A. Kumar et C.B. Sastry
Arun Kumar est journaliste indépendant, établi à Bangalore (Inde).
Cherla B. Sastry est Directeur général de l'INBAR, Beijing (Chine).
L'histoire du réseau INBAR, une organisation intergouvernementale spécialisée dans l'amélioration des fonctions sociales, économiques et environnementales du bambou et du rotin.
Le 6 novembre 1997, la Chine et huit autres nations, (Bangladesh, Canada, Indonésie, Myanmar, Népal, Pérou, Philippines et République-Unie de Tanzanie) ont officiellement créé le Réseau international de recherche sur le bambou et le rotin (INBAR), une organisation intergouvernementale indépendante, ayant pour mandat, à l'échelle mondiale, de promouvoir le développement du bambou et du rotin, au profit des populations et de l'environnement. Les activités de l'organisation sont centrées sur la recherche-développement et visent, en particulier, à garantir la sécurité écologique, alimentaire et des moyens d'existence. Le présent article retrace les événements qui ont abouti à la création de l'INBAR.
LE CONTEXTE
En 1979, sous les auspices du Bureau régional Asie du Centre de recherche pour le développement international (CRDI) du Canada, d'éminents spécialistes du rotin venus d'une demi-douzaine de pays se sont rendus à Singapour pour examiner d'importants aspects de la recherche et faire des recommandations de suivi au CRDI. A peu près un an plus tard, en mai 1980, le CRDI a tenu un autre atelier sur le bambou: plus de 20 spécialistes des sciences forestières originaires de pays où pousse cette plante se sont réunis, une fois encore à Singapour, pour faire le point sur la recherche dans ce secteur.
Au début des années 80, en partie parce qu'il était plus conscient de l'importance de ces deux produits, le CRDI a commencé à axer ses programmes forestiers (du moins en Asie) sur la foresterie sociale, et plus particulièrement sur les produits forestiers non ligneux. Le premier projet de création d'un Centre d'information sur le rotin, pour rassembler et diffuser les informations sur ce produit, a été lancé en Malaisie en 1983. Le projet a également facilité la création de réseaux de spécialistes des sciences forestières dans la région.
En 1984, le CRDI, a organisé, en collaboration avec le Programme spécial pour les pays en développement de l'Union internationale des instituts de recherches forestières (IUFRO), une réunion d'experts forestiers asiatiques et internationaux à Kandi (Sri Lanka) pour identifier les 10 essences forestières polyvalentes les plus importantes sur lesquelles axer en priorité les recherches. De nombreuses personnes se sont déclarées favorables à l'inclusion du bambou et du rotin dans la liste - bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'essences forestières et qu'ils soient encore considérés comme des «produits forestiers mineurs». Le suivi de la réunion relevait du Bureau régional Asie du CRDI. Le CRDI a créé un bulletin pour faciliter la communication entre les scientifiques de la région et servir de toile de fond à un réseau informel. En moins de deux ans, les activités de réseau s'étaient tellement développées que le CRDI a dû engager un coordonnateur pour gérer le Réseau informel sur le bambou et le rotin.
Un deuxième atelier de travail sur le bambou a été organisé en 1985 par le CRDI à Hangzou (Chine), en collaboration avec le Ministère chinois des forêts, l'Académie chinoise des forêts, l'Université des forêts de Nanjing et l'IUFRO. L'atelier a permis d'évaluer ce que les réseaux pouvaient réaliser. Le premier atelier tenu à Singapour a été suivi par 22 scientifiques qui ont soumis 19 documents à l'examen des participants. Au cours du deuxième atelier, environ 80 scientifiques venus de différentes régions du monde ont participé et présenté une cinquantaine de documents.
