Hausse de la production de manioc en 1999
Expansion de l'utilisation du manioc en 1999
Reprise du commerce mondial du manioc en 1999
La production mondiale de manioc en 1999 devrait reprendre, après la contraction subie par le secteur en 1998 par suite des mauvaises conditions météorologiques causées par les phénomènes El Niño et La Niña. La production mondiale en 1999 devrait croître de 3,5 pour cent pour atteindre 166,7 millions de tonnes en équivalent racines, croissance soutenue par des augmentations en Asie et en Amérique latine et dans les Caraïbes qui devraient largement compenser une contraction en Afrique.
En Asie, la production de manioc devrait augmenter de 11 pour cent pour s'établir à 50,2 millions de tonnes par suite d'une expansion des superficies et de conditions météorologiques favorables. Parmi les principaux pays producteurs de la région, la Thaïlande devrait voir sa production passer à 20,3 millions de tonnes, soit 24 pour cent de plus que la récolte de 1998 réduite du fait de la sécheresse; cette progressions s'explique par une expansion de 12 pour cent des semis et la hausse probable des rendements. Mises à part les conditions météorologiques favorables, près de la moitié des 1,2 million d'hectares cultivés sous manioc ont, selon les rapports, été ensemencés à l'aide de souches améliorées, ce qui devrait contribuer à l'accroissement de la productivité. Des augmentations de la production allant de 2 à 5 pour cent sont prévues en Chine, en Inde, en Indonésie et aux Philippines. Au Viet Nam, la production devrait en revanche demeurer proche des niveaux de l'année précédente, car si l'on attend des rendements plus élevés, du fait d'une plus grande diffusion de variétés améliorées, les superficies ensemencées devraient, quant à elles, diminuer.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, la production de manioc en 1999 devrait atteindre 31 millions de tonnes, soit 12 pour cent de plus que la maigre récolte de l'année précédente, mais encore 1 million de tonnes de moins qu'en 1997. Au Brésil, le plus grand producteur de manioc de la région et deuxième producteur de manioc au monde, la production devrait ne reprendre que partiellement par rapport à 1998, par suite de récoltes plus importantes dans les États du centre, du sud et du nord-est. On prévoit également une croissance considérable de la production en Colombie, tandis que de faibles augmentations sont probables au Costa Rica, dans la République dominicaine, au Pérou et au Nicaragua.
1997 | 1998 | 1999 prélim. | |
(. . . millions de tonnes . . .) | |||
Total mondial | 165,3 | 161,0 | 166,7 |
Afrique | 85,8 | 88,1 | 85,5 |
Congo. Rép. dem. | 16,2 | 15,6 | 15,0 |
Ghana | 7,0 | 7,2 | 8,4 |
Madagascar | 2,4 | 2,4 | 2,4 |
Mozambique | 5,3 | 5,6 | 5,6 |
Nigéria | 32,1 | 32,7 | 30,4 |
Ouganda | 5,7 | 6,2 | 6,0 |
Tanzanie | 2,3 | 2,6 | 2,3 |
Asie | 47,5 | 45,2 | 50,2 |
Chine | 3,6 | 3,4 | 3,6 |
Inde | 6,0 | 6,1 | 6,2 |
Indonésie | 15,1 | 14,7 | 15,4 |
Philippines | 2,0 | 1,8 | 1,8 |
Thaïlande | 18,1 | 16,3 | 20,3 |
Viet Nam | 2,0 | 2,0 | 2,0 |
Amérique latine et les Caraïbes |
31,8 |
27,5 |
30,8 |
Brésil | 24,3 | 19,7 | 22,5 |
Colombie | 1,7 | 1,6 | 2,0 |
Paraguay | 3,2 | 3,3 | 3,3 |
SOURCE: FAO1/ Equivalent de racines fraîches.
La production en Afrique, principale région productrice dans le monde, devrait se contracter de 3 pour cent pour atteindre 85,5 millions de tonnes, traduisant la faiblesse des récoltes dans certains grands pays producteurs, notamment Angola, Burundi, République démocratique du Congo, Sierra Leone et Rwanda, où les activités de production ont été interrompues par les déplacements de population et les troubles civils. Au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, une sécheresse prolongée a gravement affecté la production agricole. Au Nigéria, les estimations des pouvoirs publics pour la récolte 1999 signalent une réduction de 1,5 million de tonnes. En revanche, la production de manioc devrait augmenter au Ghana, par suite de la mise en oeuvre du Programme d'amélioration des racines et tubercules qui encourage l'introduction, la multiplication et la distribution aux fermiers de matériel végétal résistant aux parasites et aux maladies. Bien que des augmentations soient également prévues au Cameroun, au Libéria, à Madagascar, au Togo et en Zambie, elles seront probablement modestes.
