"Internet, que je qualifierais volontiers de "principale merveille du monde moderne", se présente comme la première source d'information en termes de vitesse de diffusion et de récupération des données. Le fait que chacun puisse parcourir le monde sur son ordinateur et frapper à chaque porte qui l'intéresse, facilitera la connaissance et la compréhension des problèmes mondiaux."
Deodatus Chailunga, étudiant zambien aux Etats Unis. Message électronique cité dans le rapport de Gerry Kenney et Kim Hendi: "The village well, or What happened to us on the Internet while we were planning something else," rédigé à la demande de l'Agence canadienne de développement international, juillet 1996.
Le nombre de services Internet initiés localement dans les pays en développement est remarquable. La plupart de ces services sont nés sans ou avec très peu d'aide extérieure et sont devenus des services commerciaux viables ou des services à but non lucratif gérés par des ONG. Un grand nombre de ces services existent depuis plus de dix ans et sont apparus bien avant que la plupart des donateurs aient reconnu le potentiel d'Internet en tant qu'outil de développement. Aujourd'hui cependant, de nombreuses ONG et agences internationales de développement trouvent des moyens d'appuyer le développement et le renforcement de services locaux sur Internet, des infrastructures et des producteurs d'information.
La liste de ces agences est longue et comprend notamment:
Plusieurs ONG se sont spécialisées dans la fourniture de services d'accès à Internet à destination des ONG, des gouvernements, des établissements de formation, des organismes de santé et d'autres éléments de la société civile dans les pays en développement (et développés). Elles comptent parmi les organismes les plus importants travaillant sur ce thème et comprennent notamment:
En dépit du grand nombre d'organisations qui apportent leur appui aux services et aux utilisations d'Internet dans les pays en développement, il est difficile d'obtenir une information précise et à jour sur ces activités. Les donateurs et le personnel des projets ne communiquent pas très bien sur les actions qu'ils mènent. Même si le réseau mondial est bien placé pour diffuser des informations sur les projets Internet, il n'existe pas une source unique qui permettrait aux intéressés d'accéder rapidement à l'information sur des projets spécifiques, sur les actions entreprises dans un pays ou sur les plans et stratégies des donateurs. En conséquence, les leçons que l'on pourrait en tirer sont perdues. Les responsables dans la communauté des donateurs doivent remédier au plus vite à ce problème afin que ces expériences soient partagées et que les parties intéressées puissent facilement et rapidement identifier les possibilités de collaboration et d'utilisation des services Internet dans les pays en développement. Le secrétariat Bellanet s'est déjà engagé sur cette voie, mais jusqu'à ce que la masse des donateurs et des équipes de projet fasse l'effort d'alimenter les bases de données de Bellanet, les programmes souffriront toujours d'un manque de coordination et de partage des idées.
Internet a été conçu en 1963 par Larry Roberts, alors qu'il travaillait pour l'Advanced Research Projects Agency (ARPA), sur financement du ministère américain de la Défense (Negroponte, 1995). Le fait qu'Internet soit, par nature, un outil d'intensification des relations humaines tient à son histoire, et à la grande humanité de ses initiateurs.
ARPAnet, son premier nom, a été créé à la fin des années 60 comme outil de communication à l'usage d'une poignée d'employés et de collaborateurs de la Défense. Il a été conçu comme un système de communication sûr du fait de sa nature essentiellement décentralisée. Les ordinateurs pourraient s'envoyer mutuellement des paquets d'information, dans tous les Etats Unis, et ces paquets pourraient voyager par divers chemins pour atteindre leur destination. Si l'un ou plusieurs de ces chemins s'avérait détruit ou fonctionnait mal, les paquets trouveraient d'autres voies jusqu'à leur destination.
L'épouse de l'un des ingénieurs d'ARPAnet était mal entendante. Pour communiquer avec elle depuis son bureau, l'ingénieur utilisait une liaison téléphonique alors très répandue aux Etats Unis. Un système de messagerie téléphonique (TTY) lui permettait de converser avec son épouse en envoyant des textes via le réseau téléphonique. Cet outil facilitant les relations incita l'ingénieur à incorporer à ARPAnet une telle messagerie entre les individus (et non plus seulement entre les ordinateurs) (Brummel, 1995). Cette caractéristique est désormais connue sous le nom de courrier électronique ou e-mail. Aujourd'hui, des millions de messages électroniques sont ainsi échangés chaque jour d'un bout à l'autre de la planète. C'est ainsi que ce qui était au départ un outil devant permettre aux ordinateurs de parler entre eux est devenu un outil de renforcement des relations humaines grâce à l'expérience positive qu'en avait faite un individu.
