SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE
RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE
LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL |
MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES EN AFGHANISTAN
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Une mission d’évaluation FAO/PAM des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue en Afghanistan du 8 juillet au 7 août 2004, pour estimer la récolte céréalière de 2004 et prévoir les importations céréalières nécessaires pour la campagne de commercialisation 2004/05 (juillet/juin). Cette mission avait été demandée par le Gouvernement afghan suite à des rapports faisant état de mauvaises récoltes généralisées du fait de la sécheresse dans la plupart du pays, à l'exception des provinces du nord. Une mission préalable a été entreprise par une équipe spéciale interministérielle pour l'évaluation de la sécheresse, couvrant certaines des provinces touchées dans le sud et l'ouest du pays. La mission FAO/PAM a travaillé en étroite collaboration avec FEWSNET et le Ministère de l'agriculture et de l'élevage.
Contrairement aux deux années précédentes, aucun organisme national n'a recueilli de données cette année, tandis que le Ministère de l'agriculture et de l'élevage n'a toujours pas les capacités voulues pour recueillir et analyser les données nécessaires. Par conséquent, la mission a consacré une grande partie de ses activités à la collecte de données. Elle a établi des questionnaires pertinents à l'intention des exploitations, des villages, des districts et des provinces, et des agents de recensement ont bénéficié d'une formation de deux jours à Kaboul. Ces agents étaient principalement des fonctionnaires du Ministère de l'agriculture et de l'élevage, mais aussi du personnel national de la FAO et du PAM. En outre, les équipes comprenaient un membre de chaque département provincial de l'agriculture. La mission a utilisé les huit zones agroécologiques définies par la FAO, une équipe étant affectée à chaque zone et chargée de recueillir des données à l'aide de questionnaires pré-établis. La récolte venait de s'achever dans la plupart du pays juste avant que la mission ne se mette au travail.
Les membres de la mission se sont entretenus avec des fonctionnaires d’État, des représentants des institutions spécialisées des Nations Unies, des bailleurs d’aide bilatérale et multilatérale et des ONG locales et internationales; ils ont par ailleurs effectué des visites de terrain dans l'ouest, l'est et le nord du pays. Du fait de la récente dégradation de la sécurité, la mission n'a pas été en mesure de se rendre dans une grande partie du pays, notamment le sud, le sud-est, l'est et le nord-ouest. Malheureusement, ces zones sont aussi les plus touchées. Le personnel local du Ministère de l'agriculture et de l'élevage a réussi à aller dans des zones fermées au personnel international et local employé par les institutions des Nations Unies. La mission a largement utilisé les données agro-météorologiques de la FAO, qui sont régulièrement recueillies dans 108 stations réparties sur l'ensemble du territoire et couvrant toutes les provinces. En outre, la mission a examiné l'imagerie satellite fournie par l'USGS (United States Geological Survey) pour analyser les indices différentiels normalisés de végétation (NDVI) ainsi que la couverture neigeuse, l'enneigement et la courbe de fusion nivale.
Les estimations concernant les rendements et les superficies cultivées ont été faites après la récolte et s'appuient dans une large mesure sur les réponses fournies par les agriculteurs et les départements provinciaux de l'agriculture, ainsi que les données agro-météorologiques et satellitaires. Elles n'ont pu être confirmées par des données d'enquête sur les semis et l'observation des cultures sur pied, contrairement à la méthodologie usuelle des missions conjointes FAO/PAM. Par conséquent, les chiffres indiqués sont à manier avec précaution. Toutefois, les conclusions de la mission concordent avec les données agro-météorologiques et d'autres rapports émanant de diverses organisations nationales et internationales actives dans diverses régions du pays.
En outre, le Gouvernement afghan a effectué en mai et juin 2004 une enquête interministérielle pour évaluer la sécheresse dans les 12 provinces les plus touchées du sud et du sud-ouest, sous l'égide du Ministère de l'irrigation. Les résultats de cette évaluation ont été annoncés par le Cabinet du Président, qui a indiqué que ces 12 provinces avaient besoin de secours d'urgence. Les résultats de l'évaluation correspondent aux conclusions de la mission.
La mission a constaté que les précipitations avaient été irrégulières et inférieures à la moyenne dans l'ensemble du pays, tandis qu'un temps sec avait sévi au cours des mois critiques d'été et de printemps dans les régions montagneuses de l'ouest, du sud, de l'est et du centre. Dans certaines régions, les nappes phréatiques ont baissé de quelques mètres et faute d'eau potable, certains villages ont dû migrer dans d’autres zones dans le pays même. Par ailleurs, les températures ont été nettement supérieures à la moyenne à la fin de l'hiver et au printemps dans la quasi-totalité du pays. Malgré une amélioration de la pluviosité ces deux dernières années, en particulier dans le nord, les aquifères sont toujours épuisés. En outre, des crues éclairs dans le nord-est, l'est et les régions montagneuses du centre au cours de la troisième semaine de juillet ont considérablement endommagé les terres agricoles et les biens.
Les ravageurs, les plantes adventices et les maladies ont entraîné des dégâts considérables, en particulier dans le nord et le centre du pays. Le souné dans le nord et en certains endroits du nord-est a gravement endommagé les cultures, touchant près de 40 pour cent d'entre elles dans certains districts de Faryab, Balkh, Sar-e-Pul, Samangan, Jawzjan et Baghlan. En certains endroits du centre, les maladies phytosanitaires et la grêle ont endommagé plus de 50 pour cent des vergers, source de revenus importante pour de nombreux ménages de la région. On a signalé en outre que les plantes adventices et les arbustes constituent l'un des facteurs compromettant la production céréalière cette année, et les semences diluées seraient la principale cause de croissance des mauvaises herbes.
Selon les prévisions globales de la mission, la production devrait s'établir à environ 3,06 millions de tonnes, dont 2,29 millions de tonnes de blé, 220 000 tonnes d'orge, 234 000 tonnes de maïs et 310 000 tonnes de riz usiné (la récolte de ce dernier devant intervenir en septembre). Ainsi, la production céréalière baisserait de 43 pour cent par rapport à la récolte record de 2003 et de 18 pour cent par rapport à la production moyenne de 1998. De ce fait, les besoins d'importations céréalières pour la campagne commerciale 2004/05 (juillet/juin) sont estimés à 1,7 million de tonnes, ce qui représente près de 34 pour cent de la consommation totale. On estime que sur ce chiffre, près de 1,4 million de tonnes seront importées par des voies commerciales, étant donné que la croissance économique devrait rester élevée au cours de l'année prochaine et que 4,5 milliards de dollars E.-U. ont été alloués au titre de l'aide internationale pour la campagne commerciale 2004/05. Le déficit céréalier s'élèvera donc à 326 000 tonnes pour la campagne de commercialisation 2004/05.
Les cultures d'été (légumes et fourrage essentiellement) ont aussi souffert et la production a nettement diminué. Sauf dans le nord et le nord-est, il n'a pas été possible de faire une deuxième récolte après celle de blé, l'eau d'irrigation étant rare ou inexistante. Les pâturages étaient dans l'ensemble secs, ce qui a provoqué l'abattage et la vente en catastrophe du bétail, d'où une nouvelle diminution des réserves du pays. Par conséquent, des sources très importantes et vitales de nutrition et de subsistance ont été érodées pour de nombreux producteurs et consommateurs.
Les prix du blé se sont nettement redressés (de près de 40 pour cent) par rapport au bas niveau enregistré à la même époque l'an dernier. Les analyses du marché de ces dernières années montrent que les prix du blé par-delà les frontières suivent la même évolution, ce qui est un signe d'intégration du marché. Les prix pourraient se stabiliser suite à la récolte de blé dans les pays voisins et au Kazakhstan. Toutefois, cela ne semble pas le cas dans les provinces où il est difficile d'accéder aux autres provinces ou aux pays voisins. Apparemment, les prix du blé dans certaines provinces ont augmenté de près de 50 pour cent.
Sans compter les mauvaises récoltes actuelles, bon nombre de ménages restent exposés à l'insécurité alimentaire après des années de conflit et de sécheresse qui se soldées par des infirmités, la disparition de membres de la famille, des déplacements, des pertes de bétail considérables, la destruction des actifs productifs et le cumul de dettes. Par conséquent, des interventions en temps voulu, appropriées et efficaces, sous forme d'aide alimentaire ou autre, permettant aux catégories les plus pauvres de reconstruire les actifs nécessaires à leur subsistance, seraient essentielles. Un nombre considérable de ménages vulnérables souffrent d'insécurité alimentaire et resteront tributaires de l'aide humanitaire en 2004/05.
Les stocks d'aide alimentaire et les engagements, aussi bien dans le pays que dans les pays voisins, sont estimés à environ 85 729 tonnes de blé et 11 160 tonnes de riz. En outre, l'aide alimentaire dans la filière et les réserves comprennent quelque 4 431 tonnes de légumes secs, 22 599 tonnes d'huile alimentaire, 3 894 tonnes de biscuits enrichis et 936 tonnes de sucre. Le PAM, en collaboration avec le Gouvernement afghan, s'efforce d'acheter quelque 10 000 tonnes de blé provenant de l'excédent des provinces productrices du nord du pays. Au cas où une aide alimentaire supplémentaire serait nécessaire et où les marchés ne pourraient pas couvrir les besoins, il serait toujours possible d'importer.
La reprise rapide et durable de l’économie afghane – notamment de l’agriculture – exigera des investissements soutenus dans le secteur agricole, en particulier pour réparer, moderniser et entretenir les systèmes d’irrigation et favoriser l’accès au crédit rural.
L’Afghanistan est un pays enclavé de 652 000 kilomètres carrés. Il occupe une position stratégique, délimitée au nord par les plaines d’Asie centrale et les montagnes des pays de la CEI (Turkménistan, Ouzbékistan et Tadjikistan), par la Chine au nord-est, le Pakistan à l’est et au sud, et la République islamique d’Iran à l’ouest. Environ 12 pour cent seulement de la surface totale du pays se prêtent à l’agriculture, tandis que 3 pour cent sont couverts de forêts, quelque 46 pour cent sont des pâturages permanents et les 39 pour cent restants se trouvent en zone montagneuse.
