Les perspectives des approvisionnements alimentaires se sont gravement détériorées dans certaines régions de l'Afrique subsaharienne. Tandis que la sécheresse prolongée continue à nuire à la production dans de grandes parties de l'Afrique de l'Est, la guerre et les troubles intérieurs qui règnent par endroits ont gravement limité les activités agricoles. De nombreuses personnes victimes de la sécheresse et/ou déplacées par la guerre, des réfugiés et des rapatriés ont besoin d'une aide d'urgence massive et continue durant toute l'année et pour une bonne partie de 2001. Dans la Corne de l'Afrique, par rapport à la même époque de l'an dernier, le nombre de personnes victimes de graves pénuries alimentaires s'est accru considérablement, s'établissant à près de 20 millions cette année. Ceci s'explique essentiellement par les pertes de production dues à la sécheresse et/ou par les déplacements liés au conflit. Toutefois, la situation globale des disponibilités alimentaires en Afrique australe est satisfaisante, tandis que dans les pays du Sahel, en Afrique de l'Ouest, les approvisionnements alimentaires ont augmenté et les stocks ont été reconstitués grâce aux récoltes supérieures à la moyenne ou record de la dernière campagne. Dans l'ensemble, les besoins d'importations céréalières et d'aide alimentaire de l'Afrique subsaharienne en 2000 devraient augmenter. Avec la poursuite des difficultés de balance des paiements dans la plupart des pays et le relèvement des coûts des importations céréalières, une part importante des importations vivrières devra être couverte par l'aide alimentaire. Toutefois, dans ce contexte de besoins accrus, la forte concurrence pour l'aide alimentaire provenant d'autres régions du monde touchées par les intempéries et /ou les problèmes économiques est source d'inquiétude. Il est urgent d'obtenir des annonces supplémentaires d'aide alimentaire et un soutien logistique pour assurer la distribution en vue d'améliorer la situation alimentaire de millions de personnes dans la sous-région.
Une sécheresse prolongée dans les zones orientales a compromis les premières perspectives des cultures de 2000 dans la sous-région. En conséquence, les graves pénuries alimentaires en cours sont destinées à durer jusqu'en 2001. Les pluies médiocres et irrégulières tombées jusqu'à présent n'ont pas réussi à améliorer les graves conditions de sécheresse qui règnent depuis l'an dernier.
Au Kenya, on estime que près de 3,3 millions de personnes ont un besoin urgent d'aide alimentaire. Les pasteurs sont particulièrement à risque après le quatrième échec consécutif de la saison des pluies. La sécheresse actuelle a aggravé une pénurie d'eau et de pâturages déjà grave, entraînant de lourdes pertes de bétail. On signale des morts pour cause de famine, en particulier chez les enfants. La campagne agricole des grandes pluies (mars-mai), qui assure normalement 80 pour cent de la production vivrière annuelle totale, a été un échec à cause d'une grave sécheresse. À l'exception de certaines parties de la province occidentale et de la province de Nyanza, le reste du pays, y compris la province "grenier" de la vallée du Rift, a reçu des précipitations infimes, voire nulles, donnant lieu à des pertes de récoltes généralisées, ainsi qu'à de lourdes pertes de bétail dans les zones pastorales du nord, du nord-est et du nord-ouest. La sécheresse prolongée a également épuisé les réservoirs d'eau, incitant le gouvernement à rationner l'électricité et l'eau.
En mai, le gouvernement a lancé un appel pour une aide alimentaire internationale d'une valeur de 134,2 millions de dollars E.-U., compte tenu du grand nombre de personnes victimes de graves pénuries alimentaires. Une Opération d'urgence de 88,5 millions de dollars a été conjointement approuvée par la FAO et le PAM le 30 juin 2000 en faveur de quelque 3,3 millions de personnes sur une période de 6 mois. Une intervention urgente de la communauté internationale est recommandée.