L'un des objectifs des activités de réseau du CRDI était de promouvoir l'utilisation du bambou grâce au développement de nouveaux produits. En 1988 un projet relatif à des nattes de bambou a été lancé à l'Institut indien de recherche sur les industries du contre-plaqué (IPIRTI). En cinq ans, le projet a mis au point une technologie améliorée pour la fabrication de nattes dures en bambou et à commencé à transférer la technologie à d'autres pays d'Asie.
Le bambou Le bambou est une graminée à tige ligneuse qui a l'apparence d'un arbre, dont on dénombre 1 250 espèces appartenant à 75 genres, et qui a, dit-on, fait son apparition il y a environ 200 millions d'années, lorsque les dinosaures étaient encore maîtres de l'univers. Cette plante pousse aujourd'hui dans les zones tropicales, subtropicales et tempérées de toutes les régions du monde, à l'exclusion de l'Europe et de l'Asie occidentale. D'après des recherches récentes, le bambou était répandu en Europe il y a quelque 3 millions d'années, mais il a disparu à un moment donné durant la dernière période glaciaire. De toutes les plantes de la planète, le bambou est peut-être celle qui a la croissance la plus rapide, puisqu'il prend entre 75 et 400 mm par jour (le record de 1,2 m en 24 heures est détenu par Phyllostachys edulis, au Japon). Il pousse trois fois plus vite que la plupart des espèces d'eucalyptus et peut être récolté quatre fois plus souvent. Les espèces importantes du point de vue commercial atteignent habituellement la maturité en quatre à cinq ans. Des récoltes multiples sont par la suite possibles tous les deux ans, pendant 120 ans au maximum pour certaines espèces, et indéfiniment pour d'autres. Le bambou est également au premier plan pour la production de biomasse, puisqu'il en fournit jusqu'à 40 tonnes par hectare et par an, dans des peuplements sous aménagement. On estime qu'environ un quart de la biomasse dans les régions tropicales, et un cinquième dans les régions subtropicales, proviennent du bambou. La tige du bambou, qui est la partie la plus importante, économiquement parlant, de la plante, peut atteindre et dépasser 40 m chez certaines espèces, en à peine trois à quatre mois. On estime qu'en 35 ans, un bambou peut produire jusqu'à 15 km de perche «utile», d'un diamètre pouvant aller jusqu'à 30 cm. Sa légèreté et ses modules d'élasticité (9 000 à 10 100 N/mm2) et de rupture élevés (84 à 120 N/mm2) font du bambou un matériau idéal pour la construction de maisons dans les zones exposées à des calamités naturelles, comme les tremblements de terre et les ouragans. Le bambou a une résistance à la traction plus grande que l'acier. Les tiges naissantes (pousses) de certaines espèces de bambou sont non seulement comestibles et succulentes, mais riches en éléments nutritifs; une portion de 100 g contient de 0,5 à 0,77 g de fibres, de 81 à 96 mg de calcium, de 0,5 à 1,7 mg de fer, de 3,2 à 5,7 mg de vitamine C, de 0,07 à 0,14 mg de vitamine B1, de 1,3 à 2,3 g de protéines, de 4,2 à 6,1 g d'hydrates de carbone, de 42 à 59 mg de phosphore et de 1,8 à 4,1 g de glucose. Certaines espèces ont aussi une teneur élevée en potassium et en vitamine A. Les pousses de bambou peuvent contenir jusqu'à 17 acides aminés, les plus importants étant la saccharopine, l'acide spéramique et l'acide glutamique.
