CCP: BA/TF 01/5 |
COMITÉ DES PRODUITS |
GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LA BANANE ET SUR LES FRUITS TROPICAUX |
Deuxième session |
San José (Costa Rica), 4 - 8 décembre 2001 |
LE MARCHÉ DE LA BANANE "BIOLOGIQUE" ET DE LA BANANE DU COMMERCE ÉQUITABLE |
1. Le présent document résume les renseignements les plus récents dont le Secrétariat dispose au sujet du marché de la banane biologique et de la banane du commerce équitable. Il examine la situation actuelle du marché et les perspectives qui s'offrent aux producteurs. À sa première session, le Sous-Groupe a demandé que le Secrétariat continue de suivre et d'analyser l'évolution du marché des bananes biologiques et des bananes du commerce équitable.
2. Une banane est considérée comme "biologique" si sa conformité aux normes définissant les produits biologiques a été certifiée par une organisation de certification indépendante (pour plus de précisions, voir CCP: BA/TF 99/CRS.5).
3. Actuellement, le principal fournisseur de bananes biologiques est la République dominicaine. En 2000, ses exportations ont atteint quelque 44 000 tonnes, soit 80 pour cent de mieux qu'en 1999, ce qui représente plus que les exportations de bananes traditionnelles et plus de la moitié de l'offre mondiale de bananes biologiques. Le Mexique est toujours le deuxième producteur du monde, avec une production de 9 000 tonnes en 2000. L'augmentation de la production de bananes biologiques en 2000 a été particulièrement prononcée en Colombie (environ 115 pour cent) et en Équateur (environ 80 pour cent).
4. Jusqu'en 1999, les bananes biologiques étaient produites presque exclusivement par les petits cultivateurs. Toutefois, depuis peu de grandes plantations, par exemple en République dominicaine et en Équateur, se sont mises à exporter des bananes biologiques. Après quelques années d'expérimentation, la société Dole a pris pied sur le marché de la banane biologique en 2001 en important aux États-Unis des bananes d'Équateur et du Honduras1. De même, Fyffes a commencé à importer des bananes biologiques aux États-Unis et Chiquita a fait des essais2.
5. Le tableau 1 récapitule les estimations des exportations de bananes biologiques ces dernières années sur les principaux marchés. On voit que le taux de croissance annuel a été très élevé, mais le volume de ces importations reste minime.
Tableau 1 - Estimation des importations de bananes biologiques fraîches, par année et par région ou pays
Région/pays | Importations (milliers de tonnes) | Croissance annuelle (%) |
|||||
1996 | 1997b | 1998 | 1999d | 2000d | 1998-1999 | 1999-2000 | |
États-Unis et Canada | 8a | 13b | 16 | 23.5 | 25 | 50 | |
Europe occidentale e | ... | 10 | 13c | 23.5 | 42.5 | 80 | 80 |
Japon | ... | 2.5 | 3 | 5.5 | 9 | 80 | 70 |
Total | ... | 000 | 29 | 45 | 75 | 55 | 65 |
a Buley et al. (1997), Exporting organic products: marketing handbook,
Protrade, GTZ, Eschborn (Allemagne).
b Sauvé, E. (1998), The global market for organic bananas, INIBAP, Montpellier
(France).
c D'après les estimations de la profession.
d D'après les estimations de la profession et des enquêtes sur différents
pays.
e Communauté européenne et Suisse.
6. Ces sept dernières années, la demande de produits biologiques a été motivée en partie par des craintes concernant la salubrité des produits alimentaires. En outre, un nombre croissant de consommateurs pensent que les produits alimentaires issus de l'agriculture biologique sont meilleurs pour la santé et protègent l'environnement, et qu'ils ont meilleur goût. Toutefois, jusqu'à présent il n'y a aucune preuve scientifique du fait que ces produits seraient plus sains que ceux de l'agriculture non biologique.
