COFI:AQ/1/2002/3 ![]() |
COMITÉ DES PÊCHES |
SOUS-COMITÉ DE L'AQUACULTURE |
Première session |
Beijing (Chine), 18-22 avril 2002 |
RÔLE DE L'AQUACULTURE DANS LE DÉVELOPPEMENT RURAL |
Résumé
1. Il n'est plus à démonter que l'aquaculture peut jouer et joue déjà un rôle important dans le développement agricole. Il n'est plus à démonter non plus que le potentiel qu'offre l'agriculture pour contribuer au développement rural n'a pas été pleinement exploité dans de nombreuses régions du monde. Par ailleurs, l'intégration de l'aquaculture dans le développement rural a été jusqu'à ce jour associée à des tendances aussi bien bénéfiques que malencontreuses. Il ne peut y avoir de développement rural efficace sans gouvernance solide. Fort d'une participation à tous les niveaux, le développement rural sera axé sur les communautés, il sera intégré et visera des thèmes multisectoriels. La cohérence des politiques doit être un objectif primordial qui sera défini avec la participation du public à tous les niveaux et si nécessaire la promotion d'organisations représentatives efficaces. Il faut faire connaître davantage l'aquaculture pour sensibiliser encore plus au rôle qu'elle peut jouer dans le développement rural et pour accroître les enjeux aux fins de changement institutionnel. Il faut veiller à responsabiliser les parties prenantes et à les associer aux décisions de politiques. Il est donc particulièrement important de concevoir des projets de développement rural globaux, axés sur les communautés où le rôle de l'aquaculture est déterminé en fonction de ce que l'on entend par moyens de subsistance des personnes1. L'intégration effective de l'aquaculture dans le développement rural offre autant d'opportunités qu'elle crée de difficultés.
Introduction
2. Le développement rural, processus de croissance continue de l'économie rurale et d'amélioration des conditions de vie des hommes, des femmes et des enfants des zones rurales, comporte divers aspects mais dans de nombreux cas c'est surtout le développement du secteur agricole qui est en général supposé fournir les principales incitations non seulement pour réduire la pauvreté et la faim mais également pour garantir la sécurité alimentaire à tous. Une croissance agricole rapide dans des pays à populations rurales appauvries peut faire augmenter suffisamment le revenu rural agricole et autre pour permettre à ces populations de bénéficier d'une plus grande sécurité alimentaire.2
3. Les divers types d'aquaculture constituent une composante importante du développement des systèmes agricoles qui peut contribuer à réduire l'insécurité alimentaire, la malnutrition et la pauvreté grâce à une offre d'aliments à haute valeur nutritionnelle, à la création de revenus et d'emplois, à une diminution des risques liés à la production, à un meilleur accès à l'eau, à une mise en valeur durable des ressources et à une plus grande durabilité des exploitations.
Portée du document
4. Le présent document a pour objet d'examiner brièvement l'importance de l'aquaculture et les avantages qu'elle offre dans le cadre plus large du développement rural. Les opportunités et les problèmes liés à une intégration effective de l'aquaculture dans le développement rural sont passés en revue et les membres du Sous-Comité sont invités à conseiller le Département des pêches de la FAO sur la manière d'optimiser les avantages offerts par l'aquaculture dans le développement rural.
Sécurité alimentaire, développement rural et réduction de la pauvreté
5. La sécurité alimentaire, le développement rural et la réduction de la pauvreté sont étroitement liés. Au cours des 30 prochaines années, la demande de produits alimentaires continuera à augmenter de façon significative et la croissance démographique ainsi que de nouvelles habitudes alimentaires rendront impératif un doublement de la production de vivres. Les conclusions divergent sur la question de savoir si les pays pourront ou non répondre à ces besoins. Toutefois, on a estimé que la demande locale de produits alimentaires devrait être satisfaite dans la mesure du possible par la production locale.3 Le développement rural, et en particulier, une économie agricole de petits exploitants prospère, est donc couramment considéré comme la pierre angulaire d'une stratégie concertée visant à réduire la pauvreté et la faim et à garantir la sécurité alimentaire pour tous.4
6. La réduction de la pauvreté est au c_ur du concept de développement rural. Ces 30 dernières années, différentes méthodes axées sur la satisfaction des besoins fondamentaux, la prise en compte conjointe des secteurs social et économique et la création d'emplois grâce à l'implantation de petites entreprises dans les zones rurales ont été adoptées. On en a conclu que, quel que soit le secteur privilégié, le développement rural exigeait une plus forte participation de la population rurale et un plus grand engagement des personnes dans la planification de leur propre développement. La participation des communautés et la planification "ascendante" sont devenus des éléments essentiels du processus de développement.5
7. Le développement aquacole a suivi une évolution similaire. Dès les années 70, il a bénéficié d'un large soutien en Amérique latine, en Asie et en Afrique. Les initiatives de développement se concentraient en général avant tout sur la mise en place de grandes infrastructures, l'adoption de dossiers techniques et la formation technique, sans accorder une attention suffisante à l'impact que pouvait avoir un système de production souvent nouveau sur les moyens de subsistance ou le système agricole des bénéficiaires. Cela s'est fréquemment traduit par la non-adoption de tels systèmes par l'un des groupes visés-les pauvres ruraux. En raison de l'impossibilité apparente d'atteindre les pauvres ruraux, l'appui de donateurs en faveur du développement aquacole a diminué au cours des dix dernières années. Paradoxalement, les progrès réalisés pendant la même période par l'aquaculture asiatique a entraîné une explosion incroyable de l'aquaculture de type commercial chez les ménages disposant de bonnes ressources financières. C'est aussi à ce moment là que l'impact de la petite aquaculture sur les moyens de subsistance des populations rurales et son importance pour la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire des ménages ont été réévalués.
