Par le SECRÉTARIAT DU SOUS-COMITÉ DU BOIS DE L'EECE
L'APPROVISIONNEMENT en bois est, avec le charbon, le facteur le plus important qui conditionne la reconstruction des pays européens qu'il soit employé directement (charpentes, menuiserie, etc.) ou comme auxiliaire de l'industrie (emballages, cartonneries). Enfin, d'autres usages comme bois de mine et traverses de chemin de fer, en font un des éléments indispensables à la vie économique moderne.
Pendant la guerre et jusqu'au 31 décembre 1945, les Combined boards fonctionnant à Washington avaient eu à répartir le bois entre les Alliés. Lorsque fut crée le Comité économique provisoire pour l'Europe (EECE - Economic Emergency Committee for Europe), en mai 1945, il devint rapidement évident que les besoins des régions libérées et des autres pays européens rendraient nécessaires l'examen par cet organisme des mesures immédiates susceptibles d'améliorer la situation extrêmement critique de l'approvisionnement en bois. En octobre 1945, l'EECE decida donc, en accord avec les Combined Boards de Washington, la création d'un Sous-Comité du Bois pour reprendre le travail fait par un Working Group des Combined Boards qui avait, sous les auspices du Ministère des Approvisionnements britannique, fourni pendant la guerre un moyen de consultation entre les pays européens sur leurs besoins et les approvisionnements en bois.
Enfin, en août 1946, la Conférence de la FAO à Copenhague attira de nouveau l'attention sur la grave crise du bois dans le monde, et en Europe en particulier. Un certain nombre de déclarations y faisaient ressortir que la pénurie actuelle de bois provenait non seulement du dépeuplement des forêts, mais aussi du manque de matériel et de main-d'uvre spécialisée pour en assurer l'exploitation à la fois intensive et rationnelle. Avant la guerre en effet, l'Europe, y compris l'U.R.S.S., non seulement se suffisait à elle-même mais était également en mesure d'exporter, sauf pour quelques qualités spéciales qu'elle devait importer des Etats-Unis et du Canada (voir Tableau 1).
A l'heure actuelle, à peu près tous les pays dévastés par la guerre ont un besoin pressant de bois et ne sont pas en mesure d'assurer la couverture de ces besoins minima, même en faisant appel à des sources d'approvisionnement extérieures à l'Europe. Le Sous-Comité du Bois de l'EECE s'est donc attaché à apporter une aide immédiate par des mesures à court terme, aux pays membres de l'EECE, en mettant en présence les importateurs et les exportateurs et en s'efforçant d'agir sur l'offre et sur la demande dans le but de ramener ces deux facteurs à des dimensions comparables.
MM. G. Cerf (EECE) et E. Glesinger (FAO) s'entretenant avec le Président Bénès
Nous verrons plus loin les efforts faits pour essayer de couvrir les besoins des pays européens avec les ressources de l'Europe. Si les exportations canadiennes ont permis de couvrir une partie importante du déficit européen, il n'en reste pas moins que l'accroissement des besoins domestiques en Amérique du Nord et en U.R.S.S., qui avant la guerre étaient les principales sources d'approvisionnement mondiales, est au moins égal à leurs possibilités de production; il faudrait donc ne pas fonder des espoirs excessifs sur une aide importante provenant de ces pays.
Cette étude des mesures susceptibles d'améliorer une situation extrêmement grave pouvait être faite sous les aspects suivants:
1. Recherche de nouvelles sources d'approvisionnement (forêts tropicales).2. Meilleure exploitation des forêts (formation professionnelle, équipement moderne, etc.).
3. Meilleures techniques et économies de l'utilisation du bois:
a) limitation des emplois, notamment dans la construction;b) application des techniques assurant l'économie du bois dans les emplois reconnus indispensables;
c) recherche de matériaux de remplacement;
d) parmi les matériaux de remplacement (utilisation des déchets de scieries, des délignures et des bois de qualité inférieure autrefois négligés, etc.).
Le Sous-Comité du Bois, sans méconnaître l'extrême importance des problèmes à résoudre sur le plan mondial, sous les rubriques 1 et 2 ci-dessus, n'en limite pas moins son activité à l'étude des solutions à court terme et aux aspects techniques mentionnés au paragraphe 3 ci-dessus. Il apparut en effet d'une part, qu'une augmentation de la production européenne pouvait être atteinte assez rapidement et que d'autre part, cette augmentation de la production serait sans résultats effectif si les pays importateurs ne faisaient pas un usage intensif de toutes les techniques susceptibles d'économiser ou de remplacer le bois dans ses usages principaux. Signalons à ce sujet, les études faites par la Sous-Commission technique du Sous-Comité du Logement de l'EECE qui marque bien tout l'intérêt que portent les Gouvernements européens à cette question.
TABLEAU 1. - EXPORTATIONS ET IMPORTATIONS EUROPÉENNES
(Equivalence en milliers de m3 de bois rond)
|
Exportations |
Importations |
Excédent ou déficit |
|||
1929 |
1937 |
1929 |
1937 |
1929 |
1937 |
|
Bois d'oeuvre |
93.259 |
88.781 |
82.817 |
77.529 |
+10.442 |
+11.252 |
Fabrication papier |
31.697 |
37.972 |
23.639 |
26.220 |
+ 8.058 |
+11.752 |
L'exposé des questions soumises au Sous-Comité peut être fait de diverses manières. Il nous a paru néanmoins, plus clair, d'étudier d'abord en 1946, la demande de bois, puis l'offre ainsi que les conditions qui déterminaient cette offre (charbon), les perspectives pour 1947 étant étudiées ensuite.
Les difficultés communes qu'éprouvaient les pays membres de l'EECE au début de 1946 pour s'approvisionner en bois, l'incertitude que présentait l'approvisionnement des marchés traditionnels, ont amené la Belgique, le Danemark, la France, le Royaume-Uni, la Norvège et les Pays-Bas à se réunir avec le Canada et les Etats-Unis, pour former le Sous-Comité du Bois de l'EECE, aux travaux duquel la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Finlande et la Suède ont aussi pris part, afin d'étudier les mesures que ces pays pourraient prendre d'un commun accord afin d'assurer la satisfaction des besoins minima. Etant donné l'état encore chaotique, à cette époque, de l'économie de ces pays, il n'a pas été possible de baser cette étude sur les besoins des différents postes de la consommation intérieure et il a fallu la limiter à la comparaison des besoins d'importation des différents pays. Ainsi l'importance et la qualité des productions nationales ne sont pas entrées en ligne de compte dans l'établissement des enquêtes qui ont été faites en 1946. Ce point mérite d'être signalé ici, car en 1947 l'expérience acquise et le temps plus long dont a disposé le Sous-Comité, ont permis de procéder autrement comme nous le verrons plus loin.
