La conclusion des négociations commerciales du Cycle dUruguay sest traduite par des réductions tarifaires généralisées et a facilité lassouplissement de certaines barrières non tarifaires importantes. Le Cycle actuel de négociations fournir aux pays en développement la possibilité dêtre plus actifs au sein de lOMC pour faire entendre leur voix. Dans le cycle actuel de négociations, lÉgypte devrait sintéresser aux questions suivantes: 1) les possibilités daccroissement des exportations agricoles; 2) lincidence de la hausse des cours mondiaux et les implications éventuelles sur les importations alimentaires, et 3) les répercussions générales sur le développement agricole, compte tenu des ressources limitées en terres et en eau.
Ces questions devraient être ajoutées aux questions courantes: accès aux marchés, soutien interne et subventions aux exportations dans les pays développés. Le prochain cycle de négociations devra sintéresser à de nouvelles dispositions sur laccès aux marchés, à des réductions accrues des subventions à lexportations, à la limitation des restrictions quantitatives, surtout pour les échanges agricoles et à une discipline renforcée dans le domaine des subventions internes ayant des effets de distorsion sur les échanges. Lentrée des produits agricoles et des denrées vivrières ne devrait pas être plus limitée que pour les produits non agricoles. En outre, au cours du prochain cycle de négociations, lÉgypte sintéressera tout particulièrement au traitement spécial et différencié; aux restrictions concernant les exportations; à la stabilité des prix; à la sécurité alimentaire; à laide alimentaire et aux politiques des stocks.
À partir de létude et de lanalyse des sections précédentes, la présente section fait le point sur certaines des questions importantes pour lÉgypte au cours des prochaines négociations sur lagriculture et indique les points cruciaux pour lesquels une analyse approfondie, des études et un renforcement institutionnel pourraient être nécessaires, pour la préparation de ces négociations.
Il ressort de la section 2 que les dispositions de lAccord sur lagriculture relatives au soutien interne et aux subventions à lexportation nentravent pas, dans lensemble, les politiques égyptiennes actuelles, alors que lon a relevé certaines difficultés dans le domaine de laccès aux marchés.
Une analyse complète des mesures du soutien interne, na pas été possible faute dinformations sur celles qui ont un effet de distorsion des échanges (catégorie de la MGS). Toutefois, labsence dinformations pertinentes sur les engagements de lÉgypte à lOMC implique essentiellement que la MGS, le cas échéant, sinscrive dans les niveaux de minimis. On a vu au tableau 5 que cela a été le cas pour la MGS autre que par produits (lÉgypte pouvait fournir un soutien qui se montait approximativement 1 300 millions de dollars E.-U. sans contrevenir aux règles actuelles de lAccord sur lagriculture) et les dépenses réelles des différents catégories étaient bien inférieures au niveau de minimis. Pour la MGS par produit, pour les produits comme le riz, le coton et le blé, les dépenses de soutien ont probablement été bien en-deçà des les limites autorisées. Récemment, les autorités égyptiennes ont éliminé le soutien octroyé au riz et au coton mais elles ont encore maintenu le soutien pour le blé, pour des raisons de sécurité alimentaire. Toutefois, les dépenses affectées à ce soutien ont été réduites après la dépréciation récente des devises locales contre le dollar, alors que les mêmes valeurs mercuriales agricoles étaient maintenues pour les achats de blé (2 millions sur 6 millions de tonnes).
Malgré ce qui vient dêtre dit, il serait souhaitable que lÉgypte examine de manière approfondie ses niveaux de MGS relatifs aux dernières années et les mette à jour à intervalles réguliers, plutôt que de vivre dans lincertitude et de courir le risque de devoir subir, à loccasion, les enquêtes des membres de lOMC. Cet exercice ne sera pas seulement utile dans le cadre de lOMC mais elle acquiert aussi une valeur en soi, comme part dun processus danalyse interne.
Les règles de lAccord sur lagriculture sur les investissements destinés à lirrigation son aussi problématiques. Actuellement, les subventions dinvestissement semblent être exemptes des engagements de réduction pour les pays en développement, bien que certaines questions aient été soulevées au Comité de lagriculture sur les subventions, octroyées par dautres pays. Compte tenu de limportance de lirrigation en Égypte il est souhaitable que les autorités fassent connaître les subventions quelle octroie dans ce secteur. LÉgypte devrait en outre suivre de près les discussions sur ce point à lOMC, pour sassurer que le droit doctroyer ces subventions soit bien maintenu.
