
de manioc dans les régions du nord et du centre. En l'absence d'une
aide à l'achat de la part des donateurs, les catégories vulnérables,
pour lesquelles l'accès à la terre est impossible ou très
difficile, risquent de ne pas bénéficier de cette augmentation
des disponibilités alimentaires. Grâce à la présence
d'autres sources, moins importantes, de glucides sous forme de bananes
et de patates douces, on peut établir l'absorption de glucides par
habitant à environ 2 000 kg/cal. par jour fournis à 70 pour
cent par le maïs et le manioc. Etant donné que le manioc n'est
généralement pas importé, le déficit alimentaire
devra être comblé par des importations de céréales.
On trouvera, au tableau 4 ci-dessous, le bilan de l'offre et de la demande
de céréales pour la campagne de commercialisation 1998/99
(avril/mars).
Disponibilités totales | 594 |
Production intérieure | 594 |
Prélèvement sur les stocks | - |
Utilisations totales | 1 064 |
Alimentation humaine | 924 |
Alimentation animale | 40 |
Semences, pertes et autres utilisations | 100 |
Besoins d’importation | 470 |
Importations commerciales prévues | 350 |
Aide alimentaire, dont:
- Aide alimentaire d’urgence1/ |
120
90 |
- Aide alimentaire liée à des programmes | 30 |
Si l'on applique un taux de croissance de 2,8 pour cent aux estimations des populations provinciales effectuées par l'Organisation internationale pour la migration en 1996, on peut établir à 13,2 millions la population de l'Angola à la période correspondant au milieu de la campagne commerciale 1998/99. Sur la base d'une consommation céréalière annuelle de 70 kg par habitant, on obtient un besoin, pour la consommation humaine, de 924 000 tonnes de céréales.
Des entretiens tenus avec les représentants gouvernementaux indiquent que les stocks détenus par les autorités centrales ou locales sont négligeables, et les contacts avec les agriculteurs, les négociants privés et les minotiers n'ont pas démontré l'existence de stocks céréaliers substantiels.
Les pertes ont été estimées, en ce qui concerne les céréales, à 15 pour cent de la production, soit 89 000 tonnes. On a par ailleurs calculé l'utilisation des semences en se basant sur les densités moyennes de semis auxquelles on a ajouté une petite marge pour les réensemencements. Sur la base de semis prévus de 700 000 ha de maïs, 100 000 ha pour le sorgho et le mil respectivement, environ 10 000 tonnes de semences seront nécessaires pour la prochaine campagne de semis. On a également calculé la consommation d’aliments pour animaux en s'appuyant sur les nouveaux chiffres fournis par le MINADER. On estime à 500 000 la population de poules pondeuses et le cheptel porcin à 5 000 têtes, ces deux catégories absorbant le gros de l'alimentation animale, qui a été estimée à 40 000 tonnes de céréales, principalement du maïs.
Si l'on rapproche l'utilisation totale de céréales, estimée
à 1 064 000 tonnes, et la disponibilité totale, soit 594
000 tonnes, on constate un déficit de 470 000 tonnes,
qu'il faudra couvrir par des importations. Ce volume est d'environ 12 pour
cent inférieur à celui estimé pour la campagne 1997/98.
D'après les données communiquées par le Ministère
du commerce et de l'industrie et sur la base des entrevues conduites avec
un certain nombre de négociants, il semble que, comme pour les deux
dernières années, les importations commerciales de céréales
devraient être d'environ 350 000 tonnes. On a estimé le besoin
d'aide alimentaire pour 1998/99 à 120 000 tonnes, dont 90 000 tonnes
d'aide alimentaire d'urgence. On importera principalement du riz et du
blé, dont la production locale est négligeable et il faudra
prévoir une aide des donateurs pour les achats locaux de maïs
destiné à être distribué aux populations vulnérables.
En dépit des bonnes conditions météorologiques enregistrées cette année et de l'augmentation de production qui en est résultée, une proportion importante de la population souffre encore de l'insécurité alimentaire. Les facteurs qui influencent l'insécurité alimentaire varient selon les groupes de populations et leur situation géographique. Cependant, on peut généralement retenir les facteurs suivants: manque d'accès aux terres et aux intrants agricoles, ainsi qu'aux autres moyens de production; accès limité à tout excédent ou à toute production commercialisée, par suite de l'incidence conjuguée de la médiocrité de l'infrastructure et des systèmes de commercialisation totalement inadéquats; enfin, l'insuffisance généralisée du pouvoir d'achat.
