Pour comprendre les incidences de l’inflation des prix des produits alimentaires, il faut disposer d’un panorama complet de la manière dont les hausses des prix influent sur différents aspects de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Sur la base du cadre analytique utilisé dans les éditions précédentes de L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, quatre principales dimensions ont été prises en compte:
- disponibilité (présence physique d’aliments sans danger pour la santé et riches en nutriments);
- accès (capacité physique et économique des personnes d’obtenir ces aliments);
- utilisation (capacité des personnes d’absorber les nutriments consommés et d’en tirer profit);
- stabilité (persistance de ces conditions dans le temps, notamment en cas de chocs ou de tensions cycliques).
Les récents bouleversements mondiaux (abordés à la section 3.2) ont entraîné des perturbations considérables s’agissant de la disponibilité, de l’accessibilité, de l’utilisation et de la stabilité. Ces événements ont limité les exportations en provenance de grands pays producteurs de denrées alimentaires, perturbé l’accès à des intrants essentiels tels que les engrais et l’énergie, et compromis des routes commerciales vitales. Cette situation a eu des conséquences néfastes sur les disponibilités alimentaires, notamment dans les pays en développement importateurs nets de produits alimentaires. Au-delà des problèmes d’approvisionnement, la hausse des prix des produits alimentaires a érodé l’accès économique des ménages à la nourriture. La réduction du pouvoir d’achat peut résulter d’une perte de revenu, fréquente en cas de crise ou de ralentissement économiques, ou de fortes augmentations des prix à la consommation: il y a dans les deux cas une diminution du revenu réel, et des conséquences similaires pour les consommateurs, mais les causes, et par conséquent les solutions, sont très différentes. En théorie, l’augmentation des salaires pourrait compenser les effets de l’inflation des prix des produits alimentaires, mais les éléments probants présentés à la section 3.3.1 indiquent que les revenus n’ont pas suivi ces hausses des prix à court terme, et que la capacité des ménages d’accéder à la nourriture s’en est trouvée diminuée. Par ailleurs, lorsque les prix des produits alimentaires augmentent, les ménages peuvent réduire la diversité de leur alimentation (généralement en se tournant vers des produits moins onéreux) et modifier la répartition de la nourriture au sein de la famille au détriment des femmes (voir la section 3.3.2). L’inflation des prix des produits alimentaires pourrait ainsi avoir des incidences négatives sur la capacité des ménages de continuer à faire une utilisation adéquate de la nourriture. Ainsi, une forte inflation des prix de ces produits peut nuire à la consommation et à la sécurité alimentaires par deux mécanismes. Le premier est un effet de revenu, les augmentations des prix érodant les revenus réels des ménages, ce qui les amène à restreindre leur consommation alimentaire globale. Le second est un effet de substitution, les ménages pouvant modifier leurs habitudes de consommation et se tourner vers des produits alimentaires relativement moins onéreux (et potentiellement moins riches en nutriments et de moindre qualité). Ce décalage entre les prix et les revenus varie dans son étendue et sa durée selon les pays, mais il nuit à la stabilité globale de la sécurité alimentaire de nombreuses populations vulnérables.
L’inflation des prix des produits alimentaires est associée à une plus forte insécurité alimentaire et à une dégradation des résultats en matière de nutrition. À partir d’estimations fondées sur l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire vécue (échelle FIES), la section 3.3.2 fait apparaître un lien clair entre la hausse de l’inflation des prix des produits alimentaires et l’augmentation de l’insécurité alimentaire. La section 3.3.3 vise à déterminer si l’inflation des prix des produits alimentaires est également associée à une détérioration des résultats nutritionnels, notamment chez les enfants de moins de 5 ans, en analysant les principaux indicateurs nutritionnels et en prenant en compte des facteurs de confusion tels que l’accès à une eau propre, à l’assainissement et à des services de santé publique. Comme l’illustre le cadre conceptuel (figure 3.6), l’état nutritionnel dépend non seulement de la consommation alimentaire, mais aussi de facteurs sanitaires et environnementaux plus larges, notamment les pratiques d’alimentation, la préparation des aliments, la vaccination et l’accès aux soins de santé. Le lien est complexe, mais l’analyse montre qu’une hausse de l’inflation des prix des produits alimentaires est associée à une plus forte prévalence de la malnutrition aiguë chez l’enfant.
