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Faits saillants
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Le présent rapport est établi sur base des renseignements recueillis au cours de la mission denquête de la FAO qui sest rendue en Fédération de Russie en mi-octobre 1998. Des échanges de vues ont eu lieu avec des représentants des pouvoirs publics, des négociants en produits alimentaires, des instituts de recherche et des analystes du marché. Le présent rapport a pour objet de préciser les perspectives concernant les approvisionnements alimentaires et fourragers, la demande et les échanges jusquau milieu de 1999, et de mettre en évidence les zones exposées au risque dinsécurité alimentaire. Cette analyse est nécessairement provisoire étant donné quune grande partie des données actuelles sont contestées et que les marchés des produits alimentaires fluctuent continuellement, à la suite de la dévaluation du rouble en août et de la crise financière.
La forte chute de la production céréalière intérieure de cette année sexplique principalement par la sécheresse et par les températures élevées qui ont sévi de la mi-juin jusquen août. Selon les estimations provisoires, la production céréalière totale (y compris les récoltes dhiver et de printemps de 1997/98)) sétablirait à environ 50 millions de tonnes contre 86,7 millions de tonnes en 1997, la moyenne sur la période 1993-97 étant de 73 millions de tonnes. Ce recul reflète également la profonde tendance à la baisse de la superficie ensemencée et des rendements. Du fait des importants stocks de report, les approvisionnements fourragers totaux nont pas souffert du choc subi par la production. Par ailleurs, la demande intérieure de produits daffouragement devrait continuer à régresser.
Les perspectives concernant les échanges céréaliers pour le reste de la campagne 1998/99 sont incertaines. Selon les prévisions actuelles, malgré la chute de la production, les importations commerciales ne devraient augmenter que très légèrement. Du fait de la qualité relativement bonne de la récolte de cette année, la demande dimportations de céréales alimentaires ne devrait progresser que modérément. Cependant, ces prévisions sont fondées sur lhypothèse que les stocks seront réduits au strict minimum, ce qui comporte un risque daccroissement des coûts et/ou de goulets détranglement dordre logistique. Des importations supplémentaires permettraient daméliorer la situation. Les politiques en matière de marché et
de prix intérieurs sont fluctuantes et, compte tenu de la dévaluation du rouble et des problèmes de liquidités, lissue des négociations portant sur le troc et le recouvrement de la dette avec les principaux partenaires commerciaux et institutions financières internationales constituera un élément déterminant. Un recul notable des produits alimentaires de transformation importés est attendu.
Dans lensemble, la demande alimentaire totale de céréales ne subira pas le contrecoup des bouleversements macro-économiques et des perturbations météorologiques, et elle pourrait même augmenter à mesure que les consommateurs renoncent aux produits alimentaires de transformation, du fait de leur coût. Ce tableau général de la situation dissimule de profondes inégalités en matière de sécurité alimentaire entre les diverses zones géographiques et les divers groupes socio-économiques. Les zones reculées du nord et de lextrême est du pays risquent de devoir faire face à un approvisionnement alimentaire irrégulier et à des prix élevés. Les mesures locales visant à limiter les échanges commerciaux pourraient aggraver la situation déjà tendue du marché. Les groupes socio-économiques les plus vulnérables, retraités, orphelins, chômeurs et ménages tributaires dun traitement versé par lEtat, peuvent sattendre à un hiver difficile, surtout dans les grandes villes industrielles en difficulté.
Selon les estimations officielles, les superficies consacrées aux cultures dhiver et de printemps de 1997/98, prises conjointement, ont été inférieures de quelque 6,7 pour cent par rapport à la moyenne de 1992/93-1996/97. La régression enregistrée cette année sexplique dans une large mesure par la baisse tendancielle de la superficie cultivée qui a commencé en 1977. Ce processus de longue durée est imputable à lappauvrissement du sol en nutriments, qui a conduit à laisser une plus grande superficie en jachère pendant plus longtemps ainsi quà lérosion.
Ce recul sest accéléré au cours des 8 dernières années pour des raisons à la fois structurelles et liées au marché. Du fait des réductions massives des subventions en faveur des intrants et des fréquentes réorientations de lintervention de lEtat sur le marché de gros, la production agricole est devenue plus risquée et moins rentable depuis la fin des années 80. Lérosion de la rentabilité, à laquelle sajoutent des services de crédit, de fourniture dintrants et de commercialisation sous-développés et inefficaces, a entraîné un désinvestissement important dans le secteur agricole. Malgré la réduction générale des emblavures au cours des dernières années, la superficie moyenne labourée par tracteur en état de marche a progressé de cinq pour cent entre 1997 et 1998. Le parc des tracteurs en état de marche a diminué dun tiers depuis le milieu des années 80. En outre, les machines actuelles sont peu fiables et dépassées. Le remplacement du parc a été réduit pratiquement à néant à mesure que la production intérieure seffondrait, et le système de crédit agricole, habituellement fondé sur des contrats à terme sur récolte, nest pas adapté aux dépenses déquipement. Le mauvais état du parc a également entraîné une augmentation des coûts variables de production, doù les pressions exercées sur une infrastructure faible, sagissant des pièces détachées, du carburant et des lubrifiants.
La dépréciation des équipements explique en partie la baisse des superficies cultivées enregistrées ces dernières années. La superficie sous céréales et la superficie cultivée annuelle totale de cette année sont conformes à lévolution observée sur 10 ans, ce qui fournit une explication satisfaisante, corroborant la conclusion selon laquelle aucune contrainte économique inhabituelle ne sexerce cette année. Localement, les fortes averses de mai ont considérablement gêné les semis de printemps. En revanche, dans trois oblasts de la région de Povolzhsky, les semis ont été réduits en raison de la sécheresse anormale du sol.
