SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL |
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Le Niger a connu en 2004 une invasion acridienne sévère qui, en plus de la variabilité climatique et de l’irrégularité des précipitations, a considérablement affecté les récoltes dans certaines régions du pays. Une mission conjointe FAO/PAM/CILSS a visité le pays du 4 au 18 octobre 2004, afin d’estimer les récoltes de l’année en cours ainsi que les dégâts causés par le criquet pèlerin aux cultures et aux pâturages, évaluer la situation alimentaire globale qui en résulte et prévoir les besoins éventuels en aliments pour 2004/05, y compris les importations et l’aide alimentaire de la communauté internationale.
Du 2 au 4 octobre les experts et représentants de la FAO, du PAM, du CILSS-AGRHYMET et de FEWS-NET en collaboration avec les responsables des ministères ont adopté le programme de travail de la mission et ont tenu des séances d’information préliminaires avec les services nationaux concernés à divers degrés par la sécurité alimentaire, à savoir la Direction de la protection des végétaux (DPV), la Direction des cultures vivrières (DCV), la Météorologie nationale, le Système d’alerte précoce (SAP), le Comité des crises alimentaires (CCA), les Systèmes d’information de marchés de bétail et de marchés agricoles (SIM).
La Mission a bénéficié de l’appui de toutes les directions centrales et régionales du Ministère de l’agriculture, du développement rural et de l’hydraulique ainsi que l’appui des autres services et ministères sollicités. Des discussions fructueuses ont également eu lieu avec les Agences des Nations Unies (FAO, UNDP), avec les donateurs notamment (USAID, Banque Mondiale) ainsi qu’avec les ONG et les importateurs de céréales. La Mission s’est constituée en trois groupes et a été en mesure de couvrir toutes les régions affectées par le criquet pèlerin.
À chaque étape sur le terrain, les équipes ont rencontré les autorités locales et ont tenu des séances de travail avec les services régionaux/départementaux de l’agriculture et de l’élevage sur l’évolution de la campagne agricole 2004, avec comme centre d’intérêt le péril acridien mais aussi la pluviosité en tant que principaux facteurs influant sur les rendements et la production agricole et les disponibilités fourragères. Les équipes sont descendues sur le terrain pour constater l’état des cultures et de pâturages, s’entretenir avec les agriculteurs/éleveurs des conditions de production, des rendements attendus et de leurs stratégies d’adaptation face aux dégâts causés par les criquets pèlerins, la sécheresse ou d’autres ennemis des cultures. Elles ont également visité les marchés pour observer l’évolution des prix des principales denrées alimentaires, particulièrement des céréales ainsi du bétail.
Les visites de terrain ont été suivies par des réunions avec les services centraux concernés et des partenaires au développement du Niger. La Mission a notamment eu des séances de travail avec les responsables de la Direction des statistiques et des comptes nationaux (DSCN), de la Direction des cultures vivrières (DCV - Service des statistiques agricoles), de la Direction de la protection des végétaux (DPV - Coordination de la lutte anti-acridienne), du Système d’Alerte Précoce (SAP), de la Cellule crises alimentaires (CCA), du Ministère des ressources animales, d’AGRHYMET/CILSS, de l’Union Européenne, de la Coopération Française, du USAID et du PNUD.
La documentation mise à la disposition de la Mission par les services centraux a servi à compléter les informations recueillies sur le terrain et pendant les rencontres avec divers responsables. Il s’agit, entre autres, du Bulletin Décadaire sur la situation générale des cultures du Service des Statistiques Agricoles, de la Synthèse de la situation alimentaire dans les zones vulnérables du CCA, le Bulletin SIMA (Système d’information sur les marchés agricoles).
Les résultats préliminaires de la Mission ont été validés le 13 octobre 2004 lors d’une réunion de synthèse à laquelle ont participé des responsables des services centraux mentionnés ci-avant, ainsi que des partenaires au développement du Niger. Ces résultats ont par la suite été affinés et présentés au Ministre du développement agricole le 18 octobre en présence des Représentants du CILSS, de FEWS-NET, de la FAO et du PAM.
L’analyse des informations recueillies par la Mission fait ressortir que les facteurs ayant influé sur la campagne agricole 2004 au Niger sont essentiellement de deux ordres:
Un déficit pluviométrique affectant particulièrement les zones agro-pastorale et septentrionale du pays. Les premières pluies ont été enregistrées dans plusieurs localités au mois d’avril, permettant d’effectuer des semis dans quelque 1 500 villages contre 950 à la même période en 2003. Cependant, alors que les semis se poursuivaient, une pause pluviométrique de 3 à 6 semaines selon les localités est intervenue à partir du mois de mai, affectant durement les semis dans les zones nord des départements de Mayahi, Dakoro, Aguié (région de Maradi), Tanout et Gouré (région de Zinder), Maïné Soroa, Diffa et N’Guigmi (région de Diffa), Tahoua, Illéla (région de Tahoua). Ce qui a nécessité des re-semis dès la reprise des pluies en juillet. Si dans certaines zones des régions de Dosso, Maradi et Zinder le mil et sorgho ont connu un développement végétatif satisfaisant, le stress hydrique sur les cultures et les pâturages a persévéré dans plusieurs localités, surtout celles qui ont connu un arrêt plus précoce des pluies vers fin août début septembre.
Une situation phytosanitaire dominée par l’invasion acridienne. L’infiltration d’essaims de criquets pèlerins dans la zone des cultures a été observée à partir du mois d’août, suivi d’éclosions massives de larves dans le Tamesna et le nord-est de l’arrondissement de Tanaout. En septembre, des essaims en mouvement ont été signalés dans l’Irhazer, l’Aïr, le Tamesna ainsi que dans le Nord des régions de Tahoua, Tillabéri et Zinder, et des bandes larvaires dans les régions de Tahoua et Maradi. La mission a pu observer de vastes étendues de cultures et des pâturages dévastés par les criquets pèlerins lors de ses déplacements en région. Vers fin octobre, quelque 195 000 ha infestés avaient été traités. Mais les moyens alors disponibles (dont 3 avions dont 1 loué par la FAO) paraissaient insuffisants face l’ampleur du péril. D’autres pestes ont également endommagé les cultures par endroits. Il s’agit notamment de sauteriaux et autres insectes floricoles, ainsi que d’oiseaux granivores.
Cette situation s’est traduite par une baisse importante des niveaux de rendements des cultures de mil et de sorgho dans toutes les régions affectées par le criquet pèlerin et la sécheresse. Utilisant les méthodes d’enquête rapide auprès des producteurs rencontrés, de même que les informations fournies par les services départementaux de l’agriculture, la Mission a estimé les pertes de rendements par rapport à l’année 2003 allant pour le mil de 20 à 47 pour cent dans la région de Tillabéri, de 8 à 30 pour cent à Tahoua et d’environ 15 pour cent à Maradi/Zinder. Pour le sorgho, les niveaux correspondants sont de 25 pour cent, 12 -38 pour cent, et 26 – 30 pour cent.
Il s’est avéré difficile d’établir avec exactitude la part des dégâts spécifiquement attribuables aux criquets. La Mission a néanmoins estimé que l’invasion acridienne était responsable d’un tiers des pertes, le reste étant attribuable à d’autres facteurs, notamment la sécheresse.
Il faut noter que certaines zones non touchées par le péril acridien ont connu une pluviosité plutôt favorable, leur permettant d’enregistrer de bonnes récoltes en 2004. Il s’agit, entre autres, des départements de Dosso, de Zinder (Sud), de Maradi (Sud), et de Kollo dans la région de Tillabéri.
Après avoir accusé un recul d’environ 1 pour cent en 1999/00, le PIB du Niger a progressé à une moyenne annuelle de 5,1 pour cent pendant la période de 2001-03. L’activité économique est dominée par le secteur agricole, qui emploie plus de 80 pour cent de la population, génère 42 pour cent du PIB et a contribué en 2003 à 31 pour cent aux recettes d’exportation. L’uranium reste cependant la première source de devises, avec plus de 60 pour cent de la valeur des exportations à la même année.