Le Sous-Comité eut à considérer les besoins et les approvisionnements possibles des pays européens en bois résineux, bois durs, bois de mine, traverses de chemin de fer, poteaux télégraphiques et bois contre-plaque.
1. Bois durs
Il apparut rapidement que les besoins en bois durs étaient extrêmement diversifiés et la grande variété des espèces et des spécifications rendaient impossible la fixation de contigents globaux. D'autre part, l'approvisionnement des pays européens en bois coloniaux posait en premier lieu la question du transport par mer que le Sous-Comité n'était pas compétent pour résoudre.
2. Traverses de chemin de fer
La situation de l'approvisionnement en traverses de chemin de fer n'a pas semblé particulièrement critique. D'autre part, l'utilisation de bois durs ou de résineux suivant les pays, la grande variété des spécifications imposées par les différentes compagnies de chemin de fer, d'un pays à l'autre ou à l'intérieur d'un même pays, suivant la nature du sol, rendait difficile, si non impossible, l'établissement de contingents spéciaux pour cet usage. Il fut donc décidé de traiter les traverses de chemin de fer comme une partie non spécifiée des besoins en bois durs (voir ci-dessus) ou en bois tendres sur lesquels nous reviendrons plus loin.
3. Poteaux télégraphiques
En ce qui concerne les poteaux télégraphiques, la possibilité d'effectuer un recensement général des besoins et des approvisionnements se heurtait également à des difficultés, étant donnée la grande variété des normes imposées par les pays. Le Sous-Comité considéra que la situation de l'approvisionnement n'était pas très grave pourvu que les divers pays n'insistassent pas sur des qualifications trop élevées.
4. Bois contreplaqués
Pour les bois contreplaqués, un examen de la situation fit apparaître un déficit qui pouvait s'estimer à 150.000 m3, mais étant donnée la part importante que pouvait jouer le Brésil dans la production mondiale et l'incertitude qui planait sur la possibilité d'approvisionner en matières premières les principaux pays producteurs, le Sous-Comité du Bois remit à plus tard l'étude de cette question, qu'il a été suggéré de reprendre en 1947.
5. Bois de mine
En ce qui concerne les bois de mine, il fut entendu avec l'Organisation européenne du charbon (European Coal Organization) que cette organisation examinerait les besoins des pays européens étant donné le caractère technique de la consommation des bois de mine et la liaison directe entre le montant des besoins et la production de charbon.
6. Sciages tendres
La question des sciages tendres se présentait tout autrement. D'une part nous avons affaire ici à une marchandise répondant à des qualifications générales permettant la traduction en un nombre limité de chiffres des besoins et des ressources de chacun. D'autre part, le petit nombre des pays exportateurs et l'immensité des besoins rendait plus facile l'examen de la situation en vue de l'établissement de contingents de répartition.
La suite de ce rapport sera donc limitée à l'étude des sciages tendres. C'est dans ce sens limité qu'il faudra comprendre le terme «bois» s'il n'est pas autrement qualifié.
Les pays membres du Sous-Comité du Bois ont indiqué comme suit leurs besoins d'importation en 1946:
|
Milliers de standards |
Grande-Bretagne |
1.500 |
France |
473 |
Belgique |
300 |
Pays-Bas |
400 |
Danemark |
170 |
Norvège |
23 |
Total |
2.866 |
Comme d'autre part, le total des disponibilités telles qu'elles avaient pu être évaluées à l'époque, se montait à environ 1.400.000 standards, il était évident qu'il ne serait pas possible de satisfaire entièrement ces besoins d'importation. Deux solutions s'offraient alors: laisser les pays entrer en concurrence sur des marchés insuffisamment approvisionnés entraînant ainsi une hausse des prix et causant également une injustice vis-à-vis des pays les plus dévastés, dont l'économie plus faible se trouvait hors d'état d'entrer en compétition avec celle des pays ayant moins souffert; une autre solution, celle adoptée par le Sous-Comité du Bois, consistait, par des négociations et des concessions réciproques, à obtenir de chacun des pays qu'il limitât ses importations, quelle qu'en soit la provenance à un chiffre global ramenant ainsi la demande à des proportions compatibles avec l'offre.
Il a été proposé et accepté que les gouvernements limitent leurs achats dans les pays suivants: Canada, Etats-Unis, Brésil, Finlande Suède, Tchécoslovaquie, Etats baltes et balkaniques. Les importations en provenance de l'U.R.S.S., si elles n'atteignaient que des chiffres peu importants, devaient être comprises également dans ces contingents. Les importations en provenance d'Allemagne, encore très incertaines, avaient été laissées, au moins jusqu'à nouvel ordre, en dehors de ce plan.
Lorsque le Sous-Comité du Bois commença à étudier la situation des approvisionnements en Europe, les pays producteurs comme la Finlande et la Suède n'avaient pas encore accepté de participer aux travaux de l'EECE. Le Sous-Comité en fut donc réduit à faire des estimations basées sur les informations dont pouvaient disposer ses membres. Les disponibilités approchées en sciages tendres ainsi déterminées étaient les suivantes:
|
Milliers de standards |
Canada |
500 |
Suède |
500 |
Finlande |
100 |
Brésil |
20 |
Tchécoslovaquie |
11 |
Etats-Unis |
160 |
U.R.S.S., Etats baltes et balkaniques |
100 |
Total |
1.391 |
Lorsque la Finlande et la Suède acceptèrent d'apporter leur concours au Sous-Comité du Bois, il s'avéra que la quantité que ces deux pays étaient en mesure d'exporter, dépendait dans une large mesure, de leurs propres approvisionnements en combustibles. Ainsi, se trouvait établie, dès le début des rapports avec la Finlande et la Suède, la corrélation entre le bois et le charbon.
1. Finlande 1946: situation en combustible
La pénurie de combustible de qualité et en particulier le manque de charbon, était pour la Finlande le problème le plus urgent qu'elle aurait à résoudre pendant l'année 1946. Le bois qui avait remplacé, pendant les années de guerre, une partie du déficit des importations, ne convenait pas en effet, à certaines industries comme la production d'énergie électrique, les aciéries ou même la chauffe des bateaux brise-glace.