8. La pauvreté est un phénomène complexe qu'il n'est pas possible de comprendre en termes purement sectoriels. Une série de consultations6 sur la petite aquaculture rurale a conclu que l'aquaculture ne devrait pas être considérée comme une technologie isolée, mais comme un aspect du développement rural et faire partie d'une approche globale du développement. Les approches interdisciplinaires étaient considérées comme une condition préalable indispensable. Ces derniers temps, on se rend compte de plus en plus que les populations rurales ne dépendent pas du seul secteur agricole pour leurs moyens d'existence mais plutôt d'une série d'options de subsistance qui ensemble, espèrent-elles, offriront à leur famille la sécurité alimentaire et réduiront leur vulnérabilité à des circonstances qu'elles n'ont aucun moyen de contrôler. Il peut s'agir de la diversification des activités dans le secteur agricole, grâce à l'utilisation d'un accès ouvert ou de ressources communes dans l'environnement naturel et à un emploi en dehors de l'exploitation agricole, que ce soit à proximité ou loin du domicile dans une ville. Différents membres de la famille peuvent participer à chacune des différentes options, à des degrés variés et à des moments différents de l'année. Les populations rurales pauvres qui vivent dans des environnements dépourvus de ressources disposent en général d'une plus grande variété de stratégies de subsistance, précisément parce que leur situation ne leur garantie aucune sécurité.7
9. Plus récemment, cette perception a conduit à l'émergence de la notion de moyens de subsistance (rurale) durables en tant que cadre d'analyse de la pauvreté et des mesures permettant éventuellement de la réduire. Ce cadre considère que les ménages ruraux sont tributaires de la disponibilité de divers actifs en capital, notamment naturel, physique, humain, financier et social. Ces actifs de base peuvent être menacés par deux séries de facteurs. La première comporte notamment la vulnérabilité à des phénomènes, tels que sécheresses, inondations et cyclones, qui peuvent entraîner des modifications brutales du milieu physique et des tendances à plus long terme dans la situation économique ou la masse de ressources, les deux pouvant réduire les actifs dont dispose habituellement un ménage. La seconde série est constituée par les structures et les processus dans l'environnement institutionnel qui recouvre à la fois les institutions publiques et privées, y compris les lois et les politiques qui peuvent dans un sens positif ou négatif affecter l'accès au capital ou son maintien. Pour l'aquaculture le défi à relever est de contribuer à renforcer les actifs dont disposent les ménages ruraux de sorte que les populations rurales puissent mieux résister aux chocs, qu'elles deviennent moins vulnérables et soient davantage en mesure d'influencer dans un sens qui leur est favorable le milieu politique/institutionnel.
Contribution de l'aquaculture au développement rural
10. L'aquaculture comporte divers systèmes d'élevage de plantes et d'animaux dans des zones intérieures et côtières, dont beaucoup présentent de l'intérêt pour les pauvres.8 La pêche continue de jouer un rôle important et dans de nombreuses régions reste suffisamment abondante pour satisfaire les besoins de subsistance et même offrir une source valable de revenu monétaire aux éleveurs. L'aquaculture devient une composante attractive et non négligeable des moyens de subsistance ruraux dans des situations où la pression démographique, la dégradation de l'environnement ou le manque d'accès limitent les captures provenant de la pêche sauvage. C'est dans les domaines de la santé et de la nutrition, de l'emploi, des revenus, d'une moindre vulnérabilité et de la durabilité des exploitations que l'aquaculture peut contribuer au développement rural.
Production aquacole: intensité, risques et bénéfices
11. Les systèmes aquacoles extensifs à semi-intensifs produisent l'essentiel des produits de l'aquaculture. L'élevage extensif fait habituellement appel à des méthodes simples, utilise des aliments naturels et son rendement (ratio intrant/extrant) est faible. À mesure que la production s'intensifie, les poissons sont stockés à dessein et l'offre d'aliments naturels est complétée par des engrais organiques et autres ainsi que par des aliments supplémentaires bon marché provenant de sous-produits agricoles. Le système le plus courant est l'élevage de poisson en étangs, mais il y a aussi l'élevage mixte riz/poisson et le stockage du poisson dans des masses d'eaux naturelles ou de retenue. Il est difficile d'estimer la production de ce type d'aquaculture étant donné que les données qui concerne une production faible et dispersée ne figurent pas dans les statistiques officielles et que les produits sont habituellement consommés ou négociés localement. Des exemples spécifiques d'activités aquacoles ayant une incidence positive sur les pauvres ruraux sont notamment l'alevinage et le développement de réseaux de production d'alevins, l'intégration de l'élevage de poissons à la riziculture dans les zones inondables et les régions montagneuses éloignées d'Asie, et le maintien ou la restauration de la biodiversité aquatique par des méthodes de gestion appropriées. Dans les zones côtières, l'élevage de crabes de boue, d'huîtres, de moules, de coques, de crevettes, de poissons et d'algues a permis de créer pour les pauvres ruraux des emplois non spécialisés outre la collecte de semences et d'aliments pour animaux.
