La présente section étudie les principales composantes possibles dun système de SCS et sintéresse notamment aux composantes physiques et aux équipements. Elle fournit des informations sur les objectifs de chaque composante et sur la capacité de chacune delle à mettre en uvre différentes mesures de contrôle (tableau 1). Le choix des composantes sera fonction de la stratégie de SCS, notamment des considérations de coût, et sera lié aux points présentés à la section 2 de ce chapitre et au tableau 2.
Les nouvelles technologies peuvent permettre daméliorer les systèmes de SCS et le rapport coût-efficacité, mais il faut noter que les composantes de SCS perfectionnées sur le plan de la technique peuvent demander des années avant de devenir des instruments efficaces. Le niveau dapplication nécessaire, les connaissances, lexpérience en matière de SCS et les dépenses de fonctionnement devraient être sérieusement pris en considération lors de la phase de planification, avant la mise en uvre. Si lon choisit de nouvelles solutions faisant davantage appel à la technologie, il est important de revoir les anciens procédés et méthodes de travail, afin de tirer parti des nouvelles composantes. Un autre défi consiste à gérer les changements organisationnels: modifier les vieilles routines et étudier les façons daméliorer lefficacité et lefficience est le seul moyen dutiliser pleinement le potentiel des nouveaux procédés.
TABLEAU 1 Comparaison de lefficacité de différentes composantes de SCS pour appliquer des mesures de contrôle
Dimensions |
Composantes |
Efficacité de lélément pour les contrôles de laménagement |
Détection des navires/ pêcheurs non munis de licences |
Pouvoir darrestation |
Coût |
||
Moyen de production |
Production |
Technique |
|||||
Avant la pêche |
Autorisations de pêche/remise des documents |
Moyenne |
Aucune |
Aucune |
Non |
Oui |
Faible |
Autorisations de pêche des navires |
Moyenne |
Aucune |
Faible |
Non |
Oui |
Faible |
|
Pendant la pêche |
Livres de bord |
Moyenne |
Moyenne |
Faible |
Non |
Non |
Faible |
Navires de patrouille |
Moyenne |
Moyenne |
Moyenne |
Moyenne |
Oui |
Elevé |
|
Avions de patrouille |
Aucune |
Aucune |
Elevée |
Elevée |
Non |
Moyen |
|
Hélicoptères |
Aucune |
Aucune |
Elevée |
Elevée |
Oui |
Elevé |
|
Observateurs |
Elevée |
Elevée |
Moyenne |
Faible |
Non |
Faible/Moyen |
|
SSN |
Moyenne |
Aucune |
Elevée |
Non |
Non |
Faible/Moyen |
|
Imagerie satellite |
Aucune |
Aucune |
Moyenne |
Moyenne |
Non |
Faible/Moyen |
|
Patrouilles de plage[15] |
Elevée |
Elevée |
Elevée |
Elevée |
Oui |
Faible |
|
Marine ou gardes-côtes |
Faible |
Faible |
Faible |
Elevée |
Oui |
Elevé |
|
Pendant le débarquement |
Suivi des captures |
Aucune |
Elevée |
Aucune |
Non |
Oui |
Faible |
Suivi des transbordements |
Aucune |
Elevée |
Aucune |
Non |
Oui |
Faible |
|
Après le débarquement |
Suivi des marchés et des ventes |
Aucune |
Moyenne |
Aucune |
Non |
Oui |
Faible |
Suivi des exportations |
Aucune |
Moyenne |
Aucune |
Non |
Oui |
Faible |
|
Barrages routiers et suivi du transport |
Aucune |
Faible |
Aucune |
Non |
Oui |
Faible |
TABLEAU 2 Avantages et inconvénients des différentes composantes du SCS
Composante |
Avantages |
Inconvénients |
Autorisation de pêche/remise des documents |
Garantit la validité des documents des pêcheurs et offre aux capitaines la possibilité dassister à des réunions dinformation. |
Ne peut sappliquer quaux navires faisant escale dans des ports nationaux où il existe un dispositif de SCS. |
Autorisation de pêche des navires |
Bonne source dinformation en ce qui concerne la pêcherie. Certains contrôles (puissance du moteur, engin de pêche, etc.) peuvent être effectués. |
Des engins de pêche et autre équipement peuvent être dissimulés. |
Livres de bord |
Peuvent être utilisés à bord de tout navire de pêche, quelle que soit la langue. Gardent une trace des captures et des positions au fil du temps. Peu coûteux. |
Dans certaines pêcheries, le faible taux dalphabétisation des pêcheurs peut représenter un obstacle. La qualité des données dépendra de la motivation des pêcheurs. |
Navires de patrouille |
Permettent de vérifier en mer les engins de pêche, les quantités rejetées, les immersions, les registres de bord et les captures. Importants surtout pour contrôler les activités en haute mer et les flottes étrangères. Il sagit de la seule plate-forme qui permet véritablement de procéder à des arrestations au large. Fortement dissuasifs. |
Coût élevé et capacité de surveillance limitée de la zone. Faible taux de détection des infractions. |
Avions de patrouille |
Permettent une vaste couverture pour identifier les incursions illicites des navires dépourvus de licences. Effectuent des patrouilles efficaces aux frontières et dans les zones de fermeture de la pêche. |
Impossibilité de procéder à des arrestations ou dinspecter les captures ou les engins. |
Hélicoptères |
Peuvent couvrir une zone relativement grande. Peuvent dépêcher des inspecteurs à bord de navires pour procéder à des arrestations. |
Coût élevé et distance couverte limitée, par comparaison avec les avions de patrouille. |
Observateurs |
Peuvent suivre toutes les opérations à bord dun navire particulier et vérifier les captures, les rejets, les immersions, les engins et la validité des documents requis. |
Coût moyen. Nest possible que sur dassez gros bateaux. Lintégrité des observateurs peut être une question pertinente en termes de qualité des données fournies. |
SSN |
Assure le suivi en temps réel des navires munis de licences ou équipés, et peut réduire le temps dinterception nécessaire aux embarcations chargées de faire respecter les règles. Capital et dépenses de fonctionnement faibles à moyens (bateau unitaire acheté par les pêcheurs). |
