9. R�le de la recherche dans la s�curit�
alimentaire mondiale et le
d�veloppement agricole


Documents d'information technique
FAO, 1996


1. Introduction 

1.1 Parler de s�curit� alimentaire, c�est �voquer l�humanit� et son aptitude � produire des aliments pour se nourrir, � l��chelle de l�individu et de la collectivit� � laquelle il appartient, ainsi qu� � l��chelle des march�s nationaux et internationaux. C�est vouloir que chacun ait la possibilit� mat�rielle et les moyens �conomiques d�acc�der aux aliments, et que la nourriture puisse �tre utilis�e de fa�on appropri�e pour garantir une bonne nutrition. La recherche fait partie int�grante du m�canisme d�envergure mondiale qui se met en place pour faire en sorte que nos connaissances actuelles et notre potentiel intellectuel deviennent le ferment d�un savoir nouveau, adapt� aux enjeux de l�avenir. La recherche en faveur de la s�curit� alimentaire demande � l�homme de mettre son ing�niosit� au service d�un double d�fi: augmenter la production alimentaire et am�liorer l�acc�s aux aliments.

1.2 Il s�agit d� une entreprise colossale. Au cours des 30 prochaines ann�es, la population mondiale devrait s�accro�tre de 2,6 milliards de personnes, dont 97 pour cent vivront dans le monde en d�veloppement. L�augmentation d�mographique en chiffres absolus sera la plus forte en Asie (1,5 milliard) et la plus faible en Am�rique latine et dans les Cara�bes (230 millions) (ECOSOC, 1995). Les projections n�indiquent plus aucun progr�s significatif quant � la diminution du nombre des pauvres, apr�s deux d�cennies d��volution favorable. Cependant, s�il est pr�vu que les chiffres absolus restent quasiment inchang�s, les estimations r�gionales laissent entrevoir de profondes variations (tableau 1).

1.3 Actuellement, la r�gion qui conna�t le plus fort taux de pauvret� est l�Asie du Sud o� 50 pour cent de la population vivent au-dessous du seuil de pauvret�. Suivent l�Afrique subsaharienne avec 19 pour cent, l�Asie de l�Est avec 15 pour cent, l�Am�rique latine et les Cara�bes avec 10 pour cent. Cependant, d�apr�s les pr�visions, la pauvret� devrait augmenter de 40 pour cent en Afrique, qui comptera alors 27 pour cent des pauvres du monde en d�veloppement. Les ruraux pauvres repr�sentent plus de 75 pour cent des pauvres dans de nombreux pays subsahariens et d�Asie du Sud. Les pauvres des zones urbaines sont en l�g�re majorit� en Am�rique latine, bien que les plus pauvres parmi les pauvres se trouvent encore dans les zones rurales. Les �tudes sur la pauvret� rurale identifient les petits exploitants, les paysans sans terre, les femmes, les pasteurs nomades, les p�cheurs artisanaux, les groupes ethniques autochtones et les personnes d�plac�es comme �tant les groupes les plus vuln�rables dans le secteur rural.

Tableau 1: NOMBRE DE PERSONNES VIVANT AU-DESSOUS DU SEUIL DE PAUVRET� EN 1990 ET EN 2000

1.4 Etant donn� l�accroissement des populations et des revenus, la demande commerciale en c�r�ales et en produits de l��levage devrait cro�tre beaucoup plus vite dans les pays en d�veloppement que dans les pays d�velopp�s(IFPRI, 1995). Il est estim� que la demande moyenne en c�r�ales vivri�res par habitant dans les pays en d�veloppement augmentera de 0,4 pour cent par an entre 1990 et 2020 et que la demande en produits de l��levage augmentera de 1,5 pour cent, ce qui suppose un accroissement �quivalent de la demande en c�r�ales fourrag�res.

1.5 La population urbaine dans les pays en d�veloppement devrait s�accro�tre de 4,6 pour cent par an, arrivant � constituer 43 pour cent de la population d�ici � l�an 2025 (ECOSOC, 1995). Cette tendance accentuera le probl�me de disponibilit�s, et de distribution d�aliments. Les revenus de certains segments des populations urbaines sont en train de cro�tre rapidement, ce qui entra�ne une demande nouvelle en hydrates de carbone plus chers et plus diversifi�s, tels que des c�r�ales nobles au lieu des racines et tubercules, et des produits de l��levage, de la p�che, de l�horticulture et de la for�t (�pices). Cependant, la majorit� des citadins, dans la plupart des pays en d�veloppement, continuera d�avoir un pouvoir d�achat limit� et aura donc besoin de se procurer des aliments � faible co�t, faciles � entreposer et dont la pr�paration ne co�te pas trop cher.

1.6 Si l�on s�accorde g�n�ralement � croire que la croissance d�mographique et l��l�vation des revenus feront passer la demande mondiale d�aliments d�ici � 2025 � plus du double des niveaux de production actuels,(McCalla, 1994) les opinions ne concordent pas sur la possibilit� de mobiliser les ressources n�cessaires pour satisfaire � ces besoins. Les estimations classiques donnent bon espoir que l�on puisse y r�pondre � l��chelle mondiale sans augmenter les prix, tandis que d�autres estimations tendent � d�montrer qu�il faudra pour cela entamer le capital de ressources naturelles, au d�triment par cons�quent de la production future. En outre, il semble acquis que certaines r�gions, en particulier l�Afrique subsaharienne, auront du mal � produire suffisamment pour satisfaire leurs besoins alimentaires, qu�il s�agisse des cultures ou de l��levage, des p�ches et des for�ts. Ces pr�visions laissent supposer une hausse forc�e des prix alimentaires r�gionaux qui compromettra dans une certaine mesure les possibilit�s de croissance des revenus.

1.7 Bien que les diff�rentes estimations concernant la demande aboutissent � peu pr�s aux m�mes conclusions, celles qui concernent l�offre alimentaire varient amplement. Toutes les estimations concernant l�offre alimentaire reposent sur l�hypoth�se d�une am�lioration continue de la technologie et du soutien accord� � la recherche afin d�accro�tre la production alimentaire. C�est l�hypoth�se qui est examin�e dans la pr�sente �tude.


2. Evolution de la recherche agricole

2.1 La science et la technologie, � travers les investissements dans la recherche agricole, ont contribu� de fa�on remarquable � la croissance du secteur agricole dans de nombreuses r�gions du monde en d�veloppement. Depuis le milieu des ann�es 60, la production alimentaire mondiale a augment� de 80 pour cent, et plus de la moiti� de cette augmentation s�est produite dans les pays en d�veloppement. L�expansion agricole, rendue possible par l�adoption de la technologie moderne a contribu� � am�liorer la s�curit� alimentaire et � faire reculer la pauvret� dans le monde en d�veloppement.

2.2 Parmi les objectifs de la recherche, doit figurer celui de lib�rer les n�cessiteux et les d�favoris�s du joug de la mis�re et de la faim. Cela traduit une nouvelle appr�ciation du r�le de l�agriculture et de la recherche dans la lutte contre la pauvret�. Selon des th�ories pr�c�dentes, la pauvret� et les pauvres n��taient pas du ressort de la recherche; ils relevaient plut�t du d�veloppement. L�opinion actuelle, qui privil�gie une vision d�ensemble du probl�me, voit l�agriculture comme un facteur important pour stimuler la croissance et consid�re donc la recherche comme un instrument capital pour atteindre les pauvres. Cela a permis de mieux comprendre l�impact de la pauvret� sur les ressources naturelles et sur l�environnement, �nonc� � travers le concept de d�veloppement durable.

2.3Au cours des quatre derni�res d�cennies, les accroissements de rendement des principales c�r�ales vivri�res dans le monde ont �t� consid�rables. Les niveaux de rendement du ma�s, du riz et du bl� ont presque doubl� pendant la p�riode 1960 � 1994 (tableau 2). Ces accroissements de rendement sont largement attribuables � l�am�lioration des vari�t�s, � l�irrigation, � l�utilisation d�engrais et � toute une s�rie de techniques d�am�lioration des cultures et d�am�nagement des ressources. Cela a �t� r�alis� en grande partie dans le cadre de la r�volution verte1. La mise au point de vari�t�s de courte dur�e a permis d�accro�tre la production alimentaire et d�am�liorer, pour les producteurs pauvres, le retour d�investissement sur de co�teux achats d�intrants, tandis que les technologies de cultures et d�am�nagement des ressources ont am�lior� la durabilit� au plan de l�environnement et des ressources. La culture de terres moins aptes gr�ce � de nouvelles vari�t�s v�g�tales (par exemple, des vari�t�s r�sistantes � la s�cheresse) a �galement jou� en faveur de l�augmentation de la production alimentaire (Plucknett, 1993). Il ne faut pas non plus oublier que les innovations dans l�industrie chimique ont entra�n� une baisse du prix des engrais et des autres produits agrochimiques, m�me si les fluctuations des cours mondiaux du p�trole ont une influence sur le prix d�achat pour les agriculteurs. Par des investissements similaires dans l�infrastructure d�irrigation, l�agriculture irrigu�e s�est trouv�e massivement subventionn�e. Les facteurs de production �tant moins chers, les co�ts de production ont baiss� et la production a �t� stimul�e.

 

Tableau 2: Rendements moyens de riz, bl� et ma�s, de 1960 � 1994, par r�gion

2.4 En r�gle g�n�rale, les gains rapides de productivit� ont fait baisser la d�pense alimentaire et ont am�lior� la s�curit� alimentaire, particuli�rement pour les segments vuln�rables de la population. Les pauvres des agglom�rations urbaines ont largement b�n�fici� de cette tendance � la baisse. Dans le cas des Etats-Unis, par exemple, sans les gains de productivit� r�alis�s depuis les ann�es 50, les consommateurs paieraient maintenant approximativement 100 milliards de dollars de plus chaque ann�e (USDA, 1991) pour se nourrir. Une productivit� plus �lev�e a �galement r�duit le taux de conversion des for�ts, des p�turages et des mar�cages en terres destin�es aux cultures vivri�res. Tweeten (1994), par exemple, estime qu�aux Etats-Unis, si l�on utilisait encore la technologie de 1950, il faudrait deux fois plus de terres cultivables pour obtenir l��quivalent de la production actuelle.

2.5 Dans les pays en d�veloppement �galement, la recherche agricole a jou� un r�le important dans l�am�lioration de la s�curit� alimentaire et la diminution de la pauvret� et pour asseoir largement le d�veloppement �conomique. Les solutions technologiques de la r�volution verte ont �t� le r�sultat d�efforts de recherche intenses, et l�impact g�n�ralis� de la recherche agricole sur les pauvres des pays en d�veloppement est attest� par un certain nombre d�indicateurs importants de la s�curit� alimentaire et du d�veloppement �conomique. Citons entre autres:

2.6 La recherche agricole a eu des effets positifs sur l�environnement, surtout gr�ce � une productivit� accrue qui a permis de r�duire l�exploitation des zones marginales. En Inde, par exemple, en appliquant la technologie des ann�es 60, les agriculteurs auraient besoin d�environ 60 millions d�hectares de terres suppl�mentaires pour produire la quantit� de bl� qui est consomm�e aujourd�hui (GCRAI, 1995).

2.7 La recherche agricole a �galement permis de r�duire la d�pendance vis-�-vis de certains produits chimiques utilis�s en agriculture. La recherche sur les questions d�environnement et sur l�utilisation et la conservation des ressources naturelles est cependant plus r�cente; son impact commence tout juste � se faire sentir. Un domaine d�activit� plus avanc� est celui de la protection int�gr�e (PI), qui donne de nombreux r�sultats positifs. Les PI dans plusieurs pays d�Asie ont fait baisser consid�rablement l�utilisation de pesticides et ont en r�alit� accru les rendements rizicoles (IRRI, 1995). Une �tude r�cente du Centre international d�agriculture tropicale (CIAT) montre que les planteurs de haricots des r�gions andines de Colombie, d�Equateur et du P�rou peuvent r�duire l�utilisation d�insecticides de 70 pour cent sans faire baisser le rendement des cultures (IFPRI,1996). La protection int�gr�e a montr� des r�sultats prometteurs dans la lutte contre le charan�on de la pomme de terre au P�rou et dans de nombreux autres pays. L�application de l�effort de recherche dans le cadre de la PI a souvent �t� au centre de la mise en �uvre �largie d�autres r�sultats de recherche appartenant aux sciences biologiques et sociales, par exemple � travers les principes de l��cole de terrain des agriculteurs de la FAO utilis�s en Asie du Sud-Est.

2.8 M�me dans les r�gions pluviales moins am�nag�es, plus diversifi�es et plus sujettes � risque, la recherche agricole a remport� des succ�s importants. Des vari�t�s am�lior�es de c�r�ales, de manioc, de sorgho et de ni�b� sont largement utilis�es dans les pays en d�veloppement et ont eu un impact important sur la production alimentaire, aussi bien � des fins de rapport que de subsistance. Les zones pluviales plant�es en vari�t�s � haut rendement (VHR) de c�r�ales d�passent en effet en surface les zones irrigu�es consacr�es � ces vari�t�s (Byerlee, 1993). Cependant, l�augmentation de la productivit� agricole dans certains de ces contextes difficiles n�a pas suivi la croissance d�mographique, et les ressources naturelles sont soumises � une pression toujours plus frande pour subvenir aux besoins d�un nombre important et croissant de pauvres.