La superficie sous céréales (qui a chuté de 14 pour cent entre 1993 et 1998) tend à régresser malgré la nette reconversion de terres ensemencées en cultures industrielles et fourragères en terres sous cultures céréalières. La superficie totale ensemencée en lin, betterave à sucre et fourrage a été réduite de 27 pour cent depuis 1993. Daprès les données relatives à la superficie (présentées au tableau 1 ci-dessous), il y a eu également dimportantes réorientations parmi les cultures vivrières. La superficie consacrée au blé, qui a augmenté par rapport à lan dernier, dépasse de quelque 6 pour cent la moyenne de 1993-1997, ce qui reflète la tendance générale à labandon des céréales fourragères prédominantes (orge, seigle et avoine) au profit des cultures vivrières. Le baisse brusque enregistrée dans les effectifs du cheptel et la demande de produits daffouragement ont amélioré la rentabilité relative des céréales vivrières. Cette année, la réorientation a été particulièrement nette étant donné que dimportants stocks de report de blé fourrager avaient été constitués (plus de 50 pour cent de la récolte de blé de 1997 avait été classée comme blé fourrager).
Culture
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1993 | 1994 | 1995 | 1996 | 1997 | 1998 | 1998 en % de la moyenne sur cinq ans |
Blé | 24 666 | 22 190 | 23 909 | 25 707 | 26 114 | 26 151 | 106.7 |
Orge | 15 478 | 16 404 | 14 710 | 11 792 | 12 619 | 11 969 | 84.3 |
Maïs | 800 | 524 | 643 | 622 | 853 | 1 021 | 148.3 |
Seigle | 6 000 | 3 903 | 3 247 | 4 149 | 3 994 | 3 828 | 89.9 |
Avoine | 8 402 | 8 333 | 7 928 | 6 904 | 6 510 | 5 290 | 69.5 |
Mil | 1 464 | 1 002 | 698 | 1 228 | 1 077 | 960 | 87.8 |
Sarrasin | 1 808 | 1 760 | 1 618 | 1 373 | 1 116 | 1 214 | 79.1 |
Riz | 261 | 193 | 171 | 172 | 152 | 146 | 76.9 |
Total Céréales | 58 879 | 54 309 | 52 924 | 51 947 | 52 435 | 50 579 | 93.5 |
Légumineuses | 2 042 | 1 962 | 1 784 | 1 430 | 1 402 | 1 210 | 70.2 |
Céréales & légumineuses | 60 921 | 56 271 | 54 708 | 53 377 | 53 837 | 51 789 | 92.8 |
Pommes de terre | 3 548 | 3 337 | 3 409 | 3 404 | 3 330 | 3 263 | 96 |
Légumes | 684 | 709 | 758 | 737 | 740 | 738 | 102 |
Source: Source officielle (GOSKOMSTAT)
Il y a peu de chances pour que les estimations officielles de la production de céréales et de légumineuses de 1998 soient disponibles avant février 1999. Du fait de la complexité même des données (recueillies au niveau des parcelles dappoint, des parcelles des ménages, des grandes entreprises agricoles et des exploitations privées), de leur volume et du caractère décentralisé de leur collecte, il est peu probable quelles soient mises en circulation plus rapidement. Fin octobre, la récolte était en grande partie achevée, mais toutes les données concernant la production et les rendements agricoles contiennent des éléments prévisionnels, et on ne dispose pas de données systématiques, complètes, sur des livraisons ou des échantillons.
Jusqu'à ce que les données officielles soient diffusées, toutes les estimations devraient être traitées avec prudence. Au moment de la rédaction du présent rapport, la récolte céréalière sétablirait, selon les prévisions officielles, à quelque 48 millions de tonnes, maïs non compris. Une source commerciale non officielle, affirmant que les résultats ont été manifestement sous-estimés, a avancé le chiffre de 65 millions de tonnes. La principale raison évoquée pour cette sous-comptabilisation serait le souhait déchapper aux taxes ou au remboursement des prêts agricoles. De grandes quantités de céréales sont souvent stockées à la ferme plutôt que dêtre livrées aux silos élévateurs où les quantités peuvent être contrôlées avec une plus grande efficacité.
La contestation des données officielles porte dans une large mesure sur des petits échantillons locaux qui ne peuvent pas être utilisés en vue dune induction au niveau national, étant donné que les moyens en matière de statistiques et les incitations à sous- ou sur-comptabiliser la production varient de région à région. En conséquence, aucune méthode objective ne peut être appliquée pour ajuster les prévisions officielles afin de tenir compte de la sous-estimation de la production, et il nexiste aucune autre source de données, systématique et exhaustive. Les sources officielles nont pas fourni de ventilation par produit, ce qui rend les prévisions concernant les céréales encore moins concrètes. Daprès des sources commerciales, des instituts de recherche et des sources officielles, la récolte de blé de la région (y compris le blé dhiver et de printemps) atteindrait de lavis général 26 à 27 millions de tonnes. Le Ministère de lagriculture et de lalimentation estime que le blé de qualité alimentaire constitue 76 pour cent de ce total, mais, selon des sources commerciales, cette proportion serait plus près de 70 pour cent. Environ 47 pour cent de la récolte de 1997 avait été classée comme blé alimentaire. Cet accroissement peut être attribué à la teneur en humidité plus faible de la récolte de cette année. En outre, les taux de détérioration de la qualité au cours de lemmagasinage seront nettement inférieurs à ceux de lan dernier. En effet, une grande partie de la récolte avait été stockée sans être couverte et les installations avaient été utilisées à la limite de leur capacité.
En labsence de critère objectif dévaluation et de correction des prévisions, toutes les données présentées ci-dessous représentent «lestimation la plus plausible », corroborée par des échanges de vues avec des personnes bien renseignées. Pour cette raison, le présent rapport met laccent sur une évaluation plus qualitative.
Culture
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1993 | 1994 | 1995 | 1996 | 1997 | 1998 | % de la moyenne sur cinq ans |
Blé | 43 547 | 32 132 | 30 123 | 34 883 | 44 258 | 26 000 | 70 |
Orge | 26 843 | 27 054 | 15 786 | 15 908 | 20 786 | 11 500 | 54 |
Céréales secondaires | 51 960 | 45 958 | 31 282 | 32 215 | 42 185 | 23 405 | 57 |
Total Céréales 1 | 96 195 | 78 613 | 61 867 | 67 487 | 86 771 | 49 685 | 64 |
Légumineuses | 2 898 | 2 677 | 1 592 | 1 793 | 1 250 | 900 | 44 |
Céréales et légumineuses | 99 093 | 81 290 | 63 459 | 69 280 | 88 021 | 50 585 | 63 |
Pommes de terre | 37 650 | 33 828 | 39 909 | 38 529 | 37 040 | 35 000 | 94 |
Légumes | 9 827 | 9 621 | 11 275 | 10 716 | 11 130 | 10 500 | 100 |
1/ Riz paddy inclus
Source: Source officielle pour 1993-1997 (GOSKOMSTAT); prévisions indicatives de la FAO pour 1998.