FIGURE 3.6 SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION: DIMENSIONS ET FACTEURS DÉTERMINANTS

3.3.1 L’inflation érode les revenus réels
L’inflation diminuant le pouvoir d’achat des ménages, les familles ont plus de mal à se procurer des biens et des services essentiels. Les revenus réels sont fondamentalement liés à la productivité des travailleurs, mais les salaires et les prix évoluent à des rythmes différents à court terme, notamment lorsque les économies absorbent des chocs et des perturbations externes. Ce décalage temporaire peut entraîner des difficultés considérables pour les ménages, même lorsque les fondamentaux économiques à long terme restent stables. De plus en plus d’éléments viennent attester que les chocs économiques (crises macroéconomiques, pénuries alimentaires ou phénomènes météorologiques extrêmes, par exemple), même de durée limitée, peuvent avoir des effets à long terme s’ils se produisent à des stades déterminants du développement humain, notamment in utero et pendant la petite enfance107-110. Ces effets préjudiciables sur la santé à long terme soulignent l’importance de politiques publiques ciblées et menées en temps utile pour atténuer les conséquences de l’inflation, en particulier pour les groupes de population vulnérables.
La récente poussée de l’inflation mondiale (de 2021 à 2023) a eu des répercussions négatives notables sur les conditions de vie. Les salaires réelss ont diminué de 0,9 pour cent en 2022 dans le monde du fait de l’intensification des tensions inflationnistes104, 111, ce qui vient confirmer les éléments indiquant que les chocs économiques de grande ampleur peuvent entraîner une forte poussée de l’inflation, et par conséquent une baisse des salaires réels. Des pays comme le Myanmar et Sri Lanka ont récemment subi de graves crises socioéconomiques. À Sri Lanka, pendant la crise macroéconomique majeure de 2022, le taux de pauvreté a doublé, passant de 13 pour cent en 2021 à 26 pour cent en 2022. De la même façon, au Myanmar, la contraction de l’économie qui a suivi le coup d’État militaire de 2021 a entraîné des hausses du taux de pauvreté de 19 pour cent et de 32 pour cent dans les zones urbaines et rurales, respectivement112.
Les périodes précédentes de tensions inflationnistes offrent de précieux enseignements concernant les trajectoires de reprise. Durant les crises alimentaires de 2007 à 2008 et de 2011 à 2012, en Éthiopie, les salaires réels corrélés aux prix alimentaires (salaires corrigés de l’inflation des prix des produits alimentaires) ont reculé de 22 pour cent, ce qui a entraîné une aggravation de l’insécurité alimentaire et de la vulnérabilité économique. Cependant, à mesure que l’économie s’est stabilisée, la hausse des salaires a dépassé le taux d’inflation, et les salaires réels corrélés aux prix alimentaires ont progressé de 60 pour cent entre 2013 et 2018112. Une tendance similaire se dessine aujourd’hui, les salaires réels recommençant à progresser après une forte baisse en 2022. Les salaires réels ont augmenté de 1,8 pour cent en 2023 et de 2,7 pour cent en 2024111.
Le phénomène de baisse et de rattrapage des salaires a été très inégal dans le monde; dans certains pays, on a constaté des mouvements parallèles des rémunérations et des prix des produits alimentaires, qui ont aidé à maintenir les rémunérations à des niveaux relativement stables en termes réels. La figure 3.7 illustre, à partir des données de l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’évolution de la rémunération mensuelle des salariés ainsi que l’inflation des prix des produits alimentaires dans différents pays. En Mongolie (figure 3.7 C), les rémunérations et les prix des denrées alimentaires ont évolué largement de concert, ce qui a aidé à stabiliser les salaires corrigés de l’inflation des prix des produits alimentaires en dépit de fluctuations à court terme113. Une tendance similaire est observée au Mexique (figure 3.7 B), où l’évolution des rémunérations et celle des prix ont en général coïncidé.
FIGURE 3.7 Le phénomène de baisse et de rattrapage des salaires mensuels moyens a été très inégal dans le monde, comme en témoignent les cas de l’Égypte, du Mexique, de la Mongolie et du Pérou

SOURCES: Les données relatives aux salaires mensuels nominaux sont basées sur de OIT (Organisation internationale du Travail). 2025. COND: Statistiques sur les salaires. [Consulté le 10 mars 2025]. https://ilostat.ilo.org/fr/topics/wages. Licence: CC-BY-4.0; les données relatives à l’IPC des produits alimentaires sont basées sur FAO. 2025. FAOSTAT: Indices des prix à la consommation. [Consulté le 18 juin 2025]. https://www.fao.org/faostat/fr/#data/CP. Licence: CC-BY-4.0.