2.9 La recherche agricole a am�lior� consid�rablement la condition �conomique des producteurs comme des consommateurs, en �levant la productivit�. Les investissements dans la recherche agricole ont rendu possibles les perc�es technologiques qui ont permis d�am�liorer la s�curit� alimentaire dans le monde. Sans de tels investissements, les co�ts alimentaires auraient mont�, provoquant une �rosion de la s�curit� alimentaire pour ceux dont le pouvoir d�achat est faible. De m�me, faute d�investir suffisamment dans la recherche � l�avenir, le processus de r�alisation de la s�curit� alimentaire, de lutte contre la pauvret� et de d�veloppement �conomique sera gravement compromis.

Tableau 3: Taux de rendement de la recherche agricole dans les pays en d�veloppement

Les rendements de la recherche agricole

2.10 Les taux de rendement des investissements r�alis�s dans la recherche agricole ont �t� impressionnants. Les estimations les situent g�n�ralement dans une fourchette de 20 � 190 pour cent pour les pays en d�veloppement (tableau 3). Une comparaison par produit indique que les taux de rendement de la recherche sur le ma�s ont �t� tr�s �lev�s, soit 191 pour cent en Am�rique du Sud et 78-91 pour cent au Mexique. Les taux de rendement de la recherche rizicole en Inde et en Indon�sie sont de l�ordre de 60 � 65 pour cent. Les taux de rendement de la recherche sur le bl� ont d�pass� 50 pour cent dans les pays en d�veloppement. M�me pour les cultures de moindre implantation, telles que le ni�b�, les investissements dans la recherche ont eu de bons rendements, � un taux de 60-80 pour cent. Ce taux �lev� indique que le profit tir� des investissements justifie amplement les co�ts de la recherche.

2.11 Plusieurs �tudes ont tent� de montrer l�impact de la recherche agricole sur diff�rents indicateurs de s�curit� alimentaire. Rosegrant, Agcaoili et Perez (1995) ont montr� que, si les donateurs internationaux devaient supprimer tout le financement de la recherche agricole nationale et internationale, la production de c�r�ales vivri�res tomberait de 10 pour cent et le nombre des enfants souffrant de malnutrition augmenterait de 50 millions (32 pour cent) dans les pays en d�veloppement. D�autre part, si le financement des donateurs devait s�accro�tre de 50 pour cent, la production de c�r�ales vivri�res augmenterait de 40 pour cent et le nombre des enfants atteints de malnutrition diminuerait de 46 millions (30 pour cent).

2.12 La recherche agricole internationale a �volu� dans le temps. Au d�part, elle portait surtout sur les aspects li�s � la production, se concentrant sur l�am�lioration des cultures en intervenant sur les semences gr�ce � des technologies qui ont permis d�accro�tre les stocks de riz et de bl�, malgr� un taux d�adoption irr�gulier. Cela a d�clench� une autre �tape centr�e sur la recherche des contraintes s�exer�ant sur les syst�mes de petite �chelle et a �largi le champ de l�analyse de fa�on � inclure l�environnement humain et physique o� devaient s�implanter ces technologies. Ce contexte analytique plus large et l�impact sur la soci�t� de la d�gradation croissante de l�environnement ont entra�n� une r�flexion sur les ressources naturelles, et plus particuli�rement sur leur conservation. Derni�rement, en reconnaissance du fait que la durabilit� des ressources naturelles ne saurait �tre recherch�e ind�pendamment ou � l�encontre des int�r�ts des pauvres, surtout des ruraux pauvres, l�accent se d�place vers les liens entre la pauvret�, l�environnement et l�agriculture, tandis que la lutte contre la pauvret� devient le lien primordial entre la production agricole et la d�gradation de l�environnement.

2.13 Aux taux actuels de croissance d�mographique, les pays en d�veloppement disposeront de moins en moins de terres cultivables par habitant et d�un acc�s de plus en plus limit� aux for�ts, aux parcours et aux ressources de la p�che. En Asie par exemple, les disponibilit�s de terres arables, qui sont actuellement de 0,15 ha par habitant, devraient, si l�on en croit les pr�visions, tomber � 0,09 ha seulement d�ici � 2025 (GCRAI, 1995). Si le r�tr�cissement du capital en terre et sa d�gradation pr�occupent un grand nombre de personnes, tr�s peu d��tudes chiffrent l�impact de la d�gradation sur la production, en particulier dans les pays en d�veloppement, et celles qui sont disponibles renferment des pr�dictions extr�mement diverses.

2.14 La disponibilit� en eau repr�sente elle aussi un probl�me croissant. Il a �t� not� que l�agriculture dans le monde en d�veloppement utilise quelque 70 pour cent de l�eau douce disponible et serait apparemment responsable d�une grande partie du gaspillage et de la contamination de l�eau. Comme pour les sols, il existe tr�s peu d�informations exactes sur l�utilisation efficace de l�eau et sur l�optimisation de cette utilisation.

2.15 Ces incertitudes au sujet de l�ampleur et des causes de la mauvaise utilisation de la terre et de l�eau et de son impact sur l�agriculture, la sant� et les autres secteurs, peuvent d�couler d�analyses qui mettent l�accent sur le changement par rapport � l��tat naturel. Cependant, on s�accorde de plus en plus � penser que l�utilisation productive de la terre et de l�eau n�est pas inh�rente aux �cosyst�mes, mais d�pend de qualit�s biophysiques latentes qui interagissent avec les d�cisions humaines (Turner et Benjamin, 1994). Il est n�cessaire de savoir qui prend les d�cisions concernant l�utilisation et de comprendre pourquoi et comment elles sont prises. Les interpr�tations de ces d�cisions et de leur impact par les diff�rents utilisateurs de ces ressources peuvent diverger autant que celles qui se fondent sur les connaissances traditionnelles ou scientifiques.

2.16 Dans cette discussion, il ne faut pas perdre de vue un point capital: en p�riode de restrictions financi�res, il reste important pour les bailleurs de fonds de la recherche agricole d��tre conscients du fait qu�il existe plusieurs voies qui, potentiellement, peuvent mener � une production alimentaire accrue. Les rendements des investissements consacr�s � la recherche d�pendront du contexte productif dans lequel s�op�re cette recherche, des chances de succ�s de l�effort de recherche dans ce contexte et des valeurs �conomiques, sociales et �cologiques attribu�es � la mise en �uvre �ventuelle des r�sultats de la recherche.

2.17 Si nous consid�rons que la productivit� agricole est l�objectif de la recherche (d�fini dans un contexte de durabilit�), nous pouvons �noncer quatre options possibles:

2.18 Bien que les statistiques disponibles ne permettent pas d�extraire facilement des chiffres pr�cis, tout porte � croire que sur les 800 millions de personnes qui souffrent d�ins�curit� alimentaire, pr�s de la moiti� vit dans des r�gions de terres � fort potentiel et l�autre moiti� dans des r�gions de terres � faible potentiel.


3. R�percussions sur le financement et les r�formes institutionnelles

Tendances r�centes du financement de la recherche agricole

3.1 La principale difficult� rencontr�e par le syst�me public de la recherche, ces derni�res ann�es, a �t� la diminution progressive et le manque de stabilit� des affectations de cr�dit. Apr�s une croissance importante pendant les ann�es 60 et 70, la croissance des investissements dans la recherche agricole s�est ralentie dans les ann�es 80 et stagne depuis 1990.

3.2 Les investissements internationaux dans le domaine de la recherche agricole, principalement de sources multilat�rales et bilat�rales, ont �galement diminu� dans les ann�es 80 et 90 par suite des difficult�s budg�taires des pays d�velopp�s. Le ralentissement des investissements dans la recherche agricole refl�te une tendance plus g�n�rale de moindre int�r�t pour l�agriculture. Les engagements multilat�raux en faveur de l�agriculture ont baiss� de 50 pour cent entre 1986 et 1993, tandis que l�aide bilat�rale a diminu� de 20 pour cent (FAO, 1995b).

3.3 La Banque mondiale est devenue une grande source de financement ext�rieur pour la recherche agricole. Cette tendance est pr�occupante parce que la Banque mondiale reste malgr� tout une institution de financement en gros. La Banque mondiale ne dispose pas des ressources humaines dont aurait besoin une institution ext�rieure pour soutenir les changements institutionnels complexes et profonds qui sont n�cessaires. Le processus du d�veloppement institutionnel et de recherche scientifique n�cessite une d�marche prudente pr�voyant une interaction extensive sur les questions scientifiques institutionnelles.

3.4 Les syst�mes nationaux de recherche agricole (SNRA) dans les pays en d�veloppement ont besoin de cr�dits et sont confront�s � un d�ficit de plus en plus diffus de leurs budgets op�rationnels, qui fait que les chercheurs sont souvent beaucoup moins productifs qu�ils ne pourraient l��tre. Les d�penses r�elles par chercheur ont d�clin� consid�rablement dans les ann�es 80 dans toutes les r�gions en d�veloppement. L�intensit� de la recherche reste maintenant autour de 0,5 pour cent ou moins dans la plupart des pays en d�veloppement (tableau 4); par contre, les niveaux des pays d�velopp�s varient de 2 � 4 pour cent.

3.5 Une incertitude croissance au sujet de la stabilit� des niveaux de financement accord�s par les donateurs pose un probl�me suppl�mentaire au syst�me public de la recherche, rendant extr�mement difficile la planification et la formulation de programmes � moyen terme. Le financement assorti de conditions, les promesses d�engagement ou le soutien financier li�s � des activit�s de recherche pr�cises et ponctuelles font que le programme de recherche se conforme aux perspectives de financement plut�t qu�� un ensemble de priorit�s coh�rentes. Dans le cas des programmes internationaux, cela peut occasionner des distorsions et des remaniements des programmes selon les besoins du moment pour satisfaire aux pr�f�rences des donateurs. Cette pratique emp�che de poursuivre s�rieusement des objectifs de recherche prioritaires et de longue haleine, choisis pour leur valeur intrins�que.

Tableau 4: D�penses de recherche agricole, taux d�intensit� de la recherche agricole, et d�penses par chercheur dans diff�rentes r�gions, 1961-1991

3.6 Le soutien financier � la recherche publique est devenu l�objet d�orientations ambivalentes pour des raisons vari�es. Les restrictions budg�taires forc�es, la baisse d�int�r�t des donateurs envers les projets dans le secteur de l�alimentation et de l�agriculture, le scepticisme des d�cideurs doutant du r�le que peut jouer la recherche pour r�soudre les probl�mes agricoles des pays en d�veloppement, ainse qu�un jugement optimiste sur la situation alimentaire mondiale, sont autant de facteurs qui ont contribu� � la baisse des engagements financiers en faveur des syst�mes de recherche. La baisse des prix internationaux des produits agricoles (du moins jusqu�� tout r�cemment) et les conflits entre les questions agricoles et les probl�mes d�environnement ont �galement provoqu� le recul de l�agriculture dans les pr�occupations politiques. Le fait que la surproduction et les litiges concernant les subventions aient �t� au centre du d�bat sur la politique nationale agricole dans de nombreux pays donateurs industrialis�s a souvent d�tourn� l�opinion des probl�mes pressants de s�curit� alimentaire dans les pays en d�veloppement.

3.7 Bien que les donateurs aient fourni un effort louable de soutien � la recherche agricole par le pass�, le long d�lai qui s�pare le renforcement des capacit�s institutionnelles et le moment o� l�impact de la recherche se fait sentir signifie que les donateurs ont peut-�tre l�impression qu�ils n�ont pas un retour d�information suffisant sur leurs investissements et ne sont donc pas encourag�s � renouveler leur aide. Cependant, un soutien ad�quat aux syst�mes nationaux de recherche agricole des pays en d�veloppement pour leur permettre d�utiliser la capacit� de recherche existante et nouvellement mise en place, et pour �tablir les structures locales essentielles pour l�adaptation et le transfert de technologie, sera un �l�ment important dans la promotion de la s�curit� alimentaire mondiale.

3.8 La mobilisation des ministres de l�agriculture en vue de soutenir la recherche agricole publique internationale gr�ce au renouvellement du syst�me du GCRAI par la D�claration de Lucerne de f�vrier 1995 constitue un point de d�part important pour �largir le dialogue en y associant par la suite ministres des finances et chefs d�Etat. Le Sommet mondial de l�alimentation offre l�occasion de faire ressortir le besoin imp�ratif d�engagements politiques et financiers � l��chelle nationale et r�gionale. Ce serait important pour axer l�attention sur les investissements dans le domaine de la recherche.

3.9 L�agriculture moderne dans les pays en d�veloppement a grandement b�n�fici� d�investissements priv�s dans la recherche. Certaines des premi�res initiatives qui devaient donner naissance � la recherche agricole ont �t� men�es dans l�industrie chimique, par exemple l�industrie des engrais. De m�me, pour la protection phytosanitaire, le secteur v�t�rinaire, la m�canisation, la s�lection v�g�tale et les am�liorations g�n�tiques des porcs et des volailles, l�industrie priv�e a jou� un r�le primordial dans la croissance et l�efficacit� de l�agro-industrie. La transformation des aliments a �galement �t� l�objet d�intenses efforts de recherche priv�e, avec des retomb�es int�ressantes pour une meilleure connaissance des probl�mes de production agricole. La lib�ralisation des �conomies des pays d�velopp�s a renforc� le r�le que jouera le secteur priv� dans la recherche agricole, face au r�tr�cissement du secteur public. Le secteur priv� est �galement devenu important dans certains pays, en particulier d�Asie et d� Am�rique latine, en mettant l�accent sur les engrais, la protection phytosanitaire, la m�decine v�t�rinaire et la m�canisation ainsi que sur les cultures de rente et les produits d�exportation. Les initiatives de lib�ralisation dans les pays en d�veloppement feront �galement na�tre de graves questions touchant � l��quilibre entre la recherche agricole financ�e par l�Etat ou par le secteur priv�, particuli�rement pour les aliments de base dont d�pendent les personnes vuln�rables du point de vue de la s�curit� alimentaire. Il semble y avoir dans les milieux internationaux un consensus selon lequel l�essentiel de la recherche en ce qui concerne les cultures vivri�res importantes doit rester du ressort du domaine public.


