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COMITÉ DES PRODUITS |
GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LA BANANE ET LES FRUITS TROPICAUX |
Première session |
Gold Coast (Australie), 4-8 mai 1999 |
MARCHÉ DE LA BANANE EN RUSSIE ENTRE 1994 ET 1998 |
1. A sa quinzième session, le Groupe intergouvernemental sur la banane a passé en revue les perspectives de la demande d'importation sur les marchés nouveaux et émergents et parmi ceux-ci celui de la Fédération de Russie dont les importations ont atteint 660 000 tonnes en 1997. Toutefois, en août 1998 une grave crise économique a touché ce pays, compromettant toutes les importations, y compris celles de bananes. Vu l'importance du marché russe et l'impact que la crise a eu sur la demande, le présent document contient une évaluation de la situation actuelle de ce marché.1
2. Avant la crise économique de 1998, on pouvait trouver facilement des bananes dans toute les métropoles et villes russes (à l'exception de celles situées dans les territoires éloignés du nord où les périodes d'approvisionnement par voie d'eau sont limitées). Les habitants des zones rurales proches des villes pouvaient également se procurer des bananes. La banane était devenue un fruit populaire en Russie. À l'apogée du marché en 1997, les disponibilités par habitant atteignaient 4,24 kg par habitant, contre 0,65 kg à la fin 1998.
3. Depuis 1995, la banane est en tête de liste des fruits importés. En 1995 et 1997, le volume des importations a dépassé celui de tous les agrumes (de 8 et 15 % respectivement).
4. Ces quelques dernières années, les marchandises ne transitaient plus par l'Europe de l'Ouest mais étaient directement acheminées vers les ports russes. Maintenant, de grosses sociétés capables d'acheter des cargaisons entières de bananes dominent le secteur. En 1997, 97 % du total des importations provenaient de trois pays d'Amérique latine : Équateur 61 %, Colombie 23 % et Costa Rica 10 %. Les Philippines, la Chine et le Viet Nam répondent à la demande de l'Extrême-Orient russe (environ 2 % des importations). Les importations de banane en provenance d'Europe ont pratiquement cessé.
5. Le marché russe de la banane est assez concentré. Au premier semestre de 1998, quatre sociétés contrôlaient 77 % des importations de bananes alors que 8 sociétés en contrôlaient 96 %:
Source: Association russe des fruits.
6. Il y a trois différents groupes d'opérateurs commerciaux. Le premier inclut les importateurs qui habituellement achètent directement aux pays producteurs par cargaison de navire - jusqu'à un navire par semaine avant la crise. Grâce à l'ampleur de leurs opérations, ils ont pu établir de bonnes relations avec leurs partenaires et bénéficier parfois de conditions contractuelles préférentielles - prix plus bas, délai de paiement, crédit du fournisseur.
7. Ce groupe d'importateurs importants dispose d'installations de stockage et de filiales dans les ports maritimes et les zones fort peuplées. Afin d'attirer les grossistes, les sociétés diversifient leur gamme de produits en livrant par camion d'autres fruits venant d'Europe.
8. Le deuxième groupe est beaucoup plus large et comporte environ 200 sociétés plus petites qui jouent le rôle de fournisseur régional. Elles achètent habituellement les bananes aux sociétés du premier groupe même si parfois elles affrètent un navire. Ces sociétés assurent l'approvisionnement en bananes dans un rayon de 300 km mais il peut y en avoir plusieurs dans des grandes villes.
9. Le troisième groupe est le plus fourni; il comporte les petits grossistes et les détaillants.
10. L'effondrement du mois d'août a totalement modifié la situation :
Les effets secondaires de ces événements se feront probablement sentir pendant au moins une année et pourraient conduire à des modifications de la structure du marché de la banane.
