CCP: BA/TF 01/5
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COMIT� DES PRODUITS |
GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LA BANANE ET SUR LES FRUITS TROPICAUX |
Deuxi�me session |
San Jos� (Costa Rica), 4 - 8 d�cembre 2001 |
LE MARCH� DE LA BANANE "BIOLOGIQUE" ET DE LA BANANE DU COMMERCE �QUITABLE |
1. Le pr�sent document r�sume les renseignements les plus r�cents dont le Secr�tariat dispose au sujet du march� de la banane biologique et de la banane du commerce �quitable. Il examine la situation actuelle du march� et les perspectives qui s'offrent aux producteurs. � sa premi�re session, le Sous-Groupe a demand� que le Secr�tariat continue de suivre et d'analyser l'�volution du march� des bananes biologiques et des bananes du commerce �quitable.
2. Une banane est consid�r�e comme "biologique" si sa conformit� aux normes d�finissant les produits biologiques a �t� certifi�e par une organisation de certification ind�pendante (pour plus de pr�cisions, voir CCP: BA/TF 99/CRS.5).
3. Actuellement, le principal fournisseur de bananes biologiques est la R�publique dominicaine. En 2000, ses exportations ont atteint quelque 44 000 tonnes, soit 80 pour cent de mieux qu'en 1999, ce qui repr�sente plus que les exportations de bananes traditionnelles et plus de la moiti� de l'offre mondiale de bananes biologiques. Le Mexique est toujours le deuxi�me producteur du monde, avec une production de 9 000 tonnes en 2000. L'augmentation de la production de bananes biologiques en 2000 a �t� particuli�rement prononc�e en Colombie (environ 115 pour cent) et en �quateur (environ 80 pour cent).
4. Jusqu'en 1999, les bananes biologiques �taient produites presque exclusivement par les petits cultivateurs. Toutefois, depuis peu de grandes plantations, par exemple en R�publique dominicaine et en �quateur, se sont mises � exporter des bananes biologiques. Apr�s quelques ann�es d'exp�rimentation, la soci�t� Dole a pris pied sur le march� de la banane biologique en 2001 en important aux �tats-Unis des bananes d'�quateur et du Honduras1. De m�me, Fyffes a commenc� � importer des bananes biologiques aux �tats-Unis et Chiquita a fait des essais2.
5. Le tableau 1 r�capitule les estimations des exportations de bananes biologiques ces derni�res ann�es sur les principaux march�s. On voit que le taux de croissance annuel a �t� tr�s �lev�, mais le volume de ces importations reste minime.
Tableau 1 - Estimation des importations de bananes biologiques fra�ches, par ann�e et par r�gion ou pays
R�gion/pays | Importations (milliers de tonnes) | Croissance annuelle (%) |
|||||
1996 | 1997b | 1998 | 1999d | 2000d | 1998-1999 | 1999-2000 | |
�tats-Unis et Canada | 8a | 13b | 16 | 23.5 | 25 | 50 | |
Europe occidentale e | ... | 10 | 13c | 23.5 | 42.5 | 80 | 80 |
Japon | ... | 2.5 | 3 | 5.5 | 9 | 80 | 70 |
Total | ... | 000 | 29 | 45 | 75 | 55 | 65 |
a Buley et al. (1997), Exporting organic products: marketing handbook,
Protrade, GTZ, Eschborn (Allemagne).
b Sauv�, E. (1998), The global market for organic bananas, INIBAP, Montpellier
(France).
c D'apr�s les estimations de la profession.
d D'apr�s les estimations de la profession et des enqu�tes sur diff�rents
pays.
e Communaut� europ�enne et Suisse.
6. Ces sept derni�res ann�es, la demande de produits biologiques a �t� motiv�e en partie par des craintes concernant la salubrit� des produits alimentaires. En outre, un nombre croissant de consommateurs pensent que les produits alimentaires issus de l'agriculture biologique sont meilleurs pour la sant� et prot�gent l'environnement, et qu'ils ont meilleur go�t. Toutefois, jusqu'� pr�sent il n'y a aucune preuve scientifique du fait que ces produits seraient plus sains que ceux de l'agriculture non biologique.
