RAPPORT   SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES

ET DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE EN ÉTHIOPIE

(Phase 2)

Intégration de l’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires et
de l’évaluation de la sécurité alimentaire en situation d'urgence

27 juillet 2009

• Faits saillants
• 1. INTRODUCTION





Faits saillants

Durant sa deuxième phase, la Mission d'évaluation FAO/PAM des récoltes et des disponibilités alimentaires a cherché à intégrer les résultats des deux évaluations conduites aux mois de novembre et décembre 2008: l’évaluation de la FAO des récoltes et des disponibilités alimentaires (phase 1) et l’évaluation de la situation alimentaire en situation d’urgence (ESASU) conduite sur la campagne meher par le gouvernement éthiopien et plusieurs agences. Les faits saillants sont les suivants: Production, marché et prix alimentaires En 2008, le Ministère de l’agriculture et du développement rural (MoARD) et l’Autorité centrale des statistiques (CSA) ont réalisé des avancées considérables afin de résoudre les divergences de longue date entre leurs estimations des superficies des zones de culture, par le biais d’un projet de la FAO financé par la CE du nom de « Soutien au système d’information en matière de sécurité alimentaire Â». Pour ce faire, la Mission a utilisé pour la première fois des estimations sur les superficies ensemencées avant récolte obtenues par le biais de l’enquête par sondage de la CSA. Les données après récolte pour la campagne meher 2008 indiquent que la quantité de céréales et de légumineuses produites par le secteur agricole privé est de 16,46 millions de tonnes, soit environ 6 pour cent de plus que les estimations après récolte de l’année précédente. Il s’agit là de la cinquième bonne récolte meher consécutive. En y ajoutant la production du secteur commercial et une estimation prudente de la campagne belg 2009, la production de céréales et de légumineuses en 2008/09 est estimée à 17,39 millions de tonnes au total. Avec une utilisation totale estimée de céréales et de légumineuses d’environ 18,26 millions de tonnes, le total des besoins d’importation pour l’année commerciale 2009 (janvier/décembre) devrait être de 695 000 tonnes. Les dernières données disponibles indiquent que, à la fin avril 2009, 283 000 tonnes avaient déjà été importées (dont 259 000 sous forme d’aide alimentaire). En septembre 2008 le prix des céréales a atteint des sommets dans tout le pays, pour connaître une baisse de 26 pour cent en décembre 2008, ce qui est dû à la meilleure production de la campagne meher 2008 et à la baisse générale des prix alimentaires sur les marchés internationaux. Depuis, tout au long du premier semestre 2009, ces prix se sont stabilisés tout en demeurant cependant supérieurs aux niveaux moyens; au plan national, au mois de mai 2009, le prix des céréales était supérieur de 15 pour cent à la moyenne biennale (mai 2007 – mai 2009). Sécurité alimentaire des ménages et besoins d’urgence En dépit de l’amélioration globale de la production des campagnes meher de ces cinq dernières années, il demeure encore des ménages en situation d’insécurité alimentaire. Il s’agit des 7,5 millions de personnes exposées à l’insécurité alimentaire chronique au titre du Programme de protection sociale fondé sur les activités productives et des 4,9 millions de personnes supplémentaires gravement menacées par l’insécurité alimentaire durant la période allant de janvier à juin 2009. Ce dernier chiffre s’explique essentiellement par la sécheresse de la campagne belg 2008, qui a beaucoup pesé sur la production, aux mauvaises récoltes de café et de tubercules, particulièrement au sein de la région des nations, nationalités et populations du Sud (SNNPR) ainsi qu’aux trois années de faible pluviosité quasiment consécutives qui ont touché les pasteurs durant les campagnes Gu. De ce fait, les populations nécessitant une aide alimentaire se trouvent essentiellement dans la partie est du pays, les régions les plus touchées étant celles des Somalis, d’Amhara, des SNNP, de Tigray et de l’Afar. Ainsi, du mois de janvier à juin 2009, outre son soutien aux bénéficiaires du Programme de protection sociale fondé sur les activités productives, le gouvernement et ses partenaires ont eu besoin de 591 503 tonnes d’aliments afin d’aider ces 4,9 millions de personnes supplémentaires. Les rapports de terrain indiquent que la pluviosité a été médiocre durant la campagne belg 2009, mais moins que durant celle de l’année précédente, qui avait été considérée comme un échec total. L’évaluation pour la campagne meher 2007 avait indiqué qu’une population totale de 2,2 millions de personnes nécessiterait une aide alimentaire durant l’année civile 2008. Cependant, suite à cet insuccès de la campagne belg 2008, ce chiffre a été revu à la hausse pour atteindre 4,6 millions de personnes en avril et à nouveau 6,4 millions au mois d’août. À en juger des résultats de la campagne belg 2009 à cette date, la mission considère que le nombre total de personnes nécessitant une aide alimentaire avoisinera les 6,4 millions, pratiquement comme en 2008. Alors que l’évaluation en cours de la campagne belg permettra d’affiner ce chiffre, et s’il est revu à la hausse, la quantité de nourriture requise augmentera d’autant. Recommandations pour les futures évaluations des récoltes et des disponibilités alimentaires et autres évaluations de campagnes meher liées Les méthodes d’évaluation des campagnes meher se sont améliorées. Auparavant, elles ne précisaient que les besoins alimentaires. Celle conduite en 2008 tenait compte d’autres facteurs nuisant à la sécurité alimentaire au niveau des ménages, ainsi que des besoins d’urgence en matière d’eau, d’assainissement, de santé et de nutrition. Parfois même, les besoins d’éducation étaient également pris en considération. La Mission recommande de poursuivre sur cette voie et de l’approfondir en formant les équipes de terrain sur comment évaluer les besoins au sein d’autres secteurs non alimentaires. Toutes les équipes d’évaluation de la campagne meher, sauf celles actives dans les régions de Gambela et de Benshagul Gumuz, ont utilisé l’approche de l'économie des ménages (AEM) afin d’établir le nombre de personnes nécessitant une aide alimentaire. Il convient de relier plus étroitement l’analyse des besoins alimentaires à celle des besoins non alimentaires, différentes méthodes étant visiblement utilisées. Comme lors des années précédentes, les équipes d’évaluation interinstitutionnelles et les régions ont rédigé des rapports et les ont adressés au gouvernement fédéral. Cependant, après réception, la plupart des agences participantes n’étaient pas consultées alors que les pouvoirs publics et les gouvernements régionaux révisaient certaines estimations du nombre de personnes nécessitant une aide alimentaire. Il est ainsi recommandé, dans un pur esprit de partenariat, que l’ensemble de la procédure d’évaluation demeure transparente, depuis la phase de formation et celle de la collecte et du traitement des données jusqu’à celle de l’analyse finale au niveau fédéral. Recommandations en vue de faire face à l’insécurité alimentaire Le gouvernement est intervenu en subvenant aux besoins des pauvres urbains au moyen de son programme de stabilisation. Les pauvres ruraux qui dépendent de leurs récoltes et de la production de leurs élevages doivent pouvoir continuer à bénéficier de l’aide alimentaire jusqu’en novembre 2009, date à laquelle les récoltes de la campagne meher commenceront à être consommées et où l’état du bétail pourrait s’être amélioré (dans la mesure où la pluviométrie durant la campagne meher s’avère normale). La surveillance des prix alimentaires dans les régions touchées doit être poursuivie et améliorée, particulièrement dans la région des Somalis. En raison de la mauvaise pluviométrie lors de la campagne belg, le gouvernement et les diverses agences sont encouragés à mettre en place des plans d’urgence afin de répondre à la possible hausse des besoins d’aide alimentaire jusqu’en décembre 2009.