La forte dépendance de l’économie nigérienne de l’agriculture et de l’uranium la rend particulièrement vulnérable à des chocs exogènes tels que la sécheresse, l’invasion acridienne et les variations néfastes des prix internationaux. Le pays est souvent soumis à des déficits pluviométriques préjudiciables aux cultures et à l’élevage et qui, combinés à la pression démographique croissante, accélèrent la désertification.
La balance des comptes courants du Niger, structurellement déficitaire, a accusé un déficit de quelque 99 milliards de francs CFA en 2003, soit environ 7 pour cent du PIB, ratio qui devrait s’établir à 8,5 pour cent en 2004. Le pays en effet doit importer de grandes quantités de ses produits de première nécessité, surtout les denrées alimentaires estimées à près de 80 milliards de francs CFA en 2003, soit le tiers de la valeur des importations. La France, le Nigeria et la Côte d’Ivoire sont les principaux partenaires commerciaux du Niger. Ses conditions d’enclavement augmentent les coûts de transport qui se répercutent sur les prix des produits importés, aggravant ainsi le déficit des comptes courants.
Néanmoins, la situation des réserves de change s’est améliorée nettement, passant d’une moyenne de 58 millions de dollars en 1998-2000 à 118 millions de dollars en 2001-03. La gestion des réserves de change est facilitée par l’appartenance du Niger à l’UMOA. Si son taux d’inflation de –1,6 et de 2,4 en 2003 et 2004 de même que l’apurement de ses arriérés de dette intérieure sont compatibles avec les critères de convergence de l’UMOA, le pays n’a pas réussi à satisfaire le critère relatif aux recettes fiscales par rapport au PIB (17 pour cent). Ce ratio était de 10,5 pour cent en 2003 et il est peu probable qu’il change de façon significative en 2004/05.
Conscient de l’importance des bailleurs de fonds bilatéraux et multinationaux dans le processus de son développement, le Niger a achevé à satisfaction, depuis avril 2004, le programme de réduction de la pauvreté et d’appui à la croissance arrêté avec le FMI et la Banque mondiale dans le cadre le l’Initiative des pays très pauvres et très endettés. Ce qui permettra au pays de bénéficier d’une réduction de dette de 1,2 milliards de dollars.
La politique économique du gouvernement est fondée sur le Document de stratégie de réduction de la pauvreté publié en janvier 2002 avec, comme objectifs principaux, la création d’un environnement favorable à la croissance, le développement des secteurs productifs, notamment dans les zones rurales; l’amélioration de l’accès des plus démunis aux services sociaux de bonne qualité; le renforcement des capacités humaines et institutionnelles du pays, la promotion de la bonne gouvernance et de la décentralisation.
Des efforts importants sont également consentis pour la diversification de certains secteurs de l’économie. C’est dans ce cadre que s’inscrit, par exemple, le programme coton, lancé en mars 2004 et dont l’ambition est la production de 100 000 tonnes de coton graine en 2005. De même à partir de 2005, s’ajoutera au secteur minier l’exploitation commerciale de l’or.
Par ailleurs, les programmes d’amélioration des infrastructures routières, notamment la réhabilitation de la portion de la trans-saharienne traversant le Niger, l’asphaltage de 800 km de routes nationales et la réhabilitation de 900 km de pistes rurales, ainsi que la construction de divers infrastructures prévues pour la tenue des Jeux de la francophonie en 2005, contribueront à mousser l’activité économique et à alléger les conditions d’enclavement du pays.
La population du Niger a été estimée à 10 902 668 au 30 avril 2003 (Tableau 1). D’après les projections des services statistiques, elle serait de 11 207 936 habitants en 2004 et atteindrait environ 12 162 000 au 30 avril 2005. Sur cette base, on compte environ 80 pour cent de sédentaires ruraux, 16 pour cent de sédentaires urbains et 4 pour cent de nomades. La croissance démographique reste forte, en moyenne 3,5 pour cent par an.
Régions | Population au 30 avril 2003 |
Projection au 30 avril 2005 totale |
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urbaine | rurale | nomade | totale | ||
Agadez | 156 543 | 124 572 | 77 075 | 358 190 | 399 327 |
Diffa | 38 006 | 162 254 | 34 004 | 234 264 | 261 168 |
Dosso | 109 892 | 1 434 151 | 27 346 | 1 571 389 | 1 751 860 |
Maradi | 260 259 | 1 834 912 | 38 758 | 2 133 929 | 2 379 005 |
Tahoua | 168 723 | 1 598 552 | 73 998 | 1 841 273 | 2 059 924 |
Tillabéri | 71 456 | 1 802 595 | 86 286 | 1 960 337 | 2 185 478 |
Zinder | 263 270 | 1 760 340 | 75 338 | 2 098 948 | 2 340 008 |
Communauté urbaine de Niamey | 703 838 | - | 500 | 704 338 | 792 420 |
Niger | 1 771 987 | 8 717 376 | 413 305 | 10 902 668 | 12 162 000 |
La forte croissance démographique met à mal les infrastructures sociales – services de santé et de l’éducation notamment- et contribue à la désertification, particulièrement pendant les périodes de sécheresse prononcée.
Le secteur de l’agriculture et de l’élevage constitue la base de l’économie nationale au Niger. Les activités agricoles et pastorales sont pratiquées dans 4 grandes zones agro- écologiquement distinctes mais complémentaires en raison de la large mobilité des agro-pasteurs à travers le territoire:
La zone semi-désertique au nord du pays;
La zone pastorale sub-saharienne au centre du pays;
La zone sahélienne à prédominance agro-pastorale au centre sud, recevant entre 200 et 500 mm de pluie par an et dominée par une végétation à base d’acacias;
La zone sahelo-soudanienne à vocation agricole plus marquée au sud du pays où il pleut entre 600 à 800 mm par an.
Les systèmes de production sont dominés par l’association agriculture–élevage. L’agriculture est essentiellement pluviale avec à peine 2 pour cent des superficies cultivées qui bénéficient de l’irrigation à partir du fleuve Niger. L’activité agricole se fait sur des exploitations familiales de subsistance de taille réduite pratiquant principalement les cultures vivrières (mil, sorgho, niébé et manioc). Le riz et quelques autres cultures de rente comme le maïs, le coton et l’arachide sont également pratiqués. La culture du riz connaît actuellement une progression marquée grâce au développement récent des aménagements hydro-agricoles. L’élevage bovin, ovin, caprin et camelin constitue une activité importante en milieu rural, plus particulièrement dans les vastes étendues du nord du pays, et occupe le deuxième poste des exportations. Le Nigéria est l’un des principaux clients pour le bétail du Niger et entre ces deux pays il existe des flux importants d’animaux et de céréales pour couvrir une partie des besoins de consommation de leurs populations respectives.
Ainsi, le secteur agricole est fortement marqué par son caractère vivrier. Sur une superficie totale cultivée en 2003 de 12 568 000 ha, le mil occupe 46 pour cent des emblavures, le sorgho 18 pour cent et le niébé 32 pour cent, avec peu de variation de ces pourcentages sur les cinq dernières années. L’autre caractéristique de l’agriculture au Niger est sa forte dépendance vis-à-vis du régime des précipitations dont les fluctuations annuelles et saisonnières expliquent largement la faiblesse des rendements et les fortes variations observées au niveau de la production agricole nationale. Pour une bonne année comme 2003, les rendements moyens des principales cultures se situent autour de 476 kg/ha pour le mil, 334 kg/ha pour le sorgho, 134 kg/ha pour le niébé et 495 kg/ha pour l’arachide.
