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Efforts de suivi et d'entretien des bovins de trait dans le département de l'Atacora, Bénin


Résumé
Introduction
Approvisionnement des animaux de trait
Alimentation et suivi zootechniques
Conclusion
Abstract


Senou Jean Kokoye*

(* Centre d'Action Régional pour le Développement Rural de l'Atacora, BP 32, Natitingou, Bénin)

Résumé

L'énergie animale essentiellement utilisée pour la mécanisation de l'agriculture dans le Département de l'Atacora est celle des bovins. Depuis l'introduction de cette forme d'utilisation d'énergie animale à des fins agricoles l'on assiste de plus en plus à la maîtrise des problèmes liés aux races disponibles, à leur approvisionnement et à la mise au point de techniques de dressage adéquat. Grâce aux organismes d'intervention et aux différents projets en cours d'exécution, un système d'encadrement plus adapté a été mis sur pied et devra permettre à court ou à moyen terme, une formation progressive des paysans à, une maîtrise des différents aspects de la conduite des animaux, une meilleure alimentation, un bon entretien, un suivi sanitaire adéquat, une utilisation rationnelle des animaux pour toutes les opérations culturales (labour, buttage, semis, sarclage, récolte, transport), une bonne réforme des animaux en fin de carrière.

Les taurillons utilisés sont disponibles aussi bien au niveau des troupeaux d'élevage traditionnel que des marchés à bétail du département. En 1988 sur 1180 nouvelles paires introduites, environ 10% ont été acquis grâce au crédit Paire de Boeufs. Le nombre d'exploitations équipées reste encore faible et le système actuel de crédit doit être revu dans le sens d'une plus grande efficacité.

Quelques résultats assez satisfaisants sont déjà obtenus, mais les actions doivent se poursuivre avec plus de réalisme et de dynamisme de la part des différents organismes d'intervention et d'encadrement sur le terrain.

Introduction

Le République du Bénin est administrativement divisée en 6 départements qui sont: l'Atacora, l'Atlantique, le Borgou, le Mono, l'Ouémé et le Zou. Le Département de l'Atacora, situé au nord-ouest couvre une superficie de 31,200 km2 avec une population de 579,000 habitants est composée d'une trentaine d'ethnies qui réagissent différemment face à l'utilisation de l'énergie animale (bovine) pour la mécanisation agricole. Cette différence d'acceptation varie également d'une zone agricole à l'autre en fonction des spéculations dominantes (zone cotonnière, zone de cultures vivrières et arachidière) et de la nature des sols.

Approvisionnement des animaux de trait

Espèces et marchés à bétail

L'espèce utilisée pour la traction animale (TA) jusqu'à ce jour dans le Département de l'Atacora est l'espèce bovine au nombre duquel on distingue les races suivantes:

· Borgou
· Borgou × Zébu (Zébu sahélien)
· Borgou × Somba
· Somba

Les races Borgou et Somba sont des taurins; les Somba sont naines, de poids vif moyen inférieur à 160 kg (2 à 3 ans) rencontrées surtout dans la Sous-préfecture de Boukombé; elles sont trypanotolérantes et utilisées rarement pour la traction, n'étant en mesure d'accomplir que des travaux légers.

La race Borgou et les métis Borgou × Zébu et Borgou × Somba ont un poids qui varie de 180 à 220 kg (2 à 3 ans) et présentent beaucoup d'intérêt pour la diffusion de la culture attelée.

Tableau 1. Caractéristiques des Exploitations (Décembre 1988).

Légende

Sous-Préfect. et Circons. Urbaines

= Sous-Préfectures et Circonscriptions

Population totale

= Population totale

Population A.G.

= Population Active Agricole

Nomb. d'Exploit.

= Nombre d'Exploitants

Superf. Cultiv.

= Superficie Cultivée

Superf. T.A.

= Superficie Cultivée à la Traction

Eff. Bov.

= Effectif Bovin

Eff. Pair. Boeuf.

= Effectif des Bovins de Trait (Paires de B)

% Moy. Expl. Equip.

= % Moyen d'Exploitations Equipées

Tableau 2. Situation du crédit 'Equipement Paires de boeufs' au 31.12.89.