12. Les systèmes aquacoles intensifs produisent davantage par unité de production, grâce à l'utilisation de techniques et à un meilleur contrôle de la gestion, ce qui en général suppose des installations bien conçues fonctionnant avec des densités de stocks élevées et l'utilisation régulière d'aliments fabriqués sur place et de moyens prophylactiques chimiques. L'aquaculture intensive intérieure et côtière en nasses de salmonidés à valeur élevée a été encouragée et soutenue dans le but de mettre en valeur des zones rurales éloignées en Europe et en Amérique du Sud. Des systèmes analogues sont apparus en Asie et en Australie pour l'élevage en eau chaude de poissons piscivores, tels que mérou, limande à queue jaune, vivaneau et loup de mer. L'élevage côtier de crevettes, qui est pratiqué souvent dans les zones éloignées, a suscité un vif intérêt dans toutes les zones tropicales en raison de la valeur élevée du produit et des possibilités d'exportations et de gains de devises étrangères. Si le développement de l'élevage de crevettes a amélioré l'économie monétaire des zones côtières et stimulé le développement local, il a provoqué une série de conséquences sociales et environnementales négatives. Certes, des opportunités ont été créées et des infrastructures mises en place mais à un coût inacceptable dans certains cas.
13. L'aquaculture, notamment l'élevage de poissons herbivores/omnivores dans des systèmes de petite production, fournit des protéines animales de bonne qualité et des nutriments essentiels, notamment aux groupes vulnérables, femmes enceintes et allaitantes, nourrissons et enfants d'âge préscolaire, à des prix en général abordables même pour les segments les plus pauvres de la communauté. L'aquaculture crée des emplois sur l'entreprise même, notamment pour les femmes et les enfants, et génère des revenus grâce à la vente de ce qui peut être considéré comme un produit à valeur relativement élevée. La génération de revenus grâce à l'emploi est possible sur les plus grandes exploitations, dans les réseaux d'approvisionnement de semences, dans les chaînes commerciales et grâce à des activités de fabrication/réparation. Les bénéfices indirects sont notamment une offre plus importante de poissons sur les marchés ruraux et urbains locaux et une réduction parallèle des prix, ce qui permet de consacrer les économies réalisées à l'achat d'autres produits agricoles générateurs de revenus. L'aquaculture peut également être avantageuse notamment pour ceux qui ne possèdent pas de terres, grâce à l'utilisation de ressources communes pour l'élevage en nasse, l'élevage de mollusques et d'algues et à de meilleures captures dans les masses d'eau communales.
14. Un avantage important mais souvent négligé qu'offrent en particulier les systèmes d'exploitation agricole et aquacole intégrés est qu'ils contribuent à améliorer l'efficacité et la durabilité des exploitations. Les sous-produits agricoles tels que le fumier provenant de l'élevage et les résidus des récoltes peuvent servir d'engrais et d'aliments pour l'aquaculture à petite échelle et commerciale. L'élevage de poissons dans les rivières contribue à la lutte intégrée contre les ravageurs et les vecteurs de maladies humaines. En Amérique centrale et ailleurs, l'expérience a montré que dans les zones où il y a des pénuries saisonnières d'eau9 les étangs sont davantage utilisés en tant que réservoirs d'eau sur l'exploitation aux fins de l'irrigation et de l'abreuvement du bétail que pour la production de poissons.
15. Compte tenu de tous ces aspects positifs, il n'est peut-être pas étonnant que la production aquacole augmente rapidement depuis les années 70 et que l'aquaculture enregistre depuis près de vingt ans la plus forte hausse de la production dans de nombreux pays. On trouvera dans le document portant la cote COFI:AQ/I/2002/2 un résumé de l'évolution de la production aquacole mondiale (1970 à 1999).
16. Des études récentes de la FAO sur la demande et l'offre futures de poissons et de produits halieutiques prévoient une augmentation notable de la demande de poissons. L'essentiel de cette augmentation sera le fait du développement économique attendu, de la croissance démographique et des nouvelles habitudes alimentaires. Dans la plupart des pays, l'offre de poissons provenant des pêches de capture devrait rester inchangée ou même diminuer étant donné que les captures ont atteint leur rendement maximum ou s'en approchent. La pêche intérieure pourrait encore fournir davantage de poissons si l'effort de pêche augmente mais elle deviendra précisément pour cette raison de moins en moins intéressante et peu rentable. Il faudra donc que l'essentiel de l'augmentation de l'offre de poissons, si tant est qu'il y en ait une, soit fourni par l'aquaculture. De fait, la croissance de l'aquaculture mondiale devrait se poursuivre pendant un certain temps.
Intensification et développement de l'aquaculture
17. Il est possible de maintenir cette tendance à l'augmentation de la production grâce à l'intensification ou à l'expansion ou à une combinaison des deux. Les techniques génériques d'intensification des systèmes de production actuels sont en place et ce sont surtout les questions socio-économiques, de politique et institutionnelles qui constitueront les plus grands obstacles à une contribution plus importante de l'aquaculture au développement rural. Le développement de systèmes d'élevage basés à terre dans les zones intérieures offre un très gros potentiel car l'aquaculture peut être intégrée à l'agriculture sur des terres actuellement agricoles dans des petites exploitations et des exploitations commerciales. L'intégration de l'aquaculture et des systèmes d'irrigation10 recèle un potentiel considérable et l'aquaculture peut également utiliser des terres, telles que marécages ou zones salines, qui ne conviennent pas à l'agriculture. En outre, il existe une diversité de ressources aquatiques intérieures et côtières, notamment les rivières, les zones inondables, les lacs, les réservoirs, les rizières, les estuaires, les lagunes, les récifs coralliens, les mangroves et les vasières, qui offrent des possibilités d'intégrer l'aquaculture ou une forme quelconque de gestion de la vie animale aquatique dans le développement rural.