Etant données la forte croissance démographique (3,5 pour cent par an) et la progression insuffisante de la production agricole, le Niger qui était autosuffisant en denrées alimentaires et même exportateur de céréales jusqu’à la fin des années soixante, est devenu déficitaire. Actuellement, pour couvrir ses besoins alimentaires, le pays doit recourir aux importations à hauteur de 10 à 40 pour cent selon les années pour combler une bonne partie du déficit, le reste étant couvert par l’aide alimentaire.
Le secteur agricole du Niger doit actuellement faire face à de nombreux défis dont les plus importants sont la dégradation de la fertilité des terres cultivées et des parcours, la diminution de la capacité de charge des zones de pâturage liée à l’augmentation des effectifs de bétail, et la pression démographique galopante qui non seulement affecte l’exploitation abusive des ressources naturelles mais aussi exacerbe le déficit alimentaire devenu structurel. Sans des interventions soutenues et s’inscrivant dans le long terme, le déficit alimentaire ne peut que s’aggraver. En effet, les statistiques agricoles du pays montre que les superficies des terres agricoles du Niger sont passées de 11 500 000 ha en 1999 à 12 600 000 ha en 2003 soit une augmentation de 220 000 ha chaque année. Pendant cette période, les niveaux de rendements des principales cultures, et donc la production agricole, ne se sont pas améliorés. L’extension des superficies cultivées s’est donc faite essentiellement aux dépens des terres marginales qui autrefois étaient laissées en jachère ou servaient comme terrains de parcours.
Par ailleurs, des changements importants du régime pluviométrique ont eu lieu depuis les années 1970 dans l’ensemble du Sahel. Ils se sont traduits notamment par une baisse du volume annuel des précipitations liée à la fréquence élevée des années sèches et par l’irrégularité de la distribution saisonnière des pluies avec des épisodes de sécheresse en début de cycle et/ou en fin de cycle des cultures vivrières comme c’est le cas durant la campagne agricole 2004.
Dans les zones agricoles, la saison des pluies ou hivernage s’étend essentiellement de mai à septembre. Les cultures pluviales vivrières sont semées de mai à juillet et les récoltes se font de septembre à novembre. Les cultures maraîchères sont pratiquées en contre-saison froide (novembre à janvier) et en contre-saison chaude (février–mars) le long du fleuve Niger et près des mares permanentes ou semi permanentes. Poivron, niébé, oignon, et tomate sont les principales cultures maraîchères pratiquées en contre-saison, notamment dans les régions de Diffa, Tillabéri et Tahoua.
Le cumul pluviométrique au 30 septembre oscille entre 400 et 724 mm dans la bande la plus arrosée de la zone agricole (Figure 1). Comparé à celui de l’année normale 1971-2000 (Figure 2), le volume pluviométrique de 2004 demeure globalement déficitaire. Néanmoins, sur les 218 quelques postes de relevés pluviométriques, 54 (soit 25 pour cent) sont excédentaires à fin août 2004 par rapport au cumul sur la même période en 2003 considérée comme globalement bonne campagne. L’excédent dépasse 50 mm pour 22 postes, notablement à Maradi et Zinder.
La situation phytosanitaire a été marquée au cours de la phase d’installation des cultures par des attaques précoces de sautériaux à dominance Oedaleus senegalensis dans la quasi totalité des zones agricoles (Diffa, Dosso, Maradi, Tahoua, Tillabéri et Zinder) avec des pertes de semis dans plusieurs localités. Au cours de juin et juillet, des attaques d’insectes floricoles et chenilles mineuses de l’épi du mil ont également été signalées dans les régions de Dosso et Maradi. Les oiseaux granivores ont affecté les céréales surtout dans les départements de Madaoua, Gouré, Tahoua et Tanout. A partir du mois d’août, la situation phytosanitaire s’est considérablement dégradée à cause de l’invasion acridienne des cultures et des pâturages.
3.2.1 Développement spatio-temporel de l’invasion acridienne
Le désert du Tamesna constitue un foyer endémique de reproduction du criquet pèlerin au Niger. Les bonnes conditions pluviométriques enregistrées dans cette région entre septembre et décembre 2003 ont permis la reproduction et la multiplication rapide des populations de criquets. C’est ainsi que dès le 25 juillet 2004, le Centre national anti-acridien observe l’arrivée d’essaims en provenance du nord-ouest aux frontières du Mali et de l’Algérie. A partir de début août, ces essaims se sont reproduits dans la zone pastorale puis ils se sont infiltrés dans la zone agro-pastorale en septembre et octobre pour provoquer d’importants dégâts sur les cultures de mil au stade grain laiteux pâteux, sur les feuilles de niébé et d’arachide et sur les légumineuses herbacées des pâturages.
Par rapport à la zonation agro-écologique du pays on note:
Dans la zone Aïr, des bandes larvaires étaient toujours enregistrées lors du passage de la mission avec signalisation de plusieurs essaims en vol dans de nombreuses localités suite à la reproduction des populations autochtones dans le versant est, le long des oueds et dans leurs zones d'épandage. Les essaims enregistrés dans cette zone sont constitués de jeunes ailés roses très voraces. Les mouvements des essaims devraient se poursuivre jusqu’à novembre.
Dans la zone Tamesna, des essaims constitués de jeunes ailés étaient constamment rencontrés dans le secteur Tassara-Tillia-Télemces et Tchintabaradène. D’innombrables bandes larvaires étaient également observées. Plusieurs essaims ayant échappé aux traitements commençaient à regagner l’Aïr et les pays du Maghreb. Dans les inter-dunes du Tamesna, des bandes larvaires constituées des premiers stades (L1, L2, L3) continuaient également à être signalées.
Dans la zone agro-pastorale, des éclosions échelonnées (stades dominants L2, L3 et L4) étaient observées sur toute l’étendue des départements de Tahoua, Keita, Tahoua Commune, le sud de Tchintabaradène, l’est et le centre de Bouza, le nord et l’ouest d’Illéla. Au nord du département de Dakoro (région de Maradi) plusieurs villages étaient affectés par des bandes larvaires (stades L4, L5) et des ailés. Dans les départements de Tanout et Gouré (région de Zinder), des infestations ont été également signalées au cours de la deuxième décade de septembre. La présence de plusieurs bandes larvaires dans le nord-est du Département de Tanout sur environ 1000 ha notamment dans la zone de Kabizon Azel a été observée. Des criquets ailés matures ont été également relevés dans ce secteur. L’invasion acridienne s’est poursuivie durant le mois d’octobre dans la région de Tillabéri, avec plusieurs essaims signalés dans les départements de Téra, Fillingué et Ouallam où les dégâts ont été particulièrement importants.
Dans la zone agricole, les infiltrations d’essaims ont été limitées; il s’agit des Départements de Illéla et Keita, et des localités de Tahoua arrondissement et Tahoua commune. Dans les zones de Eza et de Imirizan au Département de Fillingué, 1 500 ha de cultures et de pâturage ont été infestés par des bandes larvaires de derniers stades et des jeunes ailés. La zone de Baninangou, Département de Ouallam, est la plus affectée avec 5 000 ha de cultures détruites. Dans le Département de Tillabéri, on observe des bandes larvaires à des densités de 300 individus par m2 qui menaçaient le mil tardif dans les localités de Goula, Zoura, Gomozo, Groufouché et Roumboukawo. Dans la région de Tahoua, on observe la formation de jeunes essaims dans l’ensemble des Départements affectés (Tahoua, Keita, Tchintabaradene, Bouza, Illéla). Plusieurs bandes larvaires sont également signalées dans les localités de Belbedji, Sona et Sagaré, région de Zinder.
Source: Centre régional Agrhymet, 2004.
3.2.2 Dispositif d’intervention de la lutte anti-acridienne
Le Gouvernement et ses partenaires ont mis sur place un Comité ad hoc de suivi qui fait le point sur la situation de l’invasion du criquet pèlerin chaque semaine. Rattaché à la Primature, ce comité rassemble les instances gouvernementales, les représentants des pays donateurs ainsi que les représentants de la FAO et des autres agences du système des Nations Unies.