7. Les produits de l'agriculture biologique sont vendus assez cher au détail. Selon le pays, la prime sur les bananes biologiques (CAF) va de 30 pour cent (CE) à 80 pour cent (Japon)3. Ce surcoût n'est acceptable que pour une minorité de consommateurs convaincus. Dans de nombreux pays, la plupart des consommateurs de produits de l'agriculture organique paraissent disposés à payer jusqu'à 20 pour cent de plus. L'expansion du marché des produits biologiques vient aussi du fait que ces produits ont été introduits dans les supermarchés, qui sont le principal circuit de distribution de fruits dans les pays importateurs. Toutefois, on pense que les consommateurs qui achètent les bananes de l'agriculture traditionnelle n'achèteront des bananes biologiques que si l'écart de prix se réduit.
8. On estime que la Communauté européenne a importé environ 40 000 tonnes de bananes biologiques fraîches en 2000, ce qui représente environ 1 pour cent du total de ses importations. Le tableau 2 donne une ventilation estimative des importations de bananes biologiques par pays membre. Il faut considérer que ces chiffres sont des estimations grossières, car les méthodes ordinaires de collecte de données et les déclarations douanières ne font pas de distinction entre les produits de l'agriculture traditionnelle et ceux de l'agriculture biologique.
Tableau 2 - Estimation des importations de bananes biologiques fraîches en Europe en 2000
Pays |
Importations (milliers de tonnes) |
Marché (%) |
Royaume-Uni | 17 | |
Allemagne | 11 | |
France | 3,5 | |
Italie | 3,5-5 | |
Suède | 2 | |
Belgique/Luxembourg | 1,5 | |
Pays-Bas | 0,8 | |
Danemark | 0,3 | |
Autriche | 0,3 | |
Autres | 0,5 | |
Total CE |
40 | 1 |
Suisse | 2,5 | 3 |
Total Europe |
42,5 | 1 |
9. Le principal fournisseur de la CE est la République dominicaine (environ 85 pour cent), suivie par la Colombie et l'Équateur (5 à 7 pour cent chacun).
10. En 2000, le Royaume-Uni a supplanté l'Allemagne en tant que premier marché européen de la banane biologique. Cela est dû essentiellement aux investissements faits par la grande distribution de ce pays pour promouvoir les produits biologiques en général et accroître leur part de linéaire. En 2000, on estimait que les importations de bananes biologiques représentaient quelque 2,5 pour cent du total des importations de bananes dans ce pays. À eux deux, l'Allemagne et le Royaume-Uni absorbent quelque 70 pour cent du total des importations de bananes biologiques de la CE. Les autres marchés importants sont ceux de la France et de l'Italie.
11. On estime que ces deux dernières années le taux de croissance annuel des ventes de bananes biologiques dans la CE a atteint 80 pour cent. Comme le montre le cas du Royaume-Uni, l'expansion de ces ventes dépend beaucoup des stratégies adoptées par les chaînes de supermarchés. La disponibilité accrue de ce produit dans les supermarchés semble aussi être un des principaux facteurs qui expliquent la croissance récente de l'expansion des bananes biologiques en Italie. En France et au Royaume-Uni, la demande de bananes biologiques semble plafonner, en dépit du fait que la consommation globale de fruits et légumes issus de la culture biologique augmente à un rythme assez satisfaisant. Dans ces deux pays, il se peut que la prime sur les bananes biologiques empêche le marché de croître encore.
12. D'après des enquêtes faites dans plusieurs pays européens, plus de la moitié des consommateurs connaissent mal l'agriculture biologique et l'étiquetage biologique. Le consommateur a des idées confuses et s'estime mal informé par les fournisseurs. En outre, la fiabilité de l'étiquetage biologique des produits importés ne paraît pas toujours garantie.
13. En Suisse, les importations annuelles de bananes biologiques sont estimées à quelque 2 500 tonnes, soit quelque 3,2 pour cent du marché. Les consommateurs suisses connaissent assez bien les principes de l'agriculture biologique, ce qui facilite la consommation de produits tels que les bananes biologiques.