Ne couvre pas les navires nayant pas léquipement requis. Nécessite lintégration avec dautres plates-formes ou senseurs pour être utilisé de façon efficace. Lentretien du matériel et les techniques dinformation peuvent être insuffisants dans certains pays. |
Imagerie satellite |
Couverture totale de la zone scannée. |
Coûteuse pour des scanners ordinaires. Pas didentification positive des cibles, sauf en cas de vérification par dautres senseurs. |
Patrouilles de plage |
Outil efficace à lintérieur des pêcheries de loisir et près du rivage. Contacts avec les pêcheurs. |
Inspecteurs visibles. Laccès à des zones reculées peut être difficile. |
Marine ou gardes-côtes |
Peuvent être mis gratuitement au service de lorganisation des pêches sils sont disponibles. Peuvent contrôler les infractions aux frontières sils sont dans la zone. |
Capacité limitée (seulement infractions aux frontières, car faibles connaissances en matière de pêche. |
Suivi des captures et des transbordements |
Permet de contrôler les captures débarquées et les quotas. A le pouvoir de procéder à des arrestations dans le port. Capital et dépenses de fonctionnement faibles. |
Aucune possibilité de contrôler les navires qui ne font pas escale au port. Aucune possibilité de contrôler les immersions, les infractions concernant les transbordements au large ou les engins. Les informations ne concernent que le poisson débarqué et non pas les quantités rejetées. Pas de références spatiales. |
Suivi des marchés et des ventes |
Bonne source dinformations en termes despèces débarquées et de demande sur le marché. |
Difficile de connaître lorigine du poisson. |
Suivi des exportations |
Bonne source dinformations sur le volume de poisson débarqué dans les pêcheries de grande valeur. |
Seule une partie des captures débarquées peut être exportée. |
Barrages routiers et suivi du transport |
Bon outil contre la vente et le transport du poisson capturé de façon illicite. |
Il est facile de repérer les barrages routiers et de les éviter. |
3.1 Avant la pêche
Le contrôle des navires de pêche ou des petites embarcations et des pêcheurs avant les sorties en mer, lors de loctroi des licences, par le biais détudes-cadres annuelles ou de contrôles intermittents, est une opération de SCS utile et peu coûteuse qui présente les avantages ci-après.
Il est plus facile de vérifier lengin et les mécanismes de contrôle de leffort (puissance et capacité des navires) pour sassurer que les réglementations ou les conditions de licences sont bien respectées.
Si un engin illicite est repéré ou sa présence démontrée, on peut souvent garantir quil est impossible de lutiliser lors de lopération de pêche.
Le recueil de données aux fins de statistiques sur la pêcherie est facilité.
Si des navires se sont déjà livrés à des opérations de pêche, il est parfois nécessaire de déterminer si des captures sont encore à bord.
Les échanges avec les pêcheurs avant la pêche peuvent être très positifs et montrer le sérieux de lorganisation; le personnel chargé du SCS acquiert également de lexpérience en matière de pêche.
Les pêcheurs fourniront une rétro-information qui pourra se révéler précieuse pour la planification ou pour une meilleure connaissance des pêcheurs.
La sécurité en mer peut aussi être contrôlée si un navire est inspecté au port. Le Code de conduite insiste sur cette question au paragraphe 8.4.1. La pêche en mer est le métier le plus dangereux au monde. Lincitation à réaliser des bénéfices dans les pêcheries a entraîné une sécurité médiocre pour de nombreux pêcheurs, notamment pour les navires qui ne sont pas visés par des instruments internationaux tels que les Normes de formation, certification et veille pour le personnel des navires de pêche (1995), qui concerne les navires de plus de 24 m ou dont la puissance dépasse 750 kW. Il importe que les autorités daménagement des pêcheries jouent dans ce domaine un rôle important en coopération avec lautorité maritime. Les instruments internationaux établissent également une norme minimale recommandée qui peut être appliquée à des bateaux plus petits dans le cadre des législations nationales. Deux séries de directives visant à améliorer la conception, la construction et léquipement des navires de pêche ont été préparées dans les années 60 et 70, non pas pour remplacer les lois nationales, mais pour servir de guide aux responsables de lélaboration des lois et réglementations nationales. Ces publications sont actuellement révisées par lOrganisation maritime internationale; il sagit du Code de sécurité à lusage des pêcheurs et des Directives facultatives aux fins de la conception, la construction et léquipement des navires de pêche. Lautorité daménagement des pêcheries a tout intérêt à assurer la sécurité des pêcheurs et elle ne doit pas se soustraire à cette responsabilité!
3.2 Pendant la pêche
Les activités de SCS des pêcheries qui sont menées en mer peuvent avoir un effet dissuasif ou contribuer au respect de toutes les mesures de contrôle, mais en général elles sont surtout importantes pour le contrôle de la production et les contrôles techniques. Elles constituent la seule méthode permettant que les infractions relatives aux registres de bord, aux types dengins et aux captures soient repérées sur le lieu même où elles ont été commises (pendant la pêche). Des informations importantes, comme lheure, la date et la position, liées à la fois aux activités et aux captures sont également recueillies en mer.
