Cette section finale met en lumière quelques uns des défis majeurs de la région et résume les priorités proposées pour chaque système de production. Etabli à partir des analyses précédentes sur les systèmes dexploitation agricole, le tableau 2.4 classe les potentialités de chaque système pour la croissance agricole et pour la réduction de la pauvreté, il indique aussi limportance relative des cinq stratégies majeures des ménages pour échapper à la pauvreté. Ce tableau fournit le cadre pour la consolidation des priorités stratégiques en ce qui concerne les politiques, les marchés, linformation, les ressources naturelles et les technologies, et lidentification dun certain nombre dinitiatives stratégiques communes pour la région.
Bien que lAfrique subsaharienne soit relativement bien pourvue en ressources naturelles, lincidence de la faim et de la pauvreté y est plus importante que dans nimporte quelle autre région en développement, tandis que la croissance de la population y est plus forte et que le nombre de pauvres saccroît à un taux alarmant. La pauvreté rurale représente encore 90 pour cent de la pauvreté totale et quelque 80 pour cent des pauvres dépendent encore de lagriculture ou du travail agricole pour leur subsistance. Néanmoins, la politique, lenvironnement économique et institutionnel nincitent généralement pas à une amélioration de la production agricole - plus spécialement à une croissance importante au bénéfice des pauvres. Il existe encore des différences importantes entre le développement des zones urbaines et rurales où laccès aux biens publics est limité. Les résultats des investissements dans la recherche agricole et dans la vulgarisation ont été décevants dans le passé. De plus la détérioration des conditions de commercialisation, la mauvaise gestion des gouvernements, les guerres civiles, les inégalités entre les sexes, les faibles niveaux de scolarisation et le SIDA sont très préoccupants.
Lanalyse des systèmes dexploitation agricole sélectionnés montre quil existe des perspectives de développement pour chacun dentre eux. Le système à base de maïs, à moyen et long terme, et le système arboricole, à court terme, présentent tous les deux un potentiel moyen à important aussi bien pour la croissance agricole que pour la réduction de la pauvreté. Le système à base de maïs est en crise, mais des solutions existent (intensification et diversification). Ce potentiel de croissance agricole dépend en grande partie de lexistence de ressources sous-utilisées, des possibilités dintensification et des perspectives de marché. Le système irrigué et le système mixte céréales et racines ont tous les deux un potentiel de croissance important. Lamélioration des infrastructures et laccès au marché devraient permettre une intensification très importante de lagriculture et de lélevage du système mixte céréales et racines. Le cinquième système dexploitation analysé en détail: le système dexploitation agropastoral à base de mil et de sorgho, semble avoir une perspective modeste de croissance agricole et de réduction de la pauvreté.
Tableau 2.4 Potentiel et importance relative des stratégies des ménages de réduction de la pauvreté en Afrique subsaharienne
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Stratégies de réduction de la pauvreté |
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Système d'exploitation agricole |
Potentiel de croissance agricole |
Potentiel de réduction de la pauvreté |
Intensification |
Diversification |
Accroissement de la taille de l'exploitation |
Accroissement du revenu hors exploitation |
Sortie de l'agriculture |
Irrigué |
Important |
Faible |
3,5 |
2 |
2,5 |
1,5 |
0,5 |
Arboricole |
Moyen à important |
Moyen |
4 |
1,5 |
1,5 |
2 |
1 |
Basé sur la forêt |
Faible à moyen |
Faible |
2,5 |
2 |
4 |
0 |
1,5 |
Riz arboriculture |
Faible |
Faible |
1 |
3 |
2 |
2 |
2 |
Pérennes des hautes terres |
Faible |
Faible |
1 |
2 |
1 |
2 |
4 |
Mixte des Hautes terres tempérés |
Moyen |
Moyen |
1 |
3 |
2 |
1 |
3 |
Racines |
Moyen |
Moyen |
2,5 |
3 |
2 |
1,5 |
1 |
Mixte céréales-racines |
Important |
Moyen |
3,5 |
2 |
3 |
1 |
0,5 |
Mixte maïs |
Moyen à important |
Important |
2 |
3 |
2 |
2 |
1 |
Des grandes et petites exploitations |
Moyen |
Faible à moyen |
2 |
2 |
3 |
1 |
2 |
Agropastoral mil et sorgho |
Faible à moyen |
Moyen |
2 |
2 |
2 |
1 |
3 |
Pastoral |
Faible à moyen |
Faible |
1 |
1 |
1 |
2 |
5 |
Dispersé (aride) |
Faible |
Faible |
0 |
1 |
0 |
3 |
6 |
Pêche côtière artisanale |
Faible à moyen |
Faible |
1 |
3 |
0 |
4 |
2 |
Urbain |
Faible à moyen |
Faible |
1 |
3 |
3 |
3 |
0 |
Moyenne pour la région |
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2,1 |
2,3 |
2,1 |
1,6 |
1,9 |
Source: Avis dexperts.
