PC
87/4 c) |
Quatre-vingt-septième session |
Rome, 6 - 10 mai 2002 |
Évaluation du Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES): criquet pèlerin |
II. Aperçu du programme EMPRES-CP
III. EMPRES-CP Résultats de la mise en oeuvre
V. Conclusions et recommandations
5.1 AVENIR DU PROGRAMME EMPRES-CP
5.2 GESTION DU PROGRAMME
5.3 RELATIONS ENTRE EMPRES ET SES DONATEURS
5.4 COUVERTURE D'EMPRES
5.5 AVANTAGES ÉCONOMIQUES DE LA LUTTE ANTIACRIDIENNE
5.6 PROGRAMMES NATIONAUX
5.7 RECHERCHE
5.8 FORMATION
5.9 RAMSES
5.10 TÉLÉDÉTECTION
5.11 ACCÈS AUX INFORMATIONS SUR EMPRES
5.12 ÉCHANGES D'INFORMATION
i. Le Conseil de la FAO a approuvé le Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES) au milieu de l'année 1994, en tant que programme prioritaire de la FAO visant à renforcer la capacité de prévention des situations d'urgence des pays touchés par des ravageurs et des maladies transfrontières. EMPRES opère sur deux terrains: la santé animale (épizooties transfrontières telles que la peste bovine et la peste porcine) et la protection des plantes. S'agissant de cette dernière, EMPRES se concentre exclusivement sur le criquet pèlerin en raison des ravages qu'il peut causer.
ii. De par sa capacité à se multiplier rapidement et à émigrer sur de longues distances, dans des conditions favorables, le criquet pèlerin peut s'abattre en immenses nuées sur les cultures et les pâturages et sévir ainsi sur de grandes superficies. L'aire d'invasion des essaims s'étend au sud, jusqu'à la République Unie de Tanzanie et au Cameroun et au nord, jusqu'à la Turquie et aux zones méridionales de la Fédération de Russie, tandis qu'à l'ouest, elle atteint les îles du Cap-Vert et, à l'est, le sous-continent indien. En période de repli, ces ravageurs occupent un territoire nettement plus restreint, mais encore vaste. Espèce migratrice, le criquet pèlerin peut se déplacer rapidement d'un endroit, d'un pays ou d'une région à l'autre, ce qui rend plus difficile la lutte contre ce fléau et demande une organisation et des moyens logistiques puissants.
iii. Le premier programme de lutte contre les criquets pèlerins dans le cadre d'EMPRES a été appliqué à la région centrale (EMPRES-RC) des foyers grégarigènes, car c'est de là que partent de nombreuses invasions. Dans la région centrale, le programme se concentre sur les pays dits de la ligne de front, qui peuvent être le siège de la reproduction grégaire et de phénomènes de recrudescence. Le programme EMPRES-RC se proposait d'établir une capacité de surveillance et de lutte rapide dans la région centrale. La première évaluation d'EMPRES-RC a eu lieu en 1999 puis, au cours du premier semestre de 2001, la FAO a décidé de conduire une deuxième évaluation du programme EMPRES criquet pèlerin (EMPRES-CP). Cette évaluation devait porter sur la phase I dans la région occidentale et la phase II dans la région centrale. Un résumé de cette évaluation a été présenté à la Conférence de la FAO tenue en novembre 2001 dans un document d'information. Le présent rapport d'évaluation livre aussi les observations d'un groupe d'experts externe (annexe 1) ainsi que la réaction des responsables du programme (annexe 2).
iv. Les pays dans lesquels s'est rendue la mission d'évaluation d'EMPRES continuent à accorder une priorité élevée à la lutte préventive contre le criquet pèlerin et leurs gouvernements considèrent qu'elle s'accompagne d'avantages sociaux, économiques et environnementaux favorables à l'intérêt national. Dans certains pays, l'importance attribuée à la lutte préventive contre le criquet pèlerin s'est traduite par un accroissement des ressources financières allouées à cette cause par les gouvernements, depuis le lancement du programme EMPRES. En outre, la collaboration régionale, sous la forme de prospections menées conjointement par plusieurs pays, a progressé. Au vu de ces évolutions, on considère que l'instauration d'un programme viable de lutte préventive est en bonne voie.