14. Les importations de bananes biologiques fraîches des États-Unis et du Canada sont estimées à quelque 16 000 tonnes en 1999 et à plus de 23 000 tonnes en 2000. Le taux de croissance annuel a atteint 25 pour cent en 1998/99 et 33 pour cent en 1999/2000. Néanmoins, la banane biologique ne représente encore que 0,5 pour cent de la consommation totale. Les préoccupations de santé et le fait qu'un segment croissant de la population des grandes villes est disposé à essayer les produits biologiques en général, ainsi que la présence de chaînes de supermarchés spécialisés dans les produits biologiques, qui sont de plus en plus nombreuses dans le pays, ont contribué à stimuler la demande de bananes biologiques.
15. Alors qu'en 1998 la République dominicaine et le Mexique détenaient ensemble 90 pour cent du marché des bananes biologiques importées aux États-Unis, aujourd'hui leur part est tombée à 50 pour cent (environ 25 pour cent chacun). Les bananes biologiques vendues par l'Équateur ont fait beaucoup de progrès et représentent 21 pour cent des importations et, aujourd'hui, le Pérou, le Honduras et la Colombie exportent des quantités notables de ce produit vers les États-Unis.
16. Jusqu'en avril 2000, sur le marché japonais un seul terme était employé pour désigner les produits biologiques et les produits cultivés d'une façon respectueuse de l'environnement. De plus, les bananes importées devaient subir la fumigation traditionnelle, si bien qu'elles perdaient leur statut de bananes biologiques. Il est donc difficile d'estimer le total des importations de bananes biologiques dans ce pays. Les chiffres du tableau 1 sont des estimations très grossières fondées sur des données partielles.
17. D'après ces estimations, les importations de bananes biologiques représentaient 9 000 tonnes en 2000, contre 5 400 tonnes en 1999, si bien que le taux de croissance serait d'environ 80 pour cent. Il y a au Japon un important mouvement en faveur de la consommation de produits dits "verts", mais qui ne sont pas nécessairement certifiés organiques. Actuellement, les principaux fournisseurs du Japon sont le Mexique, la République dominicaine, la Colombie et les Philippines.
18. Un des principaux facteurs qui limitent l'expansion des ventes de bananes biologiques est l'insuffisance de l'offre, mais cela devrait changer rapidement car de grandes plantations s'attaquent au marché des produits biologiques et de nouveaux pays ont commencé à cultiver ce produit. Toutefois, on n'a pas de renseignements sur le nombre d'hectares en cours de conversion ni sur le nombre de producteurs qui prévoient d'employer des méthodes de production biologiques. Il est donc difficile de prévoir tant le niveau absolu que le taux de croissance de la production de bananes biologiques. Dans une telle situation, il suffit qu'une grande plantation s'y mette pour que cela modifie la physionomie du marché. Sur le plan financier, il peut être intéressant de cultiver des bananes biologiques, car la prime atteint près de 40 pour cent en 1999, 30 pour cent en 2000 et 25 à 30 pour cent en 2001. On s'attend à ce qu'elle tombe autour de 20 pour cent en 2002. Toutefois, il est probable qu'il restera plus coûteux de cultiver des bananes biologiques dans la plupart des zones de production.
19. Si l'on postule que la production annuelle mondiale continuera d'augmenter de 65 pour cent, la part de marché des bananes biologiques pourrait atteindre 3 pour cent dans trois ans. Toutefois, pour que la vente de ces bananes continue de progresser, il faut qu'elles soient distribuées par les grands réseaux dont une grande partie des clients sont des personnes à bas revenu. Il faudra donc que l'écart de prix diminue.
20. En Europe, d'après certaines sources, les produits biologiques pourraient détenir une part de 10 pour cent du marché alimentaire total en 20064. Dans le cas des bananes, cela impliquerait un taux de croissance annuel de près de 30 pour cent par an chaque année, et par conséquent une forte expansion de la demande et une croissance correspondante de l'offre. Si l'on se fonde sur la part de marché actuelle des fruits et légumes issus de l'agriculture biologique dans les différents pays européens, le total des importations de bananes biologiques dans la CE pourrait atteindre 65 000 tonnes en 2001.