7. Les produits de l'agriculture biologique sont vendus assez cher au d�tail. Selon le pays, la prime sur les bananes biologiques (CAF) va de 30 pour cent (CE) � 80 pour cent (Japon)3. Ce surco�t n'est acceptable que pour une minorit� de consommateurs convaincus. Dans de nombreux pays, la plupart des consommateurs de produits de l'agriculture organique paraissent dispos�s � payer jusqu'� 20 pour cent de plus. L'expansion du march� des produits biologiques vient aussi du fait que ces produits ont �t� introduits dans les supermarch�s, qui sont le principal circuit de distribution de fruits dans les pays importateurs. Toutefois, on pense que les consommateurs qui ach�tent les bananes de l'agriculture traditionnelle n'ach�teront des bananes biologiques que si l'�cart de prix se r�duit.
8. On estime que la Communaut� europ�enne a import� environ 40 000 tonnes de bananes biologiques fra�ches en 2000, ce qui repr�sente environ 1 pour cent du total de ses importations. Le tableau 2 donne une ventilation estimative des importations de bananes biologiques par pays membre. Il faut consid�rer que ces chiffres sont des estimations grossi�res, car les m�thodes ordinaires de collecte de donn�es et les d�clarations douani�res ne font pas de distinction entre les produits de l'agriculture traditionnelle et ceux de l'agriculture biologique.
Tableau 2 - Estimation des importations de bananes biologiques fra�ches en Europe en 2000
Pays |
Importations (milliers de tonnes) |
March� (%) |
Royaume-Uni | 17 | |
Allemagne | 11 | |
France | 3,5 | |
Italie | 3,5-5 | |
Su�de | 2 | |
Belgique/Luxembourg | 1,5 | |
Pays-Bas | 0,8 | |
Danemark | 0,3 | |
Autriche | 0,3 | |
Autres | 0,5 | |
Total CE |
40 | 1 |
Suisse | 2,5 | 3 |
Total Europe |
42,5 | 1 |
9. Le principal fournisseur de la CE est la R�publique dominicaine (environ 85 pour cent), suivie par la Colombie et l'�quateur (5 � 7 pour cent chacun).
10. En 2000, le Royaume-Uni a supplant� l'Allemagne en tant que premier march� europ�en de la banane biologique. Cela est d� essentiellement aux investissements faits par la grande distribution de ce pays pour promouvoir les produits biologiques en g�n�ral et accro�tre leur part de lin�aire. En 2000, on estimait que les importations de bananes biologiques repr�sentaient quelque 2,5 pour cent du total des importations de bananes dans ce pays. � eux deux, l'Allemagne et le Royaume-Uni absorbent quelque 70 pour cent du total des importations de bananes biologiques de la CE. Les autres march�s importants sont ceux de la France et de l'Italie.
11. On estime que ces deux derni�res ann�es le taux de croissance annuel des ventes de bananes biologiques dans la CE a atteint 80 pour cent. Comme le montre le cas du Royaume-Uni, l'expansion de ces ventes d�pend beaucoup des strat�gies adopt�es par les cha�nes de supermarch�s. La disponibilit� accrue de ce produit dans les supermarch�s semble aussi �tre un des principaux facteurs qui expliquent la croissance r�cente de l'expansion des bananes biologiques en Italie. En France et au Royaume-Uni, la demande de bananes biologiques semble plafonner, en d�pit du fait que la consommation globale de fruits et l�gumes issus de la culture biologique augmente � un rythme assez satisfaisant. Dans ces deux pays, il se peut que la prime sur les bananes biologiques emp�che le march� de cro�tre encore.
12. D'apr�s des enqu�tes faites dans plusieurs pays europ�ens, plus de la moiti� des consommateurs connaissent mal l'agriculture biologique et l'�tiquetage biologique. Le consommateur a des id�es confuses et s'estime mal inform� par les fournisseurs. En outre, la fiabilit� de l'�tiquetage biologique des produits import�s ne para�t pas toujours garantie.
13. En Suisse, les importations annuelles de bananes biologiques sont estim�es � quelque 2 500 tonnes, soit quelque 3,2 pour cent du march�. Les consommateurs suisses connaissent assez bien les principes de l'agriculture biologique, ce qui facilite la consommation de produits tels que les bananes biologiques.