18. L'augmentation des rendements résultant d'une intensification de la production requiert davantage d'aliments pour animaux et d'engrais qui peuvent être obtenus sur l'exploitation soit en dehors, soit par une combinaison des deux. L'implantation d'infrastructures réduit les coûts et augmente l'offre d'aliments et d'engrais et dans certains cas permet aux exploitants d'intensifier la production. Le développement des marchés et l'accès à des financements permettent de plus gros investissements et constituent un environnement propice qui pourrait favoriser le développement d'une aquaculture commerciale11 davantage axée sur les affaires, qui dans une certaine mesure partage mais également complète les avantages qu'offre la petite aquaculture.12
19. Comme on l'a dit précédemment, de nombreux aspects techniques de l'aquaculture sont relativement bien développés; toutefois, il existe un fossé entre ce que l'on sait au niveau mondial et les informations dont disposent les exploitants. Des systèmes de vulgarisation insuffisants et le manque d'exemples d'aquaculture intensive limitent également les capacités et n'incitent pas les exploitants à se lancer dans l'intensification.
20. Les participants à un récent atelier d'experts ont démontré que les risques liés à l'introduction de pathogènes animaux aquatiques et de problèmes sanitaires pour la petite aquaculture rurale et les moyens de subsistance durables qui en résultent étaient dus à plusieurs lacunes fondamentales, le manque d'éléments permettant de comprendre et de gérer les risques étant l'une des principales préoccupations. Ils ont estimé que les interventions en matière de gestion sanitaire doivent faire partie des programmes visant à capter le potentiel de l'aquaculture (y compris l'amélioration de la pêche) au profit du développement rural. Les participants ont identifié plusieurs stratégies pouvant réduire les risques que fait peser ce genre de problèmes13 sur les moyens de subsistance.
21. La biotechnologie dans l'aquaculture offre diverses possibilités d'augmenter les taux de croissance des espèces élevés, d'accroître la valeur nutritionnelle des aliments aquatiques, d'améliorer la gestion de la santé des poissons, de réhabiliter et de protéger les environnements, d'élargir la gamme d'espèces aquatiques et d'améliorer la gestion et la conservation des stocks sauvages.14 Les biotechnologies modernes sont habituellement conçues pour des systèmes à forte utilisation d'aliments, de main-d'uvre et d'élevage d'animaux. Toutefois, plusieurs d'entre elles pourraient également être utilisées dans des systèmes à faible utilisation d'intrants, dans des systèmes agricoles en zones marginales ou pour répondre à d'autres besoins spécifiques à une communauté rurale donnée. Étant donné que l'application des biotechnologies exige souvent un certain niveau de capacités et de ressources15, il ne faut pas négliger la phase spécifique de développement rural dans une région donnée, les programmes de vulgarisation et la manière d'intégrer de telles activités aux stratégies de moyens de subsistance prévalants.
22. L'introduction d'espèces exotiques est une autre stratégie utilisée pour augmenter la valeur provenant des systèmes d'élevage en zones rurales.16 Les espèces introduites sont souvent des espèces améliorées génétiquement ou domestiquées, dans une certaine mesure, et elles ont en commun plusieurs des mêmes opportunités et risques.
Stratégies visant une plus grande contribution de l'aquaculture au développement rural
Améliorer l'intégration
23. Le développement des ressources humaines et le renforcement des institutions sont largement reconnus comme étant les principaux facteurs permettant d'améliorer l'intégration à l'échelon des exploitations individuelles et des communautés, à l'échelon de l'aménagement des bassins fluviaux et des zones côtières et au niveau des politiques sectorielles et macroéconomiques. À l'échelon de l'exploitation, il faut privilégier en premier lieu une utilisation rationnelle des ressources et les motivations économiques ou liées aux moyens de subsistance qui influencent les membres d'un ménage agricole lorsqu'il décide du système de culture et de l'utilisation de l'eau, des aliments pour animaux, des engrais, des produits chimiques et autres intrants. Ensuite, il faut s'intéresser aux connaissances qu'ont les agriculteurs des options de production et de lutte contre les ravageurs disponibles et à leur capacité à les appliquer. L'agriculture et l'aquaculture offrent une grande variété de systèmes de culture dans des situations climatiques et géographiques différentes. Si les exploitants ont des connaissances adéquates et ont accès aux intrants nécessaires, ils adopteront le système de culture ou d'aquaculture qui convient le mieux à leur situation spécifique. Étant donné que les stratégies de gestion des exploitants ne sont pas seulement fondées sur des critères économiques mais comportent également une minimisation des risques, de la souplesse dans le choix des cultures, la préférence pour certaines espèces, les conditions en matière d'horaires et de main-d'_uvre, la vulgarisation et la formation grâce à la participation et à l'éducation des exploitants sont déterminants afin que les décisions soient prises en connaissance de cause. Une infrastructure favorable comme la disponibilité d'intrants, la présence de marchés et d'institutions financières ou hypothécaires est indispensable pour la conception et l'intégration optimales des systèmes d'exploitation agricole et aquacole.