Selon les estimations de la mission, le nombre total de personnes devant bénéficier d'une aide alimentaire à titre humanitaire représente une réduction d'environ 25 pour cent par rapport aux estimations de 1997. Le facteur le plus important influençant cette réduction a été la réinstallation réussie d'environ 60 à 80 000 personnes au cours de la période 1997/98, principalement à Bengo, Kwanza Sul et Kwanza Norte, ainsi que dans des régions accessibles et sûres de Kuando Kubango, Bie et Moxico. Les bonnes pluies de cette année ainsi que les conditions améliorées de la récolte, particulièrement dans les régions côtières, et dans les provinces de Huila, Namibe et le sud de Benguela ont également contribué à cette diminution. Cependant, les lenteurs de la normalisation de l'administration rurale, les retards du processus de réconciliation nationale et la détérioration de la sécurité continuent de restreindre les activités des institutions humanitaires et découragent la majorité des personnes déplacées et des réfugiés de retourner dans leurs régions d'origine. Au moment de la mission, c'est-à-dire juste avant la récolte principale, la détérioration des conditions de sécurité avait entraîné la fuite de villageois qui avaient ainsi abandonné leurs champs.
Cette détérioration de la sécurité n'a pas seulement entraîné des retards dans les projets de réinstallation de la majorité des personnes déplacées de l'intérieur et des réfugiés, elle a également provoqué de nouveaux déplacements de population. En outre, un certain nombre de personnes qui ne pouvaient pas rentrer dans leur région d'origine ont été temporairement réinstallées dans des sites intermédiaires: or, ces populations sont généralement incapables d'atteindre un degré satisfaisant de sécurité alimentaire, principalement en raison de facteurs conjugués tels que l'indisponibilité des terres et la faible fertilité des sols dans les secteurs de réinstallation provisoire.
Par ailleurs, les programmes de remise en état concernant tant les structures sociales que les infrastructures de base ont également été gravement sapés par les mauvaises conditions de sécurité, en particulier dans les régions où l'on prévoit la réinstallation d'une grande majorité de la population.
On trouvera, au tableau 5, une synthèse des estimations de la
mission concernant le nombre des bénéficiaires, par catégorie.
Le nombre total des bénéficiaires est estimé à
752 000 personnes, à l'exclusion des soldats gouvernementaux démobilisés.
[ Si la démobilisation des troupes de Forças Armadas Angolanas
devait se réaliser durant la période d'application du présent
rapport spécial, c'est-à-dire avant la fin de mars 1999,
il faudra peut-être prévoir d'augmenter l'aide alimentaire.
Cependant, la mission n'a pu recueillir aucune indication précise
concernant le nombre de personnes concernées et le calendrier visé.]
On notera, néanmoins, que les besoins d'aide alimentaire pour la
période 1998-99 pourraient être supérieurs à
ceux décrits par la mission, dans le cas où la réinstallation
et les activités connexes de remise en état devraient reprendre
plus rapidement que prévu.
Province | Personnes déplacées et réfugiés | Réinstallation | Réintégration | Remise en état | Groupes vulnérables | Total |
Bengo | 13 000 | 9 000 | 500 | 10 000 | 2 000 | 34 500 |
Benguela | 78 500 | 29 000 | 1 000 | 17 500 | 20 000 | 146 000 |
Bie | 9 000 | 4 000 | 5 500 | 17 500 | 7 500 | 43 500 |
Cabinda | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Cunene | 0 | 1 000 | 0 | 2 500 | 4 000 | 7 500 |
Huambo | 0 | 6 000 | 4 000 | 15 000 | 15 000 | 40 000 |
Huila | 17 500 | 10 000 | 1 500 | 15 000 | 18 500 | 62 500 |
Kuando K. | 0 | 18 500 | 7 000 | 10 000 | 6 000 | 41 500 |
Kwanza N. | 0 | 0 | 500 | 57 500 | 2 000 | 60 000 |
Kwanza S. | 0 | 0 | 500 | 2 500 | 500 | 3 500 |
Luanda. | 6 500 | 0 | 1 000 | 5 000 | 7 000 | 19 500 |
Lunda N. | 9 500 | 5 000 | 1 000 | 0 | 2 000 | 17 500 |
Lunda S | 0 | 25 000 | 0 | 2 500 | 6 500 | 34 000 |
Malange | 500 | 25 500 | 0 | 20 000 | 4 000 | 50 000 |
Moxico | 30 000 | 50 500 | 1 500 | 10 000 | 3 000 | 95 000 |
Namibe | 1 500 | 1 000 | 0 | 2 500 | 2 500 | 7 500 |
Uige | 12 500 | 12 000 | 2 500 | 27 500 | 14 500 | 69 000 |
Zaire | 0 | 12 500 | 1 000 | 5 000 | 2 000 | 20 500 |
Total | 178 500 | 209 000 | 27 500 | 220 000 | 117 000 | 752 000 |
Les catégories de bénéficiaires sont définies
de la façon suivante:
Le tableau 6 décrit les besoins alimentaires correspondants, les quantités d'aide alimentaire étant calculées en multipliant le nombre mensuel moyen de bénéficiaires par une ration type, dont la composition tient compte des différentes mesures utilisées en Angola par le PAM et d'autres organisations.
