par
L.N. DOMANEVSKI et N.A. BARKOVA
(Atlant-NIRO, Kaliningrad, URSS)
RESUME
Laire de répartition géographique de la sardine (Sardina pilchardus) sétend de la partie centrale de la mer du Nord jusquau cap Blanc en Mauritanie. Lespèce est également abondante en Méditerranée jusquà la mer Noire (Svétovidov, 1964).
Les races marocaine et saharienne qui différent par des critères morphologiques (nombre de vertèbres et longueur relative de la tête) habitent le long de la cote atlantique de lAfrique, la race marocaine présente deux fractions de stock, lune au nord et lautre au sud, chacune avec des aires de ponte distinctes. Les aires de ponte du stock nord sétendent de Larache à Casablanca, celles du stock sud dAgadir au cap Juby (Belvèze, 1972).
La sardine se trouve sur le plateau continental au-dessus des fonds 20 à 100 m de profondeur, des bancs isoles sont enregistres au-dessus des fonds allant jusquà 200 m (Fig. 1). Elles est associée aux masses deau de temperature 13,8-18,2° C et de salinité 35,67-36,60 pour cent en hiver; en été la temperature et la salinité des eaux ou on rencontre la sardine sont égales à 16,7-18,7° C et à 35,95-36,65 pour cent.
A partir de 1966 on a observe une extension vers le sud de laire de répartition de la sardine (Fig. 2). Laccroissement brusque de la biomasse de sardine dans la partie sud de la zone sexplique en premier lieu par le changement des conditions hydrologiques dans cette région, en particulier par la baisse de la temperature de leau. Selon les données collectées par Sédykch K.A. (1975) en 1971-1973, on constate un renforcement des alizés de nord-est et donc des remontées deaux profondes (upwelling) décelées par une baisse de la temperature de leau. De ce fait, la temperature superficielle de leau en décembre 1971 - mai 1972 fut en moyenne un degré au-dessous de celle des années 1957-1964.
Il est intéressant de noter que le taux de croissance des concentrations qui habitent les eaux côtières du Sahara est beaucoup plus élevé que celui des concentrations rencontrées devant les cotes marocaines. Daprès son taux de croissance, la sardine saharienne se rapproche de celle du Nord-Atlantique. La croissance ne reste pas constante au cours des années. On a remarqué un renforcement du taux de croissance dans tous les groupes dâge au cours des années ou lupweelling est plus intense (Fig. 3).
La sardine de la côte saharienne atteint la maturité sexuelle à la taille de 12-13 cm (LF). La maturation massive a lieu à 15-16 cm. Suivant les années, la maturation sexuelle se produit plus ou moins tôt. En fait, en 1974-75, période ou le taux de croissance sest élevé, la maturité sexuelle fut atteinte à des tailles plus basses (Fig. 4).
Lintensité de lupwelling détermine létendue des aires de ponte de la sardine. Les déplacements saisonniers des principales aires de ponte sont aussi lies au cours saisonnier des remontées deau profonde. Près de la côte saharienne, les périodes de la ponte sont étendues. On y rencontre des femelles sexuellement mures pendant toute lannée. Cependant on peut distinguer deux périodes de ponte massive: en décembre et en mars. En décembre, au cours de la période ou lupwelling est le plus fort, la ponte est la plus massive: la plupart des oeufs sont expulses. La ponte de printemps (mars) est beaucoup plus faible.
Létude de la composition par âge de la population de sardine près du Sahara montre que chaque année à partir de 1969 certaines cohortes beaucoup mieux représentées constituent lessentiel de la population.
Pour évaluer létat du stock de sardine saharienne on a calcule son effectif absolu (Tableau 1) suivant la méthode des populations virtuelles (Chomaher, 1970). On a utilise pour cela seulement les statistiques de capture de sardine de la flottille de lURSS. On ignorait les captures des flottilles étrangères. On a suppose quelles représentaient 50 pour cent des prises soviétiques.
Tableau 1
EFFECTIFS ET BIOMASSES ABSOLUS DE LA SARDINE
Années |
Effectifs (millions dindividus) |
Biomasse (tonnes) |
1972 |
2 862 |
155 440 |
1973 |
6 586 |
324 200 |
1974 |
7 642 |
385 000 |
1975 |
5 259 |
343 000 |
1976 |
9 122 |
470 000 |
Tableau 2
STOCK DE SARDINE AU LARGE DES COTES MAROCAINES (1968-1971)
Années |
Effectifs (millions dindividus) |
Biomasse (tonnes) |
1968 |
18 100 |
332 000 |
1969 |
17 100 |
337 000 |
1970 |
29 600 |
331 000 |
1971 |
19 900 |
341 000 |
Comme lindique Belvèze (1972), les fluctuations de la biomasse coïncident avec la dynamique des prises et montrent un cycle de 7 ans (± 1 an). De lavis de cet auteur laugmentation de la biomasse est liée au renforcement de lintensité de lupwelling côtier au cours des années sèches. Daprès Sédykch K.A. (1975) on distingue un cycle de 11 ans entre les années de plus forte intensité dupwelling.
Une hypothèse a été formulée pour expliquer la diminution de labondance de la sardine dans la partie sud de la région et le rétablissement de son abondance dans la partie nord de la région: ces variations seraient liées à la diminution de lintensité de lupwelling devant les cotes du Sahara à partir de 1976. Une hypothèse analogue est émise par les chercheurs marocains qui prévoient une augmentation du stock de sardine près du Maroc en 1979-81 (prenant en considération le caractère cyclique de 7 ans).
CONCLUSIONS
1. Dans la région de lAtlantique Centre-Est on a observe laugmentation importante du stock de sardine à partir de 1972 dans la partie sud de la région liée à lintensification de lupwelling au large des cotes sahariennes.
2. On a distingue des cohortes particulièrement abondantes au cours de la période 1969-77.
3. En 1975-76, la biomasse absolue de sardine au large du Sahara avait été de 350-500 milliers de tonnes et de 350 milliers de tonnes devant le Maroc.
4. Au cours des années 1979-81 on sattend à une diminution du stock de sardine devant le Sahara et une augmentation au large du Maroc. Cela est lié au caractère cyclique de lintensité de lupwelling, qui devrait diminuer dans la région saharienne en 1979-81.
Fig. 1 - Habitat de Sardina pilchardus: profondeurs des lieux de pêche
Fig. 2 - Déplacement de la limite sud de laire de distribution majeure de Sardina pilchardus (1966 à 1977)
Fig. 3 - Comparaison des variations du taux de croissance de Sardina pilchardus pour les classes dâge de 1 à 4 ans:
a) avec les variations dintensité de lupwelling
b) de 1970 à 1975
Fig. 4 - Sardina pilchardus: Pourcentages dindividus en état de reproduction en fonction de la taille (A, B, C, D, E, F) et variations de la taille à la première maturité sexuelle (G) (de 1971 à 1976)