Le bambou s'adapte très facilement à son environnement. Il tolère une vaste gamme de sols (depuis les sols pauvres en matière organique jusqu'à ceux riches en minéraux), et les conditions d'humidité les plus diverses (de la sécheresse aux inondations). Cette caractéristique a fait du bambou une plante très précieuse pour la remise en état et la régénération des terres dégradées. Le bambou produit six fois plus de cellulose que les espèces de pins à croissance rapide. Il gère aussi un vaste système souterrain de rhizomes et de racines. On dit, par exemple, que les rhizomes de Phyllostachys bambusoides parcourent environ 3,6 m par an. Quelques espèces produisent un réseau de rhizomes qui peut couvrir jusqu'à 1000 m2. Normalement, une plante de bambou «lie» 6 m3 de sol. L'efficacité de cette plante pour protéger les rives des fleuves et les pentes des collines de l'érosion est attestée par de nombreuses études. Le feuillage touffu des bambous contribue à freiner le déferlement destructeur des pluies tropicales sur la couche superficielle du sol. Les feuilles tombées qui forment un tapis d'environ 10 cm d'épaisseur par an, aident aussi à amortir l'impact de la pluie sur le sol et facilitent l'absorption et la rétention d'eau de la terre. Dans de nombreuses régions, le bambou prolifère dans des zones exposées qu'il protège, et favorise des microclimats propices à la régénération des forêts tropicales. On estime qu'environ la moitié des habitants de la planète, qui sont aujourd'hui plus de 5 milliards, touchent d'une manière ou d'une autre une part des recettes procurées par le bambou, évaluées à plus de 7 milliards de dollars EU, opérations commerciales et utilisations de subsistance confondues. La plante a plus de 1 500 utilisations connues: bois de feu ou ampoules électriques, médicaments ou poison, jouets ou avions. Plus d'un million de personnes vivent dans des maisons de bambou, ou dont le bambou est un élément maître de la structure, du revêtement ou de la toiture. Les exportations de pousses de bambou comestibles rapportent chaque année respectivement à la Chine et à Taiwan (Province; de Chine) 130 millions de dollars EU et 50 millions de dollars EU. Les exportations annuelles chinoises de produits tissés à base de bambou sont évaluées à 117 millions de dollars EU. L'Inde utilise du bambou pour la production de bâtons d'encens, estimée à 400 millions de dollars EU. Le bambou est aussi une matière première importante pour de nombreuses industries de la pâte et du papier en Chine, en Inde, en Thaïlande et dans d'autres pays d'Asie. Cette plante trouve ses principales utilisations dans les industries de la rayonne, du tissage à la main, de la pêche et de la sériciculture, en procurant des millions d'emplois et en soutenant ces secteurs clés de l'économie. |
Une forêt de bambous en Ouganda
Le CRDI a organisé un troisième atelier à Cochin (Inde) en 1988, en collaboration avec l'Institut de recherches forestières du Kerala. C'est là que l'idée de créer un centre international de recherche sur le bambou a été émise pour la première fois. La plupart des scientifiques qui y participaient estimaient que la portée et le rythme des recherches sur le bambou avaient atteint un stade où les programmes nationaux auraient, pour progresser, besoin d'un appui, d'orientations et d'une coordination que seul un centre de liaison international et officiel pourrait fournir. En 1990, l'étude Research needs for bamboo and rattan to the year 2000, réalisée grâce à l'initiative conjointe de plusieurs donateurs internationaux - CRDI, Fonds international de développement agricole (FIDA), Fondation Rockefeller, Administration du développement outre-mer (Royaume-Uni) (ODA) et Conseil international des ressources phytogénétiques (CIRP) (rebaptisé en 1994, Institut international des ressources phytogénétiques [IPGRI]) - a esquissé un cadre pour la consolidation des recherches existantes et donné une nouvelle orientation aux recherches, sûr la base d'une évaluation approfondie des besoins dans la région. L'étude a également recommandé que soit institutionnalisé le réseau sur le bambou et le rotin, en tant qu'institution indépendante, autonome, membre ou non du système du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI). En 1991 les recommandations de l'étude ont été approuvées par un groupe de donateurs du GCRAI, lors d'une réunion à La Haye (Pays-Bas), ainsi que par des représentants nationaux aune réunion convoquée à l'occasion du quatrième Atelier international sur le bambou, à Chiang-Mai (Thaïlande).
