Au cours de cette deuxième étape, les Groupes de travail pluridisciplinaire (GTP) et les responsables du SISAAR devront procéder à une analyse exhaustive des informations disponibles dans tous les domaines de la sécurité alimentaire, ainsi que des mécanismes de collecte, de traitement et de diffusion de ces informations.
Rappelons la formule de la disponibilité des produits alimentaires de base, définie dans la première étape: Disponibilité = production des produits de base + import-export + stock disponible - pertes et utilisations autres qu'alimentaire.
La disponibilité de ces produits est en général assez bien connue au niveau national, pour une période donnée, ce qui permet une comparaison avec les besoins des individus pendant la même période. Au niveau décentralisé (province, département ou commune), cette disponibilité peut être estimée avec des marges d'erreurs plus ou moins grandes selon les pays et les zones étudiées. L'analyse de la disponibilité prend en compte l'aide alimentaire dans les importations. Bien entendu les produits de base entrant dans les «disponibilités» pourront être différents d'une région à une autre, et d'un groupe de population à un autre (selon les ethnies, le principal secteur d'activité, les tranches d'âge, etc.). Ces produits de base devront être ceux déterminés plus haut dans l'analyse du minimum alimentaire (Deuxième partie, Chapitre I, Point 1).
Le GTP sur le suivi de la production agricole (SPA) est chargé d'analyser ces informations avec les responsables du SISAAR. Les services de statistiques agricoles seront donc en première ligne pour ce travail, mais il ne faut pas oublier qu'ils doivent aussi rechercher les données nécessaires concernant les pertes, et donc travailler avec les services de protection de végétaux et de santé animale. Comme ils doivent aussi rechercher les données sur les importations (y compris les aides alimentaires) et les exportations, il est toujours préférable que le GTP/SPA collabore avec le GTP de suivi de la commercialisation dans le cadre du SIM pour l'analyse des informations disponibles sur le commerce extérieur (import/export). Dans certains pays, les données d'importation et d'exportation sont du ressort exclusif des douanes, mais même dans ce cas, il semble utile que la recherche de ces données soit faite en collaboration (GTP/SPA et GTP/SIM).
La stabilité des approvisionnements des produits entrant dans le «minimum alimentaire» doit être analysée dans le temps (l'approvisionnement est journalier) et dans l'espace (une région sur-approvisionnée ne compense pas toujours une région sous-approvisionnée). L'analyse de la stabilité des approvisionnements inclut donc la connaissance des prix et quantités sur les marchés, l'évolution des stocks, le fonctionnement du système de transport, etc., c'est-à-dire la connaissance des mécanismes qui permettent aux consommateurs d'avoir accès aux «disponibilités» à tout moment et en tout lieu. La valeur globale des importations (et des exportations) est une donnée de la disponibilité des produits, mais la date d'entrée (ou de sortie) des produits dans le pays, peut être un indice de stabilité des approvisionnements.
Le GTP de suivi de la commercialisation des produits de base, est donc l'entité responsable de la recherche et de l'analyse des données disponibles sur la stabilité des approvisionnements des denrées de base.
L'utilisation du SIM dans le SISAAR couvre donc tous les domaines de la commercialisation des produits alimentaires de base, mais il englobe aussi des informations de transport, de stockage, et de transformation de ces produits tout au long de la filière, de la production (ou de l'importation) à l'approvisionnement final des ménages. C'est surtout pour cela que l'analyse des filières, prévue dans l'analyse de base des SISAAR (Deuxième Partie, Première Etape, Point 4) doit être effectuée avec beaucoup de soin.
L'analyse de l'accès de tous à des approvisionnements adéquats en quantité et en qualité, requiert des connaissances sur l'état nutritionnel des populations et sur les facteurs pouvant le modifier: revenus des ménages en fonction du prix des denrées (accès financier), problèmes démographiques, mais aussi accès physique aux approvisionnements (distance des marchés, possibilité d'accès, etc.).
De nombreux responsables de terrain, suggèrent de surveiller également dans les facteurs de suivi, l'accès social (outre l'accès physique et financier). Ce suivi couvrirait le chômage, l'état sanitaire, l'approvisionnement en eau potable, etc.
Le suivi de l'accès portera donc surtout sur des informations de suivi socioéconomique des groupes à risques.
Le GTP de suivi des groupes à risques (GTP/SGR), responsable de l'analyse des données disponibles dans ce domaine, doit donc être composé de membres ayant une démarche dite «sociale» (sensibilité aux problèmes de pauvreté, du rôle des femmes, etc.), mais aussi une bonne vision économique, notamment du suivi du phénomène de la pauvreté.
Les données de suivi sur l'utilisation biologique des aliments sont en général des données sur le suivi de l'état nutritionnel des populations.
Le GTP de suivi nutritionnel (GTP/SAN) chargé de l'analyse des données disponibles dans ce domaine doit donc être composé de membres ayant une vision santé/nutrition.