4. L'environnement scientifique

4.1 Les �valuations �conomiques continuent d�indiquer des rendements financiers et sociaux �lev�s pour les investissements r�alis�s dans la recherche agricole. Bien qu�un d�bat soit en cours � propos des m�thodes utilis�es pour effectuer ces �valuations et qu�une certaine surestimation ne soit pas exclue, les rendements calcul�s se maintiennent toujours � un niveau assez haut pour qu�on puisse se convaincre que la recherche agricole est un excellent placement. Malgr� ces rendements �lev�s dont la litt�rature fait �tat, les investissements dans la recherche agricole n�augmentent plus depuis un certain temps. Mais renoncer � des investissements aussi profitables que ceux de la rechercher agricole ne para�t pas tr�s judicieux pour des pays qui s�efforcent de lutter contre la pauvret� et l�ins�curit� alimentaire.

4.2 Pour ce qui est des mesures prises individuellement par les pays au cours de la derni�re d�cennie, le soutien du secteur public pour l�agriculture et la recherche agricole a baiss� en termes r�els pratiquement partout (Pinstrup-Andersen, 1995b). Les pays d�velopp�s ont r�duit la part de fonds publics destin�s � ces activit�s, et les accroissements nominaux dans certains budgets ont �t� plus que neutralis�s par l�inflation. En m�me temps, les institutions d�aide au d�veloppement ont �galement r�duit leur soutien � l�agriculture des pays en d�veloppement. Les m�mes tendances sont �videntes dans tous les pays en d�veloppement � de rares exceptions pr�s.

4.3 Ces effets sont partiellement compens�s par des augmentations qui touchent certains domaines de recherche du secteur priv�. Malgr� cela, les investissements dans la recherche sur les biens publics ont diminu� sensiblement � l��chelle mondiale. D�autre part, la plus grande source d�optimisme est sans doute l�apparition de capacit�s de recherche propres � des groupements r�gionaux ou � des structures nationales qui laissent esp�rer un renforcement des institutions de recherche dans les pays en d�veloppement. Ces groupements faciliteront aussi la canalisation des ressources � partir des centres internationaux. Dans le cadre des groupes r�gionaux, on reconna�t de plus en plus l�utilit� des organisations non gouvernementales (ONG) pour diffuser l�information, adapter la recherche appliqu�e aux besoins des usagers et renforcer l�action au niveau des communaut�s qui est importante pour l�am�nagement des ressources naturelles.

Les perspectives offertes par la science

4.4 Pour que la recherche serve de point d�appui dans la r�solution du probl�me de la s�curit� alimentaire, il convient d�en examiner le fondement scientifique. La recherche agricole a souvent �t� � la pointe des sciences biologiques, statistiques et sociales, montrant la voie pour des applications dans d�autres domaines de recherche. Certains des plus grands noms de la science ont �t� �troitement associ�s � l�agriculture: Gregor Mendel, R.A. Fischer, Paul Samuelson et bien d�autres. La recherche agricole d�aujourd�hui s�inspire en grande partie des sciences naturelles et biologiques de pointe dans les sciences sociales appliqu�es, et d�utiles partenariats ont vu le jour, dont l�agriculture peut tirer avantage. O� la recherche agricole nous m�nera-t-elle dans les trois prochaines d�cennies et quels seront les ingr�dients qui formeront la base de nos efforts pour donner � tous la s�curit� alimentaire? Devant nous, s�ouvrent quelques perspectives passionnantes, dont certaines m�ritent notre attention.

4.5 Les cartes de g�nomes (utilisant des instruments de la biologie mol�culaire et des m�thodes biom�triques pour r�sumer des concepts de la g�n�tique classique) sont reconnues comme un moyen d��tude pr�cieux pour am�liorer le mat�riel g�n�tique. Les �tudes sur la g�n�tique des c�r�ales et l��laboration de cartes physiques sont maintenant en cours aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. L�une des d�couvertes stup�fiantes de ces activit�s est que l�ordre des s�quences d�ADN dans les g�nomes du riz, du ma�s, du bl�, de l�orge, du seigle, du sorgho et du millet d�Italie sont tr�s semblables. Bien que ces esp�ces aient �volu� s�par�ment pendant des millions d�ann�es, leurs g�nomes ont conserv� des g�nes colin�aires. La cons�quence pratique de cette d�couverte est que les connaissances sur le riz sont utilisables, par exemple, dans la s�lection du bl�. Le riz poss�de un tr�s petit g�nome (celui de l�un quelconque des g�nomes du bl� est 15 fois plus gros), ce qui fait qu�il est plus facile de trouver les g�nes sur la carte du riz que sur celle du bl�. Dans la pratique, on peut consulter la carte du riz pour trouver les g�nes d�importance commerciale; si ces derniers sont pr�sents dans le riz, le g�ne �quivalent peut �tre rep�r� dans la section correspondante de la carte du bl�. La m�me m�thode peut �tre utilis�e pour s�lectionner d�autres esp�ces du groupe des c�r�ales, la g�n�tique rizicole pouvant servir, par exemple, pour le ma�s et le sorgho.

4.6 On poss�de d�j� des r�sultats montrant une colin�arit� entre les g�nes des l�gumineuses. Par cons�quent, les principes qui sont valables pour les c�r�ales devraient bient�t �tre appliqu�s, par exemple, � Phaseolus (haricots), Vigna (ni�b�s) ou Lens (lentilles). En outre, m�me sans colin�arit�, la carte du g�nome humain peut servir pour rep�rer les g�nes sur les cartes d�animaux domestiques.

4.7 D�autres possibilit�s naissent �galement de la cartographie d�taill�e, surtout pour les g�nes qui influent sur les propri�t�s quantitatives et la r�sistance aux maladies. Les locus des caract�res quantitatifs sont des g�nes qui contribuent � l�expression de caract�res variables, tels que le rendement ou la hauteur. Ces g�nes sont rep�r�s sur la carte, et les all�les positifs (de croissance) ou n�gatifs (de diminution) du g�ne sont identifi�s. L�accumulation dans une m�me lign�e v�g�tale ou animale s�lectionn�e des locus de caract�res quantitatifs influant positivement sur le rendement augmentera le potentiel de rendement de la lign�e. Les r�sultats de ce processus apparaissent d�j� pour certaines cultures de base.

4.8 Lorsque deux ou plusieurs g�nes conf�rent une r�sistance � la m�me souche d�une maladie, il est normalement impossible de savoir si un seul ou plusieurs g�nes porteurs de r�sistance sont pr�sents. Mais en �tiquetant les g�nes au moyen de marqueurs, il est possible de s�lectionner des g�notypes renfermant plusieurs g�nes dispos�s en pyramides. La pr�sence de plus d�un g�ne de r�sistance emp�chera une rupture de r�sistance en cas de modification g�n�tique int�ressant la virulence de l�agent pathog�ne. Ainsi, la r�sistance sera mieux assur�e dans le temps.

4.9 La technologie de l�acide nucl�ique am�liorera �galement la recherche sur la microbiologie des sols. La composition de la population des micro-organismes peut �tre pr�cis�e pour tout type de sol. Cela permettra de faire des pr�dictions plus exactes sur la fa�on d�am�nager les sols pour am�liorer la productivit� actuelle sans compromettre la durabilit� des ressources naturelles.

4.10 Depuis une dizaine d�ann�es, on fonde de grands espoirs sur les cultures transg�niques obtenues par l�introduction de g�nes �trangers, car des avantages consid�rables s�ensuivraient pour les agriculteurs des pays en d�veloppement. Ces produits de la g�n�tique sont int�ressants � deux titres: ils devraient augmenter la productivit� en fournissant une r�sistance accrue aux maladies et aux insectes; cela entra�nerait un autre avantage pour l�environnement, celui de r�duire l�utilisation de substances chimiques phytosanitaires. Les tentatives d�exploitation d�organismes manipul�s g�n�tiquement (OMG) ont cependant �t� entrav�es par une prudence justifi�e de la part des gouvernements dans l��laboration de normes r�gissant les conditions dans lesquelles ces organismes peuvent �tre lib�r�s. En effet, il est essentiel de respecter la gravit� de ces questions au plan de l��thique et de la pr�vention des risques biologiques. On peut toutefois raisonnablement s�attendre � ce que, dans un avenir proche, davantage de pays autorisent une utilisation � des fins agricoles.

4.11 Les r�sultats de la technologie des OMG en agriculture sont difficiles � pr�voir avec exactitude; la sagesse commande la prudence tant que l�on ne conna�tra pas mieux ce ph�nom�ne appel� �inactivation des g�nes�. Lorsqu�un g�ne import� est inactiv�, bien qu�il soit toujours pr�sent dans le g�nome de l�organisme receveur, il n�est pas exprim�. L�inactivation se produit souvent lorsque le g�ne introduit a un produit similaire � celui du g�ne du receveur. Les informations qui commencent � sortir sur la production et l�utilisation des organismes transg�niques devront rendre compte des probl�mes d�inactivation des g�nes.

4.12 Dans le domaine de l�am�nagement des ressources naturelles, les choix sur l�utilisation des terres2 r�sultent de processus complexes de prise de d�cision faisant intervenir des informations sur les sols, le climat, la v�g�tation, l�emplacement, l�infrastructure, les utilisations potentielles, les march�s et les ressources �conomiques disponibles. Les progr�s accomplis dans la mise au point et l�application des techniques de syst�mes d�information g�ographique (SIG) influenceront l��volution future de la compr�hension et de la gestion des processus li�s � l�utilisation des ressources en terre pour l�agriculture, les for�ts et les p�ches. Les SIG sont des logiciels con�us pour traiter et afficher des donn�es spatiales. En plus des cartes informatis�es, le SIG accepte, organise, analyse du point de vue statistique et affiche divers types de donn�es spatiales qui sont class�es num�riquement dans un syst�me de r�f�rence unique. Au fur et � mesure, chaque s�rie de donn�es est regroup�e dans un segment de recouvrement et de nouvelles s�ries de donn�es peuvent �tre cr��es en combinant les divers segments. Cela permet au chercheur de �voir� les interactions et d�adopter, pour �tudier les probl�mes de durabilit�, une d�marche interdisciplinaire o� la production est toujours rapport�e � l�environnement.

4.13 Le regain d�importance de l�am�nagement des ressources naturelles appelle l��largissement du cadre conceptuel qui incorpore les donn�es brutes, les informations et les connaissances concernant la recherche sur l�utilisation des terres pour l�agriculture, les for�ts et les p�ches. Par convention, les scientifiques ont utilis� les syst�mes de production comme �l�ment central de cette int�gration, en partageant ces informations avec leurs coll�gues. Mais la coop�ration entre les institutions occup�es � �laborer un programme de recherche commun gagnerait beaucoup � ce que les divers syst�mes de gestion de l�information soient reli�s entre eux. Cela devrait donc faire explicitement partie du processus de recherche.

4.14 La recherche dans le domaine des sciences sociales offre �galement de nouvelles possibilit�s. De nouvelles perceptions concernant le d�veloppement et le r�le des institutions susceptibles de travailler sur des th�mes tels que le domaine public sont prometteuses. La r�flexion sur l��valuation des ressources renforcera le travail sur la gestion des ressources naturelles de m�me que les nouvelles activit�s en faveur de la recherche participative.

4.15 Dans le cadre du concept de progr�s de la recherche, deux questions particuli�res offrent des possibilit�s mais imposent en m�me temps des contraintes � l�agronomie: les droits de propri�t� intellectuelle et l�impact de la technologie de l�information.

Droits de propri�t� intellectuelle

4.16 Les droits de propri�t� intellectuelle (DPI) conf�rent � l�inventeur des droits exclusifs sur l�utilisation d�inventions pendant une p�riode d�termin�e. L��largissement des DPI aux plantes et aux animaux a contribu� au d�veloppement de la recherche du secteur priv� dans le domaine de la s�lection v�g�tale et de la biotechnologie, ces derni�res ann�es. Aux Etats-Unis, par exemple, les investissements priv�s pour la recherche sur la s�lection v�g�tale sont pass�s de moins de 25 millions de dollars en 1960 � plus de 470 millions de dollars en 1994 (Fuglie, Klotz et Gill, 1996). Le secteur priv� poss�de 80 pour cent des nouvelles vari�t�s v�g�tales (Ibid). Les progr�s r�cents de la biotechnologie renforceront probablement la participation du secteur priv� au d�veloppement de techniques agricoles pouvant �tre c�d�es au public commercialement.

4.17 Les scientifiques et les responsables de la recherche dans les pays en d�veloppement sont de plus en plus pr�occup�s par la question des droits de propri�t� sur les ressources g�n�tiques. Les droits de propri�t� intellectuelle pourraient ralentir le transfert des vari�t�s de cultures am�lior�es et des races animales vers les pays pauvres en d�veloppement qui n�ont pas les moyens d�acheter la technologie et vers les pays o� les DPI ne sont pas strictement applicables pour des raisons politiques. Ces avanc�es technologiques, coupl�es avec des r�formes des march�s, risquent de creuser le foss� �conomique entre les pays qui peuvent se permettre d�acheter de nouvelles vari�t�s v�g�tales et des techniques commercialis�es par le secteur priv� et ceux qui ne peuvent pas.