La baisse brutale de la production agricole de 1998 par rapport à celle de 1997 (qui a été relativement bonne) nest guère mise en doute, et ses causes ne sont pas non plus contestées. Le blé dhiver a subi des pertes considérables dues au gel et les rendements devraient être inférieurs de quelque 15 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années et légèrement inférieurs à ceux de 1997, année où les pertes dues au gel ont été particulièrement élevées. Si lon ajoute à cela une diminution des semis de blé dhiver, tout laisse à penser que la production sera nettement réduite.
Jusquen mai/juin 1998, les analystes du secteur public ont espéré que les rendements des cultures de printemps seraient proches de ceux de 1997. Lapplication dengrais a été comparable à celle de lan dernier et une importante enveloppe de crédit agricole, reposant essentiellement sur des contrats à terme sur récolte, a été mise à disposition. Il faut noter que la campagne étant déjà bien avancée, la crise financière et le recul du rouble nont pas eu dimpact déterminant sur la production. La principale cause de ce brusque fléchissement de la production de printemps est la sécheresse.
Après les conditions généralement favorables qui ont régné en mai, au moment de la levée et des premiers stades de développement des cultures de printemps, un temps sec et chaud a sévi sur une grande partie de la zone céréalière à partir de début juin jusque vers la mi-août. Une période prolongée de hautes pressions sur les principales zones de production du sud a provoqué une vague de chaleur dans lensemble des régions de la vallée de la Volga, de lOural et de la Sibérie occidentale. Dès la troisième décade de juin, certaines zones du nord du Caucase et des régions centrales des terres noires ont été également frappées par la sécheresse. Un faible front froid a amené quelques précipitations et des températures plus fraîches dans les régions du centre, des terres noires et de la Sibérie occidentale au cours de la troisième décade, mais la chaleur et la sécheresse ont persisté dans la vallée de la Volga, le nord du Caucase et lOural. Des pluies et des températures plus fraîches fin juin et début juillet ont apporté un léger répit dans certaines parties des régions du nord-ouest, du centre et de la Volga Vyatsk. Pendant le reste du mois de juillet, les températures ont été élevées et les précipitations faibles dans la plupart des régions, sauf dans les zones de louest et du nord-ouest qui ont reçu quelques pluies. Dans les principales zones productrices, les cultures ensemencées au printemps ont souffert pendant les stades de la reproduction ou de lépiaison. Dans la région de la Volga, dans les zones centrales des terres noires et dans le nord du Caucase, un temps sec et chaud a prévalu jusque vers la mi-août. Les températures plus fraîches et les averses éparses enregistrées dans une grande partie de la zone fin août et début septembre sont arrivées trop tard pour avoir un effet sur le résultat final.
Les conditions météorologiques de la fin de la campagne ont été généralement favorables pour la moisson. En septembre et en octobre, les températures ont été douces (2 à 3 degrés au-dessus de la normale), avec des averses légères et éparses. En Sibérie occidentale, des pluies plus fortes et les premières neiges ont gêné la récolte et entraîné une importante détérioration de la qualité.
Selon les premières prévisions, toutes les régions de la Fédération de Russie seraient touchées par la baisse de la production agricole. Cest dans les régions de lOural et de Povolzhsky que la baisse risque dêtre la plus importante (avec une production ramenée respectivement à environ 60 et 50 pour cent de la moyenne des cinq dernières années) ; viennent ensuite la Volga-Vyatka et la région du Nord. Dans les régions de Sibérie orientale et de Chernozem centrale, le fléchissement devrait être moins spectaculaire, de lordre de 15 à 20 pour cent.
Il faut noter quau cours des 8 dernières années, les rendements des cultures céréalières ont accusé une légère tendance à la baisse, en particulier ceux du blé et de lorge. Cette tendance témoigne de la concentration traditionnelle de la production céréalière dans les grandes entreprises, qui ne sont pas parvenues à se restructurer pour sadapter au passage à un système fonctionnant selon les mécanismes du marché. Même avant la crise financière, la plupart des grandes entreprises perdaient de largent ou rentraient juste dans leurs frais, restant à flot seulement grâce à des prêts à des conditions de faveur et à un recouvrement inopérant de la dette. Le manque defficacité peut être attribué à de nombreux facteurs : développement insuffisant des structures du marché en aval et en amont et faible taux de pénétration , politiques locales défavorables en matière de prix et de propriété foncière, et mauvaise gestion des exploitations.
Les services en amont, irréguliers, souffrent dune mauvaise gestion et courent des risques élevés (de non-paiement) liés à la fourniture dintrants. Diverses organisations commerciales sont apparues sur le marché intérieur, notamment de gros négociants en céréales privés et des opérateurs locaux moins importants, qui ont en partie remplacé les organismes para-étatiques dachat. Cependant, les avantages dun commerce de gros plus compétitif doivent encore se concrétiser sous forme de signaux du marché transparents au niveau de la ferme. Les insuffisances du secteur en aval persistent pour des raisons complexes, qui varient dun oblast à lautre. Les contraintes les plus fréquentes sont les suivantes :
Du fait du manque dinformations détaillées sur les prix, et de labsence de marché des opérations à terme, les soumissions risquent aussi de ne pas être assez élevées. Les entreprises agricoles sont souvent mal renseignées sur les prix en vigueur, à la production et à la livraison au silo. Le Ministère de lagriculture et de lalimentation a entrepris un projet expérimental dinformation sur les prix, mais les données recueillies (venant denviron 30 oblasts) ne sont pas largement diffusées.
