Par Nancy Bennett
Directrice du Réseau des radios rurales des pays en développement
Introduction
Il peut paraître étrange de penser à une feuille de papier imprimée quand on évoque la radio. En fait, dans de nombreux cas, cest même inopportun, car un des avantages de la radio réside dans la spontanéité, la mobilité et la fraîcheur. Limage du producteur radio, abordant son sujet sans détours, avec son sac à dos et son micro en main est très attirante.
La réalité qui se trouve derrière le travail du Réseau des radios rurales des pays en développement est très éloignée de ce scénario. En fait, nous consacrons des semaines, voire des mois à chercher méticuleusement une «histoire» et nous produisons plusieurs brouillons écrits pour bâtir un programme qui soit pertinent, précis et, surtout, bien compris par ses auditeurs potentiels.
Ce document a pour objet de parcourir avec le lecteur les étapes que nous suivons, au Réseau des radios rurales des pays en développement, dans la rédaction dun programme radio, pour nous assurer que le produit final - le script de lémission - sera crédible et utile pour vous, le producteur radio que nous sommes chargés de servir. En dévoilant ces étapes en amont de notre travail, nous espérons aussi que les producteurs radio auront un aperçu des phases quils devront eux-mêmes respecter pour produire des émissions de qualité qui bénéficieront directement aux populations des zones rurales qui écoutent leurs programmes.
Le réseau des radios rurales des pays en développement
Pour bien saisir le comment et le pourquoi de notre activité de production de scripts radiophoniques, il est important de comprendre le but de notre Réseau. Il sagit dune organisation caritative non gouvernementale basée à Toronto, au Canada. Le Réseau a été fondé en 1970 pour tisser des liens entre les producteurs radio des pays en développement, en Afrique, Asie, Amérique latine et aux Caraïbes afin quils puissent échanger entre eux des exemples de bonnes pratiques en matière dagriculture et de nutrition, puis les diffuser dans le cadre des programmes de leurs radios rurales. Ces programmes nétaient pas échangés directement, de producteur à producteur, mais les propositions étaient envoyées par les producteurs membres du réseau - au départ seulement 36 producteurs, dans 24 pays - à nos bureaux de Toronto. Ils étaient ensuite transformés en scripts de programmes radiophoniques et envoyés par la poste à tous les producteurs du réseau.
Plus de vingt ans après, le programme fonctionne toujours selon le même principe. Le Réseau, bien sûr, a changé. Les producteurs de plus de cinq cents stations de radio participent désormais à ce programme déchanges et plus de mille vulgarisateurs, chercheurs et enseignants spécialisés en agriculture apportent leurs contributions aux propositions et nous font bénéficier de leur expertise tout en utilisant les scripts pour leur propre travail. Notre mission a également changé: auparavant, notre but était daider les producteurs radio à acheminer linformation jusquaux petits agriculteurs. Aujourdhui, notre principal but est daider les producteurs radio à soutenir les petits agriculteurs et les revenus du monde rural. Cela signifie quau-delà des scripts, nous apportons aussi un appui aux producteurs radio pour quils développent leurs compétences, en suivant des formations ou en favorisant les liens avec dautres acteurs du développement rural et en les aidant à contacter dautres producteurs de radio rurale à travers le monde pour engager une collaboration directe avec eux.
Lobjectif final de notre travail reste le même: nous travaillons à lamélioration de la sécurité alimentaire dans les pays en développement. Nous nous concentrons sur les zones rurales parce que cest là que la sécurité alimentaire est le plus en péril. Nous sommes conscients de la complexité de linsécurité alimentaire et cela se reflète dans notre travail avec les producteurs. Nos scripts abordent les questions de production alimentaire, de qualité sanitaire de la production, de stockage alimentaire et de commercialisation. Ils traitent aussi de la lutte contre la pauvreté (comme par exemple les activités génératrices de revenus au niveau local), laccès à la terre, laccès au crédit, la main duvre agricole, les questions environnementales et les droits des femmes agricultrices. Ils contribuent à aider les agriculteurs à rester en bonne santé et à produire. Les sujets que nous traitons et les thèmes que nous abordons sont en évolution constante.