4.18 La r�ussite de la quatri�me Conf�rence technique internationale sur les ressources phytog�n�tiques, organis�e par la FAO � Leipzig (Allemagne) en juin 1996, permet d�esp�rer que les membres de la communaut� internationale se rapprochent d�un consensus sur ces questions.

Technologie de l�information

4.19 Alors que les syst�mes de production deviennent plus complexes avec l�introduction de nouvelles technologies, les connaissances et les informations sont devenues des ressources importantes. Ceux qui ont acc�s � l�information et ont la capacit� de la comprendre auront un avantage comparatif et pourront choisir des technologies appropri�es et diminuer leurs co�ts. L�information est extr�mement importante dans la gestion de ressources rares, telles que l�eau, dans un contexte de restriction et de rivalit� croissantes. Les syst�mes de communication modernes (par exemple, la t�l�vision, la radio, le t�l�phone, la t�l�copie et Internet) permettent de survoler les obstacles physiques et bureaucratiques � la diss�mination des r�sultats de la recherche. Ils acc�l�rent les �changes d�information entre les chercheurs et les administrateurs.

4.20 Les informations qui provenaient plut�t du secteur public proviennent maintenant de plus en plus du secteur priv�, et ce ph�nom�ne a �galement des incidences sur la s�curit� alimentaire puisque certains pays peuvent se procurer les informations et d�autres pas. Dans certains pays en d�veloppement, (par exemple, Argentine, Br�sil, Inde et Philippines), les fournisseurs priv�s d�intrants, qui peuvent tirer parti des syst�mes modernes de communication, deviennent une source importante d�informations pour les agriculteurs. A l�avenir, les syst�mes technologiques universels devront utiliser ces syst�mes d�information priv�s pour optimiser les transferts de technologie.

4.21 Bien que la technologie de l�information soit devenue moins ch�re, les pays en d�veloppement n�ont pas encore l�infrastructure requise pour l�utiliser efficacement. Ils doivent envisager des investissements infrastructurels, notamment pour le r�seau t�l�phonique, l��lectricit�, les routes praticables en toute saison et l�enseignement, avant de pouvoir b�n�ficier des innovations dans ce domaine.

4.22 Dans ce contexte, la cr�ation d�institutions �lectroniques ad hoc (Hart, 1994) autour de programmes de recherche sp�cifiques pourrait faciliter le d�veloppement d�un partenariat r�gional et mondial, tel qu�envisag� dans le processus de renouvellement du GCRAI. Ces institutions virtuelles serviraient de courtiers de l�information, utilisant activement les ressources d�information �lectronique disponibles (par exemple, bases de donn�es reli�es selon des rapports client/serveur) et les services connexes (courrier �lectronique, serveurs de listes, conf�rences �lectroniques, etc.) pour rapprocher des institutions r�elles. Leur r�le est de cr�er de nouvelles possibilit�s de partenariat en aidant les institutions � nouer des contacts et � choisir ensuite le syst�me �lectronique et les serveurs les plus appropri�s, reli�s aux r�seaux qui les int�ressent.


5. Le programme de la recherche agricole pour la prochaine d�cennie

5.1 Ce chapitre (largement fond� sur GCRAI/CCT, 1996 a, b, c) sch�matise les p�les probables de la recherche portant, d�une part, sur les produits importants directement concern�s par le grand d�fi lanc� � la production en faveur de la s�curit� alimentaire et, d�autre part, sur d�autres �l�ments qui int�grent les sciences naturelles et sociales dans un programme de recherche �largi sur la s�curit� alimentaire.

Les cultures

5.2 Les cultures et leurs produits fournissent environ 52 pour cent de la valeur totale de la production de l�agriculture, des for�ts et des p�ches dans les pays en d�veloppement. En Asie, cette part repr�sente 59 pour cent, en Afrique subsaharienne 41 pour cent, en Am�rique latine et dans les Cara�bes 42 pour cent, au Proche-Orient et en Afrique du Nord environ 51 pour cent.

C�r�ales

Riz

5.3 Mondialement, le riz est la culture la plus importante de par sa place dans l�alimentation et la valeur de sa production. Sur les 146 millions d�hectares moissonn�s dans le monde en 1994, quelque 142 millions d�hectares se trouvaient dans les pays en d�veloppement, avec une production de 506 millions de tonnes de paddy. L�Asie, qui est le principal producteur, repr�sente 93 pour cent de la production des pays en d�veloppement. Seuls 4 pour cent environ de la production rizicole mondiale p�n�trent sur le march� international.

5.4 Si la demande maintient son �volution, la production mondiale de riz devra s�accro�tre de 21 pour cent d�ici � 2005 et de 65 pour cent d�ici � 2025 (1,7 pour cent par an). Cette �l�vation consid�rable et constante de la demande n�cessitera un effort concert� de recherche pour poursuivre la mise au point de techniques de production am�lior�es. La r�volution verte du riz sugg�re que le taux de rendement des investissements r�alis�s dans la recherche rizicole au cours des 30 derni�res ann�es est d�au moins 80 pour cent. Pendant cette p�riode, les nouvelles vari�t�s de riz ont donn� un �lan � la production qui a permis de nourrir 600 millions de personnes de plus (IRRI, 1990). Pour enrayer la stagnation, voire la chute, de productivit� enregistr�e aujourd�hui dans certaines r�gions d�Asie du Sud-Est, il faudra fournir de nouveaux efforts de recherche pour consolider les r�sultats obtenus et essayer d��lever encore le rendement maximal. Cependant, pour arriver � satisfaire la demande croissante, il faudra aussi s�int�resser � d�autres syst�mes de production rizicole (riz pluvial de submersion peu profonde, riz flottant, riz d�eau profonde et riz de montagne).

5.5 L�avenir de la recherche sur le riz est enthousiasmant par ses d�fis et ses possibilit�s. Une nouvelle architecture v�g�tale et la cr�ation de nouveaux hybrides et d�apomixie repr�sentent un progr�s important dont l�impact sera probablement ressenti dans les deux prochaines d�cennies. La recherche rizicole veut contribuer de mani�re significative � la poursuite d�objectifs d�int�r�t �cologique, tels que la protection des for�ts tropicales et l�usage restreint de produits agrochimiques, ainsi qu�� l�objectif de nourrir les populations gr�ce au d�veloppement de pools g�n�tiques am�lior�s et � l�am�nagement int�gr� des cultures.

Bl�

5.6 Apr�s le riz, le bl� est la source d�aliments la plus importante dans le monde en d�veloppement. Sa contribution �nerg�tique � l�alimentation humaine est sup�rieure � celle de toutes les autres c�r�ales r�unies. Sa teneur en prot�ines est l�une des plus �lev�es parmi les c�r�ales.

5.7 Entre 1992 et 1994, les pays en d�veloppement ont repr�sent� 45 pour cent de la production mondiale de bl� (551 millions de tonnes) et 46 pour cent des emblavures mondiales (219 millions d�hectares). Entre 50 pour cent et 70 pour cent des vari�t�s de bl� am�lior�es sorties ces 30 derni�res ann�es ont �t� obtenus � partir de croisements r�alis�s par le Centre international pour l�am�lioration du ma�s et du bl� (CIMMYT), au Mexique. Le rendement des investissements de la recherche sur le bl� a �t� tr�s �lev�, mais des efforts sont encore n�cessaires pour maintenir durablement le rythme de progression des rendements. De nouvelles possibilit�s permettront sans doute d�op�rer des perc�es importantes dans la r�sistance aux maladies � travers les nouveaux essais sur les croisements � large base g�n�tique.

Ma�s

5.8 Parmi les cultures vivri�res, le ma�s vient au troisi�me rang apr�s le riz et le bl�, aussi bien pour l�apport �nerg�tique que pour la valeur de la production. La moyenne triennale pour 1992-1994 indique que les pays en d�veloppement ont produit une part estim�e � 43 pour cent de la production mondiale (552 millions de tonnes) sur environ 84 millions d�hectares (66 pour cent de la superficie totale plant�e en ma�s). Cette culture est pr�sente dans toutes les r�gions en d�veloppement.

5.9 Lorsqu�il est cultiv� pour la consommation humaine, le ma�s repr�sente une importante source d��nergie pour les pauvres. Une large place est r�serv�e � cette culture dans les syst�mes de cultures mixtes des agriculteurs de subsistance. Le potentiel d�accroissement des rendements est relativement �lev�. Les principales contraintes sont dues � l�environnement (en particulier la s�cheresse), aux maladies et aux insectes nuisibles, � la carence en �l�ments nutritifs (azote et phosphore surtout) et au manque de facteurs de production d�origine ext�rieure. On a besoin � la fois de vari�t�s am�lior�es � pollinisation libre et de vari�t�s hybrides, selon les besoins locaux et l�efficacit� des producteurs nationaux de semences. Dans les basses terres tropicales, la mise au point de vari�t�s am�lior�es et le d�veloppement de pratiques d�am�nagement r�pondant aux besoins des agriculteurs am�lioreraient consid�rablement la production. En Afrique subsaharienne, la faible utilisation d�engrais et le mauvais am�nagement posent des probl�mes plus graves que ceux qu�entra�ne l�absence de vari�t�s � haut rendement. En Afrique orientale et australe, o� d�immenses �tendues, aussi bien dans les basses terres que sur les coteaux, se pr�tent magnifiquement � la culture du ma�s, le retour d�investissement pour l��laboration de techniques r�pondant aux besoins des petits agriculteurs est exceptionnellement �lev�.

Orge

5.10 L�orge est la quatri�me c�r�ale par ordre d�importance. Elle occupe environ 70 millions d�hectares et la production mondiale est de 160 millions de tonnes. Les pays en d�veloppement repr�sentent environ 18 pour cent (26 millions de tonnes) de la production totale et 25 pour cent (18,5 millions d�hectares) de la superficie plant�e. Dans la plupart des pays en d�veloppement, l�orge est la culture des pauvres et des environnements hostiles. Au Tibet (Chine), en Ethiopie et dans les Andes, elle est cultiv�e � flanc de montagne � une altitude sup�rieure � celle des autres c�r�ales. Dans de nombreuses r�gions d�Afrique du Nord, du Proche-Orient, de l�Afghanistan, du Pakistan, de l�Erythr�e et du Y�men, c�est souvent la seule culture pluviale viable, et on peut dire que ni la surface occup�e ni le volume de la production ne refl�tent la v�ritable importance de cette culture.

5.11 La difficult� pour l�avenir consistera � consolider les acquis et � �laborer de nouvelles m�thodes pour faire participer les agriculteurs � la s�lection dans le but de tirer parti des capacit�s d�adaptation des esp�ces et de surmonter les probl�mes de transfert de technologie.

Sorgho

5.12 Quelque 70 pour cent de la production mondiale de sorgho (60,9 millions de tonnes) et 90 pour cent de la surface consacr�e � cette culture (43,5 millions d�hectares) sont situ�s dans les r�gions en d�veloppement. Le sorgho est une culture principale dans les basses terres tropicales semi-arides � pluviosit� estivale o�, � l�instar du mil, il constitue un aliment de base pour les millions d�habitants tr�s pauvres de r�gions toujours menac�es par la s�cheresse et fortement sujettes � risques. En Afrique occidentale, le sorgho est largement pr�sent dans les r�gions subhumides, en culture d�rob�e associ�e au mil, au ma�s et au ni�b�. Il est �galement important dans les r�gions de moyenne altitude en Ethiopie et en Afrique australe. Le sorgho a plut�t une �lasticit� n�gative de la demande et il est g�n�ralement remplac� par d�autres aliments lorsque les revenus le permettent. Dans de nombreuses r�gions, les tiges et le feuillage, qui servent de fourrage, de combustible et de mat�riau de construction, sont aussi importants � et parfois m�me plus � que la partie comestible.

5.13 Les principales contraintes dont s�occupe la recherche sur le sorgho sont la s�cheresse et le stress biotique. L�un des grands objectifs des activit�s d�am�lioration vari�tale est d��largir la base g�n�tique du mat�riel de s�lection. Les produits recherch�s sont des vari�t�s et des hybrides bivalents qui allient des rendements �lev�s de la graine et de la tige. Sont �galement consid�r�es les vari�t�s hybrides fourrag�res, puisque l�utilisation du sorgho pour l�alimentation animale s�accro�t rapidement dans les r�gions d�Asie et d�Am�rique latine. Par ailleurs, la recherche met aussi l�accent sur la formulation d�options d�am�nagement permettant d�att�nuer les stress biotiques et abiotiques et sur la proposition de solutions int�gr�es d�am�nagement r�pondant aux besoins des petits agriculteurs des r�gions tropicales semi-arides.

Mils

5.14 En Asie et en Afrique subsaharienne, le mil perl� est la culture la plus importante utilis�e en aridoculture dans les basses terres tropicales et subtropicales semi-arides avec pluies d��t�. Il y constitue un aliment de base, avec le sorgho (en Afrique subsaharienne) ou le bl� (en Asie). Le mil perl� fournit des aliments � certains des pays les plus pauvres de la plan�te. Il fournit des graines alimentaires et du fourrage dans des milieux trop chauds, trop secs et sur des sols trop pauvres pour le sorgho et le ma�s. Sa paille est un aliment pr�cieux pour le b�tail dans les syst�mes d�exploitation agricole de ces r�gions.

5.15 Du fait que certains pays cumulent leurs statistiques pour le sorgho et le mil, les donn�es relatives aux mils ne sont pas toujours fiables, surtout pour l�Afrique subsaharienne. Il semblerait que les mils occupent environ 34 million d�hectares chaque ann�e dans les pays en d�veloppement. Dans les r�gions semi-arides d�Afrique de l�Ouest, ils repr�sentent pr�s de la moiti� de l�apport �nerg�tique journalier et un tiers de la ration prot�ique des populations locales.