En Érythrée, la situation des approvisionnements alimentaires est très inquiétante. Le déplacement de plus de 1,5 million de personnes (y compris celles déplacées précédemment) dû à la recrudescence des conflits frontaliers avec l'Éthiopie en mai/juin 2000, a aggravé une situation alimentaire déjà précaire à cause de la sécheresse et des déplacements. En dépit de quelques signes positifs de paix, la situation d'urgence humanitaire continue à s'aggraver et pourrait dégénérer en une crise aux proportions catastrophiques si la communauté internationale ne répond pas d'urgence aux appels d'assistance. Le 19 juillet 2000, l'équipe des Nations Unies dans le pays a lancé un appel pour 87,3 millions de dollars E.-U. en faveur de quelque 1,1 million de personnes déplacées.
Le déplacement massif d'agriculteurs des riches régions agricoles de Gash Barka et Debub assurant plus de 70 pour cent de la production céréalière du pays, a mis en péril la campagne agricole de cette année qui vient de démarrer. Même si l'on signale quelques retours de personnes déplacées dans leurs villages, les gens ne sont guère enclins à rentrer chez eux car la nourriture et les autres secours sont quasiment inexistants dans la majeure partie de l'Érythrée occidentale et ils ont peur des mines. En même temps, avec le démarrage de la saison des pluies, les routes se transforment en gadoue, compliquant davantage le retour des personnes déplacées et la logistique des opérations de secours. L'échec de deux saisons des pluies successives dans les secteurs administratifs d'Anseba, mer Rouge du Nord et mer Rouge du Sud a également porté un coup terrible à près de 300 000 personnes.
En Éthiopie, la situation globale des approvisionnements alimentaires demeure extrêmement précaire. À l'est et au sud, en dépit de quelques pluies favorables tombées récemment qui ont un peu soulagé les zones pastorales, de nombreuses personnes qui ont perdu leur bétail et leurs moyens d'existence à cause de la sécheresse, sont totalement tributaires de l'aide alimentaire. On signale de graves taux de malnutrition et des décès dus à famine.
La campagne secondaire "belg", qui assure jusqu'à 10 pour cent de la production annuelle de céréales, a été un échec. Ainsi, le nombre de personnes ayant besoin d'une assistance est passé à plus de 10 millions de personnes, dont 400 000 personnes déplacées par le conflit frontalier avec l'Érythrée. En conséquence, les besoins totaux d'aide alimentaire pour 2000 estimés précédemment à 836 000 tonnes, ont été révisés à la hausse, s'établissant à 1,2 million de tonnes. Fin juin, les annonces totales s'élevaient à 730 000 tonnes, dont 417 000 tonnes déjà livrées. Une opération d'urgence révisée, d'une valeur totale de 261,4 millions de dollars E.-U., a été conjointement approuvée par la FAO et le PAM le 21 juillet 2000 en faveur de quelque 5,7 millions de personnes jusqu'à la fin de l'année.
En Somalie, en dépit d'une certaine amélioration de la situation globale des approvisionnements alimentaires au début de cette année dans plusieurs parties du sud due à une meilleure récolte de la campagne secondaire ("Deyr") en février 2000, de graves taux de malnutrition sont signalés de plus en plus, compte tenu de moyens d'existence réduits par les sécheresses répétées, les effets à long terme d'années d'insécurité et le manque d'investissements dans l'économie.
Un appel inter-organisations de l'ONU a été lancé le 6 juin 2000 pour 378 millions de dollars E.-U., en faveur de quelque 13,4 millions de personnes touchées par la sécheresse dans les pays de la Corne de l'Afrique, dont 750 000 personnes en Somalie.