3.2.1 Les registres de bord
Pendant la pêche, certaines données (captures, effort, engin, emplacement, paramètres environnementaux) sont consignées par les pêcheurs dans les registres de bord. Ces registres doivent normalement être conçus pour chaque pêcherie et, lorsquil existe une bonne coopération avec les pêcheurs, ces derniers fournissent des informations très utiles pour lévaluation scientifique, le suivi continu des captures et la rétroinformation destinée aux pêcheurs sous forme de comptes rendus rétrospectifs. La qualité des données consignées dans les livres de bord peut être inégale; elle sera liée aux mesures daménagement applicables (par exemple, dans une pêcherie où leffort est contrôlé, les données sur les captures et les prises accessoires seront probablement plus exactes que dans une pêcherie où les captures sont contrôlées), aux contrôles courants (par exemple, vérification régulière par des inspecteurs ou observateurs, ou nécessité de rapports radio quotidiens) et à lidée que se font les pêcheurs de limportance des registres de bord.
3.2.2 Les navires de patrouille
Le terme navire de patrouille des pêcheries est un terme très général qui sapplique à des navires de tailles et configurations différentes; ces navires, ainsi que les avions de patrouille et les observateurs, sont considérés comme loutil traditionnel du SCS. Le principe essentiel est quun navire est capable de contrôler et de faire respecter la législation des pêcheries dans les zones de pêche. Le type de flotte à contrôler peut aller de la petite embarcation artisanale au gros chalutier étranger. La capacité et la configuration que devra avoir le navire de patrouille dépendront de la flotte à contrôler, des conditions de la mer, des conditions météorologiques, de situations éventuellement hostiles, etc. Les navires de patrouille ayant à bord du personnel dinspection des pêcheries représentent souvent la seule possibilité dobtenir une preuve fondamentale et légalement acceptable des infractions. Ils constituent aussi la principale plate-forme permettant de procéder à larrestation dun navire en mer (avec également les hélicoptères, mais dans une moindre mesure).
Lachat et le fonctionnement dun navire de patrouille peuvent représenter un coût élevé, mais ces navires sont à maints égards irremplaçables, et il faut donc sefforcer doptimiser leurs opérations. Les navires de patrouille sont des plates-formes lentes qui couvrent des espaces relativement restreints, de sorte que leur but principal pourrait être la dissuasion en raison de leur faible capacité à détecter les infractions.
3.2.3 Les aéronefs de patrouille
Parmi les aéronefs légers, on dispose dun large éventail daéronefs pouvant effectuer différentes prestations et qui conviennent pour la surveillance des mers et des pêcheries. Les opérations aériennes sont très utiles pour surveiller de vastes zones; on peut y recourir dans le cadre dopérations transfrontalières, régionales et en haute mer. Cette composante de SCS est la seule qui puisse fournir un tableau densemble dune vaste zone de pêche à lintérieur dun calendrier réduit. Une bonne utilisation et une mise en commun appropriée des informations fournies par les vues aériennes amélioreront le déploiement de navires de patrouille et dobservateurs. Les aéronefs peuvent aussi servir à surveiller les bancs de poissons, les baleines et la destruction des récifs.
Les hélicoptères sont plus limités que les aéronefs à ailes fixes en termes de surveillance efficace de vastes zones, mais ils ont lavantage de pouvoir déposer du personnel sur les navires ou à partir de navires. Normalement, un hélicoptère a un coût de fonctionnement de cinq à dix fois supérieur à celui dun petit aéronef à ailes fixes, et il faut donc bien voir sil convient den avoir un. Les principaux objectifs dun hélicoptère en matière de surveillance des pêcheries pourrait être les mêmes que pour un aéronef à ailes fixes, avec en outre la capacité de procéder à des inspections des pêcheries et le cas échéant de faire arrêter les navires par des fonctionnaires des pêches.
3.2.4 Les programmes dobservation
Les programmes dobservation représentent le seul moyen de mettre en uvre et de faire appliquer certaines mesures de contrôle, par exemple les règlements relatifs aux captures accessoires et aux rejets qui nécessitent un suivi permanent. Les observateurs sont également en mesure de recueillir des informations sur lheure, la date et la position en ce qui concerne les activités et les captures (y compris des données biologiques); ils peuvent ainsi contrôler les restrictions visant les zones et les saisons de pêche, et fournir de précieux renseignements à lorganisation scientifique. Les programmes dobservation contribuent aussi à la dissuasion et peuvent susciter la transparence parmi les pêcheurs.
Pour que les observateurs puissent sacquitter correctement de leur tâche, ils ont besoin de formation et de manuels, ainsi que dun équipement et dune supervision appropriés. Les navires doivent être assez grands pour recevoir des observateurs, et il faut prévoir la possibilité de les faire monter à bord (dans les ports ou à partir dun bateau de patrouille) et de les faire descendre. Les observateurs représentent en général une solution peu coûteuse pour un suivi et une surveillance en mer qui ont de nombreux avantages, comme le contact permanent avec les pêcheurs, un fort effet dissuasif et la collecte de données très utiles. Les observateurs nont pas le pouvoir de procéder à des arrestations; ils ne peuvent que relever les infractions et en rendre compte.
3.2.5 Le SSN
Le système de surveillance des navires par satellite (SSN) fournit des données en temps réel sur la position, la route et la vitesse du navire, grâce à la communication directe avec une station de base. Cela permet aux opérateurs de suivre toute lactivité autorisée pendant quelle se déroule. Ces données sont envoyées à partir dune unité du navire vers une station réceptrice sur le littoral, qui déploie alors les navires sur des cartes électroniques avec une précision denviron 100 m. La communication par satellite, par exemple Inmarsat-C, est le plus souvent utilisée, bien que le SSN puisse être mis en uvre au moyen de toute une série de solutions en matière de communication. Grâce à ce système, la pêche dans les zones interdites, les transbordements de poisson et le transfert de carburant peuvent tous être indiqués. Le SSN est un outil qui facilite le suivi et la surveillance, dans les meilleurs délais et à moindre coût, des pêcheurs autorisés. Il contribue également à diriger et à déployer de façon plus efficace les navires et les aéronefs de patrouille.
