5. EVOLUTION DES SUPERFICIES DES FORMATIONS FORESTIERES
5.1 Situation des ressources forestières en 1980
La situation de la couverture forestière du pays se présentait en fin 1978, de la manière suivante (tableau n° 01).
les formations forestières denses se répartissant comme suit :
13.000 ha de forêt dense dont 2.000 ha se trouvent dans le Parc National de Basse Casamance,
45.000 ha de forêts galerie dont 17.000 ha se trouvent dans le Parc National de Niokolo-Koba,
162.000 ha de mangroves dont 19.000 ha sont localisés dans les Parcs Nationaux des Iles du Saloum (17.000 ha) et de Basse Casamance (2.000 ha).
Ceci aboutit à des surfaces de forêt dense productive de 11.000 ha, de forêt dense improductive pour des raisons physiques (mangroves à l’extérieur des parcs nationaux) de 143.000 ha, et de forêt dense improductive pour des raisons de statut de 63.000 ha, constituées par 38.000 ha dans les parcs nationaux et 25.000 ha environ dans les forêts classées interdites à l’exploitation commerciale, en dehors d’un plan d’aménagement élaboré et approuvé par l’administration forestière.
les formations arborées ouvertes se répartissent comme suit :
2.850.000 ha de forêts claires et savanes boisées fin 1978, réduits à 2.810.000 ha fin 1980 dont 606.000 ha situés dans les parcs nationaux du Niokolo-Koba (599.000 ha) et du Saloum (7.000 ha), et 415.000 ha dans les forêts classées,
8.056.000 ha de savanes arborées et autres formations boisées improductives (steppes boisées et arborées) fin 1978, réduits à 8.016.000 ha fin 1980, dont 245.000 ha se trouvent dans le parc national du Niokolo-Koba.
Ce qui correspond au total à des surfaces de formations ouvertes productives de 1.789.000 ha, de formations ouvertes improductives pour des raisons physiques de 7.771.000 ha et de formations ouvertes improductives pour des raisons de statut de 1.266.000 ha. Il est à préciser que si l’improductivité est avérée pour les parcs nationaux, sauf changement de statut, pour les forêts classées, l’improductivité est toute relative, du fait que c’est leur exploitation commerciale qui est interdite en dehors d’un plan d’aménagement approuvé par le Service des Eaux & Forêts, le bénéfice des droits d’usage étant accordé aux populations riveraines.
les formations buissonnantes étaient estimées à 2.680.000 ha fin 1978 dont 2.630.000 ha de steppes et savanes arbustives. L’on estimait en 1980 qu’environ 50 % de ces superficies étaient couvertes d’une végétation buissonnante ligneuse couvrant moins de 10 % du sol, soit 1.315.000 ha de steppes et savanes arbustives, auquel il a été ajouté 43.000 ha de fourrés littoraux, soit 1.365.000 ha environ.
la surface couverte de jachère a été déterminée à partir de la superficie des zones de mélange agriculture-forêt visibles sur l’imagerie satellitaire, et à des terrains agricoles à partir des observations faites lors des survols aériens effectués en 1980.
Ainsi les résultats de l’inventaire forestier fourni en 1980, ont révélé que les formations forestières naturelles occupaient à cette date 13,8 millions d’hectares (y compris les parcs nationaux et la mangrove) soit 70 % du territoire national.
La répartition des superficies forestières a été par la suite donnée en fonction d’une part, du type de formations forestières naturelles, et d’autre part, des régions administratives du pays. Voir Tableau n° 02. Le Tableau n° 03 fournit les productivités moyennes des formations naturelles
5.2 Situation des ressources forestières en 1995
Pour l’évolution des formations forestières naturelles de la sous-région, compte tenu des diverses pressions exercées sur elles, les analyses des couvertures aériennes ou des images satéllitaires disponibles, tablaient sur une régression d’environ 30 % du couvert forestier pendant les 20 dernières années. Ainsi, d’après les estimations de M. N. Keita (FAO, 1982), corrigées en fonction des densités de population régionales et de l’importance du couvert végétal, le taux de régression pour la période 1980-1995, avec l’hypothèse du maintien de la tendance négative constatée, se présentait comme suit :
15 % pour les régions du Centre et du Nord du pays, où la densité de population est moyenne ou forte (plus de 50 hab/km²),
10 % pour celles où elle est faible (moins de 15 hab./km²),
7,5 % pour les régions du Sud du pays, peu peuplées et moins touchées par la sécheresse.