Souvent le GTP/SGR et le GTP/SAN se fondent en un seul GTP et analysent en commun les données socioéconomiques liées à l'accès, et les données sanitaires et nutritionnelles liées à l'utilisation biologique des aliments.
D'une manière générale, les informations de suivi des aides alimentaires portent sur les trois étapes principales de la filière des produits concernés, à savoir: l'approvisionnement en denrées (fourniture de marchandises), la gestion des stocks et la distribution aux bénéficiaires.
Ces informations font état, pour chaque produit, de données relatives à la quantité, à la qualité, au prix, au conditionnement, à l'état, outre évidemment à la provenance proprement dite. Elles sont en général disponibles auprès des services des douanes et des donateurs et doivent être différenciées selon leur source:
Il faut distinguer les stocks de denrées alimentaires publics et privés (appartenant aux donateurs ou aux gestionnaires internationaux de l'aide (comme le PAM), des stocks pouvant être considérés comme des stocks de stabilisation des prix (de nos jours quasi-impossibles si les marchés sont ouverts et concurrentiels). Il existe aussi des stocks dits «de sécurité» comme le Stock national de sécurité alimentaire (SNSA) dans les pays arides, sous contrôle de l'État (et parfois même des donateurs) constitués de réserves spécifiques, à n'utiliser qu'en cas d'urgence.
La gestion des denrées de l'aide alimentaire est souvent assurée par un organisme d'État chargé également du Stock national de sécurité alimentaire; elle nécessite des informations concernant les marchés, les mouvements de denrées, l'état et les mouvements des stocks, etc.
Le PAM qui administre également des stocks importants de denrées suit un certain nombre d'éléments variables nécessaires à leur bonne gestion (délais d'importations, paramètres logistiques de la distribution intérieure, effectifs des bénéficiaires, volume des stocks, nombre de rations disponibles, etc.).
La gestion de l'aide alimentaire consiste à assurer l'acheminement des denrées et leur distribution gratuite ou leur vente aux populations ciblées. A cette fin, il est nécessaire de collecter et de synthétiser les informations suivantes:
Ces informations devraient être contenues dans un protocole d'accord signé entre le gouvernement et le(s) donateur(s) d'aide alimentaire.
Les déplacements de population, lorsqu'ils concernent un nombre suffisamment élevé de personnes (et une distance significative) sont souvent des indicateurs extrêmement forts d'une situation de gêne économique et sociale - voire d'insécurité alimentaire ou de vulnérabilité. Mais il s'agit d'un phénomène difficile à repérer, surtout si l'on a besoin d'informations rapides sur l'actualité de ces mouvements:
L'analyse des institutions pourvoyeuses d'informations relatives à la sécurité alimentaire, et des circuits de circulation de ces données, se fait par étapes successives dans le cadre spécifique de chaque GTP. Cette recherche systématique devrait être l'une des premières tâches de ces GTP. Ce travail, comme d'ailleurs l'essentiel du montage du SISAAR, doit respecter une approche participative et les résultats doivent circuler systématiquement parmi un grand nombre d'acteurs de la sécurité alimentaire afin d'obtenir leurs commentaires avant la finalisation. Ces analyses doivent préciser pour chacun des domaines de la sécurité alimentaire (donc dans chaque GTP) les informations disponibles, leur périodicité, leur support, leur système de circulation, le responsable de chaque étape, etc.
La circulation fluide des informations entre les services de collecte, d'analyse et d'utilisation, est indispensable dans le temps (pour éviter leur caducité) et dans l'espace. Cette circulation dépend:
Il est important de stimuler la motivation des pourvoyeurs en leur assurant un bénéfice technique de la part du SISAAR. Cette rétroaction d'informations du SISAAR vers les pourvoyeurs peut porter sur des informations additionnelles, la mise en valeur des informations fournies, et/ou celle des pourvoyeurs eux-mêmes. Ainsi les services de vulgarisation qui fournissent des données sur l'état des cultures pourront être intéressés par des informations sur la commercialisation des produits qui les concernent et constaterons avec satisfaction que leur travail est publié et analysé dans le bulletin mensuel, et leurs responsables valorisés au cours des réunions des CPSA2 ou des GTP3. D'autre part, à tous les niveaux, de la collecte à la publication finale des données, les responsables doivent être persuadés soient persuadés d'appartenir à un réseau qui fait grand cas de leurs informations, et qui leur permettent de participer à une analyse globale de la sécurité alimentaire.
Il est bien entendu que ces analyses, indispensables au début du travail du SISAAR, n'ont pas un caractère définitif et que leurs résultats devront être revus périodiquement en fonction des changements de structures, de moyens de communications, de responsables, etc.
La schématisation systématique des ces circuits d'informations est un support indispensable tant pour la compréhension de tous, que pour une mise à jour régulière. Les schémas de circulation sont un élément important du processus d'analyse participative.
L'analyse des systèmes d'information existants peut amener à une synthèse du type de celle qui figure à la page suivante (tableau d'analyse des services pourvoyeurs d'informations).