v. Sur le plan stratégique, d'importantes mesures ont été prises en vue de l'instauration d'un tel programme. Les progrès accomplis dans cette voie sont attestés par:
vi. De surcroît, la gestion du programme EMPRES-RC a été considérablement améliorée en 2000-2001, notamment par une planification rigoureuse des travaux et l'adoption de procédures plus efficaces de suivi et d'évaluation internes (l'amélioration de la gestion du programme était l'un des aspect critiques identifiés par la mission d'évaluation précédente en 1999).
vii. La phase II d'EMPRES-RC est essentiellement une phase de consolidation. EMPRES-RC a sensiblement amélioré les compétences du personnel affecté à la lutte contre le criquet pèlerin en organisant une série de cours de formation et a créé une équipe de formateurs nationaux de haut niveau qui pourront transmettre leurs connaissances à des agents plus nombreux encore.
viii. Il n'est pas sûr que les objectifs de la phase en cours puissent être complètement remplis dans les délais prévus, compte tenu du retard pris par certains pays dans la mise en oeuvre des systèmes d'alerte et de lutte rapides et des ressources humaines et financières dont EMPRES-RC dispose actuellement. Si certains pays ont avancé dans la révision et la transformation de leur système de lutte contre le criquet pèlerin, avec l'aide de EMPRES-RC, d'autres, par contre, semblent encore répugner, pour diverses raisons, à entreprendre les tâches systématiques d'analyse, de planification et de mise en oeuvre prévues par EMPRES. Ce freinage se manifeste dans l'une des composantes essentielles de la stratégie d'EMPRES: les programmes nationaux, dont le déroulement a peu progressé ces derniers temps. L'appui des donateurs à EMPRES-RC est ferme jusqu'à la fin de la phase II (fin 2003).
ix. EMPRES-RO vise à renforcer l'alerte rapide et la lutte préventive dans les pays du Sahel. L'un des objectifs importants d'EMPRES-RO est l'établissement de la CLCPRO, structure institutionnelle unifiée pour la lutte préventive contre le criquet pèlerin dans la région occidentale. Les pays du Maghreb ont leurs propres unités de lutte contre le criquet pèlerin (ULCP), qui, dans l'ensemble, sont suffisamment dotées en ressources et opérationnelles. La Mauritanie, appuyée par un projet financé par la Norvège, a enregistré des progrès exceptionnels en instaurant un système efficace de prospection du criquet pèlerin et de lutte contre ce fléau. L'unité mauritanienne de lutte contre le criquet pèlerin est d'une efficacité remarquable et peut être considérée comme un modèle de «meilleure pratique» en la matière. Toutefois, en dehors de la Mauritanie, le programme EMPRES-RO n'est pas réellement opérationnel dans les pays du Sahel, en raison du manque de soutien financier de la part des donateurs. L'absence générale d'attaques massives de criquets pèlerins constatée ces dernières années a pu faire croire à une diminution de la menace et le manque d'avantages socio-économiques clairement démontrés a pu aussi contribuer à démotiver les donateurs.
x. Recommandations:
1. Les organismes nuisibles et les maladies affectant l'agriculture se déplacent souvent ou traversent les frontières, provoquant de lourds dégâts dans la production animale et végétale et des situations d'urgence. Le Conseil de la FAO a approuvé l'établissement du Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES) au milieu de l'année 1994, afin de renforcer les capacités de prévention et de lutte des pays affectés par des ravageurs et des maladies transfrontières. Le criquet pèlerin (Schistocerca gregaria) est un parasite transfrontière jugé particulièrement préoccupant qui mérite une attention particulière dans le cadre d'EMPRES. La composante «criquet pèlerin» d'EMPRES (EMPRES-CP) tend à prévenir les infestations acridiennes en renforçant les capacités nationales, régionales et internationales de gestion de la lutte contre le criquet pèlerin. Cette composante vise également à améliorer la sécurité et l'impact sur l'environnement des pesticides chimiques grâce à la recherche et à la technologie.