Note: Le total des points pour chaque système dexploitation agricole est de 10. Lévaluation des stratégies est faite uniquement pour les agriculteurs pauvres. Les pondérations de population agricole par système sont tirées du tableau 2.1.
Dautres systèmes dexploitation agricole de la région offrent aussi des possibilités de croissance agricole et de réduction de la pauvreté et de la faim. Il existe un potentiel dexpansion de la terre cultivée dans les systèmes dexploitation basés sur la forêt et sur la culture des racines bien que, dans les deux cas, on constate lexistence de contraintes importantes en matière de sols et denvironnement. Dans dautres systèmes, les fonds de vallées qui ont habituellement des sols lourds sont les plus sous-utilisés. Le système basé sur la forêt possède de grandes étendues sous-utilisées mais les sols y sont fragiles, laccès au marché difficile et la pluviométrie souvent excessive. Le système basé sur la culture de racines possède un potentiel modéré de croissance pour approvisionner les marchés urbains avec les racines et pour lexportation de lhuile de palme.
Parmi les cinq stratégies proposées pour échapper à la pauvreté[74], deux dentre-elles doivent faire lobjet defforts particuliers: i) lintensification de la production au niveau des exploitations agricoles des ménages pauvres; et ii) la diversification vers des activités rémunératrices, spécialement dans les zones à haut potentiel où se trouve une majorité de pauvres. Le développement de moyens de survie complémentaires - aussi bien emploi local hors exploitation quen dehors de lagriculture - constituera un élément important des programmes de réduction de la pauvreté, spécialement dans les zones où le potentiel est faible. Un effort important devrait aussi être fait en faveur de laugmentation des revenus des ménages agricoles pauvres.
Les sections suivantes de ce chapitre indiquent les priorités stratégiques majeures et les interventions nécessaires au support du développement de lagriculture dans la région. Elles commencent par lidentification des priorités dajustement national des politiques. Elles considèrent ensuite les principaux axes damélioration du fonctionnement des marchés et de laccès à linformation. Finalement, elles soulignent les besoins essentiels en technologies et en gestion des ressources naturelles.
LIBÉRALISATION DU COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS
La libéralisation du commerce est une arme à double tranchant pour de nombreux systèmes dexploitation agricole. Lexpansion des marchés dexportation est cruciale pour le futur du système dexploitation arboricole et pour les perspectives de développement à long terme dautres systèmes dexploitation agricole à haut potentiel. Cependant, en raison de la libéralisation du commerce, certains accès préférentiels aux marchés seront perdus au cours des prochaines décennies. Dans ces conditions, les gouvernements peuvent avoir besoin détablir des filets de sécurité ou dautres mécanismes de réduction de la pauvreté.
Il est important non seulement dencourager les exportations de cultures non traditionnelles, mais aussi celles à forte valeur ajoutée. Cette stratégie répond au besoin ressenti par les agriculteurs de trouver une solution à la baisse de rentabilité des cultures traditionnelles dexportation, aussi bien pour le système dexploitation arboricole que pour les producteurs de coton des zones de savane et des zones semi-arides, et pour les producteurs de café arabica des hautes terres.
Les solutions partielles sont: la diversification vers des cultures dexportation non traditionnelles; lamélioration de la qualité des produits dexportations existants afin den obtenir un meilleur prix (réhabilitation des plantations, amélioration de la transformation et du conditionnement) et la recherche de créneaux de marché telles que les produits biologiques.
