Documents
d'information
technique
� FAO, 1996
2.1 A l�avenir, les m�thodes utilis�es pour accro�tre les approvisionnements alimentaires seront diff�rentes de celles employ�es dans le pass�. Comme l�attestent de nombreux autres documents, l�amenuisement des r�serves de terres inexploit�es � haut potentiel de production, le plafonnement de la productivit� dans des r�gions o� les technologies modernes ont d�j� �t� introduites, et l�appauvrissement des ressources essentielles � la production dans des r�gions � haut et � faible potentiel, posent une nouvelle s�rie de probl�mes qui risquent d�entraver le d�veloppement. On retirera moins d�avantages � l�avenir de l�introduction de nouveaux intrants d�termin�s (vari�t�s modernes, engrais inorganiques, insecticides). La r�volution dite verte, bien qu�elle ne soit pas termin�e, a donn� sa contribution maximale � l�accroissement des disponibilit�s alimentaires mondiales. La croissance future d�pendra surtout de l�optimisation d�un ensemble de technologies, du maintien de leur efficacit�, et de leur adaptation aux possibilit�s des terres moins fertiles et des agriculteurs les plus pauvres. En termes agronomiques, la croissance passera principalement par l�adoption de syst�mes de production plus intensifs, mais durables et non plus par l�application des m�thodes de la r�volution verte, ou par la simple extension des superficies mises en culture.
2.2Cette r�orientation a bien entendu des r�percussions sur les cat�gories d�investissement de soutien qui seront n�cessaires � l�avenir4.
2.3 L�importance �conomique de quelques-uns des principaux postes d�investissement �num�r�s ci-dessus ainsi que l�int�r�t qu�ils pr�sentent pour la croissance de la production vivri�re sont analys�s de fa�on plus d�taill�e dans les sections qui suivent.
Irrigation et rationalisation de l�utilisation de l�eau
2.4 Dans le monde entier, environ 260 millions d�hectares de terres sont irrigu�es. L�irrigation couvre au total 18 pour cent de toutes les terres arables et consacr�es aux cultures permanentes, mais ce pourcentage est extr�mement variable suivant les r�gions (35 pour cent en Asie, 6 pour cent en Afrique subsaharienne et 11 pour cent en Am�rique latine). De nouvelles terres ont �t� mises sous irrigation, au rythme de 3 millions d�hectares suppl�mentaires par an en moyenne sur les deux derni�res d�cennies, dont 87 pour cent en Asie. Aujourd�hui, l�expansion de l�irrigation s�est nettement ralentie par rapport aux ann�es 60. Le d�veloppement de l�irrigation financ� par des sources internationales a aussi baiss�: les pr�ts de la Banque mondiale destin�s � l�irrigation ont par exemple diminu� de moiti�, tombant de 2 milliards de dollars EU en 1980 � 1 milliard de dollars en 1993.
2.5 Les projets de grande ampleur visant � mettre toute une zone sous irrigation se heurtent � des obstacles de plus en plus nombreux. Ces projets ont �t� critiqu�s parce qu�ils endommageaient l�environnement, engendraient des in�galit�s sociales, et �taient peu respectueux des droits des utilisateurs traditionnels des terres. Le recours accru � l�irrigation peut aussi conduire � une augmentation des maladies d�origine hydrique, notamment bilharziose et malaria. Ces probl�mes de sant� publique doivent �tre trait�s, dans un premier temps, au stade de la planification et de l��laboration des syst�mes d�irrigation, et dans un deuxi�me temps, gr�ce � un suivi de routine des impacts sanitaires et nutritionnels du r�seau sur la population.
2.6En Afrique subsaharienne, moins de 20 pour cent du potentiel th�orique d�irrigation de 16,5 millions d�hectares5 ont �t�s r�alis�s, et le plus grand obstacle � l�expansion de l�irrigation est sa faible faisabilit� �conomique, due � plusieurs raisons: co�ts des investissements initiaux particuli�rement �lev�s, faibles intensit�s de culture, d�bouch�s limit�s pour les cultures � forte valeur marchande, concurrence du riz import� � bas prix, co�ts de transport �lev�s en raison du mauvais �tat des routes (les principaux centres de consommation sont souvent situ�s sur la c�te et ravitaill�s � moindres frais par des marchandises provenant de l��tranger) et manque d�une tradition de l�irrigation.
2.7 En Asie, le co�t d�investissement moyen d�un nouveau r�seau d�irrigation a doubl� au cours des 10 derni�res ann�es alors que, pendant presque toute cette p�riode, les cours internationaux du riz ont baiss�. Les taux de rentabilit� des nouvelles infrastructures d�irrigation diminuent donc. Ces investissements sont parfois justifi�s en partie par le d�veloppement des usines hydro�lectriques ou par la reconstitution des nappes aquif�res qui profitent aux utilisateurs des ressources en eau, m�me en dehors de la zone desservie, mais il est incontestable que, malgr� la nature polyvalente de certains investissements d�irrigation, les possibilit�s de d�veloppement de la grande irrigation ont diminu� et il est de moins en moins int�ressant sur le plan �conomique d�irriguer ce type de cultures vu la tendance continue � la baisse des prix des cultures vivri�res de base.
2.8 Si les possibilit�s de d�velopper la grande irrigation dans les p�rim�tres �tablis semblent d�sormais moins nombreuses que par le pass�, il reste largement possible de moderniser les installations existantes et de rationaliser leur utilisation. Les travaux de remise en �tat co�tent nettement moins que la cr�ation de nouveaux r�seaux, et ils peuvent contribuer de fa�on importante � la croissance de la production agricole si l�on s�attache, parall�lement, � am�liorer leur gestion et � mettre en place des services ad�quats de vulgarisation, d�approvisionnement en intrants et de commercialisation. Dans la plupart des zones irrigu�es des pays en d�veloppement, les efforts devraient �tre orient�s vers l�am�lioration de l�efficacit� des installations existantes plut�t que vers la cr�ation de nouveaux r�seaux (Rosegrant et Svendsen, 1993).
2.9Le transfert de la gestion des r�seaux, des institutions gouvernementales aux groupes d�agriculteurs et aux associations d�utilisateurs, s�est r�v�l� positif car il a accru leur efficacit� et conduit � la fixation de tarifs plus r�alistes pour l�eau, permettant de r�cup�rer une part plus importante des co�ts d�exploitation et d�entretien et d�am�liorer la durabilit� du p�rim�tre6. Dans ce domaine, des progr�s importants peuvent �tre accomplis, comme c�est d�j� le cas actuellement.
2.10 Les techniques simples sont souvent les plus adapt�es car elles peuvent �tre mises en place par les communaut�s rurales elles-m�mes, dans le cadre de programmes vivres-contre-travail ou en partageant les co�ts avec le gouvernement ou avec des organisations non gouvernementales (ONG), ou encore par des op�rateurs priv�s. De nombreux pays ont adopt� spontan�ment et avec succ�s les m�thodes suivantes: petits syst�mes d�irrigation priv�s aliment�s par l�eau pomp�e des fleuves, dispositifs d�exhaure pour puits peu profonds, actionn�s par un moteur ou par l��nergie humaine ou animale et activit�s de mise en valeur des fonds de vall�e, dans le cadre de programmes d�auto-assistance collectifs. Une grande partie des investissements sert � r�mun�rer la main-d�oeuvre locale, ce qui peut engendrer des effets de multiplication, au niveau local. Les populations autochtones adoptent aussi depuis des si�cles divers proc�d�s pour r�colter l�eau et conserver l�humidit� des sols. Une bonne compr�hension de ces techniques traditionnelles est d�j� un bon point de d�part pour d�velopper le soutien � l�irrigation, en tenant compte des pr�f�rences et des connaissances locales et en �vitant le pi�ge de grands p�rim�tres impos�s, dont la planification est centralis�e. Ces derni�res ann�es, les organismes d�aide ont perfectionn� des techniques d��valuation rurale et des m�thodes de planification participative qui peuvent aider � concevoir des programmes d�am�lioration de l�irrigation qui soient socialement et �conomiquement acceptables.
2.11 Les techniques de r�colte de l�eau et de conservation de l�humidit� in situ peuvent aussi �tre largement appliqu�es, car elles peuvent accro�tre et stabiliser les rendements des cultures et contribuer � la reconstitution des nappes aquif�res. Mais il faudra intensifier les recherches sur la faisabilit� �conomique de la r�colte de l�eau dans divers environnements agro�cologiques (Reij, Mulder et Begemann, 1985), car de nombreux projets de ce type sont financ�s par des dons et les co�ts d�investissement signal�s sont extr�mement variables et souvent trop �lev�s pour garantir un rendement acceptable.