Le dispositif d’intervention d’urgence pour la lutte anti-acridienne est très modeste par rapport à l’ampleur de l’invasion. Il comprend 7 équipes de prospections, 7 équipes d’interventions terrestres et 2 équipes d’interventions aériennes. Le cumul des interventions aériennes et terrestres effectuées depuis le début des infestations estivales de criquet pèlerin (du 25 juillet au 29 septembre 2004) se chiffre à 224 052 hectares. En perspectives, on prévoit que les mouvements nord est-sud ouest des essaims vont continuer à être enregistrés dans l’ensemble de l’aire estivale du pays.
Les principales cultures pratiquées au Niger sont présentées au Tableau 2 qui en indique l’évolution des superficies, rendements et productions dans la période 1999–2004. Le mil et le sorgho représentent l’essentiel des céréales cultivées. Le riz et le maïs viennent après ainsi que le blé et le fonio. Pour ce qui est des légumineuses alimentaires le niébé est largement utilisé dans l’alimentation au Niger.
Année | Mil | Sorgho | Niébé | Maïs | Riz | Arachide | |
Superficie(ha) | 5 351 203 | 2 093 118 | 3 793 793 | 4 901 | 15 078 | 250 101 | |
1999 | Rendement(kg/ha) | 428 | 227 | 111 | 3 114 | 4 111 | 415 |
Production(tonnes) | 2 289 686 | 475 956 | 420 084 | 15 294 | 61 989 | 103 760 | |
Superficie(ha) | 5 151 395 | 2 144 393 | 3 846 277 | 6 149 | 18 245 | 360 338 | |
2000 | Rendement(kg/ha) | 326 | 173 | 68 | 638 | 3 313 | 314 |
Production(tonnes) | 1 678 631 | 370 746 | 262 657 | 3 920 | 60 453 | 113 216 | |
Superficie(ha) | 5 231 937 | 2 603 519 | 3 512 464 | 8 901 | 24 625 | 192 321 | |
2001 | Rendement(kg/ha) | 451 | 255 | 145 | 261 | 3 103 | 426 |
Production(tonnes) | 2 358 741 | 663 609 | 509 469 | 2 325 | 76 400 | 82 006 | |
Superficie(ha) | 5 576 122 | 2 240 468 | 3 845 212 | 14 083 | 23 853 | 334 555 | |
2002 | Rendement(kg/ha) | 461 | 299 | 170 | 1 200 | 3 352 | 433 |
Production(tonnes) | 2 570 401 | 669 709 | 654 232 | 16 900 | 79 949 | 153 729 | |
Superficie(ha) | 5 771 293 | 2 269 929 | 4 103 710 | 4 358 | 18 710 | 423 382 | |
2003 | Rendement(kg/ha) | 476 | 334 | 134 | 508 | 3 045 | 495 |
Production(tonnes) | 2 744 908 | 757 556 | 549 035 | 2 216 | 56 980 | 209 369 | |
Superficie(ha) | 5 604 355 | 2 218 035 | 2 882 921 | 5 287 | 8 271 | 386 578 | |
2004 | Rendement(kg/ha) | 420 | 310 | 126 | 912 | 1 826 | 435 |
Production(tonnes) | 2 354 260 | 686 722 | 364 757 | 4 822 | 15 099 | 168 225 |
La campagne agricole en cours a connu un démarrage précoce dans toute la bande sud du pays. En effet, les premières pluies utiles enregistrées en avril ont permis la réalisation de semis du mil dans environ 1 516 villages. Par la suite, la mauvaise répartition spatio-temporelle des précipitations observée en mai-juin a considérablement perturbé la croissance et le développement des jeunes plantes de mil et de sorgho. Des cas de perte de semis ont été signalés dans de nombreuses localités, ayant nécessité plusieurs resemis.
La superficie semée en céréales en 2004 accuse une baisse de 204 000 ha par rapport à celle cultivée en 2003, et dépasse la moyenne des cinq dernières dans les mêmes proportions (Tableau 3).
Départements |
Superficie (ha) | Variation (%) sur base | |||
1999-2003 | 2003/04 | 2004/05 | 2003/04 | 1999-2003 | |
Agadez | 1 870 | 880 | 2 565 | +191 | +37 |
Diffa | 56 271 | 117 136 | 57 863 | -50 | +3 |
Dosso | 1 044 590 | 1 010 861 | 1 101 251 | +9 | +5 |
Maradi | 1 868 687 | 1 934 410 | 1 877 795 | -3 | +0.5 |
Tahoua | 1 298 888 | 1 428 956 | 1 417 586 | -0.8 | +9 |
Tillabéri | 1 118 228 | 1 634 704 | 1 556 519 | -5 | +39 |
Zinder | 2 137 258 | 1 894 689 | 1 801 344 | -5 | -16 |
Communauté U. Niamey | 16 866 | 19 586 | 22 419 | +14 | +33 |
Niger | 7 686 675 | 8 041 222 | 7 837 342 | -2 | +2 |
Dans plusieurs régions du Niger, les précipitations ont été suivies d’un creux pluviométrique durant la période allant de mai à juin. Un autre déficit hydrique de fin de cycle a été préjudiciable aux rendements des cultures de mil tardif, de sorgho, d’arachide ainsi que pour les cultures de contre-saison. Par ailleurs, les resemis ont aussi fait l’objet d’attaques précoces de sauteriaux (Oedaleus senegalensis). Ces attaques ainsi que celles causées par les chenilles mineuses de l’épi du mil et par les oiseaux granivores ont également affecté les rendements dans les régions infestées.
Sur la base des informations recueillies par la Mission lors des interviews de terrain et par comparaison aux rendements observés durant la campagne exceptionnellement bonne de 2003 pour les différentes cultures, les pertes de production liées à la sécheresse de début de cycle à travers le décalage de semis (resemis de mil), et de fin de cycle à cause de l’arrêt brusque des pluies, sont estimées à deux tiers des pertes totales des récoltes attendues en 2004. Les pertes de productions dues au criquet pèlerin, bien que localement très fortes comme dans la zone agro-pastorale, sont estimées à un tiers des pertes de production. Ce résultat est validé par les observations des trois équipes de terrain après discussions des chiffres avancés pour les pertes de production.
La Mission estime par ailleurs que les dégâts risquent d’être plus graves et que le péril acridien risque de s’étendre davantage dans l’espace et de durer dans le temps. L’ampleur prise par les invasions fait que les équipes de lutte sur le terrain semblent largement dépassées par les évènements. A court terme, la Mission craint, avec la Direction de la Protection des Végétaux, que les bandes larvaires vont s’attaquer aux cultures de sorgho en semis tardif, aux cultures maraîchères de contre-saison et à l’arboriculture fruitière.
Les effets conjugués des facteurs susmentionnés ont entraîné un net recul de la production céréalière (mil et sorgho) dans les zones agro-pastorales du pays. Se fondant sur l’hypothèse d’un arrêt des pluies le 15 septembre (hypothèse qui s’est confirmée sur la quasi-totalité du territoire national en 2004) et les normes de productions retenues par le Ministère du Développement Agricole dans de telles conditions, la Mission a, dans un premier temps, provisoirement estimé la production 2004 de mil à quelque 2 421 000 tonnes et celle de sorgho à environ 653 000 tonnes, soit au total 3 074 000 tonnes pour les deux spéculations, contre 3 502 000 tonnes en 2003, soit un repli de 12 pour cent. On obtient cependant une augmentation de 5 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années (2 915 000 tonnes environ) comme le montre le tableau 4.
