COMMERCE DES PRODUITS DE LA PÊCHE ET DE L’AQUACULTURE25, 26
Les échanges internationaux de produits d’origine aquatique25 ont considérablement progressé ces dernières décennies, à travers les continents et les régions. Dans une large mesure, les moteurs de cette expansion ont été la croissance économique et les progrès culturels et technologiques associés à la mondialisation. Les politiques commerciales libérales et les innovations logistiques et technologiques permettant des communications mondialisées ont favorisé l’interdépendance économique et accéléré la dissémination des cultures, et notamment des habitudes alimentaires, entre pays. Les producteurs ont pu accéder à des marchés de plus en plus éloignés, tandis que les consommateurs voyaient leur choix d’aliments d’origine aquatique se diversifier considérablement, bien au-delà des espèces prises ou élevées dans les eaux locales. Dans le même temps, la croissance des revenus, l’accroissement de la classe moyenne et l’urbanisation, en particulier dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, ont entraîné une augmentation importante de la demande cumulée de produits alimentaires d’origine aquatique échangés sur le marché mondial. Aujourd’hui, le commerce des produits d’origine aquatique joue un rôle essentiel, qu’il s’agisse de générer des recettes d’exportation, des emplois et de la valeur ajoutée ou de contribuer à la sécurité alimentaire mondiale, et fait intervenir des acteurs divers et interdépendants dans le transport maritime, la transformation ou la vente en gros et au détail. Ce phénomène est extrêmement important pour plusieurs petits États insulaires en développement où les exportations de produits d’origine aquatique représentent une grande part de la valeur totale du commerce de marchandises et du produit intérieur brut (PIB).
En 2020, 225 États et territoires ont déclaré des échanges de produits halieutiques et aquacoles. Les exportations mondiales de produits d’origine aquatique, à l’exclusion des algues25, totalisaient 59,8 millions de tonnes (poids vif), pour une valeur de 151 milliards d’USD27. Cela représente le deuxième recul consécutif par rapport au chiffre record de 165 milliards d’USD atteint en 2018. Il faut noter qu’il s’agit là du total des échanges de produits uniquement, dans lequel ne figurent pas les échanges de services liés à la pêche et à l’aquaculture, tels que le conseil, le contrôle de qualité, la certification et l’attribution de labels, la promotion commerciale et la mercatique, la maintenance et la réparation. On ne connaît pas la valeur globale créée par ces services, car ils sont généralement enregistrés avec ceux liés à d’autres activités. En 2020, la valeur des échanges de produits alimentaires d’origine aquatique représentait 11 pour cent du total du commerce agricole (à l’exclusion des produits forestiers) et 1 pour cent environ du total des échanges de marchandises. Ces proportions sont beaucoup plus élevées dans de nombreux pays, dépassant 40 pour cent de la valeur totale des échanges de marchandises à Cabo Verde, en Islande, à Kiribati ou aux Maldives, par exemple. En 2020 toujours, la valeur des échanges de produits alimentaires d’origine aquatique était comparable à celle des échanges de viande d’origine terrestre (figure 45). De 1976 à 2020, le taux de croissance annuel des échanges de produits aquatiques a été de 6,9 pour cent28 en valeur nominale et de 3,9 pour cent en valeur réelle. La valeur nominale des exportations de produits aquatiques, quant à elle, était près de 20 fois plus élevée en 2020 qu’en 1976 (figure 46). Cette évolution est comparable à l’accroissement en valeur des échanges mondiaux de marchandises, qui ont augmenté au rythme de 6,8 pour cent par an en valeur nominale entre 1976 et 2020 et de 3,7 pour cent en valeur réelle d’après l’Organisation mondiale du commerce (OMC, 2022). De son côté, le volume total des produits d’origine aquatique exportés s’est accru en moyenne de 2,9 pour cent par an (en équivalent de poids vif). La croissance plus soutenue en valeur qu’en volume des échanges de produits d’origine aquatique s’explique par l’augmentation de la part, dans les volumes échangés, d’espèces de grande valeur et de produits ayant subi une transformation ou d’autres formes d’ajout de valeur. Les autres facteurs sont notamment l’inflation et l’augmentation de la demande, qui a fini par entraîner des hausses de prix.
Figure 45Valeur des exportations mondiales de produits ALIMENTAIRES d’origine aquatique et de VIANDES D'ORIGINE TERRESTRE, 2020

SOURCE: FAO.
Figure 46Valeur des exportations mondiales de marchandises et de produits d’origine aquatique1, indices à base fixe (1976 = 100), 1976-2020

SOURCE: FAO.
Au cours de la dernière décennie, plusieurs des principales tendances qui caractérisaient le développement du commerce des produits aquatiques depuis les années 1970 se sont ralenties ou inversées. Les taux de croissance en valeur et en volume se sont tassés, que ce soit en chiffres absolus ou par habitant. Cette évolution fait écho au ralentissement de la croissance du commerce mondial en général et marque la nouvelle phase dans laquelle entrent des marchés mondiaux qui parviennent à maturité: la plupart des produits d’origine aquatique s’échangent le long de routes commerciales bien établies, entre des partenaires commerciaux au long cours, et les perspectives de nouveaux marchés sont relativement limitées. Parallèlement à cela, de nombreux producteurs de produits alimentaires d’origine aquatique des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, qui, traditionnellement, approvisionnaient les marchés des pays à revenu élevé, répondent désormais de plus en plus à une demande intérieure en hausse.