Plus de vingt-cinq ans de troubles civils et la grave sécheresse qui a sévi de 1999 à 2001 puis de nouveau en 2004 ont laissé l’Afghanistan dévastée. Les infrastructures matérielles, qui sont gravement endommagées voire en ruine, ont souffert du manque d’entretien et du conflit. L'infrastructure agricole, le secteur manufacturier et l’industrie alimentaire ont été quasiment réduits à néant ou sont en très mauvais état. Les institutions sociales et économiques sont toujours dépourvues du capital humain nécessaire, tandis qu'une réforme du secteur public a été entreprise.
Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé le PIB de l'Afghanistan à environ 4,7 milliards de dollars E.-U. pour l'exercice financier 2003 (qui a commencé le 21 mars), soit un PIB par habitant de 186 dollars E.-U. si l'on estime la population à 21,8 millions d'habitants (voir la section 2.2 sur la population). L'agriculture (production agricole, horticulture et élevage) représente environ 52 pour cent du PIB et emploie, selon les estimations, 80 pour cent de la population active. L'industrie et les services comptent chacun pour environ 24 pour cent du PIB. La croissance du PIB au cours de l'exercice financier 2002/03 a été estimée à environ 28,6 pour cent, constituée par l'agriculture (27,7 pour cent ), l'industrie (21,1 pour cent) et les services (39,5 pour cent). Ce taux de croissance considérable s'explique par le fait que l'on part d'une base économique dévastée. D'après les projections du FMI, le PIB devrait augmenter d'environ 20 pour cent pendant l'exercice financier en cours, compte tenu de la forte croissance de l'agriculture, du bâtiment et des services. Toutefois, il n'est guère probable qu'un taux de croissance aussi élevé sera atteint cette année, du fait de la sécheresse et des mauvaises récoltes dans une grande partie du pays.
L'indice des prix à la consommation (IPC) à Kaboul établi par le Bureau central de la statistique fait preuve d'une stabilité remarquable après l'inflation initiale au moment de l'introduction de la nouvelle monnaie en octobre 2002. Compte tenu des importations considérables de biens de consommation, l'inflation est fortement influencée par les fluctuations du taux de change, lequel s'est stabilisé à environ 47/48 afghanis pour un dollar E.-U. Cette stabilité monétaire s'explique essentiellement par la politique de déficit zéro de la Banque centrale afghane (Da Afghanistan Bank) et la conversion en afghanis de montants importants en devises. La figure 1 ci-dessous montre l'IPC pour Kaboul et l'indice de taux de change.
Figure 1. Indice des prix à la consommation et indice du taux de change, avril 2003 – juin 2004
Source: Bureau central de la statistique, Bulletin mensuel des prix pour Kaboul, Afghanistan.
Les échanges intérieurs et transfrontaliers ne semblent pas perturbés, et la plupart des biens de consommation, durables et non durables, passent par des frontières poreuses ou des postes de contrôle identifiés. Le commerce est plutôt vivace avec le Turkménistan au nord, la République islamique d'Iran à l'ouest et le Pakistan à l'est et au sud, ainsi qu'avec la Chine. Toutefois, les réseaux de transport et de communication défaillants poussent le coût des transactions à la hausse et font obstacle au plein développement des possibilités d'échange, tant au sein du pays qu'avec les pays voisins. Les envois de fonds des membres de la famille à l'étranger et la bonne santé du bâtiment dans le pays constituent des sources importantes de revenus et de consommation pour de nombreux ménages.
Le FMI a estimé les exportations totales, y compris les réexportations, à environ 1,65 milliard de dollars E.-U. en 2001/02 et à 2,36 milliards de dollars E.-U. pour l'exercice financier 2003/04 (qui a commencé le 22 mars). Au total, les importations sont estimées à 2,53 milliards de dollars E.-U. en 2001/02 et à près de 4,4 milliards de dollars E.-U. pour l'exercice financier 2003/04. Les principales exportations sont les tapis, les fruits secs, les fruits frais, les plantes médicinales et les peaux animales, tandis que les machines, l'équipement, les articles de ménage, les médicaments, les vêtements et les produits alimentaires constituent les principales importations. Les partenaires commerciaux les plus importants sont le Japon, l'Inde, le Pakistan, la Chine, la Corée du Sud, l'Allemagne, les Émirats arabes unis et les États-Unis.
Le Gouvernement afghan a présenté un plan exhaustif de reconstruction, Assurer l'avenir de l'Afghanistan et a demandé le versement de 27,5 milliards de dollars E.-U. sur sept ans lors d'une conférence internationale qui s'est tenue à Berlin au début du mois d'avril de cette année. Les engagements pris lors de la Conférence de Berlin s'élèvent au total à quelque 8,3 milliards de dollars E.-U. pour les exercices financiers 2004/05-2007/08, dont 4,5 milliards de dollars E.-U. pour l'exercice financier 2004/05. Associés à des politiques fiscales et monétaires avisées, ces engagements devraient largement contribuer aux efforts de reconstruction de l'Afghanistan et mettre en place des conditions favorables à la participation du secteur privé dans les activités de remise en état et de développement du pays.
Malgré des progrès considérables, la sécurité demeure précaire et fait peser une grave menace sur la stabilité et les efforts de reconstruction. La récente vague d'attaques visant les institutions des Nations Unies et certaines ONG internationales a rendu les activités de remise en état difficiles, voire impossibles, dans une vaste partie du pays, en particulier le sud et l'est. L'insécurité, les carences de l'infrastructure de sécurité et la déliquescence de l'état de droit ont créé des conditions favorables à la culture et au commerce du pavot à opium. En outre, les capacités de planification et d'exécution restent très insuffisantes. Le manque de moyens du Ministère de l'agriculture et de l'élevage et d'autres institutions explique dans une large mesure l'inefficacité de divers programmes et projets et fait aussi obstacle à l'institutionnalisation de certaines activités.
Le dernier recensement dans le pays remonte à 1979; aucun recensement fiable n'a été effectué depuis. Par conséquent, les estimations démographiques des diverses organisations nationales et internationales varient de manière importante et vont de 21 à 26 millions d'habitants. Le Bureau central de la statistique du Gouvernement afghan intérimaire a réalisé en 2003 une étude qui a permis d'estimer la population actuelle à 22,2 millions d'habitants, soit 20,7 millions de sédentaires et 1,5 million de nomades. La croissance démographique est estimée à 1,9 pour cent par an, ce qui établirait la population à 22,6 millions d'habitants en 2004. Depuis le dernier recensement officiel de 1979, la population a pratiquement doublé (le taux de fertilité, qui est de 6,8 pour cent, est l'un des plus élevés au monde). Selon les estimations, la population urbaine représenterait 20 pour cent de la population totale, et l'urbanisation se développe à un rythme préoccupant.
L'agriculture est le pilier de l'économie afghane; elle représente plus de 52 pour cent du PIB et fait vivre plus de 80 pour cent de la population. Toutefois, cela n'a pas été le cas pendant les années de sécheresse et le redressement relatif enregistré ces deux dernières années semble s'être inversé dans l'ensemble du pays, à l'exception de quelques provinces du nord et du nord-est.
Environ 12 pour cent seulement de la surface totale du pays sont cultivables, 3 pour cent sont couverts de forêts, 46 pour cent sont des pâturages permanents et les 39 pour cent restants se trouvent en zone montagneuse. La désertification, en particulier dans le sud-ouest, et le déboisement progressent à une vitesse alarmante, tandis que certains pâturages sont cultivés lorsque les pluies sont abondantes et laissés en jachère l'année suivante, ce qui entraîne une certaine érosion et la perte de pâturages. Étant donné la forte variabilité des précipitations, et donc des rendements des cultures pluviales, c'est l'agriculture irriguée qui fournissait traditionnellement le gros des récoltes. Le type et la taille des exploitations varient au sein des provinces et d'une province à l'autre, les exploitations faisant en moyenne de 1 à 2 hectares. Les propriétaires sont fréquemment absents du fait de l'émigration des familles ou de certains de leurs membres vers des pays voisins et le métayage semble gagner du terrain dans la plupart des provinces.
Le blé est la céréale de base et compte pour environ 70 pour cent de la consommation céréalière totale du pays. On cultive également le riz, le maïs, l'orge et les légumineuses. Plusieurs types de légumes et de fruits d'été et d'hiver - notamment pommes de terre, oignons, tomates, gombos, choux-fleurs, melons, pastèques, abricots, grenades, pommes et raisin - sont aussi cultivés, tant pour la consommation intérieure que pour l'exportation. Les exportations de fruits secs et de fruits à coque, notamment les raisins secs, les pistaches, les amandes et les abricots, demeurent une importante source de devises même si les échanges restent très éloignés de leurs niveaux des années 1980, où les fruits secs afghans représentaient un pourcentage important du marché mondial.
L'Afghanistan est le premier producteur de pavot au monde; il a assuré plus de 70 pour cent de la production mondiale en 2002 et 2003. La pauvreté généralisée et la déliquescence de l'état de droit, ainsi qu'un quart de siècle de troubles civils, sont autant de facteurs qui expliquent le niveau élevé de la production dans le pays. L'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime prévoit que la production de pavot en 2004 augmentera par rapport au niveau élevé de 2003, estimé à 3 600 tonnes. Toutefois, en certains endroits du pays, en particulier dans la province de Ningarhar, une partie des cultures de pavot serait endommagée par des maladies fongiques et virales. La mission n'a pas cherché à estimer la production d'opium cette année, mais a noté une nette progression des plantations par rapport à l'an dernier. La culture du pavot a gagné des provinces où elle était inexistante auparavant. Dans son rapport de février 2003, l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, qui a enquêté sur les intentions des agriculteurs, énumère les principales raisons de la culture du pavot, qui est un moyen d'atténuer la pauvreté, de se procurer des revenus élevés incomparables, d'accéder au crédit et d'acheter des produits de luxe. En outre, la culture du pavot exige très peu d'eau, contrairement à d'autres cultures, notamment le blé. La mission a noté que la plupart des agriculteurs qui cultivent le pavot plantent aussi aussi du blé et d'autres cultures sur leurs terres. Les prix du pavot à l'état brut sont généralement très bas juste après la récolte, et en s'adonnant à la production vivrière pour assurer leurs propres besoins, les agriculteurs peuvent repousser les ventes d'opium tant que les profits sont trop faibles.