24. Ces dernières années, la cogestion et la gestion fondée sur la communauté de l'utilisation des ressources en bien communes ont été de plus en plus privilégiées parce qu'elles sont supposées être plus efficaces et éviter des conséquences indésirables en matière de répartition. Les facteurs que les usagers identifient eux-mêmes comme étant importants aux fins d'une gestion des ressources réussie sont notamment: la petite taille des groupes (ce qui facilite la formulation, l'application et le suivi d'un accord collectif), la cohésion sociale, les caractéristiques des ressources qui facilitent l'exclusion des étrangers, et des signes visibles de gestion collective réussie. Ces facteurs pourraient bien s'appliquer à plusieurs pêches en réservoirs et autres petites masses d'eau, où le potentiel d'autogestion n'est pas actuellement exploité car les responsabilités ne sont pas déléguées au plan local et les droits collectifs sont insuffisamment protégés. Des conditions favorables similaires existent dans de nombreuses autres situations pour des ressources telles que marécages saisonniers, marais, forêts inondables et forêts de mangroves où là encore le potentiel de gestion efficace n'a pas été pleinement mis en valeur. Outre la reconnaissance des droits communs, la cogestion et la gestion fondée sur la communauté doivent être appuyées par des services de vulgarisation et de formation et des évaluations scientifiques de l'abondance des ressources. La capacité à offrir ce soutien fait défaut dans la plupart des pays étant donné que cela exige de modifier considérablement les méthodes de travail pour permettre une approche participative plus interactive à la gestion des ressources collectives.
25. Au niveau des bassins fluviaux et des zones côtières, l'intégration vise à gérer les composantes sectorielles dans le cadre d'un tout fonctionnel, reconnaissant explicitement que la gestion doit être axée sur le comportement humain, et non sur les stocks physiques de ressources naturelles telles que poissons, terres ou eaux. La gestion intégrée des bassins fluviaux et des zones côtières se fonde sur une approche stratégique multisectorielle en matière de répartition efficace de ressources rares entre utilisations concurrentes et sur la réduction au minimum des effets non désirés sur les ressources naturelles et l'environnement. L'aménagement du territoire et le zonage, de même que les procédures d'évaluation de l'impact environnemental, constituent des moyens déterminants de minimiser les conflits entre utilisateurs de ressources et les effets néfastes sur l'environnement, et d'améliorer le développement rural. La participation d'organismes de pêche à ces activités est donc à l'évidence essentielle.
26. La participation de tous les usagers des ressources et d'autres parties prenantes dès les phases initiales est indispensable aux fins d'un aménagement du territoire et d'un zonage efficaces en raison avant tout de leurs connaissances personnelles des conditions socio-économiques locales et de la situation des ressources naturelles. À l'échelon du gouvernement, il faut bien coordonner les fonctions des divers organismes dotés de mandat de réglementation et de développement. L'intégration multisectorielle est en général préférée à l'intégration structurelle.17
Planification à moyen terme du Comité des pêches de la FAO
27. En ce qui concerne le rôle de l'aquaculture dans le développement rural, le Comité des pêches se concentre sur deux grandes questions: i) promotion d'une aquaculture et d'une pêche intérieure responsables et ii) contribution accrue de l'aquaculture et de la pêche intérieure à la sécurité alimentaire mondiale.
Promotion d'une aquaculture et d'une pêche intérieure responsables
28. Cet important thème a pour objectif de favoriser l'utilisation durable des ressources halieutiques, notamment les ressources génétiques aquatiques et de réduire l'impact de la pêche intérieure et des activités aquacoles sur l'environnement et la biodiversité. Les principaux résultats attendus sont notamment l'élaboration d'une série de méthodologies sur la gestion et la conservation des ressources utilisées par l'aquaculture et la pêche intérieure, et la conception de directives techniques aux fins de l'application de l'article 9 et d'autres dispositions relatives à l'aquaculture et à la pêche intérieure du Code de conduite pour une pêche responsable. Les domaines techniques d'intervention sont variés et recouvrent notamment:
Contribution accrue de l'aquaculture et de la pêche intérieure à la sécurité alimentaire mondiale
29. L'objectif de cette importante question est d'aider les pays à augmenter la production aquatique grâce au développement durable de l'aquaculture et de la pêche intérieure aux fins de la sécurité alimentaire nationale et du développement rural dans les zones côtières et intérieures. Les principaux résultats attendus sont notamment des études et des méthodologies sur une gestion plus efficace et une intensification des systèmes de production de l'aquaculture et de la pêche intérieure et sur la conception de méthodes d'intégration de l'aquaculture et de l'agriculture aux fins de moyens de subsistance durables en zone rurale. Les domaines techniques recouvrent entre autres:
Conclusions et recommandations résultant des récentes initiatives de la FAO
30. Les participants aux récentes réunions et consultations organisées et soutenues par la FAO et les organisations partenaires sont parvenus à plusieurs conclusions et recommandations visant à accroître la contribution de l'aquaculture au développement rural.
31. Les systèmes d'élevage basés à terre dans les zones intérieures offrent le potentiel le plus important parce que l'aquaculture peut être intégrée aux systèmes agricoles actuels utilisés sur les petites exploitations familiales. L'aquaculture côtière contribue également au développement rural en réduisant la pauvreté et en permettant une diversification des moyens de subsistance des communautés de pêcheurs.