Au début de février 1946, lorsque la Finlande s'associa aux discussions du Sous-Comité du Bois, ce pays était lui-même en conversations avec l'Organisation européenne du charbon (ECO) afin de participer à ses travaux et bénéficier de ses attributions. Le gouvernement finlandais avait donc soumis à l'ECO, le 12 février 1946, un mémorandum sur la situation en combustible (cf. document ECO/APC/99). Il ressort de ce document que la Finlande consommait avant la guerre (moyenne des années 1936 à 1938) l'équivalent d'environ 3.860.000 tonnes de charbon et coke. Son programme pour l'année 1946 portait sur une consommation équivalant à 4.600.000 tonnes de charbon et coke. Les importations de charbon et de coke proprement dites se montaient avant la guerre, à environ 1.800.000 tonnes; le programme finlandais 1946/47 (1er juin 1946 au 31 mai 1947) prévoyait une importation de 1.900.000 tonnes, soit environ 160.000 tonnes par mois. Il restait donc pour la Finlande, à couvrir un besoin équivalant à 2.700.000 tonnes, notamment par la consommation de 15 millions de stères de bois de feu et de déchets. Si les besoins en combustible que la Finlande estimait comme minima étaient satisfaits, ce pays s'engageait à exporter vers l'Europe:
100.000 à 150.000 standards de sciage tendre |
D'autre part, le délégué finlandais avait insisté sur la surcharge qu'imposerait au réseau des transports finlandais, l'acheminement des quantités de bois de feu dirigées de l'intérieur du pays vers les côtes pour remplacer, dans toute la mesure du possible, le déficit d'importations de charbon qui devaient normalement arriver par mer, à la proximité immédiate des usines utilisatrices. Le délégué finlandais avait également indiqué que l'aide que recevrait la Finlande pour l'achat d'équipement et de machines indispensables à l'exploitation des forêts, serait de nature à faciliter dans une large mesure, les exportations de bois.
2. Suède 1946: situation en combustible
Le gouvernement suédois fit des remarques analogues à celles du gouvernment finlandais, soulignant que les difficultés qu'il rencontrait pour s'approvisionner en charbon avaient une influence considérable sur ses possibilités d'exportation de bois. Les besoins de la Suède furent exposés à l'Organisation européenne du charbon dans un mémorandum daté du 21 février 1946 (cf. document ECO/GEN/27). Il ressortait de ce document que les besoins d'importation de coke et de charbon, que la Suède considéraient comme minima, étaient d'environ 7 millions de tonnes par an, soit approximativement 580.000 tonnes par mois. Les besoins totaux en combustibles s'élevant à environ 14 millions de tonnes, il était nécessaire pour la Suède, de faire appel à d'autres combustibles et notamment au bois qui devait lui fournir l'équivalent de 4.900.000 tonnes de charbon.
D'autre part, les possibilités, limitées en main-d'uvre qualifiée et en équipement, permettaient à la Suède de couper environ 50 millions de mètres cubes, pour la saison d'hiver 1945/46. Cette quantité maxima devait être répartie, d'une part entre les besoins de la consommation intérieure en bois de feu, tels qu'ils sont exprimés ci-dessus, et d'autre part, les exportations que la Suède comptait pouvoir effectuer en 1946. Les exportations prévues étaient les suivantes:
Sciages tendres |
400.000 standards |
Pâte de bois chimique |
1.400.000 tonnes |
Pâte de bois mécanique |
200.000 » |
Panneaux |
85.000 » |
Papiers |
380.000 » |
Bois de mine |
500.000 à 700.000 stères |
3. Accord bois-charbon
L'Organisation européenne du charbon examina dans quelle mesure ses approvisionnements lui permettraient de couvrir en tout ou en partie les besoins exprimés par la Suède et la Finlande. Avant de donner une réponse définitive à ces deux pays et étant donné le rapport entre les importations de combustible et les exportations de bois que faisaient ressortir les mémorandums présentés par la Finlande et la Suède, l'ECO et le Sous-Comité du Bois de l'EECE, décidèrent de tenir une réunion commune afin de préparer une recommandation qui serait présentée à l'accord de ces deux pays.
La Commission Bois-Charbon (Timber-Coal Working Party) s'est réunie à Londres, fin février début mars 1946, avec le concours des membres du Sous-Comité du Bois de l'EECE., de l'ECO et des représentants des gouvernements suédois et finlandais. La Commission eut d'abord à déterminer ses principes de travail. En effet, plusieurs solutions étaient théoriquement possibles:
a) lier les exportations de bois aux importations de charbon par la Suède et la Finlande, en se basant sur un coefficient fonction du rapport des valeurs calorifiques respectives du bois et du charbon (une tonne de charbon pour 6 stères de bois).b) lier les échanges de bois et de charbon par une formule fixant un rapport arithmétique entre les exportations de bois et les importations de charbon.
c) considérer une relation plus générale entre le bois et le charbon sur la base d'une aide réciproque; si les pays producteurs de bois faisaient un effort pour exporter et se montraient prêts à aider, dans toute la mesure de leurs moyens, les pays européens dévastés par la guerre, ces derniers, groupés dans l'EECE et dans l'ECO se devaient en retour de faciliter la reprise économique de ces pays en leur apportant une aide en charbon.
La Commission écarta d'emblée les solutions (a) et (b) parce qu'elles étaient susceptibles d'entraîner des injustices graves: la situation économique dans chaque pays conditionnant plus que tout autre facteur l'équilibre à rechercher et à maintenir entre les diverses sources d'énergie. Au contraire, la solution (c) était seule conforme à la justice et à l'esprit de large coopération qui inspire les travaux de l'EECE.
Après les discussions au cours desquelles on rapprocha le montant des importations charbonnières dans ces deux pays avant la guerre et les quantités dont pouvait disposer l'ECO, la Commision Bois-Charbon recommanda à l'ECO de faire les allocations nécessaires pour que les disponibilités totales en charbon se montent à :
Finlande: |
840.000 tonnes par an |
ou |
70 000 tonnes par mois |
Suède: |
3.600.000 tonnes par an |
ou |
300.000 tonnes par mois |
Ces chiffres devaient comprendre les disponibilités totales de ces pays quelle qu'en soit la source (attributions d'ECO, accords bilatéraux). La Suède et la Finlande donnèrent, à des dates différentes, leur accord à cette recommandation et promirent de faire leur possible pour exporter en 1946, les quantités suivantes:
Finlande: Sciage tendre: |
100.000 standards |
Bois de mine: |
1.200.000 m3 |
Suède: Bois tendre: |
400.000 standards |
Bois de mine: |
333.000 m3 |
|
(500.000 stères) |
En juillet 1946, la Finlande fit savoir, à la fois au Sous-Comité du Bois et à l'Organisation européenne du charbon qu'elle serait en mesure d'exporter dés quantités supplémentaires si elle pouvait recevoir un contingent légèrement supérieur à celui qui lui avait été attribué. Le 24 juillet 1946, la Commission Bois-Charbon se réunit de nouveau pour considérer l'offre de la Finlande d'exporter 75.000 à 90.000 standards supplémentaires de sciage tendre et 450.000 m3 de bois de mine, si ses disponibilités en charbon étaient portées de 70.000 tonnes à 100.000 tonnes par mois. Etant donné l'intérêt que présentait l'offre de la Finlande, la Commission a recommandé cette attribution de charbon à l'ECO qui l'a acceptée.