ARPAnet s'est développé à la fin des années 60 et au cours des années 70 avec la création de nouveaux "nodules" et routes pour joindre les chercheurs dans les Universités. A mesure qu'un public plus vaste de facultés et d'étudiants extérieurs au Ministère de la défense a commencé à utiliser cet outil, le courrier électronique est rapidement devenu populaire sur les campus des universités et des collèges d'Amérique du Nord. Du fait de la nature décentralisée du réseau, il était difficile d'en contrôler l'expansion, et il a bientôt échappé à la tutelle du Ministère de la défense.
Internet est aujourd'hui un réseau populaire. N'importe qui disposant d'un équipement informatique élémentaire et d'une ligne téléphonique peut se connecter à lui, communiquer par son intermédiaire, recevoir de l'information et se promener sur le réseau. Contrairement à d'autres médias tels que la radio ou la télévision, tout utilisateur d'Internet peut être à la fois producteur d'information et diffuseur de connaissances. Personne ne connaît exactement le nombre d'utilisateurs d'Internet, mais les estimations font état de 50 à 100 millions de personnes - un nombre en rapide augmentation. Dans des pays comme la Thaïlande, l'utilisation d'Internet progresse actuellement à un rythme annuel proche de 1 000 pour cent.
Internet, c'est essentiellement des millions de personnes connectées entre elles par des millions d'ordinateurs. Aujourd'hui, presque n'importe quel lecteur de ce document aura entendu parler de ce réseau mondial, mais tout le monde ne saura pas forcément exactement ce qu'il est, ni ce qu'il représente. Il existe au moins cinq millions d'ordinateurs de stockage servant de l'information aux millions et millions d'utilisateurs d'Internet. Chacun de ces cinq millions d'ordinateurs peut contenir des milliers, voire des centaines de milliers de pages d'information. Si la tendance actuelle se poursuit, il y aura plus de 100 millions d'ordinateurs connectés à Internet en l'an 2000 (Carrroll et Broadhead, 1995). Chacun de ces ordinateurs connectés peut servir un ou des milliers d'individus, sans parler de la richesse des informations qu'ils peuvent apporter au réseau.
Deux outils très puissants constituent le fondement d'Internet. Le premier chronologiquement, et qui est toujours le plus populaire, est le courrier électronique. Utilisant une simple adresse comme guide, les messages e-mail passent d'un ordinateur à l'autre, se frayant rapidement un chemin jusqu'à leurs destinataires. L'outil le plus récent, et qui a propulsé Internet dans la culture populaire, est le World Wide Web. Le Web est cette partie d'Internet qui émerge aujourd'hui comme une vaste bibliothèque mondiale d'information.
La publication électronique d'informations sur le World Wide Web est beaucoup moins coûteuse que la publication imprimée. Il est également très facile de devenir producteur d'information sur le World Wide Web et pour autrui d'utiliser votre information presque instantanément depuis à peu près n'importe quel endroit de la planète. En conséquence, le World Wide Web est alimenté en informations sur tous les sujets imaginables. En fait, pratiquement tout utilisateur d'Internet peut publier un travail pour très peu d'argent, ou même gratuitement, et le rendre disponible dans le monde entier. Le World Wide Web en est encore à ses balbutiements, puisqu'il n'a été créé qu'en 1994; pourtant, trois ans seulement après sa naissance, il est devenu l'un des outils de diffusion de l'information les plus populaires au monde. L'utilisation du Web progresse à un rythme de 25 pour cent par mois et on estime que 100 à 400 nouveaux sites sont créés chaque semaine (Carroll et Broadhead, 1995).
Avant l'apparition du World Wide Web, les utilisateurs d'Internet n'avaient accès qu'au courrier électronique et à des méthodes lourdes pour récupérer des fichiers à partir d'autres ordinateurs. Le World Wide Web a changé tout cela de façon radicale. On peut désormais récupérer de l'information, des documents et une grande variété de produits audiovisuels simplement en pointant et cliquant. Il n'est même plus nécessaire de connaître la situation de l'ordinateur dont on souhaite extraire l'information. Il suffit de cliquer sur un mot en hypertexte ou sur une image, et le document apparaît à l'écran en quelques instants. Selon certains, le World Wide Web constitue pour l'humanité la seconde grande révolution de la communication, après l'invention de l'imprimerie par Gutenberg en 1439 (Burke et Ornstein, 1995).