Une planification adéquate
Notre champ de travail est très large. Les sujets relatifs à la sécurité alimentaire et aux moyens dexistence du monde rural sont très nombreux. Lorsque nous planifions la production de nos scripts, nous devons établir des priorités. Nous ne pouvons pas couvrir tous les sujets.
Notre première étape consiste à explorer notre vaste champ de travail. Quels sont les sujets qui émergent? Que nous disent les experts en matière de sécurité alimentaire? La richesse de nos contacts est essentielle à ce stade. Il est très important que tous ceux qui sont engagés dans la communication pour le développement - dont les producteurs radios sont partie intégrante - développent et entretiennent des liens avec d'autre acteurs. Dans un monde en évolution constante, nous devons toujours être à la recherche dinformations nouvelles. Ce que nous avons appris il y a cinq ans peut ne plus être pertinent aujourdhui. Par exemple, les scientifiques peuvent avoir découvert de nouvelles technologies qui peuvent considérablement améliorer la valeur nutritionnelle dune culture de base en Afrique de lest. Nous nous appuyons sur une série dinstitutions et dorganisations qui nous aident à scruter lenvironnement dans lequel nous travaillons.
Dans le même temps, il est important que nous nous penchions sur ceux qui vont utiliser notre information. Nous devons nous intéresser à notre propre réseau, nos partenaires sur le terrain, les producteurs radio, les vulgarisateurs qui travaillent directement avec les agriculteurs, au sein de leurs communautés. Quont-ils à nous dire sur les besoins prioritaires de la population?
Cette recherche nous aide à décider les thèmes de nos scripts, comme lamélioration de la nutrition, la lutte contre la désertification, la prévention du VIH/SIDA ou la gestion des désastres naturels. Lorsque les thèmes potentiels de nos scripts sont identifiés, nous préparons un synopsis pour la production.
Les producteurs radio préparent eux aussi un synopsis pour les programmes quils veulent produire pour persuader un directeur de station de la valeur dun projet, par exemple. Il arrive même quun synopsis, en mettant en évidence les mérites dun projet, aide à trouver des sponsors.
Lorsque nous préparons un synopsis pour une série de scripts, nous y incluons:
le calendrier de production.
Dans certains cas, nous pouvons aussi inclure un plan de suivi et dévaluation. Ceci peut également sappliquer à une station de radio. Toutefois, le suivi et lévaluation de notre travail constituent généralement une part de notre programme global.
A ce stade, nous prenons la décision de produire ou non la série. Si le projet est jugé digne dintérêt et approprié, nous poursuivons notre recherche.
A cette phase de la recherche, les thèmes que nous présentons dans notre synopsis sont encore très généraux. La connaissance de lauditoire que nous visons nous aide à mieux cibler notre sujet. Par exemple, une bonne nutrition est importante pour tous. Mais nous sommes plus motivés à aider les populations rurales à améliorer leur nutrition; et nos scripts sont conçus pour être utiles aux petits agriculteurs moyens qui cherchent généralement à améliorer leur nutrition sans revenus monétaires et sans accès à des suppléments vitaminiques. Lorsque nous planifions nos programmes, nous devons comprendre leurs problèmes de nutrition. Comprendre son public-cible est le point le plus important dans cette phase de recherche pour la préparation des scripts radio.
Lauditoire potentiel du Réseau des radios rurales des pays en développement est vaste. Notre réseau comprend 500 stations de radio dans plus de 70 pays et notre audience potentielle est estimée à 440 millions de personnes. Comme nous essayons de produire des scripts adaptés au plus grand nombre possible dauditeurs, ils ne peuvent pas être aussi spécifiques que ceux dun producteur radio en particulier. Nous laissons à nos partenaires le soin détudier leurs auditoires et dadapter nos éléments en conséquence.
Quelle sorte détude dauditoire doit entreprendre un producteur radio? Etudier les facteurs économiques, géographiques, démographiques, économiques et sociaux qui déterminent le comportement de lauditoire visé. Quelles différences y-a-t-il dans leurs connaissances, attitudes et pratiques? Perçoivent-ils leur comportement actuel comme une contrainte? Quel âge ont-ils? Quels sont leurs revenus, leur mode de vie, leurs valeurs?
