44. La Conférence est convenue de confier l'examen des points suivants à deux groupes de travail parallèles: 1) plan d'action stratégique pour la sécurité sanitaire des aliments en Afrique et 2)questions de sécurité sanitaire des aliments intéressant l'ensemble de la région. Les deux groupes de travail ont été invités à examiner les questions qui leur étaient confiées et à proposer des recommandations concrètes et des mesures pratiques pour améliorer la sécurité sanitaire des aliments dans la région. La Conférence a désigné M.Mohamed Majdi (Maroc) président et M. Mahamadou Sako (Mali) rapporteur du premier groupe de travail et M.William Ssali (Ouganda) président et Mme Ethan Talatu (Nigéria) rapporteur du deuxième groupe de travail. La Conférence a remercié ces délégués d'avoir accepté d'assumer ces fonctions.
45. Le groupe de travail chargé d'examiner le plan stratégique quinquennal recommandé pour la sécurité sanitaire des aliments en Afrique a proposé des modifications au projet de plan (Document de séance 20), ainsi qu'au projet de résolution connexe. Les révisions proposées pour le plan d'action et la résolution ont été reprises dans une seconde version de ces documents, qui a ensuite été examinée en plénière, à la reprise des travaux.
46. Les débats du Groupe de travail sur les questions de sécurité sanitaire des aliments intéressant particulièrement la région ont été animés à l'aide de présentations sur les questions de surveillance des maladies d'origine alimentaire dans la région, ainsi que sur les mycotoxines et leurs effets sur la santé humaine en Afrique, destinées à fournir des informations complémentaires et à stimuler les discussions.
47. Mme Patience Mensah (OMS Afrique) a fourni des informations sur l'état des systèmes de surveillance des maladies d'origine alimentaire dans la région et a souligné que les pays de la région devaient collecter des données et faire rapport à l'OMS, qui se chargerait de compiler les informations et de les diffuser auprès des autres pays de la région.
48. Le Groupe de travail a noté que la surveillance des symptômes des maladies d'origine alimentaire a effectivement lieu dans la région, par exemple pour le choléra, mais que la nature de la surveillance des symptômes ne permet pas de préciser l'agent causal exact. Le Groupe de travail a en outre noté que l'OMS publierait bientôt des directives sur la surveillance des maladies d'origine alimentaire.
49. Il a été souligné que la surveillance en laboratoire s'impose pour déterminer les agents responsables des maladies d'origine alimentaire, mais que cette surveillance devrait s'intégrer au système existant de surveillance des maladies. Il a en outre été souligné que même si les pays ne disposaient pas d'installations solides de laboratoire, ils devaient commencer avec les ressources et les infrastructures à leur disposition, puis les améliorer par la suite.
50. Le Groupe de travail a invité à dresser l'inventaire des capacités des laboratoires dans les pays de la région, ce qui permettrait également d'identifier les centres d'excellence pour différents aspects des travaux de laboratoire à l'appui de la surveillance des maladies d'origine alimentaire.
51. Le Groupe de travail a noté que la surveillance des maladies d'origine alimentaire était une extension de la surveillance d'autres maladies et devait donc s'intégrer aux programmes types de surveillance. Il a été noté que la surveillance des maladies d'origine alimentaire supposait la fourniture d'informations par le corps médical, de données sur les contaminants des aliments, ainsi que des données vétérinaires et autres. On a souligné qu'il importait d'intégrer les données de surveillance des maladies d'origine alimentaire aux données de surveillance vétérinaire, notamment en ce qui concerne les zoonoses frappant les animaux sauvages.
52. Le Groupe de travail a noté que les pays de la région devraient rechercher plus activement une aide auprès de la FAO et de l'OMS et que les institutions gouvernementales concernées devaient mieux adhérer aux projets réalisés afin de garantir la durabilité à long terme des opérations.