2. Les nuées de criquets pèlerins font peser une lourde menace sur les cultures et les pâturages, en Afrique, au Proche-Orient et en Asie du Sud-Ouest, depuis l'aube de l'agriculture. Lorsque ces nuées sont fréquentes, la situation est qualifiée de «période d'invasion», tandis que les années intermédiaires correspondent à une «période de rémission». Durant les épisodes de rémission, les populations de criquets sont très clairsemées (voir figure 1) et se trouvent en «phase solitaire». Lorsque les précipitations instaurent des conditions favorables à la reproduction, les criquets sont capables de se multiplier rapidement et de «grégariser». Bien adaptés aux variations de leur milieu et très mobiles, les criquets peuvent, même en période de rémission, voler sur plusieurs centaines, voire milliers, de kilomètres entre leurs aires estivales, hivernales et printanières de reproduction. Vu la capacité migratrice du criquet pèlerin, le problème peut se déplacer rapidement d'un endroit, d'un pays ou d'une région à l'autre. La rapidité de ces déplacements rend plus difficile la lutte contre ce fléau et demande une organisation et des moyens logistiques puissants.
3. Les invasions ont lieu lorsque les criquets trouvent des conditions idéales dans une suite d'aires de reproduction saisonnières. Dans ces circonstances, les insectes se multiplient rapidement et forment des essaims de plus en plus gros, qui envahissent les pays situés à l'extérieur de la zone de rémission (voir les zones d'invasion sur la figure 1). En période d'invasion, les nuées peuvent se déployer sur plusieurs centaines de kilomètres carrés et atteindre des densités allant jusqu'à 50 millions de criquets par kilomètre carré. Les ravages occasionnés aux cultures et à la végétation par ces essaims peuvent être gigantesques, 500 000 criquets adultes consommant 2 tonnes de végétation par jour.
Figure 1: Zones de rémission et d'invasion du criquet pèlerin |
Figure 1: Zones de rémission et d'invasion du criquet pèlerin
4. Il est difficile de combattre efficacement les criquets parce qu'ils se reproduisent dans des zones éloignées lorsqu'elles ont été suffisamment arrosées. Comme les pluies sont irrégulières, sporadiques et imprévisibles, il est difficile de cerner ces zones et d'organiser des opérations de lutte. De plus, les difficultés économiques des pays affectés conjuguées à l'interdiction du pesticide organochloré le plus efficace, mais nocif pour l'environnement, la dieldrine, ont affaibli les moyens de lutte. La grande offensive acridienne qui a duré de 1986 à 1989 et les infestations à grande échelle survenues entre 1992 et 1994 ont nécessité de vastes opérations d'intervention d'urgence, menées avec le concours d'organisations humanitaires. Cette gestion de crise s'est caractérisée par des retards, un faible rapport coût-efficacité et l'impossibilité de contenir la recrudescence du fléau à un stade précoce.
5. L'intensification des attaques de criquets, redoutable au point de prendre des proportions d'invasion, a aussi mis en évidence l'affaiblissement général des capacités d'alerte rapide, de prospection et de lutte de nombreuses organisations nationales et régionales de protection des plantes dans la zone de rémission. Ce déclin s'est installé durant la longue période de rémission qui a duré du début des années 1960 jusqu'aux années 1980. La combinaison des attaques et infestations acridiennes des années 1980 et 1990 et d'autres calamités agricoles, telles que la flambée de lucilies bouchères survenue en Afrique à la fin des années 1980, ont, à bien des égards, catalysé la création du programme EMPRES de la FAO.