14. Les importations de bananes biologiques fra�ches des �tats-Unis et du Canada sont estim�es � quelque 16 000 tonnes en 1999 et � plus de 23 000 tonnes en 2000. Le taux de croissance annuel a atteint 25 pour cent en 1998/99 et 33 pour cent en 1999/2000. N�anmoins, la banane biologique ne repr�sente encore que 0,5 pour cent de la consommation totale. Les pr�occupations de sant� et le fait qu'un segment croissant de la population des grandes villes est dispos� � essayer les produits biologiques en g�n�ral, ainsi que la pr�sence de cha�nes de supermarch�s sp�cialis�s dans les produits biologiques, qui sont de plus en plus nombreuses dans le pays, ont contribu� � stimuler la demande de bananes biologiques.
15. Alors qu'en 1998 la R�publique dominicaine et le Mexique d�tenaient ensemble 90 pour cent du march� des bananes biologiques import�es aux �tats-Unis, aujourd'hui leur part est tomb�e � 50 pour cent (environ 25 pour cent chacun). Les bananes biologiques vendues par l'�quateur ont fait beaucoup de progr�s et repr�sentent 21 pour cent des importations et, aujourd'hui, le P�rou, le Honduras et la Colombie exportent des quantit�s notables de ce produit vers les �tats-Unis.
16. Jusqu'en avril 2000, sur le march� japonais un seul terme �tait employ� pour d�signer les produits biologiques et les produits cultiv�s d'une fa�on respectueuse de l'environnement. De plus, les bananes import�es devaient subir la fumigation traditionnelle, si bien qu'elles perdaient leur statut de bananes biologiques. Il est donc difficile d'estimer le total des importations de bananes biologiques dans ce pays. Les chiffres du tableau 1 sont des estimations tr�s grossi�res fond�es sur des donn�es partielles.
17. D'apr�s ces estimations, les importations de bananes biologiques repr�sentaient 9 000 tonnes en 2000, contre 5 400 tonnes en 1999, si bien que le taux de croissance serait d'environ 80 pour cent. Il y a au Japon un important mouvement en faveur de la consommation de produits dits "verts", mais qui ne sont pas n�cessairement certifi�s organiques. Actuellement, les principaux fournisseurs du Japon sont le Mexique, la R�publique dominicaine, la Colombie et les Philippines.
18. Un des principaux facteurs qui limitent l'expansion des ventes de bananes biologiques est l'insuffisance de l'offre, mais cela devrait changer rapidement car de grandes plantations s'attaquent au march� des produits biologiques et de nouveaux pays ont commenc� � cultiver ce produit. Toutefois, on n'a pas de renseignements sur le nombre d'hectares en cours de conversion ni sur le nombre de producteurs qui pr�voient d'employer des m�thodes de production biologiques. Il est donc difficile de pr�voir tant le niveau absolu que le taux de croissance de la production de bananes biologiques. Dans une telle situation, il suffit qu'une grande plantation s'y mette pour que cela modifie la physionomie du march�. Sur le plan financier, il peut �tre int�ressant de cultiver des bananes biologiques, car la prime atteint pr�s de 40 pour cent en 1999, 30 pour cent en 2000 et 25 � 30 pour cent en 2001. On s'attend � ce qu'elle tombe autour de 20 pour cent en 2002. Toutefois, il est probable qu'il restera plus co�teux de cultiver des bananes biologiques dans la plupart des zones de production.
19. Si l'on postule que la production annuelle mondiale continuera d'augmenter de 65 pour cent, la part de march� des bananes biologiques pourrait atteindre 3 pour cent dans trois ans. Toutefois, pour que la vente de ces bananes continue de progresser, il faut qu'elles soient distribu�es par les grands r�seaux dont une grande partie des clients sont des personnes � bas revenu. Il faudra donc que l'�cart de prix diminue.
20. En Europe, d'apr�s certaines sources, les produits biologiques pourraient d�tenir une part de 10 pour cent du march� alimentaire total en 20064. Dans le cas des bananes, cela impliquerait un taux de croissance annuel de pr�s de 30 pour cent par an chaque ann�e, et par cons�quent une forte expansion de la demande et une croissance correspondante de l'offre. Si l'on se fonde sur la part de march� actuelle des fruits et l�gumes issus de l'agriculture biologique dans les diff�rents pays europ�ens, le total des importations de bananes biologiques dans la CE pourrait atteindre 65 000 tonnes en 2001.