Cette somme de recherche pourrait apparaître comme un luxe pour le directeur dune radio qui doit respecter des délais de production précis et dispose dun budget limité. Mais elle représente pourtant une étape déterminante si on veut utiliser efficacement la radio au service de la sécurité alimentaire et de la réduction de la pauvreté. La recherche et la planification sont aussi importantes que la qualité de lécriture des programmes et nous investissons beaucoup dans ce domaine. Pour mener à bien ces recherches, notre équipe dispose dune documentaliste professionnelle et dun rédacteur en chef.
Sélectionner les sujets
Maintenant que nous disposons dun bon aperçu des points spécifiques pertinents pour les thèmes choisis et que nous avons mesuré leur importance pour les auditeurs que nous visons, nous sommes prêts à sélectionner les sujets des scripts. Ce processus de sélection appelle plusieurs observations.
Notre mandat consiste à produire des scripts qui auront une application pratique sur le terrain. Cela signifie que nous devons sélectionner des sujets qui peuvent être couverts par une radio de façon à ce que les auditeurs puissent en tirer des enseignements et les appliquer concrètement sur le terrain. Notre mission est daméliorer la sécurité alimentaire. Pour nous, cela signifie davantage que comprendre la nature des problèmes: cela signifie aider les gens à entreprendre des actions concrètes pour le changement. Quelquefois, malgré limportance dun sujet, nous pouvons décider quil nest pas approprié à notre action.
Lorsque nous sommes parvenus à sélectionner une liste de sujets appropriés à notre série de scripts, nous explorons notre environnement. Dautres organisations font-elles la même chose? Par exemple, lUNICEF a déjà produit des programmes radiophoniques sur la nutrition infantile. Les ressources nécessaires pour la mise en uvre de la production sont limitées, nous préférons ne pas refaire ce qui a déjà été fait par dautres. Nous allons au contraire collaborer avec la personne ou lorganisation pour adapter ses produits à notre réseau.
Peut-être une radio partenaire sur le terrain a-t-elle déjà produit un programme sur la production et la transformation de feuilles vertes et des légumes riches en vitamine A? Si cest le cas, notre rôle consiste à faire connaître le travail de notre partenaire à dautres partenaires sur notre réseau.
Nous encourageons nos partenaires à échanger leurs idées et leurs produits avec nous, afin quils puissent atteindre un public qui aille au-delà de la portée de leurs émetteurs. Et, heureusement, beaucoup de nos partenaires échangent leurs produits directement. Par exemple, le Forum national des radios communautaires dAfrique du sud échange les scripts entre ses membres. Certains de ces scripts peuvent être échangés plus largement avec nos partenaires ailleurs en Afrique ou sur dautres continents. En Russie, le Réseau des radios rurales des pays en développement collabore avec la Fondation pour la recherche sur le développement agraire pour gérer un réseau national de partage de scripts et de fichiers sonores sur Internet. Pour les producteurs qui ne bénéficient pas dun accès régulier à Internet, nous continuons les échanges de scripts par la poste et des fichiers sonores par CD-ROM.
Ecrire pour la radio
Dans la plupart des cas, toutefois, nos choix nous conduisent à créer de nouveaux produits. Tous les producteurs de radio rurale savent quil ny a pas beaucoup de produits prêts à diffuser disponibles sur les thème de lagriculture durable, la nutrition et la santé de base ainsi que sur dautres sujets qui concernent les petits agriculteurs.
Lorsque nous écrivons pour la radio, nous respectons les sept règles dor[7] suivantes:
Capter lattention. Tout le monde aime les histoires et nous apprécions tous dapprendre des choses sur la vie des autres. Une fiction radiophonique peut être très efficace pour capter lattention. Toutefois, cela coûte cher, en argent et en temps; cest pourquoi nous concevons nos scripts dans une diversité de formats qui comprennent, en plus des feuilletons, les interviews, les discussions de groupes et les contes. Nous demandons à nos partenaires dy ajouter des éléments locaux comme les noms, les lieux etc., qui attireront lattention de leurs auditeurs.