De nombreux pays, toutefois, connaissent des baisses des rémunérations réelles sur des périodes prolongées, et les ménages ont encore plus de difficultés à satisfaire leurs besoins alimentaires essentiels. En Égypte (figure 3.7 A), la forte dépendance à l’égard des importations de blé en provenance de la Fédération de Russie et de l’Ukraine, conjuguée à une grave pénurie de devises, a entraîné une hausse des prix des produits alimentaires bien plus rapide que celle des salaires depuis mi-2022114, 115. Au Pérou, les prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté de début 2020 à fin 2023. Fin 2023, les rémunérations des travailleurs n’avaient progressé que de 6,6 pour cent, tandis que les prix des denrées alimentaires avaient grimpé de 34,5 pour cent par rapport aux niveaux enregistrés avant la pandémie (au premier trimestre 2020) (figure 3.7 D)116. De manière générale, les éléments disponibles soulignent que les récentes tensions inflationnistes ont pesé fortement sur les budgets alimentaires des ménages dans certains pays.
Les pays touchés par des conflits ont été confrontés à des problèmes particulièrement importants, car, du fait de la baisse des salaires réels sur des périodes prolongées, les ménages ont eu de plus en plus de difficultés à satisfaire leurs besoins alimentaires essentiels. L’ensemble de données de l’OIT fournit des informations précieuses sur les rémunérations mensuelles moyennes des salariés, mais sa portée est limitée: bien souvent, les travailleurs indépendants et les personnes qui travaillent dans les très petites entreprises, le secteur informel ou les zones rurales ne sont pas inclus. Pour combler cette lacune, l’encadré 3.4 s’appuie sur des données complémentaires du PAM relatives au suivi des salaires des travailleurs non qualifiés et des prix des produits alimentaires de base sur les marchés locaux en Iraq, en République arabe syrienne et au Yémen entre 2020 et 2024. Ces données fournissent un tableau plus nuancé de la situation des travailleurs vulnérables dans les pays touchés par des conflits. Les trois pays ont enregistré des baisses notables des salaires réels (ajustés en fonction de l’inflation des prix des produits alimentaires) sur cette période, et leurs trajectoires de redressement se sont révélées inégales. Du fait, pour une large part, des conflits et de l’instabilité qui persistent, les salaires des travailleurs non qualifiés n’ont pas encore retrouvé leurs niveaux de début 2020.
ENCADRÉ 3.4ANALYSE DES SALAIRES RÉELS CORRÉLÉS AUX PRIX ALIMENTAIRES DANS LES PAYS TOUCHÉS PAR DES CONFLITS
Dans les pays touchés par des conflits, la dynamique des salaires réels corrélés aux prix alimentaires met en lumière la situation critique s’agissant de l’abordabilité des produits alimentaires et du pouvoir d’achat dans les économies en proie à une forte inflation et à des perturbations. Les conflits prolongés, l’instabilité économique et les crises mondiales comme la pandémie de covid-19 et la guerre en Ukraine ont eu de graves répercussions sur les prix des produits alimentaires et les salaires nominaux, et ont creusé le fossé entre revenus et dépenses essentielles. Les salaires peinant à suivre la hausse rapide des prix des produits alimentaires, les ménages voient leur pouvoir d’achat diminuer, et la pauvreté et l’insécurité alimentaire s’aggravent.
L’analyse des salaires réels corrélés aux prix alimentaires utilise les salaires nominaux en tant que mesure indirecte des revenus, en les corrigeant de l’inflation à l’aide de l’indice des prix d’une denrée alimentaire de base. L’indice suit le prix de la denrée alimentaire de base (farine de blé) dans chaque pays, la valeur étant normalisée en fonction de la première observation de la série chronologique. Pour calculer les salaires réels corrélés aux prix alimentaires, les salaires nominaux sont déflatés à l’aide de cet indice, et convertis en USD de 2021 en PPA pour permettre des comparaisons entre pays. L’analyse des données couvre la période allant de janvier 2020 à décembre 2024. Les données proviennent d’observations au niveau des marchés dans des pays touchés par des conflits, et ont été agrégées pour établir des moyennes nationales.
En Iraq (figure A, volet a), les salaires réels corrélés aux prix alimentaires ont été lents à se rétablir après les bouleversements causés par la pandémie et l’instabilité économique qui a suivi. La décision de dévaluer la monnaie fin 2020 a entraîné une hausse brutale des prix des produits alimentaires, et la situation a été aggravée par l’envolée des prix des aliments et de l’énergie à l’échelle planétaire lorsque la guerre a éclaté en Ukraine. Les salaires nominaux ont enregistré une augmentation légère, mais constante, qui a été toutefois insuffisante pour contrebalancer le coût de plus en plus élevé des denrées alimentaires de base. Fin 2024, les salaires réels corrélés aux prix alimentaires en Iraq étaient encore bien inférieurs à ceux enregistrés avant la pandémie, témoignant des difficultés constantes rencontrées par les ménages pour maintenir leur pouvoir d’achat face à des problèmes persistants.
