Un colloque réunissant experts et coordonnateurs nationaux du Réseau international sur le neem s'est tenu à Bangkok, Thaïlande, les 14 et 15 mars 1996. De chaleureux remerciements ont été exprimés au Royal Forest Department pour sa précieuse assistance dans l'organisation du colloque et au Centre régional de formation en foresterie communautaire qui était l'organisme hôte. La liste des participants et l'ordre du jour figurent dans les Annexes 1 et 2.
Après les recommandations et les accords de la première et de la deuxième Consultation internationale sur l'amélioration du neem qui se sont déroulées respectivement à Bangkok (Thaïlande) en janvier 1993, et à Jodhpur (Inde) en mars 1994, le Réseau international sur le neem a été créé dans le but d'améliorer à long terme la qualité génétique et l'adaptabilité du neem ainsi que son utilisation dans le monde pour contribuer au développement des pays intéressés, et en particulier répondre aux besoins des populations rurales. Au stade initial, le principal volet des activités du Réseau était le suivant: prospection, récolte et échange de provenances pour la mise en place d'essais coordonnés au niveau international. Le Réseau a également décidé d'entreprendre des activités de recherche en phénologie, physiologie et technologie des semences, diversité génétique et biologie de la reproduction et variation dans les composés chimiques.
Des institutions nationales de 23 pays, en Asie, en Afrique, en Amérique latine et en Europe, participent au Réseau qui est coordonné par la FAO.
En 1993 et 1994, des sources de semences ont été prospectées et documentées dans l'aire naturelle de l'essence et dans des zones d'introduction. Des récoltes et des échanges pilotes de semences ont été entrepris pour améliorer les procédures utilisées dans ces opérations très difficiles, les semences du neem ayant un comportement récalcitrant ou intermédiaire. Un stage de formation a été organisé en juillet 1994 à Coimbatore (Inde), pour familiariser les collaborateurs du Réseau avec les procédures améliorées.
Vingt-six sources de semences, représentant la variation éco-géographique dans l'aire de répartition de l'essence, ont été sélectionnées pour la récolte et l'échange de semences entre les collaborateurs du Réseau en 1995, pour la mise en place d'essais internationaux de provenances.
Objectif du colloque
Les principaux objectifs du colloque étaient les suivants: i) présenter et examiner les activités du Réseau menées en 1995; ii) examiner et adopter les directives pour la conception et la mise en place d'essais de provenances; et iii) examiner les activités futures du Réseau.
Le présent rapport résume les discussions et recommandations du colloque.
En tout, 25 provenances ont été récoltées et échangées avec succès entre 20 pays en 1995. De plus, certains pays ont récolté et produit des plants de plusieurs sources de semences locales à inclure dans les essais.
L'échange de semences a été satisfaisant et le Réseau international sur le neem sait maintenant comment récolter et échanger des semences de neem avec de bons résultats. Des plants suffisants pour la mise en place d'essais sont maintenant disponibles, et 26 essais sont prévus. L'Annexe 3 contient un tableau récapitulatif indiquant le nombre de plants disponibles de chaque provenance dans différents pays.
Le transfert des plants non nécessaires à la mise en place d'essais dans un pays donné à des pays accusant un déficit a fait l'objet d'un débat. Compte tenu des problèmes logistiques, administratifs et juridiques liés à cette opération, les participants ont jugé que ce transfert ne constituait pas un modèle général à utiliser. Il vaudrait mieux conduire les essais à l'aide des plants déjà disponibles sans compter sur des plants en surplus provenant d'autres pays.
L'échange de plants en surplus pourrait cependant être réalisable dans des cas particuliers. Les collaborateurs sont invités à arranger directement ces échanges éventuels entre eux. Pour donner une idée des échanges qui seraient possibles en théorie, on présente à l'Annexe 4 un tableau indiquant le déficit ou le surplus par provenance dans différents pays, en supposant que les besoins sont normalement de 200 plants par provenance et par essai.
Le coût du transport devrait en principe être à la charge du pays receveur. Il est recommandé aux pays qui souhaitent recevoir des plants supplémentaires de faire les démarches nécessaires dans les plus brefs délais car l'obtention de certificats phytosanitaires demande parfois beaucoup de temps.
Il est également recommandé d'utiliser les plants en surplus
pour établir des peuplements conservatoires ou de provenances ex
situ dans lesquels les provenances sont gardées séparément
et isolées des peuplements locaux/naturels. La diffusion non contrôlée
du matériel non testé n'a pas été recommandée
à cause du risque d'introduire du matériel génétique
de qualité inférieure dans les ressources génétiques
locales de neem (pollution génétique).