La priorité pour les éleveurs nomades et sédentaires et pour les agriculteurs éleveurs, y compris ceux des hautes terres, sera de définir et de mettre en uvre le contrôle des maladies ainsi que des programmes de certification pour lexportation des animaux vivants et des produits animaux. La région étant une des plus ouvertes du monde, dans le sens où le commerce international y est important par rapport au PIB, leffet dune libéralisation plus rapide pourrait y être moins fort que dans dautres régions. Cependant, le déclin des exportations de la région, devant la concurrence importante du marché mondial, pourrait être accéléré par une libéralisation rapide. Il est peu probable que la région puisse produire à aussi bon marché que les régions asiatiques en raison des coûts de la main-duvre et de transactions plus élevées. Même les produits de grande qualité pour les marchés spécialisés (le cacao et le café arabica cultivés biologiquement) risquent dêtre affectés, car les concurrents auront tendance à poursuivre la même stratégie. Le système dexploitation arboricole devrait être le plus affecté par ces changements. Par contre, les possibilités dexportation daliments africains typiques pourraient saccroître parmi les communautés démigrés dans les pays développés en raison des flux migratoires de la région vers les pays développés; ces marchés pourraient sélargir au fur et à mesure que dautres consommateurs se familiariseraient avec ces aliments. De telles opportunités sappliqueraient surtout au système dexploitation mixte céréales et racines et au système à base de culture de racines.
Les ex-colonies européennes de la région pourraient perdre leur accès préférentiel aux marchés de lUnion européenne (UE) et pourraient être appelées à faire face à une forte concurrence dautres régions en développement. Laccès aux marchés des pays développés pourrait continuer à être limité par divers types de réglementations sanitaire, vétérinaire et phytosanitaire. Les changements récents des réglementations de lUE pour le chocolat vont sans doute réduire les importations de cacao en provenance de la région. Louverture des marchés de lUE aux produits agricoles peut ne pas constituer la panacée car certains concurrents dAmérique du Nord et du Sud pourraient répondre plus rapidement aux demandes en céréales et produits animaux.
POLITIQUES, INSTITUTIONS ET BIENS PUBLICS
Les difficultés majeures de nombreuses économies ont maintenant été levées par lapplication des programmes dajustement structurel. Bien quil soit nécessaire de continuer les ajustements macro-économiques en cours, il serait particulièrement utile de mettre à nouveau laccent sur lamélioration des politiques du secteur agricole. A cet égard il existe deux grandes priorités: i) les droits des utilisateurs aux ressources; et ii) les investissements à long terme en matière de biens collectifs.
Bien que la terre soit abondante en Afrique et que la taille moyenne des exploitations soit relativement élevée par rapport à plusieurs autres régions, il existe des zones où, pour des raisons historiques ou de pression démographique, la petite taille des exploitations est une contrainte à la production. Deux problèmes principaux doivent être résolus pour assurer un accès équitable à la terre et aux autres ressources: i) la protection des droits coutumiers sur les terres des communautés rurales des zones à faible densité de population; et ii) lassurance dun accès plus équitable à la terre dans les pays du sud de lAfrique, où coexistent grandes et petites exploitations. La protection du droit coutumier concerne surtout le système basé sur la forêt, le système basé sur la pêche côtière artisanale, le système pastoral et le système agropastoral à base de mil et de sorgho. Lassurance dun accès plus équitable à la terre concerne le système à base de maïs et le système des grandes exploitations commerciales et des petits exploitants. La réforme foncière au niveau communautaire[75] est la principale stratégie pour résoudre le premier problème. Les autres stratégies incluent la promulgation de codes pastoraux dans les pays sahéliens arides et semi-arides et un code de conduite pour les pêches artisanales de Afrique de lOuest, et des approches «gestion de terroir» ou la résolution des conflits concernant la gestion des ressources naturelles au niveau des communautés.