5.16 Le mildiou, qui est la maladie du mil ayant la plus forte incidence au niveau mondial, fait l�objet d�une recherche active. Les insectes qui s�attaquent aux tiges causent des pertes importantes chaque ann�e en Afrique subsaharienne. Il s�av�re difficile de renforcer g�n�tiquement la r�sistance. Des pi�ges au ph�romone ont �t� essay�s et jug�s efficaces dans huit pays d�Afrique de l�Ouest. L�utilisation de ces pi�ges devrait se g�n�raliser d�ici � 1997.

Racines, tubercules, bananes et plantains

Manioc

5.17 Le manioc est une culture vivri�re importante en Afrique, particuli�rement dans les r�gions tropicales humides et subhumides. Il est �galement important dans certaines r�gions d�Asie, et d�Am�rique latine et des Cara�bes. En dehors des racines, les feuilles sont aussi consomm�es comme l�gume vert dans certaines r�gions d�Afrique subsaharienne et elles repr�sentent une source abondante et peu co�teuse de vitamines A et B. Le manioc est essentiellement cultiv� par les petits agriculteurs pour qui il est une source importante de revenus en esp�ces et d��nergie alimentaire. Il tol�re les sols peu fertiles et, la s�cheresse, et il peut �tre laiss� longtemps enfoui dans le sol en guise de r�serve de nourriture. Le manioc compte parmi les 15 produits agricoles les plus importants dans les pays en d�veloppement en ce qui concerne la valeur de la production; il est certainement le plus important en Afrique subsaharienne.

5.18 La recherche future devrait mettre l�accent sur la technologie apr�s r�colte, la qualit� des racines pour diff�rentes utilisations finales, notamment l�alimentation animale et l�industrie, la lutte contre les ravageurs et les maladies et, dans une moindre mesure, la production de feuilles � consommer comme l�gume. Ces probl�mes restent hautement prioritaires. En outre, les �valuations relatives aux march�s du manioc devront fournir des indications sur les possibilit�s de commercialiser des produits nouveaux ou am�lior�s, d�riv�s du manioc. Les informations recueillies permettront d�orienter les choix technologiques pour que le manioc, qui est actuellement un produit de l��conomie de subsistance, acqui�re progressivement une importance commerciale.

Pomme de terre

5.19 Pr�s de 30 pour cent (environ 89 millions de tonnes) de la r�colte mondiale de pommes de terre sont actuellement produits dans les pays en d�veloppement, principalement dans les petites exploitations agricoles, contre 15 pour cent il y a deux d�cennies. La pomme de terre est une culture � forte intensit� de main-d��uvre. Sa valeur nutritive (notamment en vitamine C) est �lev�e, et cette culture est particuli�rement utile comme source d��nergie et de prot�ines ainsi que comme aliment de sevrage des nourrissons. Des rendements �lev�s sont possibles, et la demande est en augmentation rapide car pour ce produit l��lasticit� de la demande est positive pour les bas revenus et la pomme de terre a une valeur �lev�e en tant que culture de rente.

5.20 Parmi les principales contraintes � �liminer pour accro�tre la production se trouvent les co�ts �lev�s de production, divers ravageurs et maladies, la d�t�rioration du produit pendant l�entreposage et la difficult� de s�lectionner des vari�t�s adapt�es � des climats plus chauds. Comme pour d�autres racines et tubercules, les capacit�s de recherche nationales �taient g�n�ralement faibles lorsque le GCRAI a d�but� ses activit�s dans ce domaine.

5.21 La pomme de terre a bien r�agi � la recherche, et la s�lection v�g�tale a d�j� donn� lieu � des am�liorations importantes de cette culture dans les pays en d�veloppement. La recherche sur les virus de la pomme de terre a accompli de gros progr�s, et le transfert de mat�riel g�n�tique se fait d�sormais en toute s�curit�. L�adoption de vari�t�s am�lior�es est souvent retard�e par l�absence de syst�mes nationaux de multiplication des semences. Afin de consolider les augmentations de production, un effort concert� est n�cessaire pour d�velopper une r�sistance plus durable de la plante h�te au mildiou.

Patate douce

5.22 La patate douce est maintenant couramment cultiv�e en tant qu�aliment de base dans les pays en d�veloppement en dehors de l�Am�rique tropicale, dont elle est originaire. Bien que les statistiques sur la patate douce soient domin�es par la production chinoise (le plus gros producteur mondial de patate douce, avec 80 pour cent de la production), cette culture est �galement pr�sente dans de nombreux pays o� les revenus sont typiquement tr�s bas. Elle est bien adapt�e aux basses terres tropicales chaudes et a un bon rendement en se passant pratiquement d�intrants, � condition que le sol soit bon.

5.23 La recherche sur la patate douce n�a pas une longue histoire. Bien que les rendements actuels en Afrique subsaharienne n�atteignent en moyenne que 6 tonnes/ha, le haut rendement potentiel de cette culture a �t� d�montr� gr�ce aux recherches effectu�es dans le cadre des institutions r�gionales du GCRAI, qui ont donn� naissance � des vari�t�s pouvant produire plus de 40 tonnes/ha en quatre mois si elles sout plant�es pendant la saison humide.

5.24 Les ravageurs et les maladies tels que le charan�on de la patate douce, les insectes attaquant la tige, les virus et les organismes du type des mycoplasmes sont des obstacles majeurs � l�augmentation de la production. La protection int�gr�e, notamment les dispositifs agissant sur la transparence et la r�sistance, semble �tre prometteuse.

Igname

5.25 Les ignames sont cultiv�es dans toutes les r�gions tropicales et dans certaines r�gions subtropicales. Elles sont particuli�rement importantes en Afrique subsaharienne et dans les �les du Pacifique et des Cara�bes. La production mondiale est estim�e � 28,1 millions de tonnes, concentr�e � 95 pour cent en Afrique subsaharienne.

5.26 L�igname est un aliment de pr�dilection et une culture de base pour la s�curit� alimentaire dans quelques pays d�Afrique subsaharienne. La production d�ignames est limit�e par divers parasites et maladies. Les n�matodes causent de s�rieux d�g�ts aux r�coltes sur pied et en entrep�t. Les pertes apr�s- r�colte sont �galement caus�es par des pourritures mycosiques ou bact�riennes et par des insectes, mais aussi par l�augmentation de la respiration et de la repousse lorsque la dormance prend fin. La recherche internationale sur l�igname est limit�e et relativement r�cente.

Bananes et plantains

5.27 Les bananes et les plantains sont des aliments de base pour des millions de personnes dans les pays en d�veloppement. Environ 90 pour cent de la production proviennent de petites exploitations et sont consomm�s localement. Dix pour cent seulement de la production, provenant principalement des plantations commerciales d�Am�rique latine et des Cara�bes, sont �chang�s sur les march�s internationaux. Pour ce qui est de la valeur brute de la production, les bananes et plantains arrivent au huiti�me rang apr�s le riz, le lait, le b�uf, le bl�, le ma�s, le soja et les arachides.

5.28 La production de bananes et de plantains est menac�e par les ravageurs et les maladies, dont la pression a augment� dans les 15 derni�res ann�es. Citons notamment la cercosporiose du bananier (maladie de Sigatoka), la fusariose (maladie de Panama), le charan�on de la banane, un ensemble de n�matodes parasites des plantes et plusieurs maladies virales (sommet touffu du bananier, mosa�que du bananier, maladie des striures du bananier, et autres). La cercosporiose cause une grave n�crose des feuilles, et le rendement en fruits diminue sensiblement.

5.29 Les bananes et les plantains sont g�n�ralement consid�r�s comme r�fractaires � l�am�lioration g�n�tique � cause de leur nature triplo�de qui les rend presque compl�tement st�riles. Malgr� cela, ces derni�res ann�es, le syst�me du GCRAI et d�autres programmes r�gionaux d�am�lioration g�n�tique des bananes et des plantains ont accompli des progr�s remarquables dans la s�lection d�hybrides r�sistant � la cercosporiose, ayant de meilleurs rendements et un fruit de qualit� acceptable. De plus, la recherche dans le domaine de la biotechnologie cellulaire et du diagnostic des virus a permis de r�ussir la livraison de mat�riel g�n�tique am�lior� dans la mesure voulue pour avoir un impact sur les petits planteurs.

L�gumineuses

Pois chiche

5.30 Les plus anciens t�moignages mentionnant le pois chiche cultiv� nous viennent de Turquie, et on suppose que cette culture s�est diffus�e dans le monde entier � partir de cette r�gion. Le pois chiche est sem� dans les petites exploitations agricoles pour la consommation directe comme culture de rapport. Les graines sont utilis�es enti�res, d�cortiqu�es ou sous forme de farine. Les pousses et les graines non encore m�res peuvent �tre pr�par�es comme l�gumes. En 1994, la production mondiale �tait de 7,9 millions de tonnes provenant de 10,2 millions d�hectares, dont 97 pour cent dans des pays en d�veloppement. La moyenne triennale 1992-1994 attribue 76 pour cent de la production � l�Asie. Les obstacles � la production comprennent la pr�disposition des vari�t�s locales aux maladies, les contraintes li�es � l�environnement, � la s�cheresse, aux organismes nuisibles et � la mauvaise gestion des cultures. Les efforts du GCRAI ont donn� des r�sultats importants, en combinant la r�sistance � l�anthracnose et la r�sistance au gel.

Ni�b�

5.31 Le ni�b� est largement cultiv� dans les r�gions chaudes semi-arides et subhumides d�Afrique subsaharienne; il est important dans les Cara�bes, au Br�sil, au Y�men, dans le sous-continent indien et en Asie du Sud-Est.

5.32 La culture du ni�b� est g�n�ralement pratique� par les agriculteurs de subsistance et en r�gime mixte avec le ma�s, le sorgho, le mil et le manioc. Les rendements moyens dans les pays en d�veloppement sont d�environ 240 kg/ha. Cependant, les meilleures vari�t�s de courte et moyenne dur�e peuvent produire 2 500 � 3 000 kg/ha en station de recherche dans les m�mes conditions qu�� l�exploitation, et les vari�t�s de courte dur�e peuvent avoir un rendement de plus de 2 000 kg/ha sur 60 � 90 jours. Les principauxs obstacles � l�optimisation des rendements sont trois insectes nuisibles: le thrips de la fleur, un insecte t�r�brant (Maruca) et une punaise suceuse, qui s�attaquent � la cosse. De faibles niveaux de r�sistance ont �t� d�tect�s dans le mat�riel g�n�tique du ni�b� pour chacun de ces trois insectes.

5.33 En 1994-1995, une m�thode tr�s efficace a �t� mise au point pour r�g�n�rer et produire des plantes de ni�b� transform�es. Cette grande perc�e laisse entrevoir des progr�s importants dans la mise au point de vari�t�s de ni�b� pr�sentant de bons niveaux de r�sistance � ces trois insectes. En outre, les progr�s accomplis par la recherche sur la lutte biologique contre le thrips de la fleur, en utilisant ses ennemis naturels, indiquent que cette technique peut aussi repr�senter une mesure de lutte possible. La recherche future essaiera de poursuivre le d�veloppement de vari�t�s adapt�es � ces syst�mes �cologiques, associant la r�sistance � la s�cheresse et � la chaleur et une meilleure absorption du phosphate.

F�ve

5.34 La f�ve est une culture de printemps dans les r�gions temp�r�es et une culture hivernale dans les r�gions subtropicales o� l�hiver est doux. Dans les r�gions tropicales et subtropicales, elle est plant�e en altitude. Il en existe deux grands groupes: les f�ves � petite semence, que l�on trouve en Afghanistan, en Egypte, au Soudan, en Ethiopie et en Erythr�e et les f�ves � grande semence, pr�sentes dans les autres r�gions du Proche-Orient et d�Afrique du Nord.

5.35 Cette culture est importante en rotation dans les syst�mes d�exploitation qui investissent peu en intrants, � cause de son taux �lev� de fixation biologique de l�azote (120 by N/ha) et de l�effet r�siduel b�n�fique pour les plantations c�r�ali�res suivantes. Les obstacles � la production sont entre autres: les maladies, la plante adventice Orobanche, les organismes nuisibles avant et apr�s la r�colte, les mauvaises pratiques d�am�nagement, et la salinit� du sol dans certaines r�gions. Les activit�s de recherche ont �t� limit�es ces derni�res ann�es et il est n�cessaire de r�organiser la recherche sur cette culture.

Lentille

5.36 La production mondiale de lentilles augmente rapidement. Elle s�est accrue de 110 pour cent passant de 1,3 million de tonnes pendant la p�riode 1979-1981 � 2,8 millions de tonnes pour la p�riode 1992-1994, gr�ce � une augmentation de 50 pour cent des surfaces cultiv�es qui ont atteint 3,38 millions d�hectares, et � un accroissement de productivit�, de 600 � 820 kg/ha, soit un gain de 38 pour cent. Les pays en d�veloppement repr�sentent 87 pour cent de la superficie mondiale consacr�e � cette culture. La principale r�gion productrice est l�Asie.