1.  Introduction

Du 16 novembre au 12 décembre 2008, la FAO a participé à la Mission FAO PAM d'évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire (CFSAM) avec le Ministère de l’agriculture et du développement rural (MoARD), les Bureaux de l’agriculture et du développement rural (BoARD) et l’Autorité centrale des statistiques (CSA). Cette évaluation s’est concentrée sur la production agricole totale ainsi que sur des questions macro-économiques et a également évalué la situation de l’offre et de la demande de céréales. L’évaluation des besoins lors de la campagne meher conduite du 17 novembre au 12 décembre 2008 par le Secteur de la gestion des catastrophes et de la sécurité alimentaire (DMFSS), en collaboration avec d’autres partenaires y compris le PAM, s’est concentrée sur l’évaluation des besoins alimentaires et non alimentaires d’urgence au niveau des ménages (niveau micro). De ce fait, ce rapport constitue une synthèse des principaux résultats et recommandations des deux évaluations conduites en fin d’année dernière, avec l’ajout de quelques informations récemment disponibles.

Suite à l’accord conclu entre la CSA et le Ministère de l’agriculture et du développement rural, les calculs concernant la production de céréales et de légumineuses de la campagne meher 2008 en Éthiopie seront effectués en se basant sur les estimations avant récolte de la superficie ensemencée effectuées par la CSA et non comme auparavant sur celles du Ministère de l’agriculture et du développement rural. Cette décision du Ministère et de la CSA de n’utiliser qu’un seul ensemble de données a permis de régler les précédents problèmes techniques et méthodologiques. Le projet financé par la CE et mis en Å“uvre par la FAO, intitulé « Soutien au système d’information en matière de sécurité alimentaire Â», et dont l’objectif, entre autres, est de résoudre les divergences de longue date entre leurs estimations des superficies ensemencées a permis de soutenir cette procédure.