Pour ce qui est de laccès aux marchés, le seul engagement de lÉgypte portait sur les droits consolidés. On vient de voir que ces droits consolidés sont en général inférieurs à ceux de nombreux pays en développement, notamment de compris la plupart des pays de la région. Il na pas été possible détablir avec certitude si les droits ont été consolidés sur la base dune étude (examen des tendances et des instabilités des marchés mondiaux des produits et de leur incidence éventuelle sur les secteurs en concurrence avec les importations). Comme le prochain cycle de négociation pourrait aboutir à une réduction ultérieure des taux consolidés, lÉgypte doit analyser soigneusement sa situation tarifaire, tirer les leçons de son expérience en matière de droits effectivement appliqués, au cours des cinq dernières années et prendre en considérations les perspectives pour les tendances et les instabilités des marchés mondiaux des produits. Il lui conviendra aussi de prendre position sur laccès aux clauses de sauvegarde spéciales dans le secteur agricole, qui sont particulièrement précieuses lorsque les droits consolidés sont faibles. Du fait du niveau relativement faible des droits consolidés, il est difficile pour lÉgypte dinclure nombre de ses produits agricoles dans un accord déchange régional avec des pays dont les droits consolidés sont plus élevés.
LÉgypte est favorable à lobjectif global du nouveau cycle de négociations en agriculture. Toutefois elle met laccent sur limportance de la mise en oeuvre de tous les engagements qui figurent dans lAccord sur lagriculture actuel. En particulier lÉgypte a intérêt que dautres pays libéralisent les échanges de produits agricoles et à renforcer son accès aux marchés de ces pays pour les exportations agricoles.
Accès aux marchés
Niveaux de droits: Le processus tarifaire a été utilisé par les pays développés pour imposer des droits élevés sur les produits agricoles comme le coton et les denrées transformées, qui ont une grande importance pour lÉgypte, pour lexportation. Il a été suggéré aux pays développés de réduire ces droits, à des niveaux qui permettent un accès réel à leurs marchés. Les pays en développement ne devraient pas avoir à appliquer des réductions tarifaires car la plupart dentre eux, y compris lÉgypte imposent des droits extrêmement faibles sur les principales denrées alimentaires importées;
La progressivité des droits: les pays développés ont imposé des droits plus élevés sur les produits agricoles transformés (par exemple légumes et fruits) que lÉgypte produit et exporte. Ces droits progressifs devraient être éliminés;
Dispersion des droits: Certains pays développés, comme ceux de lUE, ont appliqué très peu de réductions sur les droits des produits agricoles dits sensibles comme les oranges et le riz. Il est suggéré que toute variation entre les droits soit réduite;
Contingents tarifaires: Les pays ont utilise différentes dispositions pour la gestion des contingents, ce qui a créé des problèmes aux exportateurs notamment un manque de transparence et de prévisibilité pour la dimension des marches. Il a été suggéré que les contingents tarifaires devraient être appliqués, produits par produits, et non de manière globale;
La clause de sauvegarde spéciale: Lutilisation de la clause de sauvegarde spéciale par certains pays signifie quune autre protection vient sajouter aux tarifs ordinaires sur les importations de produits agricoles, lÉgypte demande lélimination de la sauvegarde contenue dans le Cycle dUruguay, qui ne se justifie pas puisque cette procédure est exceptionnelle dans le secteur agricole.
Soutien interne
Des engagements déséquilibrés de la MGS: Bien que les pays développés aient pris des engagements pour réduire leur MGS de 20 pour cent, certains maintiennent encore des pourcentages élevés de soutien interne. Les pays en développement comme lÉgypte, ne sont pas autorisés à une MGS supérieure aux niveaux de minimis ou aux niveaux figurant dans les catégories des pays en développement. LÉgypte cherchera à réduire de manière très nette les niveaux autorisés de MGS, afin de parvenir à un niveau plus uniforme entre les pays. Il a été suggéré que les pays développés devaient sengager à réduire le soutien interne calculé, produit par produit, et non de manière globale;
Critère de la catégorie verte: la généralisation de la catégorie verte a permis à certains pays de détourner son utilisation pour fournir un soutien interne conduisant à une distorsion des échanges. On suggère que les critères de la catégorie verte devraient être établis de manière à empêcher le soutien qui fausse les échanges, mais à lautoriser pour les agriculteurs démunis.