La production céréalière en Afghanistan ne permet pas de combler les besoins de consommation du pays depuis 1976 où la production céréalière avait culminé à 4,5 millions de tonnes. Dès 1978, les troubles civils ont contribué à une chute progressive de la production qui a perduré tout au long des années 1980 pour atteindre son niveau le plus bas en 1990 où elle ne représentait plus que 60 pour cent du niveau de 1976. L’amélioration de la pluviosité et la paix relative qui a régné dans une grande partie du pays ont permis au secteur agricole de se redresser progressivement au début des années 1990, la production atteignant de nouveaux sommets en 1998 avec la meilleure récolte engrangée depuis 1978. Cependant, la grave sécheresse qui a sévi pendant trois années consécutives (de 1999 à 2001) a complètement ruiné l'agriculture pluviale et gravement entravé l'agriculture irriguée. En 2003, la production céréalière globale a beaucoup augmenté, surtout en raison de précipitations favorables dans l’ensemble du pays. Les superficies sous céréales pluviales en 2003 étaient très importantes et l’on a estimé que la production totale avait atteint un niveau record malgré des précipitations inférieures à la moyenne dans le sud du pays. Cette année, la production céréalière a nettement baissé dans l’ensemble du pays, en particulier dans l’ouest, le sud et l’est, en raison essentiellement d’une forte diminution des précipitations. Dans le nord et le nord‑est du pays, la chute de la production s’explique principalement par la réduction des superficies ensemencées, le souné, des pluies inhabituelles pour la saison et des pénuries d’énergie agricole au moment des cultures.
L'Afghanistan est un pays aride/semi-aride dont la production agricole dépend totalement des précipitations ou de l'irrigation. Les pluies sont irrégulières et le niveau des précipitations varie entre environ 99 mm par an à Farah (ouest) et 1024 mm au Salang sud (région centrale). Il pleut surtout en hiver (de décembre à fin février) et en avril à l’époque de la floraison. Les chutes de neige, très importantes car elles garantissent un apport d’eau d’irrigation au printemps et en été, tombent en hiver à haute altitude. Il ne pleut normalement pas après la mi‑mai.
Pendant la campagne agricole de 2002/03, des pluies bien réparties et d’importantes chutes de neige ont été signalées dans une grande partie du pays, en particulier dans le nord, après trois années marquées par la sécheresse (1999-2001), pendant lesquelles les précipitations étaient nettement inférieures aux moyennes à long terme. Malgré des pluies favorables l’an dernier, les aquifères considérablement épuisés dans le sud, le sud‑est et certaines parties du centre et de l’est de l’Afghanistan n’ont pas été suffisamment reconstitués.
La figure 2 ci-dessous indique le régime des précipitations en pourcentage pendant la campagne agricole de 2003/04 par rapport aux moyennes à long terme dans diverses régions d’Afghanistan. Les pluies abondantes tombées dans le nord et le nord‑est en septembre et en octobre ont retardé de près d'un mois les semis de céréales. Des précipitations et des chutes de neige bien réparties et suffisantes ont été enregistrées dans l’ensemble du pays en novembre, décembre et janvier, mais ont diminué en février; les pluies ont été pratiquement inexistantes en mars, mis à part dans le nord et le nord‑est. Le mois d'avril, particulièrement critique dans le calendrier agricole, a aussi enregistré des températures élevées et des vents forts qui ont augmenté les besoins des eaux des cultures. À l’exception de l’ouest, du sud‑ouest et de certaines parties du sud, les pluies ont commencé à tomber mais dans le cas de certaines cultures, elles sont arrivées trop tard dans de nombreuses régions.
À partir de décembre 2002, un vaste réseau de stations météorologiques a été mis en place dans le cadre d’une unité d’information et de politique générale (FAAHM), administré conjointement par le Ministère de l'agriculture et de l'élevage et la FAO. Le réseau se compose de 108 sites d’observation, dont 25 stations agro-météorologiques autonomes, soit 19 stations classiques qui enregistrent 7 paramètres météorologiques et 6 stations automatiques qui établissent des rapports sur près de 20 paramètres météorologiques chaque jour. Outre ces paramètres agro-météorologiques, 80 sites établissent également des comptes rendus sur le développement des cultures et leur état, comblant ainsi les importantes lacunes des services d'information eu égard à la surveillance continue des cultures et, par conséquent, de la sécurité alimentaire.
Figure 2. Régime des précipitations (en pourcentage) pendant la campagne agricole de 2003/04 par rapport aux moyennes à long terme dans diverses zones d’Afghanistan
Source: Unité agro-météorologique, FAAHM, Ministère de l’agriculture et de l’élevage, Kaboul, Afghanistan.
On trouvera à la figure 3 ci‑dessous les indices de satisfaction des besoins en eau du blé dans diverses provinces. L’indice de satisfaction des besoins en eau permet de mesurer l’eau absorbée par le blé par rapport à ses besoins en eau en pourcentage. Par conséquent, un indice de 100 pour cent indique que tous les besoins en eau de la culture sont satisfaits. Le diagramme a de la figure 3 montre que l’indice de satisfaction des besoins en eau du blé était nettement meilleur cette année dans le nord et le nord‑est du pays que dans l’ouest, le sud et l’est du pays (voir le diagramme b).
Figure 3. Indice de satisfaction des besoins en eau dans diverses provinces d’Afghanistan 2003/04
Source: Unité agro-météorologique, FAAHM, Ministère de l’agriculture et de l’élevage, Kaboul, Afghanistan.
Des températures supérieures à la normale et irrégulières à la fin de l’hiver et au printemps ont provoqué une fonte précoce des neiges et ont accru les besoins d’irrigation, ce qui a entraîné une baisse considérable des niveaux d’eau de nombreux fleuves alimentant les systèmes d’irrigation naissants. Dans nombre de provinces, les apports d’eau sont peu élevés, voire nuls pour les cultures d’été. On trouvera à la figure 4 ci‑dessous les indices de végétation entre décembre et juin dans diverses provinces. Les indices différentiels normalisés de végétation (NDVI) pour 2003/04 sont comparés avec ceux de 1998, que l’on juge être de façon générale une bonne année, et de 1999/2000 que l’on estime marquée par la pire sécheresse jamais enregistrée. Comme l’illustre la figure 4 ci‑dessous, les NDVI de la campagne agricole de 2003/04 sont inférieurs à ceux de 1998 dans l’ensemble du pays, témoignant d’une masse végétale considérablement réduite cette année par rapport à 1998 qui était une bonne année. En outre, dans l’ouest, le sud‑ouest, le sud et le sud‑est de l’Afghanistan, les NDVI sont cette année inférieurs à ceux de 1999/2000 où la pire sécheresse avait été enregistrée. Les NDVI dans le nord et le nord‑est du pays sont cette année en dessous de ceux de 1998 mais supérieurs à ceux de l’année de sécheresse (1999/2000). Par conséquent, d’après les images satellite, les cultures sont cette année, dans l’ouest, le sud‑ouest et le sud du pays, dans un état similaire à celui des cultures qui avaient été gravement affectées par la sécheresse en 1999/2000.
Figure 4. Indices différentiels normalisés de végétation (NDVI) Afghanistan - 2003/04, 1999/00, 1998
D’après les estimations, les superficies ensemencées en céréales en 2004 couvrent au total 2,2 millions d’hectares environ, contre près de 2,82 millions d’hectares en 2003 et quelque 2,76 millions d’hectares en 1998. La réduction des superficies ensemencées tient essentiellement aux pluies abondantes tombées à l’époque des semis dans le nord et le nord‑est, ainsi qu’aux pénuries d’eau qui ont sévi dans le sud et le sud‑ouest. En outre, le blé a été remplacé par des cultures de rapport, notamment le pavot, et la faiblesse des prix du blé l’an dernier a été un élément dissuasif pour les agriculteurs qui ont renoncé à le cultiver. Dans le nord‑est, à Kunduz, à Baghlan et à Takhar, de nombreux agriculteurs ont laissé leurs terres en jachère, abandonnant temporairement le blé au profit du riz.
Les superficies sous blé irrigué ont diminué de 9 pour cent environ par rapport à 2003 mais étaient légèrement supérieures aux superficies ensemencées en 1998. Les emblavures de blé pluvial ont toutefois chuté de près de 42 pour cent par rapport à 2003, tout en restant inchangées par rapport aux superficies ensemencées en 1998. Dans l’ouest et dans certaines parties du nord, les agriculteurs avaient semé du blé et de l’orge sur des superficies similaires à celles de 1998 (année moyenne) mais les récoltes ont considérablement souffert de l’irrégularité et de l’insuffisance des précipitations. À Faryab, à Balkh et dans certaines parties des provinces de Sar‑i‑pul dans le nord, le souné et les mauvaises herbes ont été les causes principales des mauvaises récoltes enregistrées, outre les pluies irrégulières.
Semences
La mission a constaté qu’un certain nombre d’organisations internationales avaient distribué dans diverses parties du pays des semences de blé qui n'avaient pas été mises à l'essai et étaient peu appropriées, ce qui a parfois eu des résultats catastrophiques pour les agriculteurs. La FAO a aidé le Ministère de l'agriculture et de l’élevage à élaborer un code et une stratégie sur les semences, qui doivent encore être ratifiés puis mis en oeuvre. Ne pas disposer d’un tel code pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour les agriculteurs et la production alimentaire en général.
Les agriculteurs sont tout à fait conscients de la productivité et des autres caractéristiques des diverses semences introduites dans le pays ces vingt dernières années, principalement dans le cadre du programme de la FAO. Toutefois, ils sont très sceptiques à l’égard de toutes nouvelles variétés, après les mauvaises récoltes engrangées du fait de l’utilisation de variétés nouvelles et non mises à l'essai.