Pour les parcs nationaux, dont le plus important, le Parc National de Niokolo-Koba, situé dans le Sud-Est du pays, réunit plus de 90 % de la superficie totale, et la mangrove, le taux de régression, moins sensible que les autres formations forestières, peut être estimé à 4,5 % durant la période 1980-95.
Sur la base de ces hypothèses, à défaut d’une estimation globale plus précise, l’on obtient suivant le tableau n° 04 :
année 1980 : 12.723.000 ha, sans les parcs nationaux et la mangrove
13.806.000 ha, y compris ces derniers
année 1985 : 12.380.000 ha, sans les parcs nationaux et la mangrove
13.393.000 ha, avec ces derniers
année 1990 : 11.964.000 ha, sans les parcs nationaux et la mangrove
12.972.000 ha, avec ces derniers
année 1995 : 11.551.000 ha, sans les parcs nationaux et la mangrove
12.543.000 ha, avec ces derniers
Sur la base de ces tendances qui se sont maintenues, la superficie du couvert forestier en l’an 2000 pourrait être estimée à 11.160.000 ha sans les parcs et mangrove, et à 12.137.000 ha, avec ces aires spéciales.
5.3 Bilan des réalisations en matière de plantations forestières
5.3.1 Les plantations forestières avant 1990
Les premières grandes actions de plantation au Sénégal, pour la production de bois d’œuvre, ont été effectuées dans la seconde partie des années 50, en Casamance. Les espèces choisies étaient au nombre de trois, une autochtone, Khaya senegalensis (Caïlcédrat) et deux exotiques, Tectona grandis (Teck) et Gmelina arborea. Si ces deux dernières donnent de bons résultats, cela n’a pas été le cas pour le Caïlcédrat, dont la parcelle (50 ha) a été attaquée par un insecte, le Borer (bourgeons terminaux atteints), ce qui a fortement dévalorisé les plantations existantes, et suspendu durablement toute extension. Si cet insecte attaque systématiquement les plantations de Caïlcédrat à ciel ouvert, il n’a jamais été relevé sur les sujets de Khaya en forêt naturelle, même en situation de bosquets purs.
Le Teck a été introduit au Sénégal en 1933, au niveau de la forêt des Kalounayes en Basse casamance. Les réalisations ont été les suivantes :
Période Superficie Observations
1957 70 ha
1957-60 253 ha
1961-64 509 ha 1er plan PDES
1965-69 566 ha 2ème plan PDES
1970-73 361 ha 3ème plan PDES
1974-77 740 ha 4ème plan PDES
=======
2.499 ha
Toutes ces plantations ont été réalisées dans les forêts classées de la région de Ziguinchor, notamment dans les départements de Bignona (Kalounayes, Boutolatte, Diégoune et Tobor) et de Ziguinchor (Bayottes et Bissine). Si les plantations d’avant 1973 sont considérées comme réussies à 80 %, il n’en a pas été de même pour celles réalisées durant le 4ème Plan de Développement Economique et Social, dont le taux de réussite ne dépasse pas 50 %, du fait du passage de fréquents et virulents feux de brousse.
Le Gmelina, après avoir été testé avec succès au Parc forestier de Hann (le "bois de Boulogne" de Dakar) en 1954, et en Basse Casamance en 1958, a fait l’objet d’un programme de 500 ha lancé dans les départements de Ziguinchor et de Bignona en 1966. En 1977, les plantations de Gmelina couvraient au total 1.700 ha, dont 1.000 ha sont considérés comme réussis. La moindre réussite du Gmelina par rapport au Teck est essentiellement dû au fait que ce dernier a moins ressenti les effets de l’insuffisance, voire du manque d’entretiens sylvicoles depuis l’installation de ces plantations.
L’administration forestière sénégalaise (AFS) a élaboré en 1981 un plan d’aménagement pour la rénovation des anciennes plantations de Teck et de Gmelina, basé sur une série d’éclaircies et autres actions sylvicoles, pour préserver la qualité de leur avenir productif (poteaux de lignes et bois d’œuvre). Cependant, l’avenir prometteur des teckeraies du dépt de Ziguinchor a été fortement compromis avec le conflit armé opposant l’armée nationale aux forces rebelles du MFDC, notamment au niveau des forêts classées des Bayotes et de Bissine.