53. M. Gordon Shephard (Afrique du Sud) a fait une présentation sur la situation des mycotoxines en Afrique. Cette présentation fournissait des informations sur les effets négatifs de l'ingestion de mycotoxines sur la santé publique en Afrique, ainsi que sur l'économie africaine. Il a été noté que l'exposition aux mycotoxines était extrêmement répandue en Afrique, car les Africains consomment de grandes quantités d'aliments comme le maïs et le sorgho, qui ont souvent une forte teneur en mycotoxines lorsqu'ils sont produits dans les conditions chaudes et humides prévalant dans de nombreuses zones du continent. L'orateur a également souligné la nécessité d'une sensibilisation du public et d'un engagement politique pour régler la question, qui doivent venir s'ajouter aux efforts de mise en application de la législation en la matière. On a souligné la nécessité d'appliquer de bonnes pratiques agricoles, de bonnes pratiques d'entreposage et de bonnes pratiques de fabrication, ainsi que l'approche HACCP (Analyse des risques aux points critiques), en plus des mesures ci-après: recherche régionale effective sur la question, mesures incitatives encourageant les agriculteurs à réduire le niveau d'aflatoxines dans leurs produits, éducation des consommateurs et des producteurs, formation, renforcement des systèmes de laboratoire, réduction de la pauvreté afin de réduire le risque de consommation d'aliments de piètre qualité et amélioration des services de vulgarisation agricole.
54. M. Kafui Kpodo (Ghana) a fait une présentation sur l'exposition aux aflatoxines contenues dans les aliments, source de crise silencieuse pour la santé publique. Il démontrait dans sa présentation que le niveau des mycotoxines présentes dans différents produits alimentaires de pays sélectionnés de la région était considérablement supérieur aux niveaux fixés par les règlements pour l'exportation vers les marchés de l'Union européenne et des États-Unis d'Amérique et au niveau recommandé par le Codex. L'orateur a également fait plusieurs recommandations destinées à résoudre le problème des mycotoxines en Afrique, y compris (compte non tenu des recommandations faites par l'orateur précédent): encourager les gouvernements nationaux à reconnaître l'importance des mycotoxines, utiliser une approche multidisciplinaire, mettre au point des systèmes d'aide d'urgence destinés à remplacer les aliments présentant un danger par des aliments sains en cas de crise, validation de méthodes rapides et pratiques de détection des mycotoxines dans un contexte africain et mise en place de centres régionaux d'excellence concernant les mycotoxines.
55. Le Groupe de travail a reconnu qu'il fallait utiliser les informations alarmantes présentées afin d'obtenir l'engagement politique nécessaire à la solution effective et durable du problème des mycotoxines dans les pays de la région. On a également souligné la nécessité de mettre en corrélation des données sur la santé publique et des données économiques et de présenter des notes d'information aux décideurs afin de les persuader de l'importance des mesures destinées à résoudre la question des mycotoxines.
56. Le Groupe de travail a souligné la nécessité de prévenir la contamination par les mycotoxines par l'application de bonnes pratiques agricoles et l'éducation des producteurs et des cultivateurs. Le Groupe de travail a examiné la valeur potentielle d'approches novatrices et de méthodes au niveau micro, afin de réduire la teneur en mycotoxines des aliments.
57. On a également souligné l'importance d'un échantillonnage adéquat pour l'évaluation des teneurs en mycotoxines. Le Groupe de travail a souligné la nécessité de renforcer les campagnes de promotion et d'évaluer régulièrement la mise en oeuvre des programmes destinés à réduire les niveaux de mycotoxines dans les aliments en Afrique.
58. Les présidents de chaque groupe de travail ont présenté les conclusions des groupes de discussion à la plénière, lors de la reprise des travaux.
59. À l'issue de la présentation du rapport du groupe de travail sur les «questions de sécurité sanitaire des aliments intéressant particulièrement la région», la Conférence a examiné plusieurs questions soulevées dans le rapport. La Conférence a souligné qu'il convenait de tenir dûment compte,dans le plan stratégique régional, de l'ampleur de la contamination des aliments par des mycotoxines dans la région. La Conférence a indiqué qu'il convenait de mettre à la disposition des agriculteurs, des vulgarisateurs et des producteurs d'aliments des tests simples leur permettant de détecter les mycotoxines dans les aliments, sur le terrain et sur les lieux de production.