Années

Montant Octroyé de Boeufs

Nombre de Paires de Boeufs

Montant à Rembourser

1979/80

4,200,000

46

5,648,040

1980/81

660,000

7

852,846

1981/82

-

-

-

1982/83

9,496,250

105

13,198,280

1983/84

3,400,000

37

4,252,850

1984/85

-

-

-

1985/86

4,477,000

47

5,614,158

1986/87

5,450,000

57

8,822,970

1987/88

11,044,005

116

14,633,078

Total

38,727,255

415

51,022,222

Les animaux sont disponibles dans toutes les Sous-préfectures, mais beaucoup plus à Matéri, Kérou, Péhunco, Kouandé, Djougou et Ouaké. Trois grands marchés à bétail alimentent le Département en taurillons. Il s'agit de:

· marché de Kolokondé, dans la Sous-préfecture de Djougou, à 25 kms du chef-lieu et qui s'anime tous les 4 jours

· marché de Madjatum dans la Sous-préfecture de Ouaké, à 10 kms du chef lieu et qui s'anime tous les 6 jours

· marché de Chabicouma dans la Sous-préfecture de Kouandé à 8 kms de l'axe international Djougou-Natitingou à 50 km environ du chef-lieu et qui s'anime tous les 4 jours.

Au niveau de ces marchés, les jeunes animaux (2 à 3 ans) sont disponibles et le prix varie de 35,000 à 40,000 FCFA. L'agriculteur a également la possibilité de s'approvisionner directement auprès des éleveurs peulhs sans intermédiaires aux prix de 25,000 à 30,000 FCFA, ou d'opérer des retraits de son troupeaux s'il est propriétaire d'animaux confiés aux peulhs.

L'existence de ces marchés et des facilités d'approvisionnement direct constituent des atouts majeurs pour la diffusion et l'intensification de la traction bovine dans le Département.

Choix des animaux

Enfermement aux normes indiquées sur les fiches techniques élaborées et diffusées au niveau des paysans, le choix tient compte des caractères morphologiques (masses musculaires développées, poitrine ample et profonde, membres courts, puissants et bien d'aplomb, bon état de santé, onglons solides et caractère calme) et de la race.

Ces critères de choix sont déjà maîtrisés par certains groupes ethniques qui manifestent plus d'intérêts à la diffusion de la CA compte tenu de leur réceptivité, la spécificité de leur zone d'implantation, les spéculations dominantes.

Dans tout le Département les vaches ne sont pas encore utilisées pour la CA: c'est essentiellement des taurillons qui sont castrés, parce que les paysans recherchent souvent le calme et la docilité chez leur animal.

Les agents d'encadrement assistent souvent les paysans dans le choix de leur animal, en particulier ceux ayant bénéficié du crédit Paire de boeufs.

Crédit paires de boeufs

Compte tenu du modeste niveau financier moyen des exploitations agricoles en Afrique occidentale, le crédit est souvent apparu comme un facteur nécessaire au lancement de la TA. Ainsi dans le cadre de la promotion de la TA dans le Département, il a été mis au point un système de crédit pour l'acquisition des bovins de trait. Ce crédit intitulé 'Crédit Equipement Paires de Boeufs' et octroye par la Caisse Régionale de Crédit Agricole (CRCAM), a démarré en 1979 et a permis jusqu'en 1988 d'acheter 415 paires de boeufs (Tableau no. 2). Les modalités d'octroi du crédit sont les suivantes:

· existence d'une structure pré-coopérative ou coopérative datant d'au moins 2 ans;
· ne pas devoir aux organismes d'encadrement et de financement par rapport à la campagne écoulée;
· niveau des réalisations à la culture manuelle et prévisions pour la campagne agricole à venir.

C'est un crédit à court terme remboursable en 3 ans avec une année de différé, sans accompte, au taux d'intérêt de 10%.

Compte tenu des difficultés enregistrées dans le recouvrement de ces créances sur les 10 années qu'ont duré cette expérience et tenant compte du fait que dans la plupart des ethnies, un adulte a souvent quelques têtes de bovins qu'il confie aux peulhs, on assiste à une réorientation de l'appui financier. Un effort de participation est demandé au paysan par la constitution de sa paire de boeufs; le crédit est alors essentiellement constitué par le matériel de traction (charrues, corps buteurs, canadiens, charrettes, parfois semoirs et souleveuses); c'est le cas par exemple des crédits équipements du Carder, du projet Acord de Matéri, le Centre de Promotion Rural de Tempégré (Toucountouna), le Projet Intégré de Pehunco et les interventions de l'AFVP à Aledjo (Bassila), Badjoudé (Ouaké), et Kotopounga à Natitingou.

Dressage

Période déterminante, le dressage conditionne l'efficacité des animaux pour la traction.