2.12 La comp�tition croissante pour l�eau entre l�agriculture et d�autres secteurs est un probl�me important, surtout en Asie et au Proche-Orient. A l�issue des d�bats sur la mani�re de faire face, � l�avenir, � la p�nurie d�eau in�luctable, on recommande souvent d��tablir et d�am�liorer les march�s de l�eau, en instituant des droits d�eau commercialisables, qui am�lioreraient tr�s nettement l�efficacit� des allocations. Si l�on utilisait un peu plus efficacement l�eau des installations d�irrigation, qui absorbent la majeure partie des ressources en eau dans les pays en d�veloppement (80 pour cent), on lib�rerait des volumes d�eau importants pour les secteurs non agricoles, dans les endroits o� ils sont en concurrence. La cr�ation de march�s efficaces de l�eau suppose normalement de remettre en �tat les p�rim�tres d�irrigation, de transf�rer leur gestion aux utilisateurs, d�investir dans des syst�mes d�adduction et de mesure et de mettre en place des mesures efficaces pour assurer le respect de la l�gislation. Dans les pays o� l�eau est encore disponible � un prix relativement bas, les avantages sociaux d�une meilleure allocation ne justifient pas toujours ces mesures (Rosegrant et Binswanger, 1944). Cependant, �tant donn� que les ressources en eau s�amenuisent constamment, ces droits de propri�t�, dont les avantages ont d�j� �t� d�montr�s au Chili et dans l�ouest des Etats-Unis, repr�senteront une option de plus en plus int�ressante qui pourra se substituer aux pratiques actuelles d�allocation de l�eau.
Mise en valeur et am�lioration des terres
2.13 D�apr�s l��tude WAT2010, au cours des deux prochaines d�cennies, la croissance agricole d�coulera pour un cinqui�me de l�exploitation de nouvelles terres et pour quatre cinqui�mes de l�intensification des cultures. L�expansion de l�agriculture dans de nouvelles zones plus fragiles ne s�arr�tera pas, car les populations n�ont souvent pas d�autre choix que de s�installer sur des terres de plus en plus marginales, de d�fricher les for�ts primaires, d��puiser rapidement les sols et d�endommager l�environnement. Le co�t social de leur production est �lev� dans ce cas et la productivit� de leur travail est faible. Dans ces circonstances les pratiques agricoles sont dict�es davantage par les besoins de survie que par des calculs financiers ou �conomiques.
2.14 Le secteur public peut enrayer cette tendance, notamment en am�liorant la s�curit� de jouissance des particuliers et des communaut�s. L�exp�rience montre que c�est en permettant d�acc�der librement aux ressources naturelles qu�on les exploite de la fa�on la plus d�vastatrice. Des mesures telles que la r�glementation de l�occupation des sols et la fourniture d�incitations aux occupants sans titre pour qu�ils prot�gent les terres restantes, associ�es � la fourniture de services (routes, vulgarisation et semences pour permettre une agriculture durable), contribueraient � stabiliser la situation.
2.15 Au lieu d��tendre les superficies cultiv�es, on peut d�cider de mettre en valeur les terres. Leur productivit� peut �tre am�lior�e durablement gr�ce � des investissements. Les r�sultats des recherches effectu�es dans le district de Machakos (Kenya), sur les 60 derni�res ann�es, ont d�montr� qu�il �tait possible d�enrayer le processus de d�gradation des sols imputable � la pression d�mographique, dans un environnement institutionnel et commercial favorable (Tiffen, Mortimore et Gichuki, 1994).
2.16 Les terres et la productivit� agricole peuvent �tre am�lior�es gr�ce � diff�rentes techniques telles que: modification du travail du sol et de la couche superficielle pour faciliter la p�n�tration des pluies; am�lioration de la gestion des r�sidus de cultures et de la mati�re organique des sols; r�colte de l�eau, drainage, chaulage et applications de phosphate naturel pour corriger les d�s�quilibres chimiques, mais aussi interventions m�caniques comme: nivelage du sol, travaux de terrassement et construction de diguettes pour contenir les eaux de ruissellement et lutter contre l��rosion. La plupart de ces am�liorations n�cessitent des investissements qui peuvent �tre tr�s rentables. Cependant, dans certains cas, la participation aux co�ts du gouvernement peut �tre n�cessaire pour d�clencher un changement car les profits consistent en partie en biens publics ou en avantages s��talant sur plusieurs g�n�rations, et les b�n�fices priv�s ne suffisent pas � eux seuls � inciter les agriculteurs � am�liorer les terres et les pratiques culturales.
2.17Dans de nombreux pays, la r�forme agraire est une question d�licate. Toutefois, dans les r�gions o� il n�existe pas d�agro-industries commerciales solidement implant�es, les petites exploitations tendent � �tre cultiv�es de fa�on plus intensive que les grandes. Quand les grandes exploitations sont g�r�es intensivement, elles peuvent �tre tributaires d�un grand nombre de travailleurs sous contrat, ce qui peut entra�ner des co�ts de supervision �lev�s et des conflits du travail (Lipton, 1995). Une redistribution des terres, par le biais de r�formes agraires ax�es sur le march�7 pourrait donc consid�rablement favoriser la croissance de la production agricole � long terme dans un grand nombre de pays les moins avanc�s et r�duirait la pression sur les terres marginales.
Intrants achet�s
2.18 L�importance accrue accord�e � l�emploi compl�mentaire, efficace, s�r et durable d�engrais, de pesticides, de r�gulateurs de croissance des v�g�taux, de m�dicaments et de vaccins v�t�rinaires n�cessitera des investissements constants. Toute strat�gie bas�e sur l�emploi d�intrants achet�s impose des investissements pr�alables dans des infrastructures de fabrication, d�entreposage et de distribution, ainsi que des fonds de roulement importants. Les engrais min�raux, en particulier � 140 millions de tonnes utilis�es chaque ann�e dans le monde (en �quivalent �l�ments nutritifs), dont la moiti� dans les pays en d�veloppement � jouent un r�le majeur dans l�accroissement de la production agricole depuis le si�cle dernier.
2.19 Il n�est pas �vident que les engrais contribueront autant que par le pass� � la croissance de la production. Dans les r�gions � fort potentiel, comme la Chine, la partie centrale de l��le de Lu�on aux Philippines, et le Penjab en Inde, les rapports entre l�augmentation des rendements c�r�aliers et le volume d�engrais appliqu� sont en baisse. La r�duction progressive de la subvention des intrants dans divers pays en d�veloppement oblige les agriculteurs � faire de nouvelles �conomies. Dans les pays d�velopp�s, la consommation est en baisse depuis quelque temps, du fait des pr�occupations �cologiques et de la r�duction des superficies cultiv�es. Ce ph�nom�ne a atteint de telles proportions que certaines instances se sont inqui�t�es de la sous-utilisation d��l�ments nutritifs en liaison avec les rendements potentiels.
2.20 Il est encore possible d�accro�tre l�emploi d�engrais pour diff�rentes cultures dans bon nombre de pays en d�veloppement, m�me si l�emploi de vari�t�s � haut rendement et l�irrigation associ�e � ce type de cultures, qui favorisent l�application accrue d�engrais, progressent plus lentement que par le pass�. L�abandon des anciens syst�mes de production agricole au profit de cultures � haute valeur marchande acc�l�rera la demande de diff�rents types d�intrants achet�s.
2.21 En Afrique subsaharienne, o� les engrais sont encore tr�s peu employ�s, la consommation est g�n�e par les �l�ments suivants: co�ts de distribution �lev�s, absence de d�bouch�s commerciaux pour la production, manque de fabriques nationales d�engrais, faible r�ponse des rendements et risque �lev� que comporte l�emploi d�engrais dans des syst�mes de culture traditionnels.
2.22Etant donn� que la rentabilit� �conomique des intrants conventionnels d�cline et que les pr�occupations �cologiques augmentent, on s�attachera � appliquer les engrais de fa�on plus judicieuse8, plut�t qu�� accro�tre leur utilisation. Compte tenu des nouvelles technologies de lutte int�gr�e contre les ravageurs et de gestion des �l�ments nutritifs du sol, et du fait que certains intrants sont maintenant d�pass�s, puisque les m�mes effets peuvent �tre obtenus gr�ce � la biotechnologie, les march�s deviendront plus �troits et segment�s, ce qui compliquera la t�che de l�industrie agrochimique. Les produits qui pourraient occuper des cr�neaux importants dans les nouvelles strat�gies int�gr�es de durabilit�, risquent d��tre d�laiss�s parce qu�ils ne seront pas rentables pour un industriel priv�.
2.23 Le bon �tat de la structure du sol est souvent aussi important que sa teneur en nutriments. L�enrichissement du sol et le maintien de sa texture gr�ce � des apports de mati�re organique, par le biais de la jach�re ou de la culture en all�es, de syst�mes int�gr�s d�agriculture et d��levage, ou d�autres moyens susceptibles d�accro�tre la teneur en mati�re organique sont des mesures couramment recommand�es par les instituts de recherche, mais qui ne sont pas toujours consid�r�es comme r�mun�ratrices par les agriculteurs. Il est indispensable d�investir davantage dans la recherche appliqu�e et adaptative pour offrir aux agriculteurs une plus vaste gamme d�options pour pr�server la fertilit� des sols et lutter contre les ravageurs et les maladies.