L'accroissement de la production mondiale devrait relancer l'utilisation alimentaire du manioc de deux pour cent, celle-ci passant à 98 millions de tonnes en 1999, la plus grande partie de cet accroissement étant concentré en Asie et en Amérique latine et dans les Caraïbes. En revanche, en Afrique où le manioc est une denrée de base essentielle, l'utilisation alimentaire de ce produit chutera vraisemblablement de 3 pour cent pour passer à 58 millions de tonnes. On prévoit que l'utilisation fourragère augmentera dans le monde, les principaux accroissements étant attendus en Amérique du Sud et dans la CE. Toutefois, selon les prévisions, l'utilisation fourragère du manioc serait encore inférieure aux niveaux de 1997, reflétant une concurrence acharnée du secteur des céréales. Le volume de manioc transformé en produits non alimentaires devrait aussi augmenter, encouragé par les faibles cours internationaux des fécules de manioc et la reprise économique dans les pays d'Asie.
En Afrique, il est probable que la chute de la production en 1999 se manifestera principalement par un déclin de la consommation alimentaire de manioc frais et de produits à base de manioc (gari, attiéké, foufou, kokonte, etc.). La contraction affectera principalement les populations rurales, qui dépendent dans une plus grande mesure de cette culture pour assurer leurs moyens d'existence, mais aussi les populations urbaines, les rapports indiquant que les prix de détail du manioc ont sensiblement augmenté dans la plupart des pays. La réduction de la consommation alimentaire du manioc devrait être particulièrement marquée en Angola, dans la République démocratique du Congo et au Rwanda.
En Asie, les récoltes plus importantes de 1999 devraient entraîner une croissance de 9 pour cent de l'utilisation. En particulier, l'utilisation du manioc dans la production d'aliments du bétail, d'alcools et de fécules devrait s'accroître en 1999 en Thaïlande et au Viet Nam. La consommation alimentaire du manioc en Chine, aux Philippines, en République de Corée, en Malaisie et au Japon, où les disponibilités importées occupent une place de choix, devrait demeurer proche du niveau de l'année précédente.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, le manioc est un aliment de base important dans un certain nombre de pays, mais une grande partie est utilisée comme aliment pour animaux dans les régions productrices. L'utilisation industrielle du manioc dans la région par les petites et grandes entreprises s'est accrue au cours de la dernière décennie, les cultures passant de l'état de cultures de subsistance à celui de cultures commerciales et fournissant des matières premières pour la fabrication de produits alimentaires et fourragers et les applications industrielles. La reprise de la production en 1999 devrait permettre de maintenir un accroissement général de l'utilisation du manioc.
Parmi les pays développés, l'utilisation du manioc dans la CE comme aliments pour animaux devrait augmenter par rapport à l'année précédente sous l'effet des prix compétitifs du manioc. L'Espagne et le Portugal, en particulier, devraient intensifier leur utilisation d'agglomérés de manioc aux fins de l'alimentation animale cette année, pour compenser l'insuffisance de la production d'orge. L'Italie devrait utiliser, pour la première fois, des quantités importantes de cossettes et d'agglomérés de manioc pour l'alimentation animale. En revanche, on prévoit une baisse de l'utilisation du manioc au Japon et dans les autres pays développés, notamment en Israël et en Pologne.
Le commerce mondial de produits à base de manioc sec (également appelé "tapioca") devrait croître de 12 pour cent en 1999 pour atteindre environ 5,5 millions de tonnes (16 millions de tonnes en équivalent racines fraîches), ne se relevant qu'en partie de la contraction de 23 pour cent de l'année précédente. Sur ce volume total, 4,6 millions de tonnes devraient s'échanger sous la forme de cossettes et d'agglomérés et 900 000 tonnes sous la forme de farine de manioc, soit une hausse par rapport à 1998 (3,9 millions de tonnes et 700 000 tonnes, respectivement). Cet accroisse-ment devrait être encouragé par les disponibilités à l'exportation relativement importantes en Thaïlande et par l'accroissement de la demande d'importations s'agissant des cossettes et des agglomérés dans la CE. Peu de changements sont actuellement prévus dans les importations des pays non membres de la CE.