Le SSN permet aussi de relever manuellement les données sur les captures et leffort de pêche (à partir des registres de bord), qui peuvent être transmises par le biais du même système, afin de faciliter la gestion des quotas et lévaluation des stocks, lorsque des informations en temps opportun sont nécessaires. En outre, le SSN constitue un solide élément de sécurité pour les navires, car leur position est connue en permanence et une fonction durgence est intégrée dans le système. Lindustrie peut aussi tirer des avantages du SSN grâce à une meilleure gestion des flottes et à des renseignements sur les captures qui sont disponibles en temps voulu, ce qui permet de meilleures possibilités de commercialisation (ces renseignements peuvent être étroitement liés à la commercialisation électronique du poisson et des fruits de mer, de plus en plus utilisée actuellement).
Il convient de contrôler dans chaque pays la validité des informations fournies par le SSN en cas de procès. Des expériences juridiques faites partout dans le monde indiquent que des informations complémentaires, par exemple des photos prises à partir dun navire ou dun avion de patrouille, ou par un observateur, sont nécessaires pour garantir des preuves suffisantes en cas dinfraction. Il est également important de se rappeler que le SSN ne contrôle que les navires qui transportent un équipement actif. Il ne décèlera jamais des braconniers ou des navires sans licence. Le SSN est très utile pour faciliter les contrôles de zones ou de frontières et la distribution dune flotte de pêche soumise à une réglementation.
Le coût du SSN peut être limitatif pour de petits bateaux de pêche artisanale ou côtière, qui peuvent rarement assumer le coût des navires unitaires nécessaires. Cela a largement contribué à limiter lutilisation du SSN aux gros navires commerciaux, bien que se dessine une tendance en faveur dunités moins coûteuses.
3.2.6 Limagerie satellite
Sans doute apparaîtront dans lavenir dautres outils de télédétection qui serviront surtout à compléter le SSN, en détectant les pêches non réglementées et en pouvant apporter des preuves suffisantes en cas de poursuites judiciaires pour activités illicites. Les images satellites comprennent les images radar et les images photographiques. Les images radar se sont révélées particulièrement utiles car elles sont de bonne qualité, quelle que soit la couverture nuageuse ou la luminosité (de jour ou de nuit), alors que la qualité des images photographiques dépend davantage de ces conditions.
Les fonctionnaires des pêches peuvent disposer de ces images presque en temps réel (en moins de 2 heures). Comme les bateaux de pêche se déplacent lentement pendant les opérations, la comparaison des informations du SSN et des images satellites fera ressortir la présence de pêcheurs pratiquant une pêche illicite et incitera lautorité compétente en matière de pêche à réagir sur le champ. Actuellement, lun des points faibles des images satellites est que les mauvaises conditions en mer réduisent la capacité de détection du système, mais les résultats de différentes études confirment que la probabilité de repérer les navires de pêche de plus de 35 m de long avec des satellites radars est de 95 pour cent. Une autre faiblesse est que lon ne peut pas commander une photo pour réagir à un incident, car il faut programmer le rayon au moins 28 heures à lavance.
Les contraintes actuelles vont certainement diminuer à mesure que les pays et les organisations continueront à explorer lutilisation de limagerie satellite. La Communauté européenne, le Pérou, la Norvège, le Canada, les Maldives, entre autres, participent à des programmes pilotes de recherche visant à intégrer limagerie satellite au SSN. La possibilité de réaliser des économies est directement liée au coût des aéronefs et navires de patrouille, vu que leur efficacité peut saccroître de façon appréciable à mesure que la planification et le déploiement opérationnel de ces unités saméliorent.
3.2.7 Les patrouilles de plage
En ce qui concerne la pêche aux petits métiers ou la pêche récréative, des patrouilles de plage peuvent être nécessaires pour vérifier les licences de pêche, les limites des poches, les restrictions visant la taille des poissons ou les engins, ou bien pour recueillir des informations. Ces surveillances peuvent être effectuées au hasard ou selon une certaine stratégie déchantillonnage planifiée, et se faire soit à pied soit à bord dun véhicule. Elles permettront aussi un échange interactif important avec les artisans-pêcheurs ou les pêcheurs amateurs qui pêchent à partir du rivage (par exemple à la senne de plage ou à la ligne), car les informations pourront leur être transmises directement.
3.2.8 La marine et les gardes-côtes
Normalement, la marine nest pas destinée aux opérations de SCS des pêcheries et elle na pas reçu déducation ni de formation particulière dans ce but. Elle peut représenter un atout précieux pour le contrôle des violations de frontières par des navires non munis de licences et fournir une aide pendant une poursuite acharnée, mais elle est rarement efficace pour assurer le contrôle continu des captures ou des engins de pêche.
Comparés à la marine, les gardes-côtes sont davantage en mesure daccomplir des tâches de protection des pêcheries, bien que leur formation et leur équipement soient en général inférieurs. Selon la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, le rôle du garde-côte est avant tout policier et concerne notamment la violation des frontières, le respect de la règlementation des pêcheries, les opérations de recherches et de secours, les douanes et limmigration. Ainsi, il est important de se rappeler que le fait de séloigner de la stricte protection des pêcheries constitue un compromis qui réduira lefficacité de chaque fonction individuelle.