5.37 Cette culture est importante pour son utilisation comme l�gumineuse alimentaire et en tant que fourrage pour les ruminants. Dans les r�gions plus arides du Proche-Orient et d�Afrique du Nord, les lentilles sont un �l�ment cl� des syst�mes agricoles traditionnels o� sont int�gr�s l�orge, les petits ruminants et les lentilles. La recherche devra r�ussir � d�velopper des vari�t�s de courte dur�e ainsi que des cultivars d�hiver plus r�sistants. Le fl�trissement vasculaire est la maladie la plus r�pandue de la lentille. Comme m�thode de lutte, les chercheurs tentent d�exploiter la r�sistance de la plante. Pour emp�cher les d�g�ts caus�s aux nodules par le sitone, on envisage des manipulations g�n�tiques pour transf�rer un g�ne de production de toxine dans la racine de la plante.

Haricot commun

5.38 Le haricot commun de champ ou de jardin est la l�gumineuse alimentaire la plus importante dans le monde. Les haricots ordinaires sont produits sous deux formes: haricots secs et haricots mange-tout (les cosses vertes sont consomm�es comme l�gume). La production annuelle mondiale de haricots secs est estim�e � 18 millions de tonnes, avec une valeur marchande de 10,7 milliards de dollars des Etats-Unis.

5.39 Les grandes options de la recherche pour am�liorer la productivit� du haricot en Am�rique latine et en Afrique ont privil�gi� la s�lection, men�e par des institutions du secteur public. Le secteur priv� s�int�resse tr�s peu � la production de semence de haricots, except� en Argentine, au Br�sil et aux Etats-Unis. La recherche internationale sur le haricot au Centre international d�agriculture tropicale (CIAT) s�est occup�e surtout de r�sistance aux maladies et aux ravageurs, et plus r�cemment de r�sistance � la s�cheresse et � la pauvret� du sol et d�am�lioration du potentiel productif. Des perc�es sont imminentes dans les domaines de la r�sistance aux maladies et du d�passement de l�actuel rendement maximal. A l�heure actuelle, on a une meilleure connaissance des pools de g�nes et des vari�t�s nouvelles se pr�tant le mieux � la r�colte m�canis�e.

Pois cajan

5.40 Le pois cajan est bien connu des agriculteurs de subsistance dans les r�gions tropicales chaudes semi-arides et subhumides. Il pousse souvent sur des sols pauvres, avec peu d�intrants. C�est un aliment important en Inde et il est appr�ci� dans certaines r�gions d�Afrique de l�Est et d�Am�rique centrale. Le graines sont utilis�es enti�res, d�cortiqu�es ou sous forme de farine. Aux Cara�bes et en Am�rique latine, les pousses et les graines encore vertes sont consomm�es comme l�gumes. La tige ligneuse est pr�cieuse car elle fournit du bois de chauffe, du chaume et du mat�riel de cl�ture; les feuilles sont une source importante d�azote pour le sol.

5.41 Traditionnellement, le pois cajan est une culture � long cycle, mais des vari�t�s de courte dur�e, mises au point par l�Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) en collaboration avec le SNRA indien ont d�clench�, sur les cinq derni�res ann�es, une augmentation de 15 pour cent de la superficie plant�e. Ce mat�riel g�n�tique commence �galement � trouver une application en Asie en dehors de l�Inde, et en Afrique australe et orientale ainsi qu�en Am�rique latine.

Soja

5.42 Le soja a �t� cultiv� par l�homme pour la premi�re fois en Chine et il est maintenant r�pandu en Asie de l�Est et du Sud-Est, en Am�rique (en particulier au Br�sil et aux Etats-Unis) et, de fa�on tr�s limit�e, en Afrique subsaharienne et au Proche-Orient. Dans l�h�misph�re Nord, sa culture s��tend maintenant des tropiques � 52� de latitude nord. Les principaux objectifs de la recherche future, quant � la production, sont de mettre au point des vari�t�s qui optimisent la productivit� et la durabilit� des syst�mes de culture ax�s sur les c�r�ales des savanes humides d�Afrique. Les principaux caract�res qui sont en cours d�am�lioration sont l�aptitude de Striga hermonthica � provoquer une germination suicidaire des semences, la fixation de l�azote et une meilleure absorption du phosphore. La recherche sur les syst�mes de culture s�efforcera d��laborer des techniques appropri�es pour accro�tre la productivit� et la durabilit�, y compris la r�sistance aux ravageurs, aux maladies et � l��clatement de la cosse.

Cultures ol�agineuses

Noix de coco

5.43 Le cocotier est une culture pantropicale, qui couvre environ 9,3 millions d�hectares dans un total de 82 pays. Nombre des pays producteurs sont des petits �tats insulaires des oc�ans Pacifique et Indien et des Cara�bes. La noix de coco est � la fois la principale culture de subsistance essentielle et la seule source importante de recettes � l�exportation. Ces pays ne disposent pratiquement d�aucune autre culture pouvant remplacer la noix de coco. La noix de coco est le principal �l�ment arbor� de plusieurs syst�mes agroforestiers dans le monde, bien que son utilisation diffuse dans les vergers familiaux ne soit pas refl�t�e par les statistiques officielles de production.

5.44 Les priorit�s actuelles de la recherche du R�seau international de recherche sur la noix de coco (COGENT) comprennent la cr�ation d�une base de donn�es internationales sur les ressources g�n�tiques de la noix de coco pour renforcer la diss�mination des donn�es g�n�tiques; la collecte de mat�riel g�n�tique dans les r�gions qui sont menac�es d��rosion g�n�tique et pour combler les lacunes des collections nationales; la conservation dans des banques de g�nes nationales et internationales sur le terrain; l��valuation du mat�riel g�n�tique pour identifier les vari�t�s adapt�es aux besoins des agriculteurs; l��laboration d�autres m�thodes compl�mentaires de conservation et de m�thodes mol�culaires pour l��valuation de la diversit� g�n�tique; et la promotion du transfert de mat�riel g�n�tique dans de bonnes conditions de s�curit�. Les priorit�s futures de la recherche comprennent l�application des r�sultats de la recherche pour promouvoir une �valuation efficace de la diversit� g�n�tique; les transferts sans risques de mat�riel g�n�tique; et l�efficacit� de la conservation et des �changes.

Arachide

5.45 Pr�s de 21,7 millions d�hectares sont plant�s en arachides dans le monde, dont 13,8 millions en Asie (Inde, 8,5 millions; Chine, 3,6 millions), 6,8 millions en Afrique subsaharienne et 0,5 million en Am�rique centrale et du Sud. Les arachides poussent dans des environnements divers, dans des r�gions comprises entre 40�de latitude sud et 40�de latitude nord par rapport � l��quateur. Les principales entraves � la productivit� en Asie et en Afrique sont les maladies et les insectes nuisibles, la pluviosit� impr�visible et irr�guli�re, la pauvret� du sol, l�absence de pratiques culturales am�lior�es et de techniques avanc�es de production, le manque de cultivars qui, tout en r�agissant bien � la technologie, soient adapt�s aux conditions locales, l�absence d�intrants sophistiqu�s et d�outils agricoles adapt�s aux petites exploitations et le manque d�infrastructures pour produire des semences de qualit� des cultivars am�lior�es actuellement disponibles. La contamination par les aflatoxines dans les champs et dans les entrep�ts g�ne la commercialisation du produit. Les maladies foliaires, les maladies virales, la contamination par les aflatoxines, les n�matodes des feuilles et des racines, la s�cheresse et la faible fertilit� du sol constituent les principaux th�mes de recherche int�ressant les syst�mes de production des r�gions tropicales semi-arides.

L�gumes

5.46 De nombreuses vari�t�s de l�gumes sont cultiv�es dans les pays en d�veloppement. Elles diff�rent consid�rablement d�un lieu � l�autre, les pr�f�rences sociales �tant d�terminantes dans le choix des vari�t�s employ�es. Les l�gumes fournissent une source pr�cieuse de revenu aux producteurs qui sont � proximit� des centres urbains. Tous ensemble, ils forment un groupe � forte productivit�, bien adapt� aux op�rations de petite �chelle si les march�s sont proches et aux op�rations de grande �chelle au fur et � mesure que l�infrastructure s�am�liore et que le transport et la r�frig�ration deviennent possibles. Tous les groupes de revenus ont besoin de l�gumes et ils les appr�cient comme aliments d�appoint. La demande dans les pays en d�veloppement devrait s�accro�tre de 3,4 pour cent par an d�ici � la fin des ann�es 90.

5.47 Les possibilit�s d�am�liorer les vari�t�s sont importantes. De mauvaises installations de commercialisation repr�sentent aussi un obstacle, �tant donn� la nature p�rissable de nombreux l�gumes. Des accroissements modestes de la production peuvent entra�ner un engorgement temporaire du march�, et l�une des priorit�s de la recherche, dans de nombreuses r�gions, est d�allonger la dur�e de la campagne.

Cultures fourrag�res tropicales

5.48 Les gramin�es et les l�gumineuses sont des produits interm�diaires qui contribuent directement � la production animale et indirectement � une utilisation plus durable des terres. Elles peuvent �tre utilis�es autrement que comme fourrages. On emploie souvent les l�gumineuses pour tapisser le sol des plantations fruiti�res et arbor�es, pour la production d�engrais vert, et dans les jach�res naturelles pour l�am�lioration des sols et la lutte contre les mauvaises herbes. Les herbes et les l�gumineuses arbustives sont utilis�es comme barri�res contre l��rosion. Les p�turages sont utilis�s en rotation avec les cultures dans le but d�am�liorer les propri�t�s biologiques, chimiques et physiques du sol en plus de fournir des fourrages au b�tail.

5.49 La recherche se concentre � l�heure actuelle sur le d�veloppement d��l�ments fourragers pour certaines niches agro�cologiques d�Am�rique latine et d�Asie du Sud-Est o� une demande a �t� identifi�e, par exemple couverture du sol pour l�arboriculture, l�gumineuses pour l�am�lioration des jach�res � flanc de colline, p�turages de courte dur�e pour des syst�mes int�gr�s de culture et d��levage, fourrages de saison s�che pour les petits ruminants bivalents, herbes et l�gumineuses � usages multiples pour les syst�mes de culture intensive.

Elevage

5.50 L��levage et ses produits d�riv�s repr�sentent environ 29 pour cent de la valeur totale de la production de l�agriculture, des for�ts et des p�ches dans les pays en d�veloppement. En Afrique subsaharienne, leur part est de 19 pour cent, en Asie de 28 pour cent, au Proche-Orient et en Afrique du Nord de 35 pour cent et dans la r�gion Am�rique latine et Cara�bes de 38 pour cent. Cependant, ces chiffres ne rendent pas d�ment compte de la contribution souvent importante de l��levage � la production agricole � travers la traction animale et la production de fumier.

5.51 Les produits animaux sont des sources fiables de vitamines B et D, de zinc et de fer. La viande et le lait sont des produits � forte �lasticit� de la demande en fonction des revenus. Leur consommation augmente avec la hausse des revenus et l�urbanisation. Etant donn� l�expansion �conomique et les progr�s technologiques dans les pays en d�veloppement, la contribution du b�tail � la production agricole devrait donc s�accro�tre.

5.52 Les bovins sont particuli�rement importants en Am�rique latine et dans les Cara�bes, ainsi que dans les r�gions tropicales chaudes semi-arides et tropicales fra�ches d�Afrique subsaharienne et de l�Inde (pour le lait). Les ovins et les caprins sont importants au Proche-Orient et en Afrique du Nord, en Afrique orientale et australe, en Afrique de l�Ouest et dans les r�gions temp�r�es d�Am�rique latine. Bien que les petits ruminants ne fournissent qu�une faible partie de la production totale de viande et de lait, le cumul des donn�es occulte leur importance dans certaines r�gions. On estime qu�ils fournissent 30 pour cent de la viande consomm�e au Proche-Orient et en Afrique du Nord et 20 pour cent de celle qui est consomm�e en Afrique subsaharienne. Les petits ruminants sont �galement pourvoyeurs de revenus en esp�ces.

5.53 Le lait repr�sente 26 pour cent de la valeur de la production animale en Afrique subsaharienne, la viande de boeuf 37 pour cent, la viande d�ovins et de caprins 14 pour cent, la viande de porc 5 pour cent et la volaille 8 pour cent. Au cours des deux derni�res d�cennies, les accroissements de production ont �t� dus essentiellement � l�expansion des troupeaux, plut�t qu� � une am�lioration de la productivit� animale. Les animaux domestiques renforcent la viabilit� �conomique et la durabilit� des syst�mes d�exploitation agricole. Ils diversifient les options de production et d�am�nagement, augmentent la production et les revenus agricoles, fournissent de l�emploi en toute saison et sont une assurance pour les p�riodes de crise. Les ventes de produits d�riv�s de l��levage fournissent des fonds pour l�achat d�intrants indispensables aux cultures et pour la r�alisation d�investissements propres � l�exploitation. Le cheptel est souvent la principale r�serve de capital des m�nages d�agriculteurs.

5.54 Parmi les esp�ces d�animaux domestiques, les ruminants se distinguent en importance parce qu�ils convertissent en produits comestibles des r�sidus de cultures, des sous-produits, des plantes adventices et d�autres �l�ments de la biomasse qui ne peuvent �tre consomm�s directement par l�homme. Les ruminants constituent la seule utilisation pratique de vastes p�turages naturels dans les r�gions o� le r�gime des pr�cipitations, trop faible, irr�gulier ou limit� pendant certaines saisons, combin� � des sols acides peu fertiles et � la pr�dominance de terrains accident�s, et en forte pente, rend impraticables ces cultures. Dans les r�gions cultiv�es, la traction animale �l�ve la productivit� des cultures, tandis que le fumier enrichit le sol. En outre, les ruminants fournissent aux agriculteurs les incitations �conomiques n�cessaires pour pratiquer des cultures fourrag�res qui fixent l�azote et pour int�grer les herbages dans la rotation des cultures, ce qui permet d�enrayer l��rosion, de conserver l�humidit� du sol et d�en renforcer la fertilit�. La cl� du succ�s pour valoriser les avantages de la production animale r�side dans de bonnes pratiques d�am�nagement. Des politiques d�expansion des terres de pacage ont �t� principalement associ�es � la d�forestation en Am�rique latine et dans les Cara�bes.

