CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME
La population totale de ce système (le plus important de la région en terme démographique) est estimée à 65 millions de personnes, dont 27 millions sont engagées dans lagriculture (voir encadré 3.4). Sa superficie est de 74 millions dhectares, aussi sa densité de population est-elle plus faible que celle du système irrigué et celle du système mixte pluvial. La pluviométrie annuelle varie entre 200 et 800 mm. Ce système est basé sur lexploitation des terres arables daltitude et des pâturages communaux où les hivers froids entraînent une période de dormance ou de faible croissance des cultures et des différentes espèces de fourrage.
Encadré 3.4 Données de base du système dexploitation agricole mixte des hautes terres |
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Population totale (m) |
65 |
Population agricole (m) |
27 |
Superficie totale (m ha) |
74 |
Zone agroécologique |
Aride semi-aride |
Superficie cultivée (m ha) |
22 |
Superficie irriguée (m ha) |
5 |
Population animale (m) |
2 |
Les céréales, qui constituent une partie de ce système, sont adaptées à survivre sous la neige et à des périodes prolongées de froid. Le blé et lorge dominent lassolement basé sur la monoculture, parfois coupée de jachères. Les pâturages communaux entourent généralement les terres cultivées; ils peuvent être utilisés par les propriétaires sur place ou par des éleveurs migrant vers les plaines pendant la saison hivernale. Lencadré 3.5 décrit brièvement un ménage agricole typique de ce système de production. Des terrasses, construites il y a plusieurs milliers dannées sur les hautes terres en pente de plusieurs pays (comme au Yémen), ont été plantées darbres fruitiers, de café, de qat, dolives et de maraîchage qui bénéficient parfois dirrigation dappoint pendant les mois dété pour des cultures telles que les melons ou des fruits de grande valeur. Elles constituent un sousensemble de ce système.
Encadré 3.5 Un ménage typique du système dexploitation agricole mixte des hautes terres Un ménage typique de ce système possède une petite surface de terre cultivée (4 ha), traditionnellement sur de vieilles terrasses. La terre cultivée est utilisée pour les céréales (environ 3 ha) et pour les arbres fruitiers, le café, le qat, les olives et le maraîchage. La plupart des exploitations ont accès aux pâturages communaux pour les chèvres et les moutons (quatre par famille). La famille peut aussi posséder une vache pour la production de lait. |
TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE DES HAUTES TERRES
Dans le système dexploitation agricole mixte des hautes terres, labsence de maintenance des terrasses durant ces dernières années a entraîné la détérioration de la qualité des ressources de base et laccroissement de lérosion hydrique, réduisant ainsi la productivité. Ce manque dentretien des terrasses a été en partie causé par le manque de disponibilité en main-duvre, conséquence de lémigration importante vers les zones urbaines et les plaines. La baisse de fertilité des sols, résultant de la culture continue sans apport de fertilisants, est aussi un problème dans certaines zones de plateau. Le surpâturage près des habitations et des points deau a aussi contribué à la dégradation des sols dans les zones délevage.
La concurrence accrue des importations subventionnées de viandes et de produits laitiers pour les consommateurs urbains continue à appauvrir les petits producteurs en faisant baisser les prix.
Encadré 3.6 Gestion participative des bassins versants et réduction de la pauvreté[89] Le système dexploitation agricole mixte des hautes terres est particulièrement sujet à la dégradation des sols et à lérosion. Un projet pilote mis en place sur une superficie de 70 000 ha sur les collines de lAtlas en Tunisie a démontré la possibilité de combiner la gestion améliorée des bassins versants avec lamélioration du revenu des participants. Ces terres sont principalement cultivées par de petits exploitants, dont les champs sont dispersés sur des pentes où lérosion est importante; de nombreuses familles sont sans terres. La moyenne du revenu familial est estimée à 110 dollars EU par mois; environ la moitié des revenus provient des migrations saisonnières et dautres travaux hors exploitation. La dégradation de la couverture végétale et lérosion des sols sont courantes dans la zone, les conflits sur laccès aux ressources se multiplient et les technologies offertes par les services publics de vulgarisation sont souvent inappropriées. Les activités du projet englobaient la forêt, lagroforesterie, des microterrasses boisées, des petites bordures en terre, la consolidation des retenus des petits barrages à laide despèces fourragères, le développement de réservoirs collinaires et de petits périmètres irrigués. Des consultations destinées à résoudre les conflits entre les agriculteurs et le gouvernement sur laccès et lutilisation des zones de forêt nationale ont conduit à des changements dans les espèces forestières utilisées, à louverture de sentiers daccès et au recrutement local de travailleurs pour assurer de nombreuses activités forestières. De grands périmètres de rétention, dont bénéficiaient principalement les propriétaires en aval, ont été remplacés par des options techniques mises en uvre sur des exploitations individuelles. Un appui a été fourni pour la mise en place de cultures arboricoles (olive, amande, et fruits) en culture associée avec des légumineuses intercalaires en lignes de niveau. Lorganisation des agriculteurs en groupes dutilisateurs spécialisés et le renforcement des ONG actives au niveau local, ont été les principaux facteurs de succès du programme dans son ensemble. Le projet nétant pas encore terminé, il est encore trop tôt pour évaluer la durabilité de ses activités. Cependant, 75 pour cent des familles ont participé à une ou plusieurs activités et les systèmes dassistance du gouvernement ont été restructurés afin de pouvoir fournir aux agriculteurs des options technologiques appropriées dont ils partagent les coûts. Lassociation dapproches participatives et de mesures de conservation, et la création de revenus peuvent aider au développement dans lensemble de la région. |
PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE DES HAUTES TERRES
Lintensification ou la diversification de la production ont une portée limitée pour réduire la pauvreté dans le système dexploitation agricole mixte des hautes terres.
Néanmoins, afin de protéger les niveaux existants de productivité et les ressources en eau des ruraux et urbains en aval, il est prioritaire de développer des systèmes plus durables de planification et de gestion des bassins versants et dintroduire des systèmes de conservation dans le travail des sols et une meilleure intégration de lagriculture à lélevage. Lefficacité de ces changements techniques dépend de la participation de la population rurale au processus de planification et de gestion et de létablissement dinstitutions locales appropriées qui puissent assurer des profits équitables pour tous les producteurs. Lencadré 3.6 présente un exemple dune approche de gestion efficace dun bassin versant qui a contribué à la réduction de la pauvreté en Tunisie.
Il est aussi impératif de mettre en place, avec lentière participation des intéressés, une réglementation plus équitable pour le contrôle des ressources des pâturages communaux. Les systèmes de gestion plus anciens peuvent nécessiter des mesures complémentaires et une base légale moderne afin de prendre en compte les nouveaux besoins en financement du bétail. La pénurie deau potable pour les humains et deau pour les animaux est, dans les zones montagneuses, un des problèmes les plus sérieux; un grand nombre de nouveaux points deau est nécessaire.
Finalement, il est nécessaire de mettre fin aux politiques de subventions des importations daliments de céréales pour le bétail, subventions qui entraînent la baisse des prix locaux et empêchent les producteurs locaux dêtre compétitifs. Bien quune proportion importante de ménages devra probablement abandonner les activités agricoles et migrer vers des zones offrant de meilleures possibilités économiques et de services, il sera essentiel dencourager le remembrement des petits producteurs restants. Laugmentation de taille dexploitations peut entraîner une certaine réduction de la pauvreté. Pour des raisons semblables, les liens avec les autres secteurs économiques devront être encouragés afin de promouvoir, entre autre, lemploi hors exploitation.
[89] Fe DOstiani
2001. |