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4.5A Rideaux-abris et brise-vent
4.5.1 Amérique du Nord
L'installation de brise-vent pour la protection des cultures n'est pas très pratiquée dans les zones arides et semi-arides des États-Unis et du Mexique bien que leurs effets aient été étudiées sur les "grandes plaines" des zones sub-humides situées plus au nord. Les principales espèces utilisées sont prosopis, acacias, tamarix et eucalyptus, souvent en une seule rangée flanquée d'arbres ou d'arbustes plus petits et abattus par cycles de 25 à 35 ans. Leurs avantages dans la protection des solsterres contre l'érosion éolienne sont déjà reconnus.
4.5.2 Amérique latine
Les brise-vent ont une importance considérable dans les grandes plaines de la partie australe venteuse de l'Amérique du Sud. On commence par construire des murs de pierre ou d'adobe de 1,5 à 4 m pour assurer une protection immédiate contre le vent en Patagonie et l'on plante derrière ces murs des essences d'arbres et arbustes telles que Salix caprea et Sorbus aucuparia. En Argentine, on plante soit des eucalyptus avec des acacias comme brise-vent, soit des peupliers de Lombardie et des saules, tandis qu'en Uruguay, la protection sur la côte atlantique est assurée par des mélanges d'eucalyptus, de pins et d'acacias.
4,5.3 Sahel
La protection contre les vents desséchants et les sables emportés par le vent est importante dans les pays sahéliens secs. Des brise-vent constitués d'arbres tels que Azadirachta indica et Acacia ou des haies vives d'Euphorbia balsamlifera, Commiphera africana (tous deux plantés sous forme de boutures), Leptadenia, Tamarix articulata et Bauhinia reticulata fournissent le type de couvert résistant à la sécheresse et au vent qui est nécessaire. On a également remarqué que des arbres isolés épars pouvaient eux aussi diminuer sensiblement la vitesse du vent.
4.5.4 Afrique au sud de l'équateur
L'utilité des brise-vent dans les zones arides est reconnue mais il faut en plus sélectionner les espèces et concevoir et implanter les brise-vent. Les espèces actuellement utilisées sont Eucalyptus spp., Leucaena leucocephala, Euphorbia spp., Cassia siamea et Casuarina equisetifolia.
4.5.5 Afrique du Nord
Les rideaux-abris et les brise-vent ont une grande importance dans cette région en raison de la nécessité de fixer les dunes et de protéger les terres agricoles et les établissements humains. Environ 282000 ha sont déjà protégés en Afrique du Nord par des brise-vent de plusieurs sortes et les travaux se poursuivent au Maroc. Les spécifications des brise-vent sont assez bien définies dans la région du Cap Bon en Tunisie et les principales essences utilisées sont Eucalyptus spp., Acacias spp. et Cupresus spp.
4.5.6 Proche-Orient
L'agriculture irriguée en Égypte serait inconcevable sans la protection du réseau existant de brise-vent de Casuarina et Eucalyptus qui n'offrent pas seulement une protection mais fournissent du bois. Les brise-vent constitués de peupliers et d'autres essences sont également jugés essentiels pour les terres agricoles irriguées autour de Damas en Syrie. Ces brise-vent et ces peuplements d'arbres assurent non seulement une protection mais aussi un bénéfice substantiel grâce aux produits du bois que l'on en tire.
4 5.7 Asie et Pacifique
L'utilisation de brise-vent pour la protection des cultures agricoles est très développée dans les terres arides de Chine afin de protéger les cultures contre le dessèchement et leur détérioration par le sable et le loess transportés par le vent. La largeur des ceintures varie de 10 à 15 m et les essences utilisées sont le pin, le peuplier et Ulmus pumila, ainsi que des arbustes. On utilise Eleagnus angustifolia dans des bandes de 180 à 200 m de large pour assurer une protection contre les vents salés du désert de Gobi. Ces ceintures sont associées à un système alternant ceintures vertes et fossés.