1997 | 1998 | 1999 prélim. | |
( . . millions de tonnes . . ) | |||
Exportations | |||
mondiales | 6,4 | 4,9 | 5,5 |
Thaïlande | 5,3 | 3,9 | 4,6 |
Indonésie | 0,2 | 0,2 | 0,2 |
Chine 2/ | 0,4 | 0,3 | 0,2 |
Autres pays | 0,5 | 0,5 | 0,5 |
Importations | |||
mondiales | 6,4 | 4,9 | 5,5 |
CE 3/ | 3,6 | 2,9 | 3,6 |
Chine 2/ | 0,6 | 0,5 | 0,6 |
Japon | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
Corée, Rép. de | 0,5 | 0,5 | 0,3 |
Autres pays | 1,4 | 0,7 | 0,7 |
SOURCE: FAO1/ En poids de copeaux et granulés, y compris fécule et farine, du produit.2/ Y compris la province de Taïwan.3/ Non compris les échanges entre les pays members de la CE.
La reprise de la production en Thaïlande a été le principal moteur de la croissance du commerce du manioc en 1999. Entre janvier et mi-octobre de cette année, les exportations de cossettes et d'agglomérés de tapioca par la Thaïlande ont atteint 3,4 millions de tonnes, soit 38,4 pour cent de plus que durant la même période en 1998. Sur ce volume, 3,27 millions de tonnes étaient destinées à la CE, soit une hausse par rapport aux 2,1 millions de tonnes livrées en janvier-mi-octobre 1998. Les ventes à la CE maintiendront probablement le même rythme pendant la dernière partie de l'année, malgré les disponibilités abondantes de la nouvelle récolte céréalière et de grandes réserves de céréales dans les pays membres. En conséquence, les exportations de produits à base de manioc par la Thaïlande, notamment de farine, devraient atteindre 4,6 millions de tonnes en 1999, soit une hausse par rapport aux 3,9 millions de tonnes de 1998, mais nettement moins que les 5,3 millions de tonnes exportées en 1997. Malgré de bonnes perspectives de récoltes, les ventes à l'étranger par l'Indonésie et le Viet Nam devraient se maintenir proches des niveaux de l'année précédente, tandis qu'en Chine, elles pourraient subir une contraction, reflétant d'importants besoins intérieurs dans ces pays.
Farine/ féculents de tapioca, qualité super, fob Bangkok |
Prix intérieurs | ||
Racines | Granu-lés |
||
(. . dollars E.-U.tonne . .) | |||
1988 | 166 | 47 | 136 |
1995 | 358 | 65 | 127 |
1996 | 289 | 49 | 113 |
1997 | 244 | 34 | 72 |
1998 | 276 | 44 | 75 |
1999 - janv.-mars | 203 | 31 | 72 |
avril-juin | 163 | 31 | 63 |
juil.-août | 163 | 24 | 67 |
SOURCE: Thaï Tapioca Trade Association, Etude commerciale.
On prévoit que les achats de la CE reprendront, passant du faible volume de 2,9 millions de tonnes enregistré en 1998 à quelque 3,6 millions de tonnes cette année, traduisant des envois plus importants en direction des Pays-Bas, principal port d'entrée des produits à base de manioc, de la Belgique et de l'Italie, ainsi qu'en direction de l'Espagne et du Portugal frappés par la sécheresse. Selon ces prévisions, les importations atteindraient à peine la moitié des 6,8 millions de tonnes autorisées dans le cadre des arrangements préférérentiels concernant l'accès à la CE. Les expéditions de manioc vers des marchés ne faisant pas partie de la CE, dont la majorité se trouve en Asie, devraient s'élever au total à 1,9 million de tonnes, un niveau inchangé par rapport à l'année précédente. Les achats de cossettes et d'agglomérés de manioc par la Chine, le Japon, la République de Corée devraient chuter. En revanche, les importations de fécules de manioc par le Japon et Taïwan (Province de Chine) dépasseront probablement le niveau de l'année précédente.