32. Ces dernières décennies, l'aspect de durabilité des moyens de subsistance ont peu à peu pris le pas sur les aspects techniques. On a reconnu que les questions sociales, économiques, de politiques et institutionnelles constituaient les principaux obstacles à une contribution accrue de l'aquaculture au développement rural. Toutefois, l'impact de l'aquaculture sur la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté dans les zones rurales est mal documenté et peu connu. Il est nécessaire aussi d'évaluer l'impact de l'aquaculture sur les moyens de subsistance durables et de faire connaître les produits et les avantages.
33. Les différences entre pays et régions concernant les ressources physiques, les normes et les traditions ainsi que les conditions économiques sont significatives et par conséquent la situation du développement de l'aquaculture diffère aussi largement. En outre, il faut faire une distinction entre les zones et les moyens d'intervention pour des formes de développement aquacoles plus ou moins intensives. Les conclusions et les recommandations mentionnées ci-après doivent être interprétées compte tenu du fait qu'il ne peut y avoir une seule et unique stratégie de développement aquacole.
Documentation et sensibilisation
34. Il est important de sensibiliser davantage les décideurs au rôle que jouent la petite aquaculture rurale et la gestion des ressources aquatiques dans les moyens de subsistance ruraux. Cela englobe notamment la contribution véritable et le potentiel non exploité de la gestion des ressources aquatiques, y compris l'aquaculture. Les recommandations spécifiques préconisent notamment:
Questions de politiques et de planification
35. Les gouvernements devraient s'occuper de la conception et de l'application de politiques, en veillant à ce que des mécanismes de rétro-information permettent aux pauvres d'influencer le développement. Cela pourrait se faire grâce à la mise en place d'un processus de coordination multisectorielle, à la fois au niveau de la formulation des politiques sectorielles et à celui des services de vulgarisation. Le développement de l'aquaculture devrait compléter ou le cas échéant remplacer la pêche sauvage. Il faudrait éviter les impacts négatifs des projets aquacoles sur les réserves alimentaires des populations pauvres. Les autres recommandations visant à améliorer la planification et les politiques préconisent notamment:
Technologies
36. Les technologies génériques aux fins d'une bonne production aquacole existent. Plusieurs systèmes indigènes exigent davantage d'études et de données. Il faudrait donc s'attacher à:
Services et intrants
37. Il faudrait que les gouvernements se fixent pour objectif de fournir des services et de faciliter l'accès à des intrants. Les pauvres ruraux doivent pouvoir bénéficier, au moins dans un premier temps, d'un appui du secteur public alors que l'aquaculture commerciale n'a pas besoin d'une aide aussi importante. À long terme, l'aquaculture doit pouvoir s'autofinancer au sein du secteur privé. Les mesures nécessaires exigent notamment:
Échange et transfert d'informations
38. Il faudrait promouvoir et faire connaître les expériences positives et les études de cas de systèmes aquacoles traditionnels et autres qui se sont avérés être durables, notamment:
Mesures proposées au Sous-Comité
39. Le Sous-Comité est invité à échanger les données d'expérience concernant les efforts régionaux/nationaux déployés pour promouvoir le rôle de l'aquaculture dans le développement rural, les obstacles rencontrés, les solutions trouvées et les approches qui pourraient être recommandées aux fins de mesures nationales et internationales.
40. Compte dûment tenu des recommandations susmentionnées, le Sous-Comité est invité à fournir à la FAO des orientations sur la manière d'optimiser l'utilisation des ressources limitées dont elle dispose pour aider les États Membres à améliorer la contribution de l'aquaculture au développement rural.
41. Le Sous-Comité est invité en particulier à conseiller sur la création éventuelle d'un programme d'évaluation de l'impact de l'aquaculture sur le développement rural et, le cas échéant, de préconiser les éléments qu'un tel programme devrait comporter.
1 Les moyens d'existence sont les capacités, les ressources matérielles et sociales et les activités nécessaires à un individu pour gagner sa vie. On est en présence de moyens d'existence durables lorsqu'on est en mesure de supporter les tensions et de se remettre des chocs, de conserver ou d'améliorer ses capacités et ses biens, et de procurer des avantages nets à d'autres sources de revenu, localement ou à plus vaste échelle, au présent comme à l'avenir, sans pour autant compromettre la base de ressources naturelles. http://www/fao.org/sd/PE4_fr.htm
2 La publication de la FAO intitulée État de l'insécurité alimentaire dans le monde 2000 estime que 792 millions de personnes dans 98 pays en développement ne reçoivent pas assez d'aliments pour mener une vie normale, saine et active. Même dans les pays industrialisés et dans les pays en transition (ceux de l'Europe de l'Est et de l'ex-Union soviétique), le nombre de personnes souffrant de malnutrition reste élevé, le chiffre s'établissant à 34 millions d'enfants, de femmes et d'hommes.
3 Ce qui s'explique par plusieurs raisons, notamment: l'agriculture est le fondement du développement rural et le plus gros fournisseur d'emplois lucratifs; la production vivrière locale est essentielle pour préserver et maintenir les paysages et l'environnement; la demande de denrées alimentaires ne peut pas être satisfaite du point de vue logistique par des excédents d'ailleurs; les liquidités en devises étrangères devrait rester un obstacle pour la plupart des pays pauvres. La publication intitulée Situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2000 de la FAO affirme que la production locale des petits exploitants agricoles est le meilleur moyen de garantir la sécurité alimentaire des ménages dans les pays en développement car elle accroît à la fois la disponibilité de produits et crée des revenus et des emplois.