Par la suite, il a été proposé au CRDI de créer un Réseau international sur le bambou et le rotin (INBAR), en tant que réseau de recherche officiel, avec son propre secrétariat et son personnel. Le CRDI a approuvé cette proposition et accepté de fournir tout le soutien requis pour les questions administratives et la gestion financière. Il s'est également déclaré prêt à apporter la plus grande partie des fonds nécessaires pour établir et gérer l'INBAR pendant deux ans.
MISÉ EN SERVICE DU RÉSEAU
Le Réseau INBAR a été constitué en 1993, grâce à des dons du CRDI, et mis en service à partir du Bureau régional Asie du Sud du CRDI, à New Delhi (Inde). Une réunion d'orientation, tenue à New Delhi en mars 1993, rassemblait des scientifiques du programme national spécialisés dans la recherche sur le bambou et le rotin, des représentants de donateurs potentiels, dont le FIDA, le CRDI, l'Agence canadienne de développement international (ACDI) et la FAO, par le biais de son Programme de soutien à la recherche forestière pour l'Asie et le Pacifique (FORSPA); et d'institutions coopérantes comme l'IUFRO et le Natural Resources Institute (NRI) du Royaume-Uni. Le FIDA, qui avait cofinancé l'étude qui a conduit à la constitution de l'INBAR, est intervenu comme donateur en 1994, avec en particulier des donations en faveur du programme relatif aux aspects socioéconomiques et aux politiques.
Dans le cadre de son mandat, le nouveau réseau devait s'occuper principalement de deux questions. L'une était la contribution cruciale des produits forestiers non ligneux, en particulier le bambou et le rotin, au bien-être socioéconomique de la population essentiellement rurale des pays en développement. La seconde était le potentiel du bambou et du rotin pour préserver les forêts tropicales et ralentir le rapide déclin des ressources génétiques forestières, en offrant d'autres possibilités en remplacement des produits dérivés du bois.
La création de l'INBAR représentait une approche globale de la recherche, centrée sur tous les aspects des secteurs du bambou et du rotin, depuis la production jusqu'à l'utilisation, et reliant les sciences naturelles et physiques aux aspects socioéconomiques afin de maximiser la pertinence et l'impact de ses travaux. En outre, l'INBAR s'est employé à promouvoir activement l'utilisation des résultats de ses recherches, par des activités d'information, de formation et de transfert de technologie. Il s'est lancé dans la production d'une série de publications techniques et le bulletin du réseau a été revu et développé pour diffuser des informations sur les activités de l'INBAR et fournir aux membres du réseau une tribune pour des échanges d'idées.
En 1994, l'INBAR devenait un interlocuteur prépondérant entre tous les secteurs intéressés, mettant au point des solutions en matière de développement et d'environnement, basées sur l'utilisation du bambou et du rotin, mais plusieurs obstacles empêchaient d'exploiter tout son potentiel. Premièrement, son statut de projet limité dans le temps a été un inconvénient pour instaurer un climat de confiance entre les partenaires du programme national, qui préféraient des relations plus stables et de plus longue durée. En outre, son statut juridique de projet du CRDI a également été un obstacle pour mobiliser des fonds auprès d'autres institutions donatrices. Des évaluations internes et indépendantes de l'INBAR ont indiqué qu'il gagnerait en efficacité s'il était étendu: géographiquement, en élargissant son champ d'activité à l'Afrique et à l'Amérique latine; et thématiquement, en approfondissant et en élargissant son engagement envers la recherche stratégique, impulsée par le développement, sur le rotin et le bambou.