Pendant longtemps, l’un des aspects importants des flux commerciaux de produits d’origine aquatique a été le rôle des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire en tant que fournisseurs des pays à revenu élevé. Les économies plus développées se caractérisent en effet par une large classe moyenne citadine disposant d’un haut niveau de revenu disponible et par une offre intérieure insuffisante. Aussi les pays à revenu élevé ont-ils longtemps représenté une grande part des importations mondiales de produits d’origine aquatique (figure 47). En 1976, cette part était de 90 pour cent. En 2020, elle n’était plus que de 75 pour cent. La place croissante d’importateurs de produits d’origine aquatique prise par les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire tient à un rythme de croissance de la demande plus élevé dans ces pays que dans les pays à revenu élevé. Ce phénomène est particulièrement clair dans les pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est, où la classe moyenne citadine s’est développée rapidement. Si l’on examine l’origine des importations en 2020, on constate que 56 pour cent de la valeur importée par les pays à revenu élevé provient d’autres pays à revenu élevé (figure 48), tandis que 39 pour cent de la valeur importée par les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire provient de pays à revenu élevé.
Figure 47Pourcentage de la valeur mondiale des importations de produits d’origine aquatique1, par catégorie économique, 1976-2020

SOURCE: FAO.
Figure 48Importations mondiales de produits d’origine aquatique entre les pays à revenu élevé et les autres pays, en valeur, 2020

SOURCE: FAO.
En 2020, l’Union européenne a été le plus grand marché unique, avec 34 pour cent de la valeur mondiale des importations de produits aquatiques (16 pour cent si l’on exclut les échanges intra-UE). À l’échelle des pays, toujours en 2020, la première place revient aux États-Unis d’Amérique, qui représentent 15 pour cent de la valeur des importations mondiales de produits d’origine aquatique (figure 49), suivis par la Chine (10 pour cent), le Japon (9 pour cent), l’Espagne (5 pour cent) et la France (4 pour cent). Il faut noter toutefois qu’en volume (en équivalent de poids vif), le premier pays importateur de produits aquatiques est la Chine, très loin devant les États-Unis. La Chine importe de grandes quantités d’espèces qu’elle ne produit pas localement, pour sa consommation intérieure, mais aussi en vue de leur transformation avant réexportation.
Figure 49Classement des 10 premiers pays importateurs de produits d’origine aquatique1, en valeur, 2020

SOURCE: FAO.
Malgré la place croissante occupée par les pays autres que les pays à revenu élevé parmi les importateurs de produits d’origine aquatique, des différences notables persistent entre les deux groupes de pays concernant la valeur unitaire moyenne des importations (figure 50). Cet aspect traduit la préférence des consommateurs des pays à revenu élevé pour les espèces de grande valeur et les produits à plus forte valeur ajoutée. En 2020, les importations des pays à revenu élevé ont été en moyenne de 3,2 USD par kg (en équivalent de poids vif), contre 1,4 USD par kg pour les autres pays.
Figure 50Valeur unitaire des produits alimentaires d’origine aquatique importés, par catégorie économique des importateurs, 1976-2020

SOURCE: FAO.
Même si les économies émergentes importent davantage de produits d’origine aquatique, la tendance dominante dans le développement du commerce mondial depuis les années 1970 demeure l’importance croissante de ces économies en tant qu’exportatrices. En 1976, les pays à revenu élevé représentaient 71 pour cent de la valeur des exportations mondiales de produits d’origine aquatique, contre 50 pour cent en 2020 (figure 51). En volume, la part des pays à revenu élevé a également diminué, de 67 pour cent à 46 pour cent, sur la même période. La progression des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire a été favorisée par la libéralisation des échanges, la forte croissance de la production aquacole et un investissement considérable dans la mise en place des relations commerciales ainsi que des connaissances et des infrastructures nécessaires au développement des marchés d’exportation. Outre leur rôle de fournisseurs mondiaux de produits aquatiques, les pays autres que ceux à revenu élevé ont également gagné en importance en tant qu’intermédiaires sur la chaîne d’approvisionnement, important des matières premières et réexportant les produits après transformation ou autre ajout de valeur. S’il est vrai que le rôle des pays émergents comme fournisseurs internationaux de produits d’origine aquatique n’a cessé de croître, certains pays à revenu élevé n’en demeurent pas moins des exportateurs importants (figure 52). Ainsi, parmi les cinq premiers exportateurs de produits d’origine aquatiques en 2020, on trouve deux pays à revenu élevé (la Norvège et le Chili), les autres étant la Chine, le Viet Nam et l’Inde.
Figure 51Pourcentage de la valeur mondiale des exportations de produits d’origine aquatique, par catégorie économique, 1976-2020

SOURCE: FAO.
Figure 52Classement des 10 premiers pays exportateurs de produits D'ORIGINE AQUATIQUE, en valeur, 2020

SOURCE: FAO.