6. Au milieu de l'année 1994, le Conseil de la FAO a approuvé l'établissement du programme EMPRES, en vue de renforcer la capacité de prévention des situations d'urgence des pays affectés par des ravageurs et des maladies transfrontières. Le volet acridien d'EMPRES a été conçu pour traiter les problèmes liés:
7. Le volet acridien d'EMPRES a été établi en tant que programme fondé sur la collaboration de plusieurs entités et visant à renforcer les capacités nationales et régionales de prospection acridienne et de lutte rapide et efficace, ainsi que la coopération internationale. EMPRES appuie les activités des institutions nationales et régionales existantes, afin de les consolider, mais sans chercher à les remplacer, ni à faire double emploi avec elles. Les partenaires d'EMPRES sont les ministères nationaux chargés de la protection des plantes, les organisations régionales engagées dans la lutte antiacridienne, les organismes donateurs et les instituts de recherche. Comme beaucoup d'infestations ont pris naissance dans les environs de la mer Rouge et du golfe d'Aden (la région centrale de la zone affectée par les criquets pèlerins), EMPRES se concentre avant tout sur cette région.
8. En 1994, une mission de formulation de projet de la FAO a déposé une proposition visant l'établissement d'un programme initial de lutte antiacridienne dans la région centrale (EMPRES-RC). La mission de formulation a conçu un programme en trois phases de trois ou quatre ans chacune. La phase I du programme a débuté dans la région centrale, en 1996, par des activités préliminaires fondées sur un descriptif de programme de la FAO s'inspirant largement du rapport de la mission de formulation. Les pays de la région centrale qui participent à EMPRES sont Djibouti, l'Égypte, l'Érythrée, l'Éthiopie, Oman, l'Arabie Saoudite, la Somalie, le Soudan et le Yémen. La Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région centrale (CLCPRC) et l'Organisation de lutte contre le criquet pèlerin dans l'Est africain (OLCP-EA) sont d'importants partenaires régionaux.
9. En 1995, la Conférence de la FAO a recommandé d'étendre l'approche EMPRES à la région occidentale comprenant l'Algérie, la Jamahiriya arabe libyenne, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et la Tunisie. En 1997, une mission de formulation a avancé une proposition qui a été débattue et révisée à l'issue d'un atelier régional tenu en mars 1998 à Nouakchott, à la lumière des recommandations émises par le Comité de lutte contre le criquet pèlerin (CLCP) à sa trente-quatrième session. Le descriptif de programme révisé, qui stipulait les besoins à financer par les bailleurs de fonds extérieurs ( 8 525 353 dollars É.-U.), a ensuite fait l'objet d'une approbation de principe par les pays concernés. Ce descriptif de programme a ensuite été complété par une ébauche de plan de travail dressée au cours d'un atelier de planification participatif, tenu en Mauritanie en février 2001. Cependant, le manque de ressources financières limite pour le moment les activités entreprises dans la région occidentale, qui dépendent essentiellement d'un projet de fonds fiduciaire de la FAO financé par la Norvège et axé sur l'amélioration de l'application des pesticides en Mauritanie.
10. Entre 1997 et 2000, le programme EMPRES-CP a bénéficié d'un soutien financier de la part de l'Allemagne, la Belgique, les États-Unis, la France, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse et le budget du programme régulier de la FAO. Ces contributions ont totalisé 7 230 000 dollars É.-U., dont 1 904 000 dollars provenaient du Programme ordinaire de la FAO.
11. Une première évaluation de la phase I d'EMPRES-RC a eu lieu au milieu de l'année 1999 et a conclu que EMPRES-RC avait obtenu des résultats intéressants dans un contexte de gestion et de mise en oeuvre complexe. La mission d'évaluation a aussi relevé quelques faiblesses dans la conception du programme. Au début de 2001, la FAO a décidé de procéder à une deuxième évaluation du programme EMPRES-CP, qui porterait sur la phase I dans la région occidentale et sur la phase II dans la région centrale. Cette évaluation a été entreprise dans le but de livrer aux donateurs, aux pays participants et à la FAO une appréciation indépendante et objective de l'état d'avancement du programme dans les régions centrale et occidentale. La FAO a demandé à la mission d'évaluation de se pencher plus particulièrement sur les points suivants:
12. Entre le 25 juillet et le 6 septembre 2001, la mission d'évaluation s'est rendue dans six pays participants (l'Égypte, l'Érythrée, l'Éthiopie, la Mauritanie, le Soudan et le Yémen). À Rome, elle s'est également entretenue avec un responsable du Centre national de lutte antiacridienne du Maroc et le secrétaire de la Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale (CLCPRO). Essentiellement par manque de temps, la mission n'a pu visiter tous les pays couverts par EMPRES-RC et EMPRES-RO, ni toutes les organisations donatrices. Pour compenser cette insuffisance d'informations, des questionnaires succincts ont été envoyés aux pays bénéficiaires, aux collaborateurs et aux donateurs.
