Les approvisionnements alimentaires demeurent précaires en Afrique de l´Est, où les précipitations ont été dans l´ensemble irrégulières. Partout dans la sous-région les pluies ont commencé tard, ont été insuffisantes et irrégulières, avec des périodes de sécheresse prolongées tout au long de 1997. La grave sécheresse du début de lannée, qui a fortement réduit la production céréalière du Kenya, de l´Ouganda, de la Tanzanie, de la Somalie et du sud de l´Ethiopie, a été suivie de précipitations irrégulières qui ont nui aux récoltes de la campagne principale dans la plupart des pays et plus particulièrement en Ethiopie, en Erythrée, en Tanzanie et en Ouganda. On s´attend donc à un déclin sensible de la production céréalière totale de la sous-région par rapport à la récolte généralement bonne de l´an dernier. Les dernières estimations pour la Tanzanie et l´Ouganda, qui sont les deux pays les plus touchés, indiquent des réductions de 30 et 27 pour cent, respectivement, par rapport à 1996. Les prix des denrées alimentaires demeurent élevés dans ces pays.
Lente reprise de la production alimentaire et hausse des prix des denrées alimentaires dans la région des Grands Lacs. Malgré une certaine amélioration de la situation en ce qui concerne les réfugiés, les approvisionnements alimentaires demeurent précaires car la production ne se redresse que lentement, à cause notamment d´intempéries localisées, alors que le retour massif de réfugiés en décembre dernier a entraîné une forte expansion de la demande alimentaire. La situation est aggravée par l´insécurité et les conflits armés qui persistent dans certaines régions du Rwanda et du Burundi, au détriment des activités agricoles. En outre, les activités commerciales du Burundi sont toujours entravées par l´embargo économique imposé par les pays voisins. Les prix des denrées alimentaires sont très élevés, rendant l´accès aux aliments extrêmement difficile pour un grand nombre de personnes vulnérables. La situation alimentaire des réfugiés rwandais qui se trouvent toujours dans l´est de la République démocratique du Congo est extrêmement précaire depuis le départ récent et forcé du Haut Commissariat pour les réfugiés. Au Congo Brazzaville, les troubles civils de ces derniers mois ont entraîné des déplacements importants de population et bouleversé le système des approvisionnements alimentaires.
En Sierra Leone, les perspectives alimentaires demeurent sombres. Pour d´importants groupes de population, l´accès aux aliments est devenu très difficile à cause des pénuries et des prix élevés qui en découlent et en raison de l´effondrement généralisé des moyens de subsistance. La malnutrition serait en augmentation dans tout le pays et la situation risque d´empirer avec l´imposition récente de sanctions. Malgré des conditions de croissance extrêmement favorables et les efforts des ONG pour fournir des intrants aux agriculteurs, la production vivrière souffre toujours de l´insécurité et des déplacements de population. Toute assistance humanitaire ayant pratiquement cessé après le départ des organismes internationaux de secours en juin dernier, la situation alimentaire est précaire. On signale également une recrudescence de la criminalité. Au Libéria voisin, on prévoit une légère reprise de la production due essentiellement à la paix et à la stabilité relatives qui y règnent, mais il faudra du temps pour que cette reprise se confirme et une assistance externe substantielle sera nécessaire.
Ailleurs, en Afrique de l´Ouest, les perspectives de récolte sont mitigées, compte tenu des périodes de sécheresse qui ont touché certaines régions du Sahel à mi-campagne. Juillet et août ont été marqués par des pluies nettement inférieures à la normale dans la plupart des régions du Sénégal, de la Gambie et de la Mauritanie, avec des effets marqués sur les semis précoces, puis les précipitations se sont améliorées fin août et en septembre, mais les perspectives de récoltes demeurent défavorables pour les cultures pluviales. En Mauritanie, la reconstitution des réserves d´eau et des barrages a assuré des approvisionnements en eau suffisants pour les cultures irriguées. Une série de missions d´évaluation des récoltes se sont rendues dans les pays du Sahel pour estimer la production céréalière de 1997. La production céréalière totale des neuf pays membres du CILSS est actuellement estimée à 9,1 millions de tonnes, soit un niveau proche à la moyenne des cinq dernières années.
La situation des approvisionnements alimentaires, en Afrique australe demeure généralement stable, malgré une récolte réduite due aux conditions météorologiques défavorables dans certaines régions et malgré la menace d´une éventuelle sécheresse provoquée par El Niño qui pourrait survenir pendant la campagne agricole à peine commencée. La production céréalière totale de 1997, tout en restant supérieure à la moyenne, est inférieure de quelque 10 pour cent à celle de l´an dernier. La situation des approvisionnements alimentaires est très tendue au Malawi, où la production céréalière est en chute sensible à cause de sécheresses et d´inondations localisées. Dans l´ensemble, toutefois, avec d´importants stocks de report dans plusieurs pays, la situation des approvisionnements devrait rester stable dans la sous-région pendant la campagne commerciale 1997/98, les pays à excédents céréaliers étant en mesure d´aider ceux confrontés à des déficits. Mais compte tenu de la nervosité générale suscitée par l´éventualité d´une sécheresse provoquée par El Niño, les agriculteurs pourraient conserver une part plus importante de leur production pour leur consommation familiale, ce qui obligerait à importer davantage de céréales de pays extérieurs à la sous-région.
Les besoins d´importations céréalières de l´Afrique subsaharienne pour 1997/98 pourraient être supérieurs à ceux de 1996/97, compte tenu des récoltes réduites enregistrées dans plusieurs régions. Toutefois, l´importance exacte de l´augmentation dépendra des résultats de récoltes en Afrique de l´Est et en Afrique australe.