Dans leur majorité, les agriculteurs conservent sur leurs propres récoltes des semences qu'ils réutilisent d'une année sur l'autre, ce qui constitue le moyen le plus simple, le plus sûr et le moins coûteux de garantir l'accès aux semences. À défaut, ils choisiront d'emprunter des semences localement ou de les acheter sur le marché local. Dans la plupart des cas, les agriculteurs identifient les semences qu'ils préfèrent et sélectionnent les échantillons qui sont les mieux adaptés à leur situation et leur sont familiers. Nombre d’entre eux utilisent des semences de 10ème ou 15ème génération, qui sont plutôt diluées et ont perdu bon nombre de leurs qualités génétiques mais que l’on continue de qualifier de variétés améliorées à haut rendement. Cette année, de nombreux agriculteurs de l’ouest, du sud‑ouest, du sud, de l’est et de certaines parties du nord ne seront pas en mesure de conserver des semences appropriées sur leurs récoltes, du fait essentiellement de la sécheresse et du souné qui sévissent dans le nord. Il sera nécessaire d’apporter cette année, en temps voulu, une aide appropriée aux agriculteurs afin qu’ils puissent avoir accès à des semences adéquates en quantités suffisantes.
Engrais et pesticides
La mission a constaté que les agriculteurs afghans sont pour la plupart conscients de l'utilité des engrais et de la qualité de plusieurs produits en vente dans les bazars. Toutefois, les engrais dilués dont la teneur en nutriments est réduite constituent un problème majeur, au point que de nombreux agriculteurs sont peu enclins à utiliser des engrais pour leurs cultures. L’absence de tout contrôle de la qualité dans le pays a fait grimper les importations et les ventes d’engrais dilués et infiltrés. Deux enquêtes sur l’agriculture effectuées par la FAO et le Ministère de l'agriculture et de l’élevage en 2003 ont indiqué que près de 78 pour cent des agriculteurs avaient appliqué des engrais minéraux sur le blé irrigué et d’autres cultures. La mission a constaté qu’outre les engrais minéraux, les agriculteurs de certaines régions employaient également le fumier de ferme sur les cultures irriguées. Le taux d’utilisation des engrais minéraux varie en fonction de la superficie et des disponibilités en eau d’irrigation. Toutefois, en matière d'application d'engrais sur le blé, on a observé les pratiques suivantes de façon générale: une application de phosphate diammonique au moment des semis (ce qui correspond à une moyenne pour une densité de semis de 152 kilos à l'hectare) et une à deux applications d'urée au printemps et à l'épiaison (de nouveau équivalent à la densité de semis mais parfois deux fois ce taux). Les engrais minéraux ne sont normalement pas appliqués sur les céréales pluviales.
Énergie agricole
En zones rurales, la demande de main-d'œuvre est saisonnière tandis que le récent essor du bâtiment et l’urbanisation rapide - dont le rythme est alarmant - ainsi que des activités commerciales ont attiré une main‑d’oeuvre rurale importante. L’an dernier, des pénuries de main‑d’oeuvre avaient été notées dans le nord pendant la récolte céréalière de juin-juillet. Toutefois, cette année, on n’a observé aucune pénurie de main‑d’oeuvre, la plupart des récoltes de céréales pluviales ayant été mauvaises, et l’on a disposé de suffisamment de main‑d’oeuvre pour les semis de maïs et le repiquage du riz, ce dernier étant une activité à très forte intensité de main‑d’oeuvre. Dans le pays, les salaires journaliers moyens vont de 80 afghanis (1,7 dollar E.‑U) à 200 afghanis (4,2 dollars E.‑U.) selon la région, la saison et le type de travail.
Les bêtes de trait sont de moins en moins utilisées et sont remplacées par les tracteurs dans l’ensemble du pays. L’an dernier, l’enquête sur l’agriculture de la FAO et du Ministère de l'agriculture et de l’élevage a révélé que plus de 48 pour cent des terres (irriguées et non irriguées) sont cultivées à l'aide d'un tracteur. Il faut peut-être y voir la conséquence d'une pénurie de bêtes de trait et de la lente reprise de l'élevage, ainsi que d’une réduction des pâturages et de la végétation compte tenu de la sécheresse qui sévit régulièrement. La pénurie de machines agricoles cette année à l’époque des semis de céréales a causé d’importants retards dans les semis, en particulier dans le nord et le nord‑est des montagnes de l’Hindu Kush.
Maladies et ravageurs des cultures
Le souné et d’autres maladies fréquentes comme la rouille jaune du blé ont été omniprésentes dans une grande partie du nord du pays tandis que les criquets marocains (criquets pèlerins?) ont été éradiqués grâce à la mise en commun des ressources de plusieurs organisations, dont la FAO et des ONG qui ont travaillé en étroite collaboration avec le Ministère de l'agriculture et de l'élevage. La mission a toutefois observé des essaims de criquets dans des provinces du nord du pays. Si des mesures de lutte ne sont pas prises, une infestation grave aux conséquences catastrophiques pour les cultures et le bétail pourrait réellement survenir. La lutte contre le souné par des moyens mécaniques a été inefficace dans certaines provinces tandis que les agriculteurs n’auraient pas eu accès à des produits chimiques agricoles appropriés.
La mission a mené une enquête consécutive aux récoltes entre le 8 juillet et le 5 août 2004 et a recueilli des données auprès de 32 provinces sur 34. Les données d’enquête n’ont pas pu être vérifiées par rapport à une enquête quelconque menée avant les récoltes ou à toute autre enquête sur l’agriculture cette année. La production céréalière totale est estimée à environ 3,06 millions de tonnes, soit près de 43 pour cent de moins que la récolte record de 2003 et 18 pour cent de moins qu’en 1998, jugée être une année moyenne. La production céréalière nationale totale n’a baissé que de 18 pour cent environ par rapport à la production moyenne, mais les récoltes ont en moyenne chuté de plus de 50 pour cent dans l’ouest, le sud‑ouest et le sud du pays. Dans certaines régions, les récoltes ont été totalement vouées à l’échec, comme pendant les années où la pire sécheresse de mémoire d’homme avait sévi (2000/01).
Blé: La production globale de blé pour 2004 est estimée à 2,3 millions de tonnes environ, soit une baisse de quelque 47 pour cent par rapport aux résultats records de l'année dernière mais de seulement 19 pour cent environ par rapport à 1998, jugée être une année moyenne. La récolte record de 2003 est essentiellement due à des conditions météorologiques très favorables, un accroissement des superficies ensemencées et des rendements records dans l’ensemble du pays. La superficie sous blé pluvial a diminué, passant de plus de 1,2 million d’hectares en 2003 à près de 0,8 million d’hectares cette année. En outre, les rendements des cultures cultivées en sec ont chuté, passant d’un chiffre élevé de 1,1 tonnes en 2003 à environ 0,5 tonnes à l’hectare cette année. Dans de nombreuses provinces, les récoltes de blé pluvial ont été un échec total.
La production de blé irrigué est estimée à environ 1,87 million de tonnes, contre 3,02 millions de tonnes en 2003. Les superficies sous blé irrigué ont diminué d’environ 8,5 pour cent cette année par rapport à l’an dernier, en raison essentiellement de la baisse des niveaux d’eau des fleuves des régions situées à l’ouest et au sud des montagnes de l’Hindu Kush. Les rendements ont chuté, passant de 2,85 tonnes à l’hectare en moyenne en 2003 à approximativement 1,9 tonnes à l’hectare en 2004, soit une hausse de 17 pour cent par rapport à 1998, année moyenne.
Le tableau 1 ci‑dessous présente la production de blé en sec et de blé irrigué, les superficies et le rendement par province et région. Dans les régions situées au nord des montagnes de l’Hindu Kush (nord et nord‑est), la production et les rendements enregistrent une légère hausse cette année par rapport à 2002 et 1998, années où la production avait été jugée moyenne. Toutefois, la production de blé dans l’ouest, le sud‑ouest, le sud et l’est est considérablement inférieure aux résultats des années moyennes.
* Note: Totaux calculés à partir
de chiffres non arrondis.
** Les noms des provinces sont orthographiés de
manière différente selon les publications.
L'orthographe utilisée ici est celle qui figure
dans la publication du Bureau central de la statistique du
gouvernement intérimaire afghan.
Source: Données d’enquête de
la Mission d'évaluation des récoltes et des
disponibilités alimentaires, juillet-août 2004.
Le tableau 2 ci‑dessous présente les estimations des superficies et de la production en ce qui concerne les principales céréales – blé, orge, maïs et riz- pour 2004, 2003, 2002 et 1998.
2004 | 2003 | 2002 | 1998 | |||||
Cultures céréalières | Sup. | Prod. | Sup. | Prod. | Sup. | Prod. | Sup. | Prod. |
(milliers ha) | (milliers de tonnes) | (milliers ha) | (milliers de tonnes) | (milliers ha) | (milliers de tonnes) | (milliers ha) | (milliers de tonnes) | |
Blé | 1 766 | 2 293 | 2 294 | 4 361 | 1 742 | 2 686 | 2 186 | 2 834 |
Orge | 180 | 220 | 276 | 410 | 236 | 345 | 200 | 240 |
Maïs | 90 | 234 | 104 | 310 | 100 | 298 | 200 | 350 |
Riz (usiné) | 185 | 310 | 145 | 291 | 135 | 260 | 180 | 300 |
Note: Totaux calculés à partir de
chiffres non arrondis.
Un volume de 435 000 tonnes de paddy correspond à
291 000 tonnes de riz usiné. Le blé et
l’orge comprennent tous deux les cultures irriguées et pluviales.
Source: Base de données SMIAR/FAO.
Orge : Les superficies plantées en orge (culture pluviale et irriguée) sont estimées au total à 180 000 hectares, pour une production totale de 220 000 tonnes. À ce niveau, la réduction des superficies ensemencées serait de l'ordre de 96 000 hectares par rapport à 2003 et de 20 000 hectares par rapport à 1998. La production accuse cette année également une baisse tout aussi importante par rapport à la récolte record de 2003 et la récolte moyenne de 1998. L’orge est en grande partie semé sur des terres de culture pluviale et principalement utilisé comme fourrage pour le bétail.