Captiver les curs et les esprits. Nous écrivons pour transmettre des messages de développement social et pour changer le comportement de la population. Les messages de nos scripts font appel à lintelligence de nos auditeurs. Mais pour avoir un impact plus durable, nous devons aussi jouer sur le registre de lémotion. Nous évitons dadopter un ton trop professoral, mais nous essayons au contraire décrire de telle façon que les auditeurs puissent trouver leur place dans lhistoire que nous racontons ou lexemple que nous citons.
Conduire à laction. Nous écrivons pour la radio afin que les gens écoutent, mais aussi pour quils agissent. Nous essayons de présenter des cas concrets (en agriculture, organisation communautaire, commercialisation) qui présentent des expériences positives, pour un agriculteur, une famille rurale, une communauté tout entière afin que dautres puissent en bénéficier et reproduire ce succès.
Clarifier le message. On dit souvent quun message doit être répété trois fois si on veut quil soit compris et retenu. Dans nos scripts, non seulement nous répétons souvent le message principal, mais nous le renforçons et nous clarifions les explications techniques par la production de séries. Nos scripts sont conçus sous forme de séries et nous encourageons nos partenaires à les utiliser en tant que tels, pour deux raisons principales. (1) Dabord, les séries peuvent se prolonger sur de nombreuses semaines, voire sur des mois. Les messages-clé peuvent être introduits progressivement et répétés si nécessaire. Les auditeurs ont alors plus de chances de bien comprendre le message, même sils doivent lentendre plusieurs fois pour saisir sa pertinence pour leur existence. (2) Le message peut être introduit de différentes façons. La diversité des scripts dans une série augmente les probabilités que des personnes dans des positions et des perspectives différentes puissent comprendre comment la pratique ou le comportement recommandé est pertinent(e) pour leur propre existence. La complexité du message est un facteur déterminant du nombre de scripts nécessaires.
Communiquer un bienfait. Lorsque nous écrivons un script de changement social, le comportement dont nous recommandons ladoption bénéficiera à lauditeur. Mais dire simplement à quelquun que ce que nous préconisons est bon pour lui nest pas une méthode très efficace pour atteindre le but. Une des règles cardinales de la bonne communication est «montrez, ne dites pas». Nous essayons de montrer les bienfaits en «conduisant» nos auditeurs chez dautres agriculteurs qui ont amélioré leurs rendements, leurs revenus, réduit leur charge de travail ou bénéficié autrement dun changement de comportement. Nous écrivons des histoires qui montrent comment les femmes sémancipent en constituant des coopératives pour commercialiser leurs produits. Nous encourageons nos partenaires à utiliser les scripts comme une base pour des interviews sur le terrain, des visites aux stations de recherche agricole etc.
Créer la confiance. Un agent de santé, un responsable paysan, un vulgarisateur, un chercheur agricole local, qui sont connus du public, seront mieux placés pour attirer la confiance des auditeurs quun officiel quon ne connaît que dans un cadre formel. Nous écrivons nos scripts radiophoniques de telle façon que nos partenaires puissent facilement les adapter en y impliquant les acteurs des communautés locales. Lorsque ces notables ne sont pas disponibles, les scripts peuvent être écrits de telle sorte quils introduisent un personnage familier que les auditeurs apprendront à connaître et en qui ils auront confiance. Par exemple, dans une série récente, nous avons créé un personnage, le Docteur Compost, que les auditeurs retrouveront chaque semaine. Les auditeurs sont plus enclins à faire confiance à un message, si cest leur personnage préféré ou des personnalités locales qui leur conseillent dadopter le nouveau comportement.
Communiquer un message cohérent. Cela ne signifie pas que les scripts doivent être répétitifs. En fait, nous devons constamment écrire de nouveaux programmes qui reprennent et renforcent les messages-clé. Par exemple, si nous écrivons pour une petite agricultrice qui produit pour sa consommation familiale ou pour le marché local, nous recommanderons des comportements cohérents avec cette pratique et dont elle pourra tirer profit. Nous nous assurons que les comportements que nous recommandons ne sont pas nuisibles à la santé humaine ni à lenvironnement. Nous pourrions écrire des milliers de scripts véhiculant des messages-clés sur la petite agriculture durable, mais nous introduirions la confusion chez nos auditeurs si un jour nous leur proposions un programme vantant les mérites de la monoculture à grande échelle, avec utilisation intensive dengrais chimiques! Chacun de nos partenaires doit choisir ses principaux messages. Ces décisions sont généralement fondées sur le mandat de la station de radio, particulièrement dans le cas des radios communautaires ou publiques. Cest à elles quil appartient de décider si les scripts que nous échangeons sont appropriés aux programmes de leurs stations.