4. Exportations allemandes de bois en 1946
Comme nous l'avons indiqué plus haut, l'importation de bois en provenance d'Allemagne ne fut pas comprise dans les quotas de limitation d'achat, étant donné qu'à la date à laquelle ces quotas avaient été adoptés, on ne s'attendait pas à ce que des quantités importantes de bois de sciage ou de bois de mine fussent exportées d'Allemagne. Il semble bon de préciser ici dans quelles conditions se faisait et se fait encore l'exploitation de la forêt allemande dans les zones britannique et française. La production en Allemagne peut être divisée en deux groupes:
1) Production effectuée par les firmes allemandes avec leurs propres personnel et matériel.2) Production effectuée dans les zones de coupe affectées à d'autres pays qui peuvent être les puissances contrôlantes ou non et qui travaillent dans ces coupes avec leur propre main-d'uvre, leur équipement, leurs moyens de transport et leur propre ravitaillement.
La production effectuée dans les zones de coupe par les pays voisins de l'Allemagne est dirigée uniquement vers le pays exploitant qui en retire, suivant les possibilités de coupe, des bois de sciage, des bois de mine, des bois de feu et tous autres produits.
La production effectuée par les firmes allemandes est destinée à couvrir les besoins de la consommation allemande, les échanges interzones et l'exportation éventuelle.
Cette distinction qui en 1946 avait un caractère surtout académique, prend toute son importance en 1947, lorsque la situation étant plus claire, les quantités produites sur les zones de coupe des différents pays en Allemagne seront considérées comme une partie de la production nationale des différents pays exploitants. Cette solution est logique étant donné que l'exploitation des zones de coupe est faite au moyen d'équipement et de matériel prélevés sur les exploitations à l'intérieur des frontières des pays exploitants.
a) Zone française
En zone française d'occupation, le Gouvernement français a exploité une zone de coupe avec des moyens venus de France. D'autre part, environ 92.000 standards de sciages et 25.000 m3 de bois de mine produits avec des moyens allemands, se sont trouvés être en excédent sur la consommation allemande et exportés vers la France uniquement.
b) Zone britannique
Le gouvernement anglais n'exploita pas directement de zones de coupe, mais il mit à la disposition des autorités de la zone et des exploitations locales, des moyens amenés d'Angleterre. Ceci explique que le gouvernement britannique se soit réservé la totalité des exportations de bois s'élevant en 1946, à 30.000 standards de sciage tendre et à 75.000 m3 de bois de mine.
c) Zone américaine
La situation, en zone américaine, est assez différente des deux autres, étant donné que les Etats Unis ne sont pas eux-mêmes importateurs de bois coupés en Allemagne. En 1946, les autorités américaines d'occupation ont passé (juin 1946) avec le Gouvernement anglais, un contrat portant sur une exportation de 28.000 standards de sciages tendres pour l'Angleterre. Un autre contrat portant sur 5.000 standards à destination des Pays-Bas fut conclu par la suite. Les difficultés de transport principalement ayant mis obstacle à l'exécution de ces contrats, qui ne comportaient pas de limitation de temps, ceux-ci se trouvent donc automatiquement reportés sur 1947. En fait, des quantités extrêmement réduites furent expédiées en 1946.
5) Allocations par pays exportateurs
Les quotas d'importation une fois adoptés, le Sous-Comité du Bois eut à faire des propositions de répartition par source d'approvisionnement, étant donné que les probabilités de livraison effective variaient considérablement d'un pays à l'autre. Le Sous-Comité du Bois a recommandé que les exportations en provenance de chaque pays producteur soient réparties autant que possible dans une proportion correspondante aux contingents globaux acceptés par les pays importateurs.
Ceci donnait les chiffres suivants, pour les bois tendres:
Royaume-Uni |
54% |
Belgique |
8% |
France |
12% |
Pays-Bas |
17% |
Danemark |
7% |
Norvège |
1% |
Cette recommandation du Sous-Comité du Bois fut approuvée par le comité principal de l'EECE et transmise aux gouvernements des pays exportateurs qui promirent d'y donner toute leur attention.
Les négociations faites sous l'égide du Sous-Comité du Bois et les recommandations auxquelles elles ont donné lieu, ont été suivies par le Sous-Comité au cours de leur exécution, ce qui permet de dégager la situation en fin d'année.
1. Finlande
Comme indiqué ci-dessus, l'Organisation européenne du charbon avait accepté d'assurer à la Finlande un approvisionnement mensuel de 70.000 tonnes, porté par la suite à 100.000 tonnes. Les quantités de charbon et de coke qui ont été effectivement importées en Finlande depuis que ces accords ont été passés, sont les suivantes:
TABLEAU 2 - IMPORTATIONS DE CHARBON EN FINLANDE EN 1946
Moyenne mensuelle 1935-38: 145.094 tonnes
Moyenne mensuelle 1946: 80.357 tonnes
Tonnes
1946 mois |
Allocation ECO |
Accords bilatéraux |
Total mensuel |
Total |
Avril |
15.247 |
55.362 |
70.609 |
70.609 |
Mai |
10.427 |
64.283 |
74.710 |
145.319 |
Juin |
43.059 |
66.080 |
109.139 |
254.458 |
Juillet |
39.345 |
62.738 |
102.083 |
356.541 |
Août |
63.091 |
37.206 |
100.297 |
456.838 |
Septembre |
62.206 |
28.498 |
90.704 |
547.542 |
Octobre |
35.576 |
42.497 |
78.073 |
625.615 |
Novembre |
21427 |
33.086 |
54.513 |
680.128 |
Décembre |
8.436 |
34.643 |
43.079 |
723.207 |
Par ailleurs, la Finlande s'était engagée comme nous l'avons vu, à livrer au total de 175.000 à 190.000 standards de sciage tendre et 1.650.000 m3 de bois de mine environ. Les livraisons effectivement réalisées (informations en date du 15 novembre 1946 - cf. document TSC(46)55) sont les suivantes:
TABLEAU 3. - LIVRAISONS FINLANDAISES EN 1946
Pays de destination |
Sciages tendres |
Bois de mine |
|
vendus |
expediés |
||
Standards |
Stères |
% |
|
Grande-Bretagne |
90.000 |
978.560 |
72 |
Pays-Bas |
12.000 |
48.928 |
45 |
Belgique |
11.000 |
458.700 |
88 |
France |
4.000 |
12232 |
100 |
Danemark |
48.000 |
|
|
Norvège |
5.000 |
|
|
Suisse |
4.500 |
|
|
Suède |
|
18.948 |
0 |
Autres pays européens |
2.000 |
|
|
TOTAL |
176.500 |
1.517.368 |
|
Comme nous le voyons, la Finlande a scrupuleusement respecté, et même au delà, les engagements qu'elle avait pris vis-à-vis du Sous-Comité du Bois, au début de l'année.