11. Avant la crise économique, un pourcentage important des volumes importés était commandé par les acheteurs régionaux, en général sur la base d'un paiement comptant à la livraison. Après l'arrivée du navire affrété dans le port russe, les gros importateurs distribuaient la cargaison des deux manières suivantes :
12. Depuis la crise, la part des livraisons directes vers les régions a fortement diminué (par exemple de 5 % pour "Rusagro", le plus gros importateur) étant donné que les sociétés étrangères ont commencé à exiger des paiements à l'avance.
13. Sur la base des réponses à l'enquête conduite aux fins de la présente étude, le schéma habituel d'achats de fruits des ménages est le suivant :
14. On estime que la crise financière actuelle modifiera le système de distribution existant en réduisant le nombre d'intermédiaires. Cela pourrait forcer les gros importateurs de bananes à descendre d'un échelon dans la chaîne de distribution; certains ont déjà commencé à revendre aux entrepôts de stockage, aux marchés de gros et aux magasins importants.
15. On suppose que la consommation totale est égale aux importations moins les réexportations et les pertes. Les réexportations de bananes sont négligeables. Ces dernières années, le volume était inférieur à 1 % du total des importations.
16. Les habitudes de consommation de bananes sont largement influencées par des facteurs tels que le lieu de résidence, les conditions régionales et le niveau de revenu. Sur la base des dernières données disponibles (juillet-septembre 1998), la consommation moyenne par habitant et par mois était inférieure de moitié au niveau d'avant la crise.
Tableau 1 - Estimation de la consommation moyenne mensuelle de bananes dans les grandes villes
Avant la crise |
Après la crise
| |
(.............................kg............................) | ||
Moscou |
1.86 |
0.79 |
Rostov |
2.08 |
0.78 |
Oryol |
1.53 |
0.99 |
Irkutsk |
1.03 |
0.77 |
Pskov |
1.19 |
0.56 |
Novosibirsk |
1.12 |
0.45 |
17. La population de la Fédération de Russie n'a pas une longue tradition de consommation de bananes. Néanmoins, la banane est devenue l'un des fruits les plus populaires, représentant environ un tiers de la consommation totale de fruits. L'enquête non officielle effectuée montre que 19 % des consommateurs achèteraient des bananes à n'importe quels prix et que 72 % arrêteraient vraisemblablement d'en acheter en cas de difficultés financières. Les russes achètent des bananes parce qu'ils estiment qu'elles ont un goût agréable, qu'elles sont bonnes pour la santé (44 %) et qu'elles constituent un en-cas pratique. Les détaillants trouvent plus facile de vendre des bananes que d'autres fruits.
18. Les fruits et les baies qui poussent en Russie ne peuvent concurrencer et remplacer partiellement les bananes qu'en été et en automne. Il y a une tendance évidente à la baisse des prix de la banane pendant cette période. On estime qu'un tiers des consommateurs achètent moins de bananes en été. Trois explications à cela :
19. Pendant les autres saisons, la demande de bananes est relativement stable, la seule exception étant avant les vacances (notamment la nouvelle année) et les fins de semaine où elle peut augmenter sensiblement.
20. La plupart des consommateurs russes de bananes ne font aucune distinction entre les différentes qualités, marques et pays d'origine. La taille et la maturité de la banane sont les principaux facteurs de "qualité" qui influencent leur choix; toutefois, le prix est le critère le plus décisif pour la plupart de ceux qui ont répondu au sondage.
21. La consommation de bananes dans la Fédération de Russie est conforme à la tendance typique de la plupart des fruits : les niveaux de consommation diffèrent largement dans le cas des enfants et des adultes. On estime que les enfants consomment environ deux fois plus de bananes que les adultes sur l'ensemble de la population (dans les familles ayant des enfants, la différence est encore plus grande, et la consommation est presque triple).
22. Il y a deux raisons fondamentales qui expliquent cette tendance :
23. Après la crise financière, l'écart des niveaux de consommation entre enfants et population adulte en général est passé de 2,23 à 2,54. En outre, et selon les statistiques officielles, environ 32 millions de Russes ont moins de 16 ans et leur part dans la population totale est passée de 23,3% en 1994 à 21,9 % en 1997. Les docteurs recommandent souvent de la purée de banane comme premier aliment solide à l'âge de deux mois. Les parents d'enfants plus âgés estiment que les bananes constituent un en-cas pratique. Les bananes sont également très populaires comme en-cas chez les jeunes. Les consommateurs soucieux de leur santé, qui essaient d'inclure davantage de fruits et de légumes dans leur régime alimentaire apprécient également les bananes.