Au Soudan, en dépit de la situation des approvisionnements alimentaires généralement stable, près de 2,4 millions de personnes dans le sud du Soudan et dans certaines zones des États de Kordofan, Darfour, mer Rouge et Kessela au nord, dépendent de l'aide alimentaire à cause des pertes de récolte et des déplacements de population dus aux troubles intérieurs. Avec le conflit frontalier entre l'Éthiopie et l'Érythrée, des dizaines de milliers de réfugiés ont traversé la frontière du Soudan, compromettant la situation des disponibilités alimentaires dans ces zones. Le gouvernement du Soudan a lancé un appel à la communauté internationale pour une aide d'urgence en faveur des réfugiés.
En Tanzanie, plusieurs régions sont victimes de graves pénuries alimentaires dues à la sécheresse qui a régné durant les campagnes agricoles de 1999/2000. La production devrait être réduite dans les régions de Dodoma, Singida, Arusha, Morogoro, Kilimandjaro, Shinyanga, Mwanza et certains parties de Tanga, car les pluies ont été tardives et insuffisantes. Le gouvernement a récemment déclaré que 13 des 20 régions du territoire continental ont été frappées par la sécheresse. D'après une première évaluation des disponibilités alimentaires effectuée par le gouvernement, le pays pourrait souffrir d'un déficit vivrier de plus de 680 000 tonnes durant la campagne de commercialisation 2000/2001 en cours (juin/mai). Les prix du maïs ont pratiquement doublé à Arusha en juin, tandis que ceux du manioc et du sorgho ont augmenté de plus de 50 pour cent. Dans l'ensemble, près de 800 000 personnes ont besoin d'une aide alimentaire.
En Ouganda, la situation globale des approvisionnements alimentaires est convenable dans l'essentiel du pays. Certaines parties du nord-ouest, toutefois, ont subi le grave contrecoup de la sécheresse. La situation des disponibilités alimentaires demeure également précaire dans les districts du nord-est, avec près de 215 000 personnes ayant un besoin urgent d'aide alimentaire, compte tenu essentiellement de la mauvaise récolte de la dernière campagne et des pertes de bétail dues aux raids. En outre, l'aide alimentaire continue d'être nécessaire pour presque 112 000 personnes déplacées par les troubles intérieurs dans le District de Bundibugyo, à l'Ouest.
En République démocratique du Congo, la situation militaire serait "de plus en plus tendue" du fait de l'intervention des pays voisins dans le conflit en cours. Avec l'escalade de la violence, la situation déjà critique des approvisionnements alimentaires s'est détériorée dans l'est du pays. D'après de récents rapports, il y a eu un fort accroissement de la mortalité au cours de l'année passée. Les mouvements de population sont constants, en particulier aux alentours de Bukavu et dans les zones autour du lac Kivu; toutes les activités agricoles ont été interrompues dans ces régions, les fermiers ayant abandonné leurs terres avant la récolte. Les gens fuyant la violence trouvent refuge dans les forêts qui sont inaccessibles et où les conditions de vie sont inclémentes. Dans les villes, la pauvreté s'est aggravée avec l'afflux massif de personnes déplacées.
Si la situation alimentaire et nutritionnelle de plus d'un million de personnes déplacées à l'intérieur du pays est préoccupante, l'accès à ces populations continue d'être entravé par l'insécurité et les routes interrompues. L'aide humanitaire limitée doit être acheminée par pont aérien, ce qui accroît les coûts de livraison. La situation alimentaire demeure également grave dans le reste du pays, compte tenu de la désorganisation des activités agricoles et commerciales due au conflit, en particulier dans la ville de Kinshasa et ses alentours.
Au Burundi, des pluies insuffisantes et mal réparties durant la campagne 2000 B ont réduit les rendements de céréales et de légumineuses. Les productions ont baissé pour la quatrième campagne consécutive. Les plus touchées par le temps sec sont les provinces du Nord (Kirundo et Muyinga), et la région de Moso. Dans la Province de Kirundo, on estime que 600 000 personnes seront victimes de graves pénuries alimentaires durant les prochains mois. La situation alimentaire de 704 000 personnes regroupées dans des camps, dont la majorité n'a rien pu semer durant la campagne 2000 B, est très précaire, tandis que la distribution de l'aide alimentaire d'urgence continue d'être entravée par l'insécurité.