Harnachement

Le harnachement sert à transmettre sur l'outil de travail l'effort de traction développé par l'animal. Le type utilisé jusqu'à ce jour est le 'joug double' qui relie deux animaux. Il est de fabrication simple, locale et tient compte des principaux critères de qualité d'un joug. Le joug de garrot est le type de harnachement le plus répandu dans le Département parce que de manipulation plus facile aux yeux des paysans.

Méthode de Dressage

A l'introduction de la TA, les séances de formation se faisaient au centre de dressage de Sosso (Djougou). Mais au cours de la diffusion et surtout avec la démarrage du Projet de Développement Rural de l'Atacora, et d'autres organismes d'intervention, l'accent est de plus en plus mis sur le dressage en milieu paysan. La formation dure 2 à 3 semaines et outre le dressage des animaux, les paysans reçoivent des informations et des conseils pratiques sur:

· l'entretien des animaux
· leur alimentation
· les soins vétérinaires indispensables
· le matériel de CA et son utilisation
· le logement des animaux et l'utilisation du fumier.

Alimentation et suivi zootechniques

Disponibilités alimentaires et efforts d'amélioration

La base de l'alimentation des bovins de trait reste le pâturage naturel avec la particularité que pour une bonne gestion de leur carrière, il ne faudrait pas les laisser faire de longs parcours après leur journée de travail.

Ainsi les agro-éleveurs doivent surtout utiliser les pâturages naturels à proximité du village et des champs. Une meilleure utilisation des résidus de récolte (fanes d'arachide, de niébé et paille de riz) et des sous-produits agro-alimentaires (sons de mil, maïs, riz, sorgho et fonio, graines de coton, tourteaux d'arachide) s'impose et dans ce cadre l'encadrement apporte toutes les informations nécessaires au cible. Cependant le niveau d'assimilation reste encore faible compte tenus des résultats obtenus.

Dans le soucis d'améliorer la productivité du fourrage et des pâturages naturels et réduire le déficit alimentaire pendant la saison sèche, les actions suivantes sont en cours:

· Distribution et mise en terre des plants à but fourrager. Les plants sont produits au niveau des pépinières centrales des Projets Promotion de L'Elevage, Aménagement des bassins-versants, Plantations de bois à buts multiples (UNSO), et des pépinières villageoises gérées directement par les agro-éleveurs avec l'appui technique des Projets précités: ainsi 150,000 à 200,000 plants fourragers ont été produits et mis en terre au cours de la campagne 1988/1989.

· Installation des parcelles de production fourragère. Les essais fourragers démarrés au cours de la campagne 87/88 dans le cadre des activités du Projet Promotion de l'Elevage se sont poursuivis en 88/89 et 89/90. Au total 80 parcelles d'environ 10 ha de superficie dont 10 appartiennent aux propriétaires de bovins de trait ont été ensemencées. Les champs ont été ensemencés en parcelles pures et en association. Les espèces fourragères qui se sont bien comportées et qui seront vulgarisées les campagnes à venir sont: Penisetum purpureum, Panicum maximum, Cajanus cajan, Leucaena leucocephala, Stylosanthes hamata, Gliricidia sepium.

· Conservation des fourrages. Dans le cadre de la recherche de solutions en vue d'une utilisation plus rationnelle du surplus de production du pâturage naturel en saison pluvieuse pour l'alimentation du bétail en général et celles des animaux de trait en particulier, il a été organisé en 1988, des séances de démonstration sur les techniques d'ensilage dans toutes les sous-préfectures ou au total 15 silos fosses de volume total 114.5 m³ ont été réalisés pour ensiler 70 tonnes de madère verte (graminées essentiellement). Au vue des résultats assez satisfaisants obtenus et de l'intérêt accordé par les agro-éleveurs l'opération s'est poursuivie en 1989 ou 60 fosses de volume 450 m³ ont été réalisées pour ensiler 270 tonnes de matière verte (graminées essentiellement). Pour la réalisation du foin, des informations techniques sont portées à la connaissance des paysans sur les périodes de coupe en vue d'une valeur optimum du fourrage fauché et séché; les conditions de séchage et de stockage sont également précisées sur les fiches techniques.

· Complémentation minérale Les pierres à lécher (complexe minéral) en bloc de 5 kg sont disponibles et vendus aux paysans. La qualité consommée augmente d'année en année, mais reste encore faible par rapport à l'effectif de bovins de trait fonctionnel.

· Disponibilité en eau. Le problème d'abreuvement ne se pose pas avec acuité pour les bovins de trait. En dehors des points d'eau permanents et des mares temporaires, l'eau devient de plus en plus disponible grâce à une politique conséquent d'hydraulique pastorale en cours d'exécution par le projet Promotion de l'Elevage, le CARDER et autres organismes d'intervention par le forage des puits. Cependant le nombre d'ouvrages réalisés reste encore faibles.