Par contre, la crise charbonnière qui a sévi dans toute l'Europe vers la fin de 1946, a eu sa répercussion sur les importations en Finlande et l'Organisation européenne du charbon ne semble pas avoir été en mesure d'assurer à ce pays l'approvisionnement de 100.000 tonnes par mois qui avait été prévu au printemps 1946.
2. Suède
En ce qui concerne les quantités de charbon attribuées à la Suède, il avait été prévu que ce pays recevrait 300.000 tonnes par mois. Les importations charbonnières en Suède ont nettement dépassé ce chiffre puisque la moyenne mensuelle ressort à 318.285 tonnes. Par ailleurs, la Suède avait prévu des exportations de 500.000 standards pour l'année et 500.000 stères de bois de mine (voir Tableau 4).
Il ressort, des Tableaux 4 et 5, que la Suède a reçu effectivement et au delà, le charbon qui lui avait été promis, mais par contre si le total de ses exportations de sciages tendres s'est bien élevé à 400.000 standards environ, la part de l'Europe dans ces exportations n'a été que de 362.190 standards. D'autre part, les exportations de bois de mine auraient été de 230.354 m3 (d'après les mêmes sources que les renseignements du Tableau 4) entièrement destinées à l'Europe dont:
Grande-Bretagne |
133.157 m3 |
Pays-Bas |
96.585 m3 |
Autres pays européens |
612 m3 |
Total |
230.354 m3 |
TABLEAU 4. - EXPORTATIONS SUÉDOISES DE SCIAGES RÉSINEUX EN 1946
TABLEAU 5 - IMPORTATIONS DE CHARBON EN SUÈDE EN 1946
Moyenne mensuelle 1935-38: 654.271 tonnes
Moyenne mensuelle 1946: 318.285 tonnes
Tonnes
1946 Mois |
Allocation ECO |
Accords bilatéraux |
Total mensuel |
Total |
Avril |
82.669 |
153.310 |
235.979 |
235.979 |
Mai |
72.918 |
262.329 |
335.247 |
571.226 |
Juin |
86.818 |
224.749 |
311.567 |
882.793 |
Juillet |
104.278 |
187.456 |
291.734 |
1.174.527 |
Août |
152.924 |
228.693 |
381.617 |
1.556.144 |
Septembre |
99.586 |
244.776 |
344.362 |
1900.506 |
Octobre |
113.146 |
286.770 |
399.916 |
2.300.422 |
Novembre |
82.2,51 |
236.105 |
318.356 |
2.618.778 |
Décembre |
66.396 |
179.392 |
245.788 |
2.864.566 |
3. Canada
Les exportations canadiennes en 1946 se sont montées aux chiffres suivants (Tableau 6) à comparer avec les 500.000 standards prévus.
4. Importations effectives
1) Bois tendre
Comme nous venons de le voir, les exportations de bois de Suède et de Finlande se sont montrées assez différentes dans certains cas, de celles qui avaient été prévues; par ailleurs les pays européens, dans l'ensemble, n'ont pas été en mesure de se procurer effectivement la totalité des quantités auxquelles ils avaient accepté de limiter leurs importations (voir Tableau 7).
TABLEAU 6. - EXPORTATIONS CANADIENNES VERS LES PAYS EUROPÉENS EN 1946
TABLEAU 7 - IMPORTATION DE SCIAGES RÉSINEUX EN 1946
Standards
Pays |
Quota accepté 1946 |
Importation 1946 |
% de réalisation des quotas |
Grande-Bretagne |
832 000 |
810.000 |
97 |
Belgique |
123.000 |
60.500 |
61, 8 |
Pays-Bas |
260.000 |
124.500 |
63,7 |
Danemark |
104.000 |
100.000 |
98 |
Luxembourg |
(1) |
3.040 |
|
Suisse |
(1) |
24.400 |
|
France |
189.000 |
165.000 |
187.3 |
Italie |
(1) |
19.000 |
|
TOTAL |
1.508.000 |
1.306.440 |
Moyenne |
(1) Ces pays n'ayant pas participé aux négociations en 1946 aucun quota n'avait été fixé.
2) Bois de mine
En ce qui concerne les bois de mine, les importations effectives des divers pays membres de l'Organisation européenne du charbon ont été les suivantes en 1946:
En résumé il semble qu'en 1946, les estimations faites par le Sous-Comité du Bois aient été trop optimistes puisque le total des quotas qui avaient été acceptés par les pays s'est monté à 1.500.000 standards environ, alors qu'en fait, les importations que les pays européens ont été en mesure de réaliser s'élèvent à 1.300.000 standards environ. Certains pays, comme la Belgique et la Hollande, qui disposaient de contingents établis en tenant compte des besoins de leur reconstruction, n'ont pu importer en fait qu'un pourcentage assez faible de ces contingents. Par conséquent, leur consommation intérieure en 1946 s'est trouvée diminuée faute d'approvisionnements. Ce fait mérite d'être signalé car nous le retrouverons au moment des discussions sur le programme d'importation en 1947 et il semble, dans ces conditions, difficile d'admettre que l'année 1946 puisse être dans l'avenir, retenue comme base de comparaison.
1. Sciages résineux
Le Sous-Comité du Bois commença dès septembre 1946 à demander aux pays membres, des informations permettant de déterminer l'importance de leurs besoins en bois de sciage et bois de mine. Le Sous-Comité établit un bref questionnaire (TSC (46) 36 revised) demandant aux pays quel était leur programme de coupe pour 1947 quels étaient leurs besoins d'importation et de quels stocks ils pouvaient disposer. D'autre part, ce questionnaire demandait également des renseignements détaillés sur les besoins de la consommation intérieure divisés en catégories d'utilisation, tels que logements et constructions, industries, emballages, constructions navales, etc. Pour toutes ces rubriques, pour les approvisionnements comme pour les besoins, les pays membres ont eu à fournir également les chiffres correspondants pour l'année 1946, donnant ainsi une base de comparaison pour 1947.