Dans le sous-continent indien, des brise-vent sont implantés dans des zones irriguées et le long des routes. Dans les zones agricoles cultivées en sec, les essences utilisées sont généralement Tamarix et Calligonum sp. et dans les zones irriguées Dalbergia sissoo, A. nilotica, Melia azedarach, Salmalia malabarica et Azadirachta indica. Les arbres sont généralement espacés de 2 x 3 m et disposés en trois à dix rangées.
En Australie, les rideaux-abris ont permis d'améliorer la survie des agneaux et la croissance des moutons adultes. Douze espèces d'arbres ont été identifiées comme utiles.
4.5.8 La nécessité de brise-vent et de rideaux-abris semble largement reconnue dans la plupart des régions. Leur utilisation ne bénéficie toutefois pas de tout le soutien qui serait nécessaire compte tenu de leurs avantages. Étant donné que l'influence bénéfique d'un brise-vent s'étend sur 15 à 20 fois sa hauteur, des haies même basses aideraient à améliorer les conditions de culture ou d'élevage.
4.6.1 Amérique du Nord
Les parcs nationaux en zone aride sont considérés comme utiles non seulement pour la conservation mais aussi pour maîtriser la désertification régionale due aux activités humaines. Les zones sauvages sont considérées comme un élément essentiel à la stricte conservation des 2,9 millions d'hectares que couvrent les onze parcs et réserves nationaux dans les zones arides des États-Unis, dont dix sont des espaces de nature sauvage couvrant 1,4 million d'ha.
4.6.2 Amérique latine
La situation concernant les parcs nationaux dans les zones arides et semi-arides n'est pas claire. Il existe environ 45 réserves et parcs nationaux en zone aride dans sept pays (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Équateur, Pérou et Vénézuela), qui couvrent environ 3,27 millions d'ha du continent. La majeure partie de cette superficie se trouve en Bolivie (38%) et au Vénézuela (39%) et la plus petite (<1%), étonnamment, au Chili qui possède plus de 12 millions d'hectares de parcs dans d'autres zones climatiques.
4.6.3 Sahel
Le Sahel contient environ 8,5 millions d'ha de parcs nationaux et de réserve de gibier couvrant des superficies importantes. Les parcs nationaux et réserves du Sénégal en représentent 26%, ceux du Soudan 23% et ceux de la Mauritanie 17%, soit en tout 66% de la superficie totale, ce qui témoigne de l'intérêt que les gouvernements attachent à la conservation des ressources naturelles. La pression démographique sur certaines de ces réserves risque d'être importante, en particulier au Sénégal et au Soudan.
4.6.4 Afrique au sud de l'équateur
La faune est abondante dans la région, avec plus de 30 espèces de grands mammifères et 200 espèces au moins d'oiseaux. Elle est gérée dans des réserves dont 75% sont situées en zone aride à semi-aride. Les parcs nationaux et les réserves animales couvrent 43,88 millions d'ha dans neuf pays possédant des zones arides à semi-arides. Les réserves sont destinées à conserver les espèces végétales et animales, à protéger certains types de végétation et de paysages et à maintenir des conditions favorables à la reproduction de la faune.
4.6.5 Afrique du Nord
Cette région possède quatre parcs nationaux, trois réserves naturelles et trois réserves de flore et de faune en Libye, Algérie et Tunisie. Elles ont été sélectionnées pour conserver la flore et la faune et certaines zones présentant un intérêt particulier sur le plan du paysage, de la botanique ou de l'histoire. La superficie totale pour les pays de cette région s'élève à 431500 hectares.
4.6.6 Proche-Orient
Cinq pays de la région du Proche-Orient (Égypte, Iran, Oman, Arabie saoudite et Turquie) possèdent des parcs nationaux en terre aride qui couvrent environ 3,7 millions d'ha dont la plus grande partie et de loin se trouve en Iran (83%). Ces parcs ont été créés pour préserver la terre, le paysage et les espèces sauvages de ces pays. Une pression considérable est cependant exercée par les populations locales qui vivent dans des environnements voisins dégradés et qui veulent exploiter ces zones protégées pour leurs besoins quotidiens.
