67. La quatrième Consultation régionale ONG/OSC pour lAfrique sest tenue du 27 au 29 février 2004 au Sandton Convention Centre de Johannesburg, immédiatement avant la vingt-troisième session de la Conférence régionale pour lAfrique. Mme Edith Molewa, membre du Conseil exécutif de la Province du Nord-Ouest, représentant la Ministre de lagriculture et des questions foncières, et M. Joseph Tchicaya, Sous-Directeur général et Représentant régional de la FAO pour lAfrique, ont ouvert officiellement la réunion. Ont assisté à cette Consultation 46 participants de 19 pays africains, y compris 27 représentants dorganisations paysannes et 14 organisations non gouvernementales.
68. Le programme de la Consultation comprenait deux grands thèmes qui figuraient également à lordre du jour de la vingt-troisième Conférence régionale pour lAfrique: la suite donnée au SMA: caa et la participation de la société civile au NEPAD. Á lissue des débats, les participants ont présenté une Déclaration finale, dont les principales recommandations étaient les suivantes:
69. À lattention des gouvernements:
a. Accroître dau moins 10 pour cent les financements publics alloués à lagriculture et au secteur rural, pour les porter à 30 pour cent;
b. Formuler et encourager des politiques et programmes appuyant des approches agroécologiques de lagriculture au niveau des familles;
c. Sengager à encourager la création dalliances nationales contre la faim affirmant le principe du droit à lalimentation, avec une forte participation de la société civile;
d. Demander des financements du PCT de la FAO pour le renforcement des capacités des organisations paysannes;
e. Élaborer des mécanismes permettant dassocier les organisations paysannes, les organisations non gouvernementales et les organisations de la société civile à la mise au point de programmes, projets et initiatives de politique générale comme le NEPAD;
f. Aborder les problèmes qui rendent lactivité agricole difficile et non rentable: financements, infrastructures, marchés, paix et sécurité;
g. Associer les organisations paysannes/organisations non gouvernementales/organisations de la société civile aux protocoles et accords internationaux qui affectent les populations rurales, comme ceux de lOMC;
h. Sengager à renforcer lintégration sous-régionale pour encourager le commerce interrégional;
70. À lattention de la FAO:
a. Fournir un appui aux organisations paysannes/organisations non gouvernementales/organisations de la société civile pour leur permettre de participer efficacement au NEPAD;
b. Contribuer à encourager le dialogue sur les politiques entre les ONG/OSC et les pouvoirs publics aux niveaux national et régional;
c. Sensibiliser les bureaux de pays de la FAO à la nécessité de renforcer leurs liens avec les ONG/OSC et encourager le dialogue sur les politiques avec les gouvernements;
d. Désigner au sein des bureaux de pays de la FAO des coordonnateurs pour les relations FAO-ONG/OSC afin dencourager la coopération avec les organisations paysannes, les organisations non gouvernementales et les organisations de la société civile au niveau national;
e. Appuyer les organisations paysannes et les associer à ses programmes et projets en établissant un mécanisme précis de participation, notamment en ce qui concerne le Programme spécial pour la sécurité alimentaire, aux niveaux national et régional;
f. Encourager lutilisation de financements du PCT pour le renforcement des capacités des organisations paysannes;
g. Contribuer au renforcement du réseau du Comité international de planification de la région Afrique et laider à mettre en uvre son plan daction;
h. Aider les organisations paysannes/organisations non gouvernementales/organisations de la société civile à mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation de leurs activités.
71. Les participants à la Table ronde ont examiné des documents et assisté à des présentations du Secrétariat du NEPAD, de la Banque africaine de développement et de la FAO. Cette Table ronde avait pour objectif dexaminer comment mobiliser des ressources pour accroître les investissements dans le secteur agricole et trouver les fonds nécessaires à la mise en oeuvre du PDDAA. Les contraintes qui pèsent sur l'augmentation des investissements à tous les niveaux ont été examinées, y compris au niveau des ressources extérieures et des allocations intérieures de ressources et les mesures à prendre pour que les investissements parviennent jusquaux agriculteurs ont été passées en revue.
72. Les débats avaient pour toile de fond laugmentation alarmante du nombre de personnes souffrant de la faim en Afrique et la baisse de laide et des prêts en faveur de lagriculture africaine. Laide à lagriculture nest que de 1,1 milliard de dollars EU par an, soit léquivalent de 1,60 dollar EU par personne. Selon les estimations du PDDAA, les investissements nécessaires devraient passer à 251 milliards de dollars EU en 2015, ce qui reste encore un chiffre modeste par rapport aux 300 milliards de dollars EU dépensés chaque année dans les pays de lOCDE pour les mesures de soutien de lagriculture.