Dans ces conditions, il nest pas réaliste despérer une gestion efficace des exploitations, avec lappui de prêts agricoles assortis de conditions de faveur mais essentiellement soumis à un rationnement. En outre, le transfert rapide de propriété à des sociétés par actions na pas été accompagné dun remaniement effectif au niveau de la gestion des exploitations. En raison des incertitudes entourant la propriété, les incitations à pratiquer une meilleure gestion font souvent défaut. Le fait que les gestionnaires connaissent mal les « lois de léconomie de marché », particulièrement complexes dans le cas des producteurs de céréales, est une autre raison fréquemment évoquée à propos de linefficacité.
Compte tenu des importantes économies déchelle, la grande
entreprise prédomine dans le secteur de la production de céréales,
ainsi que de betterave à sucre et doléagineux. Selon des
estimations officielles, seuls 7 pour cent de la production céréalière
de 1997 provenaient dexploitations privées ou de parcelles familiales,
ce qui représente la proportion la plus faible parmi tous les pays de
la CEI, même si elle a considérablement augmenté depuis
1991. Par contre, les pommes de terre et les légumes sont principalement
cultivés sur des parcelles familiales et dans des exploitations privées.
Ces dernières années, la production de ces parcelles a augmenté
à la fois en valeur relative et en valeur absolue. Cependant, cette année,
la récolte de pommes de terre devrait être inférieure de
6 à 7 pour cent à la moyenne de 1993-1997. La sécheresse
du sol a gêné les semis et réduit les rendements, et les
pluies enregistrées à la fin de la campagne ainsi que la rouille
ont également causé des dégâts. Le chiffre récapitulatif
national ne rend pas compte des grandes variations de production entre les divers
oblasts. La production de légumes, qui a également souffert de
linsuffisance des précipitations, devrait baisser par rapport à
la bonne récolte de lan dernier et atteindre un niveau proche de
la moyenne des cinq dernières années. Des cultures intercalaires
sont souvent pratiquées sur les parcelles familiales, si bien que globalement
le risque lié aux conditions météorologiques est moindre
que dans les grandes exploitations.
Le niveau des stocks céréaliers douverture pour 1998/99 fait lobjet dune vive controverse. Les renseignements disponibles à ce sujet sont loin dêtre complets. Lessentiel des stocks est conservé dans des réserves céréalières régionales, utilisées généralement pour des interventions sur le marché visant à stabiliser les prix du pain, ou par des entreprises agricoles. Les entreprises sont tentées de sous-comptabiliser les stocks afin déviter des taxes et des commandes dEtat. Il ny a pas de données publiées disponibles sur les stocks conservés au niveau fédéral. Ces derniers rentrent dans deux catégories : stocks de roulement pour « usagers particuliers » (par exemple, militaires, détenus) et réserves durgence aux fins daide humanitaire en cas de catastrophe naturelle ou causée par lhomme. Les estimations non officielles de ces stocks vont de 1 million à 1,6 million de tonnes de céréales alimentaires. Les stocks détenus par les grossistes et les détaillants du circuit commercial sont probablement sous-comptabilisés.
Selon les estimations officielles, au 1er juillet 1998, les stocks céréaliers de la région sélevaient à 20 millions de tonnes (sans compter les nouveaux stocks), chiffre qui a été contesté mais qui est plausible, compte tenu des prix anormalement bas enregistrés pour les céréales au début de la campagne commerciale 1998/99, tout au long de la chaîne de commercialisation et pour toutes les qualités.
Même sil ny pas de données disponibles sur la composition des stocks de report par produit et par qualité, il est probable quils sont principalement constitués de céréales fourragères, du fait de la mauvaise qualité des récoltes dhiver et de printemps de 1997. En outre, on estime quaprès lamélioration inattendue de la production de lan dernier, le stockage à la ferme en grandes quantités, dans des entrepôts ou des greniers non couverts (plutôt que dans des silos après livraison aux élévateurs), a entraîné des pertes supplémentaires à cause des dégâts causés par des insectes et des champignons.
Les analystes des secteurs public et privé sattendent à dimportants prélèvements en 1998/99. La récolte étant médiocre, il est à prévoir que les stocks de report atteindront un niveau extrêmement bas à la fin de juin 1999, à moins que les importations commerciales naugmentent très fortement par rapport aux prévisions actuelles (voir section 4). Daprès les projections actuelles, les stocks de clôture de 1998/99 couvriront à peu près la demande dun mois, et les possibilités de garder des réserves durgence seront très réduites.
Depuis 1991, les cheptels de bovins, de porcins et de petit bétail diminuent. Le nombre des volailles a légèrement progressé en 1997 et au cours du premier semestre de 1998. Les ventes intérieures de viande de volaille ont augmenté juste après leffondrement du rouble. Dès septembre cependant, le marché était saturé, car les fournisseurs navaient pas prévu le brusque fléchissement de la demande.
On peut sattendre dans les prochains mois à une certaine reprise de la demande, en particulier de volailles. La demande russe de produits animaux est généralement saisonnière, avec un maximum au milieu de lhiver, quand la demande de matières grasses est la plus forte. Au taux actuel de change, et du fait que les exportations de volailles américaines sont en perte de vitesse à cause des difficultés rencontrées pour le remboursement, les producteurs nationaux sont devenus plus compétitifs. En 1997 et 1998, le secteur de la production avicole a bénéficié dinvestissements directs considérables, intérieurs et étrangers, et la capacité des élevages a augmenté, surtout aux alentours de Moscou.
Il est cependant peu probable que cette situation plus avantageuse suscite une réaction énergique visant à augmenter loffre au niveau de la production avicole intérieure. La croissance du deuxième semestre sera négligeable. La difficulté dobtenir du carburant pour les élevages reste un obstacle crucial. En outre, pour augmenter notablement loffre, il faudrait apporter dimportantes modifications à la composition des produits daffouragement et résoudre le problème de linsuffisance des disponibilités intérieures en protéines destinées à lalimentation des animaux. Lindustrie des aliments du bétail, fortement tributaire des protéines de soja importées, a été touchée par la dévaluation du rouble et par la crise des liquidités. Les importations de soja et daliments composés étant maintenant négligeables, il est nécessaire de procéder à des restructurations. Compte tenu de la récolte de tournesol relativement bonne engrangée en 1998, les disponibilités de tourteau de tournesol devraient augmenter, mais cet accroissement ne compensera sans doute pas la baisse des approvisionnements en soja. Les exportations de tournesol ont temporairement régressé, les autorités locales des grandes zones de production ont érigé des obstacles matériels ou juridiques à la circulation des produits. Ces barrières pourraient seffondrer par suite de la pression fiscale exercée sur les autorités locales, qui les inciterait à accroître les exportations à létranger. En outre, la teneur en protéines du tourteau de tournesol est inférieure à celle du soja. Au taux de change actuel (environ 17 roubles/dollar des Etats-Unis), les importations de soja sur une grande échelle risquent de ne pas être rentables jusqu'à la fin de 1998. Une réduction des tarifs douaniers sur les importations de protéines destinées à laffouragement serait à létude.