FIGURE A DANS LES PAYS TOUCHÉS PAR DES CONFLITS, L’ÉCART ENTRE LES PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES ET LES SALAIRES N’ÉTAIT PAS COMBLÉ EN 2024

SOURCE: Auteurs du présent document (PAM), à partir de données non publiées du PAM.
En République arabe syrienne (figure A, volet b), le conflit prolongé et la détresse économique ont été aggravés par les crises mondiales; les prix des denrées alimentaires ont flambé tandis que les salaires sont restés à la traîne. Entre 2020 et 2024, l’économie syrienne a souffert des pénuries de produits alimentaires et de combustibles, des sanctions économiques et de la dévaluation de sa monnaie. Ces facteurs, conjugués aux répercussions de la guerre en Ukraine, ont été à l’origine de fortes hausses des prix des denrées alimentaires de base, notamment en 2021 et 2022. Malgré l’ajustement à la hausse des salaires à partir de 2023, les salaires réels corrélés aux prix alimentaires sont demeurés nettement inférieurs à leur valeur de référence de janvier 2020. Après la chute du régime baasiste fin 2024, les perspectives de stabilisation et de relance économiques restent incertaines.
Au Yémen (figure A, volet c), le conflit persistant a fragilisé l’économie, et les prix des produits alimentaires sont restés à des niveaux élevés pendant toute la période considérée. Le double choc de la pandémie et de la guerre en Ukraine a accentué l’inflation des prix des denrées alimentaires dans le pays. Une trêve de six mois en 2023 a donné lieu à une brève période de stabilité des prix. Les salaires nominaux ont également augmenté quelque peu, mais à un rythme bien inférieur à celui de l’escalade des prix des produits alimentaires observée en 2021 et 2022. Fin 2024, malgré une petite augmentation du pouvoir d’achat, les salaires réels corrélés aux prix alimentaires restaient nettement inférieurs à ceux de janvier 2020, témoignant des effets prolongés des perturbations économiques et du conflit sur le pouvoir d’achat des ménages.
Lorsque les ménages sont confrontés à des baisses, temporaires ou prolongées, de leurs revenus réels, ils ont recours à différentes stratégies pour faire face aux chocs. Ces stratégies comprennent la vente en catastrophe d’actifs, notamment de capital productif, la dépendance accrue à l’égard des envois de fonds par les migrants, la diversification des sources de revenu et des réductions des dépenses relevant d’autres postes importants, comme les soins de santé préventifs ou l’éducation des enfants117, 118. Il convient de noter que les ménages peuvent également adapter leur consommation alimentaire. Ils peuvent ainsi se tourner vers des aliments moins onéreux et moins riches en nutriments119, réduire la diversité et la fréquence des repas120, ou réserver la nourriture en priorité à certains membres de la famille pour faire en sorte qu’ils aient des apports alimentaires suffisants – ce qui débouche souvent sur une diminution de la quantité de nourriture consommée par les femmes et les enfants121, 122.
Des éléments probants indiquent que ces stratégies sont très répandues. Au Kenya et en Ouganda, une évaluation rapide réalisée durant la pandémie a fait apparaître qu’au moins 40 pour cent des personnes interrogées avaient modifié leur alimentation: elles consommaient des aliments moins variés, sautaient des repas ou réduisaient la taille des portions123. Dans les bidonvilles de Nairobi, 69 pour cent des ménages indiquaient prendre moins de repas par jour124. Dans le centre-nord rural du Nigéria, 95,8 pour cent des ménages ont déclaré se rabattre sur un plus petit nombre d’aliments de prédilection, tandis que 83,5 pour cent réduisaient les portions125. De la même façon, dans le nord du Ghana, 69 à 97 pour cent des ménages réduisaient les quantités consommées ou la fréquence des repas durant les périodes de disette126. En Palestine, une évaluation menée par le PAM a permis de constater que, face aux flambées des prix des produits alimentaires – hausse de 15 pour cent de l’IPC des produits alimentaires et de 70 pour cent du prix de la farine de blé – la moitié des ménages avait réduit leur consommation alimentaire, principalement en limitant la consommation de viande et de produits laitiers (89 pour cent), mais aussi en diminuant la quantité globale (76 pour cent)120.
3.3.2 L’inflation ébranle la sécurité alimentaire
Les hausses des prix des produits alimentaires peuvent nuire à la sécurité alimentaire des ménagest. Entre 2014 et 2024, des pays appartenant à différentes catégories de revenu ont enregistré des degrés divers d’insécurité alimentaire, et les augmentations notables de cette dernière ont coïncidé avec des périodes de flambées des prix des denrées alimentairesu. La présente section analyse l’évolution des prix annuels des produits alimentaires de 2014 à 2024 en relation avec les niveaux moyens d’insécurité alimentaire selon les pays, classés par catégorie de revenu (figure 3.8).