73. Les contraintes pesant sur les ressources internes et externes comprennent à la fois les engagements d'aide des pays développés et les dépenses des gouvernements en faveur de l'agriculture. Au cours des deux dernières années, les dirigeants africains ont accordé la priorité au développement agricole afin de parvenir à un développement durable dans tous les secteurs. Cet engagement est souligné dans la Déclaration de Maputo, dans laquelle les chefs dÉtat et de gouvernement sengageaient à accroître les ressources en faveur de l'agriculture. Tous se sont accordés à reconnaître que le défi était maintenant de convertir les dépenses budgétaires en services efficaces et en mesures de soutien du secteur agricole. La Table ronde est convenue de lutilité pour les pays de mettre en commun leur expérience en matière de mobilisation de ressources pour l'agriculture et de mise en oeuvre efficace d'activités.
74. Les participants se sont accordés sur le fait que les gouvernements devraient continuer à passer en revue les politiques agricoles et les cadres législatifs afin de créer un environnement porteur permettant de mieux utiliser les ressources intérieures. La répartition des dépenses publiques est décidée par les ministres des finances. Il faut donc que les ministres de lagriculture travaillent en contact plus étroit avec les ministres des finances. Il a été signalé que la baisse des prêts octroyés par les institutions financières en faveur de l'agriculture peut s'expliquer en partie par la baisse de la demande émanant des pays africains ainsi que par les conditions imposées par les institutions financières et par les risques élevés que lon associe à ce secteur. Les participants ont estimé que les ministères de lagriculture devraient jouer un rôle plus efficace pour plaider la cause du secteur agricole et des ruraux pauvres et obtenir une part accrue des ressources octroyées dans le cadre des DSRP et PPTE.
75. La question des demandes concurrentielles émanant de secteurs sociaux tels que la santé et léducation pour l'attribution de ressources disponibles en quantités limitées a été examinée. Le problème de fond est que l'agriculture est considérée par les partenaires du développement comme un secteur «difficile», produisant des résultats médiocres. Sil est vrai que les résultats sont médiocres, cela était dû en partie aux approches du passé, privilégiant des projets coûteux et de grande ampleur. La Table ronde a souligné la nécessité dadopter des méthodes participatives pour des activités de faible ampleur et à coût modique. Elle a également examiné comment l'agriculture pourrait produire elle-même les ressources dont elle a besoin et comment des montants équivalant à la valeur élevée des denrées importées pourraient être convertis en investissement.
76. La Table ronde est convenue que la question la plus importante en matière de financement de lagriculture était de veiller à ce que les fonds dinvestissement parviennent jusquaux agriculteurs, qui sont les producteurs primaires de richesses dans la plupart des économies africaines. Diverses mesures permettant d'atteindre cet objectif ont été examinées, notamment: faire en sorte que les services publics destinés à accroître la productivité des agriculteurs - recherche, vulgarisation, intrants, information - parviennent effectivement jusquaux agriculteurs; réduire le coût des prêts; appuyer les IMF et appuyer les opérations des banques de développement et des banques commerciales dans le secteur agricole. Les diverses options possibles pour la fourniture de financements ruraux ont été examinées et la question des taux dintérêt préférentiels en faveur des petits agriculteurs a été identifiée comme étant une question méritant un examen complémentaire.
77. La Table ronde a souligné que la rentabilité de lagriculture était à la base de toutes les autres mesures. Parmi les principales questions soulevées à cet égard, on trouve notamment l'amélioration de l'environnement créé pour les investissements, avec une attention particulière aux investissements réalisés dans les infrastructures, et la promotion de lintégration aux marchés. À ce propos, la Table ronde a reconnu qu'il existait de vastes possibilités de partenariat entre secteurs public et privé et qu'un tel partenariat était nécessaire. Les participants ont fait remarquer que la contribution de l'agriculture à la croissance économique, ainsi que son rôle comme secteur productif de l'économie devraient être reconnus et pris en compte dans les allocations budgétaires.
78. Le problème de la capacité dabsorption a été examiné. On peut améliorer lutilisation des ressources existantes en faisant en sorte que les services publics soient fournis en fonction de la demande et en améliorant la mise en oeuvre des projets. La Table ronde a souligné que les institutions financières et les partenaires du développement devraient rationaliser leurs propres procédures en matière dexamen des projets, dachat, de décaissement et de suivi.
79. La Table ronde a conclu que même si des contraintes pesaient sur laccès aux ressources extérieures, cela ne devait nullement empêcher les gouvernements de commencer à mettre en oeuvre le PDDAA avec leurs propres ressources. Le PDDAA constitue une plateforme idéale pour la réalisation dinvestissements dans le secteur agricole. En outre, on a souligné le rôle que les gouvernements doivent jouer pour amener les parties prenantes locales, c'est-à-dire le secteur privé, les agriculteurs et les institutions de financement du développement, ainsi que les partenaires internationaux du développement et les institutions financières, à accroître les investissements dans le secteur agricole.