Le secteur de la fabrication industrielle des aliments du bétail est caractérisé par de grandes unités de production, par la prédominance de la part du marché local et par une majoration des prix nuisant à la compétitivité. Ces grandes installations, qui nutilisent quune petite fraction de leur capacité, sont généralement inefficaces. Elles rencontrent actuellement des difficultés pour se procurer le crédit nécessaire aux achats de matières premières. Malgré les investissements récents et les subventions accordées aux installations situées près de Moscou et de Saint-Pétersbourg, lirrégularité des approvisionnements et la hausse des prix des produits daffouragement industriels ont incité de nombreuses entreprises agricoles à fabriquer leurs propres aliments composés à la ferme.
Le secteur du buf na cessé de régresser depuis 1991, ce qui témoigne de la faible demande, en baisse, et des graves carences des unités de production et de transformation. La demande de viande étant relativement élastique par rapport au revenu, la baisse des revenus réels a eu de graves répercussions. Les gains de poids par unité daliment du bétail sont beaucoup plus faibles que ceux des principaux concurrents étrangers et les périodes moyennes dengraissement sont plus longues. Les animaux sont souvent en mauvaise santé en raison de linsuffisance des équipements vétérinaires, du coût élevé des médicaments et des vaccins, et de la teneur trop basse des aliments du bétail en micro-nutriments. En outre, le patrimoine génétique du cheptel sest détérioré, même si quelques initiatives ont été prises récemment pour introduire des espèces étrangères de bufs de boucherie à rendement plus élevé.
La production laitière sest de plus en plus déplacée des grandes unités de production vers les petits exploitants. Non moins de 50 pour cent de la production vient maintenant dunités familiales et de petites exploitations privées. Les effectifs des troupeaux de vaches ont commencé à se stabiliser en 1997 et, cette année, la production de lait pourrait augmenter. Les importations de beurre, de fromage et de lait en poudre devenant moins concurrentielles, la petite production laitière pourrait également progresser.
Certains indices tangibles portent à croire que des gains defficacité sont réalisés dans le secteur du porc, avec notamment une réduction des taux de mortalité et une augmentation des taux de naissances vivantes par truie. Compte tenu des blocages dans le secteur des produits daffouragement, de la faiblesse de la demande effective et du recul ininterrompu du secteur de la transformation de la viande, les effectifs des bufs de boucherie et des porcins risquent de diminuer jusqu'à la fin de la campagne 1998/99, ce qui aura un impact notable sur la demande daliments du bétail.
1991 | 1992 | 1993 | 1994 | 1995 | 1996 | 1997 | 1998 | 1999 | |
Bovins | 57 043 | 54 677 | 52 226 | 48 914 | 43 296 | 39 696 | 35 103 | 33 000 | 29 000 |
dont vaches | 22 057 | 20 564 | 20 243 | 19 831 | 18 398 | 17 436 | 15 874 | 14 500 | 14 000 |
Porcins | 38 134 | 35 384 | 31 519 | 28 557 | 24 859 | 22 631 | 19 115 | 17 300 | 16 500 |
Ovins et Caprins | 58 195 | 55 255 | 51 368 | 43 712 | 34 540 | 28 027 | 22 772 | 16 774 | 15 000 |
Volailles (millions) | 660 | 652 | 568 | 567 | 520 | 423 | 368 | 380 | 400 |
Source : Source officielle (GOSKOMSTAT) et prévisions de la FAO pour 1999.
Il est improbable que des changements structurels dans les secteurs de la fabrication
industrielle des produits daffouragement, de la volaille, du porc et du
buf stimulent une saine reprise de la production intérieure avant
la fin de la campagne commerciale 1998/99. En raison de la baisse des effectifs
des cheptels porcin et bovin, le volume de céréales nationales
utilisé pour répondre à la demande daliments du bétail
devrait chuter de quelque 7 pour cent par rapport à 1997/98.
Selon les données officielles, la consommation alimentaire des principales céréales par habitant serait relativement stable. Elle nest pas très élastique par rapport au revenu ou aux prix, si bien que même une forte augmentation des prix (au cas où il savérerait que les prix réglementés du pain ne peuvent pas être maintenus) naurait quun effet limité sur la demande. Vu la proportion élevée de céréales de mouture dans la récolte de cette année, il est improbable que leur prix réel augmente fortement. En outre, quand les temps sont durs, il est courant que des consommateurs acceptent le blé fourrager « conditionnel » (qui ne répond pas, en matière de teneur en gluten et de qualité, à la définition stricte des types de blé alimentaire 1-3). Il est probable que la demande par habitant reste proche de la moyenne récente.
La population devrait diminuer dici la fin de 1998. Le faible taux de fécondité et lespérance de vie relativement courte expliquent cette chute. Les années précédentes, la diminution du taux daccroissement naturel était en partie compensée par les afflux nets de migrants, venant principalement dautres pays de la CEI. Ces flux migratoires pourraient être réduits par suite de la crise récente. Le dernier recensement général de la population remonte à 1989. Du fait des importants mouvements démographiques survenus depuis, des estimations extrapolées risqueraient de ne pas être fiables. Un autre recensement nest pas prévu dans limmédiat.
La dévaluation du rouble a entraîné une forte hausse des prix des produits alimentaires de transformation importés. La demande de pâtes par exemple sest effondrée. Un phénomène de substitution par des produits de boulangerie locaux pourrait se produire dans les classes moyennes urbaines. En raison de la baisse prévue du revenu moyen des ménages, les denrées alimentaires de transformation pourraient également être remplacées par des produits de base céréaliers et des pommes de terre.
