Il apparaît évident que l'orientation du développement et de l'aménagement de la pêche dans la région passe par une connaissance plus approfondie des ressources qu'elle renferme. Etant donné que les pêches de la région tendent depuis quelque temps à accroître leur activité, il se pourrait bien qu'il faille prendre à cet égard des mesures d'urgence.
Les participants à la réunion ont constaté qu'il existait une quantité considérable de données non encore publiées, en particulier sur les pêcheries congolaises mais peut-être aussi sur celles de l'Angola et ont instamment demandé que ces données soient analysées et diffusées le plus rapidement possible.
Il est essentiel de pouvoir disposer de données fiables sur les captures et l'effort de pêche, pour chacune des deux espèces. Pour le moment, on manque de données sur l'effort de pêche en Angola depuis 1972, et celles dont on dispose pour les années antérieures ne portent que sur le nombre total de bateaux de la flottille ainsi que sur leur tonnage et font défaut en ce qui concerne l'activité annuelle de chaque bateau. Des données sur l'activité des bateaux de pêche, éventuellement dans le cadre d'un sondage, présenteraient un très grand intérêt. On aurait en outre besoin de connaître les captures par espèce, ainsi que la composition par longueur des captures par espèce. On pourrait combiner dans un même programme l'échantillonnage des captures avec le sondage sur l'activité des navires. Pour pouvoir mieux étudier les fluctuations des ressources, il serait très utile de disposer de statistiques mensuelles sur les captures et sur l'effort pour chacun des principaux ports de pêche.
En ce qui concerne la biologie des espèces, les seules données que l'on ait sur la croissance de S. maderensis datent de 1968. Il serait utile d'entreprendre de plus amples recherches sur la croissance de cette espèce en utilisant les données disponibles à Pointe Noire. Enfin, il serait souhaitable de déterminer de façon régulière la composition par âge des débarquements des deux espèces, mais avec les installations disponibles dans les pays intéressés cela risque de ne pas être facile.
Les chercheurs intéressés ayant accès aux nombreuses données réunies à Pointe Noire sur l'océanographie et la pêche congolaise pourraient entreprendre des études spécifiques couvrant toute l'histoire de la pêcherie et notamment:
a) une étude sur les rapports entre les caractéristiques écologiques des eaux congolaises et les taux de capture des deux espèces de sardinelle;Compte tenu des diverses difficultés que soulève l'obtention des données de base nécessaires pour faire une évaluation fiable des stocks dans un délai raisonnable et de la probable nécessité de disposer rapidement d'informations sur le potentiel des ressources, le Groupe de travail recommande vivement que l'on étudie sérieusement la possibilité d'entreprendre, dans l'ensemble de la zone de répartition Congo-Angola de l'espèce sardinelle, une prospection acoustique quantitative, avec identification des espèces par la pèche, afin de diminuer la biomasse de chacune des deux espèces; il conviendrait d'entreprendre une telle étude dans les meilleurs délais possibles. Il faudrait comparer les résultats de cette étude avec ceux d'études analogues conduites dans la région de l'Afrique de l'Ouest ainsi qu'avec ce que l'on sait par ailleurs des ressources en sardinelle de la région.b) une étude sur la production totale d'oeufs dans les eaux congolaises (estimée sur la base de la densité et de la composition par taille du stock de poissons matures, et de données sur la fertilité et l'indice gonadosomatique) et ses rapports éventuels avec le recrutement, si possible pour chacune des deux espèces;
c) une étude des données disponibles concernant la composition par longueur et l'âge pour déterminer l'abondance des classes d'âge les années suivantes et interpréter les fluctuations des taux de capture;
d) une étude de la puissance de pêche comparée des senneurs congolais, sur leurs zones d'activité, sur le comportement de la flottille en fonction de son tonnage, sur les cas de saturation des navires et autres problèmes analogues, de manière à obtenir une estimation moins faussée de l'effort de pêche et des captures par unité d'effort;
e) une analyse complète des résultats des expériences de marquage entreprises en 1970-1972;
f) une étude comparative détaillée de la zone Congo-Angola et de la région de l'Afrique de l'Ouest, eu égard à la superficie de la zone de répartition des stocks, à la productivité primaire des secteurs et autres caractéristiques océanographiques pertinentes, à la composition par espèce, a la densité et la répartition des espèces, etc., en vue de faire une première estimation de la productivité potentielle des stocks de sardinelles de la région Congo-Angola par rapport a la productivité de ces stocks en Afrique de l'Ouest.
Enfin, lorsque le besoin d'aménager les ressources en sardinelle de la région Congo-Angola se fera sentir, il sera probablement souhaitable de traiter les deux espèces séparément. C'est pourquoi, le Groupe de travail ad hoc suggère d'entreprendre, dans un avenir qui ne soit pas trop lointain, une étude spéciale sur les divers aspects, difficultés et possibilités d'un aménagement distinct des deux espèces, ainsi que sur les solutions et conséquences éventuelles d'un aménagement collectif des deux espèces.