Ecrire pour la sécurité alimentaire
Pour nous, la collaboration est la règle, tant dans le processus décriture que dans le domaine de la recherche. Le rédacteur en chef, qui a été impliqué dans le programme depuis le début, travaille en relation étroite avec des rédacteurs que nous recrutons en fonction de la nature des scripts que nous sélectionnons.
Si nous travaillons sur un script préexistant, le rédacteur collaborera étroitement avec lauteur, sur les modifications qui peuvent être utiles. Lauteur et le rédacteur travaillent en étroite collaboration avec les spécialistes des contenus qui leur apportent les derniers développements techniques ou méthodologiques disponibles.
La technologie a considérablement évolué et elle sest améliorée, comme notre façon de travailler. Nous pouvons désormais consulter des spécialistes par e-mail. Un brouillon de script peut être envoyé à un consultant technique situé à lautre bout du monde et être de retour sur le bureau du rédacteur en quelques heures. Nous pouvons recruter des auteurs provenant des stations de radio ou dassociations du sud, qui sont familiers avec les nuances de communication et les obstacles qui peuvent influencer le contenu et la forme de nos scripts.
Cette interaction et cette collaboration contribuent largement à la qualité des scripts que nous écrivons et partageons avec nos partenaires. Un script peut être écrit avec une créativité géniale et être très distrayant, mais si le rédacteur naccepte pas la discipline de lécriture pour le développement - ce qui signifie linclusion rigoureuse et claire des messages-clés - cela ne mérite pas, de notre point de vue, le prix du papier pour limprimer. De même, un script peut être techniquement très au point et le développement du message très logique, mais si personne ne lécoute, la valeur de lexpertise est perdue.
Pour une série donnée, nous prévoyons quelquefois beaucoup plus de matière première que nous nen utilisons. Il arrive aussi quun élément ne fonctionne pas bien pour la radio, malgré nos recherches et notre planification approfondies. Cela peut simplement signifier quil nest pas fait pour cette série. Dans ce cas, nous le conservons pour un usage ultérieur.
Lorsquon écrit un script sur la sécurité alimentaire, on peut adopter plusieurs angles. Au Réseau des radios rurales des pays en développement, nous veillons à ce que nos séries de programmes comportent une diversité de formats pour véhiculer le message. Cette variété daspects, de styles et de centres dintérêt augmente la probabilité de faire passer le message. Mais cette diversité de styles sert aussi à fournir des exemples et - pourquoi pas - une inspiration aux producteurs qui auront à adapter les scripts en vue de leur diffusion. Le format des scripts comprend:
la fiction qui combine éducation et divertissement
les reportages qui rendent compte de thèmes factuels avec une approche créative, artistique
les interviews, dialogue entre le présentateur et un expert invité
les panels et débats qui montrent différents aspects dun problème
les documentaires qui rapportent des faits, souvent combinés avec une présentation au micro, des interviews et/ou des débats.
Nos scripts durent six minutes en moyenne (en anglais). Cette durée est suffisante pour traiter un sujet. Elle permet aussi aux producteurs radio de les intégrer dans toute une série de formats de programmes (les magazines durent en général de 15 à 30 minutes). Si le producteur dispose de moins de six minutes, lélément peut être divisé en deux parties.
Beaucoup de nos partenaires combinent plusieurs scripts pour produire leurs magazines. Cest un format très apprécié et largement utilisé, diffusé en général à échéances régulières (quotidien, hebdomadaire, mensuel) et qui aborde une série de sujets liés à un thème commun.