Le Casuarina equisetifolia (Filao) est une autre des espèces ayant occupé une place de choix dans les activités de reboisement au Sénégal. Les plantations de Filao visaient un but de protection avec la fixation des dunes blanches situées le long de la grande côte Dakar-Ndar (Saint Louis). Après les premières réalisations faites de 1949 à 1958, sur une superficie de 424 ha, dans les franges côtières de Dakar et de Ndar, un important programme sera lancé à partir de 1974 pour créer une bande d’au moins 200 m de large, devant relier ces deux villes. La jonction sera faite en 1981, grâce à l’effort concerné de trois projets intervenant dans les secteurs Nord (Sag), Centre (Lompoul) et Sud (Kayar-Mboro), grâce au concours financier de l’ACDI, du système des Nations Unies et de l’USAID. Une fois atteint l’objectif de fixation des dunes maritimes dites blanches, l’AFS a amorcé celle des dunes intérieures dites rouges, en plus de la protection rapprochée des cuvettes maraîchères avec des brise-vents d’Eucalyptus.
Aujourd’hui, la bande de plantations côtières de Filao est longue de 182 km, pour une largeur de 200 à 500 m, soit une superficie d’environ 6.400 ha. Ces plantations constituent, sans doute l’une des plus belles réalisations du Service des Eaux & Forêts du Sénégal, en matière de reboisement. Elles ont contribué à la protection et à la sécurisation des cuvettes maraîchères des Niayes, espace où l’on produit près des deux tiers de la production nationale de légumes, et une part appréciable de la production de fruits (mangues et agrumes notamment), destinées tant au marché intérieur qu’à l’exportation, principalement vers les pays de l’Union Européenne.
Un plan d’aménagement de ces plantations côtières a été élaboré par l’AFS en 1991 et révisé en 1996, dans le but de les rénover, en tenant compte de la longévité relativement courte du Filao (40 ans), en vue de préserver durablement la fonction de protection de la bande de Filao, tout en valorisant le potentiel ligneux exploitable sous forme principalement de poteaux de lignes électriques et téléphoniques, puis de bois de service, et accessoirement de bois d’énergie. La rénovation des plantations de Filao se fera par le biais de nouvelles plantations, compte tenu des faibles capacités de régénération naturelle de l’espèce, et en impliquant les populations locales, avec l’appui du Canada. Cette opération qui a démarré en 1999, permettra de freiner les prélèvements frauduleux opérés par des exploitants clandestins, et surtout soulagera ces plantations, qui présentent à plusieurs endroits des cas de vieillissement précoces du fait de la trop forte densité (2.000 à 2.500 tiges/ha) des parcelles qui n’ont quasi jamais bénéficié d’éclaircies.
L’Anacardium occidentale (Anacardier) est une autre des espèces phare du programme de reboisement d’avant 1990, espèce avec laquelle, l’AFS, en étroite collaboration avec les populations locales cette fois-ci, a écrit une belle page. D’importantes superficies ont été ainsi couvertes dans les régions de Fatick (dépt de Foundiougne), de Kaolack, de Ziguinchor et de Kolda. Le but de ces plantations villageoises a été la production et la commercialisation de noix de cajou et des faux fruits, quoique les premières actions menées en régie l’aient été sous forme de pare-feu verts autour et à l’intérieur de forêts classées. Le Projet Anacardier Sénégalo-Allemand (PASA) de Sokone, de 1979 à 1991 (dépt de Foundiougne), a fortement contribué à l’extension des plantations d’anacardier et à l’amélioration du matériel végétal utilisé dans les régions du Centre-Sud, avec l’introduction et la vulgarisation de variétés performantes en provenance de l’Amérique Latine. Sur son objectif de 10.000 ha de plantations, le PASA a pu réaliser, en collaboration avec les populations rurales de sa zone d’intervention, 10.085 ha. Quant aux régions de Ziguinchor et de Kolda, les superficies emblavées par les populations durant la période 1981-90, avec des semences tant améliorées, via le PASA, que des semences tout venant, ont été respectivement de 894 et 240 ha ; quant aux pare-feu verts, installés en régie dans et autour des forêts classées, les réalisations ont été respectivement de 236 et 56 km.
Pour ce qui est du taux de réussite, si les plantations faites dans les régions de Fatick et de Kaolack (ancienne région de Sine-Saloum) ont connu un succès mitigé (45 à 55 %), du fait principalement de la divagation des années et de la sécheresse, en Casamance, le taux de réussite a été de 60 à 75 %.