Granulés de manioc 1/ |
Farine de soja 2/ | Mélange manioc farine de soja 3/ |
Orge 4/ | Mélange orge/manioc | |
( . . . . . . . . . . . . . . . . . . dollars E.-U./ tonne . . . . . .. . . . . . . . . ) | (. . rapport. . ) | ||||
1990 | 167 | 208 | 175 | 225 | 1,29 |
1991 | 178 | 197 | 186 | 222 | 1,19 |
1992 | 183 | 204 | 187 | 235 | 1,26 |
1993 | 137 | 208 | 151 | 197 | 1,30 |
1994 | 144 | 192 | 154 | 182 | 1,18 |
1995 | 177 | 197 | 181 | 209 | 1,15 |
1996 | 152 | 268 | 175 | 194 | 1,11 |
1997 | 108 | 276 | 142 | 161 | 1,13 |
1998 | 107 | 170 | 120 | 145 | 1,21 |
1999 5/ | 102 | 146 | 111 | 144 | 1,29 |
Les cours internationaux du manioc sont demeurés peu élevés en 1999, les disponibilités abondantes ayant coïncidé avec une faible demande au niveau mondial. Les cotations des agglomérés de manioc dans la CE (respectivement, le produit à base de manioc le plus important commercialisé à l'échelon international et le principal marché importateur de manioc) sont déterminées par les cours intérieurs des céréales, notamment l'orge, et les cours des farines riches en protéines qui complètent le manioc pour obtenir un aliment composé équilibré, de substitution aux céréales. Pendant les neuf premiers mois de 1999, le prix CE à l'importation des agglomérés de manioc a atteint en moyenne 102 dollars E.-U. la tonne, niveau proche du niveau existant pendant la période correspondante en 1998, mais 36 pour cent de moins qu'en 1993, lorsque la réforme de la PAC a commencé à être mise en oeuvre. Les cotations de l'orge dans la CE au cours des neuf premiers mois de l'année sont également restées essentiellement inchangées et ont atteint en moyenne 144 dollars E.-U. la tonne en Espagne, l'un des principaux utilisateurs du manioc dans la Communauté. Les prix des farines de soja sont en revanche tombés à 146 dollars E.-U. la tonne (f.o.b. Rotterdam), soit 16 pour cent en dessous du niveau de la même période en 1998. En conséquence, le mélange manioc/farine de soja est devenu légèrement plus attrayant que l'année précédente dans la CE, ce qui a permis de soutenir l'utilisation du manioc dans les États Membres. Les cours internationaux des fécules et farines de manioc, qui sont principalement commercialisées dans les pays d'Asie, ont suivi une tendance à la baisse pendant la plus grande partie de l'année et sont tombés à 163 dollars E.-U. la tonne en juillet-août 1999. Jusqu'en août 1999, ils s'élevaient en moyenne à 176 dollars E.-U. la tonne, niveau sensiblement inférieur aux 305 dollars E.-U. la tonne de janvier-août 1998, et le niveau le plus bas enregistré depuis 1988.
Les indications préliminaires concernant la production du manioc en l'an 2000 signalent une reprise en Afrique, si l'on part de l'hypothèse que les conditions de croissance seront normales et la sécurité meilleure dans les pays actuellement touchés par des troubles civils. Une augmentation est également prévue en Amérique latine et dans les Caraïbes, en particulier au Brésil où la demande alimentaire s'est renforcée et a entraîné un accroissement des plantations. L'intérêt manifesté pour la promotion du secteur du manioc dans la région a récemment suscité l'établissement d'un consortium, CLAYUCA, composé d'institutions des secteurs public et privé, qui s'attache à soutenir dans la région la recherche et le développement dans le secteur du manioc. En Asie, la production devrait augmenter en Indonésie, où les pouvoirs publics viennent d'annoncer leur intention de réduire la dépendance du pays à l'égard des importations de riz en encourageant la production d'autres cultures, notamment celle du manioc. En revanche, les prix agricoles peu élevés en Thaïlande pendant la plus grande partie de 1999 pourraient entraîner une diminution des semis la campagne prochaine.
Les premières indications concernant le commerce du manioc en l'an 2000 donnent à penser que pratiquement aucun changement ne se produira par rapport à l'année en cours, étant donné que les disponibilités importantes de céréales fourragères dans la CE freineront probablement la poursuite de la reprise de la demande d'importation dans les États Membres. Les cours futurs des cossettes et agglomérés de manioc dépendront en grande partie de l'évolution que suivront les cours des céréales dans la CE. Compte tenu des importants stocks céréaliers de report actuellement détenus dans la Communauté, leurs prix sont peu susceptibles d'augmenter significativement au cours des quelques prochains mois. En conséquence, les cours des agglomérés de manioc pourraient demeurer peu élevés pendant le reste de l'année et la première moitié de 2000, à moins d'être affectés par les variations des taux de change ou des prix des farines d'oléagineux. Une grande incertitude règne quant aux cours futurs des fécules de manioc, leur reprise dépendant en grande partie de la consolidation de la croissance économique en Asie pour relancer la demande.