Les gouvernements et dautres institutions élaborent des politiques qui assurent la cohérence et évitent les contradictions dans les activités de diverses entités publiques et privées. Les outils politiques cherchent également à résoudre des problèmes sociaux ou techniques et à légitimer la mise en place de programmes et projets.
Les pays africains ne sont pas en reste en matière délaboration de politiques. Nombre dentre eux ont déjà mis en place des politiques dans différents secteurs et quelques-unes sont très bien formulées, sagissant notamment des politiques économiques, sanitaires, agricoles, éducatives, environnementales et étrangères. Dans quelques pays, on ne trouve que des documents symboliques, virtuellement moribonds, sans réalité dynamique et sans réelle possibilité de mise en uvre. Dans dautres pays, ces politiques proposent des orientations sectorielles qui peuvent contribuer aux objectifs globaux du développement national. Dans ce contexte, une politique de communication peut constituer une contribution de plus au développement national, en permettant le renforcement dactions autour de problèmes intersectoriels.
Les politiques de communication sont définies comme
«une série de principes et de normes mis en place pour piloter le comportement des systèmes de communication. Au fil du temps, elles sont façonnées dans le contexte général de lapproche de la communication et des médias par les sociétés. Construites sur les idéologies politiques, les conditions économiques et sociales du pays et les valeurs sur lesquelles elles sont basées, elles sévertuent à les mettre en relation avec les besoins réels et le potentiel de la communication.[4]»
Dans toute société, les institutions publiques et privées, comme les individus, sengagent dans des actions de communication internes et externes pour diverses raisons. Souvent, il ny a pas didée ou de vision partagée par tous pour aider à la coordination ou la rationalisation de ces différentes actions, sans doute parce que les décideurs politiques et les planificateurs ne voient pas comment ils pourraient le faire. Une politique nationale dinformation et de communication pour le développement peut fournir le cadre conceptuel et institutionnel nécessaire pour la coordination et lintégration des interventions techniques et sociales entreprises par des institutions allant de la vulgarisation agricole aux ministères de léducation et de la santé, dONG comme les groupes dappui aux femmes, ou les militants des droits de lhomme, à des intérêts privés comme les chambres de commerce ou les banques. La contribution dune politique nationale consiste à articuler les principes, les valeurs et les normes applicables à la communication à tous les niveaux du gouvernement, de la société civile et du secteur privé, dans le cadre des objectifs de développement dune nation. Une autre approche qui considèrerait linformation et la communication comme un «secteur» de la planification du développement[5] pourrait aussi aider à rationaliser les investissements et constituer une base pour intégrer les interventions dinformation et de communication au sein des stratégies nationales de développement.
Une politique de communication peut donc constituer un outil dappui à la planification, au développement et à lusage systématiques du système de communication, ainsi quà ses ressources et possibilités, pour renforcer efficacement le développement national.
Une diffusion efficace et continue de la communication publique est un pré-requis important pour une gouvernance démocratique. Dans les démocraties naissantes ou renaissantes dAfrique, la communication sociale apporte le ciment qui lie divers groupes sociaux et communautés dans leur résolution à construire des sociétés nouvelles. Elle permet de créer des liens entre les dirigeants politiques, religieux, traditionnels, communautaires et leurs partisans et de bâtir des ponts entre les communautés urbaines et rurales ainsi quentre les générations.
Cest à travers la communication que les agences gouvernementales et les ONG sefforcent de fournir des informations techniques et des services sociaux pour améliorer la qualité de vie des citoyens et que la société civile cherche à élargir la participation à la gouvernance et à la rendre durable. Le succès des nouvelles politiques et pratiques agricoles, des campagnes de santé, dalphabétisation, déducation politique et civique des adultes est largement dû à lapport de la communication. Face aux enjeux liés à la propagation rapide du VIH/SIDA, la communication est aujourdhui une nécessité cruciale pour la mobilisation et les changements sociaux afin de susciter des comportements préventifs et de soutenir les personnes infectées et affectées.
Mais la communication peut aussi diviser la population, sur différents aspects socioculturels et contribuer à des clivages sociaux, à la marginalisation voire à la violence. Ces possibilités apparemment contradictoires soulignent le défi des choix et des prises de décision délibérées pour sassurer que la communication joue bien un rôle positif dans la société. Les effets de ces décisions peuvent être explicités dans une déclaration politique.
Dans ce contexte général, les stratégies peuvent être conçues pour faciliter une utilisation intensifiée et rationalisée des canaux de communication interpersonnelle, de groupe et de masse afin quils soient adaptés aux ressources et aux orientations culturelles et suffisamment décentralisés pour soutenir les programmes de développement. Il existe un besoin accru dinciter les organisations locales à utiliser les nouvelles technologies de communication comme Internet, à promouvoir les liens sociaux et à assurer un soutien étendu aux efforts de communication. Cest pourquoi la communication, dans une acceptation dynamique et systématique, peut devenir un outil de construction de solidarités pour atteindre des objectifs partagés, au plan national et régional, en matière damélioration de la santé et de la situation économique, déradication de la pauvreté, démancipation des femmes et des jeunes et de bonne gouvernance. Ces résultats peuvent être facilités par une politique de communication explicitement liée à la politique nationale de développement.
[3] Les politiques
dinformation traitent davantage des équipements et des logiciels
qui constituent linfrastructure dune société, en
relation avec les implications des NTIC et des «autoroutes de
linformation» pour le traitement des données factuelles, leur
conservation et leur utilisation en tant que savoir. La communication est
davantage orientée vers les processus sociaux, les interactions entre les
individus et les groupes ainsi que le développement des mass-media.
Naturellement les deux concepts se croisent largement et dun point de vue
politique, ils doivent être utilisés ensemble. Dans ce document, on
accordera moins dimportance aux politiques dinformation en tant que
telles, qui méritent un traitement à part entière. Voir
aussi UNESCO, op. cit. 1996, pour un approfondissement de ce
thème. [4] Voir Mwaura, Peter, Communication Policies in Kenya, UNESCO, 1980, préface. [5] Lidée de «planification de la communication pour le développement» a été introduite dans les écrits sur la communication au cours des années 80. Elle était conçue comme un outil permettant daller des politiques vers laction, en tant que processus de formulation dobjectifs de société en les liant au potentiel du système de communication et en utilisant les technologies permettant datteindre au mieux ces objectifs. Voir: A. Hancock, Communication Planning for Development: An Operational Framework, Paris, UNESCO 1981; also A. Hancock, Communication Planning Revisited, Paris, UNESCO 1992. |