Régions | Production | Variation (%) sur base | |||
1999-2003 | 2003/04 | 2004/05 | 2003/04 | 1999-2003 | |
Agadez | 1 485 | 630 | 2 120 | + 236 | + 43 |
Diffa | 35 837 | 42 675 | 13 938 | - 67 | - 61 |
Dosso | 465 506 | 526 648 | 562 044 | + 6.7 | + 21 |
Maradi | 672 380 | 883 869 | 689 719 | - 22 | + 2 |
Tahoua | 533 249 | 663 653 | 541 458 | - 18.4 | + 1.5 |
Tillabéri | 530 520 | 656 266 | 571 400 | - 13 | + 8 |
Zinder | 669 009 | 719 607 | 679 974 | - 6 | + 1.6 |
Communauté U. Niamey | 6 741 | 9 115 | 13 461 | + 48 | + 100 |
Niger | 2 914 727 | 3 502 464 | 3 074 114 | - 12 | + 5.0 |
En intégrant dans les calculs les estimations de pertes de rendements dues aux criquets pèlerins ainsi que les résultats partiels de l’enquête annuelle de prévision et d’estimation des récoltes fournis par le Ministère du développement agricole, la Mission a obtenu des prévisions provisoires de 2 590 000 tonnes de mil et sorgho pour 2004, ce qui impliquerait un recul de 26 pour cent par rapport à 2003, et de 11 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Pour toutes les céréales confondues, la production 2004 s’établit à 2 651 571 tonnes. La Figure 4 montre ce niveau de production céréalière et en donne l’évolution récente durant la période 1999-2003.
Mais, sur la base des résultats de l’enquête annuelle de prévision et d’estimation des récoltes obtenus fin octobre 2004 après le départ de la Mission du Niger, le Ministère du développement agricole estime la production céréalière pour 2004 à 3 139 190 tonnes comprenant non seulement le mil (2 355 760 tonnes) et le sorgho (687 222 tonnes), mais également le riz (78 099 tonnes), le maïs (8 322 tonnes), le fonio (787 tonnes) et le blé (9 000 tonnes). Ce chiffre correspond davantage aux premières estimations de la Mission faites sur l’hypothèse de l’arrêt des pluies le 15 septembre qui ne tient pas compte de l’effet criquet et n’intègre pas non plus les autres céréales, lesquelles totalisent 97 208 tonnes.
Après déduction des pertes et semences, la production céréalière nette estimée par le Ministère s’établit à 2 594 957 tonnes.
La mauvaise répartition des pluies a largement affecté la capacité de charge ainsi que la durée de croissance active de l’herbe. C’est ainsi que plusieurs pâturages de la région de Tahoua où le mois de juillet a été particulièrement sec ont souffert de la sécheresse et se sont fortement dégradés. De plus, l’insuffisance des pluies durant juillet et août n’a pas permis le remplissage correct des mares qui servent de points d’abreuvements du bétail.
A partir du mois d’août, les bandes larvaires et les essaims de criquets pèlerins ont contribué à dégrader davantage les pâturages. Le déficit fourrager qui en découle a été accentué par l’arrêt brutal des pluies en début septembre alors qu’en année normale il pleut jusqu’à fin septembre. Ainsi, la Mission estime le déficit fourrager à environ 5 millions de tonnes de matière sèche sur des besoins équivalent à 11 millions de tonnes.
Cette situation déséquilibre le bilan alimentaire du cheptel et entraîne un départ précoce en transhumance vers le sud du pays où les récoltes ne sont pas encore terminées. C’est là une source potentielle de conflits entre les éleveurs contraints à migrer précocement et les agriculteurs contraints à les accueillir. Cette situation conflictuelle mérite d’être suivie de plus prés par les autorités du pays et leurs partenaires au développement.
Grâce aux bonnes récoltes enregistrées pendant la campagne agricole 2003/04, les prix des principales céréales locales –mil et sorgho- ont connu leur niveau le plus bas d’octobre 2003 à septembre 2004 par rapport à la même période des trois années précédentes, et malgré des hausses observées en 2004. En effet, les prix ont varié de 109 FCFA/KG à 147 FCA/kg pour le mil et de 96 FCFA à 136 FCFA/kg pour le sorgho entre octobre 2003 et juillet 2004, ce qui représentait cependant une baisse moyenne de 24 pour cent et de 11 pour cent respectivement par rapport à la période correspondante en 2003. Cette hausse des prix était somme toute normale, car intervenant en période de soudure. Les prix ont quelque peu fléchi vers septembre 2004, comme le montre les figures ci-après.
Source: Ministère du développement agricole, Service des statistiques.
Mais déjà en octobre, la Mission a constaté dans les régions visitées que la pénurie anticipée des céréales et des fourrages du fait de la sécheresse et de l’invasion acridienne entraînait la hausse des prix du mil et des céréales en général, par rapport aux trois derniers mois et à la même période en 2003, et par rapport à septembre 2004. Ainsi, au marché de Ouallam (région de Tillabéri), le mil en provenance du Mali se vendait à 140 FCFA/kg, contre 85-90 FCFA/kg en 2003 à la période correspondante; à Sanam (Département de Fillingué), le mil local coûtait 160 FCFA/kg contre 125 FCFA/kg en 2003. À Tera, le mil local se vendait à 135-150 FCFA/kg contre 80 FCFA/kg en 2003 et 90-100 FCFA/kg en année normale. Au marché de Niamey, les négociants grossistes ont déclaré ne pouvoir pratiquement pas trouver le mil local de 2004 à leurs zones d’approvisionnement habituelles, particulièrement Tera, Zinder et Maradi. Le peu de mil qu’on trouvait sur le marché provenait du Mali et du Nigéria et se vendait à 125 FCFA/kg contre 100-110 FCFA en septembre.
Le prix du bétail, quant à lui, évoluait de façon inverse, accusant souvent de fortes baisses par rapport aux périodes de référence. Ainsi au marché de Ouallam, un mouton moyen se vendait à 10 000 FCFA contre 17 000 FCFA en septembre; au marché de Doungourou (préfecture de Tera) un taureau qui se vendait à 200 000 FCFA en août s’offrait pour seulement 150 000 FCFA en octobre. À Niamey, le mouton de 17 000 FCFA en octobre 2004 était environ 50 pour cent moins cher à la même période en 2003, et le taureau de 125 000 FCFA avait perdu en moyenne 25 pour cent de sa valeur marchande du mois d’août 2004.
La vente du bétail à des prix de détresse est le fait non seulement de la pénurie anticipée des fourrages, mais également de la nécessité des ménages à se procurer de l’argent pour reconstituer leur réserves de céréales (ce qui accentue la hausse des prix) et/ou pour pouvoir émigrer temporairement vers les pays côtiers, processus enclenché très précocement de même que la transhumance dont l’ampleur et les conséquences inquiètent singulièrement les autorités locales.
Il convient de souligner que les populations dont la sécurité alimentaire est fragilisée par la pénurie des céréales et des ressources fourragères se trouvent, pour l’essentiel, dans des zones où le Ministère du développement agricole a identifié 3 334 villages (contre 1 496 en 2003) considérés comme déficitaires/vulnérables. Ces villages ont souffert des retards de semis, de vents de sable, d’attaques parasitaires, de ruptures de précipitations et de l’invasion acridienne. Ces villages, qui comptent au total quelque 3 millions d’habitants, sont situés pour l’essentiel dans les zones agro-pastorale et septentrionale du pays, c’est-à-dire les parties durement affectées par le déficit pluviométrique et l’invasion acridienne comme indiqué plus haut.
4.2 Bilan céréalier 2004/05
Les prévisions relatives à l’offre et à la demande des céréales en 2004/05 sont fondées sur les hypothèses suivantes:
La population du Niger a été estimée à 10 902 668 au 30 avril 2003. D’après les projections des services statistiques, elle serait de 11 207 936 habitants en 2004 et atteindrait environ 12 162 000 au 30 avril 2005.