L'objectif de ces premiers essais internationaux de provenances de neem est d'étudier sur plusieurs sites l'adaptation générale et la croissance des provenances incluses dans les essais, qui représentent la variation éco-géographique complète de l'essence et d'évaluer les interactions site/provenance.
Le Groupe de travail sur les dispositifs expérimentaux a préparé et présenté des directives pour ces dispositifs et la mise en place des essais. Compte tenu de l'importance de la variation, à travers tout le Réseau, dans les conditions des sites d'essais et le nombre de plants disponibles, il a été jugé peu réaliste et non souhaitable d'utiliser un seul dispositif pour tous les essais. Des directives ont donc été élaborées, donnant des conseils pratiques pour la conception et la mise en place d'essais statistiquement robustes et adaptés aux conditions locales (et au budget).
Les directives contiennent un certain nombre de références
à des publications statistiques. Si besoin est, le Centre DANIDA
de semences forestières mettra ces références à
la disposition des collaborateurs du Réseau afin de faciliter la
conception des essais. Le Centre DANIDA de semences forestières
a offert son aide aux pays qui en ont besoin. Il est demandé à
ces pays d'en informer tout de suite la FAO ou le Centre.
Les essais internationaux de provenances seront mis en place dans les pays coopérants en 1996. L'Annexe 5 présente, pour différents pays, un tableau dans lequel sont indiqués la période de plantation, le nombre, la dimension et l'emplacement des sites d'essais prévus dans chaque pays, ainsi que le type de matériel de plantation (stumps ou plantsen sachets). Conformément aux principes généraux du Réseau sur le neem, la mise en place et l'entretien des essais ainsi que leur financement sont à la charge des pays coopérants. Le colloque a reconnu et réitéré ce principe général. Des problèmes de financement ont été mentionnés par un collaborateur du Réseau, mais ils ont été résolus depuis la réunion.
En raison des différences dans les dates de récolte (qui vont de mars à septembre) et de l'obligation de faire les semis aussitôt que possible, les plants de certaines provenances qui seront utilisés dans ces premiers essais ont été traités d'une manière très anormale (très différente des procédures optimales adoptées pour la production de matériel de plantation de neem dans les différents pays). Il est recommandé de recourir à tous les moyens (y compris des moyens exceptionnels comme l'irrigation, dans certains pays) afin d'obtenir un taux de survie proche de 100 pour cent un an après la plantation. Il suffira ensuite d'entretenir normalement les plantations expérimentales. De cette manière, l'évaluation de la survie et de la croissance, commençant après la première année, devrait être moins faussée par la faiblesse, anormale mais inévitable, des plants de certaines provenances moment de la plantation.
Un premier inventaire de l'essai devrait être fait peu après
la plantation. Il a été décidé que la hauteur
totale et le diamètre du collet seraient mesurés sur tous
les arbres car ces paramètres initiaux pourraient se révéler
importants dans l'analyse ultérieure des résultats de l'essai
(analyse de la covariance).
Afin d'identifier facilement les sources de semences durant la mise en place des essais et les stades suivants et de faciliter la communication et l'échange de données à l'intérieur d'un pays et entre les pays, un système commun de numérotage a été établi. Les 25 sources de semences incluses dans l'échange international en 1995 sont énumérées dans l'Annexe 6. Ces sources devraient être identifiées selon un code convenu composé d'un chiffre (01 à 25), d'un code par pays comportant trois lettres et des trois premières lettres du nom de la source de semences, par exemple 01/BDG/Naz qui représente la source de semences Nazir Hat du Bangladesh. Pour faciliter l'identification des sources de semences dans les essais et la communication entre pays, ce code devrait toujours être utilisé. Pour les sources de semences locales incluses dans les essais, le code ne devrait pas comporter de chiffre avant le code à trois lettres du pays et les trois premières lettres de la source de semences, par exemple PAK/Hyd pour la source de semences Hydrabad du Pakistan. Dans le cas de deux sources de semences locales comportant le même code à trois lettres, il est recommandé d'utiliser un chiffre après le code, par exemple PAK/Hyd/1 et PAK/Hyd/2 pour deux sources de semences différentes d'Hydrabad.
Toutes les descriptions des sources de semences, comprenant les cartes, seront publiées dans une plaquette par les coordonnateurs et envoyées à tous les membres du Réseau international sur le neem. Les sources de semences incluses dans le Réseau sont toutes minutieusement décrites, mais parfois certains détails manquent, notamment des cartes. Le colloque a invité vivement tous les collaborateurs à fournir l'information manquante à la FAO aussitôt que possible afin de publier et distribuer la plaquette sur les sources de semences.