21. Aux États-Unis et au Canada, les ventes de bananes biologiques ont progressé de plus de 20 pour cent par an pendant de nombreuses années. Les perspectives sont bonnes. Depuis 1999, les grandes entreprises de l'agroalimentaire s'intéressent de plus en plus aux aliments de l'agriculture biologique. L'application de normes USDA uniformes à la production et à l'étiquetage des produits biologiques devrait faciliter l'expansion de ce secteur aux États-Unis. En outre, quelques grandes entreprises agroalimentaires se préparent à introduire des lignes de produits biologiques, avec un soutien publicitaire, ce qui devrait sensibiliser les consommateurs aux produits biologiques en général.
22. Le Japon a récemment mis en uvre sa propre réglementation pour la certification et l`importation de produits organiques. Les règles paraissent très strictes et, en particulier, la reconnaissance d'organes de certification étrangers semble très difficile, ce qui pourrait limiter les importations de bananes biologiques.
23. La production biologique, qui demande davantage de main-d'uvre et emploie moins de ressources non renouvelables, semble bien adaptée aux petites et moyennes exploitations. Toutefois, si les grandes plantations se lancent dans la production biologique, à long terme la compétitivité des petites bananeraies pourrait être menacée. Les différences de prix à la production varient selon les pays. En République dominicaine, la prime par carton de bananes biologiques certifiées était comprise entre 2,5 et 3 dollars É.-U. en 1999-20005.
24. Le principal obstacle à la production de banane biologique est la présence de la maladie de Sigatoka dans de nombreux pays producteurs, maladie qu'il est généralement difficile de combattre au moyen de méthodes biologiques. Lorsque son incidence est faible, il peut suffire d'asperger les bananiers de fongicides organiques. La mise au point de variétés résistantes ou tolérantes pourrait être indispensable pour l'expansion du potentiel de production des bananes biologiques. Le succès des variétés résistantes dépend non seulement de leur productivité, mais aussi de l'acceptabilité pour les consommateurs de bananes dont le goût et l'apparence pourraient être différents de ceux des bananes Cavendish.
25. Un autre problème technique de la production biologique est celui de la préservation de la fertilité du sol. Dans de nombreux pays, les engrais organiques tels que fumier ou compost sont rares.
26. De façon générale, pour la certification biologique une période de conversion de trois ans est requise, durant laquelle l'agriculteur emploie des méthodes biologiques mais vend au prix ordinaire. Dans un premier temps, le coût de production peut augmenter en raison des investissements nécessaires, et les rendements ont tendance à diminuer. En outre, comme les pays importateurs n'appliquent pas tous les mêmes normes, il peut être nécessaire de faire plusieurs inspections et certifications. Pour des cultivateurs démunis, ces investissements et frais risquent d'être excessifs. Un système d'autocontrôle reconnu réduirait les coûts de certification pour les petits exploitants6.
27. Les pays producteurs de bananes devraient envisager de se doter d'une réglementation nationale de la production biologique ainsi que d'un système fiable d'accréditation et de contrôle indépendant pour la faire respecter. Lorsque les règles nationales sont considérées comme équivalentes à celles du pays importateur, cela permet d'éviter une certification supplémentaire et les coûts y afférents.
28. Dans le cas des producteurs, le principal risque de la conversion est celui d'une baisse des prix payés à l'exploitation. Les producteurs ne peuvent pas être certains qu'au bout d'une période de conversion de trois ans la prime sera aussi élevée que lorsqu'ils commencent à investir dans la conversion, si bien qu'il est difficile de savoir si cet investissement sera rentable.
29. Les revirements des pays importateurs, comme la décision de la Communauté européenne d'employer pour les licences d'importation une période de base antérieure à la plupart des importations de bananes biologiques en Europe, peuvent aggraver les incertitudes de ce commerce de produits relativement coûteux et vendus en petites quantités.