UNE INSTITUTION INDÉPENDANTE
La transformation de l'INBAR en une institution indépendante, investie d'un mandat international, a été approuvée par le Groupe consultatif de recherche de l'INBAR en 1994, puis par une réunion d'un Groupe de stratégies en mars 1995. Cette dernière réunion a recommandé de constituer une équipe spéciale qui serait chargée de prendre toutes les mesures nécessaires pour officialiser la création d'une organisation autonome, internationale, scientifique, philanthropique, aux lieu et place du réseau existant. Le changement a été approuvé à l'unanimité lors d'une session extraordinaire du XXe Congrès mondial de l'IUFRO à Tampere (Finlande), en août 1995. Le Congres international sur le bambou de 1995, tenu à Bali (Indonésie), a également recommandé l'établissement d'un centre international pour la recherche sur le bambou. Les institutions qui ont financé la création de l'INBAR - à savoir le CRDI et le FIDA - se sont engagées à continuer à soutenir le réseau, en tant que secrétariat du CRDI, en attendant qu'il soit officiellement déclaré organisation internationale indépendante.
L'équipe spéciale proposée par le Groupe de stratégies a été constituée à la fin de l'année 1995. Cette équipe a recommandé que l'INBAR poursuive ses activités, en tant que réseau décentralisé, même après avoir été déclaré organisation internationale indépendante, et que lui soit assigné un mandat international. Elle a également conseillé que le CRDI reste l'organisation chargée de l'exécution pendant la phase de transition.
Rotin Le rotin, un palmier à épines grimpant ou rampant, dont on dénombre 600 espèces est une plante qui n'existe que dans l'Ancien Monde. Son aire de répartition se limite à l'Asie tropicale et subtropicale, où 10 des 13 genres connus sont endémiques, et à l'Afrique équatoriale. L'Indonésie, où poussent la moitié des espèces connues, est le premier producteur mondial de matières premières de rotin. La canne, c'est-à-dire la tige débarrassée de sa gaine, est la partie la plus prisée de la plante. Le rotin pousse depuis le niveau de la mer jusqu'à une altitude de 3 000 m et il tolère des sols et des conditions d'humidité extrêmement divers. Les rotins les plus importants sur le plan commercial sont de vigoureuses plantes grimpantes, exploitables au bout de huit à 10 ans. Les fruits et les pousses du rotin sont comestibles, et ces dernières ont une teneur élevée en protéines, en hydrates de carbone, en vitamines et en autres nutriments; elles contiennent notamment huit acides aminés. Les racines, les fruits et les feuilles du rotin sont utilisés en médecine traditionnelle. Les feuilles de certaines espèces, comme Calamus andamanicus et Daemonorops kurzii, servent de chaume pour les toitures. Le rotin est un palmier qui porte des fruits à écailles qui, dans certaines espèces, exsudent une substance appelée «sang de dragon», que l'on utilise pour la fabrication de teintures et de vernis.
Dans de nombreux pays d'Asie, le rotin est le deuxième produit d'importance économique, derrière le bois d'uvre. La valeur du rotin et de ses produits dérivés, utilisés à des fins commerciales ou de subsistance (sur les marchés intérieurs et d'exportation), à l'échelle de la planète, est estimée à 6,5 milliards de dollars EU. Les meubles en rotin sont le produit le plus populaire. A elles seules, les Philippines ont exporté, ai 1994, des meubles en rotin pour une valeur de 123 millions de dollars EU (auxquels s'ajoutent 118 millions de dollars EU de produits en osier). Les produits en rotin ont représenté 89 pour cent des recettes en devises de l'Indonésie, qui se sont élevées à 238 millions de dollars EU, en 1987. En 1992, les produits finis en rotin ont rapporté à eux seuls au pays environ 294 millions de dollars EU La même année, les exportations de 27 produits forestiers ont rapporté à la Chine 869 millions de dollars EU, dont 329 millions de dollars EU provenant de la vente de produits en bambou et en rotin. Les produits en rotin, autres que les meubles, sont les battoirs à tapis, les cannes, les manches de parapluie, les poignées de cagettes à sauterelles, les pièges à animaux, les chapeaux, les cordes, les cordages, les cages à oiseaux, les paillassons, les paniers, les panneaux de lambrissage, les cerceaux et les boîtes de munitions. Les fonctions écologiques du rotin n'ont pas été étudiées de façon aussi approfondie que celles du bambou, mais les espèces qui ont des tiges souterraines, comme Calamus minutus, ou celles dont les racines croissent à l'horizontale sur un large rayon, comme Calamus caesium et Calamus manan pourraient probablement contribuer dans une large mesure à empêcher les déplacements de sol. |
L'étape suivante consistait à trouver un siège permanent pour l'INBAR. L'étude Research needs for bamboo and rattan to the year 2000 avait recommandé que le lieu où serait établi le siège de l'INBAR soit choisi sur la base de trois critères: facilité d'accès aux pays ayant une expérience de recherche, facilité d'exploitation et absence d'intérêts nationaux en cause.