4 Il ne semblerait pas impossible de produire des quantités suffisantes d'aliments pour une population mondiale croissante au moins au cours des 25 prochaines années. Mais qu'en est-il de la sécurité alimentaire ? Il a été dit au Sommet mondial de l'alimentation : "La pauvreté est une cause majeure de l'insécurité alimentaire et des progrès durables dans l'éradication de la pauvreté sont essentiels pour améliorer l'accès à la nourriture." La pauvreté est liée non seulement à de mauvais résultats économiques au plan national mais également à une structure politique qui rend les pauvres impuissants. Les questions de politique générale et en particulier une bonne gouvernance sont donc d'une importance primordiale pour la sécurité alimentaire.
5 Dans le secteur agricole, ces idées se sont traduites par l'apparition d'une nouvelle approche en matière de systèmes d'exploitation agricole. Auparavant, on supposait que les agronomes étaient les principaux agents des améliorations de la productivité et que les innovations techniques résultant de travaux effectués dans des unités de recherche pouvaient résoudre les problèmes de la faim et de la pauvreté dans les zones rurales. Bien qu'en Asie notamment les technologies de la "révolution verte" aient permis des augmentations significatives de la production, on reconnaissait également que ces technologies avaient peu d'incidences sur les agriculteurs les plus pauvres, notamment dans les environnements dépourvus de ressources. La nouvelle approche a en partie inversé le processus de recherche-développement en mettant en évidence la nécessité d'évaluer de façon précise la véritable situation des petits exploitants agricoles, de considérer l'exploitation comme un système intégré complexe installation-élevage-poisson ayant des objectifs multiples et offrant des moyens d'existence variés et de comprendre les liens existant entre services externes et fonctions internes du système d'exploitation agricole.
6 Par exemple, la Commission Asie-Pacifique des pêches - Rapport de la réunion du Groupe de travail d'experts de l'aquaculture rurale, Bangkok (Thaïlande), 20-22 octobre 1999. FAO Rapport sur les pêches no 610. Rome, FAO. 1999. 22p.
7 Une récente étude FAO/Banque mondiale sur les systèmes d'exploitation agricole [Dixon, J., Gulliver, A. et Gibbon, D. 2001. Global Farming Systems Study: Challenges and priorities to 2030. Synthesis and global overview. FAO et Banque mondiale. Rome, FAO] a souligné l'importance de cinq grandes stratégies adoptées par les ménages pour échapper à la pauvreté (intensification, diversification, augmentation des actifs, augmentation des revenus hors exploitation et abandon de l'agriculture) dans le cas de 70 systèmes d'exploitaton agricole dans le monde. La diversification qui recouvre notamment l'aquaculture serait le seul moyen prometteur de réduire la pauvreté agricole dans les années à venir.
8 À des fins statistiques, la FAO définit l'aquaculture comme étant "la culture d'organismes aquatiques, y compris, poissons, mollusques, crustacés et plantes aquatiques. Le terme "culture" implique une quelconque forme d'intervention dans le processus d'élevage en vue d'améliorer la production, telle que l'empoissonnement à intervalle régulier, l'alimentation, la protection contre les prédateurs, etc. La culture implique également la propriété individuelle ou juridique du stock en élevage".
9 Service de la gestion des exploitations et de l'économie de la production; Service des ressources des eaux intérieures et de l'aquaculture. 2000. Des petits étangs font toute la différence. Intégrer le poisson aux cultures et à l'élevage du bétail. FAO, Rome, 30 p.
10 L'intégration de l'irrigation et de l'aquaculture vise à augmenter la production globale des exploitations grâce à une utilisation plus rationnelle de l'eau, au recours à de la main d'_uvre et à d'autres intrants ainsi qu'à la diversification du système d'exploitation agricole. La question de l'intégration a été largement débattue lors de récentes consultations comme celles du Groupe de travail d'experts de l'aquaculture rurale de la Commission Asie-Pacifique des pêches (APFIC), dont les conclusions ont été publiées dans le FAO Rapport sur les pêches No 610 (Rapport du Groupe de travail d'experts de l'aquaculture rurale. Bangkok (Thaïlande), 20-22 octobre 1999. FAO Rapport sur les pêches NO. 610. Rome, FAO. 1999. 22 p.) et sont également reprises dans l'initiative actuelle NACA-DFID-VSO-FAO (DFID = Département du développement international du Royaume-Uni; VSO = Service volontaire d'outre-mer du Royaume-Uni) sur l'appui à apporter à l'aménagement des ressources aquatiques régionales (Support to Regional Aquatic Resources Management, STREAM). À sa onzième session (24-27 octobre 2000, Abuja (Nigéria)), le Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA) a approuvé à l'unanimité un sous-programme régional destiné aux pays d'Afrique de l'Ouest (Rapport de la onzième session du Comité des pêches continentales pour l'Afrique. FAO Rapport sue les pêches No 644. Accra, FAO, 2001. 53 p.) alors que le Département des pêches et le Département de l'agriculture de la FAO prévoient des débats approfondis au prochain atelier qui se tiendra en Côte d'Ivoire en 2002.