30. Il existe plusieurs définitions de l'expression "commerce équitable". Une de celles qui sont couramment acceptées est la suivante: "Le commerce équitable est un partenariat commercial qui vise à promouvoir le développement durable de producteurs exclus et défavorisés. À cet effet, il offre de meilleures conditions commerciales et fait des campagnes de sensibilisation"7.
31. Dans le cas des producteurs de bananes, le commerce équitable signifie qu'ils obtiennent un prix couvrant le prix de revient et un surcroît qui peut être investi dans des mesures sociales, environnementales ou d'amélioration de la qualité. Les consommateurs ont la garantie qu'une proportion accrue du prix de détail revient à des petits cultivateurs pauvres et est employée pour financer des mesures sociales, environnementales et autres en faveur de ces producteurs.
32. Il existe des programmes d'étiquetage du commerce équitable dans 14 pays européens, au Canada, aux États-Unis et au Japon. La FLO (Fairtrade Labelling Organization) joue un rôle de coordination à l'échelon international et tient le registre de producteurs certifiés pour chaque produit (voir aussi CCP: BA/TF 99/CRS6).
33. D'après l'AELE (Association européenne de libre-échange), le chiffre d'affaires 1999 en Europe des organisations important des produits dans le cadre du commerce équitable était estimé à quelque 108 millions de dollars É.-U. et la valeur annuelle totale de la vente au détail de tous les produits du commerce équitable dépassait 234 millions de dollars É.-U., dont 189 millions de dollars É.-U. pour les produits alimentaires.
34. Il existe six importateurs qui importent en Europe des bananes étiquetées commerce équitable de Colombie, du Costa Rica, de la République dominicaine, de l'Équateur, du Ghana et des îles Windwards. Le plus important est AgroFair, coentreprise fondée par l'ONG néerlandaise Solidaridad et par des producteurs de bananes8.
35. Le volume total des importations de bananes du commerce équitable est passé de quelque 12 300 tonnes en 1997 à quelque 22 500 tonnes en 2000 (voir tableau 3). Cette augmentation est due essentiellement à la pénétration sur de nouveaux marchés de la CE et à une augmentation assez régulière des importations en Suisse. Toutefois, dans de nombreux pays les ventes ont diminué après un succès initial. Aux Pays-Bas, les bananes du commerce équitable ont obtenu une part de marché de 10 pour cent dans les mois qui ont suivi leur introduction en novembre 19969, mais aujourd'hui leur part ne dépasse pas 3 pour cent. Apparemment, les consommateurs ont tendance à revenir à des fruits moins chers.
Tableau 3 - Importations de bananes étiquetées commerce équitable en Europe
Pays | Importations en tonnes | Croissance par an (%) | ||||
1997* | 1998* | 1999** | 2000** | 1998-99 | 1999-2000 | |
Royaume-Uni | - | - | - | 5 557 |
... | ... |
Pays-Bas | 5 800 | 5 200 | 4 180 | 3 603 | -20 | -14 |
Allemagne | - | 3 042 | 1 580 | 617 | -48 | -61 |
Suède | - | 50 | 301 | 570 | 502 | 89 |
Danemark | 230 | 725 | 847 | 493 | 17 | -42 |
Belgique | 180 | 849 | 431 | 401 | -49 | -7 |
Luxembourg | - | - | 74 | 179 | ... | 142 |
Total CE |
6 210 | 9 866 | 7 413 | 11 421 | -25 | 54 |
Suisse | 6 300 | 7 500 | 10 778 | 11 403 | 44 | 6 |
Total Europe |
12 510 | 17 366 | 18 191 | 22 824 | 5 | 25 |
* FLO (1998).
** FLO (2001).
36. La Suisse est de loin le premier marché des bananes du commerce équitable. Ces bananes y sont distribuées par les principales chaînes de supermarchés et détiennent une part de marché d'environ 15 pour cent10. Ce succès est attribué en partie au fait que les consommateurs sont très sensibles à l'équité du commerce, que les bananes du commerce équitable sont vendues au même prix que les autres11 et que, de façon générale, le marché des bananes est ouvert et qu'il n'y a pas de restrictions contingentaires.