Dans l'ensemble, les approvisionnements alimentaires devraient être difficiles au cours des prochains mois. Les prix des denrées alimentaires, qui ont augmenté considérablement en 1999, demeurent à des niveaux élevés, réduisant l'accès à la nourriture de vastes catégories de population. Pour 2000, on prévoit un fort accroissement du déficit vivrier, car la production est inférieure à la croissance de la population ces dernières années.
Au Rwanda, des pluies irrégulières et insuffisantes dans plusieurs zones du pays ont nui aux récoltes récemment rentrées de la campagne 2000 B. En particulier, le temps très sec a touché les provinces de Gikongoro et Cyangugu, où les récoltes de maïs et de haricots sont en fort recul. On prévoit des difficultés alimentaires pour la population touchée de ces provinces au cours des mois à venir.
La situation alimentaire est également difficile pour d'importants groupes de personnes vulnérables, en particulier dans la province de Ruhengeri au Nord-Ouest, où règnent des taux élevés de malnutrition.
Au Mozambique, la situation des approvisionnements alimentaires demeure difficile pour un grand nombre de personnes, compte tenu des inondations sans précédent qui ont dévasté les cultures des zones du sud et du centre durant la campagne de végétation 1999/2000. Environ 500 000 personnes dans les provinces les plus touchées de Maputo, Gaza et Inhambane, mais également à Manica et Sofala, reçoivent actuellement une aide alimentaire. La situation devrait s'améliorer quelque peu avec les récoltes de la campagne secondaire qui sont sur le point d'être rentrées. La deuxième campagne assure 10 pour cent de la production nationale annuelle de céréales et de légumineuses, mais quelque 50 pour cent à Gaza et environ 15 pour cent dans les provinces d'Inhambane et de Maputo. Le gouvernement et les organismes humanitaires internationaux ont distribué aux agriculteurs touchés par les inondations, du maïs, des semences de légumineuses et de légumes ainsi que des outils manuels, pour les semis de cette campagne. Tandis que les secours d'urgence sont progressivement réorientés vers des programmes de vivres-contre-travail, on prévoit qu'une aide alimentaire sera nécessaire jusqu'à la récolte principale de l'an prochain (avril). En attendant, on craint que les pluies de la prochaine campagne, qui démarre en septembre, ne causent d'autres dégâts aux routes qui sont en train d'être réparées.
En dépit des graves pertes de récoltes dans les zones méridionales, les principales zones céréalières du nord et du centre n'ont pas été touchées par les inondations. Dans l'ensemble, la production de céréales et de légumineuses en 2000 a été satisfaisante, quoique inférieure au résultat record de l'an dernier. Ceci, combiné aux importants stocks de report de maïs dans le nord et à l'inefficience du réseau de commercialisation entre le nord et le sud, se traduira par des excédents exportables.
En Afrique du Sud, en dépit de graves inondations et de pertes de récoltes dues au cyclone Eline dans les provinces du nord, de Mpumalanga, du nord-ouest, de Gauteng et de KwaZulu-Natal, on prévoit une récolte exceptionnelle en 2000. La ceinture de maïs n'a pas été touchée par les inondations et a été favorisée par les bonnes pluies tombées durant la campagne; en outre, les superficies ont augmenté et, d'après les dernières estimations officielles, elles avoisineraient les 10 millions de tonnes, soit un tiers de plus que l'an dernier et nettement mieux que la moyenne. Cependant, les pluies de juin ont retardé les opérations de récolte et nui à la qualité des cultures, en particulier du maïs blanc. La production de sorgho devrait au moins doubler par rapport à la campagne précédente.
