Le manuel sur comment définir et mettre en uvre une politique nationale de communication pour le développement est luvre commune des participants à latelier régional tenu à Niamey en avril 2002.
Lidée de concevoir un tel manuel est partie de la capitalisation des expériences successives depuis 1992; à cette date, la FAO répondait à une requête du Gouvernement du Mali pour lassister à définir une politique nationale de communication pour le développement.
Lunité chargée à lépoque de la communication pour le développement a mis au point une démarche méthodologique qui lui a permis de faire létat de lieux de la communication pour le développement par des consultants nationaux, dorganiser un atelier national de validation des résultats de ces études et de définir les missions, les objectifs et les plans daction de la politique nationale de communication pour le développement.
Cette première approche méthodologique nous a semblé heureuse mais comme toute uvre pionnière, elle nous a également semblé perfectible pour ne pas dire incomplète: les communautés à la base navaient pas pu être consultées et leurs besoins pas suffisamment pris en compte; les Etats généraux du monde rural malien qui avaient eu lieu dans le cadre de la préparation du Schéma Directeur du développement rural nous avaient donné loccasion de connaître les aspirations, les souhaits, les doutes et les revendications du monde rural (toutes choses que nous avions pris en compte dans le processus de définition de la politique nationale de communication pour le développement).
Cest de là quest née létape méthodologique qui a voulu que les communautés au niveau régional soient consultées en amont: doù lorganisation des rencontres régionales qui elles se préparent avec un questionnaire et un canevas dentretien; lobjectif étant didentifier les besoins en information et en communication des acteurs à la base et de connaître leur vision dune approche structurée et cohérente de la communication au service du développement.
Dès lors, cette étape a été développée en Guinée-Bissau en commençant à la base: ONG, organisations paysannes, membres de la société civile, services décentralisés de lEtat ont été consultés pour comprendre comment ils communiquaient entre eux, comment ils communiquaient avec leurs partenaires dans la région, dans la capitale? Quels sont les obstacles à la circulation et à la gestion de linformation? Quel est létat des institutions et moyens dinformations, des structures et infrastructures de la communication? Quelles solutions les régions, les acteurs la base proposent-ils sur la base du diagnostic de la communication pour le développement?
Les rencontres régionales permettent de recueillir les propositions des communautés rurales.
De Bissau au Niger en passant par le Cap Vert et le Burkina, les étapes méthodologiques se sont enrichies par la nécessité dorganiser un atelier pédagogique pour mettre tous les consultants à niveau et pour partager dans une approche participative les tâches différentes mais complémentaires contenues dans leurs termes de référence.
En RCA, létape de la tenue de latelier national, chargé de définir les missions, objectifs et plans daction à court, moyen et long terme de la PNCD, a permis de pas juger nécessaire la création dune commission ou dun groupe de travail, chargé danalyser les besoins et les plans daction; estimant, à juste titre, que ces points ne pouvaient être traités hors des autres groupes de travail; il a été préconisé que les besoins et les plans daction fussent discutés et élaborés au sein de chaque groupe de travail.
Au total, la méthodologie que la FAO a soumis à lappréciation de latelier comportait neuf étapes.
Au sortir de la rencontre de Niamey, elle sest enrichie de deux pour la phase de définition et de six pour la phase de mise en uvre: soit 17 étapes méthodologiques pour les deux phases.
Je voudrais remercier ici le Professeur Alfred Opubor, qui a accepté faire lexposé introductif de cet atelier régional et faciliter la réflexion sur les étapes méthodologiques pour la définition et la mise en uvre des politiques nationales de communication pour le développement quil a en outre rédigée; il est vrai quil était tout à fait indiqué pour cette tâche: sa longue carrière en communication tant au plan national quinternational (FNUAP) et ayant été aux avants postes, au milieu des années 1980, dans organisation dun des premiers ateliers, sous légide de lOUA, sur les politiques de communication en Afrique; cétait à Abéokuta, au Nigéria.
En mettant cet outil à la disposition de ceux qui ont la responsabilité délaborer des instruments de structuration et de cohérence pour une action globale dans le domaine de la communication que sont les politiques nationales de communication pour le développement, la FAO voudrait réitérer ici quelques principes de la méthodologie de la communication pour le développement et des considérations méthodologiques de bases inhérentes aux politiques de communication:
Il faut toujours partir des besoins des communautés pour définir les thèmes et secteurs qui feront lobjet de létat des lieux de chaque outil/média et ce, dans le contexte général de la situation du pays et en fonction de ce quelle peut apporter comme appui au développement de tous les secteurs et domaines de développement; ce postulat a la primauté sur les autres principes.
Identifier, inventorier et analyser les besoins en communication des différents acteurs sociaux en milieu urbain et surtout en milieu rural, réfléchir et faire des propositions concrètes sous forme de plans daction sectoriels et régionaux sur la mission, les objectifs de la politique nationale de communication pour le développement, sur le rôle et la place des médias, sur la formation à la communication pour le développement et sur le cadre institutionnel et juridique chargé de la mise en uvre et du suivi de la politique de communication.
Dans le processus de définition dune politique nationale de communication pour le développement, il est fondamental:
davoir à lesprit linterdépendance entre la communication et les autres secteurs et domaines de développement.
détablir une nouvelle approche du développement de la communication qui implique la participation de la population aux affaires de la Nation.
denvisager une approche de la communication à dimension humaine en faisant en sorte que la communication ne soit pas le monopole des médias mais quelle soit le fait des instituteurs, des agents de vulgarisation agricole, des agents de santé, des vétérinaires de terrain, des leaders communautaires et religieux, des membres des ONG et des organisations paysannes.
de comprendre que la mise en uvre de la politique nationale de communication pour le développement passe par un cadre juridique et institutionnel approprié.
dopter pour une approche multimédias (englobant la communication interpersonnelle, de groupe, les moyens de communication traditionnels, les médias, les nouvelles technologies de communication)
de tenir compte des situations spécifiques, des réalités et des besoins propres des pays et surtout de leurs propres moyens, capacités humaines, matérielles et financières.
Jean-Pierre Ilboudo
Superviseur technique des projets de définition
des politiques de communication en Afrique francophone et lusophone