Les réponses reçues ont été distribuées aux membres du Sous-Comité du Bois sous la référence TSC (46) 51 et annexes. Il serait trop long de faire une analyse détaillée des réponses fournies par les différents pays mais on en pourra trouver la substance dans le Tableau 9.
La comparaison des chiffres permet de voir que, dans l'ensemble, le montant des besoins de 1947 représente environ 141 % des consommations de 1946. D'autre part, si l'on compare les besoins exprimés pour 1947 avec les contingents qui avaient été adoptés pour 1946, la différence est encore plus grande puisque les chiffres de 1947 sont, en moyenne, voisins du double des quotas 1946.
Comme nous le verrons à propos de l'offre pour 1947, la diminution de la production nationale dans l'ensemble des pays importateurs augmentait encore la demande de bois à l'importation. Le total de ces besoins d'importation tel qu'il ressort de la colonne 8 du Tableau 9, se monte à près de 3.000.000 de standards, chiffre énormément supérieur aux 1.300.000 standards que l'ensemble de ces mêmes pays ont été en mesure d'importer effectivement en 1946.
TABLEAU 8 - IMPORTATION DE BOIS DE MINE EN 1946
Milliers de m3
Données |
Belgique |
France |
Pays-Bas |
Royaume-Uni |
Total |
Consommation totale |
970 |
2.638 |
171 |
2.291 |
6070 |
Production nationale |
933 |
3.076 |
25 |
1.041 |
5.075 |
Importations moins exportations |
690 |
-10 |
246 |
1.983 |
2.909 |
Accroissement des stocks |
653 |
428 |
100 |
733 |
1.914 |
TABLEAU 9. - SITUATION DES PAYS IMPORTATEURS EN 1947
Milliers de standards
1 La production nationale belge comprend 4.000 standards de bois coupés en Allemagne en 1946 et 10.000 standards prévus en Allemagne pour 1947.2 Y compris 4.100 standards en 1946 de bois coupé en Allemagne et 34.300 standards prévus pour 1947 en Allemagne.
3 Y compris 1.020 standards coupés en Allemagne par la main-d'oeuvre luxembourgeoise.
4 Comprend le bois coupé en Allemagne (avec personnel et outillage français).
5 Ce chiffre est celui qui a été proposé par le Working Party au gouvernement italien qui a accepté de porter la production nationale à 115.000 standards et de prélever sur ses stocks une quantité de 65.000 standards.
La nécessité d'en venir, pour l'année 1947, à un système de répartition analogue à celui qui avait été appliqué en 1946 s'est donc imposée aux membres du Sous-Comité. Mais en 1947 le Sous-Comité du Bois disposait d'informations plus précises et plus complètes sur le détail des besoins des pays européens, permettant ainsi de tenir compte, non seulement de besoins d'importations, mais surtout des besoins totaux de la consommation intérieure de chacun des membres. Le Sous-Comité essaya d'abord d'arriver à une formule de répartition basée sur les chiffres connus pour le passé ou sur les prévisions pour l'avenir. Plusieurs formules ont été essayées: l'une (formule A) prenait pour base les besoins communiqués par chacun des pays, pour l'année 1947. Le total de ces besoins était ensuite réduit pour l'amener à un chiffre voisin de celui des approvisionnements disponibles. Cette formule, qui reposait uniquement sur les estimations faites par chaque pays favorisait ceux qui demandaient proportionnellement des quantités plus importantes et défavorisait par conséquent ceux qui avaient fait des estimations de besoins plus raisonnables. Elle ne put être adoptée à l'unanimité par le Sous-Comité.
Le Sous-Comité essaya alors de prendre comme base d'allocation les consommations effectives de 1946, mais cette formule B était inacceptable pour les pays qui, comme la Belgique et la Hollande notamment, n'avaient pas été en mesure d'importer en 1946 des quantités auxquelles leur donnaient droit les accords conclus du début de l'année; leur consommation intérieure avait donc eu à souffrir de l'insuffisance de leurs importations et ils n'étaient évidemment pas désireux de voir cette circonstance malheureuse perpétuer son influence sur les importations 1947. Une formule transactionnelle C, se bornant seulement à faire la moyenne des chiffres obtenus par l'application des formules précédentes A et B n'a pas, non plus, reçu l'approbation unanime du Sous-Comité, étant donnée l'opposition irréductible des pays qui, malheureux en 1946, ne voulaient pas que les chiffres d'importation de cette année eussent une influence, même minime, sur le calcul des quotas d'importation pour 1947. Le Comité, à ce moment-là, se trouvait donc forcé de recourir à des méthodes purement empiriques s'il désirait atteindre l'unanimité des membres. Après de nombreuses discussions, les chiffres suivants furent proposés à l'approbation des membres:
Grande-Bretagne |
1.122.000 |
France |
200.000 |
Pays-Bas |
210.000 |
Belgique et Luxembourg |
147.000 |
Danemark |
103.000 |
Italie |
117.500 |
Suisse |
47500 |
TOTAL |
1.947.000 |
Tous les pays donnèrent leur accord à ces chiffres. Mais, étant données les différences qui existent entre: les probabilités de livraison d'un pays producteur à un autre, les prix et les qualités, le Sous-Comité du Bois a pensé qu'il serait plus juste de compléter cette allocation par une répartition détaillée des contingents pour chaque pays importateur à partir de chacune des principales sources d'approvisionnement. Cette répartition qui apparaît au Tableau 10, accompagnait la recommandation suivante adressée aux Gouvernements des pays producteurs d'une part et des pays exportateurs d'autre part.
Milliers de standards
1 Depuis que ce tableau a été préparé, la Suède a fait savoir que ses disponibilités pour 1947 s'élevaient actuellement a 300.000 standards, comprenant sciages résineux, traverses de chemin de fer, planches (boards) et autres sciages (plane goods), maisons préfabriquées, sans compter la possibilité de disponibilités ultérieures.2 Contrats fermes.
3 Comprenant 11.000 standards pour lesquels la Belgique a placé des ordres fermes pour le premier trimestre.
4 Comprenant: Brésil, Hongrie, Portugal, Roumanie, Yougoslavie, U.R.S.S., etc.
5 Y compris 10 en provenance de l'U.R.S.S.
6 Y compris 5 en provenance du Portugal.
7 Dont une certaine partie pourrait provenir de Tchécoslovaquie.
8 En provenance de l'U.R.S.S.
«Le Sous-Comité du Bois
«1. Décide
que d'ici la prochaine réunion du Sous-Comité du Bois, qui se tiendra au début d'avril, les pays importateurs s'engagenta) à ne pas passer de contrats fermes pour une quantité supérieure à 90% du total de leur quota d'importation, etb) à ne passer de contrats fermes avec chaque pays fournisseur pour des quantités supérieures à celles établies dans le tableau ci-joint; et
«2. Recommande
que les pays exportateurs fassent tout leur possible pour exporter les quantités de bois telles qu'elles sont indiquées dans le tableau et accordent une attention particulière aux demandes de la Belgique, des Pays-Bas et de l'Italie, dont les besoins sont très urgents par suite des déficits d'importation en 1946 et des délais inévitables dans le démarrage de leur programme de reconstruction.