M�canisation
2.24 La m�canisation peut accro�tre de fa�on spectaculaire la productivit� de la main-d�oeuvre. Elle permet aussi d�augmenter consid�rablement la taille des exploitations, lorsqu�il y a suffisamment de terres. Il est surprenant de voir � quel point, dans les pays en d�veloppement, l�agriculture est tributaire de la m�canisation. Selon les statistiques de la FAO, on a utilis� chaque ann�e en moyenne 200 000 tracteurs suppl�mentaires au cours des deux derni�res d�cennies et quelque 5,5 millions de tracteurs seraient employ�s dans les pays les moins avanc�s. La m�canisation est int�ressante dans la mesure o� elle remplace le travail humain r�p�titif, �puisant et qui consomme beaucoup d��nergie, ou la traction animale (Binswanger et Donovur, 1988); en outre elle est extr�mement sensible aux variations des co�ts de la main-d�oeuvre. Etant donn� la place importante qu�elle occupe dans le budget des exploitations, souvent sup�rieure � celle des engrais, la m�canisation est aussi extr�mement sensible aux prix de vente de la production. Les achats de tracteurs et de pompes ont accus� une chute spectaculaire ces derni�res ann�es dans quelques r�gions, en particulier en Am�rique latine, au Proche-Orient et en Afrique du Nord. En revanche on a constat�, par le pass�, un surinvestissement dans les pays o� les prix agricoles �taient largement impos�s (Europe de l�Ouest, R�publique de Cor�e et Japon), o� des cr�dits subventionn�s � la m�canisation �taient disponibles (Pakistan) et o� il existait des services de location de tracteurs g�r�s par l�Etat (quelques pays d�Afrique).
2.25 Du fait que les co�ts des services m�canis�s augmentent plus vite que les prix des produits agricoles, il est probable que la m�canisation deviendra moins int�ressante sur le plan �conomique et que des ajustements devront �tre op�r�s pour rationaliser sa densit� et am�liorer son efficacit�, mais l�effet d�encliquetage devrait exclure le retour aux fa�ons culturelles ant�rieures. N�anmoins, l�utilisation accrue de sources d��nergie renouvelable a de nombreuses possibilit�s au niveau des villages. Le biogaz et l��nergie �olienne ont un potentiel consid�rable dans certaines r�gions pour le secteur des cultures, le traitement primaire, le chauffage de l�eau, le pompage de l�eau et la cuisson. La recherche devrait contribuer � mettre au point des m�thodes appropri�es et du mat�riel connexe.
2.26 La traction animale est une option int�ressante qui peut se substituer � la motorisation pour renforcer l��nergie disponible � l�exploitation en vue d�intensifier les cultures. Pr�s des deux tiers des animaux de trait des pays en d�veloppement sont concentr�s en Asie du Sud, r�gion critique sur le plan de la s�curit� alimentaire. Etant donn� la hausse des co�ts de la main-d��uvre, les animaux de trait sont peu � peu remplac�s par des tracteurs et des quantit�s croissantes de r�sidus agricoles sont utilis�es hors des exploitations et ne sont plus disponibles pour nourrir les animaux ou enrichir les sols. Cela signifie que, s�il est peu probable que la m�canisation constitue un obstacle � l�intensification des cultures, la fertilit� des sols risque d�en devenir un et m�rite d��tre surveill�e attentivement.
2.27 Dans certaines parties de la savane africaine, il y a des zones de p�turage librement accessibles, et les possibilit�s d�accro�tre la production agricole en d�veloppant la traction animale semblent consid�rables dans les endroits o� cette expansion n�est pas limit�e par d�autres facteurs, notamment par des contraintes commerciales ou par l�incidence �lev�e des maladies animales. Dans tous les cas o� cette option sera possible, il faudra pr�voir des investissements importants pour tester les technologies, assurer la formation des paysans et acheter des animaux de trait, ainsi que pour mettre en place des services v�t�rinaires et pour fabriquer et acheter des outils de traction.
Encadr� 2 |
Les march�s financiers ruraux sont indispensables pour des investissements ruraux efficaces. L�image que l�on se fait des finances rurales a sensiblement �volu� au cours des trois derni�res d�cennies. Alors que dans les ann�es 60 et 70, l�attribution de cr�dit rev�tait une tr�s grande importance, aujourd�hui on a adopt� une vue plus holistique des march�s financiers ruraux qui fonctionnent bien. Autrefois, on partait de l�id�e que la demande effective de cr�dit �tait plus ou moins identique aux niveaux souhaitables des intrants agricoles achet�s dans le cadre de programmes de d�veloppement parrain�s par le gouvernement; que les banques commerciales n�avaient aucun int�r�t � pr�ter au secteur agricole et que la d�pendance des agriculteurs vis-�-vis des pr�teurs devait �tre att�nu�e en leur offrant des conditions de cr�dit plus �quitables. La solution �tait le cr�dit subventionn�, contr�l� et dirig�, en r�gle g�n�rale distribu� par l�interm�diaire d�un organisme para-�tatique cautionn� par une garantie du gouvernement. Les crit�res bancaires ordinaires �taient n�glig�s et la fonction des banques �tait r�duite � la simple distribution de pr�ts. Cette approche �tait renforc�e par les pr�ts octroy�s par des institutions financi�res internationales qui voulaient que des volumes importants de pr�ts agricoles soient vers�s rapidement � de faibles co�ts de gestion. Etant donn� que le cr�dit �tait octroy� � un taux d�int�r�t inf�rieur � ceux du march�, il fallait le rationner, si bien que le groupe vis� des petits exploitants et des micro-entreprises rurales en b�n�ficiaient rarement. Les emprunteurs devaient par ailleurs supporter des d�penses �lev�es d�op�rations imputables � l�exc�s d��critures, au retard dans le versement des pr�ts, aux visites inutiles et r�p�t�es � la banque et aux cr�dits li�s � des utilisations sp�cifiques d�termin�es par le pr�teur. Ces d�penses d�passaient souvent les gains provenant de la faiblesse des taux d�int�r�t. La politisation du cr�dit supposait aussi que l�Etat couvre les pertes. La discipline des remboursements en souffrait et les impay�s �taient �lev�s, souvent aggrav�s par la passation par profits et pertes des pr�ts au moment des �lections. Dans les ann�es 80, il est devenu �vident qu�un tel syst�me ne pouvait durer. De nombreuses institutions charg�es de ce type de pr�t avaient fait faillite et le nombre des projets de cr�dit agricole financ�s au plan international avait consid�rablement diminu�. Les enseignements tir�s de ces op�rations de cr�dit ont d�montr� l�utilit� limit�e de cette forme de cr�dit; la production agricole n�a gu�re �t� touch�e par l�effondrement du syst�me. Lorsque le cr�dit �tait vraiment n�cessaire, de nouveaux arrangements se sont d�ordinaire manifest�s spontan�ment, par exemple les op�rations d�exportation ont �t� financ�es par le cr�dit des acheteurs ou des fournisseurs �trangers. Le nouveau paradigme des finances rurales repose sur la viabilit� financi�re de l�institution de financement et de son fonctionnement, le recours aux taux d�int�r�t pratiqu�s sur le march� et � la mobilisation de l��pargne. Pour faire face aux co�ts �lev�s de la fourniture et du remboursement des cr�dits, on a simplifi� les proc�dures, gr�ce au pr�t collectif et � la pression des pairs. Les institutions rurales locales connaissent mieux le client, ses op�rations et sa solvabilit�, ce qui r�duit les co�ts. C�est pourquoi les bailleurs de fonds pr�f�rent les coop�ratives, les soci�t�s de cr�dit mutuel et d�autres associations d�int�ress�s, le recrutement sur place et � long terme d�employ�s pour la gestion, souvent b�n�voles et aid�s par des ONG. La possibilit� de recevoir des cr�dits d�pend de l��pargne ant�rieure. Le plus souvent, l�utilisation du cr�dit est inconditionnelle. Les taux de pr�ts sont li�s au march� et refl�tent le co�t total du refinancement et des op�rations bancaires. La diffusion de l�informatisation peu sensiblement �lever la productivit� des employ�s de banque et �conomiser des co�ts. M�me si le cr�dit rural co�te encore plus que les pr�ts urbains, les emprunteurs estiment d�ordinaire que la facilit� d�acc�s au cr�dit est plus importante que les taux d�int�r�t. Malgr� la d�r�gulation et les p�rils li�s au march� auxquels les institutions financi�res sont expos�es, le contr�le �troit par une banque centrale est n�cessaire pour prot�ger les actionnaires et les �pargnants, sans quoi la lib�ralisation du syst�me bancaire peut compter des risques excessifs et entra�ner une r�action en cha�ne de faillites. En d�pit de ces efforts, le cr�dit rural est encore d�favoris� par rapport au cr�dit commercial urbain, �tant donn� la dispersion des clients, la nature al�atoire de l�agriculture et de fa�on g�n�rale le grand nombre de petits comptes de pr�ts. Il se peut que des subventions soient encore n�cessaires pour soutenir le d�veloppement des services financiers ruraux. Lorsque des subventions se justifient, �tant donn� l�imperfection des march�s, elles devraient de pr�f�rence financer les frais g�n�raux des op�rations bancaires ou viser en particulier les pauvres et les femmes, et non pas abaisser de fa�on g�n�rale les taux d�int�r�t. Dans de nombreux pays en outre, le cr�dit est devenu g�n�ralement co�teux � la suite de l�ajustement structurel. Apr�s la lib�ralisation des march�s des capitaux, la valeur de nombreuses monnaies a �t� stabilis�e gr�ce � l�offre de taux �lev�s pour les comptes de d�p�t en devises �trang�res, ce qui a influ� sur tous les taux d�int�r�t. Cette politique peut