FIGURE 3.8 Les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont enregistré des niveaux importants d’insécurité alimentaire modérée ou grave et d’inflation des prix des denrées alimentaires

SOURCE: Nakasone, E. et Ignaciuk, A. (à paraître). A global assessment of food price dynamics and food insecurity – Document d’information établi pour servir de base au rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2025. Document de travail de la FAO sur l’économie du développement agricole n° 25-09. Rome, FAO.
Les pays à faible revenu qui sont confrontés aux taux les plus élevés d’inflation des prix des produits alimentaires (figure 3.8 A) enregistrent également les plus fortes augmentations de la prévalence de l’insécurité alimentaire. Ce lien est particulièrement marqué depuis le début de la période d’inflation actuelle, car les prix des produits alimentaires ont connu une forte hausse depuis 2020, laquelle a coïncidé avec un accroissement rapide de la prévalence de l’insécurité alimentaire. Entre 2019 et 2024, la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave a augmenté de 6,7 points de pourcentage, et celle de l’insécurité alimentaire grave de 3,5 points de pourcentage. Du point de vue des politiques, cette évolution est particulièrement préoccupante, car la majorité des ménages dans les pays à faible revenu sont extrêmement vulnérables aux chocs, notamment aux flambées des prix des produits alimentaires.
Les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (figure 3.8 B) ont également enregistré des hausses considérables de l’insécurité alimentaire. Bien que l’inflation des prix des produits alimentaires se soit établie en moyenne à 7 pour cent par an de 2019 à 2024 – soit une valeur inférieure aux 11 pour cent observés dans les pays à faible revenu –, la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave a augmenté de 5,6 points de pourcentage, et celle de l’insécurité alimentaire grave de 1,6 point de pourcentage. Cette forte hausse est probablement liée aux répercussions des conflits dans plusieurs pays de cev (Liban et Myanmar, par exemple), parallèlement aux pressions économiques plus générales. Des populations importantes dans d’autres pays touchés par des conflits (Nigéria et Pakistan, par exemple) contribuent également aux taux globaux de ce groupe, ce qui souligne les facteurs complexes et interdépendants de l’insécurité alimentaire selon les contextes.
En revanche, l’insécurité alimentaire a relativement peu évolué dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et les pays à revenu élevé (figure 3.8 C et figure 3.8 D). La prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave a augmenté de 0,9 point de pourcentage dans les pays à revenu élevé et a diminué de 1,2 point de pourcentage dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Ce résultat peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Ces pays (et notamment les pays à revenu élevé) ont enregistré des taux d’inflation inférieurs (figure 3.2), et le pouvoir d’achat alimentaire des ménages a donc été moins érodé que dans d’autres régions. Par ailleurs, les pays à revenu élevé présentent généralement des niveaux plus faibles d’inégalités130. L’analyse présentée ci-après indique que l’insécurité alimentaire est moins corrélée à la hausse de l’inflation des prix des produits alimentaires dans les pays peu inégalitaires que dans les pays très inégalitaires. En outre, les pays plus riches disposent généralement de réseaux de protection sociale plus efficaces et de ressources plus importantes pour venir en aide à leur population dans les moments difficiles. Les niveaux d’aide élevés, en particulier – les programmes d’aide mis en place durant la pandémie, par exemple – ont contribué à amortir les effets de l’inflation des prix des produits alimentaires sur la sécurité alimentairew. Par exemple, plusieurs pays à revenu élevé ont élargi leurs programmes de protection sociale et mis en place des subventions supplémentaires pour les produits alimentaires et l’énergie afin d’atténuer les effets de l’inflation des prix des denrées alimentaires sur les conditions de vie de leur population (voir la section 4.1).
Une hausse des prix des produits alimentaires s’accompagne d’une augmentation de l’insécurité alimentaire. La figure 3.9 présente le lien entre l’insécurité alimentaire et les prix des produits alimentairesx entre 2014 et 2024 au moyen d’un diagramme de dispersion de la prévalence de l’insécurité alimentaire pour chaque paire pays-année de l’ensemble de données FIES, parallèlement à l’IPC moyen des produits alimentairesy pour les particuliers. Elle fait apparaître un lien positif mais non linéaire entre l’insécurité alimentaire et les prix des produits alimentaires. Dans la plupart des observations relatives à l’ensemble de données, la hausse des prix des produits alimentaires est corrélée à des taux plus élevés d’insécurité alimentaire. Cependant, il semble que, lorsque les pays sont déjà accablés par des prix élevés des produits alimentaires, de nouvelles hausses de ces derniers n’entraînent pas une augmentation de l’insécurité alimentaire.