13. Le rapport d'évaluation contient aussi les observations d'un groupe d'experts externe (annexe 1) et la réaction des responsables du programme (annexe 2).
14. La FAO a révisé le descriptif de programme original (1995) d'EMPRES-RC en février 2000. Tenant compte de l'expérience acquise au cours des trois premières années du programme et de l'évaluation du programme EMPRES-RC conduite en juillet-août 1999, cette révision a permis de redéfinir l'objectif du programme en ces termes:
«Renforcer les compétences et les moyens des composantes nationales, régionales et internationales du système de gestion de la lutte antiacridienne, afin qu'elles soient à même d'appliquer des stratégies efficientes de lutte préventive reposant sur l'alerte précoce et des interventions rapides, opportunes et respectueuses de l'environnement.»
15. Ce programme comporte quatre volets visant à:
16. Le descriptif de programme révisé d'EMPRES-RC soulignait les nombreux aspects méconnus de l'écologie du criquet pèlerin et de la gestion de la lutte antiacridienne et désignait les nouvelles technologies susceptibles d'accroître l'efficacité des méthodes de prospection et de lutte. L'une des fonctions essentielles d'EMPRES-RC était donc de fournir une formation et du matériel de base afin de renforcer les capacités des unités nationales de lutte contre le criquet pèlerin (ULCP). Il proposait également de coordonner des projets bilatéraux complémentaires.
17. La viabilité des résultats d'EMPRES-RC devait être assurée par une coopération régionale fondée sur le développement du réseau de communication régional et sur l'amélioration et la régularité de la communication entre les pays membres d'EMPRES-RC. Le descriptif de programme révisé prévoyait aussi explicitement la mise en place d'un mécanisme institutionnel post-EMPRES visant à assurer la poursuite d'un programme coordonné de prévention des situations d'urgence dans la région centrale. La mise en oeuvre de ce mécanisme incombait à la Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région centrale.
18. Contrairement au descriptif de programme d'EMPRES-RC, celui d'EMPRES-RO décrit les structures organisationnelles, les responsabilités respectives, les tâches et les coûts détaillés, plutôt que les objectifs, résultats et activités de l'ensemble du programme dans un cadre logique. Ce descriptif de programme prévoyait un apport financier substantiel (extérieur) pour l'établissement et le fonctionnement des unités de lutte contre le criquet pèlerin au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Tchad, ainsi que le financement d'une unité d'appui à EMPRES. La phase I devait durer quatre ans.
19. Parallèlement à l'élaboration d'un descriptif de programme relatif à la région occidentale et conformément à la recommandation émise par le Comité de lutte contre le criquet pèlerin à sa trente-troisième session, on a proposé officiellement, en 1999, de créer la Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale (CLCPRO) pour remplacer la Commission de lutte contre le criquet pèlerin en Afrique du Nord-Ouest (CLCPANO) et l'Organisation commune de lutte antiacridienne et de lutte antiaviaire (OCLALAV). CLCPRO offrirait une structure simplifiée pour la coopération régionale qui permettrait d'appliquer la stratégie de prévention de façon efficiente et pertinente. La nouvelle commission réunit les mêmes pays qu'EMPRES-RO, à savoir les neuf pays d'Afrique de l'Ouest et du Nord-Ouest qui prennent directement part à la lutte préventive. Le Conseil de la FAO a approuvé la création de la CLCPRO en 2000 et sa ratification finale par les pays concernés devrait intervenir dans le courant de l'année 2002.