Selon les estimations actuelles, la consommation moyenne de céréales,
de légumineuses et de pommes de terre par habitant sera plus que suffisante
pour couvrir les besoins énergétiques minima, ce qui nexclut
pas que certains groupes de population puissent être exposés cette
année au risque dinsécurité alimentaire (cette possibilité
est examinée dans la section 5 ci-dessous).
La demande de semences baissera en 1998/99 ; en effet, il ne fait aucun doute que la superficie consacrée aux céréales dhiver régressera et il est également fort probable que les semis de printemps accusent une baisse.
Dans la période suivant immédiatement la récolte, les taux de perte ont été moins élevés que dhabitude. Cette amélioration peut être en partie attribuée à la teneur en humidité relativement faible des céréales engrangées dans les grandes régions productrices, et également au volume réduit de la récolte, qui a permis davoir moins recours au stockage à ciel ouvert. Les pluies tardives ont causé des pertes localisées mais importantes en Sibérie mais, dans lensemble, les taux de perte sont très faibles pour toutes les grandes céréales.
En supposant que, par suite des prélèvements effectués, les stocks soient réduits à des niveaux minima, il serait nécessaire dimporter au moins 4 millions de tonnes de céréales pour couvrir les besoins de consommation projetés pour la campagne commerciale 1998/99 (juillet/juin). Selon les données de la FAO, les importations enregistrées en 1997/98 se sont élevées à 3,5 millions de tonnes (riz inclus) ; toutefois, il se peut que ce chiffre soit biaïsé vers le bas du fait des flux non comptabilisés.
Les prévisions pour 1998/99 sont tout à fait hypothétiques. Un certain nombre de facteurs ont entouré dincertitudes un marché déjà instable. La plus évidente concerne le financement des importations et le taux de change. Le taux de change rouble/dollar semble maintenant fluctuer de 10 pour cent, autour dun niveau égal à moins de la moitié du niveau antérieur à leffondrement du rouble. Lincertitude entourant le taux de change augmentera évidemment les risques liés aux importations commerciales et, actuellement, les principaux négociants en céréales internationaux ne sengagent pas. La plupart dentre eux réclament les créances non recouvrées de transactions précédentes et ne sont pas disposés à sexposer davantage au risque de non-paiement avec des clients locaux. En outre, les possibilités de couverture contre les fluctuations du taux de change sont limitées.
Alors que les perspectives concernant lensemble des importations de produits alimentaires, en particulier les denrées transformées et le poulet en morceaux sont sombres, plusieurs facteurs font penser que les importations de blé remonteront. Premièrement, les cours mondiaux restent relativement bas et le gouvernement a réduit les tarifs douaniers et les frais de transport intérieur. Deuxièmement, les prix intérieurs actuels du blé risquent de subir de fortes pressions à la hausse, étant donné que les prix réglementés, qui nont pas été entièrement indexés sur le coût de la vie, ne peuvent pas être maintenus. Troisièmement, le marché des céréales peut échapper en partie aux contraintes pressantes liées aux liquidités par le biais dopérations de troc, devenues relativement communes même avant la crise financière.
La question des opérations de troc à lintérieur de la CEI a déjà été soulevée. Un accord est prévu avec lUkraine, au titre duquel du blé alimentaire serait importé en échange de la passation de dettes par profits et pertes ou de pétrole. La récolte céréalière dUkraine a également sérieusement souffert de la sécheresse, mais, à en juger par le pourcentage élevé de blé alimentaire et les importants stocks de report, cette source pourrait assurer des approvisionnements dépassant 1 million de tonnes. Il serait également question dopérations de troc portant sur des céréales avec des pays extérieurs à la CEI, mais on ignore les détails.
Au Kazakhstan, les stocks de report enregistrés sont importants et, malgré la sécheresse, les excédents exportables pourraient potentiellement couvrir la demande dimportation russe relative à cette source. De plus, lestimation officielle de la récolte comporte probablement un biaïs vers le bas. Dénormes incertitudes entourent cependant les exportations vers la Fédération de Russie en 1998/99. La question de la qualité des approvisionnements a été soulevée. Même si le plus gros de la récolte est classé comme alimentaire, une partie du stock de report est vieille et a été rétrogradée au niveau des qualités « conditionnelle » et fourragère. Actuellement, les importations de blé alimentaire du Kazakhstan ne sont pas rentables. Les possibilités dopérations de troc sont moins évidentes et des marchés concurrents risquent dêtre trouvés. La demande dimportation des autres acheteurs habituels concernant des céréales du Kazakhstan ne devrait être que légèrement inférieure à celle de lan dernier ; de nouveaux marchés (comme la République islamique dIran) seraient par ailleurs recherchés. Tout compte fait, même en supposant quil ny aura pas de nouvelle dévaluation du rouble et que les prix intérieurs russes augmenteront sensiblement, les importations venant du Kazakhstan baisseront probablement par rapport au niveau de lan dernier (environ 2,5 millions de tonnes).
Les importations commerciales non subventionnées venant de pays extérieurs à la CEI seront strictement limitées. Des importations du Canada et des Etats-Unis sont à envisager pour lextrême est de la Russie ainsi que des importations suivies de farine et de blé dur de qualité supérieure. Le volume des importations venant de pays extérieurs à la CEI est très incertain actuellement. Dans une grande partie des régions occidentales de la Russie, les prix actuels du blé à la sortie de la meunerie représentent à peine les coûts de transport maritime Etats-Unis/mer Baltique et de transbordement. Il ne fait aucun doute que cette situation changera si les prix réglementés du pain sont assouplis, mais (au taux de change actuel et au prix c.a.f.), il faudrait que les prix du blé de mouture à Moscou et à Saint-Pétersbourg triplent pour que les importations de pays extérieurs à la CEI deviennent profitables.
Des négociations portant sur des importations à des conditions
de faveur ou subventionnées sont en cours avec les Etats-Unis et la CE.
Au moment de la rédaction du présent rapport, les quantités
précises et la composition par produit dune opération daide
globale navaient pas été révélées.