Dans la région de Kolda, c’est à partir de 1990, que l’on notera un véritable essor des réalisations villageoises en Anacardier, tant collectives que surtout individuelles ou familiales, avec la place de plus en plus importante occupée par la noix de cajou sur le marché local, avec la présence de nombreux opérateurs qui rachètent la production de noix des villageois pour le compte de grossistes qui exportent généralement vers l’Inde.
L’Acacia senegal (Gommier) est une autre des espèces ayant fait l’objet d’importantes plantations dans la zone sylvopastorale, pour la régénération de la gommeraie, qui a beaucoup souffert des méfaits de la sécheresse. Par le biais du Projet de reboisement et d’aménagement sylvo-pastoral de la Zone Nord, les superficies suivantes seront réalisées durant la période 1975-1990 : 2.768 ha de plantations en régie, 3.878 ha de plantations communautaires et 1.060 ha de mise en défens. Le taux de réussite moyen des plantations tourne autour de 50 à 60 %.
L’Eucalyptus camaldulensis et autres eucalyptus ont été largement utilisés par les structures de terrain de l’AFS (IREF et projets), d’abord en régie et ensuite en encadrant les populations rurales organisées, dans des actions populaires de reboisement pour des buts tant de production (plantations massives pour les bois de service et d’énergie) que de protection (brise-vents), et ce au niveau principalement de trois zones écogéographiques, soit :
Zone des Niayes : 170 ha de plantations massives et 482 km de brise-vents, pour des taux de réussite de 80 à 90 %,
Zone de la Vallée du fleuve Sénégal : 195 ha de plantations massives et 33 km de brise-vents, pour des taux de réussite supérieurs à 90 %,
Zone agricole du Bassin arachidier : 1.800 ha de plantations massives et 302 km de brise-vents, pour des taux de réussite variant entre 50 et 60 %,.
En définitive, le tableau n° 05 suivant fait le point sur les superficies reboisées au Sénégal pour la période d’avant 1990.
|
Avant 71 |
1971-80 |
1981-84 |
1985-88 |
1989 |
1990 |
Totaux |
|
|
Total superficies reboisées (ha) |
2.200 |
10.600 |
35.883 |
83.841 |
21327 |
15.605 |
154.007 |
|
Part du reboisement communautaire (ha) |
2.319 |
21.060 |
69.598 |
6.422 |
5.462 |
104.861 68,9 % |
Plus de 154.000 ha ont donc été effectivement reboisés depuis 1970, dont plus de 140.000 ha sur la période 1980-90 (dont un peu plus de 70 % de reboisement communautaire), période faste correspondant à l’époque où l’AFS bénéficiait du concours de plusieurs bailleurs dans l’exécution d’un certain nombre de projets forestiers, intervenant d’abord exclusivement en régie, et ensuite impliquant de plus en plus les populations locales dans la gestion des ressources forestières de leurs terroirs.
Le tableau n° 06 présente le récapitulatif des statistiques des campagnes nationales de reboisement de la période 1981-90.
En traduisant les diverses formes de plantations (massives et linéaires) en superficies plantées, l’AFS obtient une moyenne annuelle de 17.137 ha. Avec le niveau de régression du couvert forestier estimé pour la période à 80.000 ha/an, l’on note, qu’avec ce bilan négatif, les superficies des formations forestières ont encore sensiblement diminué durant cette décennie.
5.3.2 Les plantations forestières durant la période 1991-99
Le tableau n° 07 présente le récapitulatif des statistiques des campagnes nationales de reboisement de la période 1991-99.