Riz : La récolte totale de cette année est provisoirement estimée à 310 000 tonnes environ (riz usiné), soit une hausse de 10 000 tonnes et ce, même par rapport à la récolte record de 1998. Cela s’explique essentiellement par l’accroissement des superficies sous paddy dans le nord‑est, qui a remplacé le blé et d’autres cultures d’été. Le riz est importé en grandes quantités et les prix sont élevés, ce qui a encouragé les agriculteurs à reporter les semis de blé au profit du paddy. Le paddy est récolté à la fin de l’hiver.
Maïs: Le maïs est une culture d’été qui vient généralement après les céréales d’hiver lorsque l’eau est disponible. Cette année, la récolte totale est estimée à environ 234 000 tonnes, soit 33 pour cent de moins approximativement qu’en 1998 et quelque 24 pour cent en dessous des résultats de l’an dernier. Cette baisse est essentiellement due aux pénuries d’eau dans les régions productrices de maïs et à la réduction des superficies. Le maïs est une culture fourragère importante, et représente également une céréale essentielle dans la consommation humaine. Plus de 15 pour cent des cultures de maïs servent entièrement à l’alimentation du bétail avant que les grains ne se développent, tandis que les restes de récoltes constituent un aliment pour animaux très important en hiver une fois les grains de maïs récoltés.
La figure 5 ci‑dessous présente une série chronologique de la production céréalière afghane depuis 1964. D’après cette figure, 2003 a été une année exceptionnelle pour la production céréalière afghane, tandis que 2000 et 2001 ont été les pires années que le pays ait connues. L'année 1998 est généralement considérée comme moyenne, après deux décennies de conflit et de destruction. Le blé est de loin la céréale la plus importante et représente une part importante de l’alimentation afghane.
Légumes
L’an dernier (2003), l'enquête sur l'agriculture d'hiver a montré que 38 pour cent des ménages agricoles inclus dans l'enquête avaient un jardin potager, qui produit des légumes destinés essentiellement à leur propre consommation. Toutefois, dans certaines régions, pratiquement tous les agriculteurs ont un jardin potager qui se trouve dans le périmètre des maisons ou à proximité du village. L’enquête a également révélé que plus de 21 pour cent des agriculteurs produisaient des légumes qui seraient exclusivement destinés au marché. La majorité des agriculteurs qui ont relativement bien accès aux villes produisent essentiellement des légumes destinés à la vente.
Oignons, tomates, aubergines, citrouilles, courgettes, ail et gombos sont les principaux légumes d’été cultivés, tandis que les principaux légumes d’hiver sont les choux‑fleurs, les épinards, les carottes, les pommes de terre et les laitues. On trouve également d'autres légumes, mais plus rarement et dans des régions spécifiques. Les melons et les pastèques qui sont plantés en cultures intercalaires avec le sésame, le colza, le blé et l’orge plantés à la fin du printemps sont d'importantes cultures de rapport en début et en fin de production, qui utilisent des variétés différentes pour s’emparer des marchés. Dans certains districts du nord et du nord‑est, les melons et les pastèques sont plus importants que les cultures céréalières. Les pluies insuffisantes et irrégulières ainsi que les maladies (notamment la mouche du melon) ont affecté les récoltes cette année, lesquelles sont considérablement inférieures aux récoltes exceptionnelles de l’an dernier
Fruits
La sécheresse et les maladies qui ont sévi dans une grande partie du pays ont gravement affecté les vergers, d’où une nouvelle réduction des superficies déjà considérablement réduites après trois années consécutives de sécheresse. Pratiquement tous les ménages agricoles des zones rurales possèdent des arbres fruitiers dans le périmètre de leurs maisons ou un petit jardin à côté de leur maison qu’ils utilisent pour leur propre consommation. Toutefois, les vergers sont aussi une source de revenus importante pour les agriculteurs dans une grande partie du pays et les produits de la majorité des vergers de superficie moyenne à grande sont destinés exclusivement aux marchés. Dans certains districts des provinces du sud, du sud‑ouest et de l’ouest, le manque d’eau n’a pas permis de réhabiliter et réensemencer les vergers comme prévu. Des maladies, la grêle et le gel ainsi que la sécheresse ont gravement affecté les vergers dans le centre de l’Afghanistan, où la production fruitière est le principal moyen de subsistance de la majorité des ménages ruraux.
La mission a noté que jusqu’à 60 pour cent des vergers dans certains districts de Parwan, de Kapisa, de Wardak et de Ghazni, dans le centre de l’Afghanistan, d’Helmand, de Kandahar, de Farah et de Nimrooz, dans le sud‑ouest du pays, de Saripul, de Balkh et de Samangan dans le nord, et de Badghis, de Herat et de Ghoor dans l’ouest de l’Afghanistan, ont souffert des effets conjugués de la sécheresse, des maladies, de la grêle et du gel. L’ampleur des dégâts causés varie selon les provinces et les régions. Les vergers sont généralement cultivés en culture intercalaire avec la luzerne, les légumineuses, les légumes ou les céréales.
Coton
La production de coton a considérablement chuté ces vingt dernières années avec l’effondrement de l’industrie cotonnière. Les grandes plantations de coton ne font plus partie du paysage rural, en particulier dans le nord, où la production de coton était une importante activité agricole menée à grande échelle. Le coton est encore cultivé dans certaines parties du pays mais sur des superficies nettement moindres et essentiellement à des fins de consommation intérieure.
Le Ministère de l'agriculture et de l’élevage et la FAO ont réalisé un recensement en mars 2003 qui a estimé le cheptel du pays à approximativement 3,7 millions de bovins, 8,8 millions de moutons, 7,3 millions de chèvres et 175 000 chameaux. Ces chiffres traduisent une reprise des cheptels bovins et caprins bien que le cheptel ovin n'en soit encore à peu près qu'à la moitié de son niveau de 1998, soit avant la grave sécheresse qui a sévi de 1999 à 2001. Cette année, mis à part dans le nord et le nord‑est où les pâturages sont quelque peu rétablis, le cheptel a diminué dans une grande partie du pays, en particulier dans l’ouest, le sud‑ouest, le sud et l’est du pays, renversant ainsi la reprise qui avait été notée l’an dernier. Beaucoup d’animaux ont été abattus en catastrophe, en raison de la sécheresse qui a sévi dans l’ouest et le sud‑ouest, ce qui peut avoir nui aux mécanismes d’adaptation des agriculteurs dans ces régions. L’élevage constitue une réserve de pouvoir d’achat majeur et l’un des principaux mécanismes de protection en périodes de pénuries alimentaires.
La mission a noté des améliorations en ce qui concerne les pâturages situés au nord et au nord‑est du pays, avec un meilleur accès aux pâturages communs, en particulier pour les pasteurs nomades (Kuchi). Toutefois, l’accès restreint aux pâturages dans les provinces est toujours très préoccupant pour les Kuchis. On estime qu'environ 60 pour cent des ménages nomades ont perdu leur bétail et les autres ont subi des pertes considérables. Pour la plupart, ils ne se sont pas redressés et ne sont toujours pas en mesure d'assurer leur subsistance. Les plus grandes concentrations de pasteurs nomades et semi‑nomades d'Afghanistan se situent dans les provinces de Ghazni, Zabul, Kaboul et Kandahar. On trouve aussi quelques ménages baloutchis nomades dans les déserts de sable des provinces méridionales d'Helmand, de Kandahar et de Nimrooz. Le nord et le nord‑est du pays aux pâturages abondants abritent aussi un grand nombre de ménages nomades.
La mission a noté que des maladies animales étaient partout signalées, notamment la fièvre aphteuse et la peste des petits ruminants, par suite de la réduction des services vétérinaires et des programmes de vaccination ces vingt dernières années. Vers le milieu des années 1990, la FAO et le PNUD avaient mis en place 255 antennes vétérinaires de terrain dans le cadre du programme PROMIS. La plupart de ces antennes fonctionnent en dessous de leur capacité ou connaissent des disfonctionnements par manque de financement, du fait de la sécheresse et des conflits. Certaines de ces antennes sont administrées par le Ministère de l'agriculture, d'autres par des ONG dont le Dutch Committee, MCI, ADA, VARA, et PRB. Pour la plupart, ces antennes ne sont pas en état de fonctionnement; la maîtrise des maladies animales imposera de les réparer et de les doter des financements nécessaires. La mission a noté que la santé des animaux demeurait une préoccupation essentielle et l’un des objectifs prioritaires des éleveurs et de la plupart des agriculteurs.
La région du nord comprend deux grandes zones agroécologiques, à savoir la ceinture septentrionale de culture pluviale qui s'étend de Badakhshan à Badghis, et les oasis irriguées du nord. Les terres de culture pluviale sont pour la plupart situées au nord des chaînes montagneuses de l'Hindu Kush, vaste zone de collines et de plateaux qui s'étend sans interruption jusqu'au fleuve Oxus. Les fleuves (Khulm, Balkh-Ab, Ab-e Safid et Shirin Tagab) qui prennent leur source au nord du pays, au-dessus des collines de Loess, ont un bassin hydrographique assez réduit, ce qui explique que leur débit soit saisonnier. De plus, ils se déversent dans des canaux d'irrigation ou viennent mourir dans les déserts de sable lorsqu'ils parviennent jusqu'aux friches de la plaine septentrionale afghane. Les réserves d'eau sont limitées voire inexistantes, et la plupart des précipitations provoquent des inondations soudaines, causant de graves dommages sans améliorer l'humidité des sols ou alimenter les aquifères épuisés.