Type d'élevage

La TA est un des éléments les plus perceptibles de l'intégration de l'élevage à l'agriculture. Les animaux devant être élevés en stabulation pendant toute l'année, l'encadrement veille à ce que les agro-éleveurs maîtrisent l'ensemble des techniques nécessaires à une bonne conduite, une alimentation adaptée, de meilleures conditions d'hygiène et de suivi sanitaire soit par manque de connaissance, soit à cause des contraintes peulhs pour la transhumance: ce qui pose des problèmes de maintien de la performance des animaux et de la faible utilisation de la fumure animale.

Production de fumier

La TA, en dehors de l'énergie animale utilisée, permet également la production de madère organique en vue d'une amélioration de la structure, la capacité de rétention de l'eau et la fertilité des sols. Ainsi l'accent est de pus en plus mis sur la construction d'abri classique ou sommaire, avec fosse pour la collecte et le stockage du fumier et du purin. Les agro-éleveurs pour la plupart commencent à connaître l'importance du fumier qui leur permettra de réduire considérablement les coûts de production s'il est stocké toute l'année.

Suivi Sanitaire

Au cours des années 1979 à 1983, la non-maîtrise des données sur les pathologies de bovine constituait un facteur limitant non moins majeur pour le développement de la TA dans le Département de l'Atacora. Mais avec les efforts de réorganisation des structures de l'élevage et le démarrage du Projet Promotion de l'Elevage en 1984, l'on assiste de plus en plus à une identification complète et à un contrôle des contraintes pathologiques.

L'application des mesures de prophylaxie et de soins collectifs et individuels tant au niveau des bovins d'élevage que de trait, permet d'assurer

· des vaccinations systématiques contre la peste, la pasteurellose, le charbon bactéridien
· le traitement de la trypanosomiase
· des déparasitages internes et externes périodiques
· des soins aux plaies et aux maladies de la peau.

L'apparition au cours de la présente campagne de la fièvre aphteuse risque de porter un frein à l'effort déployé dans le domaine de la TA si des mesures urgentes ne sont pas prises pour enrayer le mal.

Toutes les vaccinations et les traitements sont payes par les paysans. Mais au niveau des crédits Paires de Boeufs, compte tenu des problèmes de mortalité et des pertes par vol d'animaux enregistrés, il a été institué un contrat de service rendu de 3,000 FCFA par paire de boeufs et par an pour le suivi sanitaire et 10,000 FCFA par an et par paire pour le remplacement des animaux avant les 3 ans en cas de mortalité et après constat du service vétérinaire; tous ces frais sont prévus directement dans le montant du crédit.

Des séances d'information et de sensibilisation par diapositives en cours actuellement devraient permettre d'amener les utilisateurs de la TA à mieux cerner les problèmes d'hygiène et de soins préliminaires à donner aux animaux.

Conclusion

L'intensification de l'utilisation de l'énergie animale peut être envisagée dans le Département de l'Atacora à conditions que les actions en cours se poursuivent dans le sens d'une amélioration des aspects ci-après:

· Amélioration de la méthode de dressage par l'introduction du système de guidage à la voix.

· Renforcement et poursuite de la formation de l'encadrement - Poursuite de la formation des agro-éleveurs en vue d'une plus grande maîtrise de la conduite, de l'alimentation, de l'hygiène et des soins préliminaires, de l'utilisation du umier, d'une bonne gestion de la carrière et de la reforme des animaux pourra commercialisation.

Abstract

Since the introduction of animal traction in Atacora Department (provided mostly by bovines), CARDER (Centre d'Action Régional pour le Développement Rural de l'Atacora) has become increasingly involved in the problems of choosing suitable breeds and providing adequate feeding and training. Thanks to the extension services and various projects at preens under way, a more efficient training scheme has been undertaken which provides short and medium term training of farmers in, improved training of animals, better feeding, better husbandry, adequate health care, more rational use of animals for all types of cultivation, fattening animals at the end of their working life.

The bull calves used for traction are available from traditionally managed herds as well as from local markets. In 1988, 1180 new pairs of oxen started work of winch about 10% were obtained under the 'Pair of Oxen' credit scheme. The number of farms equipped so far is skill small and the present credit system should be reviewed and made more efficient. Some encouraging results have already been obtained but the present projects must be pursued with more realism and vigour by the extension and training services on the ground.


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