«Etant donnée la nécessité d'une application rapide de cette résolution, les membres du Sous-Comité du Bois sont invités à porter cette résolution à l'attention des autorités compétentes de leurs Gouvernements.»
(Le 14 mars 1947)
Il est à noter que les chiffres qui figurent comme exportations totales de chacun des pays, comprennent, comme nous l'indiquerons plus loin, les quantités très probables et les quantités possibles supplémentaires, suivant les estimations du Sous-Comité.
2. Bois de mine
Les besoins en bois de mine des pays européens collationnés par l'Organisation européenne du charbon pour l'année 1947, sont les suivants:
Conformément à l'arrangement passé entre l'EECE et l'ECO sur la division du travail entre ces deux organismes, les disponibilités en bois de mine, une fois communiquées à l'ECO, furent reparties par cette dernière organisation. Il est à noter que les allocations ne couvrent qu'environ 50% des besoins d'importation exprimés.
TABLEAU 11.- BESOINS EN BOIS DE MINE POUR 1947
Milliers de m3
Données |
Belgique |
France |
Pays-Bas |
Turquie |
Royaume-Uni |
Total |
1 Consommation totale prévue |
1.252 |
3.000 |
243 |
197 |
2.568 |
7.260 |
2 Demandes pour réajustement des stocks |
-184 |
334 |
-15 |
24 |
-360 |
-201 |
3 Production nationale prévue |
400 |
3.112 |
0 |
123 |
272 |
3.907 |
4 Importations fermes allocations recommandées |
550 |
153 |
198 |
40 |
1.644 |
2.585 |
5 Déficit prévu en fin d'année: |
118 |
69 |
30 |
58 |
292 |
567 |
NOTE: Réajustement des stocks pour les amener à un niveau correspondant à 6 mois de consommation à la fin de l'année.
TABLEAU 12 - ALLOCATIONS DE BOIS DE MINE RECOMMANDÉES PAR ECO
Milliers de m3
Pays d'origine |
Belgique |
France |
Pays-Bas |
Turquie |
Royaume-Uni |
Total |
Finlande |
400 |
20 |
80 |
|
600 |
1,100 |
Suède |
20 |
30 |
50 |
40 |
150 |
290 |
Norvège |
|
|
|
|
67 |
67 |
Tchécoslovaquie |
|
25 |
|
|
|
25 |
TOTAL |
420 |
75 |
130 |
40 |
817 |
1.482 |
NOTE. Il a été tenu compte de ces chiffres pour l'établissement des chiffres de la ligne 4 du tableau 11 ci-dessus.
1. Sciages tendres
Les approvisionnements en sciages tendres dont pourront disposer les pays européens en 1947, proviennent de deux sources: a) production indigène dans les pays importateurs, b) ressources d'importation.
L'estimation de ces ressources d'importation est plus ou moins précise suivant les pays producteurs; c'est ainsi qu'elles ont été classées, dans le tableau 13, en deux catégories: très probables et possibles.
TABLEAU 13. - L'OFFRE EN BOIS TENDRE POUR 1947
Milliers de standards
Pays |
Production |
Exportations vers les pays membres de l'E.E.C.E. |
|
Très Probables |
Possibles |
||
Grande-Bretagne |
50 |
|
|
Belgique1 |
30 |
|
|
Pays-Bas1 |
35,3 |
|
|
Danemark |
50 |
|
|
Suisse |
170 |
|
|
France2 |
600 |
|
|
Italie |
3250 |
|
|
Suède |
375 |
300 |
100 |
Finlande |
|
200 |
|
Tchécoslovaquie |
|
40 |
|
Allemagne |
|
|
|
Zone anglaise |
|
150 |
|
Zone américaine |
|
170 |
|
Zone française |
|
464 |
454 |
Autriche |
|
20 |
22 |
Brésil |
|
4 |
4 |
U.R.S.S |
|
50 |
50 |
Etats-Unis |
|
120 |
40 |
Canada |
|
450 |
50 |
Autres |
|
|
25 |
TOTAL |
1.260,3 |
1.568 |
345 |
TOTAL ARRONDI |
1.300 |
1.600 |
350 |
1 Y compris le bois coupé dans les zones d'occupation anglaise et française en Allemagne avec la main-d'oeuvre et outillage des pays bénéficiaires.2 Comprend le bois coupé par la main-d'oeuvre française dans la zone française d'occupation en Allemagne.
3 Ces chiffres sont ceux qui ont été proposés par le Sous-Comité du Bois au gouvernement italien qui a ensuite accepté de porter la production nationale à 115.000 standards et de prélever sur ses stocks une quantité de 65.000 standards.
4 Consiste en bois devant etre coupé par la main-d'oeuvre allemande dans la zone française d'occupation en Allemagne.
Le total des quantités exportables probables et possibles égale 1.950.000 standards; il est suffisant pour couvrir l'ensemble des contingents mentionnés au chapitre précédent et sur lesquels les pays ont donné leur accord. Il peut sembler ainsi que les allocations soient faites sur des prévisions optimistes puisqu'elles épuisent non seulement les quantités probables mais aussi celles qui pourraient se révéler au cours de l'année. Néanmoins, il a paru au Sous-Comité du Bois que cette manière d'agir était la plus raisonnable et d'ailleurs la seule possible étant donnée l'importance des besoins et d'autre part, les estimations d'exportations peut-être un peu trop pessimistes de certains pays européens.
2. Bois de mine
En ce qui concerne les bois de mine, les seuls chiffres actuellement disponibles sont les chiffres des exportations indiqués par le Sous-Comité du Bois à l'ECO et qui ont été répartis comme nous l'avons vu précédemment.
Les disponibilités en bois de mine pour l'exportation, en 1947, sont les suivantes:
|
Milliers de m3 |
Finlande |
1.100 |
Suède |
290 (estimé par EECE et ECO) |
Norvège |
67 |
Tchécoslovaquie |
35 |
Luxembourg |
145 |
Autriche |
100 |
Canada |
640 |
TOTAL |
2.277 |
NOTE: Ces quantités ne comprennent pas certaines exportations réalisées en vertu d'accords bilatéraux notamment eu provenance de France, de Suisse et d'U.R.S.S.