aboutir � un choix f�cheux des projets, �vincer le petit investisseur rural et faire obstacle aux pr�ts � long terme � des taux d�int�r�t conformes � la rentabilit� moyenne dans le secteur. Des doutes persistent quant � l�utilit� du cr�dit agricole institutionnalis� � court terme pour le secteur de la petite exploitation, comme on le pense souvent. Les agriculteurs manifestent une grande r�ticence � demander des cr�dits s�ils connaissent � fond les conditions du march� et les effets collat�raux. Les services financiers, comme les d�p�ts d��pargne, peuvent �tre pr�f�r�s au cr�dit institutionnalis�. Les zones rurales, probablement plus conscientes des risques, ont tendance � �pargner plus que les zones urbaines. La mobilisation de l��pargne est importante pour les interm�diaires financiers ruraux, non seulement pour le refinancement de leurs op�rations de pr�t, mais aussi pour offrir un refuge s�r � l��pargne rurale, qui peut �tre substantielle. A Sri Lanka, les banques commerciales ont cr�� des succursales en milieu rural, charg�es principalement de recueillir les d�p�ts en vue de les investir dans l�industrie urbaine et dans le tourisme et elles ont donn�, semble-t-il, des incitations et gagn� la confiance des populations rurales afin qu�elles leur confient une part consid�rable de leurs �conomies. La sortie de ces ressources des zones rurales ne devrait pas �tre consid�r�e comme n�gative car elle rend plus efficace l�affectation de l��pargne rurale qui serait sinon investie dans des utilisations improductives (b�tail �g�, bijoux, etc.). En outre, la mise en place d�infrastructures, l�acc�s au march�, les technologies et la fourniture d�intrants peuvent �tre plus utiles pour accro�tre la production des petits agriculteurs que le cr�dit saisonnier institutionnalis�. Le cr�dit � moyen et long termes destin� aux investissements fait partie d�une cat�gorie diff�rente. Il n�y a gu�re d�autres possibilit�s d�obtenir ce type de cr�dit, si ce n�est aupr�s de banques agricoles sp�cialis�es. Ces banques, pour peu qu�elles soient restructur�es comme il se doit sur une base saine (capitaux), qu�elles soient dot�es d�une direction comp�tente et ne soient pas en butte aux interf�rences politiques, peuvent fournir toute une s�rie de services financiers ruraux dans certains pays, m�me si elles restent propri�t� officielle de l�Etat. La meilleure fa�on d�am�liorer l�interm�diation financi�re rurale ou autre r�side peut-�tre encore dans une saine gestion macro�conomique. L�apparition d�institutions et de march�s financiers ruraux viables est toujours li�e � des politiques de r�duction de l�inflation, � des budgets �quilibr�s, � des investissements publics g�n�rateurs de croissance et � l��limination de la tendance � favoriser les villes, au d�triment des campagnes. |
2.28 Dans le secteur postproduction (manutention, entreposage, transport, commercialisation et transformation) on assistera probablement � l�avenir � une augmentation spectaculaire des investissements li�s � l�agriculture, sous l�effet combin� de l�augmentation continue de la population urbaine et de l�accroissement des revenus, surtout en Asie de l�Est. D�ici l�an 2010, la population urbaine aura doubl� dans les pays en d�veloppement, pour atteindre pr�s de 2,7 milliards d�habitants (1,4 milliard en 1990).
2.29 Les probl�mes d�approvisionnements alimentaires urbains, en particulier pour les gigantesques villes du futur, n�ont pas re�u la m�me attention que les questions de production alimentaire au niveau de l�exploitation. Or, les investissements requis dans ce domaine, pour la construction de routes reliant les fermes au march�, l��tablissement de services de transport, de march�s urbains et ruraux de gros et de d�tail, et la cr�ation d�abattoirs et d�industries laiti�res, de minoteries pour les c�r�ales vivri�res et fourrag�res et les ol�agineux, d�installations de stockage en sec ou en chambres froides, pourraient n�cessiter des capitaux au moins aussi importants, dans quelques r�gions, que ceux requis pour la production vivri�re primaire. Les op�rations postproduction pourraient limiter consid�rablement les possibilit�s d�investissements dans la production primaire. Si des mesures ne sont pas prises, les co�ts sociaux risquent de prendre des proportions catastrophiques: engorgement routier, d�classement ou pourriture des produits, contamination des aliments et de l�eau, pertes de revenus pour les agriculteurs et les commer�ants et hausse des prix � la consommation, sans parler du temps perdu et du manque de commodit�.
2.30Les investissements visant � am�liorer la qualit� et la salubrit� des denr�es, � tous les niveaux de la cha�ne alimentaire, sont ordinairement vite amortis du fait que les pertes alimentaires sont r�duites et que les consommateurs ach�tent plus volontiers. C�est pourquoi la majorit� des investissements devraient venir du secteur priv�. Les pouvoirs publics devront quant � eux s�attacher � cr�er des infrastructures de commercialisation urbaines et les capacit�s institutionnelles voulues pour les planifier, les faire fonctionner et les r�glementer. La mise au point et le renforcement de m�canismes r�gulateurs et de syst�mes d�assurance de qualit� efficaces peuvent �tre particuli�rement utiles pour prot�ger les consommateurs et encourager le commerce des aliments. La fourniture d�espaces dans les zones urbaines pour des op�rations mat�rielles qui sont en concurrence avec d�autres demandes constitue un probl�me cl�. L�int�gration9 des op�rations de commercialisation et de transformation des aliments (par exemple la vente de produits tout pr�par�s dans les rues) dans l�ensemble des activit�s �conomiques urbaines, devra �tre assur�e � la fois en mettant en place un syst�me d�allocation des terres impuls� par le march� et en imposant un zonage urbain. Beaucoup d�activit�s de ce type devront s��loigner des centres des villes pour s��tablir dans des zones plus p�riph�riques, ce qui s�est d�j� produit dans les pays industrialis�s au cours des derni�res d�cennies. Cela aura des r�percussions importantes sur la circulation routi�re et sur les investissements publics et priv�s dans la cr�ation de points de vente, le d�veloppement de syst�mes de transport et la construction de routes, de logements et d��quipements collectifs. En outre, cela att�nuera le degr� de concurrence et de concentration des activit�s commerciales et r�duira le co�t de la vie dans les zones urbaines.
2.31 La fourniture de services publics dans le domaine de la commercialisation et de la transformation des aliments pose un probl�me particulier, qui ne se pose pas avec la production agricole: il s�agit de la dispersion, entre les diverses institutions, des responsabilit�s du suivi des faits nouveaux qui se produisent dans le secteur priv� et de la planification et de la mise en oeuvre des am�liorations de la commercialisation. Ces responsabilit�s peuvent �tre r�parties entre les minist�res de l�agriculture, de l�industrie, du commerce, des travaux publics et de l�int�rieur et les municipalit�s concern�es, ce qui rend la planification concert�e pratiquement impossible. La planification devrait, dans la mesure du possible, �tre d�volue aux administrations locales (ce qui est g�n�ralement le cas), mais elle devrait aussi �tre d�cid�e avec la participation de tous les int�ress�s, c�est-�-dire les groupes de consommateurs, les commer�ants, les autorit�s des municipalit�s et des districts et les agriculteurs. L�ensemble des r�glementations r�gissant la commercialisation des aliments doit �tre souple et adapt� aux besoins des petits commer�ants; il doit aussi pouvoir �tre appliqu� de fa�on stricte pour emp�cher l�apparition d�un vaste secteur informel �chappant � l�administration publique et hostile � celle-ci, qui imposerait des co�ts sociaux �normes � la communaut�.
2.32 Dans les zones rurales, il faudra principalement renforcer les organisations d�agriculteurs pour qu�elles puissent commercialiser elles-m�mes leurs produits et acheter les intrants, et mettre en place, au niveau des communaut�s, un syst�me viable d�interm�diaires financiers lorsque les op�rateurs du secteur priv� jugent qu�il est trop co�teux et trop risqu� pour eux de fournir de tels services.
2.33Les r�seaux routiers, les syst�mes d�alimentation en �lectricit�, les t�l�communications et autres infrastructures sont limit�s dans toutes les zones rurales, bien qu�ils restent d�une importance cruciale pour stimuler les investissements et la croissance agricoles10. Leur insuffisance est due en partie au fait qu�il revient plus cher de desservir des populations dispers�es, mais elle s�explique aussi, dans une large mesure, par la discrimination urbaine, qui fait que les fonds publics sont allou�s en priorit� aux villes. Le probl�me est particuli�rement aigu en Afrique. M�me au Nig�ria, o� le r�seau routier est le plus dense d�Afrique, le pourcentage de zones desservies par des routes est � peine �quivalent � celui qui existait en Inde en 1950. On a fait valoir que le manque d�infrastructures, en particulier de routes en Afrique subsaharienne, est si grave que, pour cette seule raison, la s�curit� alimentaire dans les 20 prochaines ann�es, ne pourra pas reposer sur une r�volution verte, sur le mod�le asiatique, mais devra �tre bas�e sur l��tablissement de zones autonomes de production et de consommation agricoles, pouvant �tre exploit�es avec un minimum d�intrants achet�s � l�ext�rieur (Spencer, 1994).