En raison des faiblesses bien connues des interventions du secteur privé, la mise à disposition de biens collectifs est nécessaire dans un certain nombre de domaines essentiels. Dans ce contexte, il est extrêmement important dassurer un juste équilibre entre les problèmes à court terme, qui touchent les petits agriculteurs, et linvestissement à long terme en biens collectifs, qui intéresse les gouvernements ou lhumanité dans son ensemble. Bien que les possibilités et les axes stratégiques de chaque système dexploitation agricole dépendent de son contexte spécifique, on peut citer des exemples daxes stratégiques: la conservation des ressources de base pour les futures générations; une bonne gestion des sols; une gestion durable des ressources naturelles; la conservation des sols et de leau; la protection de lenvironnement; la maintenance de la biodiversité; léradication de la mouche tsétsé; et la capture des rejets de gaz carbonique dans latmosphère. Le manque de services, y compris transports et éducation (voir ci-dessous), limite sérieusement les systèmes dexploitation agricole à fort potentiel de croissance. Le défi consiste à fournir de tels biens collectifs dune manière durable, en sassurant que les autorités locales et les communautés contribuent à leur maintenance.
INFORMATION ET CAPITAL HUMAIN
Ladoption dune technologie et la capacité dexploiter les opportunités de marché sont étroitement liées au niveau scolaire des preneurs de décision sur lexploitation agricole. Un effort massif est nécessaire en matière déducation des femmes et des hommes au niveau des exploitations, et de revitalisation des services denseignement primaire. Cette éducation devrait non seulement préparer les enfants à devenir des agriculteurs modernes, mais aussi développer leurs aptitudes aux emplois rémunérés du secteur non agricole.
Le nouveau concept de lère de linformation sapplique aussi bien à la petite agriculture quaux autres industries. Vers 2030, lagriculture basée sur le savoir deviendra la norme des systèmes dexploitation agricole à haut potentiel de la région, de la même façon que ce type dagriculture prévaut aujourdhui dans les pays de lOCDE. Par exemple, ladoption des pratiques dagriculture de conservation et de gestion intégrée des ravageurs nécessitera de la part de la vulgarisation une approche éducative plutôt que dimposer des techniques: chaque agriculteur doit recevoir les moyens de choisir les voies daméliorer ses moyens de subsistance qui conviennent le mieux à sa dotation en ressources. Ceci implique non seulement la mise à disposition dinformations de grande qualité technique et commerciale, mais requiert aussi des investissements massifs dans la formation des agriculteurs. Cette formation pourrait être donnée dans des instituts agricoles réactivés, complémentée par un enseignement au niveau du village et des champs. Les agriculteurs devraient non seulement être formés à la production agricole, mais certains dentre eux devraient aussi recevoir une formation dentrepreneur et de petit commerçant.
Le virus du SIDA est en train daffecter profondément les communautés rurales dAfrique. Il est crucial, à court terme, darrêter sa dissémination par des campagnes dinformation et par la fourniture de préservatifs bon marché. Il est aussi nécessaire daider les communautés rurales dans leur assistance aux orphelins du SIDA et de mettre en place des réformes foncières pour empêcher que les veuves ne se voient privées de terres et de foyers après la mort de leurs maris.
Les possibilités daccroissement de la productivité agricole et de diversification des exploitations de taille moyenne à grande sont très importantes dans la plus grande partie de la région. Ces exploitations ont tendance à devenir plus spécialisées; leur développement accéléré nécessiterait lamélioration des services.
La privatisation des financements, de loffre dintrants et des services de conseil, pourrait être un moyen daider au développement de fermes commerciales en mesure de payer ces services. Cependant, laide publique à la recherche et à la diffusion des résultats se justifie pleinement pour protéger et conserver les ressources naturelles pour les futures générations. Légalité daccès pour les femmes à ces facilités et services est indispensable au futur développement des systèmes dexploitation agricole de la région.
SCIENCE ET TECHNOLOGIE
La diversification vers des cultures ou des activités délevage de plus grande valeur marchande est un axe stratégique majeur pour les systèmes dexploitation agricole à base de maïs, mixte céréales et racines, mixte des hautes terres tempérées et celui des cultures arboricoles. La diversification vers des cultures et activités moins risquées pour réduire la vulnérabilité à la sécheresse est la principale stratégie à adopter pour les systèmes pastoraux et agropastoraux à base de mil et de sorgho.