Par comparaison avec les coûts du téléphone et de la télécopie, la communication et la diffusion de l'information par courrier électronique ou par le World Wide Web peuvent être des centaines de fois moins chères. L'information circule sur Internet en paquets découpés de bits numériques, et ces derniers partagent les lignes de télécommunication avec des centaines d'autres paquets. Alors qu'un appel téléphonique transatlantique traditionnel mobilise une ligne téléphonique pour seulement deux personnes, un message électronique peut voyager le long d'une ligne avec des centaines, voire des milliers d'autres messages. Des créateurs de logiciels créatifs ont même tiré parti de cette caractéristique d'Internet en proposant des services téléphoniques via Internet qui permettent aux utilisateurs de parler avec d'autres, dans le monde entier, en évitant complètement les coûts téléphoniques de longue distance.
J'ai identifié douze éléments communs aux systèmes d'information et de communication sur Internet destinés au milieu agricole et rural et qui ont été des succès:
Les prestataires locaux de services Internet, qu'ils soient du secteur privé ou à but non lucratif, sont de plus en plus en mesure de travailler efficacement et de faire du profit, tout en fournissant aux consommateurs un service à prix raisonnable. Ils sont capables de diagnostiquer et de résoudre rapidement les problèmes rencontrés par le service; ils peuvent avoir accès au capital via l'investissement et le crédit (qui n'est pas si facile à obtenir des gouvernements ou des donateurs), et ils peuvent offrir un appui important à l'utilisateur local, des conseils techniques au consommateur (souvent par téléphone), et des formations au niveau local. Du fait que leur profit dépend des revenus des consommateurs, ils sont susceptibles de répondre rapidement aux besoins et aux demandes de ces consommateurs. Les prestataires de services dépendant des gouvernements sont souvent moins capables de répondre aux besoins des consommateurs et sont souvent moins réceptifs parce qu'ils ont d'autres sources de financement que les tarifs appliqués aux consommateurs. Les prestataires locaux de services Internet, du secteur privé ou à but non lucratif, contribuent également à l'économie locale et stimulent l'intérêt porté aux télécommunications grâce à leurs relations et contacts personnels.
"Monter un réseau, c'est du gâteau... Amener les gens à l'utiliser, voilà la difficulté."
Marco A. Pena, responsable de l'appui technique, Université CETYS, Mexicali, Mexique, à propos de sa contribution au service Internet destiné aux organisations paysannes, soutenu
par la FAO (entretien privé, juin 1995).
A Mexicali, au Mexique, un petit projet soutenu par la FAO illustre les éléments décrits ci-avant. En 1994, dans le cadre de l'action de la FAO en Amérique latine en matière de communication pour le développement, les animateurs ont engagé une vaste évaluation participative des besoins en communication et information auprès de 600 agriculteurs locaux et de leurs organisations (conversation privée avec Emilio Canton, FAO-Mexique). D'après les résultats, les agriculteurs souhaitaient vivement une amélioration du système de communication, tandis que les leaders locaux demandaient une meilleure gestion du système de communication pour pouvoir engager diverses actions et planifier les cultures et l'irrigation entre les 23 organisations locales. En outre, les paysans voulaient améliorer les méthodes de diffusion globale de l'information et de la communication afin de mieux organiser leur travail et leurs activités actuels et futurs. Ils proposèrent d'avoir recours à l'informatique afin de pouvoir communiquer aussi bien de manière horizontale que verticale.