3.3 Pendant le débarquement
Le lieu de débarquement, quil sagisse dun petit emplacement ou dun grand port, constitue un goulet détranglement des opérations de pêche qui permet de contrôler les bateaux, de collecter les documents tels que les livres de bord, et didentifier et peser le poisson débarqué. Le contrôle du poisson débarqué est lun des volets les plus importants des opérations de SCS lorsquil existe des contrôles de la production. Le contrôle des débarquements est en général moins coûteux que lutilisation des plates-formes classiques de SCS, car les inspecteurs peuvent emprunter la route pour se rendre dans la plupart des ports ou lieux de débarquement, et des systèmes déchantillonnage peuvent être mis au point pour sappliquer à la situation locale. Il est important de se rappeler que le contrôle des débarquements ne permet pas de déceler le poisson rejeté à la mer, ou transbordé, ou vendu avant le débarquement. Seul le poisson débarqué physiquement peut faire lobjet dun contrôle, sans que lon sache ni où ni comment il a été capturé.
3.4 Après le débarquement
Les unités commerciales soccupant de poisson peuvent être un autre lieu intéressant où il est possible de vérifier les données sur les captures. Les inspections des marchés de poisson, des entreprises de transport et des organismes de vente peuvent fournir des renseignements précieux sur les captures, ce qui permet de vérifier par recoupement les données biologiques et économiques, et de confirmer dautres informations de SCS. Cela permet aussi de contrôler le poisson illicite, en particulier les sujets de petite taille et les espèces protégées. Cest particulièrement important dans les pêcheries nationales semi-commerciales où les captures ont une valeur élevée, par exemple le homard, le thon, le requin et lespadon. Les barrages routiers constituent une autre méthode qui peut être utile pour vérifier si les pêcheurs amateurs ont respecté les limites des poches ou lobligation davoir une licence.
Faciliter le SCS signifie que, indépendamment du système principal de SCS, dautres arrangements ou mesures sont adoptés pour que les opérations de SCS soient plus faciles, plus efficaces et plus rentables. Il arrive souvent que des arrangements relativement simples aboutissent à des améliorations appréciables de la solution de SCS.
Système de marquage des navires
Un système approprié didentification des navires doit être mis en place, afin que léquipage du navire de patrouille, le personnel des aéronefs ou les inspecteurs puissent identifier les bateaux de pêche et vérifier efficacement quils sont conformes aux règlements. Les marques dimmatriculation de faible dimension ou les numéros peints à la main rendront presque impossible la tâche des unités dinspection. La FAO a établi des normes pour le marquage des navires de pêche, qui se sont révélées appropriées et qui constituent un système facile à suivre (Spécifications types de la FAO pour le marquage et lidentification des bateaux de pêche). Ces normes sont recommandées et viennent appuyer les directives données à larticle III, paragraphe 6, de lAccord dapplication de la FAO, ainsi que le paragraphe 8.2.3 du Code de conduite. Quand la Malaisie a décidé de mettre en place un système de marquage des navires, elle a adopté les normes de la FAO et, conformément à celles-ci, elle a mis au point une marque dimmatriculation infalsifiable ainsi quun système de zonage. Pour encourager les pêcheurs à faire immatriculer leurs navires, on leur a donné un certain délai pendant lequel limmatriculation serait gratuite, après quoi le coût de cette dernière serait élevé. En suivant cette approche, la Malaisie a pu, en quelques années, mettre en uvre avec succès un système dimmatriculation et de marquage.
Interdiction de certains transbordements
Interdire les transbordements en mer ou en dehors des limites des ports est une solution qui permet de centraliser les opérations de transbordement et donc de faciliter les inspections. Cette solution peut sappliquer à certaines pêcheries de grande valeur, ou éventuellement à des flottes étrangères, ou systématiquement à tous les pêcheurs. Elle facilite aussi le déploiement dobservateurs en mer à bord des navires.
Autorisation de pêche et instructions
Dans une pêcherie commerciale, il peut être très utile que le capitaine se signale à lautorité responsable des pêcheries lors du démarrage de chaque saison de pêche, afin de recevoir des instructions sur les conditions de licence et dobtenir les documents nécessaires, notamment le registre de bord, la licence, etc. En même temps, le navire sera mis à disposition pour être agréé par les inspecteurs.
Contrôles des navires quittant une zone
Si une flotte étrangère exerce des activités dans une zone, la mise en place de contrôles à certains endroits peut être un système utile pour permettre linspection des navires avant quils ne quittent la zone pour décharger dans un port étranger. Par contre, si le contrôle des captures est très important, le déchargement de ces dernières peut être limité à certains ports nationaux précis, afin de garantir le contrôle complet dune pêcherie donnée. En Norvège, les navires doivent faire une déclaration à un poste de contrôle avant de quitter la ZEE norvégienne pour se rendre dans des ports étrangers. Les inspecteurs sont alors en mesure de décider sils inspecteront le navire ou non. Lavantage de cette mesure, du point de vue de lapplication des réglementations, est que les bateaux de pêche sont toujours prêts à être inspectés, que linspection ait lieu ou non.
Limitation des points de débarquement
Dans de nombreux pays, il existe des milliers de points de débarquement pour les pêcheries artisanales ou aux petits métiers, ce qui rend impossible le contrôle et même, pour être plus réaliste, léchantillonnage des quantités débarquées. Une solution consiste à limiter les points de débarquement lorsquil sagit dune pêcherie ou despèces halieutiques qui ont une valeur particulière, qui sont protégées ou surexploitées. Le fait de réduire le nombre des points de débarquement facilite le déploiement dinspecteurs ou de collecteurs des données chargés de prélever des échantillons dans la pêcherie. Il est parfois nécessaire de compléter cette mesure par des contrôles intermittents en dautres points de débarquement et sur les marchés pour décourager toute infraction aux règlements.