Compte tenu des incertitudes entourant les disponibilités intérieures
et les importations venant dautres pays de la CEI, les importations à
des conditions de faveur pourraient jouer un rôle important en soulageant
la pression exercée sur le marché intérieur et en assurant
des niveaux suffisants de stocks de report pendant la campagne de commercialisation
1999/2000. Etant donné que lévolution de la situation intérieure,
des cours mondiaux et du taux de change pendant le reste de la campagne commerciale
ne peut pas être prévue, il serait inconsidéré dindiquer
une quantité précise. Le calendrier et la quantité des
importations subventionnées doivent tenir soigneusement compte de la
situation du marché afin déviter lexclusion des importations
venant dautres pays. De même, sagissant de la localisation,
de limportance et des modalités de ces apports sur le marché,
il ne faut pas perdre de vue le risque déviction des échanges
intérieurs ou de baisse excessive des prix à la ferme pour les
producteurs locaux.
Bien que la récolte dorge de printemps ait sérieusement souffert dans les grandes zones de production, les stocks de report sont assez importants. En 1997/98, les ventes destinées à lexportation ont été inférieures aux prévisions, en raison du faible niveau des cours mondiaux et des difficultés dordre logistique et contractuel entravant le commerce. La demande dorge fourragère est faible sur les principaux marchés dexportation russes, si bien quon ne peut espérer aucune progression importante des exportations. Les blocages du marché intérieur des produits daffouragement et le taux de change favorable encourageront de nouvelles exportations de blé fourrager en 1998/99 mais à un niveau réduit. Il est probable que, du fait des disponibilités nationales restreintes, les prix intérieurs augmentent par rapport aux prix des exportations, limitant lattrait du commerce extérieur. Selon les prévisions, les exportations totales de céréales fourragères (blé et orge) pour 1998/99 sétabliraient à 1,9 million de tonnes, soit quelque 700 000 tonnes de moins quen 1997/98.
Du fait de la non indexation des prix à la consommation du pain dans les grands centres consommateurs de Moscou et de Saint-Pétersbourg et du volume relativement important des stocks de blé disponibles, les meuneries nont pas été actives sur les marchés ces dernières semaines. Depuis la dévaluation du rouble, les exportations de blé de mouture, venant principalement des régions productrices de blé dhiver de Rostov, ont grimpé en flèche. Le volume total est difficile à prévoir, mais il sera probablement de lordre de 150 000 tonnes. Lintérêt que présentent les exportations de blé de mouture risque de chuter brusquement, lorsquune pression à la hausse sexercera sur les prix réglementés du pain dans les villes du fait de lamenuisement des stocks. Certaines petites boulangeries ont déjà profité de la stagnation des échanges dans le secteur industriel, en vendant du pain à des prix largement supérieurs aux prix réglementés.
Il est également probable que les exportations de blé de mouture seront entravées par des barrières commerciales aux niveaux de la région et de loblast. Même si tous les droits à lexportation sur les produits agricoles et les denrées alimentaires ont été officiellement abandonnés en avril 1996, de nombreuses autorités locales ont imposé des barrages routiers et/ou renforcé les règlements administratifs relatifs à la circulation des céréales.
Blé | Total Céréales 1/ | |||
1997/98 | 1998/99 | 1997/98 | 1998/99 | |
Offre | 50.4 | 39. 6 | 96.7 | 73.3 |
Stocks d'ouverture | 3.5 | 10.6 | 6.5 | 20.6 |
Production | 44.2 | 26.0 | 86.6 | 49.0 |
Disponibilités intérieures totales | 47.7 | 36.6 | 93.1 | 69.6 |
Importations | 2.7 | 3.0 | 3.5 | 3.7 |
venant de pays extérieurs à la CEI | (0.7) | (0.7) | (1.0) | (1.1) |
venant de pays de la CEI | (2.0) | (2.3) | (2.5) | (2.6) |
Utilisation totale | 50.4 | 39.6 | 96.7 | 73.3 |
Utilisation alimentaire | 14.3 | 14.4 | 19.8 | 19.8 |
Utilisation fourragère | 14.0 | 13.3 | 34.7 | 32.1 |
Autres utilisations | 10.5 | 8.2 | 19.0 | 13.3 |
Exportations | 1.0 | 0.7 | 2.7 | 2.1 |
Stocks de clôture | 10.6 | 3 .0 | 20.6 | 6.0 |
1/ Comprend le riz en équivalent usiné.
Totaux calculés à partir de données non arrondies.
Sources : Diverses.
Le fait que, dans lensemble, les approvisionnements en produits alimentaires
de base soient suffisants est trompeur: il existe de grandes inégalités
dans la répartition du revenu et il est fortement probable que certains
groupes de population spécifiques du pays souffriront des augmentations
de prix des denrées alimentaires. Il semble quaucune étude
systématique des populations à risque par zone géographique
ou par groupe social ou démographique nait été conduite.
La présente section ne vise pas à quantifier les risques ou à
énumérer les populations à risque, mais elle présente
simplement les principales sources de risque.
Le Gouvernement fédéral a interdit dimposer des pratiques restrictives en matière déchanges intérieurs, mais les procédures de réglementation des prix et des stocks alimentaires ont été décentralisées. Par crainte de manquer dapprovisionnements plus avant dans la campagne et de rencontrer des difficultés pour maintenir le prix du pain au détail au niveau réglementaire, tous les oblasts où la production est excédentaire, sauf un, ont imposé des pratiques restrictives en matière de commerce des céréales. La rigueur et lefficacité de ces restrictions sont variables, ainsi que les méthodes employées. Des mesures visant à empêcher toute sortie de céréales (en fermant hermétiquement les postes-frontières régionaux aux camions transportant des céréales) ne sont appliquées que dans de rares cas. Par contre, les restrictions imposées à la délivrance dautorisations professionnelles et les lenteurs bureaucratiques sont monnaie courante presque partout.