Au cours de l'automne 1995, 90 représentants d'organisations paysannes ont participé à un atelier sur la communication pour le développement où ont été posées les bases d'un système de communication utilisant Internet. L'essentiel de l'équipement serait acheté par les organisations paysannes qui en garderaient la propriété, et l'appui technique initial serait fourni par une université privée locale (CETYS), qui offrait déjà dans la région des services Internet payants et gratuits. Un expert en communication pour le développement de la FAO s'est occupé de la coordination logistique et du soutien en base arrière au cours des neuf premiers mois. Un ordinateur serveur pour le réseau a été installé à l'université et chaque organisation paysanne dispose d'un compte d'accès à un petit ensemble de trois modems connectés au serveur. En juin 1996, douze organisations paysannes étaient connectées au système et l'utilisaient; plusieurs services d'information sur le World Wide Web étaient disponibles; et des projets d'amélioration du système étaient envisagés, ainsi que l'intégration de l'ensemble des 23 organisations paysannes de la vallée du Rio Colorado. Les utilisateurs se servaient chaque jour du courrier électronique et présentaient quotidiennement des rapports sur les quotas d'irrigation et les cultures à l'autorité locale chargée de la gestion de l'eau.
Au nombre des projets actuels figure la création d'un répertoire des organisations paysannes, de leurs membres, de leurs activités en matière d'agriculture et des chiffres de production, ainsi que des informations sur les conditions locales. L'essentiel de cette information sera collectée par courrier électronique et pourra être consultée sur un site Web. Les agriculteurs sont fiers de leur communauté et de son histoire, aussi ont-ils décidé d'organiser un concours de photographies afin de collecter des images historiques de la région et de son passé agricole pour les insérer sur la page d'accueil de leur site. Ils prévoient également de diffuser leurs lettres d'information à partir de cette page d'accueil et espèrent ainsi faciliter l'accès aux informations pertinentes au plan local en matière de marchés et de météorologie. Des relations seront bientôt établies avec l'Unité technique d'information et de communication (Technical Information and Communication Unit - TICU), un autre projet appuyé par la FAO à Sonora, au Mexique. Il s'agirait d'élargir l'accès au bulletin d'information sur les marchés édité par la TICU (aujourd'hui distribué à Sonora par télécopie) (Fraser, 1996) en diffusant ce bulletin via le serveur de l'université CETYS où il pourrait être consulté depuis l'ensemble du Mexique et du monde (conversation privée avec Emilio Canton, FAO-Mexique).
Ces organisations paysannes ont prouvé que les services d'information et de communication sur Internet pouvaient être concrets et bénéfiques, lorsqu'ils sont mis en place avec la participation réelle des utilisateurs. Si un long chemin reste encore à parcourir pour développer de nouvelles applications et accroître la participation des utilisateurs dans ces nouvelles applications, ce système a déjà fait naître beaucoup d'intérêt au sein du ministère mexicain de l'Agriculture et d'autres organisations paysannes du pays. Par exemple, Assistance et services pour la promotion agricole (ASERCA) étudie l'expérience menée à Mexicali pour élaborer des stratégies permettant de favoriser l'accès des paysans aux services d'information électronique relatifs au marketing et à l'établissement de relations commerciales nationales et internationales. Il est même envisagé de créer un système de commercialisation électronique des biens et services agricoles. L'approche de communication pour le développement mise en Ïuvre à Mexicali est la clé de son succès initial et de sa durabilité. Cette approche a conduit les dirigeants des organisations à bien comprendre l'intérêt du système et de ses applications, et les agriculteurs à prendre la responsabilité de l'expansion du réseau et des infrastructures.
Au Chili, le projet de la FAO de communication pour le développement en Amérique latine (GCP/RLA/114/ITA) est l'un des premiers à avoir adopté une approche participative pour le développement de réseaux de communication et d'information sur Internet au sein des organisations de petits producteurs40. Ces réseaux fournissent aux organisations paysannes des données sur les cultures, leur situation et le calendrier des marchés au niveau international, les prix, les conditions des marchés (régionaux, nationaux et internationaux), la météorologie, l'information technique et la formation, ainsi que des informations sur les diverses organisations d'appui. De plus, les agriculteurs ont un accès total à Internet leur permettant de trouver d'autres informations relatives à leur vie quotidienne et aux services collectifs (santé, services sociaux, éducation, etc.). Ils peuvent enfin utiliser le courrier électronique pour communiquer avec d'autres organisations paysannes au Chili, aussi bien qu'avec les millions d'utilisateurs d'Internet de la planète.