5.55 Les volailles et les porcs repr�sentent pr�s de la moiti� de la valeur mon�taire et nutritive de la production animale dans les pays en d�veloppement. Il est prouv� qu�en Asie, ainsi qu� en Am�rique latine et dans les Cara�bes, au fur et � mesure que la demande en poulet et viande de porc augmente, des syst�mes de production plus intensive sont mis en place; la technologie import�e de pays d�velopp�s et d�autres pays en d�veloppement est appliqu�e rapidement et efficacement � ces syst�mes de production. Les deux secteurs, volailles et porcs, b�n�ficient aussi largement de la recherche effectu�e dans le secteur priv�. Le yak, le buffle domestique, le chameau et le dromadaire, l�alpaga et le lama, ainsi que le renne, ont tous fait l�objet d�activit�s de recherche, mais limit�es.

5.56 Les p�nuries saisonni�res et la faible valeur nutritionnelle des ressources fourrag�res sont les contraintes techniques les plus diffuses s�exer�ant sur la production animale dans les pays en d�veloppement. Des �tudes r�alis�es en Afrique montrent que pour les syst�mes d��levage aussi bien pastoraux que villageois l�intensit� de la production est �troitement li�e � l�intensit� des activit�s humaines et, dans une moindre mesure, � la r�partition des ressources en p�ture naturelle (Wint et Bourn, 1994). Ces conclusions sugg�rent que les syst�mes d��levage ne d�pendent plus autant qu�auparavant de la disponibilit� de parcours extensifs et que la production animale privil�gie de plus en plus la garantie en ressources fourrag�res offerte par la proximit� des �tablissements humains et des ressources en eau.

5.57 Bien que les p�turages et les fourrages restent la principale source d�alimentation animale dans le monde en d�veloppement, leur offre s�accro�t trop lentement pour r�pondre aux demandes toujours plus grandes en produits de l��levage. L�int�gration plus �troite de la production animale dans les syst�mes de culture, l�adoption de cultures fourrag�res am�lior�es, notamment arbor�es et arbustives, et la mise en place d�installations locales de transformation pour une meilleure utilisation des sous-produits des cultures sont ensuite n�cessaires pour compenser l�utilisation croissante de c�r�ales fourrag�res import�es, caus�e par la production intensive de ruminants et l�expansion de la production avicole et porcine.

5.58 Seules quelques esp�ces animales d��levage et un grand nombre de races s�lectionn�es sont utilis�es pour la production de viande, de lait, et de cuirs et peaux, ainsi que pour la traction animale dans diff�rents environnements. C�est la diversit� g�n�tique contenue dans ces races qui est la cl� d�am�liorations futures des rendements de la production animale. Le GCRAI, avec la FAO, joue un r�le de chef de file dans la conservation, l�am�lioration et l�utilisation des ressources phytog�n�tiques et de la biologie mol�culaire pour permettre des avanc�es sur la base des succ�s remport�s dans le domaine de la s�lection. Des possibilit�s analogues peuvent s�appliquer au r�gne animal, en utilisant les progr�s r�alis�s dans la cartographie g�n�tique pour identifier les g�nes responsables des caract�res des races animales qui sont importants du point de vue de la productivit�. En outre, �tant donn� le co�t tr�s �lev� de la conservation du mat�riel g�n�tique animal, le GCRAI a un r�le d�terminant � jouer pour �laborer les m�thodes qui permettront d��valuer si les ressources justifient des activit�s de conservation.

5.59 Dans les pays en d�veloppement, les principales maladies peuvent �tre regroup�es en trois cat�gories: les maladies essentiellement virales, comme la fi�vre aphteuse; les maladies parasitaires transmises par un vecteur, par exemple la trypanosomiase, contre lesquelles des mesures de lutte existent peut-�tre mais ne sont pas applicables; et les maladies dues � l�intensification, par exemple la mammite. La principale maladie en Afrique reste la trypanosomiase, la seule maladie qui exclut l�introduction de b�tail non r�sistant sans un certain nombre de mesures pr�ventives. Contrairement � l�Afrique, l�Am�rique latine est exempte de grandes maladies bovines, � l�exception de la fi�vre aphteuse. Le cheptel bovin et les buffles d�Asie sont �galement exempts des principales maladies infectieuses.

5.60 Les maladies transmises par des vecteurs et des parasites internes demeurent deux des plus graves obstacles dans le domaine de la sant� animale dans les pays en d�veloppement. Parmi les premi�res, les plus graves sont la trypanosomiase transmise par la mouche ts�-ts�, qui s�vit dans de vastes r�gions d�Afrique subsaharienne, et une forme de th�il�riose, la fi�vre rhod�sienne, qui constitue un gros probl�me en Afrique orientale et australe. Bien que la plupart des races autochtones poss�dent un certain degr� de r�sistance naturelle aux tiques et aux maladies transmises par les tiques, les races exotiques de Bos tauris y sont gravement pr�dispos�es. Les progr�s accomplis dans l��tude de la biologie de ces maladies, de la nature des m�canismes de d�fense des h�tes et des nouveaux vaccins sont un point de d�part pour la formulation de m�thodes am�lior�es de lutte contre d�autres maladies du b�tail � forte incidence �conomique dans le reste du monde.

5.61 Le GCRAI a identifi� un certain nombre de p�les de recherche pour la prochaine d�cennie. Les domaines pour la recherche mondiale incluent:

Les domaines pour la recherche �cor�gionale incluent:

Un domaine pour la recherche mondiale et �cor�gionale est:

Les for�ts et l'agroforesterie

5.62 Les for�ts tropicales ne couvrent qu�un septi�me des terres �merg�es de la plan�te, mais cette fraction ne refl�te pas toute leur importance. Hormis le bois, les for�ts fournissent de nombreux produits non ligneux , notamment des aliments, des boissons, des fibres, des r�sines, des mat�riaux de construction, des articles ornementaux, des rem�des et du combustible. Plus encore, elles apportent des bienfaits du point de vue de l�environnement, tels que la protection des bassins versants, la r�gulation du climat, la protection et l�am�lioration des sols, et elles assurent un habitat pour la faune et la flore sauvages. Les for�ts tropicales sont �galement source de multiples avantages au plan culturel, spirituel et r�cr�atif. Elles sont un �l�ment important du capital en carbone de la plan�te et le r�servoir d�environ la moiti� de toutes les esp�ces biologiques.

5.63 Dans les pays en d�veloppement, les cr�dits et les ressources humaines affect�s � la recherche foresti�re sont faibles en comparaison du secteur agricole et de la valeur des biens et services tir�s de la for�t. Le syst�me du GCRAI, � travers le Centre pour la recherche foresti�re internationale (CIFOR), a sugg�r� d�axer la recherche foresti�re publique sur les th�mes suivants:

5.64 L�un des modes d�organisation de la recherche foresti�re est de d�velopper des pratiques agroforesti�res qui stabilisent l�activit� agricole dans les zones limitrophes de la for�t en ins�rant des arbres dans le paysage agricole, pour produire du bois et des produits forestiers. Les syst�mes agroforestiers stratifi�s, tels qu�ils existent en Asie du Sud-Est, sont l�exemple par excellence de cette pratique, mais peu de recherches ont �t� faites pour d�velopper ces syst�mes ailleurs dans les tropiques. On ne comprend pas encore bien comment ces syst�mes agroforestiers stratifi�s, qui sont une solution attrayante pour remplacer la pratique du br�lis, diversifient les agrosyt�mes et renforcent la diversit� biologique, capturent le carbone, influent sur les �missions de gaz de serre et les r�servoirs. De m�me, on conna�t mal leurs avantages �conomiques et sociologiques en mati�re de cr�ation de revenus, de s�curit� alimentaire, de diminution de la pauvret� et de diversification des rendements �conomiques. La recherche devra �galement �tudier des m�thodes pour am�liorer les syst�mes agroforestiers en int�grant les plantations d�arbres aux syst�mes d�exploitation agricole, afin d�obtenir une mosa�que associant l�utilisation des terres agricoles et des paysages. Ainsi, la productivit� des syst�mes peut �tre assur�e tout en renfor�ant leur stabilit� �cologique et �conomique. L�am�lioration g�n�tique des essences agroforesti�res en vue de diversifier la gamme des produits ligneux et non ligneux devrait, � terme, faire monter le rendement �conomique global de l�unit� de terre, suscitant l�am�lioration des infrastructures de commercialisation en m�me temps qu�un plus grand int�r�t pour l�arboriculture. Les gains potentiels dans ce domaine sont �lev�s, puisque le travail r�alis� jusqu�� pr�sent sur les essences foresti�res a �t� limit�. De m�me, des efforts continus de recherche sont n�cessaires pour trouver des techniques autres que le br�lis.

Les p�ches

5.65 Les p�ches jouent un r�le important dans la production alimentaire, la cr�ation de revenus et l�offre d�emplois dans les pays en d�veloppement. D�apr�s le Centre international d�am�nagement des ressources bioaquatiques (ICLARM), le nombre des p�cheurs � plein temps dans les pays en d�veloppement a �t� estim� � 12,9 millions, dont 80 pour cent vivent en Asie, 12 pour cent en Afrique subsaharienne, 6 pour cent en Am�rique latine et dans les Cara�bes et 2 pour cent au Proche-Orient et en Afrique du Nord.

5.66 En outre, il existe des millions de p�cheurs � temps partiel. L�eau recouvre 70 pour cent de la surface terrestre, et la production totale des produits aquatiques se chiffre � 95 millions de tonnes par an, dont 79 pour cent sous forme de poissons osseux, 5 pour cent de crustac�s, 9 pour cent de mollusques et 7 pour cent d�algues. Les poissons et leurs produits d�riv�s fournissent 20 pour cent des prot�ines animales et 4 pour cent des prot�ines alimentaires dans les pays en d�veloppement, mais ces moyennes masquent le fait que dans plusieurs pays cette part est au moins deux fois plus �lev�e. La valeur totale brute de la production halieutique mondiale approche les 25 milliards de dollars par an, dont 52 pour cent proviennent des captures marines, 18 pour cent des p�cheries continentales, 16 pour cent d�installations piscicoles dans les eaux int�rieures et 14 pour cent des �levages d�esp�ces marines. Le poisson repr�sente 5,6 pour cent de la valeur totale de la production de l�agriculture, des for�ts et des p�ches.

5.67 De la production aquatique mondiale, qui a augment� � une cadence impressionnante au cours des 12 derni�res ann�es, 16 pour cent proviennent de l�aquaculture, pour une valeur de 29 pour cent du total. L�aquaculture est � la p�che de capture ce que l�agriculture est � la chasse et � la cueillette. Les priorit�s de la recherche en aquaculture doivent reposer sur les principes �nonc�s ci-apr�s:

5.68 Malgr� son �vidente fragilit�, la base de ressources de l�aquaculture dans le monde en d�veloppement est encore mal connue. La recherche concernant la plupart des poissons tropicaux est encore rudimentaire, bien que les capacit�s de recherche nationales soient en cours de d�veloppement pour faire face � ce probl�me. Plusieurs objectifs de recherche constituent des priorit�s, notamment l�efficacit� des op�rations de collecte des donn�es, en particulier sur les ressources halieutiques; le d�veloppement de l�aquaculture et de la diversit� biologique; la mise au point d�une approche d�ensemble; l�int�gration de la recherche biologique et sociologique; l��tude de l�impact des zones prot�g�es; l��valuation du potentiel de l�aquaculture et de ses relations avec l�environnement; la poursuite de l�am�lioration g�n�tique des esp�ces aquacoles; la r�solution des probl�mes de d�gradation de l�environnement; et l��valuation de l�impact de la recherche. Plusieurs autres questions sont importantes, par exemple l�am�lioration des op�rations apr�s r�colte ainsi que le diagnostic et le traitement des maladies dans les installations d�aquaculture.

5.70 Le syst�me du GCRAI a identifi� des th�mes pr�cis de recherche sur les sols et les eaux qui sous-tendent bon nombre d�activit�s de la recherche sur les produits et qui demandent une �tude plus approfondie (GCRAI/CCT, 1996b):

5.71 Dans son examen de la recherche en mati�re de politiques et d�am�nagement (GCRAI/CCT, 1996c), le GCRAI insiste sur la n�cessit� d�un d�ploiement de la recherche agricole en fonction des nouvelles r�alit�s �conomiques, en s�appuyant sur les deux forces que sont la lib�ralisation et la d�mocratisation de l��conomie. L�interaction entre les secteurs priv� et public, et une participation populaire accrue � la fixation des programmes de recherche, en sont des �l�ments d�terminants.

5.72 Ensemble, ces �l�ments donnent de quoi remanier les programmes de la recherche � l��chelle nationale et internationale. Il faut prendre conscience de la n�cessit� d�obtenir des r�sultats en faveur d�un vaste segment de la population rurale la plus d�munie, priv�e de tout acc�s aux intrants qui, par exemple, avaient permis la r�volution verte. Un souci croissant au sujet de l�environnement et de l�utilisation durable des ressources naturelles montre que des efforts suppl�mentaires de recherche sont n�cessaires pour optimiser l�utilisation des terres et de l�eau sans trop d�pendre des intrants ext�rieurs tels que les engrais, les pesticides, les herbicides, l�eau d�irrigation et les tracteurs. Les consommateurs sont de plus en plus demandeurs de produits non trait�s aussi bien dans les pays industrialis�s que dans les pays en d�veloppement. L�importance de travaux de recherche sur l�augmentation de la production lorsque les intrants ext�rieurs ne sont pas disponibles, ou d�sir�s, constitue un compl�ment au programme de recherche plus traditionnel � poursuivre pour accro�tre la production alimentaire.