On retiendra en 2004/05 comme consommation annuelle par habitant et pour chaque céréale considérée, la consommation apparente moyenne des 5 dernières années (1999/00 –2003/04) qui s’établit comme suit: blé: 5 kg, riz: 15,5 kg, céréales secondaires dont maïs: 14 kg; mil: 182 kg; sorgho: 43 kg, soit un total de 239 kg les céréales secondaires. Ces chiffres sont proches des estimations de l’Enquête Budget et Consommation effectuée par le Gouvernement en 1989-90 pour la phase urbaine et en 1992-93 pour la phase rurale. Selon cette enquête, les Nigériens consomment en moyenne 289 kg de céréales par tête en milieu rural et 233 kg en milieu urbain.
La production brute de céréales sèches (céréales secondaires) est réduite de 15 pour cent, attribuables aux pertes, semences et alimentation du bétail. Ainsi, pour la production brute de céréales secondaires estimée à 3 052 891 tonnes en 2004, on obtient une disponibilité nette de 2 594 957 pour la consommation humaine. S’agissant du riz, les déductions pour pertes et semences sont de 15 pour cent et le taux d’usinage est de 70 pour cent.
Il est reconnu qu’au Niger comme dans la plupart des pays de la sous-région, les stocks des denrées alimentaires sont difficiles à évaluer. La mission suppose que le niveau des stocks ne changera pas de manière significative entre le début et la fin de l’année commerciale.
De même, les exportations/importations des céréales secondaires sont difficiles à cerner. Elles font l’objet du commerce frontalier essentiellement informel avec les pays voisins, notamment le Nigéria et le Mali.
Riz | Blé |
Céréales secondaires |
Total céréales |
|
DISPONIBILITÉS | 50,76 | 5,85 | 2 594,96 | 2 651,57 |
Variation de stocks | - | - | - | - |
Production nationale nette | 50,76 | 5,85 | 2 594,96 | 2 651,57 |
UTILISATION | 188,51 | 62,03 | 2 906,12 | 3 156,66 |
Consommation humaine | 188,51 | 62,03 | 2 906,12 | 3 156,66 |
BESOINS D’IMPORTATION | 137,75 | 56,18 | 311,16 | 505,09 |
Importations commerciales | 125 | 43 | 58,74 | 226,74 |
Déficit à combler | 12,75 | 13,18 | 252,42 | 278,35 |
dernièrères années, ce qui pourrait conduire à des resultats différents de ceux du CILSS qui utilise des normes de
consommation fixes.
Ainsi donc, le déficit céréalier prévisionnel pour 2004/05, hors importations commerciales, s’établit à 278 350 tonnes, soit environ 9 pour cent des besoins nationaux. Ce déficit devra être couvert grâce aux interventions des pouvoirs publics et de leurs partenaires au développement. Si ce déficit ne paraît pas énorme au niveau national, il ne doit pas occulter l’extrême vulnérabilité alimentaire à laquelle sont désormais exposées, du fait de la sécheresse et de l’invasion acridienne, plus de 3 millions de personnes dans quelque 3 000 villages situés notamment dans la zone agro-pastorale du centre et du nord du pays.
Comme il a été signalé, ces populations vulnérables anticipant une grave pénurie des pâturages, ont adopté très précocement des stratégies d’adaptation, dont certaines pourraient être préjudiciables à la paix sociale et au développement à moyen et long terme. Ces stratégies concernent, entre autres, la transhumance précoce avec le risque que le bétail envahisse les zones de cultures où les récoltes seraient encore sur pied, le déstockage des animaux vendus à vil prix, et la coupe excessive de bois comme source alternative de revenu avec pour conséquence l’accélération de la désertification.
Tahoua et Tillabéry sont les régions les plus affectées par la sécheresse et les criquets.
La région de Tahoua est à vocation agro-pastorale; l'agriculture est pratiquée par plus de 80 pour cent de la population. Le potentiel productif agricole est estimé à 2 292 492 ha cultivables dont 1 927 578 ha exploités (soit 85 pour cent de la superficie totale). La superficie cultivée augmente en moyenne de 560 080 ha soit un rythme d'accroissement annuel de l'ordre de 93 350 ha. Le système de culture est dominé par la persistance des pratiques cultures traditionnelles. En culture pluviale on distingue principalement le mil, le sorgho, le niébé, l’arachide, le coton, le gombo, le maïs et le riz. En cultures de contre-saison, il faut distinguer les cultures de décrue (patate douce, dolique, niébé, courge, tournesol) des cultures irriguées (oignon, blé, chou, laitue, carotte, gombo, piment, poivron). Il faut signaler que certains déficits céréaliers trop prononcés se sont soldés par des famines et crises alimentaires aigues. Ces déficits sont dus principalement aux insuffisances et à la mauvaise répartition spatio-temporelle des précipitations; à la dégradation des ressources naturelles, à l'accroissement démographique et aux pertes occasionnées par les ennemis des cultures.
L'élevage représente, après l'agriculture, la deuxième activité économique de la région. Il constitue l’activité dominante dans la zone nord et est associé à l'agriculture dans les autres zones agro-écologiques. La zone pastorale couvre les deux tiers de la région et les éleveurs représentent 20 pour cent de la population totale. L'élevage, à l'instar de l'agriculture, reste encore une activité précaire en raison des incertitudes climatiques et de la dégradation des ressources naturelles.
A Tillabéri, l’agriculture et l’élevage représentent les deux principales activités économiques de la région. Les superficies cultivables sont estimées à 4 484 901 ha dont 1 052 913 ha sont cultivés. L’agriculture sous pluie est actuellement la base de la production agricole (mil, sorgho, niébé, etc.); les cultures irriguées concerne principalement la riziculture pratiquée par la population riveraine du fleuve et des périmètres aménagés par l’Etat. Les cultures de contre-saison occupent de plus en plus les femmes. Depuis les perturbations dues aux sécheresses, l’élevage en crise a développé des problèmes de coexistence entre éleveurs et agriculteurs. Avec le niveau actuel de reconstitution du cheptel, l’élevage est en train de devenir la principale activité de la population.
Dans ces deux régions qui sont les plus frappées par la sécheresse et l’infestation acridienne, la situation de la vulnérabilité structurelle se présente comme suit:
Les ménages moyennement vulnérables: ce sont les plus aisés des villages, ils détiennent beaucoup de terres et ont une production agricole suffisante pour un an et ont la capacité d’acheter la main d’œuvre salariée. Leur cheptel est composé de gros ruminants, petits ruminants et volaille. Ils couvrent entièrement leurs besoins sociaux et apportent leur aide social aux plus démunis.
Les ménages vulnérables: ce sont les ménages autosuffisants dans la plupart des cas (7 à 10 mois de disponibilité de la production agricole) et peuvent acheter les céréales pour compléter les déficits. Le cheptel est composé en majorité de petits ruminants et de la volaille ; les besoins sociaux de leur famille sont satisfaits. Ils vont en exode et exercent des activités de détaillant.
Les ménages très vulnérables: ce sont le plus souvent des ménages qui sont dans une situation très précaire la majorité du temps. Ils possèdent des terres réduites et peu fertiles et la production agricole n’atteint pas la période de soudure (couverture de 3 à 5 mois). Ils vendent systématiquement leur force de travail et sollicitent souvent une aide extérieure. L’exode est en général une issue de survie où ils exercent tous les travaux physiques.
Tableau 6. Situation de la vulnérabilité
Statut socio- économique |
Production agricole (%) |
Production animale (%) |
Revenu de l’exode (%) |
Revenu des AGR (%) |
Revenu total (%) |
|||||
Tillabéri | Tahoua | Tillabéri | Tahoua | Tillabéri | Tahoua | Tillabéri | Tahoua | Tillabéri | Tahoua | |
Très vulnérable | 23 | 48 | 32 | 16 | 7 | 11 | 38 | 25 | 100 | 100 |
Vulnérable | 18 | 45 | 58 | 26 | 4 | 6 | 20 | 23 | 100 | 100 |
Moyenne et vulnérable | 10 | 42 | 75 | 34 | 2 | 7 | 13 | 17 | 100 | 100 |
Total | 15 | 40 | 56 | 31 | 4 | 9 | 25 | 21 | 100 | 100 |
On constate globale que les activités primaires, agriculture et élevage, plus de 85 pour cent des revenus des ménages.