L'accent mis sur l'évaluation des besoins locaux en information et l'assistance au personnel des organisations paysannes pour les aider à acquérir les compétences nécessaires pour analyser et diffuser l'information utile au niveau local, est sans doute l'aspect le plus important de cette action. Cette méthodologie est le fruit des expériences antérieures de communication pour le développement ayant utilisé la vidéo à petite échelle, l'imprimé et les radios rurales (décrits à la section 3.1). Il s'agit là très probablement de l'approche la plus orientée vers les utilisateurs pour développer les services Internet dans les pays en développement et elle s'adresse aux communautés agricoles et rurales des zones reculées qui, normalement, ne pourraient bénéficier des outils offerts par Internet.
De petits centres d'information sont hébergés dans les bureaux des organisations paysannes et des ONG, dont certaines mettent leur équipement Internet à la disposition des non-agriculteurs, tels que des groupes de jeunes et des services sociaux. Le réseau des utilisateurs est encore restreint (cinq organisations) et pourrait servir de modèle à la création d'un réseau plus vaste à l'échelle du Chili, puis, avec une aide extérieure, de l'Amérique latine.
La majeure partie de l'information diffusée sur le réseau chilien est utile à d'autres utilisateurs hispanophones d'Internet (cette remarque vaut également dans le cas de l'expérience mexicaine décrite ci-avant). C'est pourquoi, après quelques semaines seulement "en ligne", les statistiques montrent que le site Web chilien a été consulté plus de 1 000 fois en un mois par des Latino-américains hors du Chili, et plus de 1 000 fois encore par des utilisateurs du reste de la planète. Le site est désormais répertorié sur le populaire index "Yahoo" d'Internet et peut être atteint par plusieurs moteurs de recherche grâce à de nombreux mots clés.
L'expérience chilienne est un modèle d'approche intégrée pour l'expansion de services Internet, et qui a prouvé qu'il pouvait être durable, reproductible et étendu à d'autres régions d'Amérique latine et du monde. Il associe en outre de manière évidente communication horizontale et communication verticale.
Les expériences chilienne et mexicaine sont des exemples uniques d'utilisation d'une approche de communication pour le développement pour créer des systèmes de communication horizontale et verticale à l'attention des petits producteurs et des communautés rurales en zones reculées. Lors de sa mission d'observation FAO dans d'autres pays, l'auteur a pu constater que l'accès des zones rurales éloignées à Internet ne se développe que lentement. Mais de nombreuses organisations en Afrique, y compris la FAO et les projets qu'elle soutient, ont le mérite de créer des outils d'information sur le Web, dont pourront un jour bénéficier les petits producteurs et les communautés rurales éloignées. En Zambie et au Zimbabwe, par exemple, les projets FAO mettent au point sur Internet des outils d'information sur les marchés, des systèmes d'information sur la sécurité alimentaire des ménages, des systèmes d'alerte précoce sur les menaces de famine, ainsi que d'autres outils sophistiqués d'aide à la décision. Ces systèmes sont créés par des chercheurs et des organes de décision pour satisfaire leurs propres besoins internes, aussi les liens avec les bénéficiaires ultimes de ces initiatives restent-ils faibles.
En Afrique, des prestataires de services locaux, tels que ZamNet (qui assiste également le projet HealthNet reliant les centres de santé ruraux à Internet), SangoNet, MangoNet, Enda-Dakar et Internet Africa, sont les seules organisations disposant d'une expérience réelle pour fournir des services Internet aux organisations et aux habitants des zones rurales éloignées. Leurs réalisations parlent d'elles-mêmes: grâce à eux, de nombreuses organisations intermédiaires travaillant pour les petits producteurs, les communautés rurales et les organisations paysannes ont désormais accès aux services disponibles sur Internet. De nombreux agents de terrain des projets des agences des Nations Unies et des donateurs multilatéraux utilisent le courrier électronique et les services d'information proposés par ces prestataires locaux. Les personnes qu'ils emploient sont le plus souvent extrêmement motivés par leur travail et par la perspective d'améliorer les services Internet en Afrique. Ces services illustrent le développement "naturel" de modes de communication verticale et horizontale cohérents avec l'approche intégrée proposée dans ce document.
Ainsi, les futures actions de développement d'Internet pour les communautés rurales éloignées et pour les organisations paysannes en Afrique et en Amérique latine devraient-elles partir des expériences et des actions menées par les prestataires de services Internet et les utilisateurs existants. Les agences de développement seraient bien avisées de s'appuyer chaque fois qu'il est possible sur cette richesse d'expérience, de compétences, de créativité et de connaissance des contextes locaux.