24. Les détaillants signalent que les retraités ont été et continuent d'être des acheteurs réguliers. Leurs achats sont habituellement petits, en général une à deux bananes à la fois. En moyenne, les retraités consommaient 0,74 kg de bananes par mois avant la crise et 0,24 kg actuellement (soit encore une fois et demie la consommation moyenne de tous les adultes dans leurs groupes de revenu). D'après les statistiques officielles, plus de 30 millions de Russes sont inclus actuellement dans le groupe d'âge des retraités (hommes: 60 ans et plus, femmes: 55 et plus et leur part dans la population totale est passée de 20 % en 1994 à 20,7 % en 1997).
25. Environ 73 % (107,1 millions) des citoyens russes vivent dans des grandes villes ou des agglomérations. La part des achats de bananes des résidents des villes dépasse leur part dans la population totale en raison de plusieurs facteurs : 1) mauvais approvisionnement des magasins en zone rurale; 2) faible revenu dans les zones rurales, très souvent en dessous du niveau de subsistance mensuelle de 411 roubles (niveau suggéré par le Gouvernement russe); et 3) la plupart des résidents des zones rurales ont des vergers ou peuvent y avoir accès pour cultiver fruits et baies.
26. La répartition géographique joue un rôle important (parfois même primordial) pour déterminer les habitudes de consommation de bananes. L'ensemble du territoire de la Fédération de Russie est assez hétérogène et les régions diffèrent selon :
27. Dans l'extrême nord du pays, en raison des conditions climatiques dures et de l'insuffisance du réseau de transport, l'approvisionnement en produits alimentaires n'est possible que pendant une période de navigation assez courte, parfois deux semaines seulement. Ainsi, environ 8 % de la population russe (11,9 millions de personnes) n'a pratiquement pas accès à des denrées périssables (comme les bananes).
28. L'autre facteur ayant une incidence sur les différences régionales de consommation de bananes est l'écart de niveaux de vie. Très sensible aux prix, la consommation de bananes est également déterminée par les écarts de prix régionaux. Par exemple, pendant la période septembre-décembre 1998, les prix s'échelonnaient de 14,5 roubles par kg à St Petersburg à 18,8 roubles par kg en Sibérie occidentale.
29. La crise financière récente dans la Fédération de Russie a accentué de façon spectaculaire la différenciation selon les groupes de revenu et leur capacité à acheter des bananes. Alors que pendant la période précédant les réformes, la différence de consommation entre les groupes à très haut revenu et à très faible revenu était légèrement supérieure à 2, à la mi-novembre - début décembre 1998 (période pendant laquelle a été effectué le sondage), elle a atteint 7,32, en raison avant tout de la forte baisse de la consommation des groupes les plus pauvres. En septembre 1998, le revenu de 44,3 millions de russes (30,1 % de la population) n'a pas atteint le niveau de subsistance minimum.
30. Plus de la moitié des consommateurs les plus pauvres ont cessé d'acheter des bananes. Ils les ont en partie remplacées par des pommes produites dans le pays, qui étaient moins chères et abondantes en automne. De nombreuses familles ont continué de dépenser les mêmes sommes pour acheter des bananes mais, bien que le prix de la banane exprimé en dollars ait baissé de 38 % entre juillet et septembre à mesure que les détaillants à tous les échelons du marché réduisaient leur marge bénéficiaire, elles n'ont pu en consommer que moitié moins, leurs revenus ayant diminué. Seul le quartile de la population à revenu très élevé a pu se permettre de maintenir ses habitudes de consommation, mais ce groupe est trop petit pour influencer de façon significative la demande de bananes.
