La situation alimentaire et humanitaire dans lest du Zaïre est des plus alarmantes. Les réfugiés rwandais sont nombreux à mourir de faim ou de maladies, tandis que des dizaines de milliers d'entre eux souffrent de malnutrition grave et sont dans un état de santé déplorable. La vaste opération de rapatriement des quelque 80 000 réfugiés que devaient effectuer les organismes de secours a connu de grosses difficultés, par suite d'épidémies de choléra, de retards dans l'obtention des autorisations nécessaires et du pillage des secours vivriers par la population locale. Les réfugiés qui s'étaient installés dans des camps proches de Kisangani ont récemment été forcés à la fuite, et ils errent actuellement dans les forêts où ils sont pour la plupart inaccessibles. Le 27 avril 1997, lAFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre) a accordé aux organismes de secours 60 jours pour rapatrier tous les réfugiés au Rwanda, mais ce délai est peut-être trop court, compte tenu de l'absence de contact avec les fuyards ainsi que des contraintes d'ordre logistique. Dans d'autres secteurs de la région des Grands Lacs, les perspectives alimentaires sont précaires. Au Burundi, en dépit de l'optimisme suscité par le récent assouplissement partiel de l'embargo économique, la situation politique et de sécurité demeure extrêmement instable et fréquemment ponctuée de combats et d'actes de violence. Au Rwanda, la production vivrière demeure inférieure aux volumes obtenus avant les troubles civils et près de 2,6 millions de personnes, soit un tiers de la population, devront recevoir une aide alimentaire jusqu'à ce que les ménages redeviennent autonomes.
Les perspectives concernant les approvisionnements vivriers en Afrique de l'Est sont également incertaines, suite aux récoltes réduites qui ont été rentrées dans plusieurs régions affectées par la sécheresse. La situation alimentaire est jugée critique dans les provinces est et nord-est du Kenya, qui ont été le plus durement touchées, et dans certains secteurs des provinces du centre, de la côte et de la vallée du Rift. La sécheresse a succédé à deux mauvaises campagnes consécutives dans la plupart de ces secteurs, aggravant encore l'insécurité alimentaire. En Tanzanie, ce sont les régions à régime de pluie bi-modal du nord, du nord-est et de la côte, ainsi que les îles de Pemba et Zanzibar qui sont le plus durement touchées. Dans les régions du centre, du sud et du sud-ouest, à régime de pluie uni-modal, le caractère imprévisible des précipitations de la campagne en cours suscite des inquiétudes. En Ouganda, il faut affronter de graves difficultés d'approvisionnement alimentaire dans les districts de l'est et du nord-est affectés par la sécheresse, ainsi que dans les districts du nord touchés par les troubles civils. Par ailleurs, de larges portions de l'Ethiopie orientale et sud-orientale ainsi que les régions sud de la Somalie ont également été gravement touchées par la sécheresse. Compte tenu de la précarité générale des approvisionnements alimentaires, seules des précipitations en quantités suffisantes durant la campagne en cours pourront améliorer la sécurité alimentaire dans la sous-région.
Certains pays sahéliens sont confrontés à des problèmes localisés d'approvisionnement vivrier; quant au Libéria et à la Sierra Leone, ils restent tributaires de l'aide alimentaire. Au Tchad, on a rentré en 1996 une récolte céréalière inférieure à la moyenne et la situation alimentaire continue de se détériorer, notamment dans la zone sahélienne où les prix des céréales sont aujourd'hui beaucoup plus élevés qu'au cours des dernières années. Parallèlement, les stocks nationaux de réserves céréalières sont pratiquement épuisés. En Mauritanie, on observe des difficultés d'approvisionnement alimentaire dans certains secteurs de culture non irriguée dont la récolte a été mauvaise en 1996; au Niger, certaines régions où la dernière campagne a été médiocre connaissent des pénuries alimentaires, bien que, pour l'ensemble du pays, la situation soit satisfaisante. Au Libéria et en Sierra Leone, les approvisionnements vivriers demeurent précaires et ces pays continuent de dépendre des secours alimentaires.
En Afrique australe, la récolte devrait être bonne. Des précipitations ont été abondantes à peu près partout, voire excessives dans certains secteurs, entraînant des inondations le long des vallées. Par ailleurs, l'invasion de criquets nomades que l'on craignait en début de saison a été efficacement endiguée. Cependant, le démarrage relativement tardif de la saison des pluies dans plusieurs secteurs et les périodes de sécheresse qui ont suivi, conjugués à l'engorgement des sols, risquent d'affecter une récolte de maïs qui s'annonçait exceptionnelle en Afrique australe, en Zambie et au Zimbabwe.
Pour 1997, les besoins d'aide alimentaire de l'Afrique subsaharienne devraient être inférieurs à ceux de l'an dernier, en raison des récoltes généralement satisfaisantes en Afrique occidentale et dans certaines parties de la Corne de l'Afrique, ainsi que des perspectives favorables en Afrique australe. Cependant, ces besoins demeureront élevés, puisqu'on les estime actuellement à 1,8 million de tonnes. A la mi-avril, les engagements d'aide alimentaire totalisaient 1,5 million de tonnes, mais à ce jour, 800 000 tonnes seulement ont été livrées, si bien que d'autres engagements et des livraisons supplémentaires s'imposent. Cependant, la persistance des besoins en secours alimentaires étant admise, il est à la fois urgent et impératif que les pays d'Afrique subsaharienne prennent les mesures nécessaires pour augmenter leur production vivrière en vue d'assurer, pour le long terme, la sécurité alimentaire de leurs populations.