2.34 Il est essentiel d�am�liorer les communications, car on peut ainsi r�duire les co�ts de transport, accro�tre la concurrence, r�duire les marges commerciales et donc am�liorer directement les revenus des agriculteurs et les possibilit�s d�investissements priv�s. En outre, les communications aident ceux qui �taient isol�s � comprendre l�utilit� des technologies et du commerce. La sant�, l�approvisionnement en eau salubre et l��ducation sont des stimulants additionnels de la croissance �conomique en milieu rural et ce sont ordinairement les premiers services que demandent les populations rurales. L��lectrification peut am�liorer consid�rablement la qualit� de la vie dans les campagnes et d�clencher une multitude d�investissements priv�s, en particulier dans la transformation ou l�artisanat. Les d�penses en mati�re de sant� et d��ducation rurale sont particuli�rement importantes. La pr�vention et le traitement des maladies infantiles les plus communes et l�apport d�un compl�ment d�oligo�l�ments sont des investissements en ressources humaines peu co�teux. L�enseignement primaire, en particulier pour les filles, a une haute rentabilit� �conomique et constitue le plus grand potentiel inexploit� de productivit� rurale (Psacharopoulos et Woodhall,1985).
2.35 L�absence de durabilit� est un gros probl�me pour ce qui est de investissements dans les infrastructures publiques. L�entretien des routes rurales est souvent n�glig�. Pr�s de la moiti� du r�seau routier africain a besoin d��tre remis en �tat. Les gros travaux de r�fection p�riodiques absorbent des fonds qui ne sont plus disponibles pour �tendre le r�seau. On pourrait affecter les taxes sur le carburant � l�entretien des routes, mais il est probable que cette mesure n�am�liorerait gu�re la situation (Banque mondiale, 1994a). Il serait plus efficace de confier aux administrations locales la responsabilit� de la fourniture et de l�entretien des infrastructures, tout en veillant � ce que les autorit�s centrales transf�rent r�guli�rement les fonds requis. Si ces mesures sont associ�es � des approches participatives pour la planification, la construction et l�entretien des infrastructures, elles peuvent rendre l�acc�s � ces infrastructures et services plus �quitables et accro�tre le sentiment de propri�t� des utilisateurs. D�autres moyens rentables peuvent faciliter l�acc�s des populations rurales aux autres r�gions, notamment les investissements dans les moyens de transport interm�diaires et mixtes (bicyclette,char � boeufs,camion,train). En faisant appel � des entreprises priv�es pour ex�cuter les travaux d�entretien � forte intensit� de main-d�oeuvre, non seulement on r�duira le gaspillage et on fournira des services d�infrastructure rurale qui correspondront mieux aux besoins, mais on augmentera aussi les revenus des ruraux pauvres et, partant, leur capacit� d�acheter des aliments.
2.36 Les infrastructures rurales, autres que les installations d�irrigation, sont fondamentales pour stimuler les investissements agricoles priv�s et la croissance de la production. Le renforcement des infrastructures peut repr�senter une possibilit� d�investissement tr�s attrayante, mais qui attirera peu de capitaux priv�s car ce sont des biens publics qui sont en jeu. Sur les 200 milliards de dollars investis dans les infrastructures des pays en d�veloppement en 1993, 7 pour cent seulement venaient du secteur priv� (Banque mondiale, 1994a). Etant donn� que les budgets publics sont d�j� lourdement grev�s et que l�efficacit� des services fournis doit �tre am�lior�e, il est indispensable d�adopter une approche plus diff�renci�e en la mati�re. Dans pratiquement tous les pays en d�veloppement (et pays d�velopp�s), des efforts sont accomplis pour commercialiser, d�centraliser et privatiser ces services, dans le but de les rendre plus ind�pendants et de r�duire au minimum le nombre de ceux qui continueront � �marger au budget central.
2.37 Les nouvelles technologies ont �t� le principal moteur de la croissance agricole. Evenson (1994) estime qu�au cours des derni�res d�cennies, elles ont contribu� aux gains de production pour une part comprise entre la moiti� et les deux tiers. La rentabilit� �conomique des investissements dans des activit�s de cr�ation de technologies bien organis�es, bien financ�es et cibl�es sur des objectifs pr�cis d�passe r�guli�rement les 20 pour cent, et atteint m�me souvent 30 ou 40 pour cent, voire plus.
2.38 La cr�ation de technologies rel�ve � la fois du secteur public et du secteur priv�, la part de ce dernier �tant g�n�ralement plus importante dans les pays d�velopp�s. La recherche priv�e est orient�e vers des sous-secteurs o� il existe des d�bouch�s pour les r�sultats des recherches et o� ceux-ci peuvent faire l�objet d�une appropriation priv�e. Ces conditions sont r�unies dans les pays o� les droits de propri�t� intellectuelle sont prot�g�s et pour des intrants tels que les produits agrochimiques, les machines agricoles et les semences, auxquels l�inventeur peut limiter l�acc�s par les proc�d�s de fabrication ou de multiplication. Le secteur priv� est �galement favoris� quand il est possible de d�poser une marque de fabrique pour fid�liser les consommateurs.
2.39 Les avantages des am�liorations technologiques sont tr�s in�galement r�partis. En Afrique subsaharienne, ils ont �t� principalement limit�s aux cultures d�exportation et, dans quelques r�gions, au ma�s hybride. En Asie du Sud en particulier, les technologies � forte intensit� d�intrants de la r�volution verte ont �t� appliqu�es dans presque toutes les r�gions qui avaient un potentiel de ressources suffisant. L�adaptation pr�vue du riz hybride aux conditions tropicales devrait permettre une nouvelle am�lioration des rendements de 10 � 15 pour cent. A plus long terme, la mise au point d�une nouvelle vari�t� de riz destin�e � remplacer celles de l�Institut international de recherches sur le riz (IRRI) permettrait � nouveau d�accro�tre la productivit� de 20 � 25 pour cent.
2.40L�orientation future de la recherche doit refl�ter ces diff�rences11 En Afrique subsaharienne et dans d�autres r�gions g�n�ralement pauvres en ressources naturelles, il n�y a pas suffisamment de recherches ax�es sur les petites exploitations situ�es dans les zones pauvres, et fond�es sur une approche par syst�mes. Parall�lement, les efforts de recherche du type r�volution verte doivent �tre maintenus dans les r�gions � fort potentiel, o� davantage de fonds doivent �tre utilis�s pour emp�cher le plafonnement des rendements et la d�gradation des ressources, qui posent actuellement des probl�mes aux agriculteurs. Ces changements d�orientation auront des r�percussions importantes sur l�investissement � long terme et sur l�organisation des travaux. Pour le type d�activit�s le plus r�pandu qu�impose la recherche ax�e sur les syst�mes, il est indispensable de permettre au personnel d�acqu�rir des comp�tences et une formation diff�rentes, de r�duire les travaux de recherche dans les stations pour les augmenter dans les champs des agriculteurs, et de renforcer les interactions avec la vulgarisation. Tout cela risque d�augmenter les co�ts. La modification de l�approche scientifique n�cessite l�introduction de nouveaux types de formation � l�intention des agriculteurs et des chercheurs et une augmentation des apports des �conomistes et des sp�cialistes des sciences humaines.
2.41 Dans de nombreux pays en d�veloppement, les cr�dits op�rationnels par chercheur ont baiss� ces derni�res ann�es. De ce fait, les chercheurs ont plus difficilement acc�s � leurs clients et une grande partie de la recherche nationale a encore peu d�int�r�t pratique. L��tablissement de liaisons efficaces avec les services de vulgarisation et les usagers pose un s�rieux probl�me. Les instituts nationaux ont souvent �t� lents � programmer les recherches en pensant aux usagers potentiels. Les Centres internationaux de recherche agronomique (CIRA) et des entit�s comme le Programme sp�cial pour la recherche agricole en Afrique ont accompli des progr�s dans le domaine de la rationalisation de l�utilisation des ressources en eau et en terres, des intrants achet�s et des services; en effectuant des recherches par syst�mes dans les zones pauvres en ressources; en explorant le potentiel des cultures nouvelles ou abandonn�es qui ont �t� ignor�es du fait que l�on ne s�int�ressait qu�� un petit nombre de cultures et de vari�t�s b�n�ficiant des technologies de la r�volution verte; et en s�appuyant sur les connaissances des populations autochtones. La plupart des Syst�mes nationaux de recherche agricole (SNRA) restent cependant mal �quip�s et sont peu empress�s d�adopter cette ligne de conduite.
2.42 Umali (1992) a estim� que, dans le monde, 8,5 milliards de dollars ont �t� consacr�s � la recherche agricole en 1985, dont 3,2 milliards dans les pays en d�veloppement. Selon des estimations plus r�centes, les SNRA d�pensent entre 5 et 6 milliards de dollars par an dans les pays en d�veloppement, en plus des 270 millions de dollars fournis par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI).
2.43 En 1981, la Banque mondiale a propos� que 2 pour cent du produit int�rieur brut agricole soit allou� aux recherches nationales dans les pays en d�veloppement � soit un taux �quivalent � l�objectif des pays d�velopp�s � ce qui porterait le budget total de recherche des pays en d�veloppement � environ 12 milliards de dollars. On notera toutefois que ces objectifs sont des indications g�n�rales qui ne prennent pas en compte l�efficacit� des recherches, les besoins au niveau des pays, ni la masse critique n�cessaire pour l��tablissement des recherches, par rapport � l�utilit� des domaines de recherche particuliers.
2.44 On continue de s�interroger sur le type et l�orientation des recherches qui seront � l�avenir les mieux � m�mes de favoriser la s�curit� alimentaire, en particulier dans les r�gions critiques de l�Asie du Sud et de l�Afrique subsaharienne. La possibilit� d�un retard technologique dans le domaine de la production alimentaire suscite des pr�occupations. Dans quelques r�gions d�Asie du Sud, les rendements du riz ne progressent que lentement dans les stations de recherche (Pingali, Moya et Velasco,1990), et dans les zones les plus fertiles comme le Penjab indien ou la partie centrale de l��le de Lu�on, les rendements semblent plafonner.
2.45 Un consensus semble se dessiner sur le recentrage n�cessaire des recherches futures, qui r�duirait rationnellement les recherches ax�es sur l�am�lioration des produits, au profit de celles portant sur l�am�nagement des ressources. Ce recentrage serait n�cessaire dans tous les pays en d�veloppement o� les ressources naturelles, les routes, les infrastructures d�irrigation et l�acc�s aux march�s sont insuffisants et ne permettent pas d�op�rer rapidement une nouvelle r�volution verte. On consacrerait ainsi davantage d�efforts � la rationalisation de l�utilisation des ressources en eau et en terres, des intrants achet�s et des services, et les recherches seraient concentr�es sur les zones pauvres en ressources. Ce type d�approche serait plus ax� sur les syst�mes, incorporerait davantage de plantes cultiv�es abandonn�es, s�appuierait sur les connaissances locales et programmerait la recherche de fa�on participative, en fonction des usagers.
2.46Le long d�lai qui s��coule entre le moment o� les recherches sont entreprises et celui o� leurs r�sultats sont appliqu�s dans les champs des agriculteurs est un gros probl�me. Un effort doit �tre fait, de toute urgence, pour identifier les domaines critiques pour la s�curit� alimentaire dans les pays les plus pauvres et pour acc�l�rer les recherches dans ces domaines particuliers. S�il existe potentiellement des technologies permettant de rem�dier aux probl�mes identifi�s, les effets Boserup12 peuvent am�liorer consid�rablement la situation; si ce n�est pas le cas, un flux ininterrompu et croissant d�innovations technologiques doit �tre financ� par l�interm�diaire des CIRA et des SNRA, pour constituer une r�serve de technologies qui pourront �tre utilis�es au moment voulu.
2.47 D�apr�s la FAO (1990), dans les pays en d�veloppement, le transfert de technologies emploie quelque 550 000 personnes, dont la plupart dans les services publics de vulgarisation, pour un co�t d�environ 4,5 milliards de dollars par an. Sous l�effet de l�ajustement structurel et de la diminution du financement public, les services de vulgarisation ont d�une mani�re g�n�rale diminu� ces derni�res ann�es.
2.48 Les rendements �conomiques qui peuvent �tre obtenus gr�ce au transfert de technologies, de m�me que les questions li�es � ces transferts, refl�tent largement ceux li�s � leur cr�ation. Pour que les services de vulgarisation restent abordables dans un contexte o� les populations rurales continuent de s�accro�tre, bien qu�� un rythme plus lent, et, pour qu�ils transmettent le message plus vaste du mod�le de recherche � deux axes, ces services doivent �tre modifi�s.
2.49 Lorsque l�on cherche � d�finir une densit� de vulgarisation ad�quate, on prend g�n�ralement pour param�tre le nombre de vulgarisateurs pour une population donn�e d�agriculteurs. Ainsi, l�objectif classique est d�un agent pour 500 agriculteurs. Sur cette base, il faudrait dans le monde en d�veloppement 2,4 millions de vulgarisateurs, soit plus du quadruple du chiffre actuel, dont 80 pour cent op�reraient dans les services publics, pour desservir 1,2 milliard d�agriculteurs, ce qui co�terait pr�s de 20 milliards de dollars par an. Il est �vident que cet objectif est irr�aliste. L�efficacit� de la vulgarisation passera, � l�avenir, par la r�cup�ration des co�ts, l�abaissement du co�t des prestations et la meilleure ad�quation du message de vulgarisation.
2.50 La r�cup�ration des co�ts ne sera possible que si les services de vulgarisation sont bas�s sur les m�canismes du march� et sur la demande, comme pour l�approvisionnement en intrants agricoles. Ce type de service se d�veloppe au fur et � mesure que les syst�mes agricoles se diff�rencient et deviennent plus sophistiqu�s, et ils seront de plus en plus r�pandus � l�avenir, m�me si � l�heure actuelle leur importance est encore limit�e dans de nombreux pays en d�veloppement. La privatisation de la vulgarisation est possible lorsque l�on peut s�approprier les recettes provenant des services rendus. C�est le cas pour de nombreuses technologies modernes, par exemple pour les informations agricoles sp�cialis�es concernant les cultures � haute valeur marchande, les semences hybrides, les machines agricoles, les produits agrochimiques et les op�rations de commercialisation et de transformation. De plus en plus, une aide dans le domaine de la tenue de registres et de la planification financi�re doit faire partie de l��ventail des services de vulgarisation fournis, surtout dans les �conomies en transition. Les services de vulgarisation concernant les technologies modernes peuvent �tre dispens�s soit par les entreprises qui commercialisent les intrants et les produits agricoles, ou transforment ces produits, dans le cadre de leur strat�gie de commercialisation, soit par des consultants priv�s qui donnent des conseils contre paiement. Il existe des formes interm�diaires, par exemple, lorsque les services priv�s sont partiellement subventionn�s par l�Etat ou quand les gouvernements sous-traitent ces services � des agents priv�s. Pour am�liorer la r�cup�ration des co�ts et permettre � la vulgarisation de s�autofinancer, on peut aussi confier ces services � des associations d�agriculteurs, qui seront rembours�es par leurs membres des prestations qu�elles auront fournies. Il arrive aussi que les ONG fournissent ces services, et bien qu�elles ne cherchent g�n�ralement pas � r�cup�rer les co�ts, leurs prestations sont souvent meilleur march� et mieux cibl�es et elles all�gent la charge budg�taire des gouvernements.
2.51 Les services de vulgarisation doivent varier en fonction des diff�rents types d�exploitation agricole pour offrir des prestations ad�quates. En revanche, de nombreux pays en d�veloppement tentent de cr�er des services de vulgarisation unifi�s. Une telle unification para�t souhaitable dans des situations particuli�res, l� o� les pratiques agricoles sont tr�s homog�nes et o� les co�ts sont limit�s par les hautes densit�s d�exploitation, comme dans certaines r�gions d�irrigation intensive en Asie. En r�gle g�n�rale cependant, les gouvernements devraient, tout en maintenant un contr�le global sur la qualit� des services, rechercher activement des moyens de privatiser, de couvrir les d�penses et de se lib�rer des services de vulgarisation, ce qui permettrait une r�duction de leurs charges budg�taires et une meilleure adaptation des prestations aux particularit�s de la demande. Le secteur public pourrait alors concentrer ses efforts sur les services qui rel�vent vraiment du domaine gouvernemental: l�information agricole g�n�rale destin�e aux agriculteurs dot�s de faibles ressources, qui n�ont pas d�autres moyens de recevoir ces services.
2.52 On peut aussi am�liorer le rapport co�t-efficacit� de la vulgarisation en employant des m�thodes de vulgarisation participatives et des modes de communication modernes. Les approches participatives sont n�cessaires pour �laborer et diffuser des messages de vulgarisation mieux adapt�s � la demande de services. La participation n�cessite normalement une formation sp�ciale, une d�termination particuli�re de l�agent, l�acceptation d�un flux d�information ascendant, et plus de temps pour examiner avec les agriculteurs leurs pr�f�rences et pour adapter � leurs besoins des s�ries de technologies issues de la recherche. Cela r�duira consid�rablement le gaspillage, en �liminant les activit�s de vulgarisation qui ne correspondent pas suffisamment aux besoins ressentis par les agriculteurs. L�adaptation des services de vulgarisation aux femmes rev�t une importance particuli�re. La f�minisation de l�agriculture est un ph�nom�ne g�n�ralis�, sp�cialement en Afrique et dans certaines r�gions d�Am�rique latine, qui r�clame un plus grand nombre d�agents de vulgarisation f�minins, ainsi que des conseils sp�cialis�s sur l�usage des facteurs de production et du cr�dit, auxquels les femmes ont moins facilement acc�s, et sur les moyens de surmonter leurs probl�mes d�absence de droits de propri�t� et de garanties. En Asie du Sud, des interm�diaires financiers sp�cialis�s fournissent les cr�dits n�cessaires aux femmes et l�on raconte que le risque est moins �lev� que pour les hommes, malgr� les moindres garanties formelles pr�sent�es.
2.53 Les m�thodes modernes de vulgarisation pourraient r�duire consid�rablement le face � face traditionnel et les d�placements fr�quents des agents de vulgarisation. La radio, la t�l�vision et la vid�o peuvent propager des messages utiles � une large audience et permettre ainsi � un agent de consacrer plus de temps aux besoins individuels des agriculteurs. Ces m�thodes sont tr�s couramment utilis�es dans les pays d�velopp�s et commencent � �tre accept�es dans les pays en d�veloppement, comme la diffusion d�informations agricoles par la t�l�vision nationale en Inde, en C�te d�Ivoire et au Br�sil; la communication de messages par bandes vid�o au P�rou, au Br�sil, au Honduras, au Mexique et au Paraguay, et les syst�mes de transmission par satellite d�informations agricoles dans de grandes r�gions de l�Indon�sie, des Philippines et de l�Afrique de l�Ouest.
2.54 Le recours aux m�dias permet de surmonter le probl�me de l�analphab�tisme, qui freine beaucoup d�efforts de vulgarisation. Toutefois, l�accroissement de la r�ceptivit� des populations rurales aux technologies modernes passe principalement par une �ducation g�n�ralis�e. Comme indiqu� auparavant (paragraphe 1.6), la question de la mise en valeur des ressources humaines en g�n�ral n�entre pas dans le cadre de ce document. Son r�le dans l�accroissement du potentiel humain et la prise de conscience de l�existence d�options permettant d�am�liorer la vie rurale dans tous les domaines ne peut pas �tre surestim�. Il est d�montr� que le niveau d�instruction des agriculteurs est en corr�lation �troite avec leur productivit� et efficacit�, et que l�enseignement primaire dans les zones rurales tend � produire de meilleurs r�sultats que l�enseignement secondaire et sup�rieur. De m�me, l�enseignement produit de meilleurs r�sultats chez les filles que chez les gar�ons, et parmi toutes les r�gions en d�veloppement, c�est en Afrique subsaharienne que l�enseignement primaire et secondaire donne les meilleurs r�sultats (Psacharopoulos, 1994).
2.55 Le regroupement de la recherche appliqu�e dans le cadre du GCRAI et du Programme sp�cial pour la recherche agricole en Afrique est une tentative bien connue de faire face � des probl�mes dont la solution d�passe les capacit�s des gouvernements nationaux. A la suite du Programme Action 21 de la Conf�rence des Nations Unies sur l�environnement et le d�veloppement (CNUED), qui s�est tenue � Rio de Janeiro en 1992, plusieurs autres questions sont � l��tude dans ce domaine mais souvent sans les engagements financiers n�cessaires.
2.56 Nombre des investissements requis pour encourager l�intensification agricole soul�vent des questions transfronti�res; en d�autres termes, les probl�mes � r�soudre d�passent les moyens d�un seul pays, mais une fois une solution trouv�e, celle-ci peut b�n�ficier � d�autres pays. De nombreuses interventions concernent des probl�mes d�environnement mondial; ainsi, le Fonds pour l�environnement mondial lutte contre le r�chauffement du globe, la pollution de l�eau, la rar�faction de l�ozone et la diminution de la diversit� biologique, et traite de questions critiques pour l�agriculture comme le r�tr�cissement de la base g�n�tique des esp�ces v�g�tales et animales. Parmi les autres initiatives, on peut citer le Programme d�assistance technique pour la M�diterran�e, le R�seau des villes c�ti�res m�diterran�ennes, le Programme pour la gestion et la protection de l�environnement de la mer Noire, et des programmes similaires pour la mer Baltique, le bassin de la mer d�Aral, la mer Caspienne, le bassin du Danube et le lac Victoria. Beaucoup de ces derniers exemples int�ressent plus particuli�rement les pays d�velopp�s et les �conomies en transition des pays d�Europe orientale.
2.57 Les initiatives visant � r�soudre des probl�mes transfronti�res sp�cifiques des pays en d�veloppement ne peuvent d�habitude compter que sur des cr�dits nettement insuffisants. Parmi celles-ci, on trouve la lutte contre les acridiens et la d�sertification, les syst�mes d�alerte rapide pour la s�cheresse et les p�nuries alimentaires, le Syst�me de pr�vention et de r�ponse rapide (EMPRES) contre les ravageurs et les maladies transfronti�res des animaux et des plantes, l�am�nagement conjoint de p�cheries et d�eaux int�rieures appartenant � plusieurs pays et les op�rations de secours � la suite de catastrophes.
Asie
2.58 Dans une grande partie de la r�gion, l�insuffisance de la recherche agricole devient un goulet d��tranglement, car la croissance des rendements se ralentit et les stations de recherche ne disposent ni des technologies nouvelles capables de r�soudre de nombreux probl�mes de d�g�n�rescence de seconde g�n�ration dans les zones � potentiel �lev�, ni des nouveaux syst�mes particuli�rement adapt�s aux agriculteurs, qui permettraient d�intensifier l�agriculture sur les terres plus pauvres. L�investissement dans la conception et la diffusion de technologies doit �tre renforc� de toute urgence pour traiter des questions de carences en oligo�l�ments, de r�duction des disponibilit�s en eau utilis�es pour le riz irrigu� en continu, et autres questions similaires. Il faudrait en priorit� remettre en �tat les p�rim�tres d�irrigation, g�rer de fa�on plus efficace et d�centralis�e l�eau et cr�er des march�s de l�eau. Par ailleurs, la restauration et la protection de l�environnement sont n�cessaires car la croissance rapide de l�agriculture s�est souvent faite aux d�pens du patrimoine naturel. La croissance urbaine exige d�importants investissements dans les infrastructures de commercialisation.
Afrique
2.59 Les infrastructures rurales manquent cruellement, surtout en Afrique subsaharienne. Les infrastructures ad�quates (par exemple, r�seaux d�irrigation et routes rurales) sont rares et se d�t�riorent. La r�gion est en outre p�nalis�e par l��parpillement des populations et par un potentiel d�irrigation limit�. De lourds investissements sont n�cessaires dans l�infrastructure rurale de communications; la remise en �tat et la modernisation de l�irrigation; l�am�lioration de l�exploitation de l�eau pluviale par des syst�mes de capture simples et performants sur les lieux d�utilisation; l�am�nagement et l�amendement des terres; et les services d��ducation et de sant�. Des r�sultats de recherche et des m�thodes particuli�rement performantes, qui n�ont pas encore �t� test�s � grande �chelle, sont disponibles pour les r�gions � potentiel �lev� d�Afrique et peuvent �tre adopt�s d�s que les conditions de densit� de population, d�accessibilit� des r�gions et de cr�ation de march�s le permettent. Des recherches syst�miques doivent �tre r�alis�es sur les petites exploitations agricoles pauvres en ressources, qui sont tr�s r�pandues dans la plupart des pays africains, pour cr�er de nouveaux syst�mes de culture qui soient durables m�me avec de plus grandes densit�s de population et qui puissent se pr�ter � une intensification spontan�e de l�agriculture traditionnelle africaine.
Am�rique latine
2.60 On trouve encore des r�serves de terres, et une m�canisation appropri�e des cultures permettrait de d�velopper l�agriculture. Vu le niveau �lev� de commercialisation de l�agriculture, les march�s financiers ruraux doivent �tre op�rationnels. En outre, la r�partition des terres est tr�s in�quitable et les petits agriculteurs sont oblig�s de cultiver des terres marginales, provoquant ainsi des d�g�ts � l�environnement (certaines parties de l�Afrique australe pr�sentent des caract�ristiques similaires). Il faudrait renforcer les initiatives de r�formes agraires, surtout celles ax�es sur le march�, pour optimiser la mise en valeur des derni�res r�serves de terres agricoles. Il serait en outre utile, �tant donn� le niveau �lev� d�urbanisation attendu (80 pour cent), d�effectuer de substantiels investissements dans la commercialisation et les infrastructure de transformation.
2.61 Les investissements envisag�s consistent, dans leur tr�s grande majorit�, en biens corporels fixes ou meubles qui sont sous contr�le individuel et peuvent �tre rentables pour le secteur priv�. A l�autre extr�me se trouvent les investissements en biens et services publics. Ceux-ci comprennent la sant� et l��ducation, la r�glementation et le contr�le des activit�s priv�es qui pourraient �tre pr�judiciables � l�int�r�t public, et les investissements majeurs � par exemple les routes ou les barrages � qui d�passent les capacit�s financi�res du secteur priv� et/ou qui g�n�rent des b�n�fices multiples dont certains ne peuvent pas �tre destin�s au secteur priv�.
2.62 Entre les deux, cependant, il existe des situations mixtes dans lesquelles les investissements doivent �tre divis�s ou partag�s entre les secteurs priv� et public, ou bien dans lesquelles les communaut�s plut�t que les individus ou les entreprises ont un r�le � jouer. A mesure que l�agriculture �volue sous la pression d�une demande croissante, de nouveaux liens entre les activit�s �conomiques publiques et priv�es devront �tre trouv�s.