Tribunaux spéciaux
De nombreux tribunaux sy connaissent peu en matière dinfractions dans les pêcheries, doù souvent de faibles amendes ou des procès perdus. Il vaut probablement la peine denvisager, à lintention du personnel des tribunaux et des juges, un programme ou des séminaires de formation sur la législation des pêches et les infractions qui sy rapportent, en insistant sur limportance que représente pour un pays laménagement des pêcheries, sur les gains éventuels que peuvent réaliser les contrevenants en pêchant de façon illicite, ainsi que sur la nécessité et leffet dune forte dissuasion. Il est également possible de former et de désigner des juges ou tribunaux spéciaux pour traiter des infractions en matière de pêche.
Séparation des zones côtières
Les conflits entre pêcheurs utilisant différents engins, entre petits bateaux de pêche et gros navires de pêche commerciaux, ou entre différents utilisateurs de la ressource représentent un problème courant pour une organisation de SCS. Les solutions en matière de SCS dans une pêcherie côtière peuvent être très compliquées en raison de la multiplicité des utilisateurs de la ressource et de laccès souvent difficile à cette dernière, ainsi que de très nombreux points de débarquement. Le choix de la solution appropriée passera par la collaboration avec dautres gestionnaires de la zone côtière et conduira éventuellement à envisager des zones réservées aux différents usagers ou types de pêche. De telles options peuvent grandement contribuer à atténuer les tensions et les conflits entre différents participants ou pêcheries, et facilitent souvent lautodiscipline.
Comités mixtes
Il est important de consulter toutes les parties intéressées lors de lélaboration et de la mise en uvre de la solution de SCS, comme il a été suggéré à la section 2.2.8 et au chapitre 7 de ce guide. Pour faciliter cette participation, on peut constituer des comités mixtes qui se rencontreront de façon régulière pour permettre le dialogue et léchange dinformations. Ce type de coopération est intéressant pour toutes les pêcheries, quelles soient artisanales ou quil sagisse de grandes pêcheries commerciales.
Un système de SCS fournira un grande quantité dinformations par le biais des différents programmes de suivi et de surveillance. Certaines de ces informations sont nécessaires presque immédiatement pour les activités de surveillance et pour coordonner efficacement les différentes composantes du SCS, tandis que dautres sont nécessaires de façon moins urgente mais sur une plus longue série chronologique. En raison de ces exigences diverses en matière dinformations, la bonne gestion des informations revêt une importance cruciale. Définir ce que lon entend par «bonne» nest pas chose facile; il est important de sefforcer dobtenir des informations précises en temps opportun, mais le type dinformations et leur mode de présentation sont aussi des questions capitales. Il est bien trop facile de recueillir une foule dinformations, qui seront ensuite un fardeau pour ladministration et les bases de données informatisées, car il faudra les compiler, les vérifier, les rechercher et les stocker. Le besoin dinformations devrait permettre détablir la quantité et le type de données à collecter, ainsi que la façon de les compiler, de les mettre en commun et de les traiter.
Il est important de prendre en compte tant la mise en commun des informations dans le cadre du SCS que la diffusion des résultats. Même si les besoins de données ne sont pas les mêmes pour le SCS, les scientifiques et les économistes, il y a un fort chevauchement, et le partage des informations est important. Lorganisation chargée du SCS pourrait par exemple améliorer le déploiement dinspecteurs, dobservateurs et de navires et avions de patrouille, si les scientifiques et le personnel de surveillance mettaient en commun des statistiques saisonnières dans les différentes pêcheries. Les données de base nécessaires à lévaluation des stocks sont souvent insuffisantes et peuvent fréquemment être complétées par les informations que fournissent les observateurs, les collecteurs de données ou les inspecteurs. Les données économiques, comme la valeur des captures, et les données concernant les marchés donneront une indication sur le cadre financier dans lequel la flotte de pêche exerce ses activités; la probabilité dinfractions et de pêche illicite est généralement plus grande en cas de maigres bénéfices et de situations commerciales difficiles. La situation des marchés influera aussi sur la façon dont les pêcheurs perçoivent ce qui est juste ou injuste en ce qui concerne les mesures daménagement et la rente extraite de la ressource; elle a par conséquent un impact sur lapplication spontanée des règlements. Pour le responsable du SCS, il sagit là dune situation difficile, mais une stratégie souple permettra dy répondre, si un déploiement adaptatif est possible et linformation sur les marchés immédiatement disponible. Il existe bien dautres exemples, mais le message important est quil est essentiel que les différents secteurs de laménagement des pêcheries mettent en commun les informations en vue dune évolution optimale de ladministration des pêches et du système de SCS.
Il nest pas indispensable davoir un système électronique pour gérer les informations, mais cest souvent lidéal si linfrastructure et le personnel peuvent se le permettre. Si lon opte pour, il ne faut pas être trop ambitieux, et il est important de bien tenir compte des moyens financiers de lorganisation et des compétences du personnel, notamment lorsque le système antérieur était manuel. La mise en uvre dun nouveau système informatisé et la formation du personnel pour quil sache le faire fonctionner demandent du temps. Une bonne approche consiste à élaborer et à mettre en uvre le système progressivement, avec un ou deux aspects du système mis en uvre à chaque fois, lintégration et la coordination étant réservées pour plus tard. Il est également recommandé dadopter un cycle standard de développement des logiciels, même pour les petits systèmes. On peut trouver des informations à ce sujet dans tout document de référence de base traitant du développement des systèmes.
Alors quen général les aspects politiques du SCS sont fortement ancrés dans le gouvernement (ou devraient lêtre), il nest pas nécessaire que les aspects opérationnels le soient. Lautorité daménagement des pêcheries, la marine, la police ou les gardescôtes sont par tradition responsables des aspects opérationnels des systèmes de SCS.