Bénéficiaires | Maïs | Légumi-neuses | Huile végétale | Préparat. céréales/ soja | Sucre | Sel | Total |
Personnes dépla-cées et réfugiés | 21 877 | 2 713 | 1 607 | 321 | 26 518 | ||
Réinstallation | 25 055 | 3 010 | 1 881 | 376 | 30 322 | ||
Réintégration | 3 297 | 396 | 248 | 50 | 3 990 | ||
Remise en état | 31 680 | 3 168 | 1 980 | 396 | 37 224 | ||
Groupes vulnérables | 9 087 | 1 639 | 1 053 | 5 040 | 587 | 205 | 17 611 |
TOTAL | 90 996 | 10 926 | 6 768 | 5 040 | 587 | 1 348 | 115 665 |
Compte tenu des stocks de report de l'aide alimentaire et des engagements pris au 31 mars 1998 par le PAM et les ONG, soit 78 117 tonnes de maïs, 9 624 tonnes de légumineuses, 7 492 tonnes d'huile végétale et 3 333 tonnes d'aliments composés, on prévoit, pour 1998, un déficit à combler par l'aide d’urgence de 12 879 tonnes de maïs, 1 302 tonnes de légumineuses et 1 707 tonnes d'aliments composés.
Le potentiel de programmation et de réaction du PAM devrait être
maintenu au niveau actuel. En outre, il faut prévoir que la part
de l'aide d’urgence acheminée par le PAM ira en augmentant, étant
donné les indications selon lesquelles plusieurs programmes bilatéraux
d'aide alimentaire à l'Angola sont à la veille d'être
interrompus, avec une nette réorientation vers l'aide alimentaire
multilatérale.
Les livraisons par route couvrent actuellement plus de 200 destinations au départ des trois ports mentionnés, et utilisent comme plaques tournantes les 11 bureaux auxiliaires du PAM situés dans l'ensemble du pays. Les transports routiers sont particulièrement difficiles à organiser étant donné que le secteur du transport angolais se compose d'un très grand nombre de petits opérateurs qui ne possèdent généralement pas plus de deux ou trois camions. Les conditions du réseau routier continuent de se détériorer, en l'absence quasi totale de réparation ou d'entretien depuis la fin des hostilités, à l'exception de la remise en état de quelques ponts. Les pluies très abondantes du début de l'année 1998 ont nui aux conditions routières dans la plupart des régions du pays.
La sécurité continue de poser un problème de taille, et il a fallu organiser les transports sous forme de convois du PAM pour plusieurs destinations. Les mines constituent encore une menace et la majeure partie du réseau ferroviaire, détruite au cours des hostilités, attend toujours d'être réparée.
Environ 20 pour cent des livraisons empruntent la voie aérienne vers une quinzaine de destinations, à savoir les régions difficiles d'accès du nord, de l'est et du sud-est du pays. La plupart des pistes d'atterrissage de ces destinations sont en mauvais état, ce qui limite l'accès aux avions Hercules, loués par voie de contrats à court terme. Lorsque les pistes d'atterrissage le permettent, le PAM utilise des Boeing 727, affrétés au cas par cas.
Le coût interne du transport, de l'entreposage et de la manutention
pour les opérations de secours prolongées du PAM (WFP PRO)
est actuellement calculé à un taux moyen de 219 dollars E.-U.
par tonne.
Le présent rapport a été
établi sous la responsabilité des secrétariats de
la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles
et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière
de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information
le cas échéant. |
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Abdur Rashid | Mohamed Zejjari |
Chef, SMIAR, FAO | Directeur, OSA, PAM |
Télex 610181 FAO 1 | Télex: 626675 WFP 1 |
Télécopie: 0039-06-5705-4495 | Télécopie: 0039-06-6513-2839 |
Courrier électronique:[email protected] | Courrier électronique:[email protected] |
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Zones peu sûres ou inaccessibles
Source: UCAH