Dans la région de Tillabéri (le nord des département de Ouallam, Filingué et Téra) plusieurs indicateurs de crise sont déjà signalés:
hausse du prix du mil
départs précoces des migrants
taux élevés de présentation du bétail sur les principaux marchés
transhumance précoce
Dans les zones agropastorales et pastorales au Nord des régions de Maradi et de Zinder on note:
la dégradation des termes de l’échange s’est associée à l’insuffisance de lait, des feuilles sauvages pour l’alimentation
un nombre très élevé de villages confrontés à des déficits de production et des populations soumises à l’insécurité alimentaire
un niveau d’insécurité alimentaire déjà extrême dans des localités de Dakoro et Tanout se traduisant par une dégradation des conditions d’alimentation des ménages et du bétail et par des départs massifs et précoces en exode.
La situation est quasi similaire pour les départements de nord Tahoua (Tous les départements de Tahoua, Tchinta, Abalak et Illéla, le nord des départements de Kéita et de Bouza). On observe dans ces zones:
des hausses du prix du mil
l’absence du nouveau mil sur les principaux marchés
des départs précoces des migrants
des taux élevés de présentation du bétail sur les principaux marchés
une transhumance précoce
une dégradation des termes de l’échange au détriment des agro pasteurs
Dans la région de Tillabéri, le nombre de villages déficitaires est de 497 sur les 1 209 (soit 41,1 pour cent) que compte les zones affectées par la sécheresse et les criquets. La population à risque est de 681 638 personnes. Parmi cette population, environ 45 pour cent ont de bonnes capacités à faire aux risques. La population vulnérable est donc d’environ 55 pour cent de la population à risque. Les départements de Tillabéri et de Téra sont les plus affectés.
Département | Nombre de villages | Population | |||
Total |
Avec un déficit sévère |
Totale |
Population à risque |
% population avec déficit |
|
Ouallam | 275 | 82 | 297 186 | 88 000 | 30 |
Filingue | 460 | 217 | 446 877 | 210 000 1/ | 47 |
Tera | 313 | 90 | 461 159 | 228 775 | 50 |
Tillabéri | 161 | 108 | 245 984 | 154 863 | 63 |
Total affecté | 1 209 | 497 | 1 451 206 | 681 638 | 47 |
Total Tillabéri | 497 | 2 067 625 | 681 638 | 33 |
Les départements de Say et de Kollo présentent des situations assez bonnes. Les quelques villages déficitaires qui y sont baignent dans un environnement globalement favorable.
La région de Tahoua est sans doute la région la plus affectée, en dépit du fait que son déficit est des plus faibles. Cette situation est due au fait que la région compte 6 départements déficitaires (contre 4 à Tillabéri, 1 à Maradi et 1 à Zinder) dont 4 très affectés par la sécheresse et le péril acridien (Tahoua département, Illéla, Tchinta Baraden et Abalak).
Si on exclu les départements de Birni N’Konni et Madaoua où seules leurs franges extrêmes nord sont affectées par la sécheresse et le péril acridien, le reste de la région compte 602 160 personnes à risque dont près de 415 490 vulnérables, soit 15,5 pour cent de la population totale de la région.
Département |
Production céréales |
Villages | Population | |||
total | à risque | totale | à risque | vulnérable | ||
Tahoua Départ | 42 047 | 196 | 74 | 378 280 | 142 820 | 98 546 |
Konni | 151 554 | 220 | 16 | 424 600 | 30 880 | 21 307 |
Bouza | 61 045 | 192 | 51 | 370 560 | 98 430 | 67 917 |
Illéla | 44 996 | 164 | 84 | 316 520 | 162 120 | 111 863 |
Kéita | 58 423 | 204 | 56 | 393 720 | 108 080 | 74 575 |
Madaoua | 154 872 | 330 | 81 | 636 900 | 156 330 | 107 868 |
Tchinta - Abalak | 3 315 | 86 | 47 | 165 980 | 90 710 | 62 590 |
Total Tahoua | 516 252 | 1 392 | 409 | 2 686 560 | 789 370 | 544 665 |
Les départements de Dakoro et de Tanout comptent 10 cantons à risque, soit 401 villages et une population estimée à 176 381 personnes.
Département | Cantons | Total villages | Villages à risque |
Populations touchées |
Dakoro | 6 | 611 | 179 | 56 021 |
Tanout | 4 | n.d. | 222 | 122 361 |
Ensemble | 10 | 401 | 178 381 |
Dans les zones affectées par la sécheresse et le péril acridien du Niger, 1 210 villages sont classés villages à risque avec une population de près de 1 460 179 habitants.
Sur la base des données fournies par le SAP, la Gouvernement, avec le soutien de ses partenaires, a d’ores et déjà organisé une opération «vente de céréales à prix modéré» dans 526 villages totalisant 461 308 personnes. Des travaux à haute intensité de main d’œuvre et des soutiens aux banques céréalières villageoises sont également prévus.
Le stock national de réserve (SNR) dispose actuellement de 16 000 tonnes de céréales et le Fonds de sécurité alimentaire (FSA) dispose de 2 milliards de Francs CFA équivalent à 16 000 tonnes de céréales environ ce qui est relativement modeste quand on sait que le Niger consomme mensuellement 240 000 tonnes de céréales.
Pour 2004, en matière d’aide alimentaire au Niger, l’Union Européenne a engagé 3,5 millions d’Euros, la France 1,5 millions d’Euros et le programme 2004-2007 du PAM prévoit l’achat local de 56 000 tonnes (36 millions de $EU).
Les intrants d’élevage (son de blé, graines de coton, pierres à lécher et vaccins) qui devaient être distribués par la FAO en 2003 (TCP/NER/2906 d’un montant de 366 000 $ EU) pour venir en aide aux éleveurs touchés par la sécheresse de 2002, viennent seulement d’être acquis. Leur mise en place dans les régions est en cours et les distributions vont être faites incessamment.
Le Comité national de suivi envisage une réunion des bailleurs de fonds dans les jours à venir. Les Agences onusiennes au Niger s’apprête à élaborer un Plan de contingence, prélude à un éventuel Appel consolidé.
Globalement 16 départements, sur les 35 que compte le pays, sont dans une situation de vulnérabilité alimentaire avérée.
En complément aux aides alimentaires qui vont être apportées (ventes à prix modérées, «vivres contre travail», cantines scolaires), une aide agricole d’urgence s’impose dans la mesure où la grande majorité des ménages qui vont bénéficier de cette aide alimentaire sont des agriculteurs ou des éleveurs qui cherchent à améliorer leurs ressources durant la contre-saison, à mieux nourrir leur cheptel durant la saison sèche et à avoir accès aux semences pour la prochaine campagne agricole. L’appui apporté doit ainsi avoir un impact direct sur le relèvement des ressources de ménages, sur la sauvegarde du bétail et sur un meilleur accès aux semences. Ces interventions visent in fine à une amélioration des ressources des ménages durant la saison sèche, à une augmentation de la production vivrière et une réduction du déficit alimentaire.
La saison agricole 2004 s’achève sur déficit vivrier au niveau national. Ce déficit est particulièrement aigu dans 16 départements nigériens. Face à cette situation, un grand nombre de ménages ne disposent plus de stocks alimentaires pour assurer leur survie jusqu’aux prochaines récoltes de 2005. Ces ménages sont condamnés à un exode temporaire dans les pays côtiers beaucoup plus précoce et plus long que d’habitude. Dans les situations extrêmes, toute la famille, et non pas les seuls hommes actifs, s’exile. Pour les enfants et les personnes fragiles, cet exode forcé est souvent un voyage sans retour. Les activités de saison sèche sur place sont donc intensément recherchées. L’Etat programme déjà des travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO) avec distribution de rations alimentaires. Dans ce contexte, la pratique de cultures de contre-saison, dans les zones bénéficiant d’aménagements le long du fleuve Niger ou aux abords des mares permanentes, constitue une activité des plus intéressantes par les apports alimentaires et monétaires qu’elle génère.