21. Aux �tats-Unis et au Canada, les ventes de bananes biologiques ont progress� de plus de 20 pour cent par an pendant de nombreuses ann�es. Les perspectives sont bonnes. Depuis 1999, les grandes entreprises de l'agroalimentaire s'int�ressent de plus en plus aux aliments de l'agriculture biologique. L'application de normes USDA uniformes � la production et � l'�tiquetage des produits biologiques devrait faciliter l'expansion de ce secteur aux �tats-Unis. En outre, quelques grandes entreprises agroalimentaires se pr�parent � introduire des lignes de produits biologiques, avec un soutien publicitaire, ce qui devrait sensibiliser les consommateurs aux produits biologiques en g�n�ral.
22. Le Japon a r�cemment mis en œuvre sa propre r�glementation pour la certification et l`importation de produits organiques. Les r�gles paraissent tr�s strictes et, en particulier, la reconnaissance d'organes de certification �trangers semble tr�s difficile, ce qui pourrait limiter les importations de bananes biologiques.
23. La production biologique, qui demande davantage de main-d'œuvre et emploie moins de ressources non renouvelables, semble bien adapt�e aux petites et moyennes exploitations. Toutefois, si les grandes plantations se lancent dans la production biologique, � long terme la comp�titivit� des petites bananeraies pourrait �tre menac�e. Les diff�rences de prix � la production varient selon les pays. En R�publique dominicaine, la prime par carton de bananes biologiques certifi�es �tait comprise entre 2,5 et 3 dollars �.-U. en 1999-20005.
24. Le principal obstacle � la production de banane biologique est la pr�sence de la maladie de Sigatoka dans de nombreux pays producteurs, maladie qu'il est g�n�ralement difficile de combattre au moyen de m�thodes biologiques. Lorsque son incidence est faible, il peut suffire d'asperger les bananiers de fongicides organiques. La mise au point de vari�t�s r�sistantes ou tol�rantes pourrait �tre indispensable pour l'expansion du potentiel de production des bananes biologiques. Le succ�s des vari�t�s r�sistantes d�pend non seulement de leur productivit�, mais aussi de l'acceptabilit� pour les consommateurs de bananes dont le go�t et l'apparence pourraient �tre diff�rents de ceux des bananes Cavendish.
25. Un autre probl�me technique de la production biologique est celui de la pr�servation de la fertilit� du sol. Dans de nombreux pays, les engrais organiques tels que fumier ou compost sont rares.
26. De fa�on g�n�rale, pour la certification biologique une p�riode de conversion de trois ans est requise, durant laquelle l'agriculteur emploie des m�thodes biologiques mais vend au prix ordinaire. Dans un premier temps, le co�t de production peut augmenter en raison des investissements n�cessaires, et les rendements ont tendance � diminuer. En outre, comme les pays importateurs n'appliquent pas tous les m�mes normes, il peut �tre n�cessaire de faire plusieurs inspections et certifications. Pour des cultivateurs d�munis, ces investissements et frais risquent d'�tre excessifs. Un syst�me d'autocontr�le reconnu r�duirait les co�ts de certification pour les petits exploitants6.
27. Les pays producteurs de bananes devraient envisager de se doter d'une r�glementation nationale de la production biologique ainsi que d'un syst�me fiable d'accr�ditation et de contr�le ind�pendant pour la faire respecter. Lorsque les r�gles nationales sont consid�r�es comme �quivalentes � celles du pays importateur, cela permet d'�viter une certification suppl�mentaire et les co�ts y aff�rents.
28. Dans le cas des producteurs, le principal risque de la conversion est celui d'une baisse des prix pay�s � l'exploitation. Les producteurs ne peuvent pas �tre certains qu'au bout d'une p�riode de conversion de trois ans la prime sera aussi �lev�e que lorsqu'ils commencent � investir dans la conversion, si bien qu'il est difficile de savoir si cet investissement sera rentable.
29. Les revirements des pays importateurs, comme la d�cision de la Communaut� europ�enne d'employer pour les licences d'importation une p�riode de base ant�rieure � la plupart des importations de bananes biologiques en Europe, peuvent aggraver les incertitudes de ce commerce de produits relativement co�teux et vendus en petites quantit�s.