Après deux années consécutives de récoltes réduites, la production de maïs de cette année permettra de reconstituer les stocks et de dégager un excédent exportable d'environ 1,5 à 2 millions de tonnes pour la campagne de commercialisation 2000/01 (mai/avril), suffisamment pour couvrir les besoins d'importations de la sous-région.
Au Zimbabwe, les graves inondations causées par le cyclone Eline à la mi-mars et les pluies torrentielles qui ont suivi ont provoqué de graves dommages aux infrastructures et des pertes de récoltes dans les provinces de l'est et du sud, et 250 000 personnes ont besoin d'une aide alimentaire. Tandis que la récolte de sorgho, essentiellement cultivé dans ces régions, devrait être similaire au niveau réduit de l'an dernier, les pluies abondantes de janvier-mars ont favorisé la croissance du maïs dans les zones productrices du nord qui avaient précédemment souffert du temps sec.
D'après les premières prévisions officielles, la récolte de maïs de 2000 s'établirait à 2,15 millions de tonnes, nettement plus que le niveau réduit de 1999 et que la moyenne des cinq dernières années. Toutefois, les troubles intérieurs des derniers mois ont bouleversé les activités agricoles. L'agitation liée à la question de la réforme agraire a nui à la récolte et aux activités de commercialisation dans les grandes exploitations commerciales qui assurent un tiers de la production de maïs. Les prévisions de production pourraient par conséquent, ne pas être atteintes. L'agitation a également compromis les semis de blé de 2000, produit entièrement par les agriculteurs commerciaux. Les superficies ensemencées auraient diminué d'un tiers par rapport à l'an dernier. Une récolte réduite de blé entraînera des besoins d'importations supplémentaires à un moment où le pays doit déjà faire face à une grave pénurie de devises étrangères. Les pénuries de carburant et d'électricité sont un sérieux obstacle aux activités industrielles; récemment, l'important secteur d'extraction de l'or a dû interrompre plusieurs opérations.
Au Botswana, la moisson des céréales est achevée. On ne dispose pas encore d'estimations officielles, mais, d'après les premières indications, la récolte de sorgho serait inférieure aux prévisions et nettement inférieure à celle de l'an dernier. La production de maïs devrait rester proche du niveau réduit de 1999. Les cultures céréalières dans les zones productrices de l'est et du sud ont subi les effets des graves inondations liées aux trois cyclones qui ont frappé le pays durant la campagne. En revanche, le secteur de l'élevage a été favorisé par les pluies abondantes, et les pâturages et les animaux seraient en bon état. En dépit du recul de la production céréalière, la situation globale des approvisionnements alimentaires pour la campagne de commercialisation 2000/01 (avril/mai) devrait rester stable, compte tenu des capacités d'importation du pays. Cependant, on prévoit des difficultés alimentaires pour quelque 160 000 personnes dont les habitations ont été balayées par les inondations.
En Angola, la production céréalière de 2000, essentiellement de maïs, est en recul pour la deuxième année consécutive, car il a régné un temps sec et on manque d'intrants de base. Ce fléchissement sera en partie compensé par un accroissement substantiel de la production de racines et tubercules. Le déficit céréalier pour la campagne de commercialisation 2000/01 est passé de 505 000 tonnes l'an dernier à 753 000 tonnes, compte tenu de la baisse de production, mais aussi d'une forte augmentation du nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays qui dépendent entièrement de l'aide alimentaire. Leur nombre s'élève à près de 2,6 millions, dont 1,9 million auraient un besoin urgent d'aide humanitaire.
La situation alimentaire des personnes déplacées à l'intérieur du pays, dont la plupart n'ont aucun accès aux terres, est critique. De récentes enquêtes nutritionnelles dans plusieurs camps indiquent un fléchissement du taux de malnutrition globale aiguë, qui demeure toutefois au niveau élevé de 8,9 pour cent. Une aide alimentaire continuera d'être nécessaire pour la campagne de commercialisation 2000/01 (avril/mars). Les besoins d'aide alimentaire pour cette période sont estimés à 333 000 tonnes de céréales, dont 71 000 tonnes ont déjà été annoncées.