60. La Conférence a examiné les questions liées à la sécurité sanitaire des aliments dérivés des biotechnologies modernes et a reconnu que ces questions étaient particulièrement complexes. Certaines délégations se sont inquiétées de la sécurité sanitaire de ces produits et d'autres facteurs légitimes. La majorité des pays participant à la Conférence ont indiqué qu'à leur avis tous les produits renfermant des organismes génétiquement modifiés devraient être étiquetés en tant que tel. La Conférence est convenue que les pays de la région devraient formuler une position régionale bien définie sur les différents aspects des aliments génétiquement modifiés, qui puisse être présentée aux instances internationales, comme le Comité du Codex sur l'étiquetage des denrées alimentaires, le Groupe spécial intergouvernemental du Codex sur les aliments dérivés des biotechnologies, l'Organisation mondiale du commerce et le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques relative à la Convention sur la diversité biologique. La Conférence est convenue que la question de la sécurité sanitaire des aliments renfermant des organismes génétiquement modifiés était traitée au sein des Comités Codex susmentionnés et que les pays de la région devraient communiquer leur position sur cette question au secrétariat de ces comités, en faisant part également de leur position au Comité FAO/OMS de coordination du Codex pour l'Afrique.
61. La Conférence a noté qu'il serait difficile de formuler une position régionale sur cette question lors de la session en cours, en raison de la complexité de la question et de la nécessité de faire participer différentes parties prenantes. Certains pays ont fait part de leurs réserves quant à la formulation d'une position commune sur la question lors de la session en cours, car les données scientifiques dont dispose la Conférence ne sont pas exhaustives. Il a été proposé de poursuivre les débats dans le cadre d'un groupe de discussion électronique, en vue de formuler une position régionale sur la question. La Conférence a insisté sur le fait que les pays devaient mettre en place des réglementations régissant ces produits à l'échelle nationale, en tenant compte de leurs spécificités nationales.
62. À l'issue de la présentation du rapport du Groupe de travail sur la révision du plan stratégique quinquennal recommandé pour la sécurité sanitaire des aliments en Afrique et la résolution connexe, la Conférence a proposé plusieurs révisions pour ces deux documents, ainsi que les prochaines étapes à suivre pour l'application du plan. La résolution et le plan stratégique, qui reprennent les conclusions de ces débats, figurent à l'Annexe 11 et 12, respectivement.
XII. Recommandations de la Conference
63. La Conférence a adressé un certain nombre de recommandations aux États Membres, à la FAO/OMS, aux organisations compétentes et aux gouvernements des pays donateurs. Ces recommandations sont incluses dans la résolution et dans le plan stratégique (Annexes 11 et 12).
XIII. Adoption du rapport
64. La Conférence a examiné et adopté le projet de rapport, la résolution et le plan stratégique, reconnaissant qu'il s'agissait de documents publics et demandant au Secrétariat de les placer sur le site Internet de la Conférence et de les publier par les voies habituelles.
65. La Conférence a décidé de transmettre le rapport, la résolution et le plan stratégique comme documents d'information à la vingt-neuvième session de la Commission du Codex Alimentarius (Genève, 3–8 juillet 2006), ainsi qu'aux autres forums compétents.
XIV. Cloture de la Conference
66. La Conférence a remercié le Gouvernement du Zimbabwe d'avoir accueilli cette session et le groupe des représentants permanents de la région à la FAO d'avoir apporté un soutien en vue de la bonne marche des travaux. L'Afrique a su faire entendre sa voix dans l'organisation de cette Conférence ainsi que dans les débats qui y ont eu lieu. La Conférence a également félicité la FAO et l'OMS d'avoir organisé cette manifestation.
67. Le Secrétariat de la FAO/OMS a exprimé son soutien à la mise en œuvre du plan stratégique et il a suggéré que la première réunion du comité de suivi ait lieu conjointement avec la vingt-neuvième session de la Commission du Codex Alimentarius (Genève, 3–8 juillet 2006). Il a indiqué que les mises à jour relatives aux activités du comité de suivi seraient placées sur le site Internet de la Conférence (www.foodsafetyforum.org/african/index.asp). La Conférence a souligné que la FAO/OMS et les gouvernements de la région devaient œuvrer pour que la sécurité sanitaire des aliments soit inscrite à l'ordre du jour des organes directeurs de la FAO et de l'OMS, afin de parvenir à atteindre l'objectif d'une alimentation saine pour tous.
68. Le Président, s'exprimant au nom du Ministre de la santé du Zimbabwe, a clos les travaux de la Conférence.