Les pluies abondantes qui sont tombées cette année d'octobre à décembre (époque des semis) ont retardé de près d'un mois les semis de céréales non irriguées et irriguées, ce qui a considérablement réduit les rendements. Les précipitations ont été non seulement inférieures à la moyenne mais aussi irrégulières et inhabituelles pour la saison. Dans certains districts, les céréales non irriguées ont gravement souffert des précipitations irrégulières et inférieures à la moyenne. En outre, les températures ont été très élevées au début du printemps et en été, ce qui a augmenté les besoins en eau des cultures et provoqué la fonte précoce des neiges. L'eau d'irrigation a été relativement limitée au cours des premiers mois d'été alors que les cultures avaient le plus besoin d'eau, non seulement du fait de leur croissance mais aussi à cause des températures inhabituellement élevées enregistrées dans la région. En outre, l'eau est inégalement répartie et de nombreux agriculteurs qui ont traditionnellement le droit d’utiliser l'eau d'irrigation n'y ont guère eu accès, voire pas du tout, du fait du déséquilibre des forces et de l'insécurité.
Dans plusieurs provinces du nord, un certain nombre d'organisations internationales avaient distribué aux agriculteurs des semences de blé qui n'avaient pas été mises à l'essai et étaient inadéquates, ce qui a eu des conséquences fâcheuses. Les engrais minéraux et les produits agrochimiques sont généralement dilués, et présentent une teneur en nutriments très réduite. Les agriculteurs hésitent donc en général à appliquer des engrais minéraux, préférant utiliser de nouvelles variétés améliorées introduites récemment. En outre, les récoltes ont été mauvaises dans une grande partie du nord du pays, principalement à cause du souné, lequel a aussi ravagé plus de 60 pour cent des cultures de blé dans certains districts de Balkh, Faryab, Samangan et Sar-e-pul. Par ailleurs, la chute des prix du blé enregistrée l'an dernier a dissuadé certains agriculteurs d'emblaver cette année les mêmes superficies records qu’en 2003 (voir la figure 5).
La région du nord-est comprend trois zones agroécologiques distinctes, à savoir, la ceinture septentrionale de culture pluviale qui s'étend de Badakhshan à Badghis, la zone fortement irriguée de Qataghan (Bughlan-Kunduz-Khanabad-Taluqan), et les fonds de vallée irrigués et versants d’altitude. La région du nord-est et celle du nord constituent les principales zones de production céréalière en Afghanistan.
La situation de la production céréalière et les raisons du recul de la production dans le nord-est sont analogues à celles indiquées pour le nord. À Kunduz, Baghlan et en certains endroits de Takhar, la superficie sous céréales en zone irriguée a reculé de 10 à 15 pour cent environ, en faveur des cultures de rapport et du riz, lequel a été planté en été juste avant la récolte de blé. Les superficies sous céréales pluviales ont considérablement régressé par rapport à l'année dernière, essentiellement du fait des pluies abondantes tombées à l'époque des semis et des précipitations peu importantes en mars, ainsi que des bas prix du blé pendant la campagne précédente. Toutefois, le souné a endommagé plus de cultures dans le nord que dans le nord-est. Les précipitations ont été irrégulières, mais la pluviosité totale pendant la campagne 2003/04 a été moyenne; dans le nord, en revanche, les précipitations ont été irrégulières et inférieures à la moyenne. Les mauvaises herbes et les semences diluées seraient les principales causes du recul de la production céréalière.
La région occidentale compte trois zones agroécologiques différentes: 1. le prolongement occidental de la ceinture de culture pluviale, 2. la plaine d'Herat qui est fortement irriguée et 3. les oasis de l'ouest.
Dans la région occidentale, les précipitations ont été nettement inférieures à la moyenne à long terme et pratiquement inexistantes en mars, ce qui a causé de graves dégâts aux cultures. Les faibles précipitations en avril ont été trop tardives pour certaines cultures. Les cultures pluviales ont dans une large mesure échoué dans de nombreux districts d'Herat, de Ghoor et de Badghis. Le fleuve Hari Rud, qui irrigue les plateaux fertiles d'Herat, était pratiquement à sec à la fin du printemps et pendant l'été, alors que les cultures avaient un grand besoin d'eau. Les fleuves Adraskan Rud, Farah Rud, Khuspas Rud qui irriguent la région de Farah et certaines parties d'Herat, sont complètement à sec depuis l'hiver, tandis qu'il n'a pas du tout plu à Farah. En outre, la désertification augmente à un rythme alarmant à Farah, et chaque année une partie importante des terres agricoles, des réseaux d'irrigation et des villages sont ensablés. À Ghoor et à Badghis, où les céréales non irriguées sont les principales cultures, les récoltes ont complètement échoué dans certains districts.
Dans toute la région, les karez (système traditionnel d'irrigation souterrain) fournissent de l'eau pendant les mois critiques au cours desquels les fleuves sont à sec en été, en particulier pour les cultures horticoles d'un bon rapport. Cette année toutefois, les karez sont également à sec et sur les plateaux d'Herat où l’on pratique l'irrigation intensive, les semis de la deuxième campagne n'ont pas du tout été effectués ou couvrent une superficie négligeable. À Badghis et à Ghoor, déjà frappés par la sécheresse, c'est un combat constant entre les hommes et les rats pour être les premiers à récolter les céréales; de nombreux agriculteurs en sont réduits à creuser les trous à rats pour récupérer le grain. À Herat, Badghis et Ghoor, la sécheresse généralisée des pâturages a contraint les agriculteurs à abattre des bêtes, infligeant ainsi de nouvelles pertes aux troupeaux déjà réduits. Du fait de l'amélioration des précipitations l'an dernier et de la bonne récolte rentrée par conséquent à Ghoor et Badghis, le camp de réfugiés de Maslakh, dans la région d'Herat, s'est vidé. Les réfugiés pourraient revenir si les zones touchées ne bénéficient pas d'une aide appropriée en temps voulu.
Les provinces du sud sont généralement montagneuses, et étaient auparavant couvertes de forêts de conifères et de pâturages. L'agriculture irriguée se pratique habituellement dans les basses vallées alimentées par des cours d'eau saisonniers, notamment la Gumal et la Kuram Rud qui se déversent dans l'Indus, la Sardeh wa Ghazni Rud qui se déverse dans le lac Ban-e-Istada et le cours supérieur de l'Helmand, à l'ouest de Ghazni. Le Band-e-Istada était autrefois le plus grand lac du pays et une importante source d'eau d'irrigation pour de nombreux districts dans les provinces de Ghazi, Wardak et Logar, ainsi qu'un lieu de couvaison important pour les oiseaux migrateurs. Le lac est à sec depuis plusieurs années, ce qui a de graves répercussions sur l'environnement et les activités agricoles des provinces avoisinantes.
Cette année, la pluviosité dans la région a été nettement inférieure à la moyenne, et l'imagerie satellitaire indique que l'indice de végétation (voir la figure 4) est plus bas que lors de la pire année de sécheresse que le pays ait connue (1999/2000). En outre, les gelées qui sont sévi au début du printemps ont compromis de vastes superficies cultivées à Ghazni et Paktia. La sécurité reste précaire et fait gravement obstacle au redressement agricole et rural de la région.
Les provinces de Bamyan, Parwan et les provinces nouvellement créées de Daikundi et de Panjshir sont situées sur le flanc méridional de l'Hindu Kush et formées de réseaux de hautes vallées étroites et de plateaux de parcours naturels. L'agriculture irriguée (céréales et vergers principalement) se pratique au fond de la vallée, tandis que les hautes montagnes sont consacrées à une agriculture pluviale limitée.
Les précipitations ont été irrégulières et nettement en dessous de la moyenne dans la région. Les cultures de céréales non irriguées ont entièrement échoué, tandis que la plupart des pâturages sont desséchés depuis le début du printemps cette année. Les gelées et la grêle survenues au printemps ont compromis une grande partie des cultures annuelles et pérennes. Dans certains districts de Parwan, près de 80 pour cent des vergers ont été endommagés par la grêle et les maladies. Les vergers sont le principal moyen de subsistance pour de nombreux ménages à Parwan, Panjshir, et dans certains districts de Bamyan. La mission estime qu'en moyenne dans cette région, près de 80 pour cent des pommes et des vignes et près de 50 pour cent des amandiers ont été endommagés par la grêle et les maladies. La nouvelle province de Daikundi, ancien district d'Uruzgan, a été gravement touchée par la sécheresse, et certains villages n'ont pas eu accès à l'eau potable. Bamyan, Waras et Saighan ont le plus souffert de la sécheresse; dans certains villages la plupart des puits se sont taris, ce qui a contraint certaines personnes à abandonner leur village.
On a fait état de distributions de semences de blé à certains agriculteurs de la région vers la fin de la campagne de semis; bon nombre de ces agriculteurs ignoraient les caractéristiques des semences distribuées et leurs conditions d'utilisation, ce qui a fait nettement baisser les rendements. En outre, ces semences n'avaient pas été préalablement mises à l'essai dans la région ni même dans le pays.
La plupart des cultures de la région sont irriguées, les exploitations sont relativement petites, et les vergers sont courants. Cette région étant proche de Kaboul, qui est la capitale et la ville la plus importante, elle se consacre essentiellement aux cultures de rapport - horticulture et production de fruits. L'agriculture à mi-temps est souvent pratiquée, car l'essor du commerce et du bâtiment à Kaboul offre des possibilités d'emploi à l’abondant surplus de main-d'oeuvre de la région. Les schémas d'assolement comptent parmi les plus diversifiés du pays et c'est également dans cette région que l'on a enregistré les plus forts rendements de blé irrigué.
Cette année, les précipitations ont été irrégulières et généralement inférieures à la moyenne. Les températures enregistrées au printemps et au début de l'été ont été inhabituellement élevées, accroissant les besoins d'eau des cultures, alors que le niveau des fleuves était très bas et que le fleuve Kaboul était encore à sec. En outre, la grêle et les maladies ont gravement compromis les rendements des cultures annuelles et pérennes cette année. L'utilisation de semences et d'engrais non certifiés et dilués a aussi nui aux cultures dans certaines régions.
À l'est, l'agriculture est en majeure partie irriguée par plusieurs fleuves - Kaboul, Alishang, Alingar et Kunar - ainsi que par plusieurs petits affluents saisonniers. Les doubles et les triples récoltes sont communes dans les régions baignées par l'un de ces grands fleuves. Cette année, les précipitations ont toutefois été très faibles et irrégulières dans la région. La mission a noté que certains districts avaient subi d'importantes inondations à la fin du printemps et au début de l'été, tandis que dans ces mêmes districts, l'accès à l'eau potable était extrêmement limité car la nappe phréatique avait baissé de quelques mètres.