Subventions aux exportations
LÉgypte demande une réduction substantielle des subventions à lexportation qui faussent les échanges et affaiblissent les engagements relatifs à laccès aux marchés. Les exportations égyptiennes de certains produits, comme le coton et le riz, ont accusé des pertes significatives, du fait du soutien interne actuellement appliqué dans les pays développés.
Mesure sanitaires et phytosanitaires et obstacles techniques au commerce (SPS/OTC)
Compte tenu de lexpérience susmentionnée, au cours des cinq dernières années, il est clair que les mesures SPS/OTC auront une influence croissance sur les exportations égyptiennes. Il reste encore beaucoup à faire connaître et partager ces expériences, les négociants égyptiens étant les mieux placés pour connaître la réalité. Un effort concerté, de la part des autorités publiques, est nécessaire pour mener une enquête auprès de ces négociants, analyser leurs expériences récentes et engager des poursuites pour les affaires de concurrence déloyale, devant linstance pertinente de lOMC, surtout pour les principaux produits dexportation de lÉgypte, comme les fruits et légumes, frais ou transformés.
Sécurité alimentaire
Pour lÉgypte, lexamen des répercussions des politiques sur la sécurité alimentaire (notamment celles poursuivies dans le cadre de lAccord sur lagriculture) est toujours complexe. Laugmentation des cours mondiaux des denrées vivrières du fait de la réduction ou de lélimination des interventions ayant des effets de distorsion sur les échanges, a une incidence mitigée sur le bien être de la population égyptienne et sur léconomie. Les agriculteurs seront les principaux bénéficiaires si la hausse des cours mondiaux se répercute sur les prix des produits agricoles nationaux. Toutefois, les gains des gros exploitants, qui disposent en grandes quantités dexcédents commercialisables sont bien supérieurs à ceux des petits agriculteurs qui consomment lessentiel de la production et ne disposent que de très peu dexcédents. Les ouvriers agricoles sans terre pourraient aussi bénéficier de laccroissement des cours agricoles, qui très probablement se traduiront par une hausse des salaires. Au plan sectoriel, la production vivrière sera encouragée par un accroissement des prix et augmentera donc à un rythme plus rapide, conduisant à une amélioration de lauto-approvisionnement et à une dépendance réduite vis-à-vis des produits alimentaires. Qui plus est les pouvoirs publics nauront pas à fournir un soutien interne. En outre, lécart des revenus, entre la population agricole et non agricole, pourrait se réduire ou du moins cesser de se détériorer, compte tenu du taux daugmentation des prix agricoles par rapport au taux dévolution des prix des produits industriels. Dans ce cas, la distribution des revenus pourrait devenir plus équitable entre les deux secteurs.
Parmi ceux dont la situation se détériore du fait de laccroissement des cours mondiaux des produits vivriers, on peut citer les pouvoirs publics, qui devront consacrer une part plus importante du budget aux dépenses alimentaires. Les consommateurs, à la fois dans les secteurs urbains et ruraux non agricoles seront touchés, puisquils dépenseront davantage pour la même quantité de nourriture. En outre, les revenus faibles ou moyens seront plus touchés que les revenus supérieurs, car ces catégories consacrent un part plus élevée de leurs revenus aux dépenses alimentaires.
Enfin, lincidence globale du libre jeu des prix agricoles non faussés dans le pays, sur la sécurité alimentaire, est déterminée dans une grande mesure par lefficacité des échanges nationaux et internationaux et des politiques macroéconomiques. Si les pouvoirs publics nont pas pris des engagements de stabilité macroéconomique à long terme, les réformes agricoles risquent dêtre vaines. Des taux de change surévalués et la protection du secteur industriel, par exemple, peuvent agir davantage pour décourager les agriculteurs à produire que des prix agricoles à la baisse. Pour ce qui est des échanges internationaux, lÉgypte, comme dautres pays en développement, doit participer concrètement au cycle actuel des négociations mondiales sur les échanges agricoles et rechercher un meilleur accès aux marchés des pays industrialisés. Les pays industrialisés, quant à eux, devront réduire puis supprimer les subventions agricoles ayant des effets de distorsion sur les échanges.
En plus des dispositions générales de lAccord sur lagriculture, la mise en oeuvre de la Décision ministérielle de Marrakech est un autre point qui revêt un intérêt majeur pour lÉgypte, compte tenu du temps et des ressources que le pays a consacrées aux débats sur la Décision jusquà présent. LÉgypte a proposé la création dun fonds pour le soutien des pays en développement importateurs nets de produits alimentaires en finançant un certain nombre dorganisations financières internationales, des organismes spécialisés des Nations Unies, des donateurs de pays développés et les principaux exportateurs. Le nouveau cycle de négociations donne une autre chance duvrer vers une décision efficace.
Lors du dernier examen des politiques commerciales, lÉgypte a fait savoir combien elle était préoccupée de noter la non application de la décision sur les pays importateurs nets de produits alimentaires qui avait convenu détablir des mécanismes appropriés pour assurer que le Cycle dUruguay nait pas de répercussions négatives sur disponibilité des denrées de base pour les pays en développement. Les niveaux de laide alimentaire octroyée aux pays en développement, importateurs nets de denrées alimentaires, a reculé de manière dramatique, de 1978 à 1997, alors que lattente des pays touchés, dans des domaines tels que loctroi de ressources financières à des conditions de faveur, les crédits à lexportation et laide technique, na pas été satisfaite.
LÉgypte étant un pays importateur net de denrées alimentaires, laccroissement de linsécurité alimentaire devra être réglée de manière plus systématique que par le biais de laide alimentaire et des subventions alimentaires. On note une inquiétude du fait de la hausse des cours mondiaux des denrées alimentaires qui traduit la réponse des marchés aux réductions des subventions et à des distorsions moindres pour les céréales, le sucre, les oléagineux et les produits de lélevage dans les pays développés.
LÉgypte devrait proposer des programmes pour amortir leffet de linstabilité des prix alimentaires sur la sécurité alimentaire, la balance commerciale, et le budget de lÉtat. À cet effet, des efforts devraient être déployés pour inclure les mécanismes relatifs à la sécurité alimentaire, en tant quinstruments nayant pas deffets de distorsion sur les échanges, dans le prochain cycle de négociations afin déviter que les instruments de stabilisation des marchés provoquent un différend. Le FMI et la FAO ont des programmes adaptés et des moyens daction pour aborder des situations exceptionnelles qui pourraient compromettre la situation alimentaire dans les PMA ainsi que dans les pays en développement importateurs nets de produits alimentaires. On devrait ainsi prendre en considération la perspective dajouter une autre structure multilatérale daide aux importations alimentaires (Chaherli et Moataz, 2000).
La proposition de lÉgypte pour les négociations exige donc lélimination progressive de toutes les formes de subventions à lexportation pendant une certaine durée. Elle préconise aussi ladoption dune nouvelle réglementation plus stricte et de disciplines pour empêchent dentraver les subventions à lexportation. Pour le soutien interne, la proposition réclame des réductions touchant les différentes catégories. Les pays devraient réduire les soutiens internes ayant des effets de distorsion sur la production et ce soutien devrait être mesuré sur une base désagrégée. Pour ce qui est de laccès aux marchés, lÉgypte cherche déliminer tous les droits et autres mesures ayant des effets de distorsion sur les échanges, et reconnaissent que les disciplines de gestion des contingents tarifaires devraient être renforcées.
LÉgypte a fait une proposition concrète pour répondre aux besoins des pays en développement importateurs nets de produits alimentaires. Pour ce qui est des mesures sur la recherche et le développement contenues dans lAccord sur lagriculture et concernant les pays en développement, lÉgypte estime quelles devraient être renforcées et développées. Cela devrait se faire, sans effet de distorsion, tout en permettant aux pays en développement, davoir plus de flexibilité pour aider leurs secteurs agricoles à affronter activement la concurrence dans une économie mondiale de globalisation.
LÉgypte dispose dun personnel assez bien formé et de ressources lui permettant dévaluer les diverses options, dans le cadre des négociations de lOMC. Elle devrait néanmoins envisager la création dune unité de recherché formelle et permanente qui puisse évaluer lincidence des engagements spécifiques de lOMC mais aussi contrôler, à lavenir, les développements associés aux engagements pris. La création dune Unité dévaluation et de suivi des échanges internationaux» avec la participation de différents ministères et organismes devrait être prise en considération afin de poursuivre les objectifs suivants 1) évaluer les droits relatifs aux politiques commerciales et les responsabilités dans le cadre des accords bilatéraux et multilatéraux, pour ce qui est des implications juridiques, économiques et financières; 2) fournir des renseignements actualisés sur la sécurité alimentaire surtout pour les pénuries alimentaires saisonnières et structurelles et des recommandations politiques compatibles avec les règles de lOMC; 3) coordonner les efforts des organismes nationaux et internationaux participant aux échanges de produits agricoles et alimentaires et 4) étudier lincidence de la libéralisation des échanges au plan national et lincidence de linstabilité sur les marchés agricoles mondiaux.