Dans le reste de l'Afrique australe, la production de cette année est mitigée. Les pluies excessives et les inondations ont dévasté les cultures au Swaziland et réduit la production au Lesotho, mais le Malawi et la Namibie ont rentré des récoltes exceptionnelles. En dépit des inondations localisées, la production de maïs s'est rétablie en Zambie.
Compte tenu de récoltes supérieures à la moyenne ou record dans tous les pays du Sahel, à l'exception de la Guinée-Bissau _ à cause de l'impact des troubles intérieurs en 1998 _, la situation globale des disponibilités alimentaires est satisfaisante. Les stocks nationaux de sécurité alimentaire de plusieurs pays et les stocks des agriculteurs ont pu être reconstitués. Les marchés sont bien approvisionnés. Les prix des céréales sont demeurés relativement stables et souvent bien inférieurs aux années précédentes. En Mauritanie et au Sénégal, une aide alimentaire a été distribuée aux personnes victimes des inondations à la fin de la saison des pluies de 1999.
Des troubles intérieurs en Sierra Leone se sont développés en mai/juin, période critique pour l'agriculture avec le démarrage des semis de riz, la principale denrée de base. Durant la première semaine de mai, les combattants du Front uni révolutionnaire rebelle ont tué plusieurs agents de l'ONU appartenant aux forces de maintien de la paix et pris en otage environ 500 personnes au cours d'une série d'attaques au nord et à l'est, ce qui a porté un coup sérieux à l'accord de paix de Lomé qui avait été signé en juillet 1999 pour mettre fin officiellement à huit années de guerre civile. La marche des rebelles sur Freetown durant le week-end des 6 et 7 mai a semé la panique dans la capitale et contraint à évacuer la plupart du personnel de l'ONU, des ambassades et des ONG internationales vers les pays voisins. La situation est désormais calme dans la capitale mais les hostilités entre les forces pro-gouvernementales et les rebelles se poursuivent à l'est et au nord.
À cause de la situation d'insécurité, la distribution des intrants agricoles a été interrompue et les opérations de secours ont été complètement perturbées bouleversées, notamment au nord. En dépit de l'agitation actuelle, les distributions de vivres aux personnes déplacées à l'intérieur du pays et autres groupes vulnérables se sont poursuivies dans les zones accessibles, c'est-à-dire principalement à Freetown, Bo et Kenema, dans la Province méridionale. Au total, environ 220 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays ont été enregistrées par les organismes d'aide, mais selon les estimations, le nombre total de personnes déplacées non enregistrées s'établirait entre 500 000 et 1,2 million de personnes. Les combats ont déplacé 64 000 personnes en mai, essentiellement des zones septentrionales. Des milliers de civils ont cherché refuge dans les forêts proches de Kabala. De nouvelles personnes déplacées arrivant à Freetown et à Port Loko ont été absorbées dans les camps existants ou logées chez des membres de leur famille. Même si les conditions de sécurité s'améliorent dans les provinces du nord et de l'est, le mauvais état des routes, les pénuries répétées de carburant et les infrastructures logistiques insuffisantes continueront à entraver l'assistance humanitaire. Avec le démarrage de la saison des pluies, la situation des approvisionnements alimentaires se détériorera probablement car l'état des routes empirera, empêchant l'acheminement des secours. En outre, de nombreux ponts ont été détruits, et il n'existe aucun service de ferry opérationnel pour traverser les rivières. Le pays continuera à souffrir d'une pénurie alimentaire chronique et à être dépendant de l'aide externe pendant un certain temps.