30. Il existe plusieurs d�finitions de l'expression "commerce �quitable". Une de celles qui sont couramment accept�es est la suivante: "Le commerce �quitable est un partenariat commercial qui vise � promouvoir le d�veloppement durable de producteurs exclus et d�favoris�s. � cet effet, il offre de meilleures conditions commerciales et fait des campagnes de sensibilisation"7.
31. Dans le cas des producteurs de bananes, le commerce �quitable signifie qu'ils obtiennent un prix couvrant le prix de revient et un surcro�t qui peut �tre investi dans des mesures sociales, environnementales ou d'am�lioration de la qualit�. Les consommateurs ont la garantie qu'une proportion accrue du prix de d�tail revient � des petits cultivateurs pauvres et est employ�e pour financer des mesures sociales, environnementales et autres en faveur de ces producteurs.
32. Il existe des programmes d'�tiquetage du commerce �quitable dans 14 pays europ�ens, au Canada, aux �tats-Unis et au Japon. La FLO (Fairtrade Labelling Organization) joue un r�le de coordination � l'�chelon international et tient le registre de producteurs certifi�s pour chaque produit (voir aussi CCP: BA/TF 99/CRS6).
33. D'apr�s l'AELE (Association europ�enne de libre-�change), le chiffre d'affaires 1999 en Europe des organisations important des produits dans le cadre du commerce �quitable �tait estim� � quelque 108 millions de dollars �.-U. et la valeur annuelle totale de la vente au d�tail de tous les produits du commerce �quitable d�passait 234 millions de dollars �.-U., dont 189 millions de dollars �.-U. pour les produits alimentaires.
34. Il existe six importateurs qui importent en Europe des bananes �tiquet�es commerce �quitable de Colombie, du Costa Rica, de la R�publique dominicaine, de l'�quateur, du Ghana et des �les Windwards. Le plus important est AgroFair, coentreprise fond�e par l'ONG n�erlandaise Solidaridad et par des producteurs de bananes8.
35. Le volume total des importations de bananes du commerce �quitable est pass� de quelque 12 300 tonnes en 1997 � quelque 22 500 tonnes en 2000 (voir tableau 3). Cette augmentation est due essentiellement � la p�n�tration sur de nouveaux march�s de la CE et � une augmentation assez r�guli�re des importations en Suisse. Toutefois, dans de nombreux pays les ventes ont diminu� apr�s un succ�s initial. Aux Pays-Bas, les bananes du commerce �quitable ont obtenu une part de march� de 10 pour cent dans les mois qui ont suivi leur introduction en novembre 19969, mais aujourd'hui leur part ne d�passe pas 3 pour cent. Apparemment, les consommateurs ont tendance � revenir � des fruits moins chers.
Tableau 3 - Importations de bananes �tiquet�es commerce �quitable en Europe
Pays | Importations en tonnes | Croissance par an (%) | ||||
1997* | 1998* | 1999** | 2000** | 1998-99 | 1999-2000 | |
Royaume-Uni | - | - | - | 5 557 |
... | ... |
Pays-Bas | 5 800 | 5 200 | 4 180 | 3 603 | -20 | -14 |
Allemagne | - | 3 042 | 1 580 | 617 | -48 | -61 |
Su�de | - | 50 | 301 | 570 | 502 | 89 |
Danemark | 230 | 725 | 847 | 493 | 17 | -42 |
Belgique | 180 | 849 | 431 | 401 | -49 | -7 |
Luxembourg | - | - | 74 | 179 | ... | 142 |
Total CE |
6 210 | 9 866 | 7 413 | 11 421 | -25 | 54 |
Suisse | 6 300 | 7 500 | 10 778 | 11 403 | 44 | 6 |
Total Europe |
12 510 | 17 366 | 18 191 | 22 824 | 5 | 25 |
* FLO (1998).
** FLO (2001).
36. La Suisse est de loin le premier march� des bananes du commerce �quitable. Ces bananes y sont distribu�es par les principales cha�nes de supermarch�s et d�tiennent une part de march� d'environ 15 pour cent10. Ce succ�s est attribu� en partie au fait que les consommateurs sont tr�s sensibles � l'�quit� du commerce, que les bananes du commerce �quitable sont vendues au m�me prix que les autres11 et que, de fa�on g�n�rale, le march� des bananes est ouvert et qu'il n'y a pas de restrictions contingentaires.
