On s'attend à une augmentation de la production mondiale de lait de 2 pour cent en 2001. En Océanie, la production de lait pour la campagne laitière 2000-2001 devrait être supérieure de 6 à 7 pour cent à celle de l'année précédente en Nouvelle-Zélande. Les conditions de production ont été particulièrement favorables dans la partie centrale de l'île du Nord, principale zone de production laitière, bien que certaines zones méridionales du pays aient connu une pluviosité inférieure à la moyenne. Dans le cas de l'Australie, la production de la campagne en cours est en retard d'environ 4 pour cent sur la même période de l'année précédente en raison d'un temps chaud et sec, surtout dans les États de Victoria et de Tasmanie. De plus, la déréglementation de l'industrie laitière en Australie a entraîné une augmentation du nombre des agriculteurs qui abandonnent la production laitière. Cela étant, la production pour la campagne en cours devrait atteindre, en Nouvelle-Zélande, 13,6 millions de tonnes et, en Australie, 10,8 millions de tonnes. Dans ces deux pays, le cheptel laitier est en expansion. Les exportateurs d'Océanie ont bénéficié d'une hausse des prix internationaux des produits laitiers et d'un affaiblissement des monnaies nationales par rapport au dollar des États-Unis.
Aux États-Unis, après l'augmentation importante de ces deux dernières années, de 3 pour cent par an, il semble que la production laitière n'augmentera pas en 2001 et avoisinera, comme l'année dernière,
76,4 millions de tonnes. Le développement de la production a été freiné par la faiblesse des prix du lait et par le manque de fourrage de qualité. Dans la ligne de ce processus, on s'attend à une diminution de la taille du cheptel laitier national de 1 pour cent en 2001. Sur un fond de baisse à long terme, la taille du cheptel américain a augmenté en 1999 et en 2000. En même temps, le déplacement de la production laitière vers les États de l'ouest (Arizona, Californie, Idaho et Nouveau-Mexique) où elle se fait de manière caractéristique sur de vastes exploitations peu coûteuses, devrait se poursuivre.
En Europe de l'Est, la production laitière devrait, en 2001, dépasser celle de 2000 réduite dans plusieurs pays par un été sec. Pour certains pays de la région, la perspective d'adhésion à la CE dans les années qui viennent peut inciter les agriculteurs à augmenter leur production afin d'augmenter leurs droits à contingents une fois entrés dans la CE. En République tchèque et en Hongrie, un régime de contingents laitiers analogue à celui de la CE a déjà été mis en place. Dans ces deux pays, les contingents plus élevés que la production laitière peuvent pousser les agriculteurs à augmenter leur production. En Europe de l'Est, par ailleurs, l'élan suscité par l'imminence de l'entrée dans la CE a entraîné un relèvement des critères de qualité du lait et des produits laitiers dans les laiteries. On s'attend à ce que cette tendance entraîne une diminution du nombre des petits producteurs, dont certains ne seront pas à même de respecter les normes requises. Dans plusieurs autres pays développés (CE, Canada, Japon, Suisse) la production est soumise à des politiques de limitation et, de ce fait, varie peu d'une année à l'autre. L'épidémie de fièvre aphteuse qui a sévi dans la CE en touchant principalement le Royaume-Uni, a entraîné l'abattage d'un nombre considérable d'animaux du cheptel laitier. Au Royaume-Uni, on estime que 2 pour cent du troupeau a été détruit. De ce fait, la production laitière pourrait diminuer quelque peu dans ce pays en 2001, mais l'abattage ne devrait pas avoir d'effets à plus long terme sur la production laitière totale du Royaume-Uni.
La production laitière dans la Fédération de Russie a augmenté de 1 pour cent au cours des trois premiers mois de 2001 par rapport à la même période de l'année précédente, et ce malgré une diminution de la taille du cheptel. On pense que cette augmentation pourrait être due à l'amélioration des ressources de fourrage. La production russe continue de se transformer, les anciennes grandes exploitations étatisées cédant la place aux petits producteurs propriétaires. Si la production de lait venait à augmenter en 2001, ce serait la première fois depuis 1990. De même, en Ukraine, où la production de lait a également diminué dans les années 1990, les statistiques des deux premiers mois de 2001 font apparaître une hausse modérée de la production et le Ministère de l'agriculture estime que l'augmentation de la production sera de 2 à 4 pour cent pour l'ensemble de l'année.
1999
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2000
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2001
estim.
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(. . . . millions de tonnes . . . .)
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TOTAL MONDIAL
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566
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576
|
585
|
CE
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126
|
125
|
126
|
Inde
|
77
|
79
|
81
|
Etats-Unis
|
74
|
76
|
76
|
Féd. de Russie
|
32
|
32
|
32
|
Pakistan
|
23
|
24
|
25
|
Brésil
|
22
|
22
|
23
|
Ukraine
|
13
|
13
|
14
|
Pologne
|
13
|
12
|
12
|
Nouvelle Zélande
|
12
|
12
|
12
|
Australie
|
11
|
11
|
11
|
Argentine
|
10
|
9
|
9
|
Source: FAO
|
Dans les pays en développement, l'augmentation de la production laitière devrait se poursuivre en Asie et en Amérique latine. La production indienne de lait pourrait atteindre, selon les estimations, 81 millions de tonnes pour la campagne de commercialisation 2001-2002 (avril à mars). Dans ce pays, la production augmente grâce à l'amélioration des rendements plutôt que par l'accroissement du cheptel. En Chine, où l'on prévoit aussi une légère augmentation de la production totale de lait, l'accent est mis sur l'amélioration des rendements plutôt que sur le développement du cheptel laitier depuis le début des années 1990.
