Les biocombustibles contribuent-ils à l’atténuation des changements climatiques?L’édition 2008 de la publication annuelle vedette de la FAO La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture examine les perspectives, les risques et les possibilités des biocombustibles. Elle soulève des questions d’un grand intérêt pour la foresterie – contestant notamment l’hypothèse courante selon laquelle le remplacement des combustibles fossiles par des combustibles de la première génération tirés de la biomasse réduira nécessairement les émissions de gaz à effet de serre. Les gaz à effet de serre sont émis à de nombreux stades de la production de cultures bioénergétiques et de biocombustibles (y compris la production d’intrants agricoles, l’application d’engrais, la transformation chimique et le transport des biocombustibles). En outre, ils sont émis par des changements d’affectation des terres déterminés directement ou indirectement par la production accrue de biocombustibles, par exemple quand le carbone emmagasiné dans la forêt ou les herbages est libéré lors de leur conversion à la production agricole. Bien que le maïs produit pour l’éthanol puisse permettre des économies de gaz à effet de serre équivalant à environ 1,8 tonne d’anhydride carbonique par hectare et par an, la conversion des forêts nécessaire pour produire ce type de culture peut libérer de 600 à 1 000 tonnes par hectare. Une étude estime que la conversion des forêts denses humides, des tourbières, des savanes ou des herbages pour produire de l’éthanol et du biodiesel au Brésil, aux Etats-Unis d’Amérique, en Indonésie ou en Malaisie libère au moins 17 fois plus d’anhydride carbonique que ces biocombustibles en économisent annuellement en remplaçant les combustibles fossiles. D’après une autre étude, par rapport aux émissions de carbone évitées grâce aux cultures de canne à sucre, maïs, blé, betteraves à sucre et colza servant à la production d’éthanol et de biodiesel sur des terres agricoles existantes, davantage de carbone serait piégé sur une période de 30 ans si l’on convertissait les terres agricoles en forêts. La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2008 fait noter que, si les biocombustibles sont en effet un moyen efficace de réduire les émissions de gaz à effet de serre, il n’en demeure pas moins que, dans de nombreux cas, l’amélioration du rendement et de la conservation de l’énergie, le piégeage accru de carbone moyennant le reboisement ou des changements dans les pratiques agricoles, ou l’emploi d’autres formes d’énergie renouvelable, peuvent s’avérer plus rentables. Le texte intégral de La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2008, y compris les références aux études citées ici est disponible en ligne à l’adresse: www.fao.org/docrep/011/i0100f/i0100f00.htm La publication récente de la FAO intitulée Les forêts et l’énergie: questions principales, dont le compte rendu figure à la page 56 de ce numéro, fournit des perspectives supplémentaires sur les relations complexes existant entre les biocombustibles, l’agriculture, les forêts et les changements climatiques. |