La Chine s’est hissée à la première place des producteurs, des exportateurs et des transformateurs de produits d’origine aquatique dans le monde. Ses exportations comprennent à la fois de grandes quantités de céphalopodes, de crevettes, de tilapias et de mollusques bivalves produits dans le pays et des poissons à chair blanche transformés, comme le lieu de l’Alaska et la morue. Comme indiqué précédemment, une part des exportations chinoises se compose de produits d’origine aquatique transformés à partir d’une matière première importée. En 2020, la Chine a exporté 18 milliards d’USD de produits d’origine aquatique, soit 12 pour cent du total mondial. Malgré le léger retrait enregistré par rapport au pic de 2015, ce chiffre demeure bien supérieur aux niveaux historiques. À titre de comparaison, en 1976, la Chine ne représentait que 1,6 pour cent des exportations mondiales de produits d’origine aquatique en valeur. En 2020, les principales destinations des exportations chinoises ont été le Japon, les États-Unis et la République de Corée, qui ont absorbé respectivement 18 pour cent, 11 pour cent et 9 pour cent du total des produits aquatiques exportés par la Chine, toujours en valeur.
La Norvège occupe la deuxième place du classement des pays exportateurs de produits d’origine aquatique depuis 2004. En 2020, ce pays a exporté 11 milliards d’USD de produits d’origine aquatique, soit 7,4 pour cent du total mondial. La Norvège est le plus gros producteur de saumon de l’Atlantique d’élevage et enregistre également des prises considérables de petits pélagiques et d’espèces de poisson de fond comme la morue. L’Union européenne est de loin le plus important marché de la Norvège, puisqu’elle représente 60 pour cent de la valeur exportée par ce pays. Le Viet Nam se classe au troisième rang des pays exportateurs de produits d’origine aquatique depuis 2014. Ce pays est devenu, et de loin, le premier producteur et exportateur du monde de pangasius d’élevage, une activité à laquelle viennent s’ajouter un important secteur crevetticole et un secteur de la transformation bien développé. En 2020, le Viet Nam a exporté 8,5 milliards d’USD de produits aquatiques, soit 5,6 pour cent du total mondial. Le Chili, quatrième exportateur de produits aquatiques, a su tirer profit de ses avantages géographiques pour développer un secteur d’aquaculture extensive, ce qui le place au deuxième rang des producteurs de salmonidés, une production complétée par une activité mytilicole de moindre ampleur. En 2020, les exportations de produits d’origine aquatique du Chili ont atteint 5,9 milliards d’USD au total, soit 3,9 pour cent de la valeur mondiale. Aidée par une forte croissance de la production de crevettes, l’Inde était devenue le quatrième pays exportateur en 2017. Elle a toutefois été dépassée par le Chili en 2020, en raison d’une tendance à la baisse de la valeur de ses exportations à partir de 2018. En 2020, la valeur totale des exportations de produits d’origine aquatique de l’Inde a atteint 5,8 milliards d’USD, un chiffre inférieur aux 7,2 milliards enregistrés en 2017. Parmi les autres grands exportateurs, on compte l’Union européenne, la Thaïlande, l’Équateur, le Canada et l’Indonésie. L’Union européenne occupe la première place à l’échelle mondiale, mais la majeure partie (78 pour cent de la valeur) de ces exportations ont lieu à l’intérieur de l’UE. De plus, une grande part de ces flux commerciaux consistent en une réexportation de produits, soit après leur transformation, soit après leur entrée sur le marché de l’Union européenne en provenance d’autres sources. En Thaïlande, un secteur important s’est créé autour de la transformation, et notamment de la mise en conserve du thon déchargé directement dans les ports thaïlandais par des flottilles de pêche lointaine étrangères. Ce pays avait également développé un secteur crevetticole de grande ampleur, mais celui-ci a été durement touché par des flambées épidémiques au cours des 10 dernières années. Les exportations équatoriennes de produits d’origine aquatique ont considérablement augmenté durant la dernière décennie, dynamisées par l’essor de la production de thon et de la production de crevettes d’élevage. Le Canada et les États-Unis représentent ensemble 6,4 pour cent de la valeur des exportations mondiales, mais une grande partie de celles-ci ont lieu entre ces deux pays, chacun étant le principal partenaire commercial de l’autre. L’Indonésie se classe également parmi les plus grands fournisseurs actuels de crevettes d’élevage sur le marché mondial, et joue un rôle essentiel dans l’exportation de thon et de tilapia.
Malgré une forte croissance en valeur de ses exportations de produits d’origine aquatique au fil du temps, l’Afrique ne représentait encore que moins de 5 pour cent de la valeur des exportations mondiales en 2020. Le Maroc et la Mauritanie exportent des quantités importantes de céphalopodes et de petits pélagiques, à destination des marchés européens et japonais principalement, mais aussi vers d’autres pays africains. Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest exportent également des volumes notables de thon, en conserve essentiellement, vers l’Europe. En tant qu’importateurs de produits d’origine aquatique, les pays africains jouent un rôle relativement modeste à l’échelle mondiale, puisqu’ils ne représentent que 3,3 pour cent de la valeur totale des importations en 2020. Les importations africaines portent principalement sur de petits pélagiques de faible valeur unitaire. Cela étant, il est intéressant de noter que le continent africain, exportateur net en valeur, est un importateur net en volume. Étant donné que de nombreux pays en situation d’insécurité alimentaire se trouvent en Afrique (FAO et al., 2021), il est également important de prendre en considération le rôle que le commerce peut jouer dans le soutien de la sécurité alimentaire. Les échanges peuvent influer sur la sécurité alimentaire via de nombreux canaux, dont le plus immédiat est peut-être le bilan nutritif. Les grands volumes de petites espèces pélagiques de faible valeur unitaire importés par les pays d’Afrique ont une haute valeur nutritionnelle, en raison notamment de leur teneur élevée en micronutriments. C’est pourquoi l’importation de ces espèces d’une grande richesse nutritionnelle, associée à l’exportation d’espèces de plus grande valeur unitaire, comme le thon, la crevette ou les céphalopodes, constitue un échange avantageux sur le plan nutritionnel. Parallèlement, les recettes générées par les exportations ont des effets potentiellement positifs sur la sécurité alimentaire car elles contribuent à la création d’emplois et à la génération de revenus. Ces gains de revenu font que les produits alimentaires sont plus abordables, ce qui permet aussi de réduire l’insécurité alimentaire et la malnutrition en améliorant l’accès aux aliments d’origine aquatique et à leurs nutriments (FAO et al., 2021).