En Amérique latine, la production de lait devrait augmenter dans la plupart des pays de la région. Dans la partie méridionale du continent, les conditions météorologiques ont été extrêmement diverses d'un pays à l'autre et ont eu des répercussions sur la production. En Argentine, la production laitière des quatre premiers mois de 2001 serait, selon les estimations, inférieure de 5 pour cent à ce qu'elle était pendant la même période de 2000 en raison des fortes chaleurs estivales et d'inondations localisées. De plus, les prix du lait assez bas font encore que de nombreux petits producteurs peu rentables abandonnent l'activité laitière. Le Chili, en revanche, a connu des conditions climatiques excellentes pour le pâturage et l'ensilage en automne, ce qui fait que la production laitière a augmenté et que le cheptel laitier du pays pourrait se développer en 2001. De même, l'Uruguay a bénéficié de conditions favorables pour l'ensilage et l'on s'attend à une hausse de la production laitière cette année. Plusieurs foyers de fièvre aphteuse ont été signalés entre mars et mai en Argentine et en Uruguay où l'on a procédé à des campagnes de vaccination à grande échelle. Dans les autres pays latino-américains, l'été sec au Venezuela a obligé les agriculteurs à utiliser davantage d'aliments pour animaux et de fourrage sec puisque les pâturages ne suffisaient pas, et leurs coûts de production ont augmenté. Certaines parties du Brésil ont aussi souffert de la sécheresse qui a freiné la croissance des herbages et, par voie de conséquence, la production de lait.
L'épizootie de fièvre aphteuse qui a sévi dans la première partie de l'année 2001 dans la CE, en Argentine et en Uruguay a provoqué des interruptions des échanges, plusieurs pays ayant interdit les importations de certains produits laitiers. Cependant, la plupart des produits laitiers étant chauffés à une température permettant normalement d'éliminer toute trace de la maladie durant leur production, il est prévisible que ce problème n'aura pas de répercussions commerciales importantes. On prévoit une augmentation des achats de lait en poudre par la plupart des pays du Sud-Est asiatique en 2001, la croissance économique de cette région soutenant la demande à l'importation. Par ailleurs, pour les pays pétroliers du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, comme pour le Venezuela, les recettes des exportations pétrolières pourraient faire augmenter la demande à l'importation d'un certain nombre de produits laitiers. Ailleurs, les importations des pays d'Amérique centrale pourraient augmenter, mais on prévoit cette année une diminution des importations de produits laitiers. Les importations brésiliennes de lait en poudre, par exemple, principal produit d'échange, ont été inférieures de près de moitié, dans les quatre premiers mois de 2001, à celles de la même période de 2000. La demande d'importation de beurre et de fromage dans la Fédération de Russie pourrait rester ralentie puisque la dévaluation du rouble au milieu de l'année 1998 a sensiblement renchéri, en monnaie nationale, les produits laitiers importés.
2000
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2001
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avril
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fév.
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mars
|
avril
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( . . dollars E.-U./tonne, f.o.b. . . )
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Beurre
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1 100
|
1 225
|
1 225
|
1 275
|
Lait écrémé en poudre
|
1 600
|
2 175
|
2 075
|
2 038
|
Lait entier en poudre
|
1 650
|
2 025
|
2 025
|
2 000
|
Fromage
|
||||
(Cheddar)
|
1 775
|
1 975
|
2 025
|
2 025
|
Caséine acide
|
4 150
|
4 950
|
5 140
|
5 300
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1/ Point médian de la fourchette de prix
publiés par le Dairy
Board de la Nouvelle-Zélande.
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La perspective des prix pour le reste de l'année 2001 est incertaine. Jusqu'à mai 2001, le marché international était bien équilibré, mais le facteur décisif sera la production laitière du second semestre en Océanie. Le temps sec signalé sur la majeure partie de la Nouvelle-Zélande et la durée prolongée de la saison sèche en Australie pourraient annoncer un démarrage lent de la production en 2001-2002 avec des herbages en mauvais état.
Si à cela s'ajoute la baisse prévue de la production laitière en Argentine, il risque d'y avoir une pénurie de certains produits, en particulier de lait en poudre, sur le marché mondial. Dans cette éventualité, les prix du lait en poudre se raffermiraient au second semestre. Les prix du fromage et de la caséine devraient rester stables en 2001, l'offre et la demande étant moins changeantes. Les prix internationaux du beurre devraient aussi rester proches de leur niveau actuel en l'absence d'une demande soutenue.