Au niveau national, les semences des cultures de contre-saison sont disponibles mais les ménages les plus affectés par le déficit vivrier ne disposent plus de ressources financières suffisantes pour les acquérir. Une distribution de ces semences et des outils de maraîchage facilitera cette activité de production.
La FAO achètera les intrants et assurera leur mise en place auprès des bénéficiaires au travers du réseau des 170 Boutiques d’intrants réparties dans le pays et recevant le support du Projet FAO GCP/NER/041/BEL ou au travers des Banques céréalières. Ces Boutiques et ces Banques céréalières, gérées par les producteurs ruraux eux-mêmes, travailleront en étroite collaboration avec les services techniques du Ministère du développement agricole. Elles recevront les intrants et les distribueront gratuitement aux agriculteurs.
Une aide, sous forme de «vivres contre travail» sera prévue pour la remise en état des puisards.
Type d'intrant |
Quantité/exploitant (kg) |
Nombre d'exploitants |
Quantité (kg ou unité) |
Coût total ($EU) |
Semences de tomate | 0.01 | 4 000 | 40 | 377 |
Semences de choux | 0.02 | 4 000 | 80 | 1 509 |
Semences de laitue | 0.005 | 4 000 | 20 | 189 |
Semences de poivron | 0.03 | 4 000 | 120 | 679 |
Semences d'oignon | 0.02 | 4 000 | 80 | 755 |
Semences de niébé | 2 | 4 000 | 8 000 | 3 019 |
Semences de dolique | 1 | 4 000 | 4 000 | 3 019 |
Arrosoir | 1 | 20 000 | 20 000 | 113 208 |
Râteau | 1 | 20 000 | 20 000 | 56 604 |
Pioche | 1 | 20 000 | 20 000 | 94 340 |
Binette | 1 | 20 000 | 20 000 | 18 868 |
Total | 292 566 |
Fourniture d'intrants pour les cultures de contre-saison
Désignation | $EU |
Intrants agricoles | 292 566 |
Personnel | 30 000 |
Formation | 10 000 |
Frais généraux de fonctionnement | 25 000 |
Frais directs de fonctionnement | 23 242 |
Total | 357 566 |
Le déficit fourrager du à l’action combinée de la sécheresse et des criquets est estimé à 5 millions de tonnes de matière sèche correspondant à 46 pour cent des besoins alimentaires des 6,5 millions d’Unités de Bétail Tropical (UBT) pour les 9 mois de saison sèche à venir. Environ la moitié des effectifs part en transhumance à l’extérieur du pays et l’aide sera destinée en priorité aux femelles reproductrices en production représentant 24 pour cent des effectifs soit 420 000 UBT. A raison de 2 kg/jour/UBT d’aliments complémentaires durant les 3 derniers mois de la saison sèche, l’apport requit est estimé à 76 000 tonnes environ.
L’Etat et ses partenaires de développement fourniront une grande partie de ces aliments. La proposition concerne une contribution de 7 766 tonnes d’une valeur globale de 1,7 millions de $ EU.
La FAO achètera les intrants et les mettra à la disposition du réseau des Boutiques d’intrants et des Banques céréalières. La gestion de ces intrants sera assurée par les communautés bénéficiaires au travers de ces réseaux et se fera sous la supervision du Ministère des ressources animales.
Les aliments complémentaires ne seront pas distribués gratuitement mais seront vendus, selon un système bien rodé au Niger, à des prix modérés par rapport aux prix du marché. Ces ventes alimenteront les fonds de roulement constitués au niveau des Boutiques d’intrants ou des Banques céréalières pour faire face à ce genre de situation.
Type d'intrant |
Nombre d'éleveurs |
Quantité par éleveur (kg) |
Quantité (tonnes) |
Coût total ($EU) |
Son de blé | 5 997 | 420 | 2 519 | 402 972 |
Graines de coton ou | 2 998 | 840 | 2 519 | 705 201 |
Tourteaux de coton | 2 998 | 840 | 2 519 | 302 229 |
Pierres à lécher | 5 997 | 35 | 210 | 335 810 |
Total | 7 766 | 1 746 212 |
Fourniture d'aliments du bétail
Désignation | $EU |
Aliments du bétail | 1 746 212 |
Personnel | 100 000 |
Formation | 30 000 |
Frais généraux de fonctionnement | 150 000 |
Frais directs de fonctionnement | 131 704 |
Total | 2 026 212 |
Le déficit vivrier de la campagne agricole 2004 provoque une situation économique difficile pour un grand nombre de ménages ruraux. Ces ménages réagissent par un exode précoce dans les pays côtiers, par la recherche d’emplois temporaires, par une cueillette de plantes et fruits sauvages et par la vente des animaux. L’Etat, de son côté, met à la disposition des populations affectées, des vivres et des aliments pour le bétail à des prix modérés. Au niveau national, pour la prochaine campagne agricole devant démarrer en mai 2005, les semences sont disponibles mais pour les ménages les plus affectés par les chutes de production en 2004, l’accès à ces semences constitue un réel problème. Pour faciliter cet accès et permettre aux ménages les plus vulnérables une conduite normale de la prochaine campagne agricole, la fourniture gratuite des semences essentielles est requise.
La FAO achètera les intrants et assurera leur mise en place auprès des bénéficiaires au travers du réseau des 170 Boutiques d’intrants réparties dans le pays et recevant le support du Projet FAO GCP/NER/041/BEL ou au travers des Banques céréalières. Ces structures villageoises, gérées par les producteurs ruraux eux-mêmes, travailleront en étroite collaboration avec les services techniques du Ministère du développement agricole. Elles recevront les intrants et les distribueront gratuitement aux agriculteurs.
Type d'intrant |
Quantité/ exploitant (kg) |
Nombre d'exploitants |
Quantité (tonnes) |
Coût total ($EU) |
Semences de mil | 10 | 100 000 | 1 000 | 377 358 |
Semences de sorgho | 10 | 30 000 | 300 | 113 208 |
Semences de niébé | 10 | 100 000 | 1 000 | 377 358 |
Total | 867 925 |
Fourniture de semences vivrières
Désignation | $EU |
Semences vivrières | 867 925 |
Personnel | 40 000 |
Formation | 10 000 |
Frais généraux de fonctionnement | 40 000 |
Frais directs de fonctionnement | 62 265 |
Total | 957 925 |
Le présent rapport a été établi par B. Badjeck, T. Ameziane el Hassani, J.F. Gascon, R. Marsili et Birane Wane, sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'informations le cas échéant. |
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Henri Josserand Chef, SMIAR, FAO, Rome Télécopie: 0039-06-5705-4495 Mél: [email protected] |
Mustapha Darboe Directeur régional, ODD, PAM Télécopie: 0022-1-8423-5632 Mél: [email protected] |
Veuillez noter qu'il est possible d'obtenir le présent Rapport spécial sur le site Internet de la FAO (www.fao.org) à l'adresse suivante: http://www.fao.org/giews/ Il est également possible de recevoir automatiquement, par messagerie électronique, les Alertes spéciales et les Rapports spéciaux, dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. À cette fin, veuillez envoyer un message électronique à l'adresse suivante: [email protected] sans rien écrire dans la ligne "sujet" et en indiquant le message suivant: subscribe SMIARAlertes-L Pour être rayé de la liste, envoyer le message: unsubscribe SMIARAlertes-L Veuillez aussi noter qu’il est possible de s’inscrire à des listes régionales pour recevoir des rapports spéciaux par région : Afrique, Asie, Europe, Amérique latine (GIEWSAlertsAfrica-L, GIEWSAlertsAsia-L, GIEWSAlertsEurope-L et GIEWSAlertsLA-L). Vous pouvez vous inscrire à ces listes de la même façon que pour la liste mondiale. |