Pour des raisons de coût et defficacité, les opérateurs de SCS privés, engagés selon des modalités contractuelles, sont mieux acceptés. On peut citer par exemple les programmes dobservation du Canada, des Etats-Unis et de lAustralie, la surveillance aérienne au Canada, ainsi que les avions de patrouille et certains navires gardes-côtes et navires de protection des pêcheries en Norvège. Il reste à savoir quelles fonctions de lorganisation du SCS sont essentielles et lesquelles ne le sont pas. Par exemple, les fonctions fondamentales qui consistent à élaborer des stratégies, à infliger des amendes aux contrevenants et à les arrêter, à interpréter les résultats du SSN et à rendre compte des infractions relevées par les observateurs sont habituellement du ressort de lautorité daménagement de la pêcherie. Cependant, pourquoi lorganisation du SCS devrait-elle dispenser une formation à des pilotes et à des ingénieurs et assumer les coûts de fonctionnement dun aéronef lorsque tout ce quil lui faut est 8 heures de patrouille aérienne par semaine? Piloter lavion nest pas une fonction fondamentale, et il est parfois préférable quun fonctionnaire des pêches se déplace dans un avion privé réquisitionné pour le temps de vol nécessaire.
Cette possibilité de faire appel aux services extérieurs ou de privatiser les fonctions non essentielles devrait être étudiée dans les domaines du SCS, conformément au cadre législatif destiné aux pêcheries. Il est souvent plus efficace et plus rentable de louer à un opérateur privé les services nécessaires, et de supprimer ainsi la charge que représentent pour lorganisation centrale la gestion et la formation du personnel technique et lentretien de léquipement.
Lune des activités annuelles de lorganisation du SCS devrait consister à comparer la performance du système de SCS aux objectifs stratégiques, en prévoyant la réutilisation des données provenant des parties intéressées concernées. Le fait est quil nexiste aucun système parfait de SCS, qui assure un respect total de la réglementation. Il est donc impératif de déterminer, lors de lélaboration de la stratégie, quel est le niveau de respect requis et de le comparer au niveau réellement constaté. Cela encouragera aussi les scientifiques à utiliser ces paramètres en tant quéléments de leurs calculs pour évaluer les stocks. Pour établir le niveau requis de respect des règles, il faudra évaluer deux facteurs principaux: le risque lié à la viabilité du stock à la limite inférieure, et le coût entraîné à la limite supérieure.
Le nombre darrestations ou de poursuites judiciaires ne permet pas de mesurer lefficacité du SCS, car ces actions nindiquent pas quel est le degré de respect des règlements, alors que cest ce degré de respect qui permet véritablement de mesurer lefficacité dun système de SCS. La façon la plus pratique de mesurer le respect des règlements est de comparer le nombre dinfractions décelées au pourcentage de la population faisant lobjet de léchantillon (navires, pêcheurs, engins, etc.). Le nombre dinfractions peut alors être calculé pour lensemble de la population de léchantillon sur une base mensuelle, saisonnière ou annuelle. Lestimation obtenue nest peut-être pas très exacte pour de nombreuses raisons, mais elle donne une assez bonne idée du degré de respect de telle ou telle mesure daménagement, et on peut la comparer à lobjectif et à la situation au fil du temps pour savoir comment évolue le respect de la réglementation.
Il ne faut pas perdre de vue quun degré élevé de respect de la réglementation ou une meilleure observation de cette dernière dans le temps reflètent beaucoup mieux le succès du système quun nombre plus élevé dinfractions relevées. Cependant, en évaluant le nombre darrestations ou de condamnations, le nombre dejours en mer des observateurs, le nombre de poissons échantillonnés, ou le nombre dinspections et de patrouilles, on obtiendra aussi des détails et des statistiques sur leffort déployé par le système de SCS, qui sont eux aussi importants pour la planification et le contrôle annuels.
Il convient de se poser fréquemment les questions suivantes pour faciliter lévaluation de lefficacité du système de SCS:
Quels sont les buts et les objectifs du respect de la réglementation dans les différentes pêcheries?
Quest-ce que lon escomptait du système?
Toutes les stratégies de SCS sont-elles mises en uvre de façon efficace et rationnelle?
Y a-t-il des changements dans la flotte de pêche ou à lintérieur de certaines pêcheries qui ne sont pas prévus dans les opérations actuelles de SCS?
Existe-t-il de nouvelles technologies ou autres moyens qui peuvent améliorer le système de SCS?
Les pêcheurs acceptent-ils la législation sur les pêcheries et la respectent-ils? (Dans la négative, pourquoi?)
Les performances du personnel correspondent-elles à ce que lon attendait? (Dans la négative, pourquoi? Il peut sagir dun manque de ressources, de compétence en matière de gestion, de formation, dappui).
La possibilité de déceler les infractions à la réglementation de la pêche est directement liée à limportance des moyens mis en uvre pour le suivi et la surveillance, ainsi quà lefficacité avec laquelle ces moyens sont utilisés. Il est donc nécessaire de procéder à une analyse coûts-avantages, et il existe un rapport étroit entre cette dernière et lévaluation de la performance. Un meilleur niveau de respect de la réglementation devrait correspondre soit à un revenu plus élevé pour lEtat, soit à un moindre risque biologique (ce qui en fin de compte aboutira à un gain financier pour lEtat). Le niveau désiré de respect de la réglementation déterminera dans une large mesure le coût et vice versa. Là encore, tout dépend du type de pêcherie, de la situation du stock, de la valeur de la pêcherie et des considérations géographiques (nombre de points de débarquement, conditions de la mer, nombre de ports, etc.).
Lanalyse des coûts par rapport à lefficacité doit être préparée aussi bien en se référant au passé quà lavenir. Les questions essentielles sont de savoir si les ressources affectées donnent les résultats désirés et si dautres éléments permettraient dobtenir de meilleurs résultats à lintérieur du cadre financier. Il faut notamment garder cela en mémoire lorsquon envisage lachat de matériel coûteux: un nouveau navire de patrouille plus grand aura normalement de 20 à 30 ans dexistence et entraînera des dépenses annuelles. Si lavenir de la pêcherie est incertain, il sera peut-être plus raisonnable de recourir à des solutions moins coûteuses, comme louer à bail un navire ou faire appel à des observateurs.