20. Conçu comme un programme de terrain de la FAO, EMPRES-RC est fortement tributaire de la collaboration entre tous les partenaires: les donateurs, les pays relevant d'EMPRES, les organisations régionales pertinentes et la FAO. Cette situation explique dans une large mesure les activités «à coût partagé» régies par un accord entre tous les partenaires concernés. Le coordinateur de programme, œuvrant dans la région, est responsable de la gestion générale, sous la supervision du Fonctionnaire principal responsable des migrateurs nuisibles au Service de la protection des plantes (AGPP), situé au siège, à Rome. Deux autres structures participent aussi à la mise en oeuvre, à l'évaluation et à la gestion du programme:
21. La structure institutionnelle établie dans la région occidentale prévoit l'intégration complète de la nouvelle commission régionale élargie (CLCPRO) au programme EMPRES-RO. Le fait que la composition de la commission soit la même que celle d'EMPRES-RO facilitera ce processus. Le secrétaire de la CLCPANO (dorénavant CLCPRO) sera le coordinateur du programme EMPRES-RO. Dès que la CLCPRO aura été établie et que ses pays membres auront choisi son siège, il incombera au pays hôte de lui fournir un appui technique et administratif approprié. Un fonctionnaire recruté sur le plan national (FRN) à la fin de l'année 2000 occupe un poste en Mauritanie où il est chargé d'améliorer la coordination entre les pays de la région.
Figure 2: Structure du programme EMPRES-RC
22. Le programme EMPRES-RC a débuté en 1997, sa phase I s'est achevée en 2000 et la phase II a démarré immédiatement après, en 2001. Actuellement, la phase II du programme EMPRES-RC est financée par plusieurs donateurs et par des contributions au titre du Programme ordinaire de la FAO, complétées par des ressources de la CLCPRC et du Comité de lutte contre le criquet pèlerin (CLCP).
23. EMPRES-RC a aussi bénéficié de contributions bilatérales du Royaume-Uni et de la Suède destinées essentiellement à des activités de recherche. Plus récemment, l'Allemagne a fourni une aide bilatérale à EMPRES-RC et EMPRES-RO totalisant 3 millions de DM (1 321 411 dollars É.-U.) pour une période de trois ans commençant en 2001.
Tableau 1: Estimation des dépenses effectuées en 2001 et prévision des ressources disponibles en 2002 and 2003*
FAO |
Pays-Bas |
Suisse |
Allemagne |
États-Unis |
CLCPRC |
CLCP |
Total | |
2001 |
279921 |
325631 |
227080 |
133878 |
95981 |
79093 |
20488 |
1162072 |
2002 |
250000 |
632713 |
210327 |
133000 |
200000 |
100000 |
50000 |
1576040 |
2003 |
250000 |
632713 |
150000 |
134000 |
200000 |
100000 |
50000 |
1516713 |
* Inclut les contributions bilatérales de l'Allemagne; les autres donateurs bilatéraux ne sont pas repris.
24. Le soutien apporté aux activités d'EMPRES-RO s'est limité aux ressources fournies par la FAO (Programme ordinaire [environ 600 000 dollars É.-U.], CLCP et CLCPANO), certains projets au titre du Programme de coopération technique (PCT) (répondant surtout à des situations d'urgence), l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), qui a apporté une petite contribution, et par la Norvège (environ 1,115 million dollars É.-U.) pour un projet de fonds fiduciaire régional, situé et actif en Mauritanie (Amélioration des techniques d'application des pesticides antiacridiens: GCP/INT/651/NOR).
25. Faute d'une aide substantielle de la part des donateurs, des activités pilotes ont été financées par des ressources provenant du Programme ordinaire de la FAO (y compris le fonctionnaire recruté sur le plan national occupant un poste en Mauritanie) et par des contributions de la CLCPANO, du CLCP et du projet norvégien. La majorité de ces fonds ont été dépensés en Mauritanie et dans des pays du Sahel.
26. En outre, plusieurs projets PCT ont été mis en oeuvre dans la région, la plupart pour lutter contre des infestations de criquets pèlerins en Mauritanie que cette dernière n'avait, à l'époque, pas les moyens de maîtriser. EMPRES-RO a aussi bénéficié de projets interrégionaux de la FAO financés par la Belgique et d'activités bilatérales soutenues par le Royaume-Uni et la France.