37. Le lancement des bananes du commerce équitable au Royaume-Uni en 2000 a été très réussi et dans un délai d'un an ce pays est devenu le deuxième débouché mondial. Les bananes du commerce équitable ont été lancées en Irlande et en Finlande en 2001.
38. L'organisation d'étiquetage du commerce équitable Transfair Japan n'intervient pas dans l'importation de bananes, mais l'organisation Alter Trade Japan (ATJ) importe des bananes du commerce équitable des Philippines sur le marché japonais depuis 1989.
39. En Amérique du Nord, les seuls produits alimentaires actuellement étiquetés par les organismes membres de la FLO (TransFair Canada et TransFair USA) sont le café et le thé.
40. Les perspectives du marché de la banane du commerce équitable en Europe sont très mitigées. Au niveau européen, on s'attend à une hausse considérable des ventes dans les deux prochaines années, principalement en raison du lancement de ce produit dans cinq nouveaux pays (Irlande, Finlande, Italie, Norvège et Autriche). En Suisse, les organisations du commerce équitable espèrent accroître encore leur chiffre d'affaires en vendant davantage de bananes biologiques étiquetées commerce équitable. Au Luxembourg et en Suède, où la banane du commerce équitable a été lancée récemment, les ventes devraient continuer d'augmenter. En revanche, au Royaume-Uni, la croissance du chiffre d'affaires plafonne.
41. Aux Pays-Bas, les ventes de bananes du commerce équitable sont en diminution depuis 1997 et il n'y a aucun signe de reprise. Toutefois, Max Havelaar Netherland a lancé en 2001 une nouvelle campagne de publicité, y compris à la télévision, afin de redresser la situation.
42. En Allemagne, les ventes de bananes du commerce équitable et de produits du commerce équitable en général sont en diminution. En raison de la très vive concurrence que se livrent les chaînes de supermarchés, il est difficile d'y introduire et d'y maintenir ces produits.
43. Les importations de bananes du commerce équitable dans la CE pourraient être entravées par l'introduction du nouveau régime d'importation. La plupart des importateurs de bananes du commerce équitable et quelques petits importateurs de bananes biologiques n'étaient pas considérés comme fournisseurs traditionnels, et les fournisseurs non traditionnels n'ont reçu que 4,6 pour cent du volume qu'ils avaient demandé dans le cadre du système de licences d'importation A/B12.
44. Comme sur les linéaires des supermarchés l'espace est très compté, il est difficile de présenter à la fois et séparément des bananes du commerce équitable et des bananes biologiques. Les supermarchés veulent un produit unique qui serait à la fois biologique et de commerce équitable. Les consommateurs vont dans le même sens car, lorsqu'ils achètent des produits du commerce équitable, ils veulent aussi que ceux-ci soient respectueux de l'environnement. De façon générale, les perspectives à long terme des bananes du commerce équitable ne semblent pas très bonnes, à moins que ces bananes puissent aussi obtenir un label écologique. Enfin, certains craignent que le mouvement du commerce équitable en général ne soit en train de perdre de son élan.
45. Le fait d'entrer en relation commerciale avec des importateurs du commerce équitable offre aux producteurs des pays en développement plusieurs avantages, mais ne va pas sans difficultés. Ils doivent respecter les critères du commerce équitable, ce qui peut exiger un investissement considérable d'argent, d'organisation et de temps. Ces investissements doivent être faits pour l'ensemble des producteurs et de la zone de production alors que parfois seuls 30 pour cent du produit sont vendus sous le label commerce équitable avec une prime. En contrepartie le système offre souvent accès à des crédits, des renseignements sur le marché et une assistance technique.
46. Pour les producteurs, il est clair que le principal avantage est la possibilité d'avoir une relation commerciale à long terme, dans laquelle les bananes sont vendues à un prix supérieur au prix de revient et permettant de verser aux travailleurs un salaire raisonnable. D'un autre côté, cela pose des difficultés pour la FLO. Celle-ci doit calculer les prix de revient de façon très objective et ces prix varient beaucoup selon les pays, mais pour vendre en gros les importateurs doivent appliquer le même prix quelle que soit l'origine. En outre, la FLO tient à éviter que le commerce équitable ne subventionne des méthodes de production inefficientes.
47. La révision du régime d'importation de la banane de la CE crée de nouvelles incertitudes pour les acteurs du commerce équitable. La recherche de rentes risque de réduire encore la viabilité de ce système de commercialisation qui est déjà marginal.
48. Comme la production de bananes biologiques augmente, le problème est de trouver une demande suffisante pour absorber l'offre. Faute de données fiables concernant la production, la demande et les prix, il est difficile de faire des prévisions, mais avant de décider d'adopter les méthodes de production biologiques, il faut tenir compte de la possibilité d'un déclin de la prime payée au cultivateur au cours des trois prochaines années.
49. Pour les bananes du commerce équitable, le principal obstacle semble être le déclin de la demande sur certains marchés et les difficultés d'accès aux linéaires de la grande distribution. Toutefois, il est probable que le chiffre d'affaires total du commerce équitable continuera d'augmenter grâce à son introduction dans de nouveaux pays.
50. En l'absence d'une campagne de relations publiques bien financée ou d'un soutien des pouvoirs publics dans les pays importateurs, le commerce équitable a fort à faire pour soutenir la concurrence qui est très vigoureuse et convaincre des consommateurs.
51. Enfin, les bananes du commerce équitable et les bananes biologiques se retrouvent face à deux grands obstacles communs. Le premier est l'accès au marché européen dans le cadre du nouveau régime de la CE et le second est le fait que les consommateurs exigent que les bananes du commerce équitable soient aussi des bananes d'agriculture biologique, et que les bananes biologiques respectent certains critères sociaux.
52. Actuellement, les douanes et les autorités chargées de la réglementation ne font pas de distinction entre les produits alimentaires biologiques et les autres, si bien qu'il est difficile d'avoir des données fiables sur les importations, la production, la demande et les prix des produits biologiques. Les données présentées ici sont fondées essentiellement sur les renseignements communiqués par des personnes qui travaillent dans le commerce de la banane biologique. Le Secrétariat du Sous-Groupe reçoit fréquemment des demandes de renseignements ou de prévisions en ce qui concerne l'évolution du marché de la banane biologique. Étant le seul organisme intergouvernemental qui s'occupe du commerce de la banane, il pourrait jouer un rôle utile en facilitant la collecte et l'analyse systématiques de données sur le marché de la banane biologique et en en diffusant les résultats.
_________________________________
1 Stephens, M. (2001) Dole to Offer Organic Bananas, Natural Foods Merchandiser, Penton Media, Inc., États-Unis.
2 Censkowsky, U. (2001) Organic bananas advance in Europe, Eurofruit v330, p. 40-42.
3 FAO, Rapport sur les marchés des produits 2000.
4 USDA (1998) The European organic food market, Foreign Agricultural Service, March 1998, Washington, DC.
5 FAO/ITC/CTA (2001), World Markets for Organic Fruit and Vegetables.
6 Agro Eco (2001) Smallholder Group Certification, actes du séminaire, Nuremberg, février 2001, organisé par Agro Eco, Novotrade et Twin Trading, Bennekom (Pays-Bas).
7 Krier JM (2001), Fair trade in Europe 2001, facts and figures on the fair trade sector in 18 European countries, EFTA, Maastricht (Pays-Bas).
8 FLO (2001) Importer profiles - FLO Banana Register, Bonn (Allemagne).
9 Eurofruit (1997), EU goes for fair trade bananas, octobre 1997.
10 Krier JM (2001), Fair trade in Europe 2001, facts and figures on the fair trade sector in 18 European countries, EFTA, Maastricht (Pays-Bas).