On estime que 490 000 réfugiés de la Sierra Leone se trouvent encore dans les pays voisins: 360 000 en Guinée, 96 000 au Libéria et 34 000 dans d'autres États d'Afrique de l'Ouest.
Au Libéria, les distributions d'aide alimentaire se poursuivent tout en diminuant progressivement. L'intervention est en train d'être réorientée de la distribution d'urgence et des projets de vivres-contre-travail vers des programmes de développement. Le PAM distribue également une aide alimentaire aux rapatriés libériens et à 36 000 réfugiés de la Sierra Leone.
Les semis de riz ont été favorisés par les pluies suffisantes tombées en mai et juin. Comme les années précédentes, plusieurs ONG ont effectué une distribution d'intrants dans diverses régions. Hormis dans le comté de Lofa, la paix relative dans la plupart des régions a favorisé les activités agricoles. Les superficies cultivées en riz, la principale denrée de base, devraient augmenter. Dans le Comté de Lofa, plusieurs milliers d'agriculteurs ont été déplacés des camps de Voinjama et Kolahum dans le nord vers Tarvey et Sinje, au sud du comté, et n'ont rien pu semer.
Les besoins d'importations céréalières des pays d'Afrique subsaharienne pour 2000 devraient augmenter, compte tenu essentiellement des récoltes réduites de la première campagne en Afrique de l'Est. Les dernières estimations du SMIAR de la production de 1999 et des besoins d'importations et d'aide alimentaire en 1999/2000 sont résumées au tableau 2. Les besoins totaux d'aide alimentaire sont estimés à 2,5 millions de tonnes, quelque 6 pour cent de plus que l'aide alimentaire importée en 1998/99. Les annonces totales d'aide alimentaire pour 1999/2000, y compris les aides de report de 1998/99, s'élèvent à 2 millions de tonnes, dont 1,3 million de tonnes ont déjà été livrées.
La situation alimentaire au Kenya, en Érythrée et en Éthiopie est extrêmement grave et requiert une action urgente et concertée pour éviter une famine généralisée. D'autres pays d'Afrique orientale se heurtent également à des difficultés croissantes et/ou persistantes de disponibilités alimentaires. Les déplacements massifs de population, aussi bien à l'intérieur des pays qu'entre les pays, dus aux guerres et aux troubles intérieurs, présents ou récents, continuent à désorganiser les activités de production vivrière. Dans ce contexte, l'attention de la communauté internationale est attirée sur les zones suivantes nécessitant une intervention:
Premièrement, le Kenya a besoin d'une aide alimentaire d'urgence, non seulement de quantités plus importantes de nourriture mais aussi de soutien logistique pour la distribution des vivres dans les zones reculées du pays.
Deuxièmement, des secours supplémentaires et continus sont nécessaires en Érythrée, en Éthiopie et en Somalie pour conjurer une crise humanitaire qui risque de s'avérer catastrophique, compte tenu de la grave sécheresse prolongée et des déplacements massifs de population causés par la guerre et les troubles intérieurs. Il faut des annonces supplémentaires de secours pour d'autres pays victimes de la sécheresse en Afrique de l'Est et pour les pays en situation de pénurie alimentaire dans d'autres parties de l'Afrique subsaharienne.
Troisièmement, dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne (Angola, Burundi, Érythrée, Éthiopie, Libéria, République démocratique du Congo, Rwanda, Sierra Leone, Somalie, Soudan), à cause de conflits et de troubles intérieurs, en cours ou récents, de nombreux réfugiés et personnes déplacées à l'intérieur des pays ont besoin d'une assistance jusqu'à leur retour et à leur réintégration au sein de leur communauté.
Quatrièmement, des secours continus, un soutien à la remise en état de l'agriculture et à la réparation des infrastructures endommagées sont nécessaires dans plusieurs pays d'Afrique australe, en particulier au Mozambique et à Madagascar, mais également dans les pays d'Afrique de l'Est touchés par les intempéries et/ou les conflits civils.