FIGURE 3.9 LIEN ENTRE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LES PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES (2014-2024)

SOURCE: Nakasone, E. et Ignaciuk, A. (à paraître). A global assessment of food price dynamics and food insecurity – Document d’information établi pour servir de base au rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2025. Document de travail de la FAO sur l’économie du développement agricole n° 25-09. Rome, FAO.
Plusieurs facteurs peuvent influer sur le lien entre les prix des produits alimentaires et l’insécurité alimentaire, notamment les caractéristiques propres aux pays et les chocs. Ces différences peuvent jouer sur l’exposition, la sensibilité et la capacité d’adaptation d’un pays ou d’un ménage face à des aléas économiques ou environnementaux. Les prix élevés des produits alimentaires font l’effet de chocs, et les ménages dans les pays les plus vulnérables sont souvent plus susceptibles de voir leur accès à la nourriture réduit137. Les pays qui disposent d’institutions et de structures de gouvernance plus efficaces sont généralement plus à même d’atténuer l’incidence sur la sécurité alimentaire des fortes hausses des prix des produits alimentaires. En outre, les chocs extérieurs, comme les fléchissements économiques ou les extrêmes climatiques, peuvent renforcer le lien entre les prix des produits alimentaires et l’insécurité alimentaire136, 138, 139. Les contractions du PIB liées à des chocs macroéconomiques, par exemple, peuvent générer des tensions inflationnistes tout en limitant l’accès des ménages à la nourriturez, 136.
L’inflation des prix des produits alimentaires est associée à une augmentation de l’insécurité alimentaire. Une augmentation de 10 pour cent des prix des produits alimentaires est corrélée à un accroissement de 3,5 pour cent de l’insécurité alimentaire modérée ou grave et à une hausse de 1,8 pour cent de l’insécurité alimentaire grave (figure 3.10), toutes choses étant égales par ailleurs. En 2020, au début de la crise liée à la covid-19, le PIB par habitant a chuté de 3,8 pour cent dans le monde142, ce qui témoigne des énormes répercussions de la pandémie. Cette contraction économique considérable s’est accompagnée d’une forte recrudescence de l’insécurité alimentaire. La part de la population mondiale en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave est passée de 25 pour cent à 28,8 pour cent entre 2019 et 2020, et la proportion de la population mondiale confrontée à une insécurité alimentaire grave de 9,1 pour cent à 10,5 pour cent (voir le chapitre 2). Avec le rebond notable de l’économie mondiale (progression du PIB par habitant de 5,6 pour cent en 2021), et une croissance un peu plus faible les années suivantes (augmentation du PIB par habitant de 2,5 pour cent et de 2,3 pour cent en 2022 et en 2023, respectivement), on s’attendait à retrouver les niveaux d’insécurité alimentaire d’avant la pandémie. Cependant, l’amélioration a été modeste, et poussive: en 2024, la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave s’est établie à 28 pour cent (3 points de pourcentage de plus que son niveau de 2019). Alors que le monde a subi plusieurs bouleversements importants – guerre en Ukraine, catastrophes naturelles et maladies animales, notamment (voir la section 3.2) –, les résultats présentés ici indiquent que l’inflation des prix des produits alimentaires pourrait avoir ralenti ce processus.
FIGURE 3.10 DANS LES PAYS TRÈS INÉGALITAIRES, LES FEMMES ET LES POPULATIONS RURALES SONT PLUS EXPOSÉES À UNE AUGMENTATION DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE MODÉRÉE OU GRAVE LIÉE À L’INFLATION DES PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES

SOURCE: Nakasone, E. et Ignaciuk, A. (à paraître). A global assessment of food price dynamics and food insecurity – Document d’information établi pour servir de base au rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2025. Document de travail de la FAO sur l’économie du développement agricole n° 25-09. Rome, FAO.
L’incidence de l’inflation varie selon les pays et les groupes. L’inflation des prix des produits alimentaires, en particulier, présente un lien plus étroit avec l’insécurité alimentaire dans les pays à fortes inégalités de revenuaa (figure 3.10). Dans les pays les plus inégalitaires, où les populations vulnérables sont plus nombreuses et les dispositifs de protection sociale moins développés, les hausses, mêmes légères, des prix des denrées alimentaires peuvent avoir des effets préjudiciables disproportionnés sur la sécurité alimentaire. Ces constatations soulignent l’importance de la lutte contre les inégalités, en tant que facteur majeur influant sur l’évolution de la sécurité alimentaire dans le monde136, 144.