Le SCS a souvent été considéré dans le passé comme un volet quelque peu isolé de la gestion halieutique, visant essentiellement à faire respecter la législation. Ce chapitre a mis en évidence que le SCS se rapporte en fait à toutes les tâches dont sacquitte lautorité daménagement des pêcheries en ce qui concerne les opérations de pêche proprement dites. Pour mettre en place des stratégies efficaces de gestion des pêches, il faut recourir à une approche intégrée et bien comprendre les besoins et les contraintes du système de gestion, y compris ceux de lorganisation du SCS quand elle met en uvre les mesures daménagement. Dautre part, lorganisation du SCS doit comprendre les principes de laménagement des pêcheries pour pouvoir mener à bien ses activités et apporter des informations utiles au processus daménagement. Il convient de supprimer le cloisonnement antérieur des différentes composantes de laménagement des pêcheries, pour créer un régime intégré daménagement promis à la réussite.
Le SCS nest pas censé exercer une fonction policière, en traitant les pêcheurs comme des malfaiteurs. Sa fonction première est daméliorer le respect des mesures daménagement convenues, grâce à une plus forte dissuasion et à une meilleure application spontanée des mesures, ce qui fera diminuer le nombre dinfractions. Il conviendrait de parvenir pour chaque pêcherie à un équilibre stratégique entre la dissuasion (ou la répression des infractions) et le respect spontané de la réglementation. Laménagement participatif faisant appel aux pêcheurs et autres parties intéressées est considéré comme un outil clé qui simpose à toutes les pêcheries (artisanales, aux petits métiers et commerciales) pour garantir une meilleure application des règlements.
Il existe de nombreuses solutions en matière de SCS pour une pêcherie donnée; il nest pas facile de choisir et réunir les composantes de la manière la plus efficace par rapport au coût. La vérification des données par recoupement et la réalisation dun équilibre entre les différentes dimensions (avant la pêche, pendant la pêche, pendant le débarquement et après le débarquement) sont des éléments importants dont il faut tenir compte lors de lélaboration de la solution de SCS. Non seulement cela permettra à lorganisation davoir plusieurs sources différentes de renseignements, mais donnera aussi une meilleure vue densemble du secteur de la pêche tant sur le plan de linformation que sur celui de la dissuasion. Le niveau recherché et attendu dapplication des règlements, la valeur de la pêcherie et létat du stock ou des stocks sont autant de facteurs importants qui aident le gestionnaire des pêcheries à décider des priorités lors de la répartition des moyens de SCS entre les différentes composantes.
Lorsque les pêcheries sont vastes et complexes, des solutions compliquées de SCS sont souvent nécessaires, mais on peut fréquemment les faciliter grâce à une simplification en ce qui concerne le marquage des navires, les transbordements et les points de débarquement. Ces options et dautres encore ont été mises à la disposition du gestionnaire des pêches pour laider à favoriser le SCS. En même temps, des options technologiques simples et peu coûteuses ont été introduites à lintention de la pêche artisanale et aux petits métiers, dont les moyens financiers et humains sont limités.
Enfin, il convient dévaluer régulièrement chaque système de SCS pour déterminer sil réalise de la façon la plus efficace et à moindre coût les objectifs stratégiques. Ce chapitre a précisé que, pour évaluer la performance du système, il était essentiel de comparer les niveaux de respect de la réglementation à la fois au fil du temps et par rapport aux objectifs définis dans la stratégie de SCS pour certaines mesures daménagement. Une meilleure application des règlements dans le temps indique que lorganisation et le système de SCS donnent de bons résultats.
Davies, S.L. 2003. Guidelines for developing an at-sea fishery observer programme. FAO Fisherie Technical Paper, 414. FAO, Rome. 116 p.
FAO. 1999. Aménagement des pêcheries. FAO: Directives techniques pour une pêche responsable, n° 4. FAO, Rome. 91 p.
FAO. 2003. Les opérations de pêche - 1. Systèmes de surveillance des navires par satellite. FAO: Directives techniques pour une pêche responsable, n° 1, supplément 1. FAO, Rome. 70 p.
FAO. 1981. Report on an expert consultation on monitoring, control and surveillance systems for fisheries management. Rome, 27-30 avril 1981. FAO/GCP/INT/344/NOR. FAO, Rome. 115 p.
FAO. 2000. La situation mondiale des pêches et de laquaculture. FAO, Rome. 142 p.
Flewwelling, P. 1994. Suivi, contrôle et surveillance de laménagement des pêches. FAO: Documents techniques sur les pêches, n° 338. FAO, Rome. 208 p.
Hersoug, B. & Paulsen, O. 1996. Monitoring, control and surveillance in fisheries management. University of Namibia, Windhoek, Namibie. 378 p.
Kuperan, K. & Sutinen, J. G. 1998. Blue water crime: Legitimacy, deterrence and compliance in fisheries. Law and Society Review, 32(2): 309-338.
Laurec, A. 1999. Monitoring fisheries for better research and/or better enforcement. Proceedings of the International Conference on Integrated Fisheries Monitoring. Sydney, Australie, 1-5 février 1999. FAO, Rome. 378 p.
Smith, A.R. 1999. Monitoring, control and surveillance in developing countries and the role of FAO. Proceedings of the International Conference on Integrated Fisheries Monitoring. Sydney, Australie, 1-5 février 1999. FAO, Rome. 378 p.
[15] Seules les plages
concernées par des activités halieutiques. |