Scripts non écrits
Nous encourageons nos partenaires à interviewer des experts locaux, des agriculteurs et des responsables paysans, ainsi que dautres membres de la communauté pour faciliter, au sein des communautés, le débat public sur les questions de développement. Les interviews constituent un mode de présentation de linformation et des expériences très attractif. Beaucoup dinterviews ne sont pas écrites, ce qui offre un certain nombre davantages: mobilité (les interviews peuvent être enregistrées sur le terrain), moins de temps de préparation, alphabétisation non nécessaire, ton et sonorités naturels.
Toutefois, pour présenter des informations pratiques et inciter à laction pour lamélioration de la sécurité alimentaire, les interviews non écrites présentent un inconvénient majeur: on a un contrôle limité sur le contenu et la structure de linterview, ce qui peut créer une certaine confusion pour lauditeur. Lorsquil sagit dinformations techniques ou de modes opératoires, la confusion et limprécision dans un programme radio peuvent avoir des effets désastreux
Il y a des façons de surmonter ces problèmes de scripts non écrits:
Sélectionnez et choisissez soigneusement les interviewés. Prenez quelquun qui a suffisamment dexpérience et dexpertise, qui sexprime clairement et dune façon adaptée au public visé. Dites-lui à qui cette interview est destinée, le sujet quelle devra couvrir et comment elle sera utilisée.
Préparez des questions appropriées, centrées sur le sujet. Utilisez un langage simple et direct. Ne posez pas une question qui en cache deux ou trois autres. Posez plutôt deux ou trois questions séparées.
Construisez votre interview en pensant à un montage ultérieur éventuel.
Montage du script écrit
Comme indiqué précédemment, le rédacteur est associé au projet depuis sa conception, à travers tous les stades de la recherche, le développement du synopsis, lattribution des scripts, laccord sur un plan, la coordination du travail de rédaction et le soutien à léquipe de rédacteurs. Lorsque les scripts sont rédigés, le rédacteur les contrôle soigneusement, en gardant en tête le fait quils sont destinés à la radio.
On nécrit pas de la même façon pour loreille et pour lil. Les auditeurs ne peuvent pas avancer de quelques pages pour voir ce qui va se passer, comme ils peuvent le faire dans un document écrit. Ils ne peuvent pas accélérer ou ralentir la présentation. Les éléments doivent être présentés de telle façon quils puissent être facilement suivis et compris dès la première écoute. Souvent, le rédacteur demande à un volontaire de lire le script à haute voix afin dinclure un «montage sonore» dans le processus de révision.
Voici quelques-unes des questions que se pose le rédacteur:
Lauditeur est-il informé, au début de lémission, du sujet que lon va aborder et de ce quil va apprendre? Lanimateur le fait souvent dans son introduction.
A-t-on donné à lauditeur un sommaire de lémission qui indique comment le contenu est organisé et structuré?
Y-a-t-il des jalons, tout au long du script, qui permettent à lauditeur de savoir où on en est, doù on est parti, et où on va?
Les principaux points sont-ils mis en valeur et renforcés?
Le sujet est-il couvert de façon adéquate?
Toutes les parties sont-elles clairement exposées? La transition dune partie à lautre se fait-elle naturellement?
Y-a-t-il assez dexemples et dillustrations?
Le langage est-il fluide, naturel et amical?
Le langage est-il adapté au public?
Les conclusions sont-elles claires et pertinentes?
La durée est-elle adéquate?
Une fois que le script a quitté notre bureau, partie la plus critique du processus, reste encore à entreprendre. Nos partenaires sont invités à adapter les scripts pour une utilisation locale. Pour le faire convenablement, ils doivent travailler avec des spécialistes locaux du contenu - si possible plus dune personne - pour préserver la pluralité des opinions sur les actions que lon peut préconiser.
Pour adapter les scripts à la radio, il est également conseillé dassocier des représentants des auditeurs. Ces représentants doivent avoir une bonne connaissance des croyances traditionnelles locales et connaître les obstacles qui peuvent sopposer à ladoption de nouveaux comportements ou de nouvelles pratiques. Il peut y avoir, par exemple, des raisons économiques ou sociales importantes qui empêchent ladoption dun comportement ou dune pratique recommandée. Les représentants des auditeurs peuvent aider le producteur à aborder ces questions de façon appropriée.