Cette diversification apporte aux agriculteurs une réponse partielle aux problèmes suivants: (i) détérioration du rapport entre le prix de intrants et des productions (maïs et blé); (ii) détérioration des conditions de commercialisation pour les cultures traditionnelles dexportation; et (iii) vulnérabilité aux pertes de récolte dans les zones arides et semi arides. La diversification, axée sur la valeur ajoutée, est également applicable au niveau de la ferme ou de la communauté. Laccès au transport, au crédit et à un marché dans les communautés voisines est souvent suffisant pour encourager le développement de la petite transformation (battage, extraction dhuile, moulins à maïs, nettoyage, empaquetage et petites boulangeries); une bonne gestion de telles entreprises peut leur permettre de se développer rapidement et de fournir de lemploi local aux agriculteurs[76].
La diversification des sources de revenu (combinaison optimale des cultures et de lélevage et activités hors exploitation) est la principale stratégie qui puisse permettre de vivre aux agriculteurs dont la taille des exploitations est très petite.
La diversification est particulièrement profitable aux ménages pauvres parce quelle accroît leur résistance aux variations du climat ou des marchés.
Les technologies existantes pour réduire la vulnérabilité à la sécheresse doivent être diffusées. Le risque lié à la sécheresse affecte le système dexploitation pastoral et le système agropastoral à base de mil et sorgho et, dans une moindre mesure, les systèmes à base de maïs et mixte des hautes terres tempérées. Les principales solutions aux problème des cultures sont: (i) lintroduction de variétés précoces, tolérantes à la sécheresse; (ii) loptimisation de la conservation de lhumidité du sol et de son utilisation par une bonne gestion des sols et de la conservation de leau; et (iii) la petite irrigation gérée par les agriculteurs.
Les principales technologies pour lélevage ont pour objectif: i) de réduire sa vulnérabilité grâce à des politiques appropriées sur lutilisation des parcours et de leau, à la mise en place de procédures davertissement à lavance pour la sécheresse et à des pratiques capables datténuer les effets de la sécheresse et de réhabiliter les parcours; ii) de contrôler des maladies épizootiques; iii) de développer des pratiques agricoles de conservation en zones arides et semi arides; et iv) de développer des options de remplacement non pastorales viables pour ceux qui ne peuvent plus vivre de ces ressources.
Il est nécessaire de promouvoir des technologies bon marché et non nocives pour lenvironnement. Le contrôle des ravageurs et des mauvaises herbes est plus ou moins nécessaire dans tous les systèmes. Il doit porter sur: i) les dégâts causés aux cultures par les animaux sauvages dans le système basé sur la foret; ii) les criquets pèlerins dans le Sahel; et iii) le striga dans le système mixte céréales et racines et dans le système agropastoral à base de sorgho et de mil. Cependant, des solutions de remplacement aux pesticides onéreux existent pour les producteurs de coton et les producteurs maraîchers en irrigué; elles nécessitent la formation en gestion intégrée des ravageurs pour le contrôle des ravageurs et des mauvaises herbes. La multiplication des semences par les agriculteurs peut contribuer à une distribution efficace de celles-ci à un coût limité (voir létude de cas en Zambie).
La mise en place de partenariats productifs entre les secteurs privé, public et les organisations de la société civile, surtout les associations dagriculteurs, est nécessaire au développement technologique. Cependant, la recherche dans les domaines importants tels que la gestion des ressources à long terme, intéresse peu le secteur privé. Son financement peu nécessiter lintroduction de nouveaux mécanismes.