Tout le monde reconnaît que les conséquences des barrières commerciales sont préjudiciables, mais la question de savoir si elles sont efficaces ou le resteront suscite une vive controverse parmi les instituts de recherche et les milieux professionnels. Les barrières actuelles seraient peu étanches et pourraient, dans certains cas, être contournées en manipulant les procédures ou simplement évitées en passant par des postes-frontières non surveillés. En fait, il se peut que les restrictions ne fassent quaggraver le problème endémique des irrégularités financières et des marchés parallèles. A mesure que les différences de prix augmenteront, les incitations économiques en faveur de la levée des obstacles et de lautorisation des échanges deviendront plus fortes. Par ailleurs, des groupements dagriculteurs et de commerçants, ainsi que le Gouvernement fédéral, prennent actuellement des mesures pour lutter contre cette tendance. Tout compte fait, un maintien efficace et continu des barrières nest pas vraiment à craindre. Cependant, si ces obstacles sont laissés en place, on court sérieusement le risque de voir les prix rester excessivement bas dans les zones excédentaires et monter en flèche ailleurs, en particulier dans les zones déficitaires reculées des régions du nord, de lest, de la Sibérie occidentale et de lextrême est. Certaines régions isolées importent leurs approvisionnements dhiver avant le gel, avant de devenir inaccessibles. Cette stratégie a été ébranlée par la dévaluation du rouble et par la crise financière.
Dans les zones urbaines, les principaux risques de marché concernent
les politiques des prix. Après les achats massifs de produits alimentaires
faits par les consommateurs en septembre et les files dattente devant
les magasins de détail, le risque de rationnement est écarté
dans limmédiat. Plus avant dans la campagne, à mesure que
les prix de gros augmenteront, la possibilité dun rationnement
non ciblé et peu méthodique pourrait réapparaître,
si les autorités des villes ne parviennent pas à adapter les prix
de détail réglementés de manière à ce quils
rendent compte de linflation sous-jacente et des réalités
du marché. Les avis divergent quant à la probabilité, la
localisation et lampleur dun éventuel rationnement à
la fin de 1998 et au cours du premier semestre de 1999. Ces mesures seront également
fonction de lefficacité et de la durée des obstacles au
commerce intérieur.
Les groupes les plus vulnérables de la population comprennent les personnes tributaires des allocations et des salaires versés par lEtat, les chômeurs et les handicapés. La valeur réelle des pensions et des salaires versés par lEtat a été progressivement réduite à cause de linflation et la forte compression budgétaire a entraîné des retards dans leur paiement. Le rééchelonnement de la dette extérieure a permis au gouvernement de sacquitter dune partie de ses arriérés. Si les salaires et les pensions ne sont pas indexés, linflation pourrait avoir des conséquences sociales extrêmement néfastes.
Du fait de la priorité accordée par le système soviétique à des industries manufacturières géographiquement concentrées et hautement spécialisées, les populations de plusieurs anciens centres industriels se sont trouvées dans une situation de précarité. Les ouvriers qualifiés ont eu en général plus de difficulté à sadapter aux nouvelles réalités économiques que les manuvres et les cadres. Les populations rurales ont tendance à être moins touchées par la restructuration dans la mesure où elles sont revenues à une production autonome sur des parcelles dappoint et ont une base de revenus relativement diversifiée. Lexploitation des jardins des datchas (potagers cultivés par des ménages urbains) a constitué une stratégie de survie généralisée et efficace, même sil est difficile dévaluer la répartition précise de la propriété. Dans plusieurs parties du pays, la sécheresse et la rouille ont entraîné une baisse importante de la production de pommes de terre des datchas.
Les services sociaux pour les handicapés sont pratiquement inexistants. Compte tenu du système de santé publique plutôt inefficace et des coûts élevés des médicaments, une maladie temporaire ou prolongée risque de conduire à une situation de dénuement. Pour tous les groupes dinactifs, la principale source daide sociale est la famille. Les orphelins sont un groupe particulièrement menacé.
Les organisations non gouvernementales, qui auparavant intervenaient très peu dans le secteur social, ne se sont pas vraiment manifestées depuis la perestroika. Les expériences daide alimentaire menées au début des années 90 ont donné des résultats inégaux. Le coulage était important et des avantages personnels étaient recherchés à tous les stades du processus de distribution. Le problème sous-jacent est labsence dun système de suivi et de vérification des comptes, efficace et transparent. Des mesures immédiates sont nécessaires pour améliorer les moyens de ciblage, de suivi et de distribution, si lon envisage dentreprendre des programmes daide durgence ciblés.
Les labours et les semis des cultures dhiver (qui seront récoltées en 1999) sont en retard cette année. La sécheresse du sol dans le sud a entravé les semis, gêné la germination et la levée, et nécessité parfois de procéder à des nouveaux semis. Les quantités dengrais livrées cette année sont jusqu'à présent largement inférieures au niveau de lan dernier, même si, daprès les informations officielles, les machines et les disponibilités de carburant seraient normales.
La préparation du sol pour les semis des céréales de printemps de 1999 est plus avancée quelle ne létait lan dernier à la même époque, ce qui est la conséquence des températures douces et de larrivée relativement tardive de lhiver, et traduit peut-être lespoir de voir les prix des céréales augmenter lannée prochaine. Néanmoins, à cause des incertitudes entourant le financement des activités agricoles, la reprise de la production de printemps de 1999 reste hypothétique. Compte tenu de la situation budgétaire difficile du gouvernement, il est douteux que les prêts agricoles à des conditions de faveur (venant principalement de fonds fédéraux) atteignent les niveaux de 1997 ou 1998, même si des appels énergiques ont été lancés ces dernières semaines en vue daccroître le montant des ressources publiques destinées à la production agricole. Les taux des prêts privés sont élevés et les banques privées ne pourraient couvrir en tout état de cause quune petite partie de la demande. Malgré la perspective dun relèvement des prix et même en supposant que les conditions météorologiques de lhiver et du printemps 1999 soient favorables, une importante reprise de la production céréalière en 1999 est improbable. De plus, selon les prévisions actuelles, lhiver sera particulièrement rude.
En revanche, les perspectives concernant la production de pommes de terres et de légumes sont meilleures. Accroître lintensité de la production sur les parcelles familiales (autour des datchas) est une pratique courante aux incertitudes économiques.
Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir dinformations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de sadresser, pour tout complément dinformation, à: M. Abdur Rashid, |
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