Dans les districts de la province de Ningarhar situés en amont du fleuve Kaboul (Surkhrood, Khogyani, Hisarak, Sherzad, Chaprhar, Shinwar, Rodat et Achin), les rendements en blé ont été très bas, et dans certains districts, les cultures ont complètement échoué en raison des pénuries d'eau. Une deuxième récolte n'a pas été possible dans la plupart de ces districts, tandis que la plupart des habitants des villages d'Achin ont migré en raison du manque d'eau potable. Dans les provinces de Kunar et de Laghman, le niveau d'eau des principaux fleuves était faible mais les cultures ont bénéficié du minimum nécessaire à leur croissance; ainsi la production, bien qu'inférieure à l'an dernier, n'a pas trop souffert. Des semences de blé non certifiées et non mises à l'essai ont été distribuées à de nombreux agriculteurs, avec des résultats généralement mauvais, et les agriculteurs ont apparemment hésité à utiliser les nouvelles variétés à haut rendement. Les maladies du bétail et de la volaille, très répandues dans la région, sont une source de grave préoccupation pour les agriculteurs. Des problèmes de sécurité ont empêché la mission de se rendre à Nuristan; toutefois, les terres agricoles y sont très limitées, et la majeure partie de la population tire sa subsistance de la forêt et de l'élevage, lesquels, d'après d'autres sources d'information, n'ont pas été affectés cette année.
Formée de déserts, de steppes et de réseaux d'irrigation fluviale caractérisés par un taux d'exploitation élevé, la région du sud-ouest est la plus aride du pays. La désertification suscite de sérieuses préoccupations à Nimroz et dans certains districts de Helmand et de Kandahar. Les périmètres irrigués du sud n'en demeurent pas moins une zone de forte production et sont principalement alimentés par deux grands fleuves, l'Helmand et l'Argandab, ainsi que par plusieurs cours d'eau saisonniers situés à l'est (Tarnac Rud, Arghastan Rud).
Cette année, les niveaux d'eau des barrages de Kajaki et de Dahla ont été inférieurs à la moyenne, mais ont fourni le minimum d'eau nécessaire à la croissance des cultures dans les districts irrigués d'Helmand et de Kandahar. Toutefois, le manque d'eau à l'extrémité des réseaux d'irrigation a fait échouer les récoltes dans certains districts de Kandahar et d'Helmand. Les pertes de récolte à Nimroz et dans presque toute la région de Zabul ont dépassé 80 pour cent. Les districts les plus touchés sont ceux de Spin Boldak, Reg et Shorabak à Kandahar, Kang, Chahar-Borjak, Khash-Rud, et Zaranj à Nimroz, et Shinkay, Atghar, Shamulzay, Daychopan, Mizan et Arghandab à Zabul.
Les mauvaises récoltes dans les zones irriguées de Kandahar et d'Helmand sont principalement imputables aux maladies phytosanitaires et aux plantes adventices, ainsi qu'au manque d'eau, tandis qu'à Zabul, Nimroz et Uruzgan, les mauvaises récoltes sont essentiellement attribuables aux pénuries d'eau. Les vergers étaient la principale source de revenus et les fruits étaient autrefois destinés tant à la consommation intérieure qu'à l'exportation, mais la production n'a pas repris depuis la dernière sécheresse qui a décimé la plupart des vergers. La situation de la sécurité dans la région est très préoccupante et fait obstacle aux activités de redressement et de développement, qui sont indispensables.
Prix des céréales
Le blé est la principale culture et denrée alimentaire en Afghanistan. Les hausses de prix nuisent aux consommateurs, tandis que les faibles prix nuisent tout autant aux agriculteurs. Les agriculteurs déterminent ce qu'ils vont cultiver et sur quelles superficies en fonction des prix obtenus pour une récolte donnée la campagne précédente. Les prix du blé dans le nord du pays, principale région productrice, ont été très bas pendant la campagne agricole de 2003. Au nord, au nord-est et à l'ouest, comme il est indiqué à la figure 6 ci-dessous (lignes sombres correspondant à Mazaar, Faizabad et Herat), les prix sont restés généralement en dessous de 7 afghanis le kilo entre janvier 2003 et février 2004, alors que dans le sud-ouest et l'est, ils étaient en moyenne supérieurs à 8 afghanis le kilo, et particulièrement élevés à Kandahar pendant la campagne agricole de 2004. La faiblesse des prix au nord est attribuable à la récolte exceptionnelle rentrée en 2003 et à la fermeture du tunnel situé sur la principale route reliant le nord de l'Afghanistan au reste du territoire. Ces prix, bien que favorables aux consommateurs, ont pénalisé les agriculteurs et bon nombre d'entre eux ont renoncé à consacrer au blé les mêmes superficies qu'en 2003. La production inférieure à la moyenne obtenue cette année dans l'ensemble du pays a entraîné une hausse des prix, lesquels ont atteint des niveaux habituellement enregistrés pendant les mois de soudure d'hiver ou juste avant la récolte.
Étant donné que le blé est une composante essentielle du régime alimentaire des Afghans et représente une large part de la consommation des ménages, en particulier parmi les pauvres, des prix élevés risquent de limiter considérablement l'accès à la nourriture des catégories les plus démunies et les plus vulnérables de la population. Cette hausse des prix du blé pourrait aussi attiser l'inflation, ce qui éroderait encore davantage le pouvoir d'achat des ménages pauvres. Il convient de tenir compte que les agriculteurs sont des consommateurs aussi bien que des producteurs et ils ont été pénalisés à double titre par le faible niveau de la production et les prix élevés des denrées alimentaires.
Source: PAM, Afghanistan (données sur les prix non publiées).
Malgré les prix élevés du blé cette année, les termes de l'échange se dégradent pour les agriculteurs, sous forme de charges salariales accrues, de prix élevés des intrants agricoles et des biens de consommation par rapport aux prix à l'exploitation des produits agricoles. Les prix sont d'autant plus fluctuants que les variations de la production sont exacerbées par l'absence d'installations de stockage adéquates. La mission a constaté que les pertes touchant les stocks détenus par les agriculteurs étaient considérables. À l'exception des gros exploitants, dont les stocks vivriers dépassent les besoins annuels, la plupart des agriculteurs ne conservent pas plus de l'équivalent de leurs besoins pour 10 mois. Les négociants afghans n'ont généralement pas pour habitude de conserver des stocks alimentaires importants et préfèrent les renouveler fréquemment.
Les échanges de blé et de farine de blé ne sont pas perturbés et les prix en Afghanistan semblent correspondre à ceux pratiqués dans les pays voisins, notamment au Kazakhstan, gros producteur de la région, ces prix étant à leur tour en harmonie avec les autres marchés internationaux. Toutefois, on constate une fluctuation des prix juste avant le début de la récolte dans l'ensemble du pays et dans certaines provinces d'accès difficile. Les préoccupations en matière de sécurité en certains endroits du pays font aussi obstacle à la normalisation des échanges. Malheureusement, la situation de la sécurité est assez précaire dans des provinces durement touchées par les effets de la sécheresse (l'ouest, le sud-ouest, le sud et l'est).
La mission a constaté que des denrées alimentaires étaient disponibles sur la plupart des marchés provinciaux, à l'exception de certains marchés de district inaccessibles, en particulier dans le sud et le sud-ouest. Par conséquent, les disponibilités alimentaires ne sont pas un problème majeur dans la plupart du pays, mais l'accès à la nourriture, en particulier par les ménages pauvres et vulnérables, est très préoccupant. En outre, suite aux récoltes très réduites, voire dans certains cas inexistantes, la sécheresse a eu des répercussions sur la subsistance des ménages ruraux, sous forme d'une diminution de la demande de main-d'oeuvre agricole, d'un amenuisement des recettes tirées du bétail, d'un alourdissement des dépenses médicales et d'un relèvement des prix des denrées alimentaires.
Le bilan céréalier pour 2004/05 (résumé au tableau 3) repose sur les hypothèses suivantes:
Au milieu de la campagne 2004/05 (décembre 2004), la population devrait se situer, selon les estimations, à 22,6 millions d'habitants. Ce chiffre est fondé sur les estimations démographiques pour 2002/03, à savoir 21,8 millions d'habitants, en prenant le taux de croissance démographique annuel de 1,9 pour cent établi par le Bureau central de la statistique. Cette estimation comprend 21,1 millions de sédentaires et 1,5 million de nomades, pour un total de 22,6 millions d'habitants.
La consommation annuelle de céréales par habitant est estimée à 180 kilos, dont 160 kilos de blé, 17 kilos de riz, 2 kilos de maïs et 1 kilo d'orge.
L'utilisation des céréales fourragères est estimée à 149 000 tonnes de maïs et 144 000 tonnes d'orge destinées au bétail, aux chevaux, aux ânes et à la volaille.
L'utilisation de semences à l'hectare est estimée à 152 kilos pour le blé irrigué, 92 kilos pour le blé de culture pluviale, 105 kilos pour le paddy, 55 kilos pour le maïs céréalier, 70 kilos pour le maïs fourrager et 110 kilos pour l'orge. S'agissant des superficies ensemencées au cours de la prochaine campagne, on a pris pour hypothèse la moyenne des cinq dernières années.
Les pertes après récolte ont été estimées à 15 pour cent pour le blé, l'orge et le maïs et à 7 pour cent pour le riz.
Suite à la récolte réduite cette année et aux prix céréaliers élevés, on est parti de l'hypothèse qu'aucun stock n'avait été constitué. Toutefois, on a supposé une réduction des stocks d'environ 200 000 tonnes, principalement par les négociants et les ménages, qui prélèveront sur la récolte exceptionnelle de l'an dernier.
Note: le paddy a été converti en
riz au taux de conversion de 67 pour cent.
Source: Estimations de la mission.