RESSOURCES NATURELLES ET CLIMAT
Le problème de la dégradation des sols et de leur fertilité se retrouve, avec plus ou moins dacuité, dans tous les systèmes. Il est particulièrement critique dans les systèmes à base de maïs et mixte des hautes terres tempérées. Les causes de la baisse de fertilité sont complexes mais les essais pour rétablir la fertilité du sol (voir encadré 2.17) par la seule utilisation des engrais chimiques nont produit que des effets à court terme et, dans de nombreux cas, paraissent navoir eu que peu dimpact sur lensemble des rendements moyens - au moins sur les cultures où ils furent essayés. De plus, la libéralisation économique et le retrait des subventions ont entraîné une forte réduction de lapplication dengrais sur le maïs et le blé dans les systèmes dexploitation agricole à haut potentiel alors que les canaux doffre dintrants étaient démantelés et que le rapport entre le prix des intrants et celui des céréales augmentait. Dans les systèmes dexploitation agricole à base de maïs de certaines régions des hautes terres de Tanzanie les petits agriculteurs spécialisés dans la production de maïs recommencent la culture extensive de variétés traditionnelles sans engrais. Ce phénomène entraîne une recrudescence de la pauvreté.
Encadré 2.17 Reconstitution des réserves du sol en éléments nutritifs La baisse de fertilité des sols est un élément important de la dégradation des terres. Elle a affecté de nombreux systèmes dexploitation agricole de la région au cours de ces dernières années. Elle correspond à la destruction de la structure des sols; à la réduction du taux de matière organique, des éléments nutritifs et de la capacité dinfiltration et de stockage en eau. Les productions intensives impliquent la reconstitution des réserves en éléments nutritifs des sols, or on a souvent considéré la fumure minérale comme une fin en soi plutôt que comme un des éléments faisant partie des pratiques de gestion des sols. Lexpérience a montré que lutilisation dengrais minéraux seuls na souvent pas permis lintensification des cultures. Alors que les engrais peuvent produire des accroissements de rendements importants chez les systèmes à haut potentiel lorsquils sont utilisés conjointement avec des semences améliorées, leur utilisation peut ne pas être économiquement viable pour les petits producteurs de cultures vivrières - particulièrement maïs et sorgho - ou bien dans des zones éloignées où les prix des intrants augmentent beaucoup à cause des coûts de transport. Même lorsque lapplication dengrais est rentable, les petits agriculteurs peuvent simplement ne pas disposer du capital nécessaire à leur achat en début de campagne ou bien ne peuvent accepter le risque que cette dépense monétaire implique. Cependant, en labsence de reconstitution des réserves en éléments nutritifs, la productivité des sols se dégrade, même avec de bonnes pratiques culturales, entraînant un augmentation de la pauvreté et des problèmes de sécurité alimentaire. Aussi est-il urgent de développer des approches différentes pour la régénération des sols pour les agriculteurs pauvres en ressources. Celles-ci peuvent inclure un recours plus important aux engrais verts, au compost et au fumier, lutilisation croissante de cultures fixatrices dazote dans la rotation (y compris en culture intercalaire), et la jachère améliorée. |
Ladoption de pratiques culturales améliorées de gestion des sols a fait ses preuves pour lutter contre la dégradation des terres. La description de ses principes est plus utile que celle des paquets technologiques (voir lencadré 2.18).
Encadré 2.18 Principes de bonne gestion des terres La bonne gestion des terres implique une approche intégrée et synergique de la gestion des ressources mettant en action la combinaison, adaptée aux conditions locales, des options techniques suivantes
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Sa mise en uvre peut se faire à laide dun certain nombre de techniques dont le travail de conservation des sols et autres pratiques culturales associées (voir lencadré 2.17 ci-dessus).
On ne prévoit quune expansion lente de lirrigation au cours des 30 prochaines années. Il existe en effet de grandes réserves de terre pour lexpansion de la production agricole pluviale à faible coût. Ainsi, à la différence dautres régions où les terres irriguées vont fournir la majeure partie des accroissements de production alimentaire, lirrigation pourrait ne jouer en Afrique quun rôle modeste pendant les trois prochaines décennies.
CONCLUSIONS
La faim et la pauvreté sont largement répandues et en rapide croissance en Afrique subsaharienne. Environ 80 pour cent des pauvres dépendent de lagriculture pour leur subsistance. Les prévisions disponibles suggèrent un déclin progressif de la faim et de la pauvreté pour les prochaines années[77]; toutefois, ces prévisions sont encore très loin des objectifs de développement internationaux.