1 Cette quantité n'a pas été allouée étant donnée la mauvaise condition des bois provenant de forets bombardées.
1. Emballages
Lorsqu'au début de l'année 1947, le Sous-Comité du Bois eut la possibilité d'examiner le détail des besoins de chacun des pays membres, il put constater qu'un des postes importants de la consommation était l'emploi du bois dans les emballages.
L'importance de cette utilisation du bois tient, non seulement aux quantités employées (voir Tableau 14), mais aussi à l'importance que revêtent les questions d'emballage pour les exportations d'un grand nombre de produits essentiels et notamment de produits agricoles.
Le Sous-Comité du Bois, à sa onzième réunion, eut à considérer la possibilité d'établir une sous-commission spéciale pour l'étude des problèmes d'emballage Etant donné que cette question dépasse de beaucoup le cadre limité de l'utilisation du bois et pose des problèmes généraux de règles commerciales, de standardisation, de recherches de matériaux de remplacement, le Sous-Comité du Bois s'est déclaré incompétent et a renvoyé la question de la création d'une sous-commission au Comité principal de l'EECE. Le Comité principal s'occupera prochainement de cette question qui a déjà fait l'objet d'études approfondies par la Chambre internationale de commerce, le Bureau international des emballages, la British Standard Institution,2 sans compter l'Organisation internationale de standardisation (ISO) qui étudie cette question parmi beaucoup d'autres. L'EECE visant à l'application de mesures entraînant des économies de bois aura à se placer à un point de vue totalement différent de celui des organismes précités puisque ces derniers cherchent l'unification des méthodes quel que soit le matériel employé, tandis que ce qui nous intéresse ici, c'est la réduction de l'emploi du bois.
1 38 Cours Albert Ier, Paris.
2 28 Victoria Street, Londres.
TABLEAU 14. - BESOINS POUR L'EMBALLAGE
Standards
Pays |
Utilisation 1946 |
Besoins 1947 |
Augmentations |
% d'augmentation |
Royaume-Uni |
139.000 |
203.000 |
64.000 |
46 |
Belgique et Luxembourg |
10.000 |
30.400 |
20.400 |
204 |
Pays-Bas |
22.475 |
41.000 |
18.525 |
82.4 |
Danemark |
35.000 |
40.000 |
5.000 |
14,3 |
Suisse |
64.200 |
61.000 |
(-3.200) |
--- |
France |
82.000 |
115.000 |
33.000 |
40,2 |
Italie |
77.000 |
192.000 |
115.000 |
149,3 |
TOTAL |
429.675 |
682.400 |
252.725 |
Moy.: 58,8 |
2. Pâte de bois
Parmi les produits forestiers dont la consommation est un des facteurs importants de la vie industrielle des pays européens il faut faire une mention particulière à la pâte de bois qui est une matière première industrielle susceptible dans certains usages comme l'emballage, de remplacer le bois lui-même. D'autre part, les nombreuses utilisations de la pulpe de bois dans l'industrie pourraient nécessiter une étude approfondie des ressources, des besoins et des mesures qui pourraient être prises afin d'assurer une répartition plus équitable des produits à base de cellulose. Il convient d'insister sur le caractère spécifiquement industriel de cette production qui est à l'extrémité d'une longue chaîne de transformations permettant d'obtenir des produits d'une grande variété allant du papier journal aux produits complexes de la chimie organique.
Cette brève étude de l'action entreprise par l'EECE et en particulier par le Sous-Comité du Bois n'a en aucune façon, la prétention d'épuiser la question de l'approvisionnement en bois de l'Europe, ni de contenir un exposé des mesures à prendre pour atténuer les effets d'une crise dont l'incidence est difficile à déterminer exactement. Néanmoins, les documents transmis au Sous-Comité du Bois et les travaux entrepris dans d'autres sections de l'EECE et de son secrétariat permettent de penser qu'il serait vain de fonder trop d'espoirs sur une augmentation substantielle des exportations en provenance des pays actuellement exportateurs de quantités importantes de bois. Seule, en Europe, la Russie qui n'a presque rien exporté en 1946, est peut-être en mesure de fournir des quantités considérables au marché européen.
La contribution éventuelle que pourrait fournir au marché européen la mise en valeur de nouvelles sources d'approvisionnement extra-européennes demeure une question extrêmement controversée dont l'étude cependant garde tout son intérêt dans le cadre général des mesures à longue échéance.
Mais comme nous venons de le voir, s'il semble difficile de prévoir une augmentation substantielle et rapide de l'approvisionnement européen, il est possible que la mise en pratique de strictes mesures d'économie permette dans tous les pays, consommateurs et producteurs, d'augmenter, d'une part, les quantités exportables et de diminuer, d'autre part, la différence existant à l'heure actuelle entre la demande et les approvisionnements. Il faut espérer que les recherches actuellement entreprises dans la plupart des pays consommateurs aboutiront rapidement à un emploi plus général de qualités inférieures de bois jusqu'ici réservées à certains usages (emballage), ainsi qu'à une utilisation plus répandue des matériaux à base de déchets de bois. Dans ce domaine, l'EECE et particulièrement le Sous-Comité du Logement, poursuivent leur action en vue de l'adoption généralisée de procédés techniques permettant d'économiser des quantités de bois appréciables dans la construction.
D'une manière générale, la recherche des produits de remplacement et en particulier des matériaux à base de déchets de bois est au premier rang des préoccupations de tous les pays européens. Cependant, l'étude précise des méthodes de récupération des déchets sort du cadre des études courantes d'un comité du bois et l'aspect extrêmement technique de cette question n'en a pas permis encore l'étude sous l'égide de l'EECE.
Le manque de charbon est un fait connu et tangible pour chaque individu dans chaque pays. Cependant, le manque de bois aussi est susceptible à lui seul de retarder considérablement la reprise économique et en particulier, la reconstruction des régions dévastées. On peut même affirmer que dans ce dernier domaine les programmes de 1947 impliquant une consommation supérieure à celle de 1946, la pénurie de bois sera d'autant plus sensible.
Nous avons vu qu'il existe une certaine corrélation entre les approvisionnements en charbon et les disponibilités en bois. Il v a d'abord, pour de petites quantités, notamment pour des besoins de chauffage, possibilité de substitution de l'un à l'autre. De plus, le charbon qui conditionne directement le niveau de l'industrie a de ce fait une influence indirecte sur l'activité agricole en général et sur l'exploitation des forêts en particulier. Mais dans les deux cas, il s'agit d'un rapport qui ne peut pas être exprimé en chiffres et la liaison entre le charbon et le bois est manifestemente beaucoup moins importante qu'entre le charbon et l'acier par exemple.