L’inflation des prix des produits alimentaires influe de manière disproportionnée sur l’insécurité alimentaire des femmes, ce qui témoigne de disparités persistantes liées au genre (figure 3.10). Les rôles traditionnellement dévolus aux femmes en matière de soins aux membres de la famille, l’accès limité de celles-ci aux ressources productives, les emplois faiblement rémunérés qu’elles occupent et les possibilités réduites dont elles disposent s’agissant d’utiliser les services publics diminuent leur capacité à faire face à la hausse des prix des produits alimentaires145. Cette constatation est cohérente avec l’ensemble plus large d’éléments indiquant que ce sont souvent les femmes qui absorbent les chocs en période de crise, en général en abaissant leurs propres apports alimentaires au profit des autres membres du ménage121, 146. Les évaluations rapides menées pendant la pandémie, par exemple, ont montré que les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de sauter des repas ou de réduire la taille de leurs portions147, ce qui met en évidence leur vulnérabilité plus forte face à l’inflation des prix des produits alimentaires. Une comparaison de l’insécurité alimentaire chez les femmes et les hommes fondée sur l’échelle FIES (présentée à la section 2.1) fait apparaître une amplification considérable de l’écart entre les genres sur la période 2020-2021, dans le sillage de la pandémie.
Les populations rurales sont plus vulnérables face à l’inflation des prix des produits alimentaires en raison de contraintes structurelles et économiques. La figure 3.10 montre un lien plus fort entre les prix des produits alimentaires et l’insécurité alimentaire dans les zones rurales que dans les zones urbaines. En théorie, une hausse des prix des denrées alimentaires peut bénéficier aux ménages ruraux s’ils sont des vendeurs nets de ces produits, mais les données empiriques indiquent que la plupart de ces ménages sont en réalité des acheteurs nets de denrées alimentaires15–21. De ce fait, ils bénéficient moins des hausses des prixab. De plus, les ménages ruraux consacrent généralement une part plus importante de leurs revenus à la nourriture, ce qui leur laisse peu de souplesse pour ajuster leurs dépenses non alimentairesac. Par conséquent, ils ont moins de possibilités de réduire leurs dépenses non alimentaires et non essentielles, ce qui les rend plus vulnérables aux augmentations des prix des denrées alimentaires.
3.3.3 L’inflation peut avoir une incidence sur les résultats nutritionnels
La hausse des prix des produits alimentaires peut restreindre l’accès des groupes vulnérables, notamment les enfants, à une alimentation variée. Durant la période d’alimentation complémentaire des nourrissons et des enfants en bas âge, les aliments d’origine animale, les légumineuses, les fruits à coque et les graines, ainsi que les fruits et les légumes sont essentiels à une croissance et un développement optimaux. Cependant, ces aliments sont souvent absents du régime alimentaire des enfants en bas âge153. Les pratiques d’alimentation complémentaire des enfants âgés de 6 à 23 mois mettent de plus en plus l’accent sur l’intégration d’aliments riches en nutriments, et découragent l’utilisation massive de féculents, lesquels procurent de l’énergie, mais peu de micronutriments essentiels154. L’inflation des prix des produits alimentaires influe de manière notable sur l’alimentation des enfants, notamment en ce qui concerne la diversité alimentaire minimale (voir la section 2.3). Lorsque le coût des légumes et des autres aliments riches en nutriments augmente, les familles, en particulier celles dont les ressources sont limitées, peuvent se tourner vers des solutions moins onéreuses, à base de produits hautement transformés, qui la plupart du temps ne contiennent pas les vitamines et minéraux essentiels qu’il convient d’apporter aux enfants en bas âge. Ce problème de coût peut déboucher sur une alimentation de qualité insuffisante et une malnutrition (retard de croissance et émaciation, notamment)155.
La prévalence de l’émaciation, l’un des indicateurs clés de la malnutrition aiguë, correspond à la proportion d’enfants de moins de 5 ans dont le poids est insuffisant par rapport à la taillead. L’émaciation est en partie liée à des carences nutritionnelles à court terme, et constitue donc une mesure utile pour suivre les effets immédiats des chocs sur la nutrition des enfants. Parmi les indicateurs d’état chronique, le retard de croissance est le reflet des effets à long terme d’une nutrition inadéquate; l’émaciationae, en revanche, est une conséquence plus rapide des crises économiques ou environnementales. Par exemple, la prévalence de l’émaciation augmente généralement lors des baisses des revenus157, telles que celles qui se sont produites pendant la pandémie. L’édition 2021 du présent rapport139 a indiqué que, dans un scénario modéré, 11,2 millions d’enfants de moins de 5 ans viendraient s’ajouter entre 2020 et 2022 au nombre de ceux qui souffraient déjà d’émaciation dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, dont 6,9 millions pour la seule année 2020. Dans un scénario pessimiste, ce chiffre pourrait passer à 16,3 millions.