4.6.7 Asie et Pacifique
La région de l'Asie et du Pacifique est bien dotée en parcs nationaux et en différents types de réserves implantés en terre aride. L'Inde en a créé sur 9,15 millions d'hectares, le Pakistan sur 7,74 millions d'ha, l'URSS sur 1,12 million, l'Australie sur 14,37 millions et la Chine et le Tibet sur 1,38 million. Ces réserves ont été sélectionnées en fonction de l'intérêt du paysage, de leur importance historique et/ou biologique et dans certains cas (Australie), parce que des terres inutilisées étaient disponibles. Dans les parties les plus peuplées de la région, au Pakistan et en Inde, les populations rurales exercent une pression constante sur beaucoup de ces réserves
4.6.8 Un total d'environ 96,47 millions d'ha a été mis en réserve dans les terres arides à semi-arides des grandes régions du monde, ce qui représente 2,6% des 3764 millions d'ha des zones arides, semi-arides et sub-humides du monde en danger de désertification. On pense que cette proportion pourrait être augmentée afin de pouvoir mieux surveiller les effets des activités humaines sur l'environnement des zones arides et semi-arides et de fournir pour l'avenir des repères permettant d'évaluer la dégradation ou la réhabilitation des terres arides dégradées.
4.7.1 Amérique du Nord
Les stratégies adoptées en Amérique du Nord concernant la faune sauvage sont conçues sur un aménagement qui vise à obtenir des niveaux optimums de production de gros gibier pour la chasse en saison et sous licence. Cette forme d'utilisation prélève 15 à 25% de la population des grands animaux sauvages, et il se peut que la proportion soit encore plus grande pour le petit gibier car celui-ci constitue un groupe "tampon" lorsque le gros gibier est rare. Une attention particulière est actuellement accordée à la sauvegarde des espèces en danger et aux aspects de ces espèces qui ne sont pas liés à la chasse mais jouent un rôle dans le fonctionnement d'ensemble des écosystèmes. Dans les zones semi-arides, la plus forte pression exercée par la chasse concerne les forêts claires à genévriers et les formations à chêne toujours vert (Encinal).
4.7.2 Amérique latine
Dans les zones arides à semi-arides de l'Amérique latine, des parcs ont été créés (voir section 4.6) pour la conservation de la flore et de la faune. Leur protection sur le plan juridique est bien définie et généralement totale, mais les incursions de bétail et les dommages dus au feu sont assez courants. La protection de la faune dans les parcs semble bien assurée et les habitats d'espèces importantes telles que la vigogne (Vicugna vicugna) et le Guanaco (Vicugna guanicoe), plus une grande variété d'oiseaux, de reptiles et d'insectes, sont bien protégés. Comme en Afrique, on commence à se rendre compte que c'est la faune locale qui est la mieux adaptée et qui sait le mieux exploiter les conditions marginales. Elle peut, si elle est bien gérée, apporter une contribution importante et durable au régime alimentaire de la population rurale dans les terres arides.
4.7.3 Sahel
La viande de gibier occupe une place importante dans le régime alimentaire des populations rurales qui ont accès au gibier. Ces animaux sont l'une des plus importantes ressources renouvelables des zones arides du fait de leur grande adaptabilité aux ressources en fourrage et en brout, de leur résistance aux maladies et de leurs faibles besoins en eau. Malgré les restrictions imposées à la chasse sur les 280310 km2 de parcs et de réserves existant dans le Sahel, le braconnage est roi et fournit de la viande aux membres les plus pauvres de la communauté. Malheureusement, les incitations commerciales dues à la demande locale, urbaine et internationale ont exercé une pression plus grande encore sur cette ressource aujourd'hui de plus en plus limitée. Le concept de ranching, étudié au Sahel, permet d'introduire un système offrant un potentiel d'utilisation et de conservation important. La mobilisation du soutien de l'opinion locale en faveur des politiques de conservation est indispensable et l'extension de la faune sauvage est un domaine important de développement pour l'avenir.
4.7.4 Afrique au sud de l'équateur
Dans cette partie de l'Afrique, la gestion de la faune et des zones protégées sont des éléments importants de l'aménagement des ressources naturelles; la faune est exploitée par différents moyens: programmes d'abattage, ranching, élevage d'animaux sauvages, utilisation pour la subsistance (souvent par le braconnage) et safaris. La vie sauvage est un aspect particulièrement important des zones les plus arides et les plus ouvertes de la région et 524000 km2 ont été sélectionnés pour en faire des parcs et des réserves servant à "la propagation, la protection, la conservation et l'aménagement de la végétation et de la faune sauvage". Les ressources des zones arides et semi-arides offrent également d'autres possibilités d'utilisation: (1) le tourisme axé sur la faune sauvage, une industrie très payante en devises et (2) la conservation des ressources génétiques.