Ils peuvent également laider à définir le format le plus approprié pour les programmes radio. Par exemple, pour produire des émissions visant à promouvoir la santé des femmes, on travaillera étroitement avec le public visé pour déterminer les formats[8]. Le projet a été mis en place au Kenya, en Sierra Leone et au Nigeria. Au Nigeria comme en Sierra Leone, les femmes ont indiqué leur préférence pour un format de fiction. Au Kenya, cinq formats ont été jugés adaptés: fiction, dialogue, jeu de rôles, questions-réponses, causerie.
Lassociation de lauditoire complète les apports des spécialistes du contenu et aide le producteur à éviter une approche trop verticale et didactique. Les gens peuvent indiquer quels sont leurs besoins en information et contribuent à leur satisfaction.
Lexpérience montre que les approches basées sur lapport dinformation (du spécialiste vers lauditeur) sont en général efficaces pour sensibiliser aux comportements, aux techniques et aux technologies, mais ont une efficacité limitée sur le changement de comportement. Si les producteurs radio prennent le temps dadapter soigneusement le script en adoptant une approche participative et en associant lauditoire à cette adaptation et à la présentation du programme, les émissions seront beaucoup plus attractives et auront une influence plus forte sur laudience visée.
Létape finale dans lécriture du script est la phase de préparation pour la présentation au micro. Nous ne suivons pas les «règles» habituelles de présentation parce que nous attendons de nos partenaires quils adaptent et quils traduisent les scripts que nous proposons et quils les mettent en conformité avec leurs besoins. Nos scripts sont accompagnés dun bulletin qui donne des informations à nos partenaires pour les aider à développer leurs compétences. Les conseils pour la présentation dun programme au micro pourraient se présenter ainsi:
Un script bien rédigé peut être détruit par une mauvaise présentation au micro. Agencez-le de façon à le lire facilement et à vous sentir à laise dans le studio.
Tapez-le ou écrivez-le clairement afin de ne pas avoir à le déchiffrer quand vous le lirez.
Présentez-le sur une seule face de la feuille afin déviter les bruits superflus en tournant les pages.
Utilisez un double espacement afin de ménager une place pour noter vos corrections si elles savèrent nécessaires pendant la répétition.
Terminez chacune des pages par un point (fin dune phrase - ou mieux - dun paragraphe) afin de pouvoir passer dune page à lautre au moment dune pause naturelle.
Gardez une large marge afin dy noter des éléments relatifs à la production ou à la technique.
Numérotez soigneusement les pages.
Indiquez clairement les éléments, en MAJUSCULES, pour chaque partie du programme, sur la marge de gauche (ou sur la marge de droite) si vous écrivez de droite à gauche. Par exemple: ANNONCEUR, MUSIQUE/CD, SIG (nature), etc.
Identifiez les éléments préenregistrés sommairement. Par exemple dans la marge écrivez DONNER SIGNAL. Dans le corps du texte, écrivez: «ambiance de nourriture de bétail».
Ecrivez à la main sur le texte avec parcimonie (ex. Souligner des mots ou des phrases clés, indiquer une pause avec une barre oblique) si vous pensez que cela pourra vous aider dans votre prestation.
Lorsque le producteur est prêt à parler dans le micro, lécriture du script est terminée.
BIBLIOGRAPHIE
Francis, V. editor. Mucoore (trusted friend), lets share with others! UNDP/World Bank/WHO Special Programme for Research and Training in Tropical Diseases, London UK, 1997.
McKee, N. et al, editors. Involving People, Evolving Behaviour. UNICEF, New York, USA, 2000.
Riccio, R. J., Editor. How to Design and Produce Radio Serial Drama for Social Development: A Program Managers Guide. Population Communication Services, Center for Communication Programs, The John Hopkins University School of Hygiene and Public Health, Maryland USA, 1998.
Thomas, J.. Audio for Distance Education and Open Learning: A Practical Guide for Planners and Producers. The Commonwealth of Learning and the International Extension College, Vancouver, Canada, 2001.
[7] J.R. Williams,
Université Johns Hopkins/Centre pour les programmes de
communication [8] Programme PNUD/Banque mondiale/OMS sur genre, santé et communication, 1996 |