En général, les environnements politique, économique et institutionnel à lintérieur de la région, ne créent pas les stimulants nécessaires à la production agricole et, plus spécialement, à une croissance au bénéfice des pauvres. Les programmes de développement avantagent encore les zones urbaines, lagriculture est surtaxée et loffre de biens collectifs ruraux est inférieure à celle des autres régions, alors que les coûts de transaction restent élevés. Les résultats des investissements en recherche agricole et vulgarisation ont été décevants, alors que les conditions de commercialisation se détériorent. De plus, la mauvaise gestion des gouvernements, les guerres civiles, la dégradation du respect de lordre et de la loi, linégalité entre hommes et femmes, les bas niveaux de scolarisation et le SIDA sont des sujets particulièrement préoccupants.
Labondance des ressources naturelles dans la région est un bon point de départ pour un développement agricole en faveur des pauvres. Les ajustements des politiques nationales, la réorientation des institutions et la fourniture de biens collectifs et de services seront nécessaires pour stimuler ce développement.
Lanalyse des principaux systèmes dexploitation agricole montre limportance relative des stratégies des ménages pour échapper à la pauvreté - par ordre dimportance: diversification; intensification; accroissement de la taille des exploitations; sortie du secteur agricole et augmentation des revenus en dehors de lexploitation. Lobjectif stratégique global doit être une croissance agricole importante au bénéfice des communautés les plus pauvres et des groupes les plus pauvres de chaque communauté. La réduction de moitié de la faim et de la pauvreté dici à 2015 implique des efforts massifs pour stimuler la croissance, qui en fin de compte dépend de linitiative et de leffort des familles dagriculteurs elles-mêmes à lintérieur de chaque système de lexploitation agricole. Il nest pas possible à partir de cette étude régionale de prescrire des actions spécifiques au niveau national; toutefois, elle montre que cinq initiatives stratégiques liées entre elles peuvent permettre de relever le défi de réduire la faim et la pauvreté dans cette région.
Gestion durable des ressources. La gestion durable des ressources doit prendre en considération la dégradation très générale des terres, le déclin de la fertilité des sols et les bas rendements résultant des faibles pluviométries. Elle doit permettre la récupération des sols et laugmentation de la productivité. Les éléments de cette gestion comprennent: 1) une bonne connaissance agricole au niveau des agriculteurs et lexistence de systèmes dinformation permettant de faire connaître les technologies et les réussites; ii) lamélioration des ressources telles que la petite irrigation et la conservation de leau; iii) la recherche appliquée participative centrée sur des technologies intégrées combinant les connaissances locales et celles des scientifiques, en rapport avec une agriculture de conservation, lagroforesterie, la gestion intégrée des ravageurs et lintégration de lélevage et de lagriculture; et iv) le renforcement dassociations dutilisateurs de ressources.
Meilleur accès aux ressources. Laccès des petits agriculteurs aux ressources agricoles doit leur permettre de créer une base de ressource viable pour eux et leurs familles. Ses composantes comprennent: lajustement de la législation, le renforcement de ladministration publique des terres et un système foncier communautaire fonctionnel.
Réduction de la vulnérabilité des ménages. La gestion du risque au niveau des ménages réduira leur vulnérabilité agricole vis-à-vis des accidents naturels et économiques, si courant dans lagriculture en Afrique. Ses composantes comprennent: les variétés précoces résistantes à la sécheresse et les races animales robustes; des pratiques culturales améliorées pour la rétention de lhumidité; des mécanismes dassurance; et le renforcement des mécanismes traditionnels et autres contre la diffusion des risques.
Réponses au SIDA. Il est nécessaire dentreprendre une action immédiate pour arrêter le développement et limpact du SIDA. Cette action doit comprendre: des campagnes dinformation; une offre de préservatifs à bon marché; un traitement abordable de la maladie; une réforme foncière pour empêcher que les veuves ne perdent laccès et le contrôle de la terre et de la propriété du ménage de lépoux décédé; la formation agricole pour les orphelins du SIDA; et des assistance pour renforcer les efforts des communautés rurales qui aident les orphelins du SIDA.
[74] Voir la discussion des
cinq stratégies des ménages pour échapper à la
pauvreté au chapitre 1. [75] Tanner 2001. [76] Steele, 2001, communication personnelle. [77] FAO 2000a. |