Les besoins d'importations céréalières en 2004/05 (juillet/juin) sont estimés au total à plus de 1,7 million de tonnes, soit environ 34 pour cent de la totalité des besoins de consommation. On suppose que 1,4 million de tonnes seront importées par des voies commerciales, ce qui laisse un déficit non couvert de quelque 326 000 tonnes.
La capacité à importer par voie commerciale se fonde sur les importations passées et les points forts pertinents de l'économie nationale. Au cours de la campagne de commercialisation 2000/01, l'Afghanistan a acheté par des circuits commerciaux quelque 909 000 tonnes de blé, à une époque où le pays était complètement isolé et son économie ravagée. L'économie est vigoureuse, stable et en pleine expansion depuis ces deux dernières années et les prévisions sont bonnes - du moins pour la prochaine campagne commerciale 2004/05 (voir la section 2 ci-dessus); on peut donc supposer que le pays pourra combler une grande partie du déficit céréalier par des achats commerciaux. Toutefois, cela ne veut pas dire que les ménages pourront avoir accès à la nourriture, mais simplement que compte tenu du commerce vivace avec les pays voisins et du regain des activités économiques dans l'ensemble du pays, ainsi que de l'augmentation des fonds envoyés de l'étranger par des membres de la famille, le secteur privé sera en mesure d'acheter par des circuits commerciaux 1,4 million de tonnes de céréales. La capacité d'importation n'est pas une mesure de l'accès de la population à ces céréales.
Nonobstant ce qui précède, l'accès à la nourriture posera des difficultés à de nombreux ménages en Afghanistan, en particulier parmi les ruraux pauvres et les ménages vulnérables dans les villes (voir la section 6 ci-dessous).
La présente section se fonde sur l'analyse des données recueillies lors de l'évaluation nationale de la vulnérabilité et des risques effectuée en 2003, qui ont été ajustées afin de fournir des estimations concernant les populations exposées à l'insécurité alimentaire en 2004.2 L'évaluation de la vulnérabilité a été menée en étroite collaboration avec l'Unité de l'analyse de la vulnérabilité du Ministère du relèvement rural et du développement, le PAM, la FAO, FEWSNET et d'autres partenaires.
Le tableau 4 ci-dessous récapitule les résultats de l’évaluation nationale de la vulnérabilité et des risques adaptés pour 2004/05. Il ressort de l'analyse que 35 pour cent de la population, soit plus de 6 millions de personnes, ont un apport calorique quotidien inférieur à 2 100 kcal et ne seront pas en mesure d'assurer leurs besoins alimentaires de base et autres besoins essentiels du fait de la sécheresse et de ses effets négatifs tant sur la production agricole que sur l'emploi. Près de quatre millions de personnes auront accès à l'emploi par le biais du Programme national d'urgence pour l'emploi, le Programme de solidarité nationale et d'autres interventions nationales à base commerciale. Outre près d'un million de personnes visées par l'intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR) du PAM, on estime que 1,4 million d'autres sont durement touchées par la mauvaise récolte de cette année et nécessitent une aide d'urgence.
Province | Estimations concernant la population rurale (Bureau central de la statistique) | % de la population consommant moins de 2 100 kcal/personne/ jour | Nombre moyen de mois de déficit alimentaire | Nombre de personnes consommant moins de 2 100 kcal/personne/ jour | Augmentation du nombre de victimes de l'insécurité alimentaire depuis 2003 |
Nangarhar | 1 243 | 45 | 1.9 | 554 | 448 |
Faryab | 947 | 53 | 2.3 | 499 | 188 |
Herat | 1 304 | 34 | 1.3 | 448 | 104 |
Kaboul | 936 | 46 | 2.0 | 432 | 163 |
Kandahar | 594 | 70 | 3.8 | 416 | 333 |
Ghazni | 1 050 | 34 | 1.9 | 354 | 145 |
Badakhshan | 908 | 27 | 1.7 | 244 | 199 |
Parwan | 549 | 44 | 2.5 | 240 | 113 |
Hilmand | 691 | 33 | 1.5 | 227 | 181 |
Kunar | 383 | 56 | 2.4 | 214 | 142 |
Balkh | 753 | 28 | 1.1 | 212 | 57 |
Sari Pul | 505 | 40 | 2.0 | 202 | 107 |
Paktika | 333 | 60 | 3.5 | 201 | 149 |
Wardak | 481 | 38 | 1.7 | 184 | 31 |
Paktya | 554 | 33 | 1.2 | 181 | 203 |
Logar | 304 | 54 | 3.6 | 164 | 61 |
Ghor | 628 | 26 | 1.2 | 164 | 47 |
Badghis | 549 | 29 | 1.2 | 160 | 107 |
Uruzgan | 637 | 23 | 0.9 | 148 | 175 |
Laghman | 395 | 34 | 1.6 | 134 | 53 |
Nimroz | 141 | 92 | 7.0 | 129 | 110 |
Zabul | 220 | 57 | 2.6 | 125 | 98 |
Bamyan | 281 | 43 | 2.0 | 121 | 73 |
Kapisa | 382 | 27 | 1.0 | 104 | 79 |
Baghlan | 708 | 13 | 0.3 | 92 | 41 |
Samangan | 267 | 32 | 1.4 | 86 | 51 |
Takhar | 708 | 11 | 0.3 | 77 | 39 |
Jawzjan | 296 | 25 | 1.1 | 75 | 25 |
Khost | 302 | 23 | 0.9 | 68 | 39 |
Farah | 314 | 15 | 0.3 | 48 | 30 |
Nuristan | 130 | 27 | 1.2 | 35 | 19 |
Kunduz | 585 | 2 | |||
Total | 18 077 | 35 | 1.8 | 6 336 | 3 609 |
Chiffres estimatifs arrondis.
Tandis que la période de soudure se rapproche, les mécanismes d'adaptation s'affaiblissent progressivement, et le nombre de foyers à risque s'accroît. Les activités en cours et prévues bénéficiant d'une aide alimentaire au titre de l'IPSR s'adressent déjà aux ménages exposés à l'insécurité alimentaire et doivent être maintenues pour éviter toute nouvelle détérioration des moyens de subsistance et donc une augmentation des secours d'urgence nécessaires. Sans les activités vivres-contre-travail ou vivres pour la formation, les rations scolaires à emporter et autres programmes d'aide alimentaire menés dans le cadre de l'IPSR, le nombre de personnes ayant besoin d'une aide d'urgence augmenterait considérablement.
Les réserves actuelles et les livraisons de vivres suffiront à couvrir jusqu'à octobre 2004 seulement les programmes en cours et les secours supplémentaires estimatifs. Au total, 153 100 tonnes supplémentaires de produits alimentaires assortis, dont 139 000 tonnes de blé, 8 600 tonnes d'huile végétale, 5 000 tonnes de légumes secs et 500 tonnes de sel iodé seront nécessaires pour répondre aux besoins du programme mené par le PAM jusqu'à la prochaine récolte en mai 2005. En tout, 89 millions de dollars E.-U. seront nécessaires pour couvrir les coûts du déficit estimatif, dont 52 millions de dollars E.-U. destinés à l’achat de 80 000 tonnes de vivres à distribuer d'urgence aux populations touchées par la mauvaise récolte. L'IPSR en cours prend fin en mars 2005 et devrait être prolongée jusqu'à fin 2005 - début 2006.
D'après les données tirées de l’évaluation nationale de la vulnérabilité et des risques de 2003, outre les 20 pour cent de la population ne consommant pas la ration minimale de 2 100 kcal/personne/jour, 18 pour cent ont consommé entre 2 100 et 3 200 kcal/personne/jour, mais leur régime a été très peu diversifié. Cela laisse supposer qu'une part importante de la population qui n'est pas considérée comme exposée à l'insécurité alimentaire, si l'on se base sur l'apport calorique, risque temporairement de le devenir cette année, car les besoins énergétiques ne seront pas immédiatement couverts après la récolte par la consommation de céréales tirées de leur production personnelle ou achetées à bas prix. Ces ménages consomment un assortiment d'aliments qui ne leur permettent pas, le plus souvent, de couvrir leurs besoins énergétiques essentiels, ce qui laisse penser qu'à mesure que la récolte s'éloigne et que la période de soudure se rapproche, leur consommation risque de passer au-dessous des normes acceptables, tant du point de vue de la diversité que de celui de l'apport énergétique.
Il ressort également de l’évaluation nationale de la vulnérabilité et des risques qu'un grand nombre de districts dans diverses régions du pays ont beaucoup de mal à accéder aux marchés pendant les mois d'hiver, ce qui indique bien que les autres sources de subsistance sont limitées, les prix des denrées alimentaires élevés et les régimes peu diversifiés. Dans ces conditions, une aide alimentaire en nature pourrait être plus efficace. À cet effet, diverses possibilités sont envisagées en vue de créer des synergies entre les programmes nationaux à base commerciale en cours et l'aide alimentaire ciblée et l'aide fournie sous d'autres formes, afin d'atteindre les populations les plus vulnérables en divers endroits du pays. Des exercices de planification intégrés sont menés actuellement en collaboration avec le gouvernement et d'autres partenaires en vue d'identifier les régions et les populations devant bénéficier d'une aide appropriée en temps voulu.
Le présent rapport a été établi par Aziz Arya et Scott Ronchini, sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'informations le cas échéant. | |
Henri Josserand Chef, SMIAR, FAO Télécopie: 0039-06-5705-4495 Mél: [email protected] |
Khaled Adly Directeur Régional, OMN PAM Télécopie: 0020-2-3500716 Mél: [email protected] |
Veuillez noter qu'il est possible d'obtenir le présent Rapport spécial sur le site Internet de la FAO (www.fao.org) à l'adresse suivante: http://www.fao.org/giews/ | |
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1. Les zones/régions ne sont pas des unités administratives ou unités reconnues utilisées par d'autres organisations. Il s'agit de régions présentant des caractéristiques agroécologiques analogues ou comprises dans un même bassin versant aux délimitations approximatives.
2. Voir le document “Analysis of Drought Situation in Afghanistan 24 Aug 2004.pdf“ sur le site Internet: www.mrrd.gov.af/vau