A ce stade, se pose la question de la réalisation d'un montage informatique simple et de l'intérêt, d'établir ou non, un réseau entre les ordinateurs centraux ou même avec les délégations provinciales. Il faudra également s'interroger sur l'utilisation éventuelle des modems, ou d'autres moyens de transmission des informations (fax, radio, disquettes, transmissions satellitaires, etc.).
Exemple d'analyse des services pourvoyeurs d'informations (Tchad 98)
Structures |
Données disponibles |
Périodicité de publication |
Sur quel support les données seront transmises |
Traitement de données |
Existence de base de données |
Contraintes pour le traitement de données | ||
au SISAAR |
Matériel |
Logiciel de traitement |
Resp.de gestion des données |
|||||
DSA |
Prévisions et productions agricoles SIM céréales/bétail |
Par campagne |
Rapport, disquette mais en Dbase |
486 |
Dbase 4/ SPSS pour tableaux de sortie |
Un technicien |
Oui en Dbase |
Manque de connaissance de SPSS et ACCESS |
CNNTA |
Nutrition (enquête) |
Rapport |
Pentium (pas utilisé) |
A besoin Office 97 |
Personne |
Non |
Manque de connaissance pour utiliser l'ordinateur | |
DERA |
SIM bétail et pâturages |
Mensuel |
Rapport |
- |
EXCEL |
Un technicien |
Non |
Manque de matériel |
DPVC |
Données criquet pélerin et autres ennemis des cultures et oiseaux granivores |
Décadaire |
Rapport |
486 |
Excel et Word pour les rapports |
Un technicien |
Oui |
Manque de recyclage de leur gestionnaire de données |
ONC |
Prix sur céréales et stocks |
Mensuelle |
Rapport mensuel sur prix céréales |
IBM 386 |
EXCEL |
Chef de service |
Pas de base de données |
Ordinateur en panne |
ONDR |
||||||||
SODELAC |
Données productions par culture, rendement, ennemis des cultures, pluviométrie |
Rapport mensuel, fin de campagne, trimestriel, annuel |
Rapport |
1 seul ordinateur 486 pour tout le monde |
Rapport sur Word |
Chef de service |
Non |
Manque de matériel |
DREM |
Pluviométrie |
Décadaire |
Rapport et bulletin |
486 |
Pluie, Climbase |
Un gestionnaire |
Oui en climbase et pluie |
Problème d'alimentation de la base à cause d'électricité |
DEPA |
Statistiques très peu fiables |
Pas de publication |
- |
Pas d'ordinateur |
- |
- |
- |
- |
SIM |
Prix céréales |
Hebdomadaire, mensuel annuel |
Rapport, bulletin |
486 |
Paradox |
Opérateur de saisie |
Base de données en paradox |
Manque de connaissances de traitement de l'information |
DSEED |
². | |||||||
DSIS |
Diarrhée, goître, tuberculose, avitaminose, dysenterie, |
Semestriel, mais fournis à la demande |
Disquette, rapports |
Pentium 166 Mhz |
ACCESS |
Opérateur de saisie |
Dispose d'une base de données sur ACCESS |
Manque de formation pour le gestionnaire |
Fews |
Pluviométrie |
Mensuel |
Disquette et rapport |
Pentium 166 MHZ |
Oui, mais pas en Access |
Le chef du projet |
Manque de connaissance en ACCESS |
|
SAP |
Données sur alerte rapide |
Mensuel |
Rapport |
486 |
Oui |
Un opérateur de saisie |
Dbase 4 |
Manque de matériel et de compétences en informatique |
SECADEV |
Superficies, productions, prix des denrées, utilisation
matériel agricole et gomme arabique |
Mensuelle ou à la demande du SISAAR |
Disquettes, |
Pentium |
ACCESS, |
Responsable ressources agro-pastorales et halieutiques |
Manque de moyens, manque de techniciens |
Existence base de données en ACCESS |
CCI/DPASA |
Aides alimentaires |
Rapports |
486 |
WP, Lotus |
Chef de service |
Pas de base de données |
||
Word Vision |
Enquêtes nutritionnelles |
Rapports périodiques |
Rapports |
486 |
Excel |
Responsable nutrition |
Pas base de données |
Problème pour créer une base de données |
ACCRA |
Stocks produits céréaliers prix des céréales |
Mensuelle (ne publie plus faute de financement) |
Rapports |
486 |
EXCEL |
Le représentant |
Pas base de données |
Financement |
1 Il est impossible de greffer des questions sur la migration sur une enquête d'un autre type par souci d'économie, car le plan de sondage doit être conçu spécifiquement pour l'étude des migrations, ce qui implique une couverture de toutes les unités spatiales potentiellement concernées.
2 Deuxième partie, Chapitre IV - Montage du SISAAR.
3 Deuxième partie, Chapitre I, Point 5 - Analyse de base, Chapitre 5.