4.7.5 Afrique du Nord
Les zones essentiellement arides d'Afrique du Nord sont soumises à la pression d'un pâturage intensif qui perturbe les habitats et fait concurrence à la faune survivante sur le plan alimentaire. Cette dernière est très appauvrie, mais des mesures sont actuellement prises pour repeupler les réserves, par exemple en perdrix (Maroc). Des perdrix sont élevées dans des fermes à cette fin puis relâchées. Les sangliers abondent dans les zones forestières en raison des tabous religieux qui en interdisent la consommation, encore qu'on le chasse dans une certaine mesure. La chasse est réglementée selon les saisons et généralement administrée par les services forestiers dont les terres offrent souvent les habitats nécessaires au gibier et aux oiseaux.
4.7.6 Proche-Orient
Dans de nombreuses parties de cette région, les habitats de la faune sauvage ont été surpâturés et pratiquement détruits par l'activité de l'homme et de ses animaux domestiques. Il subsiste toutefois encore quelques réserves assez étendues. Quelques espèces telles que le loup, le léopard anatolien, l'oryx, l'addax et l'âne sauvage syrien sont en danger et diverses antilopes et gazelles sont très rares. Seul le sanglier prospère dans les fourrés des réserves forestières en raison du tabou religieux qui s'oppose à sa consommation.
4.7.7 Asie et Pacifique
Dans certaines parties de cette région, il a fallu réglementer le développement de la faune sauvage qui concurrençait avec succès les animaux domestiques et dégradait l'environnement (kangourous et lapins en Australie). Dans d'autres par contre, notamment en Chine, en Inde et au Pakistan, l'homme et son bétail ont dégradé les habitats et gravement réduit les effectifs d'animaux sauvages au point qu'ils sont au bord de l'extinction. Il reste en Inde et au Pakistan une grande superficie de parcs nationaux et de réserves, mais un grand nombre d'entre eux semblent beaucoup souffrir de l'intrusion du bétail, même si le braconnage proprement dit est minime. Les politiques actuelles visent à conserver la faune et à promouvoir le tourisme. Peu de progrès ont été faits sur la voie de l'élevage de la faune sauvage (crocodiles par exemple) ou du ranching, bien qu'un travail de pionnier ait été effectué et des techniques suggérées dans ces deux domaines.
Quoique l'on ne connaisse pas les détails de l'aménagement ou de la conservation de la faune sauvage dans les terres arides de Chine, des terres et des milieux similaires en URSS permettent la présence d'antilopes, de loups, de renards et de géomyidés, ces derniers étant chassés pour leurs peaux. La chasse est considérée comme un volet de l'économie et on lui accorde une certaine importance dans le cadre du développement. Des saisons de chasse sont définies ainsi que des quotas d'abattage et l'on tient des états des animaux abattus Deux millions de peaux de marmottes tarbagan, dix millions de peaux de renards et des milliers de peaux de loups sont achetés chaque année; les antilopes du désert sont chassées pour leur viande et pour leurs peaux.
4.7.8 La faune sauvage peut être considérée comme une ressource utile dans les zones arides en raison de sa capacité d'adaptation et de son aptitude à prospérer dans des conditions difficiles. Sa protection est importante du point de vue de la conservation des ressources génétiques et du tourisme, mais sa gestion et son abattage rationnels offrent aussi des possibilités de développement qui permettent une meilleure utilisation de la végétation et un apport de protéines aux populations rurales L'affectation volontaire de terres à la faune sauvage, soit sous forme de réserves spéciales, soit sous celle d'une utilisation partagée de pâturages dans les zones arides de la région de l'Asie et du Pacifique doit faire l'objet d'une étude soigneuse de ses implications au niveau socio-économique et à ceux de la conservation et de l'environnement.