Durant cette période, en analysant le niveau de production de plants, l’on note une certaine évolution marquée par :
des pointes dans la production atteintes en 1992, avec 11,3 millions de plants, et en 1999, avec 12,8 millions, et un creux en 1998, avec 5,8 millions pour une production moyenne annuelle de 8,4 millions de plants ;
une baisse constante de la production entre 1993 (10,7 millions) et 1998 (5,8 millions), soit une baisse générale de 46 %, du fait de l’arrivée à terme de certains projets et d’une responsabilisation accrue des populations et autorités locales dans l’activité de production de plants ;
une nette prédominance des espèces forestières (environ 75 %) par rapport aux autres catégories telles celles forestières-fruitières (10 %), celles fruitières (9 %) et celles ornementales (6 %) ; parmi les espèces forestières composées principalement d’espèces exotiques, Eucalyptus camaldulensis (24 %) et Prosopis jugliflora(23 %) dominent de loin les autres espèces toutes catégories confondues, du fait qu’elles répondent mieux aux besoins de production (perches et bois de feu) et de protection (brise-vents) des populations ; parmi les espèces forestières-fruitières, l’Anacardium occidentale est la plus prisée, du fait de ses usages multiples, mais surtout de sa faculté à améliorer sensiblement les conditions de revenus des producteurs, avec la vente de noix ; elle constitue ainsi 85 % de la production des plants de sa catégorie et vient en 3ème place de la production globale, après Eucalyptus camaldulensis et Prosopis jugliflora, et est surtout produite et mise en terre dans les régions Sud du pays ; la production d’espèces fruitières reste dominée par la Mangifera indica (53 %) et Citrus sp (23 %), au niveau des régions de Thiès, Dakar, Ziguinchor et Kolda ; quant aux espèces ornementales, leur production est dominée par Delonix regia et Cordia sp, et sont surtout utilisées en milieu urbain (Dakar notamment), sous forme de plantations linéaires (axes routiers) ;
Quoique l’implication des populations dans la production des plants soit notable (2.964 pépinières et 6.285.619 plants en 1999, soit respectivement 98,2 % et 48,9 % des totaux), il faut souligner que plus de la moitié des plants produits relève des pépinières en régie, tendance qui sera maintenue pour satisfaire, autant que faire se pourra, tous les besoins exprimés par les populations pour leurs actions de reboisement.
Les réalisations physiques se présentent en plantations massives, et en plantations linéaires, soit :
plantations massives : il s’agit de réalisations faites pour des finalités d’une part de production de bois d’œuvre, de service ou d’énergie, de fruits (vergers), et de fourrage, et d’autre part de protection/production, avec des densités variant entre 400 et 1600 tiges à l’hectare ; durant la période, 98.270 ha ont été réalisés, soit une moyenne de 10.918,9 ha par an ; il faut cependant souligner que ces plantations massives englobent les plantations conservatoires (plantations champêtres, enrichissement et mise en défens), lesquelles n’ont commencé à être recensés distinctement de celles massives qu’à partir de 1992.
plantations linéaires : elles regroupent les réalisations telles qu'axes routiers, haies vives, brise-vents, pare-feu verts, …. ; durant la période, 23.794 km ont été plantés, soit une moyenne de 2.643,8 km par an.
Ainsi, durant la période, une superficie globale moyenne de 15.443,8 ha par an a été plantée, ce qui est encore insuffisant face au rythme de régression du couvert forestier (50.000 ha/an), quoique le bilan se soit amélioré très positivement par rapport à la décennie 1981-90.
En analysant le tableau n° 07, il ressort ce qui suit :
Entre 1991 et 1998, l’on note une baisse régulière des réalisations en plantations massives, baisse due principalement à la forte réduction des actions en régie (de plus de 44 % à moins de 10 %) par la nouvelle orientation de la politique forestière définie par le PAFS, impliquant et responsabilisant les populations et autorités locales dans la gestion des ressources forestières de leurs terres ; il reste à ajouter, qu’à l’exception de 1998, le niveau des plantations massives villageoises est demeuré assez stable ; l’année 1999 a vu une reprise forte des réalisations, quasi exclusivement de l’œuvre des populations, sous l’encadrement des structures de l’AFS et des autres partenaires, dont les ONG ;
Quant aux plantations linéaires, exception faite pour la pointe de 1993 (5.243 km) et le creux de 1998 (1.832 km), l’on note une certaine constance dans les réalisations (entre 2.000 et 2.750 km).