27. Le projet de fonds fiduciaire Norvège/FAO représente l'élément le plus important d'EMPRES dans la région occidentale. Lancé en septembre 1996, le projet a précédé la préparation du descriptif de programme original d'EMPRES-RO. Il tend à améliorer la technique d'application des pesticides et d'autres aspects des opérations de lutte antiacridienne. Bien que conçu comme un projet régional, il n'est guère appliqué, pour l'instant, qu'en Mauritanie, vu l'absence de populations denses de criquets pèlerins dans les autres pays du Sahel. Le projet a été doté d'un budget initial de 697 617 dollars É.-U. pour une période de deux ans. En 1999, à la suite d'une révision de grande ampleur, le projet a été étoffé et le budget porté à 1 115 525 dollars É.-U. En février 2001, une mission d'évaluation indépendante a recommandé de prolonger le projet de deux ans; le donateur examine cette proposition.
28. Le projet a largement contribué à la mise au point et à l'introduction de techniques de lutte antiacridienne plus sûres et d'un meilleur rapport coût-efficacité, dont beaucoup ont été adoptées par l'unité mauritanienne de lutte contre le criquet pèlerin. Les apports du projet sont les suivants:
29. EMPRES-RC continue à remplir sa mission efficacement avec deux, au lieu de trois, experts internationaux, depuis qu'en septembre 1999, le premier coordinateur a démissionné et que le fonctionnaire principal sur le terrain, en poste à Addis-Abeba, a été désigné comme coordinateur par intérim (et nommé coordinateur en juillet 2001). En outre, le cadre associé (APO) d'EMPRES-RC responsable des stratégies de lutte, de la gestion des plans d'urgence et de la communication, en poste à Sana'a, est parvenu au terme de son contrat au début de l'année 2000 et n'a pas été remplacé, ce qui a réduit l'appui à ce volet important. Finalement, le fonctionnaire recruté sur le plan national (FRN), chargé, à Khartoum, de la lutte antiacridienne, a été nommé secrétaire de la CLCPRC; cette affectation augure bien de l'avenir de la coopération EMPRES-RC/CLCPRC, mais laisse un autre poste vacant au sein d'EMPRES-RC. Cet allégement du personnel n'a pas été véritablement compensé par l'arrivée d'un cadre associé à Khartoum, en novembre 2000, celui-ci s'occupant de tout autre chose: l'identification des zones écologiquement fragiles.
30. L'état d'avancement des activités projetées est examiné ci-dessous, en suivant le cadre de mise en oeuvre élaboré au cours de l'atelier de planification de la phase II.
31. Résultats obtenus dans le premier domaine: harmonisation des fonctions des différentes organisations régionales participant à la lutte contre le criquet pèlerin:
32. Résultats obtenus dans le deuxième domaine: renforcement des réseaux de communication nationaux et régionaux:
33. Résultats obtenus dans le troisième domaine: amélioration des systèmes d'alerte rapide et d'information:
34. Résultats obtenus dans le quatrième domaine: amélioration des méthodes de prospection acridienne appliquées par les pays membres:
35. Résultats obtenus dans le cinquième domaine: techniciens et cadres qualifiés en matière de lutte antiacridienne:
36. Résultats obtenus dans le sixième domaine: disponibilité de plans d'urgence
37. Résultats obtenus dans le septième domaine: méthodes de lutte antiacridienne plus efficientes et plus respectueuses de l'environnement:
- Le rôle potentiel des plantes (Université de Kordofan, Soudan);
- Lutte biologique au métarhizium (Institut de recherches sur la protection des plantes, Égypte)
- Dynamique des populations (Université de Sana'a, Yémen, et Université d'Assiut, Égypte); et
- Infestations de criquets pèlerins et facteurs environnementaux (Université Roi Faysal, Arabie Saoudite).
38. Résultats du huitième domaine: méthodes systématiques d'évaluation des campagnes de lutte antiacridienne: