Perspectives de l'Alimentation No. 5, Novembre 1998 (FAO/SMIAR

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COMMERCE 1/


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1/ Le commerce mondial de blé et de céréales secondaires se fonde sur l’estimation des importations livrées au 30 juin de la campagne de commercialisation juillet/juin. Certains achats effectués en fin de campagne peuvent être comptabilisés avec la campagne suivante si la livraison se fait après le 30 juin. En général, les exportations et importations sont calculées sur la base des expéditions et des livraisons estimatives effectuées au cours de la campagne de commercialisation juillet/juin, et peuvent donc ne pas s’équilibrer exactement pour une année donnée en raison des délais entre l’expédition et la livraison.

L’estimation du volume du commerce mondial des céréales pour 1998/99 a été révisée à la hausse (2 millions de tonnes) passant à 201 millions depuis septembre (tableau A.2). A ce niveau, les importations mondiales de céréales se chiffreraient à quelque 6,5 millions de tonnes, soit 3 pour cent de moins que le volume de l’an dernier, l’essentiel de la baisse étant imputable à des importations réduites de blé et de riz .

Les prévisions pour les importations mondiales de blé en 1998/99 (juillet/juin) ont été aussi révisées en hausse de 1 million de tonnes et s’établiront à 91,5 millions de tonnes. Ce mois-ci l’essentiel de la hausse des prévisions traduit des estimations plus optimistes pour la CEI. Néanmoins, au niveau actuel des prévisions, les importations de blé seraient inférieures d’environ 3 millions de tonnes à l’estimation révisée pour 1997/98. Les importations totales des pays en développement devraient atteindre 73 millions de tonnes, niveau inférieur de 3,0 millions à celui de l’année passée, alors que les importations totales des pays développés fléchiront sans doute quelque peu pour s’établir à 18 millions de tonnes, soit environ 400 000 tonnes de moins que l’an dernier.

En Afrique, les importations totales de blé sont estimées à 22 millions de tonnes, c’est-à-dire près de 1,3 million de tonnes de moins qu’en 1997/98.

En Afrique du Nord, les importations montées en flèche l’an dernier en raison de la grave sécheresse devraient reculer grâce aux meilleures récoltes rentrées au cours de la campagne en cours. Cependant, les importations de la plupart des pays africains subsahariens resteront sans doute proches des niveaux des deux années précédentes. En Asie, le volume total des importations de cette année devrait avoisiner 42 millions de tonnes, niveau inférieur de près de 4 millions de tonnes à celui de l’année passée. On prévoit que la plupart des pays

asiatiques importeront moins cette année, en particulier l’Inde, la République islamique d’Iran et le Pakistan, en raison notamment de la hausse de la production intérieure. Il est estimé que les importations de l’Indonésie accuseront un recul pour la deuxième année consécutive, entraîné principalement par la crise économique et malgré l’aggravation des pénuries alimentaires due à une forte réduction des disponibilités intérieures de riz. Le gouvernement a récemment aboli les subventions à l’importation de farine de blé et, bien que les commerçants privés pourraient maintenant importer de la farine de blé sans droits de douane, les importations commerciales ont renchéri du fait de la dévaluation de la monnaie et ce, malgré son appréciation progressive ces dernières semaines. En revanche, les importations du Bangladesh pourraient presque doubler cette année à la suite des pénuries alimentaires provoquées par les inondations survenues récemment. Cependant, il est probable que l’essentiel de l’accroissement des importations de blé prévu pour cette année sera sous forme de donations offertes par les principaux exportateurs.

La prévision des importations de blé de l’Europe a été légèrement abaissée et se situe maintenant à 4 millions de tonnes, soit 1 million de moins que le volume de l’an dernier. L’essentiel de la baisse devrait concerner la CE grâce à la production record de cette année et à de plus amples disponibilités de blé de qualité supérieure. Dans la CEI, les récoltes exceptionnellement mauvaises de cette année, en particulier dans la Fédération de Russie, pourraient entraîner une hausse des importations. Le volume total des importations de la CEI s’élèveraient maintenant, selon les estimations, à 3,3 millions de tonnes, soit quelque 500 000 tonnes de plus qu’il y a un an. Cependant, cette prévision reste extrêmement provisoire vu les incertitudes qui planent sur l’aptitude des pays de la CEI à effectuer des importations commerciales. Le volume des importations pourrait s’avérer beaucoup plus élevé si les exportateurs accroissent leurs donations (aide alimentaire) et/ou octroient davantage de crédits.

En Amérique latine et aux Caraïbes les importations devraient se chiffrer à environ 17 millions de tonnes pour la campagne de commercialisation 1998/99 (juillet/juin), niveau supérieur de 2 millions de tonnes environ à celui de l’année dernière. La majeure partie de cette expansion serait imputable aux importations accrues du Brésil, le principal exportateur de blé de la région. Les achats du Brésil devraient atteindre 6,2 millions de tonnes, soit 1,2 million de plus que l’année précédente. Cet accroissement est largement motivé par la faiblesse accrue des cours du blé sur les marchés internationaux, un facteur qui devrait stimuler les achats extérieurs de blé, outre le petit recul de la production intérieure par rapport à 1997.

VUE D'ENSEMBLE DES IMPORTATIONS MONDIALES DE CÉRÉALES – PRÉVISIONS POUR 1998


Blé Céréales secondaires Riz (usiné) Total

1997/98 1998/99 1997/98 1998/99 1998 1999 1997/98 1998/99

(. . . . . . . millions de tonnes . . . . . .)
Asie 45,4 42,1 53,2 52,8 15,8 10,8 114,4 105,7
Afrique 23,3 22,0 10,8 11,5 3,8 4,0 37,8 37,6
Amérique centrale 5,2 5,6 10,0 10,3 1,3 1,4 16,6 17,2
Amérique du Sud 10,0 11,6 5,9 7,4 1,9 1,8 17,8 20,8
Amérique du Nord 2,5 2,5 4,0 3,2 0,6 0,6 7,2 6,3
Europe 5,3 4,1 3,4 3,9 1,0 1,1 9,7 9,0
CEI 2,8 3,3 0,3 0,2 0,4 0,4 3,4 3,9
Océanie 0,4 0,4 0,1 0,1 0,3 0,3 0,8 0,8
TOTAL MONDIAL 94,9 91,5 87,8 89,3 25,1 20,4 1/ 207,8 201,3
Pays en développement 76,2 73,2 57,4 58,9 21,9 17,0 155,5 149,1
Pays développés 18,7 18,3 30,4 30,4 3,2 3,4 52,3 52,1


SOURCE: FAO
1/ Chiffres très provisoires.

En ce qui concerne les exportations de blé (tableau A.3), l’aspect dominant depuis le début de la campagne 1998/99 a été l’expansion des exportations vis-à-vis d’une contraction de la demande mondiale. Les prévisions d’un fléchissement du commerce mondial en 1998/99 (juillet/juin) devraient entraîner une baisse des exportations totales des principaux pays exportateurs par rapport à l’année précédente. Parmi ces derniers, on s’attend à un recul des expéditions en provenance de l’Argentine et du Canada de 2 millions et 7 millions de tonnes respectivement, dû partiellement à une production intérieure plus faible. En revanche, la récolte record de cette année et la cadence accélérée des exportations qu’à connue jusqu’à maintenant la CE pourraient déterminer un accroissement des expéditions d’environ 2,5 millions de tonnes, avec une expansion moins prononcée que prévu en Australie et aux États-Unis. Bien que le volume total des ventes des principaux exportateurs devraient régresser, celles de certains exportateurs moins importants enregistreront vraisemblablement une hausse. En Turquie, par exemple, les exportations devraient presque doubler pour atteindre 2 millions de tonnes pendant la campagne en cours.

Les estimations concernant le commerce mondial des céréales secondaires en 1998/99 (juillet/juin) ont été révisées à la hausse (800 000 tonnes) et s’établiront à plus 89 millions de tonnes par rapport aux prévisions précédentes. A ce niveau, les importations mondiales de céréales secondaires atteindraient 1,5 million de tonnes, soit environ 2 pour cent de plus que le niveau de l’an dernier. La dernière révision est due principalement à des achats plus importants que prévu effectués par le Brésil et le Mexique. Les importations totales des pays en développement sont estimées à l’heure actuelle à 59 millions de tonnes, chiffre supérieur de 1,5 million de tonnes à celui de 1997/98, alors que les importations totales des pays développés devraient rester inchangées par rapport à l’année passée, soit environ 30 millions de tonnes. L’essentiel de l’accroissement estimé des importations mondiales de céréales secondaires en 1998/99 serait imputable à la hausse de 1 million de tonnes de l’orge qui atteindrait 14,5 millions de tonnes, et à une augmentation de 500 000 tonnes du seigle qui s’établirait à 1,4 million de tonnes. On ne s’attend qu’à une faible progression des importations mondiales de maïs qui pourraient avoisiner 64 millions de tonnes alors que le commerce de la plupart des autres céréales secondaires restera sans doute inchangé par rapport à 1997.

Les importations totales de céréales secondaires en Afrique en 1998/99 sont estimées à 11,5 millions de tonnes, soit un accroissement de 700 000 tonnes par rapport aux importations estimées en 1997/98. Cette progression est presque entièrement motivée par une demande accrue d’importation dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne en raison de la réduction des récoltes de maïs. En revanche, en Afrique du Nord, les importations devraient reculer légèrement à la suite de l’augmentation des récoltes. En Asie, on prévoit que les importations de céréales secondaires resteront au même niveau que le volume réduit de l’an dernier (environ 53 millions de tonnes) en raison essentiellement d’un accroissement des stocks de céréales secondaires et de la faible demande venant du secteur des aliments pour animaux dans les pays traversant une crise économique. En outre, il est improbable que l’Indonésie, qui avait dû recourir à des achats de maïs exceptionnellement élevés en Chine au cours de la campagne précédente, continue à importer d’importants volumes en 1998/99. Ailleurs en Asie, les importations de la République islamique d’Iran devraient aussi accuser une légère régression, alors que la chute des cours internationaux de l’orge pendant la campagne en cours pourrait faire monter les achats d’orge de l’Arabie saoudite.

En Europe, les importations globales de céréales secondaires de 1998/99 sont estimées à l’heure actuelle à environ 4 millions de tonnes, chiffre légèrement supérieur à celui de l’an dernier. Cet accroissement serait largement dû à une augmentation probable des importations d’orge et de maïs de la République tchèque motivée par une production intérieure un peu plus faible, et aux achats de maïs plus importants de la Pologne, dus largement à la chute des cours internationaux. Dans la CEI, les problèmes permanents auxquels se heurte le secteur des aliments pour animaux et la dévaluation de la monnaie ne rendent guère plausible une expansion des importations, malgré le recul net de la production de céréales secondaires prévu pour la campagne en cours.

Les importations de l’Amérique latine et des Caraïbes sont estimées actuellement à près de 18 millions de tonnes, niveau supérieur de 2 millions de tonnes à celui de 1997. Les prévisions relatives aux importations de céréales secondaires du Mexique ont été révisées à la hausse à 7,4 millions de tonnes, soit 600 000 tonnes de plus que le mois dernier et que l’année dernière, notamment en raison de l’accroissement des achats de maïs dus à la baisse des prix. Le Brésil aussi devrait importer davantage de maïs cette année, à savoir 2 millions de tonnes, soit le double de l’année passée et 300 000 tonnes de plus que prévu en septembre, en raison principalement du fléchissement de sa production de maïs. En Amérique centrale, bien qu’on ignorera sans doute encore pendant des semaines les répercussions exactes des inondations causées par l’ouragan « Mitch », l’ampleur des dommages signalés jusqu’ici laisse présager un accroissement considérable des besoins d’importation, notamment au Honduras où les inondations dévastatrices ont coïncidé avec les semis du maïs de la deuxième (principale) campagne de 1998/99.

En ce qui concerne les exportations, les fortes disponibilités de céréales secondaires détenues par les principaux pays exportateurs suffiraient amplement à satisfaire la petite hausse prévue des importations. Des expéditions de maïs nettement plus abondantes pourraient partir des États-Unis et des expéditions d’orge de la CE. Parmi les petits exportateurs, la Hongrie et la Roumanie exporteront vraisemblablement le même volume de maïs que pendant la campagne précédente. Cependant, les expéditions en provenance de la Chine devraient toucher 3,5 millions de tonnes, soit environ 50 pour cent de moins que l’année passée, chute entraînée surtout par la baisse de la production intérieure ainsi que par la faiblesse de la demande d’importation des pays voisins.

Les prévisions concernant le commerce mondial du riz de 1998 ont été révisées à la hausse de 1,3 million de tonnes, par rapport aux dernières projections, et atteindraient un nouveau plafond de 25 millions de tonnes, soit 6 millions de plus qu’en 1997 et plus de 4 millions au-dessus du record de 1995. Cette révision vers le haut traduit en grande partie l’augmentation des importations et/ou des engagements à acheter jusqu’à ce jour par plusieurs des principaux importateurs dont la production en 1997 et au début de 1998 a été gravement compromise, non seulement par les conditions météorologiques défavorables attribuables au phénomène El Niño, mais aussi par la probabilité d’une hausse de la demande de plusieurs pays asiatiques touchés récemment par de graves inondations.