Les échanges internationaux se sont accélérés suite à la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), mais aussi dans le contexte d’accords commerciaux multilatéraux, régionaux et bilatéraux. Ces accords, qui mettent en place des conditions d’échange préférentielles entre deux ou plusieurs partenaires commerciaux, sont devenus de plus en plus importants pour faciliter les échanges internationaux en réduisant ou en supprimant les obstacles, y compris les droits de douane et les obstacles techniques au commerce. Le commerce interrégional en particulier a été facilité par des accords commerciaux régionaux, qui se sont multipliés depuis les années 1990 (figure 53). Il faut noter toutefois que, bien souvent, ce commerce n’apparaît pas correctement dans les statistiques officielles, notamment celles de l’Afrique et de certains pays d’Asie et d’Océanie. Les accords commerciaux régionaux tels que l’union douanière de l’Union européenne, l’Accord de libre-échange nord-américain, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, la Communauté de développement de l’Afrique australe et le Marché commun austral ont joué un rôle déterminant dans l’expansion du commerce mondial au cours des dernières décennies, et les échanges de produits halieutiques et aquacoles ont profité de cette tendance plus large. Les accords commerciaux régionaux dépassent le cadre des conditions de vente et peuvent aussi comprendre des dispositions relatives à la gestion de la pêche et à la traçabilité des produits, ce qui permet de renforcer le contrôle institutionnel des ressources partagées et de contribuer à une gestion durable de la pêche.
Figure 53Flux commerciaux portant sur des produits d’origine aquatique, par RÉGION (part du total des importations, en valeur), 2020


NOTES: Sont exclus les mammifères aquatiques, les reptiles, les amphibiens, les tortues, les algues, les éponges et les coraux. Le total des parts peut ne pas correspondre à 100, du fait d'imprécisions des partenaires commerciaux.
SOURCE: FAO.
De tout temps, les pouvoirs publics ont eu recours à des politiques tarifaires pour générer des recettes à partir des échanges, protéger les branches de production nationales de la concurrence internationale ou sanctionner d’autres nations lors de différends commerciaux. Les produits d’origine aquatique sont classés par l’OMC dans les biens industriels, ce qui signifie qu’ils entrent dans le cadre des négociations sur l’accès aux marchés pour les produits non agricoles. En vertu du principe de nation la plus favorisée établi par l’OMC, les droits de douane appliqués aux produits halieutiques et aquacoles varient de 0 pour cent à 30 pour cent, la moyenne étant de 14 pour cent (FAO, 2017b). Les droits de douane consolidés, qui correspondent au tarif maximal effectif dans une catégorie donnée en vertu des règles de l’OMC, varient de 0 pour cent à 60 pour cent, la moyenne étant de 35 pour cent. Ces chiffres font ressortir le niveau généralement bas des tarifs appliqués aux importations de produits halieutiques et aquacoles, malgré que certains pays aient réintroduit des droits de douane, et que l’on craigne une progressivité de ces droits pour les produits transformés et à valeur ajoutée. Les grands importateurs à revenu élevé, comme l’Union européenne, les États-Unis et le Japon, appliquent des droits de douane réduits ou nuls sur la majorité des produits importés de pays pouvant prétendre à ce traitement en vertu du Système généralisé de préférences, ce qui a contribué au développement rapide des exportations de produits d’origine aquatique dans les pays économiquement émergents. En revanche, de nombreux pays émergents continuent d’appliquer des droits de douane relativement élevés sur les produits halieutiques et aquacoles dans le cadre de leurs politiques fiscales ou de mesures de protection. La progressivité des droits de douane29 demeure un grave problème pour de nombreux pays et produits, qui complique en particulier l’accès à certains marchés des pays à revenu élevé ou le développement du commerce régional.
Les obstacles techniques au commerce sont des barrières non tarifaires, telles que des réglementations, des prescriptions ou des normes, qui imposent une charge supplémentaire aux partenaires commerciaux. Elles peuvent prendre la forme à la fois de clauses impératives ou de règlements et de normes d’application volontaire. Les normes de produits, les mesures sanitaires et phytosanitaires, les procédures d’attribution de licences d’importation et celles applicables aux règles d’origine, ainsi que les obligations liées à la labellisation ou à l’étiquetage, sont autant d’exemples d’obstacles techniques au commerce concernant les produits aquatiques. Les négociants en produits aquatiques périssables sont également touchés par les formalités douanières. L’Accord de l’OMC sur les obstacles techniques au commerce reconnaît que ces prescriptions, ces normes et ces procédures sont nécessaires pour protéger la santé humaine, garantir la qualité des produits et préserver l’environnement, mais elles ne doivent pas être discriminatoires. Dans la pratique, les obstacles techniques au commerce peuvent effectivement bloquer l’accès au marché des pays qui ne disposent pas des capacités, des infrastructures, des technologies et des connaissances techniques nécessaires pour répondre à ces exigences. La question des obstacles techniques au commerce revêt une importance particulière dans le cas des produits de la pêche et de l’aquaculture. La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), en particulier, estime qu’en moyenne ces produits sont soumis à 2,5 fois plus de mesures techniques que les produits manufacturés.
La traçabilité et la documentation des prises sont des éléments essentiels du respect des règlements en matière de sécurité sanitaire des aliments et des contrôles permettant de lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INDNR). Les labels écologiques et les systèmes de certification, qui indiquent aux acheteurs et aux consommateurs que les produits aquatiques proviennent de pêcheries bien gérées, peuvent alourdir encore la charge qui pèse sur les exportateurs. Il est donc devenu particulièrement important de veiller à ce que les obstacles techniques au commerce concernant les produits d’origine aquatique respectent un juste équilibre entre protection des consommateurs et des ressources et accès aux marchés. La coopération internationale lors de la conception et de l’évaluation des obstacles techniques au commerce, de même que les efforts déployés par la suite pour rationaliser les procédures et harmoniser les normes et faciliter ainsi le respect des mesures en place, sont des conditions préalables essentielles si l’on veut atteindre cet équilibre. L’Accord de la FAO relatif aux mesures du ressort de l’État du port visant à prévenir, contrecarrer et éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée contribue également à protéger à la fois les consommateurs et les ressources, car il permet aux pays d’imposer des restrictions commerciales au niveau du port d’entrée, de façon à empêcher le déchargement de produits issus de la pêche INDNR. L’Accord de l’OMC sur la facilitation des échanges, qui est entré en vigueur en février 2017, devrait aider à surmonter certaines des difficultés associées aux procédures douanières et accélérer la circulation, la mainlevée et le dédouanement des biens aux frontières.
À long terme, la croissance des échanges de produits d’origine aquatique est dictée par l’évolution des politiques commerciales et par les facteurs économiques et démographiques fondamentaux, mais à plus court terme les dynamiques commerciales dépendent d’un certain nombre d’autres facteurs. Tout d’abord, comme pour les échanges en général, les échanges de produits d’origine aquatique sont très sensibles aux conditions économiques. Le niveau de consommation des produits alimentaires d’origine aquatique est positivement corrélé au revenu, ce qui signifie que les périodes de fléchissement économique entraînent généralement une contraction des échanges de produits d’origine aquatique. Les autres facteurs importants sont les changements géopolitiques, l’évolution des monnaies, les coûts logistiques et les retards, ainsi que les crises majeures touchant l’offre, comme les flambées épidémiques ou les événements climatiques.
Par exemple, ces dernières années, deux faits politiques d’importance ont eu une incidence sur le commerce des produits d’origine aquatique. Tout d’abord, en 2018, les nouveaux droits de douane entre les États-Unis et la Chine, deux des plus grands partenaires commerciaux du monde, ont eu des répercussions sur les produits halieutiques et aquacoles, notamment la langouste et le tilapia. Si les nouveaux régimes douaniers constituent des obstacles pour les fournisseurs existants, ce nouvel environnement crée aussi des débouchés pour d’autres fournisseurs. Ainsi, les coûts supplémentaires supportés par le secteur chinois du tilapia, qui était jusque-là le principal fournisseur du premier marché des États-Unis, ont conféré un avantage concurrentiel au secteur exportateur de tilapia qui était en train d’apparaître en Amérique latine.
L’autre exemple de changement dans la dynamique des échanges de produits halieutiques et aquacoles a été la sortie du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord de l’Union européenne. Cette transition a entraîné la mise en place de nouvelles procédures de contrôle douanier, d’inspection et de documentation de la sécurité sanitaire des aliments, et d’étiquetage des produits. Cette charge administrative supplémentaire a créé de graves goulets d’étranglement logistiques pour les négociants en produits aquatiques du Royaume-Uni début 2021, touchant de façon disproportionnée les petites et moyennes entreprises. Des progrès ont été accomplis dans la rationalisation de ces procédures, mais des incertitudes demeurent quant aux spécificités du cadre dans lequel les échanges seront menés à l’avenir.
La pandémie de covid-19 a créé toute une série de problèmes pour le commerce international de produits aquatiques. Ces effets ainsi que leurs causes et leurs conséquences sont présentés dans la section intitulée «Pandémie de covid-19, une crise comme nulle autre». Par ailleurs, la pandémie a entraîné une baisse, estimée à 7 pour cent, de la valeur des exportations mondiales de produits aquatiques, qui est tombée à 151 milliards d’USD en 2020. Cette baisse fait suite à un recul de 2,1 pour cent en 2019 par rapport au pic atteint en 2018. En 2020, les volumes échangés ont chuté dans une proportion estimée à 10,1 pour cent, les baisses touchant toutes les régions, puis la pêche et l’aquaculture ont repris et les marchés internationaux ont rouvert, entraînant un fort redémarrage des échanges en 2021. Cette même année, la valeur totale des exportations mondiales de produits d’origine aquatique a progressé de 12 pour cent par rapport à 2020. De leur côté, les volumes échangés ont augmenté à un rythme plus limité, conséquence d’une planification prudente de l’offre aquacole et de difficultés logistiques toujours présentes. Les prix ont progressé en 2021. D’après l’indice des prix du poisson de la FAO30, les prix moyens du poisson sur le marché international ont augmenté de 7,2 pour cent en 2021 par rapport à 2020, après avoir baissé, de 7,2 pour cent également, en 2020 par rapport à 2019 (figure 54). L’estimation réalisée pour les deux premiers mois de 2022 indique que les prix ont augmenté de 19 pour cent comparé à la même période en 2021.
Figure 54Indice FAO des prix du poisson

SOURCE: FAO.
Principaux produits échangés
Les produits halieutiques et aquacoles échangés présentent une grande diversité d’espèces, d’origines, de formes de produit, de modes d’emballage ou de méthodes de conservation. Cette diversité complique la collecte de statistiques commerciales cohérentes et exactes, tout en soulignant l’importance de telles statistiques pour appréhender un marché complexe. Les statistiques du commerce sont compilées par les services des douanes et les organismes statistiques des pays et territoires participant aux échanges, qui utilisent pour ce faire le cadre de codification et de classification du Système harmonisé de désignation et de codification des marchandises (Système harmonisé). Ce cadre est géré par l’Organisation mondiale des douanes (OMD). Au niveau de détail le plus fin, ce cadre définit des codes à six chiffres associés à des catégories de produits précises, qui doivent être utilisés de façon uniforme par tous les organismes communiquant des données. Les pays et territoires peuvent adopter des codes plus longs pour créer des niveaux de détail encore plus fins. Le Système harmonisé forme le socle de la législation douanière en plus de permettre la collecte des données qui seront consultées et utilisées par les analystes du commerce, les universitaires, les industriels, les pouvoirs publics, les organisations non gouvernementales et les organisations intergouvernementales et qui offriront ainsi des indications précieuses sur l’évolution et la structure des échanges et des marchés au fil du temps. Pour améliorer l’utilité des statistiques fondées sur le Système harmonisé, la FAO a collaboré avec l’OMD en 2012 et 2017 afin de réviser les codes et la classification de ce système de sorte qu’ils rendent mieux compte des caractéristiques sous-jacentes du commerce international des produits d’origine aquatique. Un niveau supplémentaire de détail est toutefois nécessaire pour distinguer, dans les statistiques du commerce, les poissons capturés dans la nature des animaux aquatiques d’élevage. Au-delà du mode de production, l’aquaculture diffère de la pêche de capture sur un grand nombre d’aspects fondamentaux, notamment la structure des entreprises et du secteur, les intrants, les facteurs de risque, l’impact sur l’environnement et les infrastructures requises. Chacune de ces différences a des conséquences sur la dynamique et le développement du commerce mondial.
Près de 90 pour cent du volume (en équivalent de poids vif) de produits d’origine aquatique échangé sont des produits traités en vue d’être conservés, en majorité par congélation. Cela étant, la demande de produits d’origine aquatique frais et les progrès des techniques d’emballage et des technologies logistiques ont permis d’augmenter la part des produits frais dans les volumes échangés au fil du temps. En 1976, ces produits représentaient 5,8 pour cent de la quantité (poids vif) échangée de produits d’origine aquatique, contre 11,1 pour cent en 2020. Le transport aérien a permis de développer les exportations de produits d’origine aquatique frais haut de gamme, comme le saumon d’élevage ou des espèces de poisson pêchées dans la zone démersale. La pandémie de covid-19 a temporairement inversé cette tendance, du fait de la fermeture des services de restauration et d’un changement dans les comportements d’achat des consommateurs soumis à un confinement. Cela étant, l’accentuation de la demande de produits tels que le thon en conserve que l’on a pu observer aux premiers stades de la pandémie commence à disparaître et l’on prévoit un retour de cette demande à sa tendance à long terme.
La figure 55 montre la valeur totale de produits d’origine aquatiques échangés au niveau international, décomposée par grands groupes d’espèces, en 2020. Les poissons représentent 66,5 pour cent de la valeur mondiale des exportations de produits d’origine aquatique (hors algues) en 2020, suivis par les crustacés (22,8 pour cent) et les mollusques et autres invertébrés aquatiques (10,7 pour cent). Les salmonidés ont été le produit échangé le plus important en valeur depuis 2013, représentant 18 pour cent environ de la valeur totale en 2020. La même année, l’autre grand groupe d’espèces exportées est celui des crevettes, 16 pour cent environ du total, suivi par les thonidés, bonites et marlins (9,7 pour cent), les morues, merlus et églefins (9,6 pour cent) et les encornets, seiches et poulpes (6,8 pour cent). Une brève analyse des tendances récentes concernant les principaux groupes d’espèces est donnée ci-après.
Figure 55Part des principaux groupes d’espèces dans les exportations de produits d’origine aquatique, en valeur, 2020

SOURCE: FAO.
Saumons et truites
Le saumon, et en particulier le saumon de l’Atlantique produit en aquaculture, fait partie des espèces qui ont le plus contribué à la croissance des échanges mondiaux de produits halieutiques et aquacoles au cours des dernières décennies. Cette espèce aux usages multiples et d’une valeur élevée, qui se prête bien à une aquaculture à grande échelle, occupe une position concurrentielle forte sur le marché mondial. La croissance de la demande de saumon a permis à cette espèce de distancer les autres catégories de poisson dans presque toutes les régions, et l’élevage de saumon de l’Atlantique s’est développé jusqu’à devenir l’un des secteurs aquacoles les plus rentables et les plus avancés sur le plan technologique. Cette branche d’activité a également fait œuvre de pionnière dans le financement, la coordination et l’exécution de vastes campagnes marketing internationales et a réussi à mettre en place une infrastructure logistique permettant de livrer du poisson frais sur les marchés étrangers via les routes de fret aérien. En 2020, les exportations de saumon totalisaient 27,6 milliards d’USD, emmenées par la Norvège et le Chili. Les exportations de saumon et de truite représentaient 18,4 pour cent de la valeur des produits aquatiques exportés en 2020, contre 5,1 pour cent en 1976. Le principal marché de la Norvège est l’Union européenne, tandis que le Chili fournit du saumon de l’Atlantique aux États-Unis et au Brésil et du saumon argenté d’élevage au Japon. Plusieurs espèces sauvages du Pacifique, capturées par les flottilles de la Fédération de Russie et des États-Unis dans le Pacifique Nord, font également l’objet d’échanges internationaux. Le commerce du saumon s’est montré relativement résilient face aux problèmes associés à la pandémie de covid-19, malgré une baisse initiale des prix et différentes difficultés logistiques, ce qui témoigne d’une forte demande sous-jacente et de la capacité du secteur à s’adapter à des conditions qui changent.
Crevettes
Les crevettes figurent depuis longtemps parmi les produits d’origine aquatique les plus massivement échangés. Aujourd’hui produites principalement dans des élevages aquacoles intensifs d’Amérique latine et d’Asie de l’Est et du Sud-Est, elles approvisionnent en majorité les consommateurs des marchés à revenu élevé d’Amérique du Nord, d’Europe et du Japon. Les marchés des États-Unis et du Japon sont approvisionnés essentiellement en espèces d’eaux chaudes par de grands producteurs tels que l’Inde, l’Indonésie, la Thaïlande et le Viet Nam. L’Union européenne, quant à elle, importe des espèces d’eaux chaudes produites en Asie et en Amérique latine et des espèces d’eaux froides principalement pêchées au Groenland. Aujourd’hui, les économies asiatiques émergentes telles que la Chine absorbent une part croissante de l’offre mondiale de crevettes, alors que la marge de croissance de la consommation par habitant demeure limitée sur les marchés traditionnels, qui ont atteint la maturité. Au fil du temps, les exportations de crevettes ont considérablement augmenté, mais leur part dans la valeur totale des exportations mondiales de produits aquatiques est relativement stable. En 1976, les exportations de crevettes atteignaient 1,2 milliard d’USD, soit 15,4 pour cent de la valeur des exportations mondiales de produits aquatiques, alors qu’en 2020, elles s’élevaient à 24,7 milliards d’USD et représentaient 16,4 pour cent de la valeur totale.
Poissons de fond et autres poissons blancs
L’appellation «poissons blancs» désigne un grand nombre d’espèces, qui peuvent être pêchées ou élevées, telles que la morue, les dentés, les serranidés, le lieu d’Alaska, le tilapia, la perche du Nil et le pangasius. Tous ces poissons ont un goût et une texture similaires et, selon le produit, peuvent se substituer l’un à l’autre dans une certaine mesure. Les flottilles de la Norvège, de l’Union européenne, de l’Islande, de la Fédération de Russie et des États-Unis capturent la majeure partie des poissons de fond pêchés en mer. L’Union européenne est de loin le premier marché d’importation de cette catégorie de poissons. Quant à la Chine, elle occupe une place importante à l’échelle mondiale dans la transformation de la matière première et la réexportation des produits obtenus. Les exportations de poissons de fond et autres poissons blancs représentent 17 pour cent environ de la valeur totale des exportations de produits d’origine aquatique, mais des quantités importantes de poissons appartenant à ce groupe ne sont pas explicitement identifiées sous cette dénomination dans les statistiques commerciales et sont enregistrées dans les autres espèces. La Chine a mis sur pied un important secteur d’élevage de tilapia dans ces provinces du sud et est désormais le premier exportateur de ce poisson. Parallèlement, d’autres fournisseurs d’Asie du Sud-Est et d’Amérique latine ont accru leurs exportations vers les États-Unis, au détriment de la Chine. Ce pays demeure le principal fournisseur de tilapia, mais les droits de douane appliqués par les États-Unis au tilapia importé de Chine, conjugués aux problèmes logistiques associés à la pandémie de covid-19 et au changement d’affectation des terres dans les principales régions de production, font que cette position dominante va vraisemblablement continuer à s’affaiblir. Le Viet Nam produit et exporte la plus grande part mondiale de pangasius. Les États-Unis ont longtemps été le principal marché d’exportation du pangasius, mais ces dernières années la Chine a progressé et est devenue le premier marché d’exportation pour le Viet Nam.
Thon
En 2020, les exportations mondiales de thonidés, de bonites et de marlins ont atteint 14,6 milliards d’USD, l’équivalent de 9,7 pour cent de la valeur totale des exportations de produits aquatiques. Cette proportion est restée relativement stable durant plusieurs décennies, le goût des consommateurs pour le thon ne se démentant pas. Le commerce du thon se scinde en deux grands groupes de produits: le premier comprend le thon transformé et traité pour être conservé; et le second, le thon frais de haute qualité destiné au marché du sushi et du sashimi. De façon générale, le thon rouge et le thon obèse sont utilisés pour les sashimis et les sushis, tandis que le listao, le thon germon et l’albacore servent à fabriquer des produits transformés. La Thaïlande a développé un important secteur de transformation du thon, qui utilise le poisson que les flottilles de pêche débarquent directement dans les ports thaïlandais et qui joue un rôle essentiel dans le commerce mondial du thon. Les États-Unis sont la principale destination des exportations thaïlandaises de thon transformé. Des activités de moindre envergure, quoique non négligeables, existent aussi en d’autres lieux d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine; ainsi, l’Équateur fournit à l’Union européenne de grandes quantités de thon transformé ou destiné à être transformé dans l’Union. Les régimes tarifaires et les conséquences des contingents d’importation en franchise de droits appliqués par les grands marchés jouent un rôle déterminant dans les flux commerciaux de thon sur le marché des produits transformés et restent un enjeu fondamental des négociations commerciales. Les marchés du sashimi et du sushi sont dominés par le Japon, dont l’approvisionnement en thons entiers et en longes de thon repose essentiellement sur les flottilles de la province chinoise de Taïwan et de la République de Corée et sur des réexportations thaïlandaises.
Céphalopodes
Les céphalopodes forment une classe de mollusques comprenant le poulpe, l’encornet et la seiche. Ils sont presque intégralement pêchés dans le milieu naturel, l’essentiel de l’approvisionnement provenant de Chine, d’Inde, du Maroc et du Pérou. Les marchés d’importation de céphalopodes les plus importants sont la Chine, l’Union européenne – en particulier l’Italie et l’Espagne –, le Japon et la République de Corée. Le poulpe est un mets apprécié au restaurant et un ingrédient de plus en plus demandé ces derniers temps du fait du succès du poke hawaïen (salade de poisson) et des tapas à l’espagnole. L’encornet et la seiche sont également utilisés comme ingrédients dans ces plats, et les détaillants en écoulent de grandes quantités, généralement sous une forme transformée et traitée en vue de la conservation. En 2020, les exportations de céphalopodes ont atteint 10,2 milliards d’USD, l’équivalent de 6,8 pour cent de la valeur totale des exportations de produits aquatiques. La part des céphalopodes dans le commerce mondial a augmenté au fil du temps, mais les réserves sont menacées du fait d’une mauvaise gestion. Cette situation a entraîné de fortes hausses de prix ces dernières années.
Bivalves
Les espèces de mollusques bivalves les plus importantes pour le commerce mondial sont les coquilles Saint-Jacques, les palourdes, les huîtres et les moules. Aujourd’hui, la grande majorité des mollusques bivalves consommés proviennent de l’aquaculture, et sont produits dans un certain nombre de pays européens, en Amérique du Nord, en Chine et au Chili. L’Union européenne, les États-Unis, la Chine et la République de Corée forment l’essentiel de la demande d’importations. La demande de bivalves est demeurée relativement stable au fil du temps, et les espèces ont tiré avantage de l’image positive d’aliments sains et durables qu’en ont les consommateurs. En 2020, les exportations mondiales de mollusques bivalves ont totalisé 4,3 milliards d’USD, soit 2,8 pour cent environ de la valeur totale des exportations de produits aquatiques.
Petits pélagiques, farine et huile de poisson
Les petites espèces pélagiques telles que le maquereau, le hareng, la sardine et l’anchois forment une part importante de la production mondiale de la pêche de capture. L’Union européenne, la Chine, le Maroc, la Norvège, le Royaume-Uni, la Fédération de Russie et le Japon déclarent tous des volumes de capture et des exportations substantiels. Malgré leur faible valeur unitaire, ces espèces représentaient 6,7 pour cent de la valeur totale en 2020. Les stocks de petits pélagiques peuvent chevaucher plusieurs zones économiques exclusives et, bien souvent, la productivité dans une région donnée dépend fortement des conditions climatiques, d’où une instabilité marquée de l’offre et des prix. Les marchés les plus importants sont dispersés géographiquement et comprennent la Chine, l’Égypte, l’Union européenne, le Japon, le Nigéria et les États-Unis. Les petits pélagiques servent aussi à produire de la farine et de l’huile de poisson pour l’exportation. Les anchois, et en particulier l’anchois du Pérou, sont le plus souvent utilisés comme matière première pour ce type de production. La demande de farine de poisson vient en grande partie des grands producteurs aquacoles, comme la Chine.
Autres produits
Aux 151 milliards d’USD d’exportations de produits aquatiques dont il est fait mention précédemment pour 2020, il faut ajouter 1,9 milliard d’USD générés par les algues marines et autres algues (58 pour cent), les sous-produits non comestibles de poisson (33 pour cent) et les éponges et coraux (9 pour cent). Le commerce des algues est passé de 65 millions d’USD en 1976 à 1,1 milliard d’USD en 2020, les principaux pays exportateurs étant la Chine, l’Indonésie et la République de Corée et les principaux importateurs, la Chine, le Japon et les États-Unis. L’utilisation croissante des sous-produits de la transformation du poisson pour fabriquer de la farine de poisson et d’autres produits (voir la section intitulée «Utilisation et transformation de la production halieutique et aquacole») a permis une forte augmentation du commerce des sous-produits non comestibles du poisson, de 8 millions d’USD en 1976 à 715 millions en 2020.