La Chine s'est offerte pour accueillir le siège de la nouvelle organisation internationale et l'équipe spéciale a accepté cette proposition, après en avoir délibéré. La Chine avait participé activement aux activités du réseau, pratiquement dès sa création. L'un des premiers projets sur le bambou se déroulait en Chine et le pays a également accueilli le premier Centre d'information sur le bambou. Les spécialistes chinois des sciences forestières, en particulier ceux de l'Académie des forêts, avaient joué un rôle majeur dans les programmes d'échanges du réseau.
Vers la fin du mois de janvier 1997, le Conseil d'Etat, ou Conseil des ministres chinois, présidé par le Premier Ministre, a approuvé officiellement l'établissement de l'INBAR en Chine. Ce sera la première organisation internationale à avoir son siège dans ce pays.
Un Conseil consultatif intérimaire a été constitué en mai 1997 pour superviser la transformation de l'INBAR en entité indépendante. Le Conseil a choisi comme Directeur général intérimaire Cherla B. Sastry qui, en sa qualité de responsable principal du programme forestier au Bureau régional Asie du CRDI, à Singapour, avait pris le réseau en main dès sa création et l'avait orienté dans sa marche vers l'indépendance. Les organisateurs ont vite entamé des négociations avec le Gouvernement chinois pour s'accorder sur le siège et sur le texte d'un traité international. La réunion des négociations multilatérales sur l'Accord INBAR, tenue en juin 1997 à Beijing, a été suivie par des participants et des observateurs venus de 13 pays (Canada, Chine, Italie, République de Corée, Malaisie, Myanmar, Népal, Pakistan, Pérou, Philippines, République-Unie de Tanzanie, Thaïlande et Viet Nam), par des représentants de l'INBAR et du CRDI et par quatre ministres du Gouvernement chinois. Le projet d'Accord sur l'établissement de l'INBAR a été examiné, amendé et adopté à cette réunion. Le Conseil des gouverneurs du CRDI a ensuite entériné l'accord approuvé.
Le mardi 6 novembre 1997, le nouvel INBAR voyait officiellement le jour, avec la signature de l'Accord sur l'établissement de l'INBAR par Wang Zhibao, Vice-Ministre chinois des forêts (qui sera ensuite élu président du Conseil de l'INBAR), au nom du Gouvernement chinois. Sastry était nommé président fondateur et premier Directeur général. Le Premier Ministre chinois Li Peng, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères Qian Qiche, et le Ministre des forêts Chen Yaobang assistaient à l'événement, ce qui témoigne de l'importance considérable que lui accorde le Gouvernement chinois.
Depuis la seconde naissance de l'INBAR en 1997, en Bolivie, l'Inde et la Malaisie ont également adhéré au réseau, ce qui porte ses membres au nombre de 12.
Fort de son mandat international, INBAR a engagé les premières démarches pour établir des pôles nationaux et régionaux. INBAR-Népal et INBAR-Europe sont déjà en service, et des efforts sont en cours pour en installer d'autres en Afrique et en Amérique latine.