Il faudrait également envoyer au coordonnateur (FAO) les descriptions des sources locales incluses dans les essais.
L'Annexe 7 contient des données succinctes sur les récoltes.
Tous les pays ont suivi les directives et prélevé des semences
sur 25 arbres au moins, plantés à 100 m d'intervalle. Toute
information supplémentaire disponible concernant les récoltes
de semences devrait être envoyée à la FAO.
Le suivi et l'analyse de l'adaptation (survie, santé, floraison) et la croissance générale ont été identifiés comme les principaux caractères pour l'évaluation des essais. Un groupe de travail sur l'évaluation des essais a été constitué lors du colloque avec les participants de pays qui ont déjà une expérience dans ce domaine. M. Emanuel (Inde) a été élu coordonnateur du groupe, tandis que M. Gaye (Sénégal) et M. Boontawee (Thaïlande) ont été élus membres du groupe de travail. Il a été demandé à ce groupe de présenter une proposition pour l'évaluation des essais, couvrant les 5 premières années des essais. Le groupe de travail devrait faire rapport aux collaborateurs du Réseau d'ici l'année prochaine. Le projet de directives pour l'évaluation des essais devrait être présenté et adopté à la réunion du Réseau prévue dans la première moitié de 1997.
Les coordonnateurs des différents volets ont fait le point sur l'état d'avancement des volets de recherche du Réseau international sur le neem.
Une proposition de recherche a été préparée par Mme Hélène Joly (CIRAD-Forêt) avec le concours d'autres collaborateurs du Réseau intéressés. L'IPGRI a présenté la proposition au Gouvernement français. Elle n'a malheureusement pas été acceptée. Le représentant du CIRAD-Forêt au colloque (M. Roberto Bacilieri) a proposé d'actualiser et de reformuler la proposition de recherche en lien avec les collaborateurs du Réseau intéressés. La demande pourrait être présentée à l'UE (DG XII, programmes de recherche). D'autres possibilités devraient également être envisagées. La proposition sera reformulée d'ici à octobre 1996.
Ce volet est coordonné par le Centre DANIDA de semences forestières. Le travail a consisté principalement en des études sur le stockage et la dessication des semences. Le groupe sur la physiologie des semences est composé de plusieurs pays qui ont fixé des objectifs communs et qui mènent une recherche sur la physiologie des semences au niveau national, en utilisant leurs propres fonds. La proposition doit être reformulée pour coordonner les activités avec le Projet en cours IPGRI/DANIDA concernant la conservation et l'utilisation rationnelles des semences d'arbres forestiers tropicaux intermédiaires et récalcitrantes ("Effective Conservation and Use of Intermediate and Recalcitrant Tropical Forest Tree Seed") financé par la DANIDA. Dans ce projet, le neem est une des essences modèles. Un certain nombre d'instituts collaborant au Réseau sur le neem prennent part au projet IPGRI/DANIDA et au groupe de la physiologie des semences du Réseau sur le neem. Les participants au colloque ont souligné l'utilité des deux types d'activité, le projet IPGRI/DANIDA s'employant à un niveau plus général à comprendre le comportement récalcitrant des semences et le groupe sur la physiologie des semences du Réseau neem travaillant sur des aspects plus pratiques de la recherche.
Le Bangladesh, la République démocratique populaire lao et le Viet Nam ont manifesté leur intérêt en se joignant au groupe sur la physiologie des semences du Réseau international sur le neem.
Ce volet est coordonné par l'Indian Council for Forest Research and Education. Des activités de recherche dans ce domaine sont en cours en Inde et en Thaïlande. Tous les participants au colloque se sont montrés intéressés à développer ce volet.
La coordination des activités du volet relatif à la diversité
génétique avec celles du volet relatif aux composés
chimiques et la préparation d'une proposition de recherche intégrée
commune ont été examinées et généralement
jugées souhaitables.
L'objectif à long terme du Réseau est l'amélioration de la qualité génétique et de l'adaptabilité du neem en plantation et de son utilisation dans le monde pour contribuer au développement des pays concernés, et en particulier pour répondre aux besoins des populations rurales. En suivant une approche par étapes, le Réseau, dans sa phase initiale, a concentré ses efforts sur la prospection, l'échantillonnage, la récolte et l'évaluation des ressources génétiques de l'essence moyennant des essais internationaux. Une fois que cette activité de base aura bien démarré, après la mise en place - on l'espère - réussie des essais, à la fin de 1996, le Réseau devrait se lancer plus avant dans les activités suivantes: