1.1 Le monde �volue de fa�on remarquable, dans un sens que personne n�aurait pu pr�dire il y a une d�cennie; or, ces changements ont des r�percussions importantes sur la s�curit� alimentaire. De nouveaux Etats, de nouveaux probl�mes et de nouvelles institutions remod�lent les relations politiques, �conomiques et �cologiques internationales, m�me si les anciennes restent pr�sentes sous une forme att�nu�e. Cependant, les nouvelles tendances sont claires: la plupart des pays sont � la recherche de politiques �conomiques plus orient�es vers le march�, et ils souhaitent �largir la coop�ration internationale et assurer un d�veloppement durable, et mettre en place des structures politiques pour promouvoir et appuyer ces objectifs.
1.2 Les changements dans le contexte sociopolitique et �conomique peuvent se r�sumer ainsi:
1.3La recherche de nouvelles politiques visant � r�glementer les institutions contemporaines s�accompagne d�un examen plus approfondi du r�le essentiel des pouvoirs publics, qui devra �tre r�duit par rapport au pass�. Les ferments du changement sont les gouvernements eux-m�mes, qui doivent optimiser l�utilisation des ressources face aux d�ficits croissants, mais aussi les citoyens �cras�s par les imp�ts qui constatent une stagnation de leurs revenus r�els et reprochent aux gouvernements leurs performances �conomiques m�diocres1. Le recentrage des relations internationales et une alt�ration de la conjoncture �conomique mondiale posent de nouveaux d�fis pour la stabilit� nationale et mondiale; en attendant, les probl�mes et les conflits locaux ne sont toujours pas r�solus. Toutes ces questions conditionnent la s�curit� alimentaire.
1.4 Fondamentalement, assurer la s�curit� alimentaire c�est permettre � tous les individus d�acc�der � tout moment aux aliments salubres et nutritifs dont ils ont besoin pour mener une vie saine et active. Cette d�finition implique que la s�curit� alimentaire a trois dimensions � disponibilit�, acc�s et stabilit� � divers niveaux d�agr�gation, c�est-�-dire mondiale, nationale, m�nages et individus. Etant donn� ce cadre multidimensionnel, il est �vident que l�atteinte de la s�curit� alimentaire au niveau individuel, qui suppose que celle-ci soit atteinte aux niveaux plus globaux, est limit�e ou facilit�e par un ensemble de conditions sociales, politiques et �conomiques. Or, il est clair que les conditions qui affectent la s�curit� alimentaire � un niveau d�agr�gation donn� ne se limitent pas aux conditions en vigueur � ce m�me niveau d�agr�gation. Cela signifie que, par exemple, la capacit� d�atteindre la s�curit� alimentaire dans un pays peut �tre affect�e par les conditions (�conomiques, politiques et sociales, etc.) dans d�autres pays; plus l��conomie mondiale est int�gr�e, plus il est difficile pour un pays de s�isoler des d�cisions et actions des autres. Il est vrai aussi que cette m�me int�gration permet de compenser les d�ficits de production enregistr�s dans un pays en faisant appel au monde entier et, par l� m�me, de r�duire consid�rablement tout impact n�gatif sur la s�curit� alimentaire d�un pays.
1.5 Etant donn� qu�elles affectent l�agriculture, les modifications, au plan mondial, national et local, des relations et des structures politiques et �conomiques ont des r�percussions sur la s�curit� alimentaire. Premi�rement, les �conomies nationales se pr�occupent fortement des modes de production et de distribution des aliments et ces questions sont prises en compte dans les d�bats politiques actuels sur la restructuration des syst�mes �conomiques et politiques.
1.6 Deuxi�mement, la transformation technologique de l�agriculture relie de fa�on croissante le march� des facteurs de production � d�autres secteurs de l��conomie, tandis que le commerce international unit les producteurs de l��conomie nationale aux consommateurs du monde.
1.7 Troisi�mement, aucun autre secteur n�a d�effets aussi vastes sur la viabilit� �cologique de l�environnement et des ressources naturelles: l�agriculture a des r�percussions sur les for�ts, les sols, l�eau douce et les p�cheries du monde entier.
1.8 Enfin la guerre et la paix, les hostilit�s et la d�tente, les affrontements et la coop�ration dans le domaine des relations politiques influent sur l�environnement mondial et sur la s�curit� alimentaire. L�un des principaux avantages de la fin de la guerre froide aurait d� �tre le d�sarmement qui aurait pu produire un �dividende de la paix�, car on aurait pu s�attendre � ce que les pays � revenu �lev� r�duisent dans une certaine mesure leurs d�penses militaires, ce qui se serait vraisemblablement accompagn� d�une reprise �conomique et d�une am�lioration de la s�curit� alimentaire. Malheureusement, rien n�indique que cet intangible �dividende de la paix� ait �t� utilis� pour promouvoir le d�veloppement durable et �quitable. La prolif�ration des conflits r�gionaux et des troubles civils laisse m�me pr�sager une augmentation plut�t qu�une diminution des d�penses militaires dans les r�gions concern�es. De plus, avec la fin de la guerre froide les pays d�velopp�s n�ont plus de motivations pour employer l�assistance �conomique afin d�imposer telle ou telle id�ologie particuli�re dans les pays en d�veloppement.
1.9 L�environnement politique mondial influence le niveau et la destination des flux de ressources, notamment le commerce international des aliments et l�aide � l�agriculture et � la production vivri�re.
1.10 Au niveau national, la politique gouverne les grandes priorit�s. Les d�cisions finales concernant les objectifs de d�veloppement, de stabilisation, de s�curit� nationale et d��quit� sociale, qui sont parfois en opposition, refl�tent la puissance relative des diverses factions politiques d�un pays et la fa�on dont le consensus national est atteint. Le niveau de s�curit� alimentaire d�un pays d�pend essentiellement de ses choix politiques. �Un mauvais gouvernement engendre l�ins�curit� alimentaire�, comme l�a pertinemment observ� le repr�sentant de l�Ouganda au Conseil de la FAO en novembre 1994.
1.11 Ce document �tudie l�influence des relations internationales, des structures �conomiques, des syst�mes politiques et des questions mondiales sur la s�curit� alimentaire. Il commence par passer en revue le cadre politique mondial depuis la Conf�rence mondiale de l�alimentation de 1974, puis analyse le cadre �conomique contemporain, et les cons�quences des tendances � la lib�ralisation des march�s dans les �conomies en transition et de l�ajustement structurel dans les pays en d�veloppement et les nations industrialis�es, sur la production et la consommation alimentaires, au niveau national. Il examine aussi les cons�quences pour la s�curit� alimentaire des n�gociations du Cycle d�Uruguay de l�Accord g�n�ral sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), conclues depuis peu, des tendances mondiales � la formation de blocs commerciaux r�gionaux et des questions relatives aux ressources naturelles et � l�environnement. Pour finir, il d�crit les implications politiques pour la s�curit� alimentaire et brosse des perspectives pour le futur.
2.1 Au cours des deux d�cennies qui ont suivi la Conf�rence mondiale de l�alimentation de 1974, des changements consid�rables sont intervenus sur la sc�ne politique internationale. Au milieu des ann�es 70, la fin de la guerre du Viet Nam a contribu� � att�nuer les tensions politiques dans le monde entier, plus particuli�rement entre les superpuissances et une multitude de trait�s ont fortement all�g� les tensions est-ouest en Europe.
2.2 Malgr� des divergences consid�rables entre les pays et les r�gions, les ann�es 60 et 70 ont �t� une p�riode de croissance �conomique dans l�ensemble positive pour de nombreux pays en d�veloppement. Entre 1965 et 1973, le taux de croissance �conomique dans le monde en d�veloppement a �t� de 3,9 pour cent par an, soit un record sans pr�c�dent. Il est ensuite tomb� � 2,9 pour cent durant la p�riode 1973-1980, principalement � cause des crises du p�trole. Entre 1980 et 1990, p�riode caract�ris�e par la crise de la dette, il a rapidement chut� pour s��tablir � 1,2 pour cent.
2.3 Au cours des ann�es 70, le r�le des pays en d�veloppement sur la sc�ne �conomique et politique mondiale s�est r�affirm�. Apr�s l�embargo p�trolier impos� en 1973 par l�Organisation des pays exportateurs de p�trole (OPEP) et les nouvelles politiques de fixation des prix adopt�es par la suite, de nombreux pays en d�veloppement, en particulier ceux d�tenteurs de p�trole, ont redoubl� d�efforts pour r�duire leur d�pendance �conomique et politique � l��gard des pays industriels, pour mieux s�organiser et pour jouer un r�le accru dans la conduite des affaires mondiales. Les pays riches en p�trole ont aussi tent� d�utiliser le pouvoir �conomique dont ils venaient de prendre conscience pour dicter leurs conditions et discipliner le commerce, le transfert de technologie et l�aide ext�rieure. Les id�es d�un tiers monde uni, pour lesquelles militaient le Premier ministre indien Nehru et d�autres leaders l�gendaires, gagnaient du terrain, de m�me que les concepts d�un Nouvel ordre �conomique international (NOEI) plus juste, de non-alignement et d�autosuffisance.
2.4 Les r�unions des pays en d�veloppement tenues � Alger en 1973 et � Sri Lanka en 1976 ont d�bouch� sur un certain nombre d�initiatives d�action commune, qui ont abouti � des accords de Coop�ration technique entre pays en d�veloppement (CTPD) et de Coop�ration �conomique entre pays en d�veloppement (CEPD). Cependant, la r�alisation de la s�curit� alimentaire dans la plupart des pays en d�veloppement et, aujourd�hui, dans les pays en transition �conomique n�cessite des transformations sociales majeures. Pour �liminer la faim il faut �radiquer la pauvret� par une croissance durable et �quitable, qui n�cessite � son tour des changements importants dans les relations sociales, les structures de production et les technologies. Des d�cisions aux niveaux macro et micro�conomiques, affectant l�accumulation, la production et la consommation de denr�es sont n�cessaires et doivent �tre conformes aux objectifs de la s�curit� alimentaire. Cela n�est possible que s�il existe une volont� politique de faire des choix �conomiques difficiles et de modifier les institutions existantes ou d�en cr�er de nouvelles, � cet effet.
2.5 Avant les ann�es 80, quand la croissance �conomique �tait pratiquement universelle et rapide, les strat�gies de d�veloppement �taient ax�es sur la redistribution des b�n�fices de la croissance, de fa�on � y inclure ceux qui en �taient exclus. Le milieu des ann�es 70 a marqu� l�apparition d�une nouvelle conception politique du d�veloppement, bas�e sur des �tudes empiriques qui d�montraient que les �conomies pouvaient atteindre simultan�ment les deux objectifs de croissance �conomique rapide et de distribution plus �quitable des revenus. Pendant un certain temps, les consid�rations d��quit� ont �t� plac�es en t�te des priorit�s, de m�me que la satisfaction des besoins de base dans les �conomies en d�veloppement. Mais, dans les ann�es 80, la croissance n�gative dans de nombreux pays, surtout en Am�rique latine et en Afrique, a laiss� bien peu � redistribuer. On esp�re donc que l�accent mis r�cemment sur le libre march�, la lib�ralisation du commerce et l�intervention minimale de l�Etat permettra en quelque sorte de redynamiser le march� et de stimuler la croissance �conomique. Malheureusement, rien ne vient encore confirmer cet espoir et celui d�une s�curit� alimentaire accrue, et en attendant, l�objectif de la redistribution du revenu semble s��tre �vanoui.
2.6 L�id�e d�un monde en d�veloppement puissant et uni, capable de r�sister aux ing�rences ext�rieures des deux blocs politiques dominants de l��poque, a �t� mise en �chec par des faits nouveaux qui ont accru les disparit�s entre les pays en d�veloppement, et par les dissensions id�ologiques et politiques entre ces pays. Bien souvent, tout en professant la solidarit�, les pays prenaient des initiatives non concert�es, parfois en accord avec divers �clients� �trangers, parfois seuls. Pendant ce temps, il devenait de plus en plus �vident que l�unification de ces nations et leur d�veloppement autonome prendraient du temps, et que la constitution d�un bloc des pays en d�veloppement serait difficile.
2.7 Dans les ann�es 80, les tensions de la guerre froide sont r�apparues. A cet �gard, on peut citer le conflit en Afghanistan, les conflits r�gionaux au Proche-Orient et en Am�rique centrale, les guerres civiles prolong�es en Angola et au Mozambique, la longue guerre entre l�Iraq et la R�publique islamique d�Iran, et les conflits internes au Cambodge. A la suite de ces tensions, la course aux armements a repris de plus belle. Aujourd�hui encore, les pays en d�veloppement continuent d�accro�tre leurs d�penses militaires. D�apr�s le Programme des Nations Unies pour le d�veloppement (PNUD), les �conomies en d�veloppement ont augment� leurs d�penses de d�fense de plus 8 pour cent par an depuis 1960, et l�Afrique subsaharienne, qui est la r�gion qui pourrait le moins se le permettre, a consacr� une part accrue de son Produit int�rieur brut (PIB) aux d�penses militaires � de 0,7 pour cent environ en 1960, contre quelque 3 pour cent aujourd�hui. La majeure partie de ces fonds ne sont pas utilis�s pour prot�ger le pays contre une offensive ext�rieure, mais pour combattre des factions hostiles int�rieures. Chaque dollar d�pens� � des fins militaires est un dollar enlev� au d�veloppement �conomique et � la s�curit� alimentaire. Les affrontements id�ologiques et les conflits d�clar�s sont la cause essentielle de l�ins�curit� alimentaire.
2.8 Dans l�Europe centrale, l�Europe orientale et l�URSS des ann�es 80, il s�est av�r� de plus en plus difficile d�atteindre simultan�ment les deux objectifs de puissance militaire et de progr�s socio�conomique. De ce fait, les r�gimes � �conomie planifi�e ont �t� soumis � des tensions qui ont pr�cipit� les grandes transformations commenc�es � la fin des ann�es 80.
2.9 Pendant ce temps, bon nombre de pays d�velopp�s connaissaient, apr�s la r�cession globale du d�but des ann�es 80, une p�riode de croissance soutenue, de stabilit� et d�int�gration exceptionnellement longue qui renfor�ait leur position dans le monde des affaires.
2.10 Parmi les �v�nements qui ont marqu� le 20� si�cle, ceux de la fin des ann�es 80 et du d�but des ann�es 90 ont eu une port�e particuli�rement consid�rable. En peu de temps, des transformations politiques et �conomiques radicales se sont impos�es en Europe orientale et dans les r�publiques de l�ex-URSS. Les principes de la gestion centralis�e de l��conomie ont �t� abandonn�s au profit d�une approche plus orient�e vers le march�. Les difficult�s politiques de la transition ont �t� aggrav�es par le caract�re r�volutionnaire et radicalement nouveau du changement institutionnel, et par le fait qu�il n�existait pas de cadre sur lequel pouvait s�appuyer les nouvelles th�ories politiques et conceptuelles. Pour la plupart de ces anciens pays � �conomie planifi�e, la phase initiale de la r�forme s�est traduite par des bouleversements profonds qui ont polaris� l�attention.
2.11 Certains pensent que le fond a �t� atteint. Jusqu�� pr�sent, la privatisation s�est accompagn�e de nombreux probl�mes: ch�mage, r�duction de la production, insuffisance des cr�dits et des subventions � la consommation et � la production, instabilit� politique, et in�galit� croissante dans la r�partition des revenus et des ressources. Ces ph�nom�nes mettent en p�ril la s�curit� alimentaire dans la r�gion. Les probl�mes associ�s � la transition, surtout dans l�ex-URSS, ont oblig� � mobiliser des ressources humaines et financi�res et sont devenus l�une des principales pr�occupations de la communaut� internationale. En outre, ils ont conduit � d�tourner des fonds de l�Afrique subsaharienne, o� les performances des programmes de d�veloppement ont �t� m�diocres, o� la croissance de la population a toujours �t� plus rapide que celle de l��conomie et o� la s�curit� alimentaire est particuli�rement menac�e.
2.12 Les r�sultats obtenus en Europe centrale et orientale et en Asie centrale ont �t� radicalement diff�rents de ceux enregistr�s en Chine, o� les r�formes �conomiques ont �t� introduites en 1978. Alors que la terre restait aux mains de l�Etat, le Syst�me de responsabilisation des m�nages (HRS) fractionnait les terres communales en fermes individuelles et, dans une r�orientation id�ologique majeure, encourageait la maximisation des profits. Le HRS (ainsi que quelques autres mesures introduites simultan�ment) a contribu� � faire sortir de la pauvret� des millions de familles au cours des ann�es 80, lorsque les populations ont compris qu�elles pouvaient consommer et investir le produit de leur travail plut�t que de le laisser � l�Etat. En cons�quence, la production agricole a rapidement progress�, ce qui a contribu� � alimenter l�effort �conomique du milieu et de la fin des ann�es 80 et du d�but des ann�es 90.
2.13 Pour la plupart des pays d�Afrique, d�Am�rique latine et des Cara�bes, les ann�es 80 ont �t� une d�cennie de crise �conomique et financi�re. En effet, lorsque le Mexique a reconnu qu�il avait suremprunt� et sous-investi dans les ann�es 70, une longue p�riode de r�cession et d�ajustement s�est install�e. En 1982, ce pays n��tait plus en mesure de rembourser sa dette. La crise de la dette s�est rapidement �tendue � d�autres pays, ce qui �tait le signe que la majeure partie de l�Am�rique latine �tait confront�e aux m�mes difficult�s financi�res; or, les probl�mes �conomiques rendaient les gouvernements fragiles sur le plan politique. De nombreux gouvernements ne pouvaient plus r�sister aux pressions politiques et �conomiques ext�rieures, ce qui r�duisait consid�rablement leur marge de man�uvre pour la politique int�rieure. Pour r�soudre leurs probl�mes financiers quotidiens les plus pressants, bon nombre de pays durent diff�rer les objectifs de d�veloppement � long terme, d��quit� et de lutte contre la pauvret�, sur lesquels on avait fond� de grands espoirs dans les ann�es 70. Simultan�ment, le processus de coop�ration et d�int�gration r�gionales se ralentissait ou restait au point mort.
3.1 Au fil des ann�es 90, les relations internationales ont pris une nouvelle physionomie. La fin de la guerre froide r�duisait les tensions politiques entre les superpuissances et incitait les pays d�velopp�s et les anciens pays � �conomie planifi�e � r�duire dans une certaine mesure leurs d�penses militaires, mais les ressources ainsi �pargn�es n�allaient pas aux pays en d�veloppement pour les aider � assurer leur croissance.
3.2 Un nombre croissant de gouvernements se sont ralli�s aux principes d�mocratiques, � la participation populaire au gouvernement du pays et � la lib�ralisation �conomique. On consid�re souvent que la participation populaire est synonyme de d�mocratie participative, aucun groupe ni aucune classe n��tant exclu. Malheureusement, bien souvent ce n�est pas le cas. Quoiqu�il en soit, les Nations Unies signalent qu�en 1993 des �lections ont �t� organis�es dans 45 pays et pr�s de 75 pour cent de la population mondiale vit aujourd�hui dans des pays � r�gime d�mocratique et relativement pluraliste. L�abolition de l�apartheid et l�introduction de la r�gle de la majorit� en Afrique du Sud est l��v�nement le plus marquant de ce processus.
3.3 Au cours de la premi�re moiti� des ann�es 90, d�autres tendances et influences se sont manifest�es ou aggrav�es. De plus en plus de petits Etats apparaissent, d�o� la n�cessit� de mettre en place de nouveaux types d�accords extranationaux et d�aide au d�veloppement. Des conflits comme ceux qui secouent la Bosnie-Herz�govine et la Tch�tch�nie sont des manifestations r�centes et dramatiques d�un nationalisme naissant qui a engendr� de nouveaux probl�mes politiques, �conomiques, religieux et ethniques et exacerb� ceux qui existaient d�j�. La violence et la guerre se sont poursuivies sans tr�ve dans diverses r�gions du monde en d�veloppement. Sur les 82 conflits arm�s enregistr�s entre 1989 et 1992, trois seulement opposaient d�anciens Etats souverains; les autres �taient li�s � des troubles civils qui d�sorganisaient la production, la distribution, le commerce et la consommation de vivres.
3.4 Si les conflits violents entra�nent souvent une grave ins�curit� alimentaire, les privations sociales ont aussi �t� au c�ur de nombreux conflits arm�s int�rieurs. Les trag�dies de la guerre civile au Rwanda et en Somalie, et leurs cons�quences dramatiques � souffrances humaines, probl�mes de r�fugi�s et famine � le montrent bien. En 1994, quelque 14 pays africains �taient en guerre et dans 18 autres la violence �tait g�n�ralis�e (Smith, 1994). Des secours alimentaires d�urgence doivent souvent �tre livr�s apr�s ces conflits arm�s pour maintenir un certain niveau de s�curit� alimentaire.
3.5 Ces soul�vements continueront de menacer la stabilit� mondiale et d�emp�cher les donateurs � car la lassitude des donateurs est un ph�nom�ne r�el � de livrer les secours requis. Dans certains cas, les tensions ethniques et politiques ont des causes profondes; apr�s analyse, on s�aper�oit que beaucoup trouvent m�me leurs racines dans l�in�galit� des revenus et des ressources, l�impossibilit� d�acc�der � la terre et la p�nurie d�emplois. Les �v�nements de Chiapas, au Mexique, qui ont �t� connus du public apr�s le 1er janvier 1994, le montrent bien, de m�me que les pressions croissantes qu�exercent les populations autochtones de Bolivie et d�Equateur pour obtenir une plus grande justice.
3.6 Les flux d�assistance ext�rieure ont baiss�. L�aide publique au d�veloppement (APD), qui repr�sente les deux tiers des ressources achemin�es vers les pays � faible revenu, est tomb�e de 0,35 pour cent du PIB des donateurs en 1983 � 0,29 pour cent en 1994, soit le niveau le plus faible depuis une vingtaine d�ann�es. Cette regrettable tendance, qui risque de se poursuivre dans les ann�es � venir, traduit la pression de l�assainissement des finances publiques dans les pays donateurs, l�affaiblissement de la motivation politique de l�aide ext�rieure par suite de la chute du mur de Berlin, et un changement d�opinion en ce qui concerne le r�le de d�veloppement de l�aide par rapport au financement priv�, dans un contexte g�n�ral de lib�ralisation �conomique.
3.7 L�agriculture a �t� frapp�e de plein fouet par la r�duction de l�assistance. En 1994, les engagements totaux en faveur de l�agriculture �taient inf�rieurs de 11 pour cent aux niveaux de l�ann�e pr�c�dente et de 23 pour cent au moins � ceux de 1990. La part de l�agriculture dans les flux totaux d�assistance est tomb�e de 13 pour cent en 1990 � 10 pour cent environ ces derni�res ann�es.
3.8 La consommation de drogue, le crime et la corruption, qui entourent les organisations et les individus qui vivent du trafic de la drogue, sont un des probl�mes majeurs de la soci�t� contemporaine qui s�accompagne d�effets n�gatifs pour la s�curit� alimentaire individuelle et collective. La consommation de drogue augmente sans cesse et les drogu�s se comptent par millions dans plusieurs pays. Leur sant� physique et mentale, leur r�le dans la soci�t� et les chances de vie meilleure de leur famille sont an�antis ou compromis. Le trafic de drogue, qui repr�sente des milliards de dollars, d�tourne des ressources, favorise la corruption et d�stabilise des r�gions ou des classes enti�res de la soci�t�. Les cultures de stup�fiants procurent des revenus relativement �lev�s aux producteurs, ce qui repr�sente une contrainte majeure pour les actions nationales et la coop�ration internationale visant � r�duire, de fa�on constructive, la production de drogue.
3.9 Il a �t� abondamment document� que les ressources et les technologies n�cessaires pour �liminer l�extr�me pauvret� et �radiquer la faim sont disponibles. Seule manque la volont� politique de le faire. Tant que les gouvernements n�auront pas la volont� et la capacit� politique d�accorder la priorit� absolue � l��limination de la faim, et de la pauvret� qui en est la cause profonde, il subsistera des affam�s aussi bien dans les pays d�velopp�s que dans les pays en d�veloppement. Pour cela, il faut gagner le soutien massif des groupes d�int�r�t qui exercent actuellement le pouvoir et l�autorit�, mais aussi donner les moyens d�agir aux groupes qui n�ont acc�s ni aux ressources ni � une participation politique effective et restent donc en marge de l��conomie politique et sociale.
4.1La croissance d�mographique2 est probablement le ph�nom�ne mondial qui, � lui seul, exerce le plus d�influence sur la s�curit� alimentaire. Il a fallu pr�s de 1 million d�ann�es pour que la population de la plan�te atteigne 1 milliard d�individus. Au cours des 10 ann�es � venir, 1 milliard de personnes s�y ajouteront. Les taux de croissance d�mographique et de d�veloppement �conomique sont comparables au ph�nom�ne de la poule et de l��uf. Des taux de croissance d�mographique rapides rendent certainement plus difficile le d�veloppement �conomique et la croissance du revenu par habitant. Or, les facteurs qui ralentissent le taux de croissance d�mographique sont ceux qui sont associ�s � un d�veloppement �conomique g�n�ralis�: accroissement du revenu par habitant; �l�vation du niveau d��ducation; cr�ation d�emploi, surtout pour les femmes; et acc�s assur� � la nourriture, aux services de sant� et aux autres besoins essentiels.
4.2 Les modifications des caract�ristiques structurelles de la population mondiale ont aussi des r�percussions sur la s�curit� alimentaire. A l�heure actuelle, plus de 800 millions d�individus souffrent de sous-alimentation chronique car ils n�ont pas suffisamment de vivres. Il y a 20 ans, 80 pour cent de la population des pays en d�veloppement vivait dans des zones rurales. Au d�but des ann�es 70, une seule ville d�Afrique subsaharienne comptait plus d�un demi-million d�habitants; en 1990, 10 pour cent de la population de la r�gion vivait dans des villes de plus de 1 million d�habitants et � l�aube du nouveau mill�naire, pr�s de 40 pour cent de la population vivra dans des centres urbains.
4.3 En 30 ans, le nombre de personnes vivant dans les villes dans les pays en d�veloppement quadruplera pour passer de 1 � 4 milliards d�individus. Ce formidable basculement vers un monde plus urbain contraint � modifier l�ensemble des institutions, des march�s, des infrastructures et des politiques alimentaires. Ces changements structurels ont aussi des r�percussions sur les disponibilit�s de main-d��uvre agricole et posent d�importants probl�mes pour la s�curit� alimentaire. Ainsi, en Afrique subsaharienne, o� les hommes migrent r�guli�rement vers les villes et vers d�autres zones pour chercher des salaires ou un emploi dans le secteur non structur�, les femmes deviennent les principales responsables des travaux agricoles. Elles produisent 75 pour cent des vivres de la r�gion (Saito, 1994). Pour augmenter la productivit� et la production agricoles et am�liorer la s�curit� alimentaire des m�nages, il est indispensable que les donateurs et les gouvernements axent davantage leurs interventions sur les agricultrices, notamment en introduisant des r�formes politiques susceptibles de faciliter l�acc�s des femmes � la terre et au cr�dit, de leur donner les moyens d�engager de la main-d��uvre et de les inciter � adopter de nouvelles technologies et � faire appel � une assistance technique.
5.1 Apr�s la Conf�rence mondiale de l�alimentation de 1974, les pays en d�veloppement ont connu trois sc�narios en mati�re de performances �conomiques: forte croissance au milieu des ann�es 70; crise � la fin des ann�es 70 et pendant la plus grande partie de la d�cennie suivante, sauf en Asie; et reprise in�gale durant les ann�es 90.
5.2 Le premier sc�nario, caract�ris� par une p�riode de forte croissance durant les ann�es 70, a commenc� � la fin de la seconde guerre mondiale et a �t� principalement attribu� � l�effet d�entra�nement de la croissance des pays d�velopp�s sur les pays en d�veloppement, gr�ce aux liaisons commerciales internationales. Cette longue p�riode a aussi �t� marqu�e par une stabilit� relative des prix des produits agricoles, une substitution croissante des importations et une augmentation de l�aide publique en faveur des pays en d�veloppement.
5.3 L��conomie mondiale a subi une transformation radicale apr�s les chocs p�troliers de 1973 et 1979, le premier ayant co�ncid� avec une insuffisance de la mousson en Asie du Sud, avec des d�ficits de la production c�r�ali�re aux Etats-Unis, en Europe et dans l�ex-URSS, et avec une forte augmentation des importations de c�r�ales fourrag�res dans cette derni�re r�gion. Les pays d�velopp�s ont tent� de �d�sinflationner� les effets des chocs p�troliers et de la mont�e des prix des produits agricoles en accroissant leurs disponibilit�s mon�taires. Les liquidit�s mondiales ont aussi augment� car les grandes banques commerciales recyclaient les p�trodollars d�pos�s par les pays de l�OPEP. En cons�quence, les taux d�int�r�t r�els ont sensiblement baiss�.
5.4 De nombreux pays en d�veloppement importateurs de p�trole ont r�ussi � r�duire les effets n�gatifs des chocs p�troliers et � maintenir leurs niveaux g�n�raux de consommation et d�investissements publics et priv�s en empruntant massivement � des conditions de faveur. Ils ont ainsi pu conna�tre des taux de croissance relativement �lev�s malgr� l�environnement international d�favorable.
5.5 Cependant, certaines d�penses r�alis�es avec des fonds emprunt�s n��taient pas bancables; d�autres, comme les investissements d�infrastructure, n�avaient pas pour objet d�obtenir un solde de tr�sorerie positif � court terme. De fait, une grande part de ces investissements �taient si peu judicieux que leur taux de rentabilit� �tait faible et que le cash-flow qu�ils permettaient de d�gager ne permettait pas de faire face au service de la dette. Pendant ce temps, on continuait � emprunter � qui mieux mieux, tandis que les pays en d�veloppement et les pays d�velopp�s �vitaient ou remettaient � plus tard les mesures d�ajustement au premier choc p�trolier.
5.6 Apr�s le second choc p�trolier de 1979, les pays de l�OCDE, guid�s par les Etats-Unis, ont modifi� de fa�on spectaculaire leur orientation macro�conomique, en optant pour des politiques mon�taires strictes (et pour une politique budg�taire beaucoup plus permissive) en vue de r�duire l�inflation. Les taux d�int�r�t ont mont� et le dollar des Etats-Unis s�est r��valu�. En cons�quence, de nombreux pays en d�veloppement ont �t� confront�s � une forte contraction des entr�es de capitaux qu�ils n�avaient pas pr�vue et, dans le m�me temps, � une augmentation consid�rable des paiements ext�rieurs, �tant donn� qu�ils �taient exigibles en dollars et que le cours de cette monnaie montait. Comme la dette ext�rieure qui venait d�augmenter �tait pour l�essentiel remboursable � des pr�teurs priv�s, � court terme et � des taux flottants (alors que durant les p�riodes pr�c�dentes, les pr�teurs �taient essentiellement publics et accordaient des pr�ts � plus long terme � des taux de faveur), la hausse des taux d�int�r�t a pr�cipit� la crise de l�endettement. En 1982, dans bon nombre de pays en d�veloppement, les d�penses pour le service de la dette �taient sup�rieures aux entr�es de capitaux.
5.7 En outre, dans un grand nombre de pays en d�veloppement, des politiques inappropri�es, notamment des politiques budg�taires et mon�taires irrationnelles, et de s�rieuses rigidit�s �conomiques r�sultant des anciennes strat�gies de d�veloppement introverties emp�chaient les �conomies de s�ajuster aux chocs ext�rieurs de la fin des ann�es 70 et du d�but des ann�es 80.
Encadr� LA R�FORME AGRAIRE EN AM�RIQUE LATINE |
Dans l'ensemble, les r�formes agraires mises en oeuvre dans la deuxi�me partie du 20� si�cle en Am�rique latine �taient limit�es et remettaient rarement en cause les privili�ges de l'�lite rurale. Souvent elles �taient introduites, � grands coups de publicit�, dans les endroits o� les revendications des paysans affam�s de terres faisaient le plus de bruit. Mais une fois que la terre �tait distribu�e, les autres facteurs de production n'�taient g�n�ralement pas fournis � des conditions accessibles aux agriculteurs et les cr�dits � la production tendaient � s'�puiser. Alors que plusieurs �tudes montraient que, sur les surfaces redistribu�es aux paysans, la production atteignait un niveau �gal ou sup�rieur � celui obtenu avant la r�forme, la plupart des gains de production �taient enregistr�s sur les r�serves des propri�taires terriens dont la taille avait �t� r�duite et qui intensifiaient leurs programmes de culture pour tenter de maintenir le niveau de leurs revenus. Ou alors, ils �taient obtenus dans le secteur commercial, o� les exploitants qui �taient de bons producteurs n'�taient g�n�ralement pas expropri�s. Ainsi, les institutions de l'�poque n'offraient pas aux paysans qui venaient d'acqu�rir des terrer un d�part tr�s prometteur pour leurs carri�res agricoles. En outre, les ouvriers agricoles r�sidents, qui sont les travailleurs qui ont le statut le plus �lev� dans le secteur agricole en Am�rique latine, recevaient g�n�ralement des terres, alors que les campesinos (paysans) sans terres en obtenaient rarement, ce qui att�nuait l'effet de r�partition des revenus de la r�forme agraire. En outre, ces nouveaux propri�taires terriens �taient moins dispos�s que leurs pr�d�cesseurs � embaucher des campesinos sans terres, aux salaires en usage. |
5.8 Les politiques introverties, qui d�rivaient largement de la strat�gie d�industrialisation pour la substitution des importations (ISI), qui �tait la strat�gie de d�veloppement dominante � l��poque, �taient en perte de vitesse avant la crise. L�une des caract�ristiques majeures de l�ISI �tait le peu d�int�r�t relatif qu�elle portait � l�agriculture, voire m�me parfois la discrimination qu�elle op�rait � l�encontre de ce secteur, tant en termes d�incitations par les prix que d�affectation des investissements publics. Les politiques macro�conomiques (sur�valuation des taux de change) et commerciales (protection douani�re de l�industrie) �taient discriminatoires � l�encontre des producteurs agricoles, car elles rendaient les termes int�rieurs de l��change d�favorables � l�agriculture. Les politiques sectorielles qui visaient � subventionner les producteurs agricoles n��taient g�n�ralement pas en mesure de compenser les effets n�gatifs des politiques macro�conomiques et commerciales3.
5.9 La crise �conomique a eu des effets n�gatifs sur les populations vuln�rables sur le plan alimentaire. La r�cession �conomique associ�e � la crise privait les plus vuln�rables de possibilit�s d�emploi. Dans le m�me temps, le secteur public d�j� trop �tendu n��tait pas en mesure d�atteindre ses objectifs de d�veloppement et de protection sociale, compte tenu de la diminution de l��pargne int�rieure et des sorties constantes d�esp�ces pour le service de la dette.
5.10 Dans de nombreux pays, surtout en Afrique subsaharienne et en Am�rique latine, la pauvret� s�est �tendue durant les ann�es 80, inversant la tendance des 20 ann�es pr�c�dentes. La plupart des indicateurs sociaux (taux d�alphab�tisation, �radication ou tout au moins suppression des maladies, taux de long�vit�, de fr�quentation de l��cole secondaire, de mortalit� des nourrissons et des enfants, et de croissance d�mographique) continuaient � s�am�liorer pour l�ensemble des pays en d�veloppement, mais pour quelques pays, notamment d�Afrique subsaharienne, ils se d�t�rioraient.
5.11 Par ailleurs, c��tait encore dans les zones rurales des pays en d�veloppement que l�incidence de la pauvret� �tait la plus forte, les paysans qui ne poss�daient pas ou peu de terres constituant le plus grand groupe de pauvres. Dans les pays en d�veloppement, quelque 30 millions de personnes ne poss�dent pas de terres et 138 millions en poss�dent peu et cette cat�gorie de pauvres ne fait qu�augmenter dans l�ensemble du monde en d�veloppement, surtout en Asie du Sud. La privation et la quasi-privation de terres sont les causes premi�res de l�ins�curit� alimentaire en milieu rural. Les ressources pouvant �tre mises � la disposition des pauvres s�amenuisent du fait que l�expansion des terres arables est moins rapide que celle des populations rurales.
5.12 Certains responsables politiques d�Am�rique latine pensaient dans les ann�es 60 et 70 que si les gouvernements parvenaient � mettre en �uvre la r�forme agraire demand�e par les paysans, la s�curit� alimentaire des diff�rents pays pourrait �tre renforc�e. En Asie de l�Est, � la fin des ann�es 40 et pendant les ann�es 50, on a introduit au Japon, en R�publique de Cor�e et � Ta�wan (Province de Chine) des r�formes agraires radicales qui ont contribu� � stimuler la production (des lopins de terres c�d�s � bail sont devenus la propri�t� des paysans qui avaient davantage int�r�t � produire) et favoris� l��quit�. Il �tait d�montr� qu�en Am�rique latine les r�formes pourraient avoir un effet similaire. Les r�formes pr�c�demment introduites en Am�rique latine avaient concern� le Mexique, la Bolivie et le Guatemala, mais l�exemple de Cuba et certaines politiques d�aide ext�rieure des Etats-Unis, qui subordonnaient leur aide � des r�formes agraires et fiscales, ont remis la question au premier plan jusqu�aux deux d�cennies suivantes. Dans les ann�es 90, l�id�e d�une r�forme agraire dirigiste a �t� abandonn�e car on consid�rait que le march� foncier pouvait fournir � la paysannerie les terres dont elle avait besoin et quelques efforts ont �t� accomplis (sous la direction du Mexique en 1992) pour soumettre le secteur de la r�forme agraire aux lois du march�. Actuellement, les institutions internationales, qui sont pr�occup�es par le fait que les terres achet�es par les paysans sont tr�s peu nombreuses, comprennent qu�il pourrait �tre utile d�accorder des subventions directes pour l�achat de terres.
5.13 En outre, les gouvernements compromettaient souvent les effets de revenu de la r�forme agraire en rendant les termes de l��change int�rieurs d�favorables � l�agriculture ou en d�pensant des sommes inconsid�r�es pour la r�forme alors que l��pargne publique �tait insuffisante pour faciliter les achats de terres et fournir les services d�appui administratif et technique � la r�forme. Ce �populisme� �conomique tendait � encourager l�inflation qui abaissait les revenus des ruraux et des citadins pauvres. Dans l�ensemble, les r�formes agraires r�cemment introduites dans les pays en d�veloppement ont am�lior� la s�curit� alimentaire, mais tr�s souvent, les augmentations de production n��taient pas le fait des paysans auxquels des terres avaient �t� assign�es (Thiesenhusen, 1995).
6.1 Le paradigme de d�veloppement �conomique, qui a pr�domin� dans les pays en d�veloppement depuis la fin de la seconde guerre mondiale jusqu�� la fin des ann�es 80, postulait que les m�canismes du march� n��taient pas aptes � assurer une bonne allocation des ressources et que les pouvoirs publics devaient intervenir activement dans la planification et le contr�le de la plupart des aspects de la vie �conomique. L�effet combin� de plusieurs facteurs a conduit � l�abandon de ce paradigme4. Premi�rement, dans les pays industrialis�s, les politiques de gestion volontariste de la demande n�ont pas r�ussi � contrecarrer les effets n�gatifs du choc p�trolier sur la croissance et l�emploi, au point que l�on s�est s�rieusement interrog� sur la capacit� des gouvernements � assurer une croissance durable. Deuxi�mement, les performances d�cevantes de la plupart des pays en d�veloppement � la fin des ann�es 70 et au d�but des ann�es 80 ont r�v�l� que leurs �conomies �taient particuli�rement sensibles aux chocs ext�rieurs et que les faiblesses des politiques �labor�es pour y faire face �taient insuffisantes.
6.2 Comme il fallait surmonter de toute urgence la crise �conomique et financi�re, on a remis en question les aptitudes comparatives des pouvoirs publics et des m�canismes du march� � allouer rationnellement les ressources et � cr�er les conditions propices � une croissance durable. Il a �t� d�cid� � une majorit� �crasante que la lib�ralisation des march�s favorisait l�efficacit� et offrait de meilleures perspectives de croissance. Dans le m�me temps, les restrictions budg�taires associ�es � la crise et les pressions des institutions internationales de pr�t ont contraint de nombreux gouvernements � r�duire ou � r�orienter le r�le du secteur public dans l�activit� �conomique. Aujourd�hui, le paradigme de d�veloppement g�n�ralement accept� pr�conise l��quilibre macro�conomique et l�allocation des ressources par le jeu du march�.
6.3 En 1974, quand la Conf�rence mondiale de l�alimentation a eu lieu, le contexte socio�conomique qui suivait le premier choc p�trolier et la r�cession �tait tel qu�un dialogue mondial �tait jug� n�cessaire et souhaitable et que l�intervention des Etats, individuellement et collectivement, �tait fondamentale pour affronter ce qui �tait per�u comme le probl�me alimentaire mondial. A pr�sent, dans un contexte de lib�ralisation �conomique, d�intervention r�duite de l�Etat et d�influence du march� sur l�orientation des politiques, l�utilit� d�un dialogue entre les gouvernements semble moins grande. Cela est d�autant plus vrai pour les probl�mes qui, tout en �tant communs � plusieurs pays, ne transcendent pas les fronti�res nationales et n�exigent donc pas une coop�ration et une coordination internationales pour �tre r�solus.
6.4 Dans une telle conjoncture, le r�le du gouvernement a �t� grandement limit�, m�me si l�interd�pendance globale s�accro�t. De nos jours, les gouvernements peuvent l�gitimement n�gocier des codes de conduite internationaux, des protocoles de comportement, des accords de r�glementation du march�, des niveaux d�assistance multilat�rale et autres, en cas d��chec du march� international. Ils peuvent convenir d�une action commune contre des menaces internationales (crime ou terrorisme). Ils peuvent d�cider des r�gles du jeu et recourir � des processus de r�glement des diff�rends dans des instances comme l�Organisation mondiale du commerce (OMC) ou la cour internationale. Mais quand il s�agit de r�partir, d�accumuler, de produire et de consommer les ressources de base dans le nouveau cadre ainsi cr��, les gouvernements ont, en principe, renonc� � contr�ler les m�canismes du march� tout en conservant la responsabilit� et l�autorit� n�cessaires pour veiller � ce que les institutions officielles et officieuses n�cessaires pour permettre � ces m�canismes d�op�rer en toute libert� et �quit� soient en place et fonctionnent. Pour que cette transformation soit compl�te, il faudra que la lib�ralisation �conomique, commerciale et politique se poursuive et � ce qui est tout aussi important � le d�veloppement institutionnel.
6.5 Qu�est-ce que tout cela signifie pour la s�curit� alimentaire? Cela signifie avant tout que la s�curit� alimentaire est une responsabilit� nationale, locale et individuelle. Seuls les gouvernements eux-m�mes sont capables de cr�er l�environnement politique, macro�conomique, juridique et r�glementaire stable qui permettra au secteur priv� de prosp�rer. C�est aux gouvernements qu�il incombe, avec l�aide des organismes internationaux et des organes non gouvernementaux, de cr�er les m�canismes de s�curit� n�cessaires pour prot�ger les groupes vuln�rables de la soci�t� qui ne peuvent avoir acc�s aux ressources dont ils ont besoin pour leur subsistance.
7.1 Les pressions des principaux organismes internationaux de pr�t, notamment de la Banque mondiale et du Fonds mon�taire international (FMI), ont oblig� de nombreux pays r�fractaires � adopter des politiques de lib�ralisation �conomique. Les organisations qui pr�taient aux pays d�biteurs assortissaient leurs cr�dits de conditions, exigeant par exemple qu�ils adoptent des politiques d�aust�rit� �conomique et de d�valuation mon�taire. En outre, en vue d��liminer les goulets d��tranglements au niveau de l�offre, on a impos� une s�rie de mesures structurelles, telles que suppression du contr�le des prix des intrants et des extrants et r�duction consid�rable, voire �limination des subventions � divers secteurs, notamment � l�agriculture. Un grand nombre de pays en d�veloppement continuent d�ex�cuter des programmes de stabilisation et d�ajustement structurel mis en route dans les ann�es 80.
7.2 Vers le milieu et la fin des ann�es 80, le principe de la conditionnalit� impos� par le FMI et la Banque mondiale pour les pr�ts de stabilisation, d�ajustement structurel et sectoriel, �tait per�u comme �tant strict, rigide et inflexible. Les mesures d�aust�rit� qui ont suivi se sont accompagn�es de baisses catastrophiques du revenu effectif et du niveau de vie de ceux qui �taient le moins aptes � s�adapter. Certains pays se sont rebell�s devant la s�v�rit� des mesures d�ajustement impos�es par le FMI et la Banque mondiale, souvent en r�action aux troubles civils suscit�s par cette aust�rit� forc�e. Vers le d�but des ann�es 90, la Banque mondiale et le FMI ont commenc� � assouplir leur approche � la stabilisation et l�ajustement structurel et sectoriel, en reconnaissant que si les r�formes ne sont pas adapt�es aux conditions particuli�res du pays et si elles ne b�n�ficient pas, gr�ce � l�attention accord�e � la dimension sociale, du soutien politique de la population, elles n�ont gu�re de chance de durer suffisamment pour �tre efficaces.
7.3 Le probl�me de la dette reste un fl�au pour les pays de toutes les r�gions et ne fait m�me que s�accentuer en d�pit des efforts de rationalisation. C�est en Afrique subsaharienne que la situation est la plus pr�occupante car, m�me si le niveau de la dette ext�rieure, en valeur absolue, est le plus faible dans toutes les r�gions en d�veloppement, il est le plus �lev� en proportion du PIB r�gional (110 pour cent en 1993) et va en s�accroissant. Le probl�me de la dette, qui n�est pas encore r�solu en d�pit de multiples all�gements et r�ductions, a des effets tr�s d�l�t�res sur la s�curit� alimentaire. Les obligations du service de la dette limitent la capacit� des pays d�importer des denr�es et des articles non alimentaires qui pourraient accro�tre la production et la consommation vivri�res int�rieures, et d�tournent des ressources qui auraient pu �tre consacr�es � financer des plans de d�veloppement et d�am�lioration sociale. La nature et les caract�ristiques du probl�me de la dette ont �volu�. La crise des ann�es 80, surtout dans les pays � revenu moyen, portait au d�part sur la dette commerciale et, en tant que telle, �tait consid�r�e comme une menace pour la stabilit� du syst�me financier mondial. Le financement priv� s�est pratiquement interrompu pendant plusieurs ann�es pour repartir en fl�che, mais de fa�on beaucoup plus s�lective, dans les ann�es 90. Le Plan Brady, entre autres initiatives, a contribu� � all�ger le fardeau de la dette de nombreux pays. Dans les ann�es 90, le probl�me de la dette �tait diff�rent, mais plongeait aussi ses racines dans la situation des ann�es 80, � savoir: les pays � faible revenu ont emprunt� aux gouvernements des pays d�velopp�s et aux fournisseurs de cr�dit multilat�raux. La plupart de ces pr�ts ont �t� consentis pour aider les pays pauvres � faire face � la chute des prix des produits d�exportation, � la mont�e des taux d�int�r�t mondiaux et � l�escalade des remboursements aux banques commerciales. La pr�occupation majeure reste l�alourdissement continu de la dette de beaucoup de pays d�Afrique � 25 des 32 pays � faible revenu les plus endett�s sont en Afrique subsaharienne. L�Am�rique latine, les Cara�bes et l�Asie ont connu une am�lioration globale, mais plusieurs pays de ces r�gions restent confront�s � de graves difficult�s.
7.4 Les politiques d�ajustement structurel ont un impact sur la s�curit� alimentaire int�rieure � bien d�autres �gards:
7.5 Les r�formes n�auront probablement pas les m�mes effets � court et � long termes sur les pauvres et les personnes victimes de l�ins�curit� alimentaire. Ils pourront y perdre ou y gagner suivant leurs revenus, leurs ressources et le type d�instruction qu�ils auront re�u. A court terme, les effets de stabilisation dominent. Les r�ductions des dispositifs de protection sociale (notamment des budgets de la fonction publique et des programmes de protection sociale en faveur des pauvres) et la hausse des prix des articles import�s (y compris pour les biens de premi�re n�cessit� comme les aliments, les m�dicaments et le combustible) imputable � la d�valuation d�favorisent au moins � court terme les couches les plus vuln�rables de la population. Cette r�orientation risque aussi de d�tourner des ressources du secteur agricole national et d�emp�cher les paysans pauvres d�acc�der � des cr�dits � la production. Dans de nombreux pays, les agriculteurs sont des consommateurs nets de denr�es achet�es et, tout comme les consommateurs des villes, ils sont p�nalis�s par la hausse des prix de d�tail des biens de premi�re n�cessit�.
7.6 D�autres facteurs importants d�terminent qui sera d�favoris� par la stabilisation et dans quelle mesure. Les plus favoris�s, tant dans les couches les plus pauvres que parmi les mieux nantis, seront ceux qui sont propri�taires des ressources n�cessaires � la production ou, du moins, qui ont un acc�s bien d�fini � ces ressources; ceux qui peuvent tirer profit des possibilit�s offertes dans les march�s du travail formels et informels, et qui peuvent acc�der aux subventions ou � d�autres programmes gouvernementaux. Par exemple, les citadins � faible revenu qui d�pendent directement ou indirectement d�un emploi dans le secteur public peuvent devenir victimes de l�ins�curit� alimentaire � la suite de r�ductions des programmes gouvernementaux de travaux publics, de diminutions des subventions pour l�alimentation et d�autres biens et services (combustible, �lectricit� et services de sant�).
7.7 Pour les ruraux pauvres, la situation est encore plus complexe que pour ceux qui vivent dans les villes. Les r�formes devraient avoir des effets dans l�ensemble positifs sur le secteur agricole � principalement gr�ce � la hausse des prix pay�s aux producteurs agricoles � mais les avantages et les inconv�nients se r�partiront in�galement entre les ruraux, suivant qu�ils sont vendeurs ou acheteurs nets de vivres, qu�ils produisent des cultures d�exportation ou de subsistance, et qu�ils ont acc�s aux march�s de la terre, du travail, du cr�dit, des intrants et des produits (Binswanger, 1989)5.
7.8 A moyen et � long termes, les r�formes ne produisent des r�sultats que si elles r�ussissent � favoriser la reprise de la croissance.
7.9 L�impact des conditions ext�rieures, des pressions et des facteurs institutionnels et politiques, mais aussi l�importance de la crise �conomique et des distorsions ant�rieures � la r�forme d�rivant de politiques mon�taires et budg�taires inappropri�es, varient d�un pays � l�autre. Tous les pays ne manifestent pas non plus le m�me engagement envers le changement ni la m�me volont� politique d�appliquer des r�formes souvent impopulaires allant � l�encontre d�int�r�ts bien ancr�s. Parfois, les pressions nationalistes emp�chent les gouvernements de prendre des mesures qui donneraient l�impression qu�ils ont c�d� aux pressions d�une organisation internationale.
7.10 Les pays sont � des stades diff�rents du processus d�ajustement et de r�forme. Plusieurs ont d�pass� la phase de stabilisation et mettent d�j� en �uvre des r�formes structurelles. Quelques-uns ont �labor� des politiques macro�conomiques cr�dibles et r�ussi � attirer des investissements priv�s et des pr�ts ext�rieurs. D�autres ont r�ussi � g�n�rer une croissance globale, mais une part importante de la population n�en retire encore aucun avantage.
7.11 Le train de r�formes mis en �uvre dans le cadre des programmes d�ajustement structurel a �volu� au fil du temps. C�est avec l�exp�rience que l�on pourra d�terminer l�efficacit� des r�formes et le temps qu�il faut pour r�aliser les changements. Aujourd�hui, on accorde davantage de place aux impacts sociaux de la r�forme, aux mesures permettant de cr�er les conditions favorisant la croissance (infrastructure de financement, �ducation, vulgarisation et formation, cr�ation d�institutions telles que les syst�mes d�information et les r�seaux de communication sur les march�s). L�orientation fondamentale de ces programmes reste cependant caract�ris�e par trois tendances: stabilisation de l�environnement macro�conomique, confiance accrue dans les m�canismes des march�s et r�gimes commerciaux plus ouverts.
7.12 L�effet de l�ajustement structurel sur la s�curit� alimentaire, � l��chelle nationale et au niveau des m�nages, d�pend du stade d�avancement des r�formes et de leur impact sur les diff�rents groupes de la soci�t�. Aux premiers stades de leur application, elles ont g�n�ralement un impact n�gatif sur la s�curit� alimentaire car les mesures prises pour corriger les distorsions �conomiques tendent � entra�ner une hausse des prix et une baisse des revenus r�els. Mais, au fur et � mesure que les r�formes prennent pied et que la croissance reprend sur une base plus durable, la situation alimentaire s�am�liore dans l�ensemble, m�me s�il arrive que quelques-uns des groupes les plus vuln�rables restent � la tra�ne.
7.13 Dans la mesure o� les r�formes des politiques entra�nent l��conomie vers un mouvement de lib�ralisation du march� et d�ouverture, les ressources seront attribu�es de mani�re plus efficace, des emplois seront �ventuellement cr��s, la croissance �conomique sera favoris�e et la s�curit� alimentaire am�lior�e, dans la majorit� des cas au moins, au niveau national. L�am�lioration de la s�curit� alimentaire au niveau des m�nages n�cessitera des politiques et des programmes suppl�mentaires encourageant une r�partition plus �quitable des revenus et un acc�s aux ressources productives et � l�emploi.
8.1 Les pays en d�veloppement ne sont pas les seuls � avoir adopt� les principes du march� et recherch� des �quilibres macro�conomiques durables. Les pays d�velopp�s se sont aussi attach�s � r�duire les d�ficits budg�taires, en privatisant les entreprises publiques et en exposant leurs march�s � la concurrence �trang�re.
8.2 Comme dans les pays en d�veloppement, leurs r�formes visent � utiliser les ressources de fa�on plus rationnelle et � r�duire le risque de crise financi�re. Elles sont souvent mises en �uvre sous la pression d�un �lectorat de plus en plus inform� qui est m�content de la forte pression fiscale et de sa r�partition, mais aussi des performances du secteur public, jug� au mieux trop bureaucratique et, au pire, irr�m�diablement inefficace et incapable de r�pondre aux besoins. Les pays d�velopp�s se soucient aussi de plus en plus de l�allocation des ressources financi�res et naturelles sur une tr�s longue p�riode et de l��quit� entre les g�n�rations. Etant donn� que l�augmentation de la pression fiscale est risqu�e sur le plan politique et d�courage les investissements, les gouvernements pr�f�rent r�duire leurs d�ficits budg�taires en restreignant les d�penses publiques, gr�ce � la privatisation des entreprises publiques, � la vente d�autres actifs de l�Etat et � une diminution des programmes d�aide publique (et parfois d��ducation, de sant� et d�am�lioration des infrastructures). Plusieurs r�formes structurelles ont �t� mises en �uvre dans quelques pays industriels ces derni�res ann�es, alors que, dans d�autres, les r�formes ou r�ductions sont encore au stade de projet.
8.3 La fin de la guerre froide, l�int�gration croissante du syst�me �conomique mondial et la r�duction des d�s�quilibres macro�conomiques et des d�penses publiques dans les pays industriels continuera d�avoir d�importantes r�percussions �conomiques et sociales sur la s�curit� alimentaire. Les r�ductions des mesures de protection du commerce et des subventions ont entra�n� le d�clin de plusieurs industries pr�c�demment consid�r�es comme strat�giques. Les cons�quences des nouvelles r�alit�s politiques et �conomiques ont �t� ressenties non seulement dans l�agriculture, mais aussi dans les secteurs de l��nergie, de la d�fense, de l�aviation et des ressources naturelles. Quelques-unes sont au c�ur m�me des diff�rends commerciaux opposant des pays industrialis�s.
8.4 Comme dans les pays en d�veloppement, les programmes de stabilisation et d�ajustement structurel sont plus ou moins avanc�s dans les pays industrialis�s. Quelques pays n�ont pas encore r�ussi � obtenir le consensus politique requis pour op�rer les ajustements n�cessaires. D�autres commencent � percevoir, au plan de la croissance, les dividendes des efforts de restructuration ant�rieurs, qui ont souvent comport� des co�ts sociaux, comme le ch�mage. On ignore encore si le sous-emploi est un ph�nom�ne � court terme ou s�il deviendra un probl�me chronique6.
8.5 Les changements politiques introduits dans les pays industrialis�s peuvent avoir des r�percussions n�gatives sur les pays en d�veloppement, � court terme (par exemple, les politiques d�aust�rit� budg�taire des pays d�velopp�s entra�nent g�n�ralement une diminution de l�aide ext�rieure). Cependant, � long terme, les pays en d�veloppement seront avantag�s par la relance attendue de l��conomie des pays � haut revenu, principalement parce que les �changes augmenteront, ce qui stimulera leur d�veloppement et am�liorera leur s�curit� alimentaire.
8.6 Le mouvement de r�forme le plus radical vers une �conomie de march� a �t� entrepris ces derni�res ann�es dans les anciennes �conomies planifi�es d�Europe centrale et orientale et de l�ex-URSS. Aux premiers stades de la r�forme, des crises d�ins�curit� alimentaire sont apparues au niveau local par suite de la diminution des revenus r�els, de la suppression de la plupart des subventions int�rieures et des mesures de contr�le des prix pour les produits alimentaires et de la disparition des dispositifs de protection sociale qui faisaient partie int�grante du syst�me collectiviste. Dans ces pays, les probl�mes ont �t� exacerb�s par le d�clin des �changes r�gionaux apr�s le d�mant�lement du Conseil d�assistance �conomique mutuelle.
8.7 Dans ces pays, les perspectives �conomiques � moyen et plus long termes sont incertaines; en outre, elles seront in�gales. Un certain nombre de pays d�Europe orientale et centrale sont plus avanc�s que d�autres dans leurs r�formes. Ces pays ont jet� les bases d�une reprise �conomique et la croissance est redevenue positive. Dans l�ensemble, les perspectives semblent plus incertaines pour les pays de l�ex-URSS o� les difficult�s de la transition �conomique ont �t� aggrav�es par des probl�mes politiques et par la persistance de formes collectives d�organisation �conomique.
8.8 Le caract�re inappropri� des infrastructures juridiques et institutionnelles n�cessaires au bon fonctionnement de march�s comp�titifs g�ne aussi consid�rablement le processus de transition. Les march�s ne peuvent pas fonctionner sans structures d�appui. Il faut mettre en place des syst�mes d�information, des r�gles qui gouvernent le comportement des op�rateurs des march�s, et �tablir et faire appliquer des crit�res de qualit� et des normes. Presque toutes les �conomies de transition ont consid�rablement investi dans les op�rations de privatisation et de distribution ou de restitution des terres. Mais les proc�d�s employ�s � cette fin ont parfois abouti � une organisation de la propri�t� fonci�re incompatible avec une production agricole efficace. Dans un certain nombre de cas, les march�s fonciers n�ont pas �volu� en raison de carences institutionnelles ou juridiques (les titres de propri�t� ne sont pas d�livr�s ou alors les limites des parcelles ne sont pas d�finies et enregistr�es). Les march�s des produits alimentaires ont souvent mis du temps � s��tendre au-del� des fronti�res locales car, comme il n�existe pas de crit�res de qualit� et de normes uniformes et respect�s, il est impossible d�acheter ou de vendre sans r�unir au m�me endroit les parties et les produits concern�s. L�information sur les march�s est encore limit�e car les organismes gouvernementaux doivent achever le processus de transformation qui doit les conduire � se d�charger de la commercialisation, en se contentant de fournir aux entreprises priv�es les services dont elles ont besoin pour prendre la rel�ve.
8.9 Dans les pays en transition, les perspectives de reprise de la production vivri�re int�rieure � moyen et � long termes d�pendent de l�efficacit� et de la compl�tude des r�formes et du moment o� le revirement de tendance de l�ensemble de l��conomie se produira. Les modifications de l�offre et de la demande int�rieures d�coulant des r�formes influenceront � la fois la production agricole et la participation aux march�s alimentaires mondiaux.
9.1 La tendance � la mondialisation, � la lib�ralisation et � l�int�gration s�est �tendue aux march�s financiers du monde entier, ainsi qu�aux march�s des biens et des services, qui jouent tous deux un r�le important dans la s�curit� alimentaire. Il y a eu une expansion sans pr�c�dent du nombre et du volume des transactions financi�res transfronti�res, d�passant largement le montant des liquidit�s n�cessaires pour la compensation exportations-importations. La Banque des r�glements internationaux estime que le chiffre quotidien des transactions en devises est actuellement de l�ordre de 1,3 trillion de dollars EU (The Economist, 1995). Au niveau national, ces flux sont un bon indicateur de la fa�on dont les march�s et les investisseurs nationaux et �trangers jugent les performances des politiques macro�conomiques et la stabilit� �conomique.
9.2 Les mouvements � court terme de capitaux transfronti�res (investissements de portefeuille) sont fonction des taux de r�mun�ration des emprunts et des prises de participation dans les diff�rents pays, ainsi que du risque associ� � ces titres. Ainsi, au niveau national, les mouvements de capitaux d�pendent des taux d�int�r�t r�els, des taux de change effectifs et pr�vus, et de la confiance des investisseurs dans la capacit� qu�a le gouvernement de maintenir un environnement macro�conomique stable. L�exp�rience r�cente montre que les gouvernements sont impuissants, � eux seuls ou m�me en tandem, � se prot�ger contre les fluctuations des taux de change; m�me les interventions massives sur les march�s financiers ont peu d�effet. Ainsi, la cr�dibilit� des gouvernements et de leurs politiques (qui d�pend essentiellement de la stabilit� politique) est un facteur cl� de la stabilit� des march�s financiers. Les gouvernements ne peuvent pas faire grand chose pour endiguer les sorties de capitaux � court terme si la confiance des investisseurs est �branl�e.
9.3 Par ailleurs, le montant des investissements priv�s directs, tant ext�rieurs qu�int�rieurs, refl�te la confiance dans les performances globales � long terme de l��conomie et des politiques gouvernementales. Les investissements ext�rieurs directs sont nettement moins fluctuants que les investissements de portefeuille � court terme, qui peuvent litt�ralement �tre retir�s du jour au lendemain, ce qui provoquerait une crise financi�re.
9.4 Lorsque d�importants flux de capitaux � court terme traversent les fronti�res � un moment o� l��conomie est en phase de lib�ralisation, les gouvernements individuels ne peuvent pas toujours utiliser comme ils le souhaiteraient les instruments mon�taires et budg�taires pour atteindre leurs objectifs int�-rieurs. Mais ce manque d�ind�pendance n�est pas forc�ment n�gatif. Les march�s tendent � r�compenser les politiques �conomiques lib�rales et prudentes et la stabilit� politique et �conomique. Les pays qui parviennent � cette stabilit� b�n�ficient souvent d�une augmentation des flux financiers qui leur permet d�att�nuer les probl�mes de balance des paiements.
9.5 La mobilit� des capitaux (notamment la possibilit� de fuite des capitaux) impose une attitude prudente lors de l�adoption des politiques budg�taires et mon�taires et de la fixation des taux de change. Les gouvernements ont une �marge� d�erreur tr�s �troite dans le domaine des politiques macro�conomiques, surtout si les capitaux priv�s qui rentrent sont principalement investis dans des titres r�alisables � court terme qui peuvent �tre repris rapidement. En revanche, les �conomies peuvent retirer des avantages importants de ces entr�es de capitaux, si elles se tiennent � des politiques de taux d�int�r�t et de taux de change coh�rentes et si les investisseurs estiment que leur situation financi�re est pr�visible et stable.
9.6 Les apports de capitaux priv�s ext�rieurs aux pays en d�veloppement ont augment� de fa�on spectaculaire en 1990-1993, pour se stabiliser apr�s la crise du Mexique et la mont�e des taux d�int�r�t aux Etats-Unis, avant de repartir � la hausse. Ces flux de capitaux ont am�lior� la situation financi�re et cr�� des possibilit�s de croissance et de d�veloppement dans les pays b�n�ficiaires. Cependant, �tant donn� qu�ils ont profit� surtout � un nombre limit� de pays asiatiques et de pays � revenu moyen en Am�rique latine et dans les Cara�bes, on ne peut s�attendre � ce qu�ils compensent la r�duction de l�aide publique aux pays � faible revenu. De plus, la crise mexicaine et l�exp�rience de plusieurs pays b�n�ficiaires soulignent le risque potentiel de l�accumulation d�une dette ext�rieure excessive, compte tenu de l�instabilit� des march�s financiers, et les effets ind�sirables d�un afflux massif de capitaux, � savoir l�inflation et la perte de la comp�titivit� ext�rieure par suite de la sur�valuation mon�taire.
9.7 Le syst�me actuel des taux de change flottants, associ� � la libert� des mouvements de capitaux, a entra�n�, en certaines p�riodes, une extr�me instabilit� des taux de change (outre les perturbations � court terme dans l��volution des taux de change nominaux), telle que 1980-1987. Les discussions concernant l��tablissement d�un syst�me �central� de contr�le des changes se poursuivent. Pour qu�un tel syst�me puisse �tre efficace, il faut une autorit� centrale ayant le pouvoir d�imposer une coordination macro�conomique. Or, il est peu probable que les Etats-nations soient dispos�s � compromettre leur ind�pendance politique en acceptant une autorit� centrale (Fonds mon�taire international, 1994).
10.1 La tendance � la lib�ralisation des march�s s�est manifest�e dans le commerce international7 � travers un certain nombre d�accords bilat�raux et multilat�raux qui ont abouti � la conclusion des n�gociations commerciales multilat�rales du Cycle d�Uruguay. Deux des dispositions du Cycle d�Uruguay du GATT ont une incidence directe sur la s�curit� alimentaire: l�Accord relatif � l�agriculture et la D�cision relative aux mesures concernant les effets n�gatifs possibles du programme de r�forme sur les pays les moins avanc�s et les pays en d�veloppement importateurs nets de produits alimentaires.
10.2 L�Accord relatif � l�agriculture discipline les politiques influen�ant directement ou indirectement la production et la consommation d�aliments et le commerce international des produits agricoles8. On peut distinguer trois grandes cat�gories de r�gles:
10.3 L�Accord relatif � l�agriculture pr�voit pour les pays en d�veloppement un traitement sp�cial et diff�renci�, notamment des r�ductions moins s�v�res des tarifs douaniers ainsi qu�un soutien interne ayant un effet de distorsion sur le commerce et des subventions aux exportations et des d�lais de mise en �uvre plus longs. (Des mesures restrictives moins nombreuses s�appliquent aux pays tr�s pauvres). Lorsque les pays mettent en �uvre des politiques de lib�ralisation du commerce dans le cadre de programmes d�ajustement structurel, les dispositions de ces programmes sont habituellement plus s�v�res que celles de l�accord du GATT9.
10.4 Si l�Accord relatif � l�agriculture repr�sente un progr�s dans la voie de la lib�ralisation des �changes de produits agricoles, cette lib�ralisation n�est que partielle; le protectionnisme persiste. Les r�ductions des mesures de soutien � l�agriculture sont de faible port�e et s��talent sur plusieurs ann�es, mais l�Accord ouvre la voie � une plus grande transparence des �changes agricoles et � une diminution du protectionnisme.
10.5 L�un des effets de l�Accord relatif � l�agriculture sur les pays en d�veloppement sera de modifier les prix des produits de la zone temp�r�e par rapport � ceux des produits tropicaux. On pr�voit un raffermissement des cours mondiaux des produits de la zone temp�r�e, mais une hausse plus mod�r�e, voire un fl�chissement des prix des produits tropicaux. L�augmentation des prix des produits alimentaires provenant des zones temp�r�es et les r�ductions des subventions � l�exportation se traduiront par une augmentation de la facture d�importation des importateurs nets de produits alimentaires (la majorit� des pays en d�veloppement), en particulier dans les pays � faible revenu habitu�s � importer des aliments � des prix subventionn�s. Dans le m�me temps, il est probable que les recettes provenant des exportations de produits tropicaux stagneront ou d�clineront, ce qui compromettra aussi la s�curit� alimentaire.
10.6 La D�cision relative aux mesures concernant les effets n�gatifs possibles du programme de r�forme sur les pays les moins avanc�s et les pays en d�veloppement importateurs nets de produits alimentaires vise � att�nuer les probl�mes qui pourraient d�river d�une hausse des prix � l�importation des produits alimentaires durant l�application du programme de lib�ralisation commerciale � l�agriculture. Les dispositions de la D�cision peuvent aider consid�rablement les pays en d�veloppement qui risquent d��tre p�nalis�s par l�Accord du Cycle d�Uruguay, mais les modalit�s de sa mise en �uvre ne sont pas claires et doivent �tre mieux pr�cis�es10.
10.7 La tendance � la lib�ralisation et la diminution des mesures de soutien des prix peuvent entra�ner une r�duction des stocks publics de produits alimentaires et il n�est pas certain que les stocks du secteur priv� pourront compenser cette baisse. Toutefois, les dispositions de l�Accord relatif � l�agriculture ne s�appliquent pas au soutien, selon les r�gles prescrites, des stocks de s�curit� alimentaire. Alors que les pays industrialis�s peuvent se permettre de constituer des stocks publics importants, les pays en d�veloppement n�en ont g�n�ralement pas les moyens. La r�duction probable des stocks publics des pays industrialis�s influera sur les disponibilit�s d�aide alimentaire. D�autres facteurs limitent le volume de c�r�ales disponibles au titre de l�aide alimentaire, mais il n�y a aucune raison de penser, a priori, que l�Accord aura pour effet de r�duire l�aide alimentaire proprement dite.
10.8 L�impact global de l�Accord relatif � l�agriculture sur les pays en d�veloppement d�pend de leur situation commerciale nette, de la mise en �uvre de mesures correctives destin�es � compenser la hausse des cours mondiaux des produits alimentaires, et des effets � long terme d�une �ventuelle acc�l�ration g�n�rale de la croissance apr�s la lib�ralisation du commerce. La croissance globale des revenus imputable au Cycle d�Uruguay serait comprise entre 109 milliards et 510 milliards de dollars EU selon le GATT; selon la Banque mondiale et l�OCDE, elle s��tablirait � 213 milliards de dollars.
10.9 Les pays ayant droit � un traitement pr�f�rentiel pour leurs exportations agricoles peuvent s�attendre � une �rosion des marges pr�f�rentielles par suite de la r�duction des droits de douane au titre de clause de la nation la plus favoris�e (NPF). (A supposer que les taux appliqu�s dans le cadre des syst�mes pr�f�rentiels existants, tels que le Syst�me g�n�ralis� de pr�f�rences (SGP), Convention de Lom� et Initiative du bassin des Cara�bes restent inchang�s.) Selon la FAO, la valeur potentielle des pr�f�rences accord�es par l�Union europ�enne, les Etats-Unis et le Japon, dans le secteur agricole s��levait � 1,9 milliard de dollars EU en 1992. Ce montant devrait baisser de 0,8 milliard de dollars EU du fait de la r�duction des tarifs d�cid�e par le Cycle d�Uruguay11, au titre de la clause de la nation la plus favoris�e.
10.10 En ce qui concerne la production alimentaire des pays en d�veloppement, l�Accord relatif � l�agriculture aura aussi un effet sur le risque couru par les producteurs du fait de l�instabilit� des prix. Avec une r�duction des stocks due aux r�formes des politiques internes, l�effet sur les prix d�un choc du march� risque d��tre plus fort au d�part. Cependant, comme plus de pays ouvrent leurs march�s aux signaux des cours mondiaux, gr�ce � la tarification d�cid�e � l�issue du Cycle d�Uruguay, les chocs d�rivant de d�ficits de production inattendus ou de r�coltes exceptionnelles seront absorb�s par un plus grand nombre de march�s nationaux, ce qui en att�nuera les effets sur les cours mondiaux. La r�duction des risques, due � l�att�nuation des fluctuations irr�guli�res et impr�visibles des prix, pourrait �tre une incitation � accro�tre la production alimentaire dans les pays en d�veloppement o� les agriculteurs n�ont gu�re les moyens de se pr�munir contre ces risques12.
11.1 L�un des principaux faits nouveaux dans le domaine du commerce mondial est l�expansion des accords commerciaux r�gionaux. On peut citer la mise en place du March� unique europ�en en janvier 1993, le Protocole entre la Communaut� �conomique europ�enne (CEE) et l�Association europ�enne de libre-�change (AELE) �tablissant un espace �conomique europ�en (EEE) et le lancement, en janvier 1994, de l�Accord de libre-�change nord-am�ricain (ALENA), qui �tendait au Mexique l�Accord de libre-�change conclu entre les Etats-Unis et le Canada. Plusieurs autres pays latino-am�ricains n�gocient actuellement des accords de libre-�change avec les pays de l�ALENA ou renforcent et �tendent les accords existants entre eux. Les Etats-Unis proposent actuellement une Initiative pour les Am�riques, qui consisterait � lib�raliser les �changes et les courants d�investissement entre pays d�Am�rique du Nord, d�Am�rique centrale et d�Am�rique du Sud.
11.2 L�expansion des blocs commerciaux est en partie le signe d�un ajustement � la fin de la guerre froide et d�une diminution de l�importance des rivalit�s entre les superpuissances et des consid�rations de s�curit� dans le domaine des �changes. Le regain d�int�r�t pour les Accords commerciaux r�gionaux constitue un moyen d�attirer des fonds d�investissements et refl�te la mondialisation continue de l�industrie, du secteur manufacturier et des services. Pendant un certain temps, les Accords commerciaux r�gionaux ont repr�sent� la r�ponse des pays qui souhaitaient lib�raliser les �changes et consid�raient que les pourparlers du GATT avan�aient trop lentement. Jusqu�� ce jour, les accords les plus efficaces ont �t� ceux conclus entre les pays d�velopp�s, mais de nouveaux accords commerciaux r�gionaux prometteurs lient maintenant les pays d�velopp�s et les pays en d�veloppement.
11.3 La prolif�ration des Accords commerciaux r�gionaux soul�ve une question importante: dans quelle mesure contribueront-ils � renforcer ou � annuler certaines r�gles que l�Accord du Cycle d�Uruguay impose aux pays? Les Accords commerciaux r�gionaux (en particulier les associations de libre-�change) pourraient en principe �tablir ou conserver des arrangements commerciaux ouverts � d�autres pays ou blocs (r�gionalisme ouvert), mais les r�gles qu�ils stipulent pourraient aussi �tre adopt�es pour servir uniquement les int�r�ts des pays membres au d�triment des pays tiers. Dans ces cas-l�, la lib�ralisation des �changes au sein des blocs d�tourne les �changes au lieu d�en cr�er. Ces pratiques ne sont pas autoris�es par les disciplines du GATT, qui stipulent que les Accords commerciaux r�gionaux ne doivent pas cr�er d�obstacles commerciaux � l�encontre des autres pays du GATT, ni accro�tre ceux qui existent d�j�. Tout d�pendra donc de la capacit� de la nouvelle Organisation mondiale du commerce � faire appliquer ces r�gles.
11.4 Pour les pays en d�veloppement, la participation aux Accords commerciaux r�gionaux peut �tre � la fois un bien et un mal. Les petits pays en d�veloppement �conomiquement faibles qui forment des blocs commerciaux avec des pays d�velopp�s risquent d�avoir peu d�influence lorsqu�il s�agit d�en �tablir les r�gles. D�un autre c�t�, les Accords commerciaux r�gionaux existants qui ne lient que des pays en d�veloppement n�ont pas donn� de r�sultats tr�s encourageants, � cause de la faiblesse des structures �conomiques et de l�absence de contre-pouvoir.
11.5 Les Accords commerciaux r�gionaux traitent l�agriculture de mani�re tr�s diff�rente. En Europe, une Politique agricole commune et un march� r�gional libre englobent 15 pays et repr�sentent une part importante des �changes mondiaux de produits agricoles. Pour sa part, l�ALENA promet l�abolition des tarifs douaniers dans 10 ans. A l�heure actuelle de nombreux accords commerciaux r�gionaux14 ne couvrent qu�en partie l�agriculture, car les concessions commerciales sont souvent incompatibles avec les objectifs int�rieurs. En d�pit de ce probl�me, il est peu probable que les �changes soient d�tourn�s � grande �chelle. Il est possible d�accro�tre les �changes intrar�gionaux au sein du March� commun austral (MERCOSUR) et de l�Association des nations de l�Asie du Sud-Est (ANASE) en supprimant les obstacles internes aux �changes, alors que dans d�autres continents, la substitution des approvisionnements interr�gionaux est limit�e.
11.6 D�une mani�re g�n�rale, les effets directs des Accords commerciaux r�gionaux sur la s�curit� alimentaire (impact sur l�agriculture) d�pendront de la part qui leur revient dans les �changes mondiaux de produits agricoles et de leur comportement � l��gard des autres r�gions ou pays. Si les Accords commerciaux r�gionaux continuent � prolif�rer, des pressions seront exerc�es pour d�finir des politiques plus acceptables (au plan int�rieur et commercial) afin que l�agriculture soit couverte comme il convient par ces accords. Cela aura une influence sur le comportement des membres des blocs � l��gard des pays tiers (dans le cas d�une zone de libre-�change) ou sur celui de l�ensemble du bloc (dans le cas d�unions douani�res). Si les Accords commerciaux r�gionaux deviennent ainsi plus lib�raux, leur effet global sera de renforcer le bien-�tre au niveau mondial.
11.7 Les Accords commerciaux r�gionaux auront un effet sur la s�curit� alimentaire s�ils favorisent un renforcement (lib�ralisation) des �changes et contribuent de la sorte � l�efficacit� de l�utilisation des ressources et � un accroissement des revenus, au niveau mondial. Si tel est le cas, ils auront au moins le m�rite d�accro�tre les possibilit�s d�acc�s. S�ils deviennent un moyen de contourner les r�formes convenues multilat�ralement au sein du GATT/OMC, ils auront l�effet inverse sur la s�curit� alimentaire. On ne peut gu�re faire d�autres observations g�n�rales quant � leurs effets sur la s�curit� alimentaire.
12.1 Apr�s la Conf�rence mondiale de l�alimentation de 1974, la communaut� internationale a concentr� son attention sur les questions ayant trait aux ressources naturelles et � l�environnement, aux niveaux national et international. Dans les pays en d�veloppement, les pressions sur les ressources naturelles (d�gradation des terres, �rosion, p�nurie d�eau, d�boisement et p�che irresponsable) peuvent compromettre gravement la croissance agricole et la s�curit� alimentaire. On constate une prise de conscience accrue face aux probl�mes �cologiques de la plan�te. Par exemple, la conservation de la diversit� biologique ou l�appauvrissement de la couche d�ozone sont des probl�mes �cologiques � l��chelle de la plan�te, alors que le d�bit des cours d�eau transfronti�res n�int�resse parfois qu�un petit nombre de pays. Les pays comprennent de mieux en mieux que la plupart de ces probl�mes ne peuvent �tre r�solus par une seule nation ou un groupe de nations; ils transcendent les fronti�res nationales, suscitant une instabilit� et des souffrances dans toute la r�gion et dans le monde entier. Trop souvent, les mesures concert�es n�cessaires n�ont pas �t� prises.
12.2 Etant donn� qu�un grand nombre de probl�mes concernant les ressources naturelles et l�environnement int�ressent plusieurs pays ou l�ensemble de la plan�te, il est indispensable de coordonner les mesures aux diff�rents niveaux. En cons�quence, les pays ont sign� un certain nombre d�accords portant sur le partage des bienfaits prodigu�s par l�environnement et la conservation des ressources mondiales; en vertu de ces accords, les pays s�engagent, par le biais d�un syst�me de n�gociations, d�indemnisations et de sanctions � l�encontre des non-adh�rents, � se conformer � des politiques visant � r�soudre les probl�mes communs � tous les signataires.
12.3 La Conf�rence des Nations Unies sur l�environnement et le d�veloppement (CNUED) de 1992 est l�expression de la reconnaissance de ces questions par la communaut� internationale. Dans de nombreuses r�gions du monde en d�veloppement, l�expansion d�mographique et la p�nurie de terres fertiles, d�eau et de for�ts ont d�j� contribu� � chasser les agriculteurs du secteur agricole cr�ant ainsi une classe de r�fugi�s environnementaux15.
12.4 Les accords internationaux n�goci�s pour am�liorer les probl�mes de l�environnement et les questions commerciales finissent par influer sur les d�cisions en mati�re de production au niveau des producteurs et les d�cisions en mati�re d�achat au niveau des m�nages. Ainsi, une majorit� �crasante des �changes mondiaux de poisson se font des pays en d�veloppement vers les pays d�velopp�s. La Conf�rence des Nations Unies de 1995 sur les stocks de poissons chevauchants et les stocks de poissons grands migrateurs repr�sente un effort louable des pays pour concilier les int�r�ts mondiaux en jeu avec la p�che en haute mer.
12.5 Certaines conventions internationales comme celle sur la diversit� biologique, la foresterie et le changement climatique, quelle que soit leur importance, pourraient avoir un effet n�gatif sur les approvisionnements alimentaires mondiaux, tout au moins � court terme. Par exemple, la Convention sur le changement climatique envisage la possibilit� d�imposer une taxe sur le carbone qui entra�nerait une augmentation du co�t de l��nergie, de nouveaux m�langes d�intrants et un changement des technologies. L�ensemble aboutirait � une augmentation des co�ts de production pour les producteurs vivriers et � une �l�vation des prix pour les consommateurs qui s�accompagneraient d�une perte de s�curit� alimentaire. En outre, comme la transformation des terres foresti�res en terres agricoles a �t� la premi�re cause de d�boisement ces 10 derni�res ann�es, les accords internationaux limitant la conversion des for�ts compromettront les possibilit�s futures de production vivri�re.
12.6 La s�curit� alimentaire d�pend aussi �troitement de l�approvisionnement en eau16, et les ressources hydriques sont fr�quemment une cause de conflit, surtout lorsqu�elles sont rares. La valeur croissante de l�eau, le souci de sa qualit� et les probl�mes d�acc�s � cette ressource ont fait des politiques hydriques une pr�occupation internationale. En Afrique, en Asie et en Am�rique latine, les bassins hydriques (fleuves et lacs) partag�s repr�sentent 60 pour cent au moins de la superficie terrestre totale (Barrett, 1994). Les contestations iront en s�aggravant car le nombre d�utilisateurs ne fait qu�augmenter.
12.7 De nos jours, le d�veloppement inclut aussi des concepts d��quit� et de justice entre les g�n�rations. Pour la premi�re fois dans l�histoire de l�humanit�, la communaut� mondiale s�efforce collectivement de comprendre comment les actions entreprises aujourd�hui pourront influer sur l��cosyst�me de la plan�te dans 100 ans. L�incorporation d�une aussi vaste gamme de valeurs dans le concept de production vivri�re durable est tout aussi n�cessaire que difficile � mettre en pratique. La question que l�on se pose fr�quemment est la suivante: comment utiliser les ressources aujourd�hui pour am�liorer sensiblement la s�curit� alimentaire mais de mani�re � ce que leur capacit� d�engendrer une production pour les g�n�rations � venir ne soit pas diminu�e?
12.8 Au niveau national, des pressions sont exerc�es sur les pouvoirs publics pour qu�ils prennent des mesures incitant les populations � g�rer durablement les ressources de la nature et de l�environnement. Les mesures que prennent les pays varient selon les probl�mes auxquels ils sont confront�s.
12.9 Les aspects nationaux et internationaux des probl�mes de ressources naturelles et d�environnement ont une incidence importante sur les politiques de d�veloppement en g�n�ral, et sur la s�curit� alimentaire en particulier. Les probl�mes se posant au niveau national peuvent contraindre les pouvoirs publics � op�rer des choix difficiles entre la croissance pr�sente et future et la s�curit� alimentaire. Les dilemmes peuvent �tre particuli�rement aigus dans le secteur agricole (y compris foresterie et p�ches) o� sont concentr�s un grand nombre des probl�mes affectant les pays en d�veloppement. En outre, les accords internationaux restreignent l��ventail des mesures que peuvent prendre les gouvernements pour influencer l�utilisation des ressources naturelles.
12.10 A long terme, les deux objectifs d�utilisation durable des ressources naturelles et de s�curit� alimentaire ne sont pas antinomiques puisque, dans l�avenir pr�visible, la production alimentaire d�pendra des ressources en terres et en eau. Si ces ressources sont d�grad�es, la capacit� de production future sera r�duite et la s�curit� alimentaire mondiale sera compromise, et probablement aussi aux niveaux national et local.
12.11 A plus court terme, les approches, notamment les politiques, que l�on adopte pour satisfaire les besoins alimentaires et garantir les revenus des populations pr�sentes, peuvent avoir des effets n�gatifs sur les ressources n�cessaires � la production et sur l�environnement en g�n�ral. A l�inverse, les mesures prises pour prot�ger les ressources et l�environnement peuvent r�duire la production et les revenus et, partant, la s�curit� alimentaire imm�diate.
12.12 En fin de compte, les politiques doivent avant tout reconna�tre que la d�gradation des ressources a des cons�quences diff�rentes selon les pays et les groupes de population. Pour les pays pauvres, ces cons�quences peuvent �tre tr�s graves car ils sont largement tributaires du potentiel de production de leurs ressources agricoles. Mais il faut bien savoir aussi que toute d�gradation des ressources quelque part sur la plan�te, en particulier dans les principaux pays en d�veloppement exportateurs de produits vivriers, peut rendre plus difficile les probl�mes de s�curit� alimentaire des pays pauvres si elle r�duit le potentiel mondial de production vivri�re.
13.1 Le ch�mage et le sous-emploi ont �t� des ph�nom�nes caract�ristiques des �conomies en d�veloppement (ou du moins, les �conomistes sont g�n�ralement partis de ce principe) et notamment de leurs secteurs agricoles, depuis le d�but de l��poque postcoloniale. Au moins un des premiers mod�les de d�veloppement se fondait sur l�hypoth�se qu�il y avait un exc�dent de main-d��uvre dans le secteur agricole. Mais l�apparition, dans les ann�es 90, de taux de ch�mage relativement �lev�s dans un certain nombre de pays hautement industrialis�s et dans tous les pays en transition constitue un fait nouveau.
13.2 La pr�sence de personnes sans emploi ou sous-employ�es a des effets n�gatifs sur la s�curit� alimentaire. Au sens global, ces personnes repr�sentent des ressources potentiellement productives qui ne contribuent pas � la production totale. Ce gaspillage de ressources r�duit le revenu total et laisse bien entendu les individus touch�s et les personnes qui sont � leur charge sans recettes, ce qui a pour effet de r�duire l�acc�s aux vivres, tant au niveau national qu�� celui des m�nages. Dans la mesure o� c�est surtout dans l�agriculture que ces personnes sans emploi ou sous-employ�es pourraient contribuer � la production, les disponibilit�s totales de vivres s�en trouvent r�duites. Il est �vident que toute diminution du revenu national entra�ne une r�duction de la capacit� d�importations alimentaires. En cons�quence, la sous-utilisation de la main-d��uvre (ou de tout autre ressource) peut r�duire les disponibilit�s alimentaires quelque soit le secteur b�n�ficiant d�un avantage comparatif.
13.3 S�il n�existe pas de consensus global sur les causes du ch�mage et sur les rem�des � employer, les opinions concordent en g�n�ral sur quelques points. Dans les pays d�velopp�s, les politiques et les institutions mises en place au fil des ans pour prot�ger les int�r�ts des travailleurs ont �t� � l�origine d�in�lasticit�s dans le march� du travail et d�une augmentation du co�t de la main-d��uvre. Avec l�int�gration croissante des march�s mondiaux qui deviennent plus concurrentiels, et les changements structurels qui se produisent, les march�s du travail ne sont plus suffisamment souples et efficaces pour red�ployer la main-d��uvre, d�o� un ch�mage structurel. Dans la plupart des pays, la refonte des politiques et des institutions s�av�re un processus lent et douloureux sur le plan politique et, en attendant, on compte sur des dispositifs de s�curit� pour att�nuer l�ins�curit� alimentaire.
13.4 Les pays en transition ont subi une restructuration �conomique et politique sans pr�c�dent, et la plupart du temps, leurs politiques ou leurs institutions �taient tout � fait inappropri�es pour faciliter le fonctionnement d�un march� du travail efficace. Il est donc logique que les r�formes aient entra�n� un ch�mage massif qui a conduit � une ins�curit� alimentaire et � une sous-alimentation graves dans bon nombre de ces pays.
13.5 Les probl�mes d�emploi des pays en d�veloppement, surtout d�Afrique subsaharienne et d�Asie du Sud, sont par bien des aspects plus complexes et insolubles et leurs cons�quences sur la s�curit� alimentaire sont plus directes et plus graves. Le ch�mage et le sous-emploi sont dans une beaucoup plus large mesure concentr�s dans le secteur rural et agricole, et ont, partant, un impact n�gatif direct sur deux dimensions de la s�curit� alimentaire (disponibilit�s vivri�res et acc�s aux vivres). Alors que les travailleurs agricoles sont sans travail ou insuffisamment employ�s pendant une grande partie de l�ann�e, la disponibilit� de main-d��uvre est un s�rieux facteur limitant la production agricole, car les technologies employ�es demandent une main-d��uvre hautement saisonni�re. Outre le fait que les march�s du travail ne sont pas bien d�velopp�s, on a introduit dans l�industrie et le secteur structur� des services, ces m�mes politiques et structures qui, dans les pays d�velopp�s, augmentent la rigidit� des march�s et le co�t de la main-d��uvre, d�o� une diminution des possibilit�s d�emploi saisonnier ou d�emploi non agricole � plein temps pour les populations rurales.
13.6 De nombreux pays ont adopt� des politiques macro�conomiques (telles que sur�valuation des taux de change et subvention des cr�dits et des intrants) qui incitaient � utiliser des technologies permettant de r�duire la main-d��uvre. Enfin, la plupart ont tr�s peu investi dans les services d��ducation ou de sant� pour accro�tre la productivit� et la mobilit� de leurs ressources humaines. En outre, la plupart n�ont pas compris que le fait de garantir une nutrition ad�quate �tait tout autant un investissement en capital humain qu�une d�pense de consommation courante.
14.1 L��volution de l�environnement �conomique mondial a un impact sur la s�curit� alimentaire des pays en d�veloppement dans la mesure o� elle restreint les choix de ces m�mes pays. Dans l��conomie mondiale, les politiques nationales et les instruments servant � les appliquer seront de plus en plus conditionn�s directement ou indirectement par les �v�nements ext�rieurs, la mondialisation, l�int�gration �conomique, les trait�s concernant l�environnement et les ressources naturelles et le processus de lib�ralisation.
14.2 Par exemple, la conditionnalit� des pr�ts, qui n�cessite des r�formes, limite directement les options possibles dans de nombreux pays en d�veloppement. M�me si les pays donateurs n�assortissent pas express�ment leurs pr�ts de conditions, le risque d�une crise �conomique et financi�re contraint les gouvernements des �conomies en d�veloppement � prendre des mesures pour r�duire leurs d�ficits budg�taires et la dette publique en compressant les d�penses de l�Etat ou en augmentant les imp�ts. Dans ce cas, les gouvernements doivent faire des choix politiques difficiles pour r�partir les r�ductions des d�penses entre les diff�rents secteurs de la population. Dans une large mesure, l�allocation des ressources d�pend du pouvoir relatif que les divers groupes sociaux peuvent exercer sur le gouvernement.
14.3 Pour lutter contre la pauvret� et l�ins�curit� alimentaire, la marge de man�uvre des gouvernements est limit�e par le type d�interventions qu�ils sont en mesure d�entreprendre. L�aust�rit� budg�taire et les consid�rations d�efficacit� imposent une limitation s�v�re ou un abandon complet des subventions g�n�rales et des programmes d�assistance qui faussent les incitations du march�. Etant donn� que ces politiques se sont av�r�es contre-productives dans le pass�, d�autres politiques et instruments plus cibl�s seront utilis�s pour promouvoir la s�curit� alimentaire. Pour mettre en �uvre des politiques acceptables de ce type, il faudra supprimer les goulets d��tranglements institutionnels et am�liorer les capacit�s de gestion du secteur public.
14.4 En outre, les organisations non gouvernementales (ONG) et le secteur priv� devront intervenir de fa�on croissante dans l�ex�cution des programmes de s�curit� alimentaire, compte tenu de la contraction des budgets et des services gouvernementaux. De fait, les ONG ont prolif�r� ces derni�res ann�es et beaucoup ont jou� un r�le majeur dans la prestation de services et la mise en �uvre de politiques et de programmes qui �taient ant�rieurement exclusivement du ressort des gouvernements. Bien que la plupart des ONG soient des organismes s�rieux et responsables, elles ne devraient pas toujours �tre consid�r�es comme des substituts fiables de l�Etat.
14.5 Etant donn� que l��conomie mondiale d�bouche sur un renforcement continu de la coop�ration et de l�int�gration �conomiques, les politiques int�rieures seront limit�es par les obligations faites aux pays de se conformer aux disciplines des accords r�gionaux ou internationaux (y compris ceux int�ressant les ressources naturelles et l�environnement) auxquels ils adh�rent. On ne pourra donc utiliser qu�un �ventail plus limit� de politiques int�rieures moins vuln�rables aux manipulations et aux consid�rations politiques. Dans le secteur agricole, ces accords supposent un certain niveau de discipline pour les politiques agricoles int�rieures qui tenteraient de modifier la structure des prix en faveur de l�agriculture. Pour les pays qui y adh�rent, le probl�me est de trouver des m�thodes d�coupl�es peu co�teuses propres � relancer la productivit� du secteur agricole. Ces interventions peuvent notamment viser � am�liorer les infrastructures, la recherche et la vulgarisation et � faciliter la cr�ation d�institutions de march�s et de cr�dit dans les zones rurales.
14.6 L�accentuation des d�s�quilibres d�mographiques et �conomiques entre les pays, et � l�int�rieur m�me de ceux-ci, les guerres civiles et les catastrophes naturelles, les pertes d�emplois lors des transitions vers de nouveaux syst�mes �conomiques et politiques, et l�introduction et le renforcement de syst�mes d�int�gration et de coop�ration �conomiques, ont grandement influ� sur la mobilit� de la main-d��uvre internationale et les mouvements migratoires. Plus de 80 millions de personnes vivent aujourd�hui de fa�on permanente hors de leur pays et 18 millions encore ont �migr� par suite de probl�mes politiques ou de catastrophes naturelles. Chaque ann�e, pr�s de 1 million de personnes �migrent de fa�on d�finitive et 1 million de plus demande l�asile politique. L�aggravation des d�s�quilibres �conomiques entre zones rurales et urbaines a par ailleurs provoqu� un exode rural dans les pays m�mes qui atteint parfois des proportions inqui�tantes.
14.7 Les migrations ont des effets importants sur la s�curit� alimentaire des migrants � qu�ils soient positifs ou n�gatifs � et par-l� m�me sur l��conomie et l�agriculture des zones d�accueil comme des pays d�origine. Bien souvent, l��migration a apport� une contribution importante � la croissance de l�agriculture et de toute l��conomie des pays d�accueil; l�argent que les travailleurs �migr�s envoient chez eux est une source substantielle de revenu, de devises et de formation de capitaux ruraux; de retour chez eux, les �migr�s ont rapport� des connaissances et des �conomies accumul�es � l��tranger. D�un autre c�t�, malgr� un paradoxe apparent, l��migration a souvent cr�� des p�nuries de main-d��uvre et r�duit les activit�s agricoles dans les pays ou les r�gions d�origine. Cela est d� en partie au fait que les personnes qui �migrent ont souvent un niveau d��ducation, des comp�tences et un dynamisme sup�rieurs � la moyenne. L��migration croissante pose aussi des probl�mes graves d�int�gration �conomique et sociale dans beaucoup de pays d�accueil.
14.8 L�aggravation de ces probl�mes oblige � modifier rapidement l�orientation des politiques pour s�attaquer aux racines du probl�me plut�t qu�� ses manifestations. Les mesures qui permettront d�acc�l�rer les progr�s vers la s�curit� alimentaire universelle, des disponibilit�s alimentaires ad�quates, la stabilit� de la production vivri�re et l�acc�s � la nourriture, y compris les initiatives visant � cr�er des entreprises et des emplois durables, peuvent contribuer � r�duire la perte massive de ressources humaines dans les pays en d�veloppement. Elles peuvent aussi aider � limiter les d�penses importantes que les pays d�accueil consacrent � r�duire l�entr�e des �migr�s sur leurs territoires.
15.1 Quels enseignements utiles pour l�avenir peut-on retirer de l�exp�rience des deux derni�res d�cennies? Le monde a profond�ment chang� depuis la Conf�rence mondiale de l�alimentation de 1974. Il peut toutefois �tre utile pour le temps pr�sent d�examiner plusieurs caract�ristiques de l�ancien ordre politique ainsi que les id�ologies qui le sous-tendent. Les objectifs de solidarit� et d�autosuffisance des pays et d�un nouvel ordre �conomique plus juste se manifestent aujourd�hui de plusieurs mani�res. Le principe de solidarit� s�est �largi pour atteindre une dimension mondiale, au fur et � mesure que la prise de conscience de l�interd�pendance des int�r�ts �conomiques s�est accrue. On peut consid�rer que la solidarit� et l�autosuffisance ont �volu� dans une perspective plus vaste de collaboration et d�int�gration intrar�gionale. Quant � l�ordre �conomique plus juste, tout au moins en ce qui concerne le commerce, il devait �tre �tabli gr�ce aux n�gociations r�cemment conclues du Cycle d�Uruguay du GATT et � la cr�ation de l�OMC. Cependant, dans le m�me temps, l�aide publique au d�veloppement est rest�e insuffisante par rapport aux besoins croissants. Les engagements officiels d�aide ext�rieure � l�agriculture et, partant, � la s�curit� alimentaire, ont diminu� en valeur r�elle ces derni�res ann�es.
15.2 Quelques faits nouveaux politiques ont aussi impos� des perspectives radicalement diff�rentes de celles qui s�offraient en 1974. Le principe de non-alignement a perdu de l�int�r�t dans le contexte actuel des relations Est-Ouest et Nord-Sud. Il n�y a plus deux grandes superpuissances rivalisant pour exercer l�h�g�monie sur les pays en d�veloppement. L�objectif de solidarit� entre les pays a fait place � une approche plus pragmatique, et dans les alliances et accords, l�int�r�t de chaque pays est davantage pris en consid�ration. Cette nouvelle approche est illustr�e par le Groupe de Cairns, au sein duquel des pays d�velopp�s et des pays en d�veloppement ont collabor� pour atteindre des objectifs communs de lib�ralisation du commerce.
15.3 La conclusion d�accords de libre-�change entre des pays dont les niveaux de d�veloppement �conomique et de revenu �taient radicalement diff�rents est aussi le signe d�un rapprochement Nord-Sud. L�accord le plus frappant � cet �gard est l�ALENA; des n�gociations sont actuellement en cours pour �largir sa port�e et cr�er d�autres formes d�accords �conomiques et commerciaux Nord-Sud. Les dissensions Nord-Sud ont aussi �t� att�nu�es du fait qu�un certain nombre de pays en d�veloppement qui s�industrialisent rapidement peuvent aujourd�hui revendiquer un statut de pays d�velopp� dans plusieurs domaines importants.
15.4 L��quilibre politique global est aujourd�hui moins polaris� autour d�influences dominantes, ce qui refl�te le poids croissant d�un Japon hautement industrialis�, d�une Europe plus int�gr�e et d�une Asie de l�Est et du Sud-Est dynamique, o� la Chine joue un r�le plus important sur la sc�ne politique et �conomique mondiale.
15.5 Ces faits nouveaux sont le signe d�une am�lioration g�n�rale des relations entre les pays et annoncent de meilleures perspectives pour la s�curit� alimentaire mondiale. L�am�lioration de la s�curit� alimentaire au niveau des pays et des m�nages pose cependant plus de probl�mes dans ce contexte mondial. Le renforcement de la s�curit� alimentaire d�un pays est fortement conditionn� par sa capacit� d�int�grer son �conomie dans la communaut� internationale et de s�av�rer comp�titif dans un monde interd�pendant. L�am�lioration de la s�curit� alimentaire des m�nages d�pend de la capacit� des membres du m�nage � obtenir un meilleur acc�s aux vivres, et est donc fonction de leur acc�s � l�emploi et de leur participation aux avantages d�une �conomie dynamique en croissance. Pour garantir la s�curit� alimentaire des m�nages pauvres dont la situation n�a gu�re de chances de s�am�liorer des dispositifs de protection sociale doivent �tre mis en place.
15.6 Dans le m�me temps, le monde est confront� � des probl�mes extr�mement complexes associ�s aux tendances nationalistes des pays en transition et aux soul�vements provoqu�s par des conflits politiques, religieux et ethniques. Ce processus aggrave l�ins�curit� alimentaire en particulier et l�ins�curit� en g�n�ral. En d�mantelant, sans prendre de risques, un arsenal nucl�aire d�une puissance destructrice d�fiant la compr�hension et en �vitant la prolif�ration dans les nouveaux Etats et ailleurs, on ne r�glera qu�un des aspects du probl�me. En r�alisant et en utilisant les ressources du dividende de la paix de mani�re productive, notamment pour aider les pays � am�liorer leur s�curit� alimentaire, on en r�soudra un autre. Mais il faudra aussi aider les nouveaux Etats � se stabiliser et � consolider leur situation politique et �conomique. Il est fondamental que les 50 derni�res ann�es de paix � travers la crainte c�dent le pas � une nouvelle p�riode de paix � travers le partage des richesses.
15.7 L�environnement international est aujourd�hui plus favorable � la croissance �conomique qu�en 1974. La lib�ralisation du commerce et des march�s financiers, associ�e � la mobilit� des capitaux, incite les pays d�velopp�s comme ceux en d�veloppement � am�liorer leur situation en cr�ant des possibilit�s d�investissement cr�dibles. Mais cela suppose une stabilit� politique et l�existence d�institutions stables et de politiques macro�conomiques qui �vitent les grands d�s�quilibres prolong�s. La cr�ation d�un tel environnement est une t�che ardue � laquelle chaque pays doit s�atteler.
15.8 Dans les pays en d�veloppement, il existe des possibilit�s sp�cifiques d�investissement rentable, car ces pays ont un avantage comparatif pour les activit�s � fort coefficient de main-d��uvre peu qualifi�e. Si l�on contrecarre les tendances des pays d�velopp�s � accro�tre le protectionnisme, sous la pression des probl�mes d�ajustement du march� du travail, ces possibilit�s devraient �tre maintenues car de plus en plus de pays repr�sentent aujourd�hui des lieux d�investissement cr�dibles et stables. L�augmentation des possibilit�s d�emploi et de gains, en particulier pour les travailleurs peu sp�cialis�s, ne peut qu�aider les pays dans leur effort de lutte contre l�ins�curit� alimentaire.
15.9 Tous les pays en d�veloppement ne seront pas en mesure de tirer profit de l�augmentation des possibilit�s d�rivant de la mondialisation de l��conomie, du moins dans le futur imm�diat. Quelques pays sont � la recherche du consensus politique indispensable pour entreprendre des r�formes �conomiques qui risquent de p�naliser quelques int�r�ts internes � court terme; d�autres luttent pour reconstruire leurs �conomies et pour cr�er des institutions et des infrastructures ad�quates. Quelques pays devront compter davantage sur leurs propres efforts, sur les ressources (�pargne) g�n�r�es au niveau national et sur une aide publique pendant encore plusieurs ann�es.
15.10 Les politiques nationales visant � r�soudre les probl�mes int�rieurs continueront d��tre limit�es par les obligations internationales impos�es par des trait�s internationaux, et par les �v�nements qui se produisent dans les march�s mondiaux qui ont une influence de plus en plus grande sur les politiques int�rieures. Les pays pourraient en th�orie s�isoler eux-m�mes de ces influences, mais il est peu probable qu�ils le feront, �tant donn� les cons�quences catastrophiques qu�ont eu les politiques introverties dans le pass�.
15.11 Dans un monde id�al, on peut se demander quels sont les �l�ments d�un ordre sociopolitique et �conomique particuli�rement apte � �liminer l�ins�curit� alimentaire et la sous-alimentation � ou, en d�autres termes, � garantir des vivres pour tous? Il est difficile de s�accorder sur tous les �l�ments d�un ordre aussi id�al, mais il est certain que les conditions suivantes devraient �tre r�unies:
15.12 En derni�re analyse, on peut dire que la s�curit� alimentaire de tout pays doit �tre plac�e sous la responsabilit� et l�autorit� de l�Etat, en collaboration avec les autorit�s locales et avec les groupements et individus concern�s de la soci�t�. Une coordination et une liaison internationales sont n�cessaires. La communaut� et les organisations internationales peuvent �tre utiles mais elles ne peuvent se substituer aux actions ni � la volont� politique du pays lui-m�me de parvenir � la s�curit� alimentaire.
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1 Pour une �tude de l�exemple des Etats-Unis, voir Cassidy (1995).
2 Voir �galement le document du SMA no 4, Besoins alimentaires et croissance d�mographique.
3 Voir aussi Krueger, Schiff et Vald�s (1991); Schiff et Vald�s (1992).
4 Pour un examen plus d�taill�, voir FAO (1993). Voir aussi FAO (1995b), Chapitre 7.
5 Voir Bond (1983).
6 La n�cessit� d�op�rer une restructuration dans les pays d�velopp�s n�a pas toujours �t� une cons�quence des r�formes des politiques. L��volution rapide des technologies a souvent �t� � l�origine du d�clin des industries, devenues obsol�tes. Des changements de ce type peuvent aussi provoquer un ch�mage structurel, car les industries d�laissent progressivement la main-d��uvre non sp�cialis�e au profit d�un personnel hautement qualifi�.
7 Voir aussi le document du SMA no 12, L�alimentation et le commerce international.
8 Pour une analyse plus d�taill�e, voir chapitre 8 de Agriculture mondiale: horizon 2010 (FAO, 1995b). Pour une discussion des effets possibles sur les r�gions en d�veloppement et sur les principaux produits, voir Incidence du Cycle d�Uruguay sur l�agriculture. Rapport pr�sent� � la seizi�me session du Comit� des produits, FAO, Rome (Italie), 3-7 avril 1995 et le document du SMA no 12, L�alimentation et le commerce international.
9 Pour une comparaison entre les dispositions sp�cifiques de l�Accord relatif � l�agriculture et celles des programmes d�ajustement structurel, voir Konandreas (1994).
10 Voir �galement le document du SMA no 12, L�alimentation et le commerce international.
11 Pour plus de d�tails sur les diminutions de la valeur des pr�f�rences par r�gion et par produit, voir Incidence du Cycle d�Uruguay sur l�agriculture (op. cit.).
12 Il n�est pas certain que l�instabilit� des prix d�rivant des chocs de l�offre sera r�duite. Les simulations utilisant le Mod�le alimentaire mondial de la FAO ne font pas appara�tre une r�duction de l�instabilit� des prix � la suite de l�Uruguay Round. Elles ont abouti aux deux conclusions suivantes: �...en l�absence de stocks ad�quats, un d�ficit de la production entra�nera une mont�e en fl�che des prix...� et �...le probl�me persistant de l�instabilit� des cours mondiaux des produits alimentaires devra �tre surveill� attentivement � l�avenir et le r�le des stocks publics et priv�s devra �tre �valu�. Pour de plus amples informations sur les r�sultats des simulations, voir FAO (1995a).
13 Voir Josling (1994) et FAO (1995b).
14 Le Trait� de renforcement des relations �conomiques (CER) qui lie la Nouvelle-Z�lande et l�Australie constitue une exception � cet �gard car il couvre de fa�on exhaustive l�agriculture.
15 Voir Homer-Dixon, Boutwell et Rathjens (1993).
16 Voir le document du SMA no 7, Production vivri�re: le r�le d�terminant de l�eau.