L'INBAR consacre d'énormes efforts au transfert de technologie, qui englobe des activités de formation, la formulation de paquets technologiques et des démonstrations pilotes. Il est fortement orienté sur l'identification d'options de développement appropriées et sur l'analyse de l'impact sociologique et économique des nouvelles politiques et technologies. Des liaisons solides sont également établies avec des projets de développement rural du FIDA, de la Banque mondiale et d'autres organismes.
LES PROGRAMMES
L'INBAR a actuellement sept grands programmes. Pour réaliser les objectifs de chacun d'eux, le réseau accorde des petites subventions d'un montant qui ne dépasse généralement pas 25 000 dollars EU, pour des projets de recherche et de développement orientés vers l'action. L'INBAR organise également des ateliers, le cas échéant, pour étudier des thèmes prioritaires et définir le programme de recherche.
· Le Programme de gestion des ressources naturelles et des plantations vise à améliorer la gestion des stocks naturels, à encourager la culture du bambou et du rotin et à augmenter leur rendement, tant en quantité qu'en qualité.· Le Programme relatif à l'utilisation et aux applications d'ingénierie a pour objet de perfectionner les techniques de production et de transformation, d'établir des normes pour classer la matière première, d'identifier de nouvelles utilisations pour le bambou et le rotin et de mettre au point de nouveaux produits et des techniques de commercialisation.
· Le programme relatif aux applications environnementales évalue le rôle potentiel du bambou et du rotin dans l'amélioration de l'environnement, et facilite la réalisation de ce potentiel.
· Le Programme de conservation et d'utilisation des ressources génétiques met au point des méthodologies pour l'évaluation, la caractérisation et la conservation ex situ et in situ des ressources génétiques du bambou et du rotin, et pour garantir leur utilisation durable par les communautés.
· Le programme d'accélération du développement socioéconomique vise à fournir les informations et les données d'analyse requises pour guider l'ensemble des efforts de l'INBAR, en identifiant les nouveaux besoins en matière de recherche et des interventions de développement permettant d'améliorer le potentiel de création de revenus des groupements de petits producteurs agricoles.
· Le Programme de diffusion de l'information et de transfert de technologie a pour objectif d'établir des connexions et de forger des partenariats novateurs entre des parties prenantes des secteurs du bambou et du rotin, dans une optique de développement durable. L'une des principales fonctions de l'INBAR est de transmettre des connaissances. A cette fin, l'organisation travaille à la mise au point d'INBARIS (Service d'information d'INBAR), de manière à intégrer les ressources d'INBAR et à les rendre accessibles à des partenaires du monde entier. INBARIS comprendra cinq centres d'information régionaux; des bases de données complètes et détaillées électroniques et sur papier, et des répertoires sur les espèces de bambou et de rotin, leurs utilisations, la recherche, les professionnels, les organisations et les références bibliographiques; ainsi que des publications de l'INBAR, notamment une série de rapports techniques sur les recherches récentes et leurs résultats, des documents de travail sur de nouvelles questions importantes, des périodiques comme INBAR Newsletter, et Bamboo Journal, qui est un magazine revu par des pairs, ainsi que des ouvrages de référence et des monographies hors série.
· Le Programme de développement du réseau vise à élargir et à renforcer le réseau et à lui trouver de nouveaux adhérents, en consolidant le réseau précédent et en établissant de nouveaux liens.
CONCLUSION
La transformation d'INBAR en une organisation internationale est une «première» dans la communauté de développement, en particulier dans le domaine des produits forestiers non ligneux. La mission du nouvel INBAR consiste à mettre au point, à rendre accessibles et à promouvoir des technologies appropriées et d'autres types d'utilisation du bambou et du rotin, au profit des populations et de l'environnement. L'organisation vise à renforcer la qualité de vie des pauvres et des défavorisés dans les pays en développement et à régénérer les forêts et les environnements dégradés. Les opérations de l'INBAR sont centrées sur l'autonomie économique, la lutte contre la pauvreté et le développement durable.