Le tableau n° 08 présente les réalisations en plantations conservatoires de 1992 à 1999. Pour l’année 1999, les 3.752 ha se décomposent comme suit :
reboisement champêtre : 1.492 ha
régénération naturelle et assistée : 1.595 ha
mise en défens : 663 ha
cultures fourragères : 3 ha
===========
3.752 ha
Tableau n° 08 : Réalisations en plantations conservatoires (Période 1992 - 99)
|
Années |
Plantations massives (ha) |
Plantations conservatoires (ha) |
|
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 |
20.684 15.915 8.793 9.862 8.722 8.807 7.267 3.828 10.640 |
- 7.295 4.861 4.495 4.219 4.335 3.009 3.447 3.752 |
L’analyse des plantations de la période 1991-99 fait ressortir les autres éléments suivants :
Plantations massives
analyse par type d’intervention : paradoxalement, bien que produisant la moitié du matériel végétal, les plantations en régie n’occupent que 9 % des plantations massives l’essentiel des réalisations étant représenté par les plantations villageoises et communautaires (37 %) ; elles sont essentiellement localisées dans les régions Centre, soit Thiès, Kaolack et Fatick ; quant aux plantations individuelles et aux vergers, elles représentent respectivement 26 et 28 %, principalement localisées dans les régions de Thiès, Kolda, Ziguinchor et Fatick ; pour les deux régions de Ziguinchor et de Kolda, les réalisations sont faites en Anacardier (Anacardium occidentale), une espèce dont les plantations s’étendent d’année en année, du fait qu’elle constitue pour les populations rurales locales une "vraie mine d’or", ce qui s’explique par l’importance de la noix pour le tissu économique de la Casamance, voire du pays. Le commerce de la noix d’anacarde constitue un pôle de développement prépondérant pour les régions de Ziguinchor et de Kolda, générant annuellement des revenus importants et de nombreux directs et indirects, et suscitant des effets d’entraînement considérables. En effet, 6.000 tonnes environ de noix sont collectées par quelque 3.000 à 4.000 personnes et vendues à raison de 400 fcfa/kg en moyenne (le prix de la noix tournait autour de 100 fcfa/ka en 1994) ; les transporteurs gagnent environ 7 fcfa/kg pour les camions de 3-10 tonnes transitant dans la région, 15 fcfa/kg pour les camions de 30 tonnes acheminant le produit à Dakar. Une partie des noix collectées (10-15 %) est transformée et commercialisée sous forme d’amandes grillées Une autre zone du pays où la noix d’anacarde joue un rôle aussi important est la région naturelle de Sine-Saloum (Fatick et Kaolack), surtout dans les départements de Foundiougne, de Nioro et de Kaolack, où les producteurs organisés fixent chaque année le prix de vente du kg de noix, en concertation avec les représentants de sociétés indiennes.
analyse par type d’encadrement : elle montre que les IREF assurent à elles seules plus de la moitié des plantations massives (57 %), par l’action des agents forestiers évoluant au niveau des 90 arrondissements du pays, et la relève de l’encadrement des projets terminés ; viennent ensuite les projets forestiers en cours avec 29 % et enfin les ONG avec seulement 4 % ;
Plantations linéaires
analyse par type d’intervention : elle montre que le secteur d’intervention touchant l’agriculture (haies vives, brise-vents, plantations de délimitation) domine nettement la gestion du terroir, notamment les interventions visant l’amélioration des rendements avec 82 % des réalisations, ce qui souligne le souci des agriculteurs pour l’amélioration de la fertilité de leurs champs, surtout si les réserves de terres sont inexistantes comme c’est le cas dans les régions du Bassin arachidier (Diourbel, Thiès, Kaolack et Fatick) ; l’intervention visant l’amélioration de l’environnement (axes routiers, alignement) représente 9 % des longueurs plantées, les plantations de délimitation (7 %), le reliquat étant constitué par les actions de lutte anti-érosive et la protection des ressources forestières (pare-feu verts) ;
analyse par type d’encadrement : elle montre que les projets forestiers interviennent pour 47 % des réalisations totales, les IREF 44 % et les ONG 7 % ; durant la période la part des projets est passée de 68 % en 1991 à 30 % en 1998, alors que la part des IREF a connu le sens inverse de 28 % à 64 % ;
Plantations de conservation/restauration des sols
analyse par type d’intervention : elle montre un grand intérêt pour les activités visant une meilleure composition floristique des pâturages avec la mise en défens et la régénération des sols (MEDR), avec plus de 60 % des réalisations ; l’on note que les actions MEDR régressent à partir de 1993 pour connaître ensuite une chute vertigineuse pour ne plus représenter que 492 ha en 1998, soit une réduction de 90 % par rapport à la valeur de 1993. Au même moment, on note un intérêt pour les reboisements champêtres (agroforesterie) avec 19 % et les régénérations naturelles avec 20 % à partir de 1995 ;
analyse par type d’encadrement : elle montre que les projets forestiers interviennent pour plus de 83 % dans les actions de conservation et de restauration des sols ; la plus forte réalisation a été notée en 1992 et n’a cessé de baisser depuis lors, baisse imputable au dépérissement des projets forestiers, notamment ceux intervenant en zone sylvo-pastorale ; les IREF et les ONG sont intervenues pour respectivement 13 % et 3 %.