37. Le lancement des bananes du commerce �quitable au Royaume-Uni en 2000 a �t� tr�s r�ussi et dans un d�lai d'un an ce pays est devenu le deuxi�me d�bouch� mondial. Les bananes du commerce �quitable ont �t� lanc�es en Irlande et en Finlande en 2001.
38. L'organisation d'�tiquetage du commerce �quitable Transfair Japan n'intervient pas dans l'importation de bananes, mais l'organisation Alter Trade Japan (ATJ) importe des bananes du commerce �quitable des Philippines sur le march� japonais depuis 1989.
39. En Am�rique du Nord, les seuls produits alimentaires actuellement �tiquet�s par les organismes membres de la FLO (TransFair Canada et TransFair USA) sont le caf� et le th�.
40. Les perspectives du march� de la banane du commerce �quitable en Europe sont tr�s mitig�es. Au niveau europ�en, on s'attend � une hausse consid�rable des ventes dans les deux prochaines ann�es, principalement en raison du lancement de ce produit dans cinq nouveaux pays (Irlande, Finlande, Italie, Norv�ge et Autriche). En Suisse, les organisations du commerce �quitable esp�rent accro�tre encore leur chiffre d'affaires en vendant davantage de bananes biologiques �tiquet�es commerce �quitable. Au Luxembourg et en Su�de, o� la banane du commerce �quitable a �t� lanc�e r�cemment, les ventes devraient continuer d'augmenter. En revanche, au Royaume-Uni, la croissance du chiffre d'affaires plafonne.
41. Aux Pays-Bas, les ventes de bananes du commerce �quitable sont en diminution depuis 1997 et il n'y a aucun signe de reprise. Toutefois, Max Havelaar Netherland a lanc� en 2001 une nouvelle campagne de publicit�, y compris � la t�l�vision, afin de redresser la situation.
42. En Allemagne, les ventes de bananes du commerce �quitable et de produits du commerce �quitable en g�n�ral sont en diminution. En raison de la tr�s vive concurrence que se livrent les cha�nes de supermarch�s, il est difficile d'y introduire et d'y maintenir ces produits.
43. Les importations de bananes du commerce �quitable dans la CE pourraient �tre entrav�es par l'introduction du nouveau r�gime d'importation. La plupart des importateurs de bananes du commerce �quitable et quelques petits importateurs de bananes biologiques n'�taient pas consid�r�s comme fournisseurs traditionnels, et les fournisseurs non traditionnels n'ont re�u que 4,6 pour cent du volume qu'ils avaient demand� dans le cadre du syst�me de licences d'importation A/B12.
44. Comme sur les lin�aires des supermarch�s l'espace est tr�s compt�, il est difficile de pr�senter � la fois et s�par�ment des bananes du commerce �quitable et des bananes biologiques. Les supermarch�s veulent un produit unique qui serait � la fois biologique et de commerce �quitable. Les consommateurs vont dans le m�me sens car, lorsqu'ils ach�tent des produits du commerce �quitable, ils veulent aussi que ceux-ci soient respectueux de l'environnement. De fa�on g�n�rale, les perspectives � long terme des bananes du commerce �quitable ne semblent pas tr�s bonnes, � moins que ces bananes puissent aussi obtenir un label �cologique. Enfin, certains craignent que le mouvement du commerce �quitable en g�n�ral ne soit en train de perdre de son �lan.
45. Le fait d'entrer en relation commerciale avec des importateurs du commerce �quitable offre aux producteurs des pays en d�veloppement plusieurs avantages, mais ne va pas sans difficult�s. Ils doivent respecter les crit�res du commerce �quitable, ce qui peut exiger un investissement consid�rable d'argent, d'organisation et de temps. Ces investissements doivent �tre faits pour l'ensemble des producteurs et de la zone de production alors que parfois seuls 30 pour cent du produit sont vendus sous le label commerce �quitable avec une prime. En contrepartie le syst�me offre souvent acc�s � des cr�dits, des renseignements sur le march� et une assistance technique.
46. Pour les producteurs, il est clair que le principal avantage est la possibilit� d'avoir une relation commerciale � long terme, dans laquelle les bananes sont vendues � un prix sup�rieur au prix de revient et permettant de verser aux travailleurs un salaire raisonnable. D'un autre c�t�, cela pose des difficult�s pour la FLO. Celle-ci doit calculer les prix de revient de fa�on tr�s objective et ces prix varient beaucoup selon les pays, mais pour vendre en gros les importateurs doivent appliquer le m�me prix quelle que soit l'origine. En outre, la FLO tient � �viter que le commerce �quitable ne subventionne des m�thodes de production inefficientes.
47. La r�vision du r�gime d'importation de la banane de la CE cr�e de nouvelles incertitudes pour les acteurs du commerce �quitable. La recherche de rentes risque de r�duire encore la viabilit� de ce syst�me de commercialisation qui est d�j� marginal.
48. Comme la production de bananes biologiques augmente, le probl�me est de trouver une demande suffisante pour absorber l'offre. Faute de donn�es fiables concernant la production, la demande et les prix, il est difficile de faire des pr�visions, mais avant de d�cider d'adopter les m�thodes de production biologiques, il faut tenir compte de la possibilit� d'un d�clin de la prime pay�e au cultivateur au cours des trois prochaines ann�es.
49. Pour les bananes du commerce �quitable, le principal obstacle semble �tre le d�clin de la demande sur certains march�s et les difficult�s d'acc�s aux lin�aires de la grande distribution. Toutefois, il est probable que le chiffre d'affaires total du commerce �quitable continuera d'augmenter gr�ce � son introduction dans de nouveaux pays.
50. En l'absence d'une campagne de relations publiques bien financ�e ou d'un soutien des pouvoirs publics dans les pays importateurs, le commerce �quitable a fort � faire pour soutenir la concurrence qui est tr�s vigoureuse et convaincre des consommateurs.
51. Enfin, les bananes du commerce �quitable et les bananes biologiques se retrouvent face � deux grands obstacles communs. Le premier est l'acc�s au march� europ�en dans le cadre du nouveau r�gime de la CE et le second est le fait que les consommateurs exigent que les bananes du commerce �quitable soient aussi des bananes d'agriculture biologique, et que les bananes biologiques respectent certains crit�res sociaux.
52. Actuellement, les douanes et les autorit�s charg�es de la r�glementation ne font pas de distinction entre les produits alimentaires biologiques et les autres, si bien qu'il est difficile d'avoir des donn�es fiables sur les importations, la production, la demande et les prix des produits biologiques. Les donn�es pr�sent�es ici sont fond�es essentiellement sur les renseignements communiqu�s par des personnes qui travaillent dans le commerce de la banane biologique. Le Secr�tariat du Sous-Groupe re�oit fr�quemment des demandes de renseignements ou de pr�visions en ce qui concerne l'�volution du march� de la banane biologique. �tant le seul organisme intergouvernemental qui s'occupe du commerce de la banane, il pourrait jouer un r�le utile en facilitant la collecte et l'analyse syst�matiques de donn�es sur le march� de la banane biologique et en en diffusant les r�sultats.
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1 Stephens, M. (2001) Dole to Offer Organic Bananas, Natural Foods Merchandiser, Penton Media, Inc., �tats-Unis.
2 Censkowsky, U. (2001) Organic bananas advance in Europe, Eurofruit v330, p. 40-42.
3 FAO, Rapport sur les march�s des produits 2000.
4 USDA (1998) The European organic food market, Foreign Agricultural Service, March 1998, Washington, DC.
5 FAO/ITC/CTA (2001), World Markets for Organic Fruit and Vegetables.
6 Agro Eco (2001) Smallholder Group Certification, actes du s�minaire, Nuremberg, f�vrier 2001, organis� par Agro Eco, Novotrade et Twin Trading, Bennekom (Pays-Bas).
7 Krier JM (2001), Fair trade in Europe 2001, facts and figures on the fair trade sector in 18 European countries, EFTA, Maastricht (Pays-Bas).
8 FLO (2001) Importer profiles - FLO Banana Register, Bonn (Allemagne).
9 Eurofruit (1997), EU goes for fair trade bananas, octobre 1997.
10 Krier JM (2001), Fair trade in Europe 2001, facts and figures on the fair trade sector in 18 European countries, EFTA, Maastricht (Pays-Bas).