11 Il y a un peu moins de deux ans, le Département des pêches de la FAO a lancé un programme d'assistance technique visant à promouvoir le développement de l'aquaculture commerciale dans les pays en développement, notamment en Afrique subsaharienne. L'objectif spécifique de ce programme est d'encourager les gouvernements à élaborer des politiques, des stratégies et des programmes propres à favoriser l'aquaculture commerciale des poissons et des crustacés. Le programme a évalué le cadre de politiques, les possibilités d'investissements et économiques, les marchés, la situation et le potentiel ainsi que le cadre juridique, réglementaire et institutionnel aux fins d'une aquaculture commerciale durable en Afrique subsaharienne. Les résultats de ces évaluations ont été publiés notamment dans le FAO Document technique sur les pêches No 408 (Promotion de l'aquaculture commerciale durable en Afrique subsaharienne, volumes 1 à 3). En décembre 2001, la consultation technique de la FAO sur les cadres juridiques et les instruments de politiques économiques pour l'aquaculture commerciale durable en Afrique au Sud du Sahara s'est réunie à Arusha (Tanzanie) pendant quatre jours. Les délégués ont passé en revue les travaux réalisés et adopté une série de conclusions et de recommandations.
12 L'aquaculture commerciale offre de nombreux avantages. Elle peut contribuer à la sécurité alimentaire directement en produisant du poisson pour la nourriture et indirectement en générant des revenus de l'emploi pour l'achat d'aliments. L'accès à des prêts institutionnels est plus facile. L'aquaculture commerciale paiera des impôts contribuant ainsi aux revenus de l'État et elle peut également être source de devises fortes grâce aux exportations. Même si le produit de l'aquaculture commerciale est consommé à l'intérieur du pays, il peut remplacer des importations de poissons et par conséquent économiser des devises étrangères. Lorsqu'elle est située dans des zones rurales isolées, l'aquaculture commerciale peut exercer des pressions pour améliorer les infrastructures, promouvoir le développement de petites communautés et décourager les jeunes à immigrer vers les villes. L'aquaculture commerciale fait appel à de la main-d'oeuvre familiale et extérieure à l'exploitation et aux industries secondaires (par exemple, traitement, commercialisation et transport). La productivité de la main-d'oeuvre est élevée dans l'aquaculture commerciale, ce qui fait monter le niveau de vie et réduit en fin de compte la pauvreté. La recherche et la conception de technologies peuvent être encouragées et dans certains cas être financées par le secteur lui-même. L'aquaculture commerciale peut soutenir l'aquaculture rurale, en ce sens où les exploitations aquacoles rurales peuvent être assurées d'un revenu en échange de la fourniture de semences à un petit groupe d'exploitations commerciales. L'échange d'informations entre exploitations commerciales et exploitations rurales est possible grâce à une formation sur place, à des réunions portant sur le transfert de technologies et à des cours de formation officiels. Les exploitations commerciales peuvent également consentir des prêts aux exploitations rurales pour l'achat d'aliments et de semences et leur donner des garanties commerciales.
13 FAO/NACA/GoB. 2000. Primary Aquatic Animal Health Care in Rural, Small-scale Aquaculture Development. Rapport d'un atelier (Asia Regional Scoping Workshop) tenu à Daka (Bangladesh) du 27 au 30 septembre 1999. Département du développement international, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et Réseau de centres aquacoles d'Asie-Pacifique, 36 p.
14 Les programmes d'amélioration génétique recèlent un gros potentiel d'augmentation de la production. Les programmes d'élevage sélectif ont donné lieu à des gains significatifs et consistants de 5 à 20 pour cent par génération pour des espèces, telles que le saumon de l'Atlantique, la barbue et le tilapia. De meilleures possibilités de sélection, la nutrition des larves et les progrès des techniques génétiques permettent désormais de réaliser de multiples manipulations génétiques sur les espèces aquatiques. Le repeuplement des masses d'eaux naturelles avec des espèces indigènes et/ou menacées est un autre exemple d'une situation où il faut privilégier les aspects génétiques du programme de sélection.
15 Les opérations de petites écloseries augmentent l'offre locale d'alevins et permettent aux agriculteurs de se lancer dans l'aquaculture en tant qu'activité. Elles sont indispensables au développement de l'aquaculture rurale mais comme souvent la superficie des étangs et les réserves d'eau sont limitées, elles risquent de ne pas pouvoir maintenir la qualité génétique de leur stock de géniteurs et au fil du temps perdre qualité génétique et rendement. En pareille situation, l'intervention d'écloseries de l'État ou d'une écloserie commerciale plus importante est nécessaire.
16 Par exemple, la production de tilapia est beaucoup plus élevée en Asie qu'en Afrique, le continent d'où elle est originaire.
17 Parmi les nombreux arrangements institutionnels possibles en matière d'aménagement intégré des bassins fluviaux et des zones côtières, il faut distinguer: l'intégration multisectorielle qui suppose de coordonner les divers organismes chargés de l'aménagement des bassins fluviaux et des zones côtières sur la base d'une politique commune et de réunir les diverses institutions gouvernementales concernées ainsi que les autres parties prenantes de sorte qu'elles puissent _uvrer à des objectifs communs en adoptant des stratégies convenues ensemble; et l'intégration structurelle qui comporte une structure institutionnelle intégrée entièrement nouvelle créée grâce à la concentration dans une seule institution d'initiatives en matière de gestion, de développement et de politiques. La coordination multisectorielle est en général préférée, étant donné que d'ordinaire les ministères responsables protègent considérablement la charge qui leur est confiée, laquelle est directement liée à leur sphère d'influence et aux ressources financières. La création d'une organisation dotée de vastes responsabilités administratives empiétant sur les compétences traditionnelles des ministères responsables - ce qui serait le cas si des fonctions de gestion, de politiques et de développement étaient intégrées dans une seule institution - a plus de chance de susciter un antagonisme que la coopération.