Les enfants qui souffrent d’émaciation sont beaucoup plus vulnérables aux autres situations affectant la santé, et présentent un risque accru de mortalité. L’émaciation sévère, qui est souvent le résultat d’un accès inadéquat à des aliments riches en nutriments, affaiblit la capacité du système digestif d’absorber les nutriments et compromet celle du système immunitaire de lutter contre les maladies, même communes. Pour un enfant qui souffre d’émaciation sévère, le risque de mourir d’une maladie commune, telle qu’une pneumonie, est 11 fois plus élevé que pour un enfant bien nourri158. En outre, un enfant qui souffre d’émaciation durant les premières années de sa vie est exposé non seulement à un risque de mortalité plus élevé, mais aussi à une probabilité plus importante de présenter un retard de croissance et des problèmes de santé à long termeaf, 167.
Les précédentes flambées des prix mondiaux des produits alimentaires ont eu des effets préjudiciables sur la nutrition des enfants, augmentant notamment les taux d’émaciation au sein des populations vulnérables. Au cours de la crise alimentaire mondiale de 2007 à 2008, par exemple, on a constaté un accroissement de la prévalence de l’émaciation chez les enfants au Mozambique168. De la même façon, une augmentation de la proportion d’enfants souffrant d’émaciation a été observée en Inde, et notamment des effets particulièrement marqués dans les familles à revenu faible ou intermédiaire169.
Les épisodes d’inflation des prix des produits alimentaires s’accompagnent d’une hausse de la prévalence de l’émaciation. L’analyse des données provenant de 44 pays à revenu faible ou intermédiaire indique qu’une hausse de 5 pour cent des prix réels des produits alimentaires accroît respectivement de 9 pour cent et de 14 pour cent la probabilité d’émaciation et d’émaciation sévère chez les enfants de moins de 5 ans155. Ces constatations mettent en lumière la plus forte vulnérabilité des enfants en bas âge face aux flambées des prix des denrées alimentaires, notamment dans les contextes où une insécurité alimentaire est déjà présente.
La récente inflation des prix des produits alimentaires pourrait avoir fait augmenter le risque d’émaciation chez les enfants. L’analyse présentée dans cette section indique, d’après les données collectées dans 150 pays du monde entre 1983 et 2023, qu’une hausse de 10 pour cent des prix des produits alimentaires s’accompagne d’une augmentation comprise entre 2,7 pour cent et 4,3 pour cent de la prévalence de l’émaciation et de 4,8 pour cent à 6,1 pour cent de celle de l’émaciation sévère chez les enfants de moins de 5 ans (tableau 3.1). Comme indiqué à la section 3.3, la situation nutritionnelle dépend non seulement de l’accès à la nourriture, mais aussi de l’accès aux services de santé. De ce fait, les régressions supplémentaires présentées dans le tableau 3.1 prennent en compte des indicateurs de santé de base, comme l’accès à l’eau et à l’assainissement et les dépenses publiques par habitant dans le domaine de la santé. Les résultats restent pertinents avec ces variables de contrôle supplémentaires. Les résultats complets de la régression sont présentés dans le tableau 3.1, et des informations détaillées supplémentaires sur le modèle économétrique sont fournies dans Nakasone et Ignaciuk (à paraître)144.
TABLEAU 3.1LIEN ENTRE LES PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES ET L’ÉMACIATION (1985-2023)
>SOURCE: Nakasone, E. et Ignaciuk, A. (à paraître). A global assessment of food price dynamics and food insecurity – Document d’information établi pour servir de base au rapport sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2025. Document de travail de la FAO sur l’économie du développement agricole n° 25-09. Rome, FAO.
Ces constatations mettent en évidence un problème pressant pour les pouvoirs publics, à savoir que la récente poussée de l’inflation mondiale pourrait avoir aggravé la situation en matière de malnutrition aiguë, et avoir exposé des millions d’enfants à un risque accru de sérieuses conséquences sur leur santé. Au pic de l’inflation, les prix des produits alimentaires en glissement annuel ont augmenté de 13,6 pour cent au niveau mondial entre janvier 2022 et janvier 2023 (figure 3.1). Durant cette période, l’inflation des prix des produits alimentaires a atteint 25,2 pour cent et 11,8 pour cent dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, respectivement (figure 3.2), et plus de 65 pour cent des pays à faible revenu et 61 pour cent des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure – qui comptent plus de 1,5 milliard d’habitants au total – ont enregistré une inflation des prix des produits alimentaires de 10 pour cent ou plus. Ces régions présentent aussi des taux d’émaciation supérieurs chez les enfants. En 2024, la prévalence de l’émaciation était de 6,4 pour cent dans les pays à faible revenu et de 9,5 pour cent dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (voir l’annexe 1A). Les résultats présentés ici montrent les risques majeurs et généralisés engendrés par l’inflation des prix des denrées alimentaires pour ces populations particulièrement vulnérables.