L’estimation des importations du Bangladesh a enregistré par rapport aux prévisions antérieures une hausse brusque de 600 000 tonnes pour arriver à 1,6 million de tonnes, compte tenu des expéditions réalisées à ce jour et de la persistance escomptée d’importants besoins dans les semaines à venir motivés par les inondations dévastatrices qui ont infligé des dégâts notables à la majeure partie du pays et considérablement endommagé les cultures de riz. Il semble qu’une partie de ce volume exceptionnel d’importations sera couverte par l’aide alimentaire. Les prévisions des importations de riz de l’Indonésie en 1998 ont été relevées de 500 000 tonnes et atteignent le chiffre record de 5,5 millions de tonnes, traduisant des réductions ultérieures de l’estimation de la production de 1998. Certains des besoins d’importation de l’Indonésie sont satisfaits grâce à des accords préférentiels. Le gouvernement du Japon notamment a offert de prêter à l’Indonésie du riz qui pourrait être remboursé en espèces ou en nature à une date ultérieure. En outre, le Japon offre à l’Indonésie des dons et prêts financiers pour lui permettre d’acheter un surcroît de riz sur le marché international. L’estimation des achats de riz des Philippines de 1998 a également été révisée à la hausse de 650 000 tonnes pour s’établir à 2,2 millions sur la base des volumes importés à ce jour. Il semble qu’une partie de ce riz serait achetée comme mesure de précaution contre les effets potentiels des inondations attribuables au phénomène La Niña qui sont attendus pour la fin de l’année. En revanche, les estimations des importations de riz de plusieurs autres pays incluant la Chine (continentale), la CE, l’Inde, le Cambodge, le Ghana et le Kenya ont été abaissées d’un total cumulé de 450 000 tonnes. Les pays africains pris dans leur ensemble devraient importer moins de riz qu’en 1998 du fait de la production record de la région en 1997.

En ce qui concerne les exportations, par rapport aux prévisions précédentes, on a relevé de 200 000 tonnes l’estimation des expéditions de riz en provenance de la Thaïlande en 1998 qui passeraient maintenant à 6,2 millions sur la base de la demande élevée persistant sur le marché international et des bons résultats de la récolte de la deuxième campagne. Pendant les huit premiers mois de 1998, les exportations devraient dépasser légèrement 4,3 millions de tonnes, contre environ 3,2 millions pendant la même période de 1997. Les exportations de riz parfumé thaïlandais de qualité supérieure devraient aussi progresser grâce à l’expansion de la production. Les prévisions concernant les expéditions en provenance de l’Inde ont été haussées de 1 million de tonnes à 3,5 millions depuis le dernier rapport car on s’attend à une autre récolte record. On a aussi révisé à la hausse l’estimation des exportations de l’Australie d’environ 100 000 tonnes à 700 000 tonnes, à la suite des récoltes exception-nelles de ces deux dernières années. Les volumes exportés par la Chine (continentale), le Japon, le Myanmar et le Suriname ont été haussés d’un total cumulé de 300 000 tonnes. En revanche, les prévisions concernant les expéditions de riz provenant du Viet Nam ont été abaissées de 300 000 tonnes à 3,7 millions de tonnes à la suite de la décision prise par le gouvernement de contrôler les exportations de riz afin de garantir la sécurité alimentaire du pays. Néanmoins, la projection révisée, si elle se concrétisait, représenterait un nouveau niveau record d’exportations pour le Viet Nam. Les projections concernant les exportations des États-Unis restent inchangées, soit 3 millions de tonnes, représentant une hausse de plus de 30 pour cent par rapport à l’année précédente.

Pour 1999, il est estimé à titre provisoire que le commerce mondial de riz fléchira très nettement par rapport aux chiffres records de 1998 pour retourner à des niveaux de production plus normaux, car dans nombre d’importants pays importateurs la production devrait marquer une reprise vis-à-vis des niveaux de 1997 déprimés par les conditions météorologiques défavorables associées à El Niño. Une production accrue et, partant, une baisse des importations pourrait se réaliser, notamment en Indonésie, aux Philippines, au Bangladesh et au Brésil, qui figurent jusqu’ici parmi les quatre principaux importateurs de 1998.


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