Encadr� 3 |
Pays de l�OCDE Dans le pr�sent document, on n�a pas tent� de quantifier les besoins d�investissement des pays d�velopp�s. D�ordinaire, les pays d�velopp�s ont un coefficient de capital dans le secteur agricole sensiblement plus �lev� que les pays en d�veloppement. Cela s�explique par la forte proportion des capitaux dans la production, contrairement aux pays en d�veloppement o� le capital n�est en grande partie pas comptabilis�, comme en particulier les ressources naturelles. Dans les pays industrialis�s d�Europe occidentale et d�Am�rique du Nord, les investissements dans le secteur agricole sont par cons�quent �lev�s, en raison des besoins importants de remplacement des biens d��quipement. Toutefois, les investissements nets dans les infrastructures productives sont souvent faibles ou n�gatifs. Tout porte � croire que depuis le d�but des ann�es 80, il y a eu d�sinvestissement dans plusieurs pays de l�OCDE, en raison de la hausse des taux r�els d�int�r�t, de la r�glementation de l�environnement, de la r�duction des subventions de l�Etat, des incitations au retrait des terres arables et � la diminution du cheptel. La production n�en a probablement pas beaucoup souffert, �tant donn� que des progr�s technologiques ont �t� r�alis�s simultan�ment, que les agriculteurs choisissent de retirer les terres moins fertiles et d�abattre le b�tail moins productif, et que les programmes d�investissement/remplacement des machines agricoles sont ajust�s avec souplesse. Plusieurs facteurs, qui se neutralisent en partie, d�termineront les besoins futurs d�investissement. La th�se selon laquelle les pays d�velopp�s sont toujours plus appel�s � produire des aliments pour les pays en d�veloppement (Carruthers, cit� dans McCalla, 1994) contre des biens industriels provenant des pays en d�veloppement est � dessein provocante, mais les preuves � son appui ne manquent pas. Par exemple, dans le cadre de l�Accord de libre-�change nord-am�ricain (ALENA), les industries polluantes ont �t� d�plac�es au Mexique et, de l�, elles exportent vers les Etats-Unis, alors que le ma�s des Etats-Unis a chass� en partie les producteurs mexicains traditionnels des march�s int�rieurs. La p�n�tration rapide des produits agricoles d�Europe occidentale sur les march�s des pays en transition peut �tre une autre preuve de la validit� de cette th�se, du moins � court terme. Sur le front int�rieur, il est peu probable que la demande des pays de l�OCDE d�clenche de nouveaux investissements importants. Tant l��lasticit�-revenu de la demande d�aliments que les taux de croissance d�mographique sont faibles ou n�gatifs. En Europe, les pays en transition finiront par faire leur entr�e sur les march�s occidentaux en offrant essentiellement les m�mes produits pour lesquels l�Europe occidentale a eu depuis toujours des avantages comparatifs: c�r�ales fourrag�res, produits animaux et produits laitiers dans le nord, c�r�ales vivri�res, fruits et l�gumes, ol�agineux et boissons alcooliques dans le sud. La perte de rentabilit� de l�agriculture dans les pays � revenu �lev� modifie l�id�e que se fait le public en g�n�ral des zones rurales. Celles-ci sont consid�r�es de plus en plus comme fournissant des services �cologiques, esth�tiques ou r�cr�atifs, n�cessitant diff�rents types d�investissement: protection et remise en �tat des r�serves naturelles, am�nagement de parcs et de jardins, terrains de golf et autres installations pour les sports et les loisirs, zones destin�es aux r�sidences secondaires et aux habitations pour retrait�s. En Am�rique du Nord, des changements analogues sont en cours. La diminution des subventions agricoles pourrait r�duire les incitations � cultiver des c�r�ales dans les zones plus s�ches et moins fertiles. Tout bien consid�r�, les investissements, outre ceux n�cessaires pour le remplacement et la maintenance, seront de peu d�importance dans les pays de l�OCDE pour faire face aux exigences futures impos�es aux syst�mes de production agricole. Dans quelques rares zones, on peut entrevoir la possibilit� d�accro�tre les investissements. Premi�rement, au fur et � mesure que l�ing�nierie g�n�tique et d�autres formes de transformation des aliments au moyen des biotechnologies semblent plus acceptables aux consommateurs, les soci�t�s int�ress�es acc�l�reront la recherche et la production, ce qui entra�nera de nouveaux investissements. Deuxi�mement, dans certaines parties de l�ouest des Etats-Unis, la demande croissante d�eau des zones urbaines r�sidentielles, touristiques et industrielles pourrait entra�ner des investissements dans des syst�mes d�irrigation plus efficaces et dans l�expansion des r�seaux de transport. Troisi�mement, la restructuration du secteur de distribution des aliments se poursuit, car la concurrence oblige les soci�t�s � cr�er avec agressivit� de nouveaux d�bouch�s qui exigent des investissements dans de nouvelles formes de distribution des aliments, dans la gastronomie, la transformation secondaire, la publicit�, et elle les incite � am�liorer la productivit� de la commercialisation et de la distribution des denr�es alimentaires. Pays en transition Etant donn� les divers probl�mes d��valuation m�thodologique et l�insuffisance des donn�es, il est difficile d�estimer les investissements dans les pays en transition. Dans tous les pays, la transformation des structures productives est en cours en fonction de la demande du march�, rempla�ant la division ant�rieure des fonctions r�gie par les pouvoirs publics entre les diverses r�publiques de l�ex-Union des r�publiques socialistes sovi�tiques (URSS). Les pays autrefois � �conomie planifi�e d�Europe orientale, � savoir ceux qui ne sont pas trop �loign�s des march�s, pourraient finalement redevenir les fournisseurs naturels de produits agricoles pour l�Europe occidentale et le Proche-Orient, comme cela �tait le cas au d�but du si�cle. Ils tireraient profit des faibles co�ts de la main-d�oeuvre par rapport � ceux de l�agriculture d�Europe occidentale et de la compl�mentarit� des conditions naturelles par rapport au Proche-Orient. Au fur et � mesure que le pouvoir d�achat local augmentera dans les pays en transition, la demande se diversifiera et s�orientera vers des produits � haute valeur marchande. L�ouverture croissante des march�s �trangers pour les produits agricoles et l�augmentation de la prosp�rit� dans les pays n�cessiteront des m�thodes de commercialisation et de transformation plus sophistiqu�es et des possibilit�s d�investissement. Si � cela s�ajoute un cadre juridique, financier et mon�taire stable et s�r, ces investissements seront pour la majeure partie priv�s et on peut beaucoup attendre des soci�t�s en participation. Si des r�formes du syst�me de distribution et de transformation impos�es par le march� sont en cours, la protection temporaire des producteurs locaux contre les importations agricoles reste peut-�tre toutefois n�cessaire, �tant donn� que le sous-secteur de la distribution locale en est encore � ses d�buts. Le secteur public doit modifier son mandat, la direction des entreprises �tatiques c�dant la place � la fourniture de services � un secteur agricole priv� dont le moteur est le march�. La privatisation des terres exigera au cours des prochaines ann�es des investissements dans l��tablissement du cadastre, des droits de propri�t� et du registre foncier pour stimuler les investissements agricoles priv�s, contribuer � la cr�ation d�un march� foncier et faciliter l�acc�s au cr�dit. Dans de nombreux pays en transition, le retard dans la recherche agricole ad�quate, n�cessitera des investissements dans les techniques de la r�volution verte, les syst�mes d�exploitation et les biotechnologies, dont une grande partie sera import�e de l�ouest et effectu�e dans le cadre d�entreprises conjointes. La recherche devra toutefois �viter de transf�rer aveugl�ment les techniques occidentales; mais elle devra tenir compte des bons r�sultats obtenus localement et utiliser les avantages comparatifs locaux qui se sont d�gag�s au cours de la p�riode d�isolement de la r�gion. En Asie centrale, d�immenses investissements, en grande partie publics, dans les p�rim�tres d�irrigation semblent n�cessaires pour assainir l�environnement et assurer une plus grande durabilit�. |
2.63 Les gouvernements peuvent tirer deux conclusions plus g�n�rales de cet inventaire. La premi�re est qu�il leur faudra investir davantage dans les comp�tences humaines et dans les capacit�s institutionnelles, afin de cr�er une interaction fructueuse avec les millions d�individus qui, par les investissements qu�ils comptent effectuer, conditionneront largement la croissance des approvisionnements alimentaires. La seconde est que, malgr� de tels efforts de l�Etat dans le secteur agricole, les progr�s resteront limit�s, � moins que des signaux �conomiques appropri�s ne soient donn�s en m�me temps aux personnes priv�es.
(4) See also WFS companion paperLessons from the green revolution: towards a new green revolution (WFS 96/06).
(5) Theoretically irrigable land is land that is both technically suitable for irrigation and in principle capable of being developed for irrigation at acceptable costs and returns. It is a somewhat imprecise working definition.
(6) Recent findings by the World Bank�s Operations Evaluation Department (World Bank, 1994d) are that large irrigation projects often perform better than small ones due to economies of scale in engineering; overruns of construction schedules may improve performance because of economies of time (engineers� learning process); better cost recovery does not necessarily improve operation and maintenance since higher water charges are seldom earmarked for operation and maintenance; what is more important than full cost recovery is financial autonomy of the water authority (after the state has assumed responsibility for capital costs) and a sense of system ownership by the users themselves.
(7) Market-based land reform is preferred to expropriation by law and redistribution through a State agency, despite the complexity of establishing market value. Land acquisition by smallholders would have to be assisted by suitable credit mechanisms to avoid an excessive initial debt-service burden, and be supported by a strengthening of agricultural services. For a more complete elaboration of the issue seeWAT2010.
(8) See also WFS companion paperFood production and environmental impact (WFS 96/11).
(9) See also WFS companion paperFood for consumers: marketing, processing and distribution(WFS 96/08).
(10) See also WFS companion paperSocio-political and economic environment for food security (WFS 96/03).
(11) See also WFS companion paperRole of research in global food security and agricultural development (WFS 96/09).
(12) The model of Boserup (1993), prominent protagonist of population-induced agricultural innovation, claims that new technologies will be taken up when population pressure reaches a given point, but not before. According to this model it would be useless to extend new technologies among farmers when the situation is not ripe for their adoption.