31. En 1997 et janvier-juillet 1998, le prix moyen de détail de la banane était d'environ 1,3 dollar E.-U par kg. En septembre 1998, il est tombé à 0,78 dollar E.-U et dans les mois qui ont suivi il n'a pas dépassé 1 dollar E.-U par kg (prix qui était toujours supérieur pendant la période précédant la crise) mais les prix en rouble ont augmenté.
32. La crise d'août 1998 a montré que la demande de bananes dans la Fédération de Russie avait une forte élasticité-prix. Elle s'est contractée de 53 % après le doublement des prix en rouble en juillet-novembre 1998. Fin 1997, le prix d'un kilogramme de bananes correspondait à 40,7 % du prix d'un kilogramme de boeuf, en juillet 1998 à 45,8 % et fin novembre à 71,2 %. Les bananes sont actuellement près de 25 % plus chères que les pommes.
Tableau 2 - Prix de vente moyens des fruits
1997 |
1998 |
Prix des bananes | ||||||
(ancien rouble* par kg |
(nouveau* rouble
|
($E.-U. par kg) | ||||||
Pommes |
Bananes |
Oranges |
Pommes |
Bananes |
Oranges |
1997 |
1998 | |
Janvier |
7 120 |
7 825 |
7 625 |
7,38 |
7,13 |
8,17 |
1,39 |
1,18 |
Février |
7 487 |
8 017 |
7 677 |
7,57 |
7,62 |
8,16 |
1,41 |
1,26 |
Mars |
7 616 |
8 354 |
7 940 |
7,58 |
7,71 |
8,27 |
1,46 |
1,26 |
Avril |
7 563 |
8 380 |
8 039 |
7,59 |
8,00 |
8,33 |
1,45 |
1,31 |
Mai |
7 716 |
8 142 |
7 849 |
7,69 |
8,97 |
7,57 |
1,41 |
1,45 |
Juin |
8 156 |
7 843 |
7 743 |
7,76 |
9,15 |
7,23 |
1,36 |
1,47 |
Juillet |
8 410 |
7 813 |
8 246 |
7,76 |
7,88 |
7,29 |
1,35 |
1,26 |
Moyenne sur 7 mois |
7 724 |
8 053 |
7 874 |
7,62 |
8,07 |
7,86 |
1,40 |
1,31 |
Août |
7 158 |
7 502 |
8 655 |
... |
... |
... |
1,29 |
... |
Septembre |
6 508 |
6 497 |
8 805 |
7,41 |
12,47 |
13,11 |
1,11 |
0,78 |
Octobre |
6 378 |
6 658 |
8 637 |
9,50 |
15,73 |
17,95 |
1,13 |
0,99 |
Novembre |
6 655 |
6 535 |
8 325 |
12,60 |
15,67 |
20,11 |
1,10 |
0,86 |
Décembre |
6 985 |
6 432 |
8 171 |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
1,07 |
s.o. |
Moyenne annuelle |
7 313 |
7 500 |
8 143 |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
1,29 |
s.o. |
* La division par 1 000 a eu lieu le 1er janvier 1998.
Source: données non publiées du SSC.
33. Plusieurs facteurs influencent actuellement le marché de la banane dans la Fédération de Russie.
La première série de facteurs aura tendance à déprimer la demande :
34. L'autre série de facteurs a une influence opposée :
35. Bien que la plupart de ceux qui ont répondu au sondage estiment que le marché dans la Fédération de Russie offre de bonnes perspectives à long terme, la crise actuelle a provoqué des incertitudes et une baisse de la consommation de bananes et rares sont ceux qui s'engageraient à prédire quand la croissance reviendra.
36. Vu l'importance du marché de la banane dans la Fédération de Russie du point de vue de perspectives de croissance des exportateurs, le Groupe pourrait souhaiter que le Secrétariat continue à surveiller le marché russe ainsi que d'autres marchés émergents.
1 Le document CCP: BA/TF 99/CRS.4 contient les tableaux relatifs à la présente étude.