6. La recherche agricole en tant que priorit�

L'importance future de la recherche agricole

6.1 Une agriculture plus performante est cruciale pour renforcer la s�curit� alimentaire et faire reculer la pauvret�. Avec une croissance d�mographique estim�e � 88 millions par an pendant la prochaine d�cennie, le surplus d�aliments n�cessaire devra �tre obtenu en augmentant la productivit� des ressources existantes. Tandis que l�agriculture est actuellement le principal utilisateur de terre, d�eau et de ressources biologiques3 du monde, la pression d�mographique accrue intensifiera la rivalit� entre les utilisations diverses de ces ressources. Les possibilit�s d�expansion des terres arables sont extr�mement limit�es, et la demande en eau douce devrait augmenter en raison de la croissance rapide de la population urbaine et de l�industrialisation. Les projections de l�IRRI sugg�rent que la plupart des pays asiatiques souffriront de graves probl�mes d�approvisionnement en eau d�ici � 2025 (IRRI, 1995).

6.2 A l�avenir, la recherche agricole devra se concentrer sur des techniques de production qui tirent parti au maximum des avantages des ressources naturelles disponibles en agriculture, tout en prot�geant et en restaurant ces ressources pour leur utilisation future. La recherche doit aussi r�pondre aux besoins des pauvres qui d�pendent de l�agriculture pour vivre, en particulier dans les r�gions � faible potentiel o� les gains de productivit� sont plus al�atoires et o� l�am�nagement des ressources est d�autant plus important qu�elles sont peu abondantes. Une intensification de la recherche pour am�liorer la durabilit� des ressources foresti�res est importante non seulement � cause de leur r�le dans la conservation de l�environnement et de la diversit� biologique, mais aussi parce que 350 millions de personnes, dont la plupart sont dans la mis�re, d�pendent de la for�t pour survivre. G�rer et utiliser les ressources naturelles en vue d�accro�tre la productivit� et de conserver la base de ressources exige une technologie et des strat�gies nouvelles fond�es sur la science.

6.3 Les contributions impressionnantes de la science et de la technologie pour faire face aux besoins alimentaires par le pass� ont �t� rendues possibles par les investissements effectu�s dans la recherche agricole. Tout progr�s futur n�est possible qu�en maintenant et en augmentant les investissements dans ce domaine, qui se trouve confront�, � l�heure actuelle, � des d�fis nouveaux et plus vastes. La recherche doit fournir les techniques qui permettront de maintenir l��lan des progr�s r�alis�s jusqu�� pr�sent et de faire grimper la production encore plus haut, mais toujours dans le contexte de la conservation des ressources dont d�pend l�agriculture et de la protection de l�environnement contre tout effet n�faste associ� � l�intensification de l�agriculture. La mise au point de technologies peu co�teuses est �galement essentielle pour augmenter les revenus et l�emploi des ruraux pauvres.

6.4 Dans ce cadre, les augmentations de la production vivri�re doivent se faire en maintenant au plus bas les prix des denr�es alimentaires, compte tenu de l�incidence du paup�risme dans les villes et du fort pourcentage de ruraux pauvres qui tirent leurs revenus de sources non agricoles et qui d�pensent une grande part de leurs revenus pour se nourrir. Cela ne peut se faire qu�� travers des am�liorations technologiques entra�nant une baisse des co�ts et respectant l�environnement. Sans un effort suppl�mentaire de recherche pour am�liorer l�efficacit� des ressources en terre et en eau, la productivit� des principales cultures vivri�res est vou�e � une baisse probable, tandis que les prix sont destin�s � monter, au d�triment des segments les plus pauvres de la population.

6.5 Plusieurs faits nouveaux offrent d�importantes perspectives de transformation au plan de la technologie et des orientations politiques qui permettraient d�agir sensiblement sur la pauvret� rurale et urbaine et sur la s�curit� alimentaire. En particulier:

6.7 Les enjeux de la recherche agricole qui d�terminent l�ensemble du programme mondial de la recherche peuvent se r�sumer � trois questions:

6.8 L�aptitude de la recherche agricole pour r�pondre � ces questions d�pendra des choix d�investissement et des strat�gies de la recherche op�r�s par les gouvernements et les institutions dans les pays d�velopp�s et en d�veloppement, qui dictent le programme d�action de la recherche agricole. Ce programme doit inclure en particulier des perspectives sociales et culturelles associ�es avec l�agriculture et la s�curit� alimentaire dans les pays en d�veloppement. En particulier, la recherche socio�conomique est importante pour comprendre le comportement des m�nages et les facteurs qui l�influencent.

6.9 Par le pass�, l�impact de la recherche s�est principalement fait sentir � travers les am�liorations vari�tales. A l�avenir, ces derni�res devront continuer d�insister sur le potentiel de productivit� et la r�sistance au stress abiotique. Les nouvelles biotechnologies laissent esp�rer l�acc�l�ration et l�am�lioration des techniques traditionnelles de s�lection. D�autres domaines, qui apparaissent comme particuli�rement importants dans le cadre de ce programme, comprennent l�am�nagement des cultures et des ressources naturelles pour am�liorer l�efficacit� d�utilisation des intrants, prot�ger les ressources naturelles et d�velopper des syst�mes de protection plus durables. La recherche en mati�re de politiques doit �tre poursuivie aussi bien � l��chelon national qu�international, afin d�identifier les programmes de recherche, d��tablir les priorit�s et d��duquer les d�cideurs � l�importance de la recherche agricole dans la r�solution des probl�mes de la s�curit� alimentaire et de la pauvret� � l��chelle nationale.

Biotechnologie

6.10 Les progr�s r�cents de la biologie ont des retomb�es importantes pour le programme de la recherche agricole. La biotechnologie, en particulier le g�nie g�n�tique appliqu� aux plantes et aux animaux pour obtenir des effets pr�cis, d�tient un vaste potentiel pour r�pondre aux d�fis li�s � l�accroissement de productivit� et � la conservation des ressources naturelles. Les v�g�taux et les animaux qui utilisent l�eau avec le plus d�efficacit�, qui poussent dans des conditions particuli�rement hostiles, qui r�sistent aux ravageurs et aux maladies et qui utilisent moins d�intrants pourraient grandement contribuer � la durabilit� des syst�mes de production agricoles et sont repr�sentatifs de ce que la biotechnologie peut permettre de cr�er. L�obtention d�agents de lutte biologique est un autre exemple d�une m�thode largement applicable pour r�soudre les probl�mes de l�agriculture. Cependant, le programme de la recherche doit aussi pr�voir l��tude de certaines pr�occupations suscit�es par la biotechnologie. Les risques biologiques associ�s aux organismes manipul�s est une question qui doit susciter la prudence et qui exige une analyse scientifique ad�quate de tous les risques pos�s par ces organismes. Les droits de propri�t� intellectuelle ainsi que les droits d�acc�s aux ressources g�n�tiques et les droits de propri�t� de celles-ci sont encore des probl�mes qui appellent la r�flexion. Ils soul�vent de d�licates questions politiques, rendues plus complexes par l��mergence de nombreux acteurs priv�s et qui doivent �tre r�solues pour optimiser les b�n�fices potentiels de la biotechnologie dans la recherche agricole.

Am�nagement des ressources naturelles

6.11 L�impact �conomique de l�accroissement de productivit� agricole sur l�environnement doit maintenant �tre �tudi� en intensifiant la recherche sur l�am�nagement des ressources naturelles � le sol, l�eau, les plantes et les animaux � utilis�es en agriculture. De bonnes pratiques d�am�nagement du sol et de l�eau sont d�terminantes pour une production alimentaire durable. Pour que la productivit� de l�agriculture irrigu�e augmente, des strat�gies d�am�nagement plus rationnelles de l�eau et du sol seront n�cessaires. L�augmentation des ressources en eau par la constitution de r�servoirs ou de l�adduction n�a pas beaucoup d�avenir. Avec l�augmentation de la demande hydrique urbaine et industrielle4, l�importance de l�utilisation optimale de l�eau en agriculture sera primordiale de m�me que la n�cessit� de r�duire tout risque de contamination des sources d�approvisionnement par des activit�s agricoles proches ou �loign�es. Par le biais de la recherche, il faudra am�liorer l�irrigation et mettre au point des techniques pour prot�ger et conserver le sol et l�eau. En bref, des techniques et des strat�gies efficaces d�am�nagement doivent �tre �labor�es pour mieux rentabiliser les ressources utilis�es.

6.12 Les ressources biologiques constituent, elles aussi, un vaste champ de recherche. Les vari�t�s v�g�tales � haut rendement et les races animales obtenues par s�lection ont jou� un r�le majeur dans les gains de productivit� pass�s et continueront de m�me. Cependant, la diversit� biologique, qui est � l�origine des caract�res variables utilis�s pour la mise au point de nouvelles vari�t�s et races, d�cline � un rythme alarmant. Cette diminution menace la disponibilit� de mat�riel g�n�tique, n�cessaire pour r�soudre les probl�mes futurs de productivit�, d�environnement, de r�sistance aux ravageurs et aux maladies. La plus grande partie de cette diversit� se trouve dans les champs et les p�turages appartenant aux agriculteurs, sous forme de races de pays et d�obtentions autochtones. La recherche doit pr�voir d��tudier les probl�mes de technologie appropri�e pour la conservation, l�entretien et l�utilisation de ces ressources ainsi que celles des esp�ces sauvages apparent�es � des esp�ces domestiques. Cependant, le programme doit aller bien plus loin et examiner une gamme plus �tendue d�interactions, � la fois positives et n�gatives, entre la diversit� biologique et les pratiques agricoles. Cela inclut la technologie permettant de r�pondre aux besoins accrus en aliments sans faire d�border l�agriculture dans les zones riches en diversit� biologique; l�am�nagement durable des terres domaniales telles que les parcours et les for�ts; le d�veloppement de syst�mes agricoles qui conservent la diversit� au sein du syst�me lui-m�me; et l��laboration de strat�gies de conservation et de syst�mes de connaissances fond�s sur une bonne compr�hension des besoins des m�nages puisque leur sort est li� � l��cosyst�me, et sur les connaissances de la population autochtone en ce qui concerne les ressources locales.

Analyse en mati�re de politiques

6.13 Une recherche en mati�re de politiques est n�cessaire dans la plupart des pays en d�veloppement. Les d�cisions politiques sont trop souvent inspir�es de documents qui n��clairent suffisamment ni sur les particularit�s de la situation locale ni sur les retomb�es des d�cisions envisag�es. En outre, pour �tre durables, les d�cisions relatives aux politiques doivent �tre comprises, accept�es et soutenues par la soci�t�. Cela ne peut se produire sans un d�bat approfondi. La recherche en mati�re de politiques est appel�e � jouer un r�le crucial pour stimuler un d�bat s�appuyant sur des informations exactes.

6.14 Les r�sultats de la recherche en mati�re de politiques devraient faire comprendre au public et aux d�cideurs les cons�quences de politiques de prix inadapt�es qui encouragent une utilisation irrationnelle des intrants (par exemple, lors de l�utilisation de l�eau d�irrigation et des engrais � cause de subventions) et qui installent des syst�mes d�exploitation non durables (par exemple la monoculture � cause des prix de soutien �lev�s). La recherche en mati�re de politiques agricoles devrait s�occuper des conflits, r�els ou per�us comme tels, entre les int�r�ts de l�agriculture et la d�fense de l�environnement. En parall�le, une analyse de la demande pour expliquer les cons�quences de la hausse des prix sur les consommateurs pauvres des villes et des zones rurales aiderait � rallier le public � la cause de la recherche agricole.

6.15 Etant donn� que les pratiques observ�es sont le r�sultat cumul� de nombreuses d�cisions prises par un grand nombre de m�nages ruraux, la recherche sur les politiques doit incorporer une bonne compr�hension des d�cisions prises � l��chelle des m�nages, ce qui n�cessite la collecte de longues s�ries de donn�es. En outre, la recherche sur l�analyse des politiques, men�e dans un cadre international, permettra aux d�cideurs des pays en d�veloppement de comparer les effets de diff�rentes politiques. Les centres internationaux de recherche sont bien plac�s pour faciliter une collaboration entre les pays dans ce domaine de recherche.

Recherche socio�conomique

6.16 Une recherche socio�conomique extensive est n�cessaire pour comprendre l�interaction et l�interd�pendance des m�nages et des ressources naturelles. La pression d�mographique et l�absence d�une technologie agricole appropri�e sont les principaux facteurs qui font que les pauvres sont moins en mesure de subvenir � leurs propres besoins � partir des ressources disponibles dans l�environnement.

Cont.

Notes

1 Voir le document du SMA no 6, Les le�ons de la r�volution verte � vers une nouvelle r�volution verte.

2 Le terme �terre� recouvre toutes les ressources naturelles se trouvant sur la surface terrestre: sol, couche de terre superficielle, eau, climat et m�t�orologie.

3 Voir le document du SMA no 4, Besoins alimentaires et croissance d�mographique.

4